Réponse de frère Bruno à l’Avertissement  de la conférence des évêques de France (CEF) 
contre la CRC

Lors de la publication de ce document le 25 juin 2020, il ne m’a pas semblé bien de préparer une réponse complète et systématique, et ce pour plusieurs raisons.

LA PRÉTENDUE AUTORITÉ DE LA CEF

PRINCIPALEMENT parce que si la Commission doctrinale, organe par définition collégial, peut émettre des avis, si elle le juge vraiment utile pour le bien de l’Église de France et des âmes, cette commission en tant que telle, et quels que soient les qualités et le rang de ses membres, n’a aucune autorité pour rendre des jugements doctrinaux qui puissent se substituer à l’exercice personnel du pouvoir d’enseignement que détiennent les évêques pour le seul territoire placé sous leur juridiction. Ainsi, répliquer à une Commission doctrinale au sujet d’un document dont le ou les auteurs ne sont pas clairement identifiés aurait été de ma part le début d’une reconnaissance d’une autorité qu’elle n’a pas.

D’ailleurs, l’Avertissement se termine ainsi : « Chaque évêque, dans son diocèse, peut faire l’usage qu’il jugera approprié du présent Avertissement pour éclairer les fidèles éventuellement troublés par les erreurs de la CRC. » Mais au moment où les membres de la Commission doctrinale reconnaissaient solennellement l’autorité de chaque ordinaire dans son diocèse pour former son propre jugement et donner ou non une suite à cet Avertissement, leur autorité était “ court-circuitée ” par la publication de cet Avertissement sur le site de la CEF. Mgr Laurent Camiade, évêque de Cahors, se jugeait, lui, autorisé à en donner un libre commentaire dans une interview accordée au journal La Croix qui n’a pas manqué de reproduire de larges extraits du document.

Donc, sans attendre le jugement des ordinaires, quiconque faisant ou non partie de l’Église est libre de prendre connaissance de ce document et de se forger sa propre opinion. Mais alors à quoi servent les évêques si par média et rumeurs publiques interposés, certains d’entre eux font pression sur les autres en lieu et place de l’exercice personnel, et donc seul légitime, d’un quelconque magistère qu’ils prétendent pourtant défendre contre nous ? Ce que je rapporte là illustre parfaitement ce qu’a écrit notre Père à propos des conférences et commissions épiscopales : « Ces organismes parasitaires revendiquent un pouvoir consultatif qui leur permet de dominer l’opinion populaire, et un pouvoir délibératif, de toute manière usurpée, pour contrôler le gouvernement de l’évêque. »...).

APPEL À L’AUTORITÉ DE MGR JOLY, ÉVÊQUE DE TROYES

Vous êtes aujourd’hui au milieu de votre troupeau, en tant que successeur des Apôtres, le représentant de Notre-Seigneur et c’est à ce titre que je veux honorer votre autorité et faire appel à vos pouvoirs spirituels (...).

Mgr Daucourt, évêque de Troyes (1992-1998) reprochait à notre Père de prétendues hérésies : « Monsieur l’abbé de Nantes enseigne des doctrines qui sont en contradiction avec la foi catholique, notamment au sujet de la Sainte Trinité, de la Sainte Vierge et de la Sainte Eucharistie. » Donc rien de nouveau sous le soleil... où l’on retrouve les mêmes thèses que celles développées dans l’Avertissement du 25 juin 2020. D’où cette forte tentation de penser que les membres de la Commission doctrinale se sont contentés de “ travailler ” à partir de dossiers vieux de vingt-quatre ans. Des dossiers préparés par qui et comment ? Jugez-en vous-même !

