Jeudi 10 décembre

Prêtre pauvre

LE 1er mai 1916, enfin, Édouard s’avançait à l’autel pour être ordonné prêtre. La veille, il s’était offert en victime au Cœur Eucharistique de Jésus. Désormais, il célébrera le Saint-Sacrifice de la messe, mettant ainsi en pratique ce que l’Ange de Fatima demandait au même moment : «  De tout ce que vous pourrez, offrez à Dieu un sacrifice en acte de réparation et de supplication pour la conversion des pécheurs. »

Et des pécheurs, il en avait à convertir ! En effet, Mgr Seghers le nomma vicaire à la paroisse Sainte-­Colette de Gand, pour remplacer celui qui était au front. C’était une paroisse ouvrière, « rouge de socialisme et noire de la misère de guerre ». Chez beaucoup, un anticléricalisme agressif supplantait la foi ancestrale. Édouard écrivait à sa sœur : « Quand on rencontre un ouvrier gantois et qu’on lui demande le chemin vers Oostakker [un sanctuaire dédié à Notre-Dame de Lourdes], il vous regarde, crache par terre et passe. »

L’abbé Poppe accepta sa charge avec enthousiasme, car il y avait beaucoup de bien à faire. Ses modèles étaient le saint Curé d’Ars et le Père Chevrier. « Il faut des prêtres frappant les hommes inertes par la pauvreté toute crue. Rien ne proclame le Christ comme l’abnégation de la pauvreté », notait-il.

Le jeune abbé “ aménage ” sa chambre comme la cellule du Père Chevrier. En l’absence du curé et de la bonne, aidé d’un ami, il évacue les meubles en chêne ornés de têtes de lion avec anneau de cuivre entre les dents. Il distribue oreiller, matelas en laine et garde-robe bien pourvue par sa mère. Désormais, il se chargera lui-même de son ménage et de l’entretien de son linge. Il écrit dans son Journal spirituel : « Dans ce fléau de famine, de guerre et de maladie, la pénitence est un devoir et une puissance. Ainsi soyons des prêtres pénitents. »

Aujourd’hui, acceptons par amour de Jésus et de Marie tout ce qui nous est pénible. Cela transforme en lingots d’or les pièces de cuivre que sont nos humbles actions.

Colorier l’abbé Poppe.