Il est ressuscité !

N° 196 – Mars 2019

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


Mystères du Christ glorieux

Les mystères joyeux ont été médités à l’école de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus au mois de février (Il est ressuscité n° 195, p. 22-25) et les mystères douloureux au mois de janvier (Il est ressuscité n° 194, p. 27-30).

RÉSURRECTION.

« Heureux ceux qui croiront sans avoir vu. » (Jn 20, 29) Parole de Jésus à Thomas qui s’était montré incrédule. Traduite en quatrain par sainte Thérèse :

 « Rappelle-toi qu’au jour de ta victoire
Tu nous disais : “ Celui qui n’a pas vu
Le Fils de Dieu tout rayonnant de gloire
,

Il est heureux, si quand même il a cru ! ” »

(Récréation pieuse n° 24)

Thérèse a vraiment connu cette béatitude promise, fruit de la résurrection du Seigneur :

« Je jouissais alors d’une foi si vive, si claire, que la pensée du Ciel faisait tout mon bonheur... » Et pourtant, en 1897, l’année de son dies natalis, avant d’entrer au Ciel...

« Aux jours si joyeux du temps pascal [donc où l’Église célèbre la résurrection du Seigneur], Jésus m’a fait sentir qu’il y a véritablement des âmes qui n’ont pas la foi, qui, par l’abus des grâces, perdent ce précieux trésor, source des seules joies pures et véritables. »

Donc, il ne s’agit plus du salut des infidèles, mais des “ fidèles ” qui ont “ perdu la foi ”. Comment et pourquoi ? « Par l’abus des grâces. »

« Il permit que mon âme fût envahie par les plus épaisses ténèbres et que la pensée du Ciel si douce pour moi ne soit plus qu’un sujet de combat et de tourment. »

C’est la Croix ! Elle ne dira jamais qu’elle a « perdu la foi » ! Écoutez, c’est pathétique !

« Il me semble que les ténèbres, empruntant la voix des pécheurs, me disent en se moquant de moi : “ Tu rêves la lumière, une patrie embaumée des plus suaves parfums [...]. Avance, avance, réjouis-toi de la mort qui te donnera, non ce que tu espères, mais une nuit plus profonde encore, la nuit du néant... ”

« Mais Jésus sait bien que tout en n’ayant pas la jouissance de la foi, je tâche au moins d’en faire les œuvres.

« Je crois avoir fait plus d’actes de foi depuis un an que pendant toute ma vie. À chaque nouvelle occasion de combat... je cours vers mon Jésus, je lui dis être prête à verser jusqu’à la dernière goutte de mon sang pour confesser qu’il y a un Ciel. Je lui dis que je suis heureuse de ne pas jouir de ce beau Ciel sur la terre afin qu’il l’ouvre pour l’éternité aux pauvres incrédules. »

Et nous, pour l’imiter, nous avons la prière de l’Ange : « Mon Dieu ! je crois, j’adore, j’espère et je vous aime. Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et qui ne vous aiment pas. »

« Malgré cette épreuve qui m’enlève toute jouissance, je puis cependant m’écrier : “ Seigneur vous me comblez de joie par tout ce que vous faites ”, car est-il une joie plus grande que celle de souffrir pour votre amour ?... mais si par impossible vous-même deviez ignorer ma souffrance, je serais encore heureuse de la posséder si par elle je pouvais empêcher ou réparer une seule faute commise contre la foi...

« Il est si doux de servir le Bon Dieu dans la nuit de l’épreuve, nous n’avons que cette vie pour vivre de la foi. » Puisque après la mort, dans l’autre vie, ce sera la vision et non plus la foi.

« Jésus me fit comprendre qu’à ceux dont la foi égale un grain de sénevé, il accorde des miracles et fait changer de place les montagnes, afin d’affermir cette foi si petite ; mais pour ses intimes, pour sa Mère, il ne fait pas de miracles avant d’avoir éprouvé leur foi. »

Ce sera le cas de Thérèse, en “ miniature ”. Les miracles abonderont après l’épreuve finale de la mort dans la nuit de la foi. Mais ici-bas, nous comprenons que pour nous la gloire du Christ ressuscité resplendit sur la Croix. C’est pourquoi Jésus ne voulait pas que Pierre, Jacques et Jean racontent la vision de Jésus transfiguré sur le mont Thabor avant d’avoir été mis en présence de sa mort et de sa résurrection d’entre les morts.