PRÉTENDUE ERREUR DE L’ABBÉ DE NANTES SUR L’EUCHARISTIE

À propos de la théologie de l’abbé de Nantes sur l’Eucharistie, voici, Monseigneur, ce que vous et vos confrères affirmez dans l’Avertissement de bien légère façon : « Il aurait dit aussi que le bruit de la fraction des hosties pendant l’Agnus Dei serait celui des côtes du Christ que casserait le prêtre ! Ces mots indignes contredisent les Écritures qui prennent soin d’indiquer que pas un de ses os ne fut brisé (cf. Jn 19, 36 ; Ps 34, 21 ; Ex 12, 46 ; Nb 9, 12), et ils confirment le dérèglement de cette piété. » Mais notre Père n’a jamais dit ni écrit pareille chose !

Si vous vous étiez donné la peine de vous reporter au n° 116 de la Contre-Réforme catholique d’avril 1977, et plus précisément au deuxième paragraphe de la première colonne de la onzième page, vous auriez lu exactement le contraire de ce que vous avez écrit mensongèrement dans l’Avertissement : « Jésus rompt le pain ; certains y ont vu un geste de sacrifice, symbolisant la mort brutale du Christ en croix. Mais saint Jean rapporte, à l’encontre, cette prescription de l’Écriture concernant l’agneau pascal : “ Aucun de ses os ne sera rompu ” (19, 36). Par ailleurs, l’expression “ rompu pour vous ”, en 1 Co 11, 24, est une variante du texte, faiblement attestée. Reste que le Corps est donné, donné “ pour vous ” ; l’ambiguïté demeure. Dans le pain rompu, ne retrouvons-nous pas une réponse à la plainte des Lamentations de Jérémie (4, 4) : “ Les petits enfants demandent du pain, mais il n’y avait personne pour le leur rompre ” ? Ce pain rompu, c’est sa Parole, c’est la Présence nourrissante, bienfaisante, aimante, de Celui qui est Lui-même la Parole de Dieu. »

PRÉTENDUE ERREUR DE L’ABBÉ DE NANTES SUR LA SAINTE TRINITÉ

À propos de la théologie de l’abbé de Nantes sur la Sainte Trinité, vous avez également soutenu ceci : « Nous n’aborderons pas ici le débat sur la théologie de la Trinité et la formule malheureuse présentant le Père, le Fils et l’Esprit-Saint comme  trois êtres divins. ” » Vous ne l’abordez pas... Mais suffisamment quand même pour écrire une bêtise ! Nous avons fait une recherche sur l’ensemble de l’œuvre de notre Père y compris dans les transcriptions de ses sermons. Il se trouve qu’il n’a employé l’expression « trois êtres divins » qu’une seule fois, au cours d’un sermon prononcé le 14 juin 1992, fête de la Sainte Trinité, mais là encore pour dire exactement le contraire de ce que vous avez écrit tout aussi mensongèrement : « Quand trois personnes s’aiment bien, elles se rapprochent tellement que cela ne fait plus qu’un seul groupe, mais c’est trois personnes différentes. Tandis que les trois Personnes divines, ce n’est pas trois Êtres divins, distincts, serrés l’un contre l’autre et donc ce n’est pas l’amour qui fait l’union entre les trois Personnes sinon ce serait très compréhensible », ce ne serait plus un mystère.

Voilà, Monseigneur, ce qu’il en coûte de prétendre donner un avis “ éclairé ” sur l’œuvre d’un théologien, en “ travaillant ” à partir de dossiers préparés à l’avance par “ on ne sait qui ” alors que l’honnêteté intellectuelle la plus élémentaire de la part d’un évêque agissant non pas dans l’exercice de sa charge, mais en tant qu’expert pour informer et conseiller ses confrères dans l’épiscopat, vous imposait de consulter personnellement et directement les œuvres de l’abbé de Nantes telles qu’elles ont été publiées, ce que vous n’avez à l’évidence pas fait. Mais de quel droit avez-vous agi ainsi ? (...).

« RÉVOLTE CONTRE L’ENSEIGNEMENT DU MAGISTÈRE SUR LA FOI » ?

