L'épître aux Hébreux

L’ÉGLISE naissante, dont la croissance est décrite dans les quinze premiers chapitres des Actes des Apôtres, continuait de pratiquer tout ce que prescrivait la Loi, y compris la liturgie des sacrifices au Temple (...). Les prêtres convertis à « la voie du Seigneur » (Ac 18, 25) exerçaient leur métier de sacrificateur, d’égorgeur de viandes dans le Temple, et assuraient ainsi la subsistance de leur famille. Tant qu’il fut de ce monde, Jacques, « le frère du Seigneur » maintint les deux ordos : l’ancien, celui d’Aaron, le nouveau, celui de Jésus-Christ : « Jour après jour, d’un seul cœur, ils fréquentaient assidûment le Temple et rompaient le pain dans leurs maisons. » (Ac 2, 46) La « fraction du pain » désignant la Sainte Eucharistie.

Pression mystique, Troyes.
Le pressoir mystique, Troyes.

Le martyre de Jacques, en 62, ayant mis fin brutalement à cette double appartenance, les chrétiens “ hébreux ” et surtout les prêtres, se retrouvèrent sans situation, désemparés face à la persécution, ébranlés dans leur foi...

Dans leur zèle sincère pour la religion de leurs Pères, ces prêtres n’avaient jamais bien compris le dilemme tragique qui s’imposait à eux, et que Saul de Tarse converti leur exposait d’une manière aussi lumineuse qu’implacable. Est-on juste aux yeux de Dieu par la pratique de la Loi ou par la Foi en Jésus ? S’il faut croire en Jésus tout en pratiquant la Loi de Moïse, par qui sommes-nous sauvés ? Par la Loi ou la Foi en Jésus ? Après le martyre de Jacques, sous la pression de la persécution, il leur faut choisir : ou “ la porte de Jésus ”, ou la justice de la Loi. »

OBJECTIFS DE L’ÉPÎTRE

Saint Paul par RembrandtC’est dans ce contexte dramatique, quelques années avant la destruction de Jérusalem, que Paul, « Hébreu, fils d’Hébreux » (Ph 3, 5), prit en charge ses anciens frères séparés, ses adversaires d’hier pour les consoler, les fortifier dans l’épreuve en la leur expliquant, leur redonner ainsi l’espérance et une foi meilleure (...).

Il leur écrit donc une longue dernière lettre, qui poursuit un double objectif : montrer à ces prêtres l’harmonie des deux Alliances dans le Christ ; les préfigurations et les annonces du Nouveau Testament dans l’Ancien. Le but de cette réhabilitation de l’Ancien Testament, de cette réconciliation dans la continuité de l’Ancien et du Nouveau Testament, est de faire comprendre à ces prêtres qu’il est impossible d’en rester à une doctrine chrétienne qui ne se distingue pas formellement du judaïsme. Ils doivent passer outre, rompre avec la synagogue pour suivre le Christ, Fils de Dieu, sous peine de tomber dans l’apostasie (...).

LE PROLOGUE (Hb 1, 1-5)

C’est du grand saint Paul, la récapitulation de tout l’enseignement aux Philippiens, aux Colossiens, aux Éphésiens. Fils de Dieu, le Christ, Jésus de Nazareth, est le resplendissement de la gloire de Dieu, l’effigie de sa substance. Il est l’homme parfait qui soutient l’univers, il gouverne tout ; après avoir accompli la purification des péchés, il a été exalté et s’en est allé à la droite de la Majesté au plus haut des Cieux. Tout est dit en quelques lignes du mystère du Christ, et de son évidente supériorité par rapport aux Anges.

I. LE FILS DE DIEU INCARNÉ EST ROI DE L’UNIVERS (Hb 1, 5 - 2, 18)

En faisant appel à la Sainte Écriture pour établir la supériorité du Christ sur les anges, Paul sait qu’il répond à une objection. Fort de l’autorité de la parole de Dieu, il poursuit son avantage et formule une première mise en garde contre l’apostasie, le risque « d’être entrainé à la dérive ». Si toute désobéissance à la Loi a été justement punie, il en ira de même pour ceux qui auront refusé de croire à l’enseignement des apôtres de l’Évangile du Christ, Fils de Dieu, et négligé un salut annoncé par le Christ en personne, puis confirmé par tant de signes, prodiges et miracles.