L’ASCENSION.

« Et quand je serai allé vous préparer une place, je viendrai vous prendre avec moi. » (Jn 14, 3)

Fruit de ce mystère : la force de l’Espérance.

 « Mon Jésus me sourit quand vers Lui je soupire.
Alors je ne sens plus l’épreuve de la foi,
Le regard de mon Dieu, son ravissant sourire,
Voilà mon Ciel à moi !... »

« Nos pensées doivent se porter au Ciel puisque c’est là la demeure de Jésus.« Ne refusons pas de pleurer avec lui pendant un jour [le temps de notre vie] puisque nous jouirons de sa gloire pendant une éternité. »

Donc, même “ le regard de mon Dieu ”, “ son ravissant sourire ”, je les vois toujours à travers mes larmes. Mais elles auront une fin.

« Voyons la vie sous son jour véritable... C’est un instant entre deux éternités. »

« Jésus est allé devant afin de nous préparer une place dans la maison de son Père, et puis Il viendra et Il nous prendra avec Lui afin que là où Il est, nous soyons aussi... Attendons, souffrons en paix, l’heure du repos approche : les légères tribulations de cette vie d’un moment produisent en nous un poids éternel de gloire [“ un poids ”, c’est la signification même du mot « gloire » en hébreu : Kavôd]...

« Oh ! qu’il est doux de penser que nous voguons vers l’éternel rivage !... Cette pensée de la brièveté de la vie me donne du courage, elle m’aide à supporter les fatigues du chemin... Nous passons et n’avons point ici de demeure permanente.

« Je trouve que les épreuves aident beaucoup à se détacher de la terre, elles font regarder plus haut que ce monde. Ici-bas, rien ne peut nous satisfaire pleinement. »

« La joie que les mondains recherchent au sein des plaisirs n’est qu’une ombre fugitive, mais notre joie, cherchée et goûtée dans les travaux et les souffrances, c’est une bien douce réalité, un avant-goût de la félicité du Ciel.

« Je me fais une si haute idée du Ciel, que, parfois, je me demande comment à ma mort, le Bon Dieu fera pour me surprendre. Mon espérance est si grande, elle m’est un tel sujet de joie, non par le sentiment, mais par la foi, qu’il faudra quelque chose au-dessus de toute pensée, pour nous satisfaire pleinement. »

La “ surprise ” du retour à la lumière, après la nuit de la foi, pour Thérèse sera totale !

« Il faut dire au Bon Dieu : “ Je sais que je ne serai jamais digne de ce que j’espère, mais je vous tends la main comme une petite mendiante et je suis sûre que vous m’exaucerez pleinement, car vous êtes si bon ! ” » Ce sera à la lettre ce qui lui arrivera, tandis qu’assise à la table des pécheurs, elle tend la main « comme une petite mendiante ».

« Ce qui lui plaît [...] c’est l’espérance aveugle que j’ai en sa miséricorde... Voilà mon seul trésor... »

 « Longtemps encor je veux bien vivre
Seigneur, si c’est là ton désir Dans le Ciel je voudrais te suivre
Si cela te faisait plaisir [...].
Jésus, ma joie, c’est de t’aimer ! »

PENTECÔTE.

« Les Apôtres virent apparaître des langues qu’on eût dites de feu... Et il s’en posa une sur chacun d’eux. » (Ac 2, 3)

« Je m’étais préparée avec beaucoup de soin à recevoir la visite de l’Esprit-Saint. Je ne comprenais pas qu’on ne fasse pas une grande attention à la réception de ce sacrement d’Amour !... Ah ! que mon âme était joyeuse ! Comme les Apôtres, j’attendais avec bonheur la visite de l’Esprit-Saint... Enfin l’heureux moment arriva, je ne sentis pas un vent impétueux au moment de la descente du Saint-­Esprit, mais plutôt cette brise légère dont le prophète Élie entendit le murmure sur le mont Horeb... En ce jour je reçus la force de souffrir, car bientôt après le martyre de mon âme devait commencer... »

Le fruit de la Pentecôte, du mystère glorieux de la Pentecôte, c’est l’amour de la Croix !

