15 AOÛT 2016 - ASSOMPTION

Marie Immaculée contre la révolution

Apparition de la Rue du Bac, le 27 novembre 1830.

LA Vierge Marie est omniprésente dans la Tradition de l’Église, mais à partir de 1830, elle intervient à mains fortes et bras étendus : ce sont les apparitions de la Rue du Bac à Paris. La Vierge Marie qui se montre à sainte Catherine Labouré est l’Immaculée Conception, la médiatrice de toutes grâces. La Médaille miraculeuse qui se répand dans l’Église tout entière impose à la dévotion de tous les deux grands dogmes modernes qui vont être au point de départ d’une extraordinaire série d’apparitions, et d’un réveil de spiritualité qui va vivifier l’Église de 1830 jusqu’au Concile Vatican II.

Je signale un tout petit fait curieux, mais qui vaut d’être rapporté : en 1830, la Vierge Marie apparaît à la rue du Bac, à Catherine Labouré. C’est quelques mois avant la révolution de juillet. La révolution de juillet a été une révolution téléguidée par l’orléanisme, par le capitalisme et par la franc-maçonnerie, tous unis pour se débarrasser d’une royauté trop sacrale, trop religieuse, trop empreinte de dévotion. La loi sur les sacrilèges a été une des occasions, le prétexte pour déclencher cette révolution. Charles X a donc été renversé en juillet, au même moment où la France s’emparait d’Alger. C’est de la politique. Mais ce qu’on ne dit jamais, c’est que la Vierge Marie a fait voir à Catherine Labouré Jésus comme étant le Roi de France, qui perdait sa couronne et perdait son sceptre. Vous voyez ça ? On ne nous le disait pas et tous les historiens de la rue du Bac se gardent bien de dire que la Vierge a fait de la politique.

C’est la Vierge Marie qui a annoncé à sainte Catherine Labouré qu’il y aurait bientôt une révolution. Le Christ s’est fait voir à elle comme le vrai roi de France qui perdait sa couronne et son sceptre. Il nous signifiait ainsi qu’avec la chute du roi sacré à Reims, légitime par conséquent, c’est le Christ qui ne règne plus. Son successeur aura beau être roi, il ne sera que le roi de la révolution, le roi de la démocratie, mais pas le lieutenant, le régisseur du Christ. Donc, si on veut mettre un point de départ à la révolution dans laquelle nous vivons encore, politiquement parlant, le Ciel nous répond : c’est 1830, quand vous avez détruit la royauté légitime. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est la confidente de la Vierge Marie, la confidente de Jésus, Christ-Roi, Roi de France, qui l’a dit.

C’est dans ce malheur des temps, dans ce malheur politique où nous allons nous enfoncer degré par degré – révolution de 1830, révolution de 1848, révolution de 1851, révolution de la Commune de 1871, etc. et j’en passe ! pour arriver à notre révolution de 1944 –, à travers toutes ces révolutions, il semble que la Vierge Marie multiplie ses apparitions pour quand même sauver les âmes, pour quand même donner aux bons, aux pauvres, à ses dévots assez de lumière pour qu’ils puissent tenir contre le mal.

C’est cet admirable siècle de révélations et de spiritualité, dix-neuvième siècle. Reprenons cela, les révélations je n’ai pas besoin de vous les rappeler :

– La rue du Bac, en 1830.

– La Salette en 1846.

– Lourdes, en 1858.

– Pontmain, pas loin d’ici, 1871.

– Puis ça va être, nous en reparlerons plus tard, l’apparition de Fatima, c’est la Vierge de l’Apocalypse, à Fatima. C’est peut-être la révélation la plus considérable que la Vierge ait faite depuis le commencement des temps.

La Vierge Marie voyant que l’humanité lui échappe a obtenu de son Fils de venir à la recherche de cette humanité qui était en train de se perdre. C’est extrêmement émouvant. Les Papes ont parfaitement réagi à cela et la grande définition des temps modernes, c’est la définition de 1854 par Pie IX, dans l’encyclique Ineffabilis Deus, la définition du dogme de l’Immaculée Conception, dont je vous ai dit qu’il avait été extraordinairement discuté depuis Pélage et saint Augustin en 400-430. Il faut franchir quinze siècles et plus pour arriver en 1854, où Pie IX définit que la Vierge Marie n’a jamais connu le péché originel, elle a été immaculée, sans tache dans sa conception, en vertu d’une préservation. Alors que nous, nous sommes guéris du péché originel après l’avoir contracté, elle, elle a été sauvée par le Christ bien davantage puisque, non seulement Il l’a sauvée comme nous d’une faute héritée, mais Il l’a sauvée au point de la préserver de cette faute. L’intelligence du mystère était parfaitement acquise et le Pape pouvait dire cela : à la fois que la Vierge n’avait pas été frappée par la tache originelle, qu’elle n’avait jamais été sous la puissance du démon, mais qu’elle en était redevable encore bien plus que nous au Sang du Christ sur la Croix.