La Commission doctrinale, dans son Avertissement contre nous, rappelle que « l’enseignement du Magistère sur la foi requiert des fidèles un assentiment religieux et l’obligation d’éviter toute doctrine contraire ». Mais seriez-vous, Monseigneur, en mesure de nous préciser si nous devons donner notre “ assentiment religieux ” à l’enseignement de saint Pie X et, dans ce cas, éviter la doctrine contraire de Paul VI, en particulier son utopie du Mouvement d’Animation Spirituelle de la Démocratie Universelle (MASDU) ? Faut-il, au contraire, tenir pour catholique la doctrine de Paul VI et dans ce cas réprouver celle de saint Pie X ? (...). Parvenu à ce stade de cet exposé, il est nécessaire, Monseigneur, de formuler certaines remarques sur la troisième partie de l’Avertissement intitulée :

« JEUX DE LANGAGE ET DE RUPTURE. »

C’est une succession d’affirmations pour suggérer au lecteur un esprit systématique, général, de « révolte », d’opposition, de rébellion de la part de notre Père et de la Contre-Réforme catholique contre le « Magistère ». « Dans l’ensemble des textes publiés par la CRC, est-il écrit, on trouve une manière fausse de se situer en Église, devant le Magistère. L’enseignement de l’Église sur les vérités de la foi n’est pas accueilli religieusement, mais jugé ou déformé. » Il est même précisé : « La CRC a fait ainsi usage de difficultés ou d’imprécisions plus ou moins réelles dans des expressions extraites de leur contexte, pour contester telle ou telle formule et dénoncer des comportements. Elle prétend dégager des contradictions dans certains enseignements du Pape, des évêques ou d’autres prêtres ou théologiens. Plus encore, elle affirme d’une manière répétée comme un mantra, n’avoir jamais reçu de condamnation quant à sa doctrine et n’avoir jamais été prise en défaut vis-à-vis du dogme ou du Magistère solennel de l’Église. » Mais sur l’objet du litige, les raisons de cette opposition entre notre Père et le « Magistère » ? L’Avertissement préfère jeter un voile pudique. Il n’en dit rien. C’est curieux !

Mais la Hiérarchie aurait fait preuve d’une patience infinie. C’est du moins ce que laisse entendre l’Avertissement qui poursuit ainsi : « Georges de Nantes a bénéficié pendant des années de nombreux éclaircissements et avertissements contre sa  révolte ”. » Puis la Sacrée Congrégation pour la doctrine de la Foi a dû sévir et se résoudre à dresser à l’encontre de notre Père en août 1969 et en mai 1983 deux notifications dans lesquelles elle déplore « “ sa révolte contre l’épiscopat de son pays et contre le Pontife romain lui-même ” » rendant ainsi irrecevables « “ ses accusations contre les papes ” » tout en regrettant « “ son refus des rétractations qui lui ont été demandées par l’autorité romaine ” ».

Malheureusement, la Hiérarchie fut mal récompensée de sa patience, toujours selon ce qui est écrit dans l’Avertissement, et face à un prétendu endurcissement de l’abbé de Nantes dans ses erreurs et sa révolte, il a bien fallu en venir à des sanctions canoniques : une suspense a divinis infligée en 1966 par Mgr Le Couëdic (et non en 1968 par Mgr Fauchet, comme il est indiqué par erreur dans l’Avertissement...), puis un interdit fulminé par Mgr Daucourt, autre ancien évêque de Troyes, en 1997. Mais sur les motifs précis de ces avertissements, notifications et sanctions ? Là encore, la Commission doctrinale garde un silence absolu. C’est troublant !

