L'Évangile de saint Marc

III. Le règne de Dieu en parabole

LE verset 6e du chapitre 3e nous dit à quel point déjà de tension, de complot les adversaires de Notre-Seigneur sont arrivés. Pharisiens et Hérodiens se réunissent contre Jésus en vue de le perdre. Cependant nous sommes encore dans les mystères joyeux de la Galilée.

L’INSTITUTION DES DOUZE

13 Puis il gravit la montagne et il appelle à lui ceux qu’il voulait. Ils vinrent à lui, ce “ ils vinrent à lui ” montre bien une sorte de pas en avant décisif, un engagement qui sera sans repentance, sans retour en arrière possible.

14 et il en institua Douze – Jésus nomme douze Apôtres, des hommes envoyés pour la mission qui seront les colonnes de l’Église future. – pour être ses compagnons –, les témoins de toute sa vie, nuit et jour, continuellement avec lui – et pour les envoyer prêcher, 15 avec pouvoir de chasser les démons. Déjà ils sont associés au règne de Dieu sur la terre. 16 Il institua donc les Douze, et il donna à Simon le nom de Pierre, 17 puis Jacques, le fils de Zébédée, et Jean, le frère de Jacques, puis André, auxquels il donna le nom de Boanergès, c’est-à-dire fils du tonnerre, [...] 18 Philippe, Barthélemy, Matthieu, Thomas, 19 et Judas Iscarioth, celui-là même qui le livra. Dans sa science de l’avenir, Jésus savait que celui-là serait le traître. C’est une nouvelle note pessimiste.

L’INQUIÉTUDE DES PARENTS DE JÉSUS

20 Il vient à la maison et de nouveau la foule se rassemble, au point qu’ils ne pouvaient pas même manger de pain. 21 Et les siens, l’ayant appris, partirent pour se saisir de lui, car ils disaient : “ Il a perdu le sens ” Saint Marc annonce cette descente de la famille de Nazareth à Capharnaüm. Quand une chose terrible survint : les scribes de nouveau font leur apparition. Le drame se noue presque d’heure en heure.

LES SCRIBES ACCUSENT JÉSUS D’ÊTRE POSSÉDÉ PAR BÉELZÉBOUL

Jésus avec les scribes et les pharisiens
Jésus avec les scribes
et les pharisiens

22 Et les scribes qui étaient descendus de Jérusalem disaient : “ Il est possédé de Béelzéboul ”, et encore : “ C’est par le prince des démons qu’il expulse les démons. ”

23 Les ayant appelés près de lui, il leur disait en paraboles : “ Comment Satan peut-il expulser Satan ? 24 Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume-là ne peut subsister. 25 Et si une maison est divisée contre elle-même, cette maison-là ne pourra se maintenir. 26 Or, si Satan s’est dressé contre lui-même et s’est divisé, il ne peut pas tenir, il est fini. Toute la puissance du diable dirige toute l’humanité vers sa perdition et comme une armée en bataille, ces démons sont absolument solidaires les uns des autres. Or Jésus arrive, libère ces pauvres possédés pour qu’ils puissent faire leur salut. Et les scribes prétendent qu’il chasse les démons par la puissance de Satan, c’est contradictoire ! La parabole est simple, elle les met dans leur tort. Mais Jésus ajoute quelque chose de très positif et de très bon, où se révèle son cœur.

27 Mais nul ne peut pénétrer dans la maison d’un homme fort et piller ses affaires s’il n’a d’abord ligoté cet homme fort, et alors il pillera sa maison. L’homme qui est propriétaire de la maison pour l’instant, c’est Satan. Mais Jésus manifeste qu’il est plus fort que lui lorsqu’il le ligote en chassant les démons des possédés, qui se trouvent alors libres pour le service du Christ. Donc la contrainte que Jésus exerce sur le démon est bien le signe que leur royaume est perdu, qu’il en est vainqueur, et qu’il instaure le règne de Dieu sur la terre. Il est évident que les miracles qu’il fait, précisément contre les démons, sont des signes de l’œuvre de Dieu.

