Ps 21 : Divin Messie

  1. Au maître de chant, psaume à David.
  2. Yahweh, de votre force se réjouit le roi, et en votre Salut il exulte à l’extrême.
  3. Le désir de son cœur, vous le lui avez accordé, et à la demande de ses lèvres, vous n’avez pas opposé de refus.
  4. Car vous le prévenez de bénédictions de bonheur, vous mettrez sur sa tête une couronne d’or fin.
  5. Les vies qu’il vous a demandées, vous les lui avez accordées ; longueur des jours, toujours et à jamais.
  6. Grande est sa gloire en votre Salut, de majesté et de splendeur vous le revêtirez.
  7. Car vous l’établirez en bénédictions à jamais, vous le comblerez de joie près de votre Face.
  8. Car le roi espère en Yahweh, et par la miséricorde du Très-Haut, il ne sera pas ébranlé :
  9. « Votre main atteindra tous vos ennemis, votre droite tous ceux qui vous haïssent.
  10. « Vous les établirez comme fournaise de feu au temps de votre Face. » Yahweh avec sa colère, les engloutira et un feu les dévorera.
  11. « Vous ôterez de la Terre leur fruit, et leur semence, d’entre les fils d’Adam.
  12. « Car ils ont tramé le mal contre vous, ourdi un complot ; ils ne pourront rien.
  13. « Car vous leur ferez tourner le dos, contre leur face vous banderez votre arc.
  14. « Soyez exalté, Yahweh, dans votre force, nous chanterons et psalmodierons votre prouesse. »
* * *

Q UEL « roi » ? le roi-messie (Ps 2, 2), Fils de Dieu (Ps 2, 7). Le verset 2 annonce déjà le Magnificat de la bienheureuse Vierge Marie. D’autant plus qu’ « en votre Salut » pourrait se traduire « en votre Jésus » (cf. Ps 13, 6).

« La demande ( ’arèšèt )de ses lèvres », exprimée par un mot sans autre emploi dans la Bible, traduit « le désir du cœur » du « Fils » en attente du baiser de son épouse (cf. Ps 2, 12 ; Ct 1, 2 ; 8, 1) en même temps que de son « héritage » (Ps 2, 8).

VERSET 4 : L’ « or fin » n’intervient que trois fois dans le psautier (Ps 19, 11 et 119, 127). Il qualifie les « préceptes », le « commandement », les « jugements » portés dans la Loi de Yahweh (Ps 19, 9-11). « La couronne d’or fin » placée sur la tête du roi-messie ré­compense son obéissance à la Loi, en lui rendant la royauté que la désobéissance avait fait perdre à Adam (cf. Ps 8, 6).

« Des bénédictions de bonheur » : le pléonasme marque la surabondance des bénédictions promises au roi-messie (cf. Ps 3, 9).

VERSET 5 : La mort fut le salaire de la désobéissance d’Adam. Le « Salut » accordé au roi-messie (v. 2) lui rend « l’haleine de vie » des origines qui en refait « un être vivant » (Gn 2, 7). Pas seulement lui, mais une postérité innombrable annoncée ici par le pluriel « les vies », selon la prophétie de l’Inconnu de l’Exil, annonçant du Serviteur que Yahweh « s’est plu à écraser par la souffrance » : « S’il offre sa vie en expiation, il verra une postérité, il prolongera ses jours. » (Is 53, 10)

VERSET 6 : La « gloire », la « majesté » et la « splendeur » sont des attributs divins que Dieu communique à son Messie (cf. Ps 3, 4 ; 4, 3 ; 8, 2 ; 8, 6).

VERSET 7 : « En bénédictions » (cf. supra, v. 4), celles-là mêmes promises à Abraham (Gn 12, 2), à Joseph (Gn 48, 20). « À jamais », répété une deuxième fois (v. 5), met en relief la permanence de la promesse et des bé­nédictions qui l’accompagnent.

La « joie » est procurée par la lumière de la Face de Dieu. En effet, le Messie sera un nouveau Moïse, à qui Yahweh « parle Face à face dans l’évidence, non en énigmes, et il voit la forme de Yahweh » (Nb 12, 8).

Le thème revient avec insistance, comme un désir gran­dissant de voir la Face de Dieu (Ps 4, 7-8 ; 16, 11 ; 17, 2 et 15 ; 18, 7 ; 19, 15).

VERSET 8 : Ce psaume chante l’assurance d’une victoire dont le secret réside dans l’espérance sur­naturelle en la « miséricorde » divine.

VERSET 9 : L’oracle s’adresse-t-il au Messie ou à Yahweh ? À l’un et à l’autre, car ils ne font qu’un selon les versets 9-13. Au jour de son avènement, la « Face » du Messie reflétera celle de Yahweh (v. 7).

VERSET 10 : « Avec sa colère » : au moyen de sa colère, comme nous l’avons expliqué (Ps 2, 5).

VERSET 11 : Ce sera la victoire promise aux origines à la « semence » de la Femme : « Alors, Yahweh dit au serpent : “ Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ta semence et la sienne. ” » (Gn 3, 15)

Par quelle « prouesse » ? Le psaume vingt-deuxième va le chanter.

Frère Bruno de Jésus-Marie
Il est ressucité ! n° 90, février 2010, p. 22