L’Avertissement finit par tirer sur sa fin et les auteurs semblent bien embarrassés pour tirer des conclusions nettes, précises à propos de la CRC qui « défend toujours la même doctrine (...). Aujourd’hui la CRC n’a plus de prêtre et se comporte de manière ambigüe dans son rapport à ses propres membres et à l’Église catholique. Les membres de la CRC insérés dans des paroisses ordinaires font-ils de l’entrisme idéologique ou cherchent-ils simplement à vivre leur foi ? Dieu le sait. » Et les évêques de la Commission d’exprimer un sentiment de « tristesse ». C’est tout ? C’est tout.

J’envie, Monseigneur, votre “ tristesse ” quand nous et nos amis sommes soulevés par un profond sentiment d’indignation du fait de cette espèce de portrait type, de portrait “ robot ” sans la moindre consistance d’un prêtre “ révolté ” que vous dressez de notre Père et qui pourrait correspondre tout aussi bien à Martin Luther, à Hans Küng ou à n’importe quel révolté de “ petit ou grand chemin ” auquel l’Église a dû faire face. Et Dieu sait s’il y en a eu tout au long de son histoire.

Ainsi, en neuf pages, les auteurs de l’Avertissement ont réussi ce “ tour de force ” d’éluder la question essentielle concernant cette affaire : ce contre quoi notre Père a dû s’opposer ; à la différence notable de Mgr Georges Pontier, lequel m’a notifié à titre de président de la CEF en avril 2019 un questionnaire préparé par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et à soumettre, sous peine de sanctions canoniques, à chacun des frères et des sœurs que comptent nos communautés. Sur quoi avons-nous été interrogés ? Sur notre doctrine à propos de l’Eucharistie, de la Sainte Vierge et même de la Sainte Trinité ? Absolument pas.

LE REFUS DES FUNESTES RÉFORMES DU CONCILE VATICAN II

Nous étions “ invités ” à nous prononcer sur notre soumission à l’autorité du Magistère du Pape et des évêques... mais après avoir répondu à cette question de laquelle tout dépend : « Reconnaissez-vous l’autorité dogmatique et magistérielle du second concile du Vatican, en particulier dans sa doctrine sur l’Église, la Révélation divine, la liturgie et la liberté religieuse ? » Et de fait, c’est toute la question pour laquelle notre Père s’est illustré et pour laquelle il est bien connu. Or, force est de constater que Vatican II, qui représente d’ailleurs dans nos œuvres des milliers de pages et des milliers d’heures de conférences et de sermons... n’est mentionné qu’une seule fois dans l’Avertissement et encore de façon anecdotique, pour préciser l’occasion à laquelle a été prononcé un discours de Paul VI dont il ne cite d’ailleurs qu’un « bout de phrase ».

La “ grande affaire ” de la vie de notre Père, Monseigneur, que vous avez ostensiblement passée sous silence, peut se résumer en quelques lignes.

Au moment même de leur discussion dans l’aula conciliaire, l’abbé de Nantes a critiqué les nouveautés doctrinales du concile Vatican II qui lui ont semblé clairement hérétiques, en particulier le droit social à la liberté religieuse. Et dès leur adoption, tel un bon fils vis-à-vis de son père, il s’est empressé de révéler au Souverain Pontife ses pénibles doutes allant même jusqu’à porter à l’encontre des papes Paul VI et Jean-Paul II trois livres d’accusation en hérésie, schisme et scandale. Mais tout en s’opposant publiquement et fermement à cet enseignement novateur, faillible et réformable, il a fait appel au Magistère extraordinaire pour que soient restaurées par le Souverain Pontife en personne, c’est-à-dire par l’Église, au nom de la Vérité de la foi, l’unité et la paix.

L’INFAILLIBILITÉ PONTIFICALE : OBSTACLE À LA RUINEUSE RÉFORME DE L’ÉGLISE.

