Mardi 15 décembre

Épreuves

PENDANT la Semaine sainte de 1918, la dernière contre-offensive allemande fait rage. À chacune de ses Messes, au Memento des défunts, l’abbé Poppe nomme ses camarades tombés au champ d’honneur et il s’offre en victime afin de s’unir à la Passion de Jésus et Marie.

En juillet, il est tellement épuisé que, même pendant la célébration de sa Messe, il est obligé de s’asseoir de temps en temps pour se reposer.

De plus, son curé lui interdit formellement de faire la “ chasse aux âmes ” auprès des non-pratiquants : “ C’est du temps perdu. ”

À sœur Marie-Désirée, l’abbé Poppe écrit : « Je suis très éprouvé dans mon travail pour les âmes ; j’ai les mains liées. Prie pour mes petits enfants ; j’ai le cœur brisé, parce que je ne puis les aider comme il faudrait. Un cœur de prêtre qui ne saigne pas n’est pas un cœur de prêtre... »

À ces épreuves, s’ajoute la mort de leur sœur aînée, Juliette, religieuse augustine. Âgée de trente et un ans, elle vient de succomber à la grippe espagnole, contractée en soignant des malades. L’abbé se rend à son enterrement, dans le couvent entièrement dévasté par la guerre.

Pour calmer le curé, l’évêque éloigne l’abbé Poppe de Gand, sous prétexte de sa mauvaise santé, et il le nomme aumônier des Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, dans le village de Moerzeke.

Le 7 octobre 1918, assis sur un coffre, sous la bâche d’une charrette battue par la pluie, Édouard s’éloigne de Sainte-Colette, la mort dans l’âme. Quelques paroissiens silencieux lui font leurs adieux. Au tournant de la rue, ils l’aperçoivent une dernière fois, le visage pâle et souriant, qui les salue aimablement de la main.

« Jésus et Marie prennent soin de vous : et donc, pas de plis sur votre front, pas de tracas dans votre âme ! »

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