Comme dans l’épître aux Philippiens, celle aux Hébreux expose le mystère de la Rédemption, celui des abaissements et du sacrifice du Christ, nécessaire prélude à son exaltation. Il a été comme le chef qui vient prendre la tête d’une armée en déroute pour l’arracher à l’empire de l’Adversaire de Dieu, et la sauver du désastre. Il s’est fait homme pour lutter au nom des hommes, pour détrôner les anges rebelles et rendre toute la création à Dieu. C’est ainsi qu’il a accompli la purification des péchés et qu’il est devenu notre « grand-prêtre, miséricordieux et fidèle, capable d’expier les péchés du peuple »

III. JÉSUS GRAND-PRÊTRE,
MÉDIATEUR FIDÈLE ET COMPATISSANT (Hb 3 - 7)

Il est supérieur anges, mais cette fois pour la raison qu’il a un corps capable de souffrir et un cœur capable de s’immoler : c’est un grand-prêtre compatissant, comme Aaron, mais plus grand que lui.

Il est supérieur à Moïse, fidèle comme lui, mais d’une manière éminente, car Moïse l’était à titre d’intendant, de maître de maison ; le Christ, lui, l’est en tant que constructeur, architecte de la maison, comme de l’univers tout entier. « Et sa maison, c’est nous, si nous gardons fermement jusqu’au bout notre assurance et la fierté de notre espérance. »

Deuxième mise en garde contre l’apostasie. Les Hébreux se sont révoltés contre Moïse et ont été châtiés (...). Leur tentation aujourd’hui, c’est de se rebeller pareillement contre le Christ et d’abandonner le Dieu vivant. Comme les Hébreux qui n’entrèrent pas dans la Terre Promise, ils n’entreront pas dans le repos de Dieu. Alors, « Empressons-nous d’entrer dans ce repos afin que nul ne donne, en succombant, le même exemple de désobéissance. »

Désobéissance d’autant plus regrettable, navrante, que Jésus est vraiment le Grand-prêtre idéal, sans égal, et voici pourquoi :

« C’est lui qui, dans les jours de sa chair, ayant avec de grands cris et avec larmes offert des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et ayant été exaucé pour sa piété, a appris, tout Fils qu’il est, par ses propres souffrances, ce que c’est qu’obéir ; et maintenant que le voilà au terme, il sauve à jamais tous ceux qui lui obéissent. » (Hb 5, 5-9)

Saint Paul sait maintenant qu’il doit leur expliquer une chose d’autant plus difficile qu’ils sont « devenus lents à comprendre »... Comme toujours il alterne tendresse et sévérité. Le triste sort de ceux qui crucifient à nouveau le Fils de Dieu, le péril d’apostasie, est de nouveau exposé (Hb 6, 1-8), mais saint Paul se reprend aussitôt. « Bien-aimés, nous avons de vous une opinion meilleure et favorable à votre salut » et puis « Dieu n’est pas injuste au point d’oublier ce que vous avez fait ainsi que la charité que vous avez montré pour son nom... »

Une dernière exhortation à partager la foi et l’espérance de ceux qui ont hérité des promesses, introduit la vérité capitale qui est au cœur de cette épître : d’elle dépend la nécessaire conversion des Hébreux : « Dieu a proclamé le Jésus-Christ le fils de Dieu, grand prêtre selon l’ordre de Melchisédech. » (cf. Hb 5, 5-10)

PRÊTRE SELON L’ORDRE DE MELCHISÉDECH (Hb 7 - 10)

Melchisédech, prêtre du Très-Haut apparaît dans l’histoire sainte d’une manière mystérieuse. Il n’a ni père, ni mère, ni descendance ; il est à lui seul la totalité du sacerdoce. Puisqu’Abraham lui a payé la dîme (cf. Gn 14, 17-20), et a reçu sa bénédiction, il l’a donc reconnu supérieur à lui. Abraham étant le père de tous les juifs et donc des fils de Lévi, le sacerdoce lévitique est inférieur au sacerdoce selon l’ordre de Melchisédech, et donc inférieur au Christ qui est le seul à avoir été annoncé comme étant le prêtre éternel selon l’ordre de Melchisédech : « Tu es prêtre pour toujours à la manière de Melchisédech. » (Ps 110, 4) Cette démonstration rabbinique parfaitement comprise des prêtres de Jérusalem, devait les convaincre de la caducité de leur sacerdoce et de la Loi.

