EXPLICATION DU CREDO

Le Fils de Dieu, le Verbe, s’est fait homme

LE MYSTÈRE DE L’INCARNATION

Nativité« Dieu n’abandonna pas les hommes après le péché d’Adam et d’Ève, mais il leur promit un Sauveur », enseigne le petit catéchisme (q. 57). De génération en génération, la famille humaine désolée par l’ignorance, le péché, la maladie et la mort, n’oublia jamais totalement la promesse du salut. Surtout là où Dieu ne cessait d’en renouveler l’annonce, dans le Peuple d’Israël où déjà la Promesse prenait corps : à naître de la race d’Abraham, de la tribu de Juda, de la descendance de David. Le Messie serait donc « fils de David » !

Mais le fruit passa la promesse de la plus belle fleur : « Le Sauveur promis est venu, c’est le Fils de Dieu fait homme »(q. 58). Tel est le mystère de l’Incarnation que nul n’aurait jamais imaginé !

Comment le Fils de Dieu s’est-il fait homme ? « En prenant un corps et une âme semblables aux nôtres dans le sein de la bienheureuse Vierge Marie » (q. 60). Il y a un tel abîme entre la Divinité, Être pur et infini, et l’humanité, manière d’être limitée, nature créée, qu’elles ne sont pas incompatibles, qu’il n’est pas absurde de croire que l’une en la Personne du Fils de Dieu puisse assumer l’autre pour venir habiter parmi nous, et se révéler à nous par cette humanité devenue “ l’instrument conjoint ” de la Divinité. Mystère de condescendance plutôt que d’anéantissement : « Admirable échange ! Le Créateur du genre humain, se saisissant d’un corps animé, a daigné naître de la Vierge ; et devenu homme sans humaine semence, il nous a fait largesse de sa divinité ! » (Liturgie de la Circoncision).

Pourquoi cette Incarnation ? « Pour nous sauver de la mort éternelle méritée par nos péchés » (Catéchisme de saint Pie X). Mystère salvifique que les Pères de l’Église grecque ont magnifiquement entendu : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme soit fait Dieu.» Cet axiome a servi de règle à toute la théologie chrétienne, car il retient dans ses griffes d’or le diamant du Mystère :

Dieu s’est fait homme. Ainsi la Personne vivante, visible, historique de Jésus-Christ est née de Dieu-Père avant tous les siècles. Ainsi le Verbe fait chair est-il pleinement, parfaitement Dieu de Dieu, Lumière de Lumière, Vrai Dieu de Vrai Dieu, « consubstantiel au Père » (Credo de Nicée). Ainsi pouvait-il communiquer de sa propre nature, la grâce, la vie divine aux hommes devenus ses frères.

Pour que l’homme soit fait Dieu... Encore fallait-il que ce Verbe éternel entre dans le monde, devienne réellement et pleinement l’un d’entre nous, homme comme nous, et bien plus, individu né de notre sang et membre de l’humain lignage, partageant en tout notre condition humaine, hormis le péché (He 4, 15), mais empressé à « se faire péché pour nous » (II Co 5, 21). Ainsi pouvait-il nous acquérir le salut par son propre mérite.

L’Église donc en arriva, contre toutes sortes d’hérésies, à formuler son dogme en termes décisifs. Ni pur homme, comme disaient les ébionites, ni homme habité par Dieu, comme prétendait Nestorius, ni mixture d’homme et de Dieu, prônée par Apollinaire, ni Dieu prenant une apparence d’homme, selon le docétisme... Décidément, on aura tout essayé ! L’Église définit au Concile d’Éphèse, en 431 : « Il n’y a en Jésus-Christ qu’une seule personne, qui est la personne du Fils de Dieu » (petit catéchisme, q. 66), et au Concile de Chalcédoine, en 451 : « Il y a deux natures en Jésus-Christ », parfaites et inconfusibles, la nature divine et la nature humaine (q. 65). Le mystère est inaccessible ; du moins sa formulation est-elle dépourvue de toute paresseuse ou perfide ambiguïté.

Extraits de Toute notre religion, p. 25-26