Céline a raconté « l’extraordinaire préparation de ma Thérèse à sa confirmation.

« Les quelques jours qui précédèrent pour elle la réception de ce sacrement, je fus singulièrement frappée de l’attitude de ma petite sœur. Elle, si douce et réservée de contenance, paraissait comme hors d’elle-même. Elle ne pouvait contenir ses transports et, l’un des jours de sa retraite préparatoire, comme je lui exprimais ma surprise, elle me fit une telle description de la venue de l’Esprit d’Amour dans nos âmes, des fruits de ce sacrement de Force, que je restai dans l’admiration. Je la vois encore, elle était debout auprès d’une table de grande classe, nous étions seules, ses yeux brillant d’un éclat inconnu qui me fit baisser les yeux... sa parole était de feu.

« Elle me dit entre autres choses, avec une véhémence extraordinaire, qu’on ne se préparait pas assez à la réception de ce sacrement exceptionnel qui ne se reçoit qu’une seule fois et que c’était bien regrettable. Je ne pense pas que les Apôtres attendant la réception du Saint-Esprit, au jour de la première Pentecôte, aient eu plus de ferveur que cette petite enfant, véritablement remplie par avance de l’Esprit d’Amour. »

Comme l’Immaculée, dont elle est la “ Miniature ”, et qui fut remplie de l’Esprit d’Amour le jour de l’Annonciation, à la parole de l’ange Gabriel : « L’Esprit-Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre. » (Lc 1, 35) Le jour de la Pentecôte, elle est au milieu des Apôtres, comme le précise saint Luc (Ac 1, 14), pour recevoir avec eux le Saint-Esprit, pour la deuxième fois.

« Ce spectacle fit pour moi une si vive impression, dit Céline, que je regrettai amèrement que l’occasion fut passée pour moi de recevoir l’Esprit- Saint et je demandai au Bon Dieu de suppléer l’insuffisance des dispositions que, par ignorance, j’avais apportée à ce grand acte, le suppliant de me faire recevoir le Saint-Esprit dans la même mesure que Thérèse et en même temps qu’elle. J’ai toujours pensé que le Seigneur exauçant ce désir avait eu pitié de moi en accueillant favorablement la pauvre retardataire. »

C’est ainsi que Thérèse commençait à accomplir sa vocation, au bénéfice de sa Céline : « N’étaient-ce pas (les Apôtres) qui devaient aider l’enfant timide que Dieu destinait à devenir l’apôtre des apôtres par la prière et le sacrifice ? »

En effet, « l’amour se nourrit de sacrifices ; plus l’âme se refuse de satisfactions naturelles, plus sa tendresse devient forte et désintéressée ».

 « Amour qui m’enflamme
Pénètre mon âme
,
Viens, je te réclame,
Viens, consume-moi. »

« Oh ! que je voudrais me faire magnétiser par Jésus !... Avec quelle douceur je lui ai remis ma volonté ! Oui, je veux qu’il s’empare de mes facultés, de telle sorte que je ne fasse plus des actions humaines et personnelles, mais des actions toutes divines inspirées et dirigées par l’Esprit d’Amour. »

Comme l’Immaculée !

« Plus on est faible, sans désirs, ni vertus, plus on est propre aux opérations de l’Amour consumant et transformant. »

Notre Père disait cela de la Sainte Vierge. Elle a quelque chose que Dieu n’a pas... la petitesse... Et c’est pourquoi Dieu l’aime plus que toutes ses créatures...

« Aimons notre petitesse, aimons à ne rien sentir, alors nous serons pauvres d’esprit et Jésus viendra nous chercher, si loin que nous soyons, il nous transformera en flammes d’amour.... »

« “ Attirez-moi, nous courrons. ”

« Qu’est-ce donc de demander d’être attiré, sinon de s’unir d’une manière intime à l’objet qui captive le cœur ? Si le feu et le fer avaient la raison et que ce dernier disait à l’autre : “ Attire-moi ”, ne prouverait-il pas qu’il désire s’identifier au feu de manière qu’il le pénètre et l’imbibe de sa brûlante substance et semble ne faire qu’un avec lui. Voici ma prière : je demande à Jésus de m’attirer dans les flammes de son amour, de m’unir si étroitement à Lui, qu’il vive et agisse en moi. Je sens que plus le feu de l’amour embrasera mon cœur, plus je dirai : “ Attirez-moi ”, plus aussi les âmes courront avec vitesse à l’odeur des parfums de leur Bien-Aimé, car une âme embrasée d’amour ne peut rester inactive.