  1. Puisque le sacerdoce lévitique est au principe et fondement de la Loi, le changement de sacerdoce, entraine nécessairement un changement de loi, le nécessaire passage d’un état de chose imparfait à un plus parfait : « Ainsi se trouve abolie la première disposition, en raison de sa faiblesse et inutilité. Car la Loi n’a rien conduit à la perfection ; elle a été l’introductrice d’une espérance meilleure par laquelle nous approchons de Dieu.»
  2. Autre démonstration de la supériorité du Sacerdoce du Christ. Notre Grand-prêtre le Christ est saint et sans péché, « Il possède un sacerdoce qui ne passe point. » : « Tel est bien le grand prêtre qu’il nous fallait, saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs, élevé par-delà les cieux, qui n’a pas besoin chaque jour comme les grands prêtres d’offrir des sacrifices d’abord pour ses péchés personnels, ensuite pour ceux du peuple ; cela il l’a fait une fois pour toutes en s’offrant lui-même. » (Hb 7, 26-28)
  3. Définitive supériorité du sacerdoce du Christ sur l’ancien, de la nouvelle Alliance sur l’ancienne (cf Hb 8) : Jérémie a prophétisé le changement radical car cordial et spirituel, de cette nouvelle Alliance (cf. Jr 31, 31-34). Saint Paul se fonde sur l’argument prophétique pour affirmer la définitive caducité, disparition de l’ancienne Alliance : « Si cette première Alliance avait été irréprochable, il n’y aurait pas eu lieu de lui en substituer une seconde.» et pour finir : « Ce qui est vieilli et suranné est près de disparaître. »

Saint Paul poursuit sa démonstration pendant encore deux chapitres. La première alliance a été scellée dans le sang des animaux (...). Mais dans la nouvelle Alliance, tout est consacré sur la terre et dans le Ciel par le sang du Christ. Le Christ resplendira comme Prêtre unique lorsqu’il se sera consacré tout l’univers par le sang de sa Croix. C’est exactement ce que Paul disait aux Colossiens (...).

Avant d’en arriver à la dernière et plus belle partie de son épître, Paul évoque encore une fois le châtiment qui sera réservé aux apostats ; on sent qu’il s’adresse à des gens qui ont envie de revenir en arrière. S’ils refusent d’avoir part au Sacrifice de la Croix, il n’y aura plus pour eux d’expiation possible, et tombe alors cette terrible parole : « C’est effroyable que de tomber entre les mains du Dieu vivant ! »

Mais à ceux qui ont « partagé les souffrances des prisonniers » et qui ont « accepté joyeusement d’être dépouillés de leurs bien, car se sachant en possession d’une richesse meilleure et qui dure », saint Paul affirme : « N’abandonnez donc rien de votre assurance ; une grande récompense vous est réservée » (cf. Hb 10, 34-35)

IV. ÉLOGE DE LA FOI PERSÉVÉRANTE (Hb 11 - 12)

Dans le très lyrique chapitre 11, Paul poursuit deux buts. Premièrement tout l’Ancien Testament et ses héros sont rappelés ici en leçon d’interprétation surnaturelle des événements défavorables. À travers les siècles, de génération en génération, les hommes ont vécu dans les tourments, les épreuves, or c’est la foi « garantie de ce qu’on espère et preuve de ce qu’on ne voit pas » qui les a fait rebondir au-delà de l’obstacle, et dans la chose défavorable, ils ont vu l’espérance de réalités meilleures.

Deuxième but et leçon qui touche directement les Hébreux de Jérusalem qui vont bientôt en être chassés. Les Anciens n’ont pas seulement espéré qu’un bien sortirait de leur épreuve ; toutes ces générations avaient, dans la foi, le même but : la marche vers la Jérusalem céleste. C’est comme un refrain, la foi de chaque Patriarche nous est présentée comme recherchant à travers les réalités charnelles de la Terre Promise, de Jérusalem ou du Temple, la réalité spirituelle d’un accomplissement promis par Dieu. C’est ainsi qu’à travers leur pérégrination et errances, Abraham, Isaac, Jacob aspiraient à une réalité supérieure à la Terre Promise, car ils attendaient « la cité pourvue de fondations, dont Dieu est l’architecte et le constructeur. » (...).