Dans l’Avertissement contre nous de la Conférence des Évêques de France (CEF) (...), vous évoquez, Monseigneur, « la liberté de recherche des théologiens ». Tous penseront aussitôt aux propositions théologiques de l’abbé de Nantes contre lesquelles est développée, dans les premières pages de l’Avertissement, une critique pour le moins acerbe et qui n’a pas d’autre autorité que la force, la faiblesse ou plutôt l’absence de toute démonstration de la part de ses auteurs. Mais s’agit-il bien de cela ? Et que vient faire soudainement cette distinction entre “ magistère ordinaire ” et “ magistère définitif et solennel ” ?

Les membres de la Commission doctrinale ont en fait dans le collimateur non pas les propositions théologiques de notre Père, mais ses critiques des Actes du concile Vatican II et des enseignements subséquents des papes et des évêques dénommés par eux “ ordinaires ”. Actes et enseignements pour lesquels ils requièrent abusivement obéissance aveugle au nom du “ magistère ordinaire ”. Mais, Monseigneur, êtes-vous bien certain que dans l’affaire “ de Nantes ” soit en cause le magistère ordinaire du Pape et des évêques ? 1. Qu’est-ce que le magistère ordinaire ? 2. Quel est l’objet du magistère solennel ? Infaillibles l’un et l’autre, en quoi se distinguent-ils ?

1. L’enseignement de l’homme privé, qu’il soit par ailleurs Pape ou simplement évêque, reste faillible. Même constituées en dignité, ces personnes gardent la liberté marginale d’enseigner sous leur responsabilité personnelle, comme “théologiens privés”, des théories et opinions qui leur sont propres et qui ne valent que par leur force démonstrative intrinsèque. Mais cet enseignement “ authentique ” ne doit, en aucun cas, être confondu avec le magistère ordinaire.

2. Le magistère ordinaire, lui, se présente en tout, comme « l’écho de la Tradition unanime de l’Église », ainsi que l’a rappelé notre Père dans La Contre- Réforme catholique n°69 de juin 1973. Il jouit, mais de façon conditionnelle, de l’infaillibilité. « Quand le Pape, ou quelque évêque ou quelque curé même, enseigne ce que l’Église a toujours et universellement tenu pour certain, il dit vrai nécessairement et infailliblement. » Donc à la condition que le Pape, l’évêque ou le prêtre se contente de répéter ce que l’Église a toujours enseigné.

« En revanche, s’il advient que le Pape ou les évêques, dans un enseignement donné par eux en vertu de leur fonction, avec l’autorité de leur rang, en viennent à proférer quelque nouveauté ou quelque opinion discutée, pareille doctrine ne peut être considérée comme relevant du “ magistère ordinaire ”. Et c’est la grande infirmité de ce magistère de n’être pas séparé par une frontière nette et incontestable du royaume des opinions humaines.

« Ainsi, depuis l’encyclique du pape Jean XXIII Pacem in terris et les Constitutions dites pastorales ou les Décrets et Déclarations de Vatican II, poursuit notre Père, on se trompe communément sur l’autorité de ces Actes évidemment “ authentiques ” du Pape et du Concile, mais dénués de tout caractère traditionnel et universel ! Tout ce fatras de nouveautés ne peut se réclamer de l’autorité de la Tradition, il ne relève donc en rien du magistère ordinaire et vaut ce que valent ceux qui les fabriquent. » (ibid., p. 5 et 6)

3. Enfin, reste à évoquer le magistère extraordinaire, solennel, lequel de lui-même est strictement et pleinement infaillible. « Et c’est une nécessité pour l’Église. S’il advient que sur tel point de doctrine la tradition ne soit pas claire ni unanime, si une croyance commune est soudain contestée ou même rejetée par certains, alors ceux qui ont tout pouvoir pour conserver et défendre le dépôt de la Révélation seront amenés à dirimer le conflit, à trancher la question définitivement par une proclamation en forme indiscutable de la Vérité. L’assistance du Saint-Esprit leur est promise pour de telles décisions. C’est l’infaillibilité du Pape et du Concile dite solennelle, ou encore “ex cathedra”.

