17 DÉCEMBRE 2017

Saint Jean-Baptiste, notre admirable modèle

JE voudrais être comme ce grand saint qui fut sur terre votre cousin et votre précurseur, lui dont l’attitude et la parole sont pour moi aujourd’hui une révélation. Il se tenait sur les bords du Jourdain, dans un amour sans pareil pour Vous son Seigneur et dans une parfaite bienveillance et sagesse pour ceux qui s’approchaient, passant et repassant dans l’attente d’un signe de lui, d’un appel. Ses disciples, étonnés, le pressaient de s’attacher tous ces gens de peur qu’ils ne s’éloignent : « Celui qui était avec toi, celui auquel tu as rendu témoignage, tout le monde va à lui ! » Mais Jean, obstinément, montrait son chemin, il n’était qu’un témoin qu’on rencontre et qu’on dépasse, suivant son geste. Les âmes s’en allaient à Celui qu’il leur désignait, ne se retournant même pas sur cet homme éternellement seul dont le visage heureux les aurait étonnés.

Jean-Baptiste par Le TitienUn jour, une fois, quelqu’un cependant l’entendit livrer son secret. C’est un trait d’éblouissante lumière : « Il n’appartient pas à l’homme de prendre rien qui ne lui soit donné du Ciel. Vous le savez, je ne suis pas le Christ. Je ne suis que son envoyé. Celui qui a l’épouse est l’époux ; mais l’ami de l’époux, qui se tient près de lui et l’entend, est ravi de joie à la voix de l’époux : c’est là ma joie et elle est à son comble. Il faut qu’il croisse et que je diminue. »

Voix de celui qui crie dans le désert ! Jamais voix humaine n’avait su proclamer avec une telle vérité le mystère de la charité. Comment pourrions-nous prendre et posséder ce qui ne nous est pas donné d’En-Haut ? Nul ne supporterait d’attacher le passereau à la branche qui le porte, lui qui ne veut que prendre son vol, et nos âmes sont plus que le passereau ! Comment arrêter et retenir à nous ceux qui avancent en chantant vers la demeure de l’Époux ?

Oui, je voudrais être moi aussi, dans cette fête qui s’annonce, l’ami de l’époux placé là dans ma nuit pour montrer aux invités le chemin de la Maison ! Et s’il m’est donné de conduire l’épouse elle-même et d’entendre les premiers mots de l’ineffable dialogue, jamais plus je ne connaîtrai ni la tristesse ni la solitude. Je sais qu’à de tels services la plus haute récompense est promise. Je vous le dis, en vérité, l’épouse elle-même, sûre de plaire à son époux, invitera son guide fidèle à participer aux Noces et non plus comme serviteur mais comme ami : « Mon ami, entre dans la joie de ton maître », lui dira-t-elle avec grâce.

Ô Jésus, douceur ineffable, détournez de moi toute affection déraisonnable et mensongère, préservez-moi de toute fausse charité. Je ne veux connaître et aimer que Vous, je ne veux être le guide des âmes qui passent cherchant leur chemin que pour les conduire à Vous.

Maintenant je sais que cette joie, la seule qui soit parfaitement pure, est plus grande que toutes possessions, cette joie d’entendre votre voix pleine d’amour accueillir sur le seuil de votre demeure éternelle cette épouse nouvelle que vous attendiez encore. Je serai le passeur qui revient seul à notre terrestre rivage pour conduire jusqu’à l’aurore de nouveaux invités aux noces de votre Royaume. À l’aller comme au retour, va ma barque et sa mystérieuse charge sous la conduite d’un nautonier heureux !

Abbé Georges de Nantes
Extraits de la Page mystique n° 30, janvier 1971
Le chant du nautonier heureux