LE BLASPHÈME CONTRE L’ESPRIT SAINT

28 “ En vérité, je vous le dis, tout sera remis aux enfants des hommes, les péchés et les blasphèmes tant qu’ils en auront proféré ; Quelle largeur de la miséricorde divine ! Dieu connaît la fragilité de sa créature marquée par le péché originel, et est prêt à tout pardonner, même les blasphèmes.

29 mais quiconque aura blasphémé contre l’Esprit Saint n’aura jamais de rémission : il est coupable d’une faute éternelle. ” C’est qu’ils disaient : “ Il est possédé d’un esprit impur. ” Est coupable du péché contre le Saint-Esprit celui qui, très délibérément, attribue à Satan l’œuvre même de Dieu, le miracle le plus significatif de la puissance de Dieu en Jésus. Pour cet homme perdu, il n’y a déjà plus de rémission. Voilà qui est bien effrayant, c’est le jugement de Notre-Seigneur sur les scribes.

LA VRAIE PARENTÉ DE JÉSUS

31 Sa mère et ses frères arrivent et, se tenant dehors, ils le firent appeler. 32 Il y avait une foule assise autour de lui et on lui dit : “ Voilà que ta mère et tes frères et tes soeurs sont là dehors qui te cherchent. ” 33 Il leur répond : “ Qui est ma mère ? Et mes frères ? ” 34 Et, promenant son regard sur ceux qui étaient assis en rond autour de lui, il dit : “ Voici ma mère et mes frères. 35 Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là m’est un frère et une sœur et une mère.” [...] Ce ne sont pas des frères à proprement parler, jamais on ne l’a soutenu avant Luther. “ Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là m’est un frère et une sœur et une mère.” La Vierge Marie était évidemment la mère dont il est question là. Mais elle était davantage sa mère par l’obéissance à la volonté de Dieu. Pour Jésus, ce qui est au premier plan, ce sont les liens que les âmes contractent avec lui par l’obéissance à Dieu son Père.

La deuxième partie concerne une suite de paraboles – il y en a cinq – que saint Marc nous rapporte d’une manière très particulière.

PRÉSENTATION DE L’ENSEIGNEMENT EN PARABOLES

4 1 Il se mit de nouveau à enseigner au bord de la mer et une foule très nombreuse s’assemble auprès de lui, si bien qu’il monte dans une barque et s’y assied; en mer ; et toute la foule était à terre, près de la mer.

Il leur enseignait beaucoup de choses en paraboles - (...) Notre-Seigneur se trouve bien mieux au bord de la mer que dans les synagogues. Ici, une multitude lui fait oublier les ennemis, les espions qui y sont disséminés. Il est venu prêcher l’Évangile pour ce peuple de Galilée. Et auprès de lui, ses Apôtres jouent leur rôle de compagnons du Christ. Jésus explique à tous le règne de Dieu en paraboles et ces paraboles vont être telles que, apparemment très compréhensibles, elles sont des énigmes. Écoutons la première : et il leur disait dans son enseignement :

LE SEMEUR

3 “ écoutez ! Voici que le semeur est sorti pour semer. 4 Et il advint, comme il semait, qu’une partie du grain est tombée au bord du chemin, et les oiseaux sont venus et ont tout mangé. 5 Une autre est tombée sur le terrain rocheux où elle n’avait pas beaucoup de terre, et aussitôt elle a levé, parce qu’elle n’avait pas de profondeur de terre ; 6 et lorsque le soleil s’est levé, elle a été brûlée et, faute de racine, s’est desséchée.

7 Une autre est tombée dans les épines, et les épines ont monté et l’ont étouffée, et elle n’a pas donné de fruit. 8 D’autres sont tombés dans la bonne terre, et ils ont donné du fruit en montant et en se développant, et ils ont produit l’un 30, l’autre 60, l’autre cent. ” 9 Et il disait : “ Entende, qui a des oreilles pour entendre ! ” 10 Quand il fut à l’écart, ceux de son entourage – ceux qui étaient autour de lui - avec les Douze, l’interrogeaient sur les paraboles. Une petite foule de gens plus fidèles se sont dégagés de la multitude où sont aussi les scribes et les Pharisiens qui l’espionnent.