« Un tel charisme est stupéfiant ; il fait de l’homme comme un Dieu, sûr d’être dans le vrai absolu ! C’est bien pourtant une vérité de notre foi, vécue depuis toujours et proclamée par le premier concile du Vatican, désormais irréformable. Il était nécessaire qu’il en soit ainsi. Ce recours à une infaillibilité de principe, signalée par la forme de l’acte déclarant la foi, est l’ultime solution aux crises doctrinales que traverse l’Église parce qu’il n’y a, dans de telles circonstances, d’autre alternative que de croire sans plus rien examiner ni discuter, du seul fait qu’il est sûr que “ Rome a parlé ”, que le Pape a parlé “ ex cathedra ”, que le Concile a promulgué une “ constitution dogmatique ” accompagnée d’anathèmes. Alors, à coup sûr, c’est la Vérité. » (ibid., p. 6) Mais le concile Vatican II n’a rien produit de tel. C’est ce que je me permettrai de vous rappeler, Monseigneur, avec tout le respect que je vous dois, et le bon secours du Cœur Immaculé de Marie, notre Mère à tous, à jamais ! (...).

CONCLUSION : LÉGITIMITÉ CANONIQUE DE LA POSITION CRC

Faisant le constat de ce que les critiques publiques de l’abbé de Nantes contre les Actes du concile Vatican II, ses accusations en hérésie, schisme et scandale à l’encontre des enseignements subséquents des papes Paul VI et Jean-Paul II, n’ont, en définitive, et en tant que telles, donné lieu à aucune réponse, aucune condamnation doctrinale et encore moins canonique, nous sommes fondés à nous maintenir en état de SUSPICION LÉGITIME ET EN SOUSTRACTION D’OBÉDIENCE vis-à-vis des auteurs et de leurs complices de cette réforme de l’Église jusqu’à ce que vérité et justice soient rendues, dans la charité et selon Dieu, par définitions dogmatiques accompagnées de peines, prononcées par le Souverain Pontife en personne ou par un concile Vatican III réparateur que nous appelons de nos vœux, se prononçant avec l’autorité de leur magistère solennel, et jugeant selon les coutumes et les lois de l’Église, sur ce culte de l’homme misérablement associé au culte de Dieu, et sur cette révolution permanente destructrice de la sainte, de l’unique Tradition catholique et apostolique.

DE VATICAN II À VATICAN III : DE LA RUINE À LA RÉSURRECTION

« Est-ce à dire que nous préconisons un simple retour en arrière ? » comme l’écrivait notre Père en introduction d’une préparation systématique d’un concile Vatican III, un concile de réconciliation catholique (La Contre-Réforme catholique n° 51, décembre 1971, p. 7).

Question à laquelle il répondait ainsi : « Retrouver à l’aiguillage de 1962 la vraie direction, oui, mais pour foncer et rattraper le temps perdu. Les questions débattues sont nouvelles, en partie du moins, et elles nous contraignent à résoudre des difficultés que les anciens ne connurent pas. Notre catholicisme aura ainsi des progrès théologiques et institutionnels à faire ; il y trouvera son caractère, sa forme bien à lui, pour le vingtième siècle [et le vingt et unième...], mais dans la continuité des époques et des générations. Nous ne voulons pas “ revenir ” à Vatican I, ni au concile de Trente, ni à celui de Nicée ! Nous voulons que Vatican III décante Vatican II, isole et élimine son poison. Nous voulons sauver la Tradition et la plupart des traditions dont l’Église a si bien vécu, des siècles durant. Mais il marquera ainsi un progrès et définira les formes du catholicisme d’aujourd’hui. L’Église sortira de cette formidable épreuve, comme toujours, plus forte et plus belle, plus sainte et plus conquérante que jamais. »

Extraits de la Lettre à Mgr Joly
Il est ressuscité ! nos 229, 230, 231, février, mars et avril 2022