Par ces magnifiques témoignages de la foi des Patriarches, des Juges ou des prophètes, saint Paul veut faire comprendre aux prêtres de Jérusalem d’une part que l’Ancien Testament est tout polarisé par la réalisation spirituelle d’une espérance accomplie par le Nouveau Testament, et que d’autre part cette continuité dans la foi en la Promesse de Dieu et l’espérance dans la Jérusalem céleste, ont toujours été vécues dans les difficultés, les contradictions. L’épreuve fait partie de l’homme de foi, du chrétien de l’Ancien comme du Nouveau Testament.

Il en fut de même pour le Christ, ce qui donne à saint Paul le motif d’une nouvelle exhortation. « Donc, nous aussi, puisque nous sommes environnés d’une si grande nuée de témoins, rejetons tout ce qui nous appesantit et le péché qui nous enveloppe, et courons avec persévérance dans la carrière qui nous est ouverte, les yeux fixés sur Jésus, l’auteur et le consommateur de la foi, lui qui, au lieu de la joie qu’il avait devant lui, méprisant l’ignominie, a souffert en croix, et “ s’est assis â la droite du trône de Dieu ”. Considérez celui qui a supporté contre sa personne une si grande contradiction de la part des pécheurs, afin de ne pas vous laisser abattre par le découragement. Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang dans votre lutte contre le péché.

Et vous avez oublié l’exhortation de Dieu qui vous dit comme à des fils : “ Mon fils, ne méprise pas le châtiment du Seigneur, et ne perds point courage lorsqu’il te reprend ; car le Seigneur châtie celui qu’il aime, et il frappe de la verge tout fils qu’il reconnait pour sien. ” C’est pour votre instruction que vous êtes éprouvés : Dieu vous traite comme des fils... » (Hb 12, 1-4)

C’est tout l’Ancien Testament cette lettre aux Hébreux : après le grand discours historique et prophétique, un peu de courant sapiential, le prosaïsme du livre des Proverbes.

Après une exhortation pour que « personne ne se dérobe à la grâce de Dieu », et que tous recherchent « la paix avec tous et la sainteté sans laquelle nul ne verra le Seigneur. », saint Paul en vient à la vraie conclusion, une dernière comparaison entre les deux alliances, entre les Théophanies terribles de l’Ancien Testament, qui terrifiaient Moïse lui-même, et celles du Nouveau Testament. D’un côté ce Dieu terrible qui descend sur le Sinaï, de l’autre Jésus, la Jérusalem céleste, les myriades d’anges, tableau tout d’harmonie, de gloire, de lumière, de bonheur. Et au milieu de ce tableau (cf. Hb 12, 21-24), je vois l’Église. Dans la vision de ce royaume céleste, il y a l’assemblée des premiers nés dont les noms sont inscrits dans les Cieux. Cela rappelle à ces prêtres, le souvenir de leurs Anciens, comme Jacques, qui ont vécu dans la foi chrétienne et sont morts martyrs... Loin de détourner le regard, cette vision attire et oblige à être reconnaissants : « Puisque nous rentrons en possession d’un royaume qui ne sera point ébranlé, retenons fermement la grâce ; par elle rendons à Dieu un culte qui lui soit agréable, avec piété et avec crainte. Car notre Dieu est aussi un feu dévorant. » (Hb 12, 28-29)

LE SOMMET AFFECTIF DE L’ÉPÎTRE

Le chapitre 13 commence par une parénèse, une série de bons conseils pour ces prêtres mariés de l’Ancien Testament, dans cette ville de Jérusalem dont le Temple est souillé par les malversations quotidiennes des fonctionnaires du culte que sont les Sadducéens...