« Ô Phare lumineux de l’amour, je sais comment arriver jusqu’à Toi, j’ai trouvé le secret de m’approprier ta flamme. »

Qui dira “ le secret ” de Thérèse ? Pour ce qui est de nous, après Fatima, « le secret de m’approprier ta flamme », c’est... le Cœur Immaculé de Marie !

ASSOMPTION.

« J’irai la voir un jour ! »

« Quelle joie quand on m’a dit : “ Nous irons à la maison du Seigneur ! » (Ps 121, 1)

Pour faire quoi ?

Recevoir la récompense de l’amour.

« Je n’ai plus de grands désirs si ce n’est celui d’aimer jusqu’à mourir d’amour... »

 « D’amour je veux mourir
Seigneur, de mon désir
Rappelle-toi !
 »

« Un jour je lui dis : “ Vous n’avez donc pas du tout peur de la mort ? ” Elle prit un air sérieux et me répondit : “ Non, pas encore... mais je pourrais bien en avoir peur comme les autres, car c’est un fameux passage... Mais je m’abandonne au Bon Dieu. ” »

 « Mon Père, je m’abandonne à Vous,
Faites de moi ce qu’il vous plaira.
Quoi que vous fassiez de moi,
je vous remercie.
Je suis prêt à tout, j’accepte tout,
pourvu que votre volonté se fasse
en moi et en toutes vos créatures..
.
Je ne désire rien d’autre, mon Dieu.
Je remets mon âme entre vos mains,
je vous la donne, mon Dieu,
avec tout l’amour de mon cœur,
parce que je vous aime,
et que ce m’est un besoin d’amour
de me donner
,
de me remettre entre vos mains,
sans mesure, avec une infinie confiance,
car vous êtes mon Père. »

Quand le Père de Foucauld nous dit : « Ta pensée de la mort : pense que tu dois mourir martyr », il nous enseigne comment dire cinquante fois par jour en récitant notre chapelet : « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort. »

Quand Thérèse écrit à Céline : « Céline chérie, un jour nous irons au Ciel, pour toujours, alors il n’y aura plus de jour ni de nuit comme sur cette terre... Oh ! quelle joie, marchons en paix en regardant le Ciel, l’unique but de nos travaux. » Elle nous apprend à dire : « Ô ma Mère chérie... Bientôt dans le beau Ciel, je vais aller te voir. » C’est là « l’unique but de nos travaux ».

« J’ai peur d’avoir eu peur de la mort... Mais je n’ai pas peur d’après, bien sûr ! C’est seulement de me dire : Qu’est ce que c’est que cette séparation mystérieuse de l’âme et du corps ?

« Ce n’est pas “ la mort ” qui viendra me chercher, c’est le Bon Dieu. »

Et alors « l’amour n’usera pas la toile de ma vie, il la rompra tout à coup ! »

Donc, « si je quitte déjà le champ de bataille, ce n’est pas avec le désir égoïste de me reposer... Ce qui m’attire vers la Patrie des Cieux, c’est l’appel du Seigneur, c’est l’espoir de l’aimer enfin comme je l’ai tant désiré et la pensée que je pourrai le faire aimer d’une multitude d’âmes qui le béniront éternellement.

« Une seule attente fait battre mon cœur c’est l’amour que je recevrai et celui que je pourrai donner.

« Notre Père [confesseur] lui disait hier : “ Vous allez bientôt au Ciel !... mais votre couronne n’est pas faite, vous ne faites que de la commencer ! ”... Alors, elle lui répondit si angéliquement : “ Oh ! mon Père, c’est bien vrai, je n’ai pas fait ma couronne, mais c’est le Bon Dieu qui l’a faite ! ” » Déjà ! le Bon Dieu l’a faite... Elle est prête !

