Il est ressuscité !

N° 246 – Août 2023

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


LA LIGUE

La Ligue

La croisade des enfants

TOUT au long du mois de juillet, en Ardèche, dans le Perche, en Poitou, les enfants de la CRC ont sillonné routes et chemins, en vélo ou à pied, pour reconquérir la France à Marie par leurs prières, leurs chants et leurs petits sacrifices, et préparer le Grand Retour de Notre-Dame au Royaume des Lys... et dans le cœur du Saint-Père.

Cette année, ils étaient quatre cent cinquante à profiter du dévouement de nos communautés de Fons, Frébourg et Magé, heureusement renforcées par des éléments de la maison-mère.

Quel contraste entre les mines réjouies de ces jeunes et les visages fermés de ceux qu’ils croisent dans les rues aux hasards de leurs pèlerinages ! Entre un monde apostat et vicieux qui retourne à la barbarie et un camp CRC, îlot de Chrétienté et de civilisation, c’est le jour et la nuit. On mesure là l’ampleur du travail réalisé dans nos camps, depuis trois générations, pour former les âmes des jeunes et leur faire nouer de bonnes et solides amitiés. Au fil des visites et des instructions, de la chapelle au terrain de jeux, en passant par les ateliers, c’est incroyable tout ce qu’ils peuvent recevoir en quelques jours, avant de repartir dans le monde, bien armés pour résister à ses séductions.

Il est un autre contraste, plus douloureux : entre ce petit paradis des camps CRC et l’Église dévastée qu’ils traversent. La pénurie de prêtres, chaque année plus désolante, et le sectarisme conciliaire de certains donnent un grand prix à la grâce de la messe quotidienne. Heureusement, la Providence a dépêché dans nos camps, parfois contre toute attente, des aumôniers secourables pour confesser et célébrer le Saint-Sacrifice.

N’allez pas croire que cette opposition nous pousse à nous replier sur nous-mêmes. Au contraire, un souffle de Croisade a animé nos enfants. Plus précisément, de Croisade eucharistique et mariale, telle que la prêchait le bienheureux Édouard Poppe il y a cent ans. Les instructions de frère Bruno, diffusées sur tous les lieux de camps, firent retentir de nouveau ses appels. Ils rejoignent ceux de Notre-Dame de Fatima, fidèlement transmis par sœur Lucie : « Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. » Cette volonté du Ciel fut attestée par les vertus héroïques de la voyante – reconnues par le Pape le 22 juin dernier – et par ses nombreux et éclatants miracles, dont les récits par frère François captivèrent nos jeunes.

À l’école de ces saints et de nombreux autres rencontrés le long des chemins de France, nos pèlerinages ont pris des allures de Reconquête, les cyclistes montant vers les sanctuaires comme des Croisés à l’assaut des forteresses. C’est que l’hostilité de la secte réformiste nous interdisait bien des