1854, le Pape définit l’Immaculée Conception : les protestants rient, les rationalistes se moquent et ne croient pas. En 1858, quatre ans après, la Sainte Vierge apparaît dans la grotte de Lourdes et dit à la petite Bernadette : « Que soy era Immaculada Concepciou ». Elle ne savait pas ce que cela voulait dire. L’abbé Peyramale comprit tout de suite que c’était la Sainte Vierge elle-même qui avait révélé à cette enfant le privilège inouï que le pape Pie IX venait de définir pour toute l’Église comme une vérité infaillible. La Sainte Vierge venait pour contresigner le dogme promulgué par le Pape. Jamais à travers les âges on n’avait vu ainsi le Ciel venir confirmer l’autorité infaillible de l’Église ! De là a commencé cet immense mouvement de Lourdes.

Quand on écrit l’histoire de France et l’histoire universelle, c’est pitié de voir que ces grands savants ne parlent pas du curé d’Ars, ni de Lourdes, ni de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, qui ont été en fait les grands événements de l’histoire universelle au dix-neuvième et au vingtième siècle.

Notre-Dame-de-Fatima03Maintenant c’est Fatima qui pèse en fait et en toute vérité sur l’opinion mondiale. Il faudrait voir les choses à partir du surnaturel, mais nos chefs ne veulent pas et ils s’aveuglent. Ces foules de Lourdes, c’est cela qui nous a sauvés du rationalisme, du scientisme, du positivisme. Après la Révolution, tous ces prêtres qui avaient été formés à la va-vite ne connaissaient pas leur théologie. Pendant cinquante ans, la théologie a été extrêmement primitive. Il y avait tout de même Newman, il y avait Faber, il y avait le Père Passaglia, mais qui a mal tourné, qui a quitté l’Église, qui y est revenu aux derniers jours de sa vie. Il y avait Scheeben, un théologien allemand très intéressant. Donc, il y a eu de grands théologiens quand même, et chez nous aussi, Mgr Gay par exemple, mais qui étaient plus des hommes de dévotion que des grosses têtes. Tout cela va cependant ramener l’Église à la foi, à la fin du dix-neuvième siècle, l’Église commence à reconquérir les élites et elle va le faire d’une marche sûre.

Moi je vous dis, parce que c’est la vérité, que nous sommes arrivés à ce que l’on peut considérer comme un sommet en 1950, lorsque le pape Pie XII a défini le dogme de l’Assomption de la Très Sainte Vierge. L’Église était à la veille de connaître des triomphes absolument inouïs dans le monde entier. On peut dire que, dans la décadence matérialiste du monde, que ce soit l’Occident, que ce soit l’Orient, il y avait une puissance qui était unie, forte et vibrante d’enthousiasme, c’était l’Église catholique.

Qu’on ne nous parle pas des derniers papes ! Le pape Pie XII avait un rayonnement prodigieux dans le monde, c’était un rayonnement de vertus, c’était un rayonnement d’intelligence, c’était un rayonnement de foi et de vie mystique. Il ne faut pas oublier que c’est le Pape Pie XII, en 1950, qui a défini l’Assomption de la Très Sainte Vierge, aux moqueries des protestants et des modernistes – cela n’avait aucune importance, c’était une lie du peuple chrétien, ce n’était pas du tout une élite importante, tout le peuple consentait – et en même temps, la même année, le pape Pie XII promulguait l’encyclique Humanis Generis contre le modernisme. Pie XII ainsi alliait la dévotion et le combat contre les hérésies comme Pie IX cent ans avant avait allié la dévotion en 1854 en définissant l’Immaculée Conception de la Vierge et le combat contre l’hérésie moderne du libéralisme par le Syllabus, en 1864.

Alors ? L’ennemi du genre humain, qui a reçu la permission de blesser cette Femme mystérieuse au talon au moment où elle lui écraserait la tête, le démon s’est dit : « Il faut que je fasse ma dernière opération de révolution » et l’Église, qui était donc arrivée à un sommet en 1950, a commencé à connaître de l’intérieur la trahison la plus épouvantable de son existence.

Depuis 1950, c’est un désert ! La dévotion à la Vierge Marie est proscrite dans le peuple, on arrache le chapelet des enfants – je n’ai pas besoin de vous dire tout cela –, on ôte les statues de la Vierge des églises, on ne fait plus la procession du 15 août ; bref, on piétine, on détruit la dévotion à la Vierge, toutes les manifestations, les cérémonies. Maintenant on ne croit plus au mystère de la Vierge. Les modernistes comme Hans Küng et compagnie nient la virginité de Marie, son Immaculée Conception n’en parlons pas, ça n’existe plus puisque le péché originel n’existe plus. Ils nient la Divinité du Christ et donc la gloire de la maternité divine leur échappe complètement. L’Assomption, il est évident qu’on n’en parle plus. Bref, nous assistons à une occultation délibérée du culte envers Marie.

Par le fait même, l’Église perd ses âmes consacrées, les prêtres défroquent, les religieuses partent, il n’y a plus de vocations, le peuple chrétien se vautre dans la corruption. Cela va ensemble et annonce les grands châtiments. Mais heureusement qu’il y a sa promesse pour nous aider à garder courage : « À la fin mon Cœur Immaculé triomphera... »

Abbé Georges de Nantes
Extraits de la série S 44 : Théologie mariale