« Quand je pense à cette parole du Bon Dieu : “ Je porte ma récompense avec moi pour rendre à chacun selon ses œuvres ”, je me dis que pour moi il sera bien embarrassé. Je n’ai pas d’œuvres ! Il ne pourra pas me rendre “ selon mes œuvres ”... Eh bien ! il me rendra “ selon ses œuvres ” à lui ! »

« Je monte au Ciel... Je vais entrer dans ce séjour des élus, voir des beautés que l’œil de l’homme n’a jamais vues, entendre des harmonies que l’oreille n’a jamais entendues, jouir de joies que le cœur n’a jamais goûtées... »

« Un jour nous nous retrouverons dans le Paradis et nous jouirons du vrai bonheur. » (juin 1897)

 « Mon Dieu sera ma Grande Récompense,
Je ne veux point posséder d’autres biens. »

 

LE SOURIRE DE MARIE.

« Douze étoiles couronnent sa tête. » (Ap 12, 1)

« Ô Vierge Immaculée ! C’est toi ma douce Étoile
Qui me donnes Jésus et qui m’unis à Lui
.
Ô Mère ! laisse-moi reposer sous ton voile. »

« On sait bien que la Sainte Vierge est la Reine du Ciel et de la terre, mais elle est plus Mère que Reine, et il ne faut pas dire à cause de ses prérogatives qu’elle éclipse la gloire de tous les saints, comme le soleil à son lever fait disparaître les étoiles.

« Mon Dieu ! que cela est étrange ! Une Mère qui fait disparaître la gloire de ses enfants !

« Moi je pense tout le contraire, je crois qu’elle augmentera de beaucoup la splendeur des élus.

« C’est bien de parler de ses prérogatives, mais il ne faut pas dire que cela, et si dans un sermon on est obligé du commencement à la fin de s’exclamer et de faire : Ah ! ah ! on en a assez !... Ce que la Sainte Vierge a de plus que nous, c’est qu’elle ne pouvait pas pécher... mais d’autre part, elle a eu bien moins de chance que nous, puisqu’elle n’a pas eu de Sainte Vierge à aimer ; et c’est une telle douceur de plus pour nous, et une telle douceur de moins pour elle !

 « Ô Vierge Immaculée, des mères la plus tendre...
J’ose te regarder et m’approcher de toi...
Toi qui vins me sourire au matin de ma vie,
Viens me sourire encor... Mère.... voici le soir ! »

Au matin de sa vie, pendant la mystérieuse maladie de son enfance, ne trouvant aucun recours sur la terre, la pauvre petite Thérèse s’était tournée vers sa Mère du Ciel, elle la priait de tout son cœur d’avoir enfin pitié d’elle...

« Tout à coup la Sainte Vierge me parut belle, si belle que jamais je n’avais vu rien de si beau, son visage respirait une bonté et une tendresse ineffable, mais ce qui me pénétra jusqu’au fond de l’âme ce fut le “ ravissant sourire de la Sainte Vierge ”.

« Alors toutes mes peines s’évanouirent...

« Ah ! ce que j’ai senti (aux pieds de Notre-Dame des Victoires), je ne pourrais le dire... J’ai compris qu’elle veillait sur moi, que j’étais son enfant, aussi je ne pouvais plus lui donner que le nom de “ Maman ” car il me semblait encore plus tendre que celui de Mère... »

« Jamais elle ne manque de me protéger aussitôt que je l’invoque. S’il me survient une inquiétude, un embarras, bien vite je me tourne vers elle et toujours comme la plus tendre des mères elle se charge de mes intérêts.

« Que de fois en parlant aux novices, il m’est arrivé de l’invoquer et de ressentir les bienfaits de sa maternelle protection.

« Quand on a prié la Sainte Vierge et qu’elle ne nous exauce pas, c’est signe qu’elle ne veut pas. Alors il faut la laisser faire à son idée et ne pas se tourmenter. »

Parce qu’elle est Reine, c’est elle qui décide ! Ce n’est pas pour rien que ce cinquième mystère glorieux s’intitule « Couronnement de la Très Sainte Vierge Marie » ...

frère Bruno de Jésus-Marie.