11 Et il leur disait : “ À vous le mystère du Royaume de Dieu a été donné ; Ce mystère deviendra le mystère de la foi, la chose sacrée que l’on ne pénètre que par la foi, avec une expérience spirituelle prolongée – mais à ceux-là qui sont dehors tout arrive en paraboles. Ce mystère vous est donné à vous, vous n’avez pas à chercher longtemps. Mais à ceux du dehors, tout arrive en paraboles. Ça arrive comme cela, mais évidemment cela ne pénètre pas !

12 afin qu’ils aient beau regarder ils ne voient pas, qu’ils aient beau entendre ils ne comprennent pas, de peur qu’ils ne se convertissent et qu’il ne leur soit pardonné. ” C’est une citation de l’envoi d’Isaïe en mission, au chapitre 6e. [...] Le prophète va parler aux gens de Jérusalem de son époque un langage qui les endurcira dans leurs vices, et cela pour que Dieu n’ait pas à leur pardonner. Car s’ils se convertissaient, ça serait une sorte de comédie. Cette parole indique qu’il faudra bien que ces gens aillent jusqu’au bout de leur aveuglement, au bout de leurs crimes pour que le châtiment les secoue assez durablement et profondément et que leur conversion soit réelle.

Voici maintenant l’explication : Il y a trois groupes de gens en face de Jésus :

  1. Aux apôtres Jésus livre le secret du royaume de Dieu, il va le leur expliquer chaque fois très clairement.
  2. Les foules sont trop infantiles, leur idée du règne messianique est trop charnelle, trop matérielle pour qu’elles aient encore le courage de le suivre. Donc Jésus ne va pas les décontenancer, il leur parlera en énigme. Ainsi ces foules s’agglutinaient pour l’écouter, elles étaient ravies de ces enseignements et leur curiosité spirituelle était éveillée.
  3. Quant aux pharisiens qui l’épient, ils ne pourront point s’appuyer sur des paroles trop claires de Jésus, ils n’auront qu’à réfléchir aux paraboles et ainsi Jésus gardera sa liberté de prédication.

13 Et il leur dit : “ Vous ne saisissez pas cette parabole ? Et comment comprendrez-vous toutes les paraboles ?

14 Le semeur, c’est la Parole qu’il sème. Le semeur sème la Parole. Donc la semence est la Parole de Dieu. Et qui est le semeur ? Il reste mystérieux. Évidement, c’est Jésus lui-même, mais il s’efface.

15 Ceux qui sont au bord du chemin où la Parole est semée, sont ceux qui ne l’ont pas plus tôt entendue que Satan arrive et enlève la Parole semée en eux.

16 Et de même ceux qui sont semés sur les endroits rocheux, sont ceux qui, quand ils ont entendu la Parole, l’accueillent aussitôt avec joie, 17 mais ils n’ont pas de racine en eux-mêmes et sont les hommes d’un moment : survienne ensuite une tribulation ou une persécution à cause de la Parole, aussitôt ils succombent.

18 Et il y en a d’autres qui sont semés dans les épines : ce sont ceux qui ont entendu la Parole, 19 mais les soucis du monde, la séduction de la richesse et les autres convoitises les pénètrent et étouffent la Parole, qui demeure sans fruit.

20 Et il y a ceux qui ont été semés dans la bonne terre : ceux-là écoutent la Parole, l’accueillent et portent du fruit, l’un 30, l’autre 60, l’autre cent.”

Cette parabole nous donne un grand enseignement, à savoir que le règne de Dieu n’est pas une institution, visible, temporelle comme en rêvaient les Juifs. Non. Le règne de Dieu est là, il est venu, nous dit Jésus. En quoi consiste-t-il ? Eh bien, il se trouve dans une chose impalpable, dans la parole que Jésus profère, qui sort de sa bouche et qui est accueillie par les oreilles de ceux qui l’écoutent. Elle entre en eux ; les uns, en particulier les pharisiens, ont les oreilles bouchées. La parole frappe, elle ne rentre pas. D’autres la reçoivent et la rejettent à la première difficulté venue. D’autres l’accueillent, mais malheureusement accueillent aussi toutes sortes de discours du monde, et peu à peu, cela étouffe la parole. Et puis, il y a ceux qui portent cette parole dans de la bonne terre. Le rendement est alors prodigieux, les fruits du règne messianique seront prodigieux. Ces multitudes d’âmes sont comme des petits pots dans lesquels on a mis une bouture. Et une floraison va commencer à venir. C’est ça, le Royaume de Dieu pour Jésus.