Et puis au verset 7, nous décollons pour atteindre au sommet affectif de cette lettre. C’est un mémorial, me semble-t-il, élevé à Jacques et aux Anciens. C’est vraiment le comble de la charité, de la réconciliation : « Souvenez-vous de vos chefs qui vous ont annoncé la parole de Dieu, considérez l’issue de leur carrière et imitez leur foi. » Que c’est beau. Saint Paul se rappelle ce vénérable Jacques qui ne l’a jamais très bien compris... C’est dans ce contexte que se comprend le verset 8 : « Jésus-Christ est le même hier et aujourd’hui et il le sera à jamais ». Le Christ de Jacques et des Anciens, eux qui étaient d’hier, de la génération juive, ce Christ-là, il est le même que celui d’aujourd’hui ; il n’est pas mort avec eux. La religion juive est en train de mourir, mais le Christ lui survit, et survivra à jamais dans les siècles...

Après un ultime avertissement contre les tentations d’un néo-judaïsme, le même que Paul poursuivait dans les “ Colossiens ” et les “ Éphésiens ”, il leur demande de suivre Jésus en portant sa Croix, et comme lui de quitter Jérusalem, sortir de l’ancienne Alliance : « Ainsi donc, pour aller à Lui, sortons hors du camp, en portant son opprobre ; Car nous n’avons pas ici de cité permanente, nous sommes en quête de la cité future. » Voilà, le lien est tranché avec Jérusalem, spirituellement comme corporellement. Il faut oublier la Jérusalem terrestre, et « Par Lui, Jésus-Christ, offrir sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c’est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom. »

Abbé Georges de Nantes
Extraits de Saint Paul, apôtre et martyr,
L’Épître aux Hébreux, retraite automne 1972

L’ÉPITRE AUX HÉBREUX ET SON AUTEUR

L’Épître aux Hébreux exprime une synthèse doctrinale sans égal de tout l’Évangile de Paul et, avec lui, des quatre Évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean, avec lesquels elle présente d’innombrables contacts.

Le prologue en fournit déjà un lumineux exemple : pour exprimer ce qu’il a vu, « ce Fils assis à la droite de la Majesté dans les hauteurs », Paul ne trouve pas d’autres mots que ceux de la déclaration de Jésus au Sanhédrin : « Vous verrez le Fils de l’homme, siégeant à la droite de la Puissance. » (Mt 26, 64)

Il est vrai que la quatorzième Épître du corpus paulinien a toujours été mise à part, depuis les temps les plus reculés. Et nous montrerons que c’est à bon droit, mais au titre d’un aboutissement ultime de toute la Révélation : le Jésus de l’Histoire et des Évangiles – c’est tout un ! – ce « Fils » par qui nous parle aujourd’hui le Père, accomplit les figures, les “ types ” (tupoi) et les prophéties de l’Ancien Testament.

Il suffit de comparer le prologue de l’Épître aux Hébreux avec l’hymne qui ouvre l’Épître aux Colossiens (Col 1, 15-20). Ou encore, de se laisser entraîner par le mouvement même du verset 4 : « Devenu d’autant supérieur aux anges que le nom qu’il a reçu en héritage est incomparable au leur »... invitant irrésistiblement à enchaîner avec les deux dernières strophes de l’hymne adressée par saint Paul aux Philippiens :

« Pour que tout, au nom de Jésus, s’agenouille, au plus haut des deux, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue proclame, de Jésus-Christ, qu’il est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. » (Ph 2, 10-11)

L’Épître aux Hébreux toute remplie de la pensée du Ciel, toute scandée par le nom de Jésus (quatorze fois) est signée : saint Paul ! Nous ne craindrons pas de l’affirmer, à l’encontre des doutes qui remontent à Origène († 255) et dont le Père Spicq se fait l’exact rapporteur (...).

Extrait de L’épître aux Hébreux d’aujourd’hui
dans Bible, Archéologie, Histoire, tome 3, p. 97-104

  • Dans Bible archéologie histoire, tome 1 :
    • L'épître aux Hébreuxd'aujourd'hui ! (CRC tome 31, mai 1999, p. 17-24)
Audio/Vidéo :
  • B 33 : L’épître aux Hébreux, actuel !, avril 1999. 1 h. (aud./vid.)

Références complémentaires :

  • S 18 : Saint Paul, apôtre et martyr, retraite automne 1972, 20 h (audio)
    • 22. L’Épître aux Hébreux