Cette parabole est extrêmement évocatrice de ce règne spirituel que Jésus inaugure. Mais Jésus s’efface pour laisser place à la Parole. Quand Jésus sème la parole, un peu de lui-même entre dans ces âmes. Il se fait donc une inhabitation de quelque chose de divin dans chaque âme qui le reçoit. Mais le ressort du royaume de Dieu, chose très curieuse, est la bonne volonté de l’homme. En ce sens, ce n’est pas du tout un royaume que Dieu fait, c’est un royaume que Dieu suscite et ce sont les hommes qui le produisent.

Jésus enseignant
« Il leur enseignait beaucoup de choses en paraboles. »

PARABOLE DE LA LAMPE SOUS LE BOISSEAU

21 Et il leur disait : “ Est-ce que la lampe vient pour qu’on la mette sous le boisseau ou sous le lit ? N’est-ce pas pour qu’on la mette sur le lampadaire ? […]

22 Car il n’y a rien de caché qui ne doive être manifesté et rien n’est demeuré secret que pour venir au grand jour. 23 Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! ” Notre Seigneur sort de sa vie cachée et doit faire sa manifestation. Or la venue du règne de Dieu doit être une manifestation de Puissance et de Sagesse divines. Donc cette parabole vise d’abord l’œuvre même de Jésus. Ses cousins de Nazareth sont venus le chercher parce qu’il leur paraît complètement déraisonnable, faisant parler de lui partout. Alors, Notre Seigneur commence par dire : « C’est normal. C’est le règne de Dieu qui doit venir un jour en gloire et en puissance. »

LA MESURE

24 Et il leur disait “ Prenez garde ”. La bonne traduction est : “ Faites attention à ce que vous entendez ! ” – C'est-à-dire écoutez bien ! – De la mesure dont vous mesurez, on mesurera pour vous, et on vous donnera encore plus.

25 Car celui qui a, on lui donnera, et celui qui n’a pas, même ce qu’il a lui sera enlevé. ” […]

C’est-à-dire que si vous êtes très accueillants à la parole, vous recevrez beaucoup de grâces et, précisément à ce moment-là, elle produira en vous de grands changements. Mais celui qui n’a pas, même ce qu’il a lui sera enlevé. Évidement Notre-Seigneur vise là les scribes qui complotent déjà de le perdre. Ceux pour lesquels il n’y a pas du tout d’accueil de la parole au contraire, eh bien ! Cette parole, ils ne la reçoivent pas ! Ce qu’ils ont leur sera enlevé c'est-à-dire leur prétendue science, leur connaissance de la loi de Moïse ne leur sera d’aucun profit, et l’Ancien Testament sera arraché à ces hommes parce qu’ils n’ont pas voulu passer au Nouveau Testament, ce qu’ils ont leur sera même enlevé. Quant à ceux qui se sont ouverts au règne de Dieu, ce sera grâces sur grâces, vérités, lumière croissante.

LA SEMENCE QUI CROÎT D’ELLE-MÊME

26 Et il disait : “ Il en est du Royaume de Dieu comme d’un homme qui aurait jeté du grain en terre : Donc, c’est toujours ce même semeur. 27 qu’il dorme et qu’il se lève, nuit et jour, la semence germe et pousse, sans qu’il s’en aperçoive.. […]

28 D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, puis plein de blé dans l’épi. 29 Et quand le fruit s’y prête, aussitôt il y met la faucille, parce que la moisson est à point. ” […]

Jésus vient, il sème la parole en Galilée, il passe. Et puis, il va dormir du sommeil de la mort et, il se redressera, ressuscité. Pendant la nuit de son sommeil dans son tombeau, la parole est là dans la terre. Et si c’est la bonne terre, cette parole continue, le règne de Dieu va continuer, que Jésus soit là ou que Jésus ne soit pas là. Amplifions encore : il y aura des siècles où l’Église triomphera, il y aura des siècles où Jésus semblera mourir avec son Église et disparaître, cela ne fait rien. Tout à l’heure, il sera dans la tempête, il dormira, mais il sera bien présent. Cette parabole est l’annonce de ce que sera le règne de Dieu, et du temps du Christ, du temps de sa mort et de sa résurrection, et puis de notre temps encore aujourd’hui, c’est plein d’optimisme !

PARABOLE DU GRAIN DE SÉNEVÉ

30 Et il disait : “ Comment allons-nous comparer le Royaume de Dieu? Ou par quelle parabole allons-nous le figurer ? 31 C’est comme un grain de sénevé qui, lorsqu’on le sème sur la terre, est la plus petite de toutes les graines qui sont sur la terre ; 32 mais une fois semé, il monte et devient la plus grande de toutes les plantes potagères, et il pousse de grandes branches, au point que les oiseaux du ciel peuvent s’abriter sous son ombre. ”

La parole que Jésus annonce là, dans un coin de la terre, c’est une toute petite élaboration d’un règne. Ce règne pourtant va grandir, remplir la terre, et tous les oiseaux du ciel qui le voudront viendront s’y nicher, c'est-à-dire toutes les races, tous les peuples, toutes les âmes pourront venir là s’abriter sous son ombre.

33 C’est par un grand nombre de paraboles de ce genre qu’il leur annonçait la Parole selon qu’ils pouvaient l’entendre ; donc la Parole, c’est le règne de Dieu qui se fait dans les âmes et par les âmes, et cette parole, chacun l’entend selon ses possibilités, selon la grâce et selon les dispositions qui sont les siennes.

34 et il ne leur parlait pas sans parabole, mais, en particulier, il expliquait tout à ses disciples.

À ces paraboles, Jésus va joindre une autre parabole qui est un événement, un geste prophétique.

LA TEMPÊTE APAISÉE

35 Ce jour-là, le soir venu, il leur dit : “ Passons sur l’autre rive. ” 36 Et laissant la foule, ils l’emmènent, comme il était, dans la barque ; et il y avait d’autres barques avec lui. 37 Survient alors une forte bourrasque, et les vagues se jetaient dans la barque, de sorte que déjà elle se remplissait.

Tempête apaisée
« Et lui était à la poupe, dormant sur le coussin. »

38 Et lui était à la poupe, dormant sur le coussin. C’était la place d’honneur. Ils le réveillent et lui disent : “ Maître, tu ne te soucies pas de ce que nous périssons ? ” 39 S’étant réveillé, il menaça le vent – Il faudrait plutôt traduire : “Jésus tance le vent, il apostrophe le vent” – et dit à la mer : “ Silence ! Tais-toi ! ” Et le vent tomba et il se fit un grand calme.

40 Puis il leur dit : “ Pourquoi avez-vous peur ainsi ? Comment n’avez-vous pas de foi ? ” C’est la conclusion de cette série de discours. Maintenant, Jésus veut que ses apôtres aient la foi en la parole ; pas encore en lui. Il vient de leur expliquer que le règne de Dieu c’est la parole dans les cœurs qui grandit de jour et de nuit, quoi qu’il arrive, qu’il dorme ou qu’il soit éveillé. Jésus qui a semé la parole veille sur sa croissance et cela arriva à la moisson. Les apôtres devraient bien comprendre qu’il ne peut rien leur arriver de mal pour le moment parce qu’ils sont ses apôtres et qu’il faut bien que le règne de Dieu arrive sur la terre. Ils doivent avoir confiance dans le règne de Dieu dont il leur parle. Il est arrivé, Jésus et les apôtres seraient renversés et noyés, le règne de Dieu serait dans les âmes et il continuerait. Et quand Jésus sera disparu de la terre, cela continuera, et quand les Apôtres ne seront plus, cela continuera. Hommes de peu de foi !

41 Alors ils furent saisis d’une grande crainte et ils se disaient les uns aux autres : “ Qui est-il donc celui-là, que même le vent et la mer lui obéissent ? ”

Alors, ils tournent leur regard vers lui et ce maître, ce didascale, dans l’enseignement des mystères divins, leur paraît en même temps d’une puissance quasi illimitée, puisque non seulement les démons le craignent, les malades sont guéris, mais encore le vent et la mer lui obéissent, il est le maître de la nature.

Abbé Georges de Nantes
S 90 : L'Évangile selon saint Marc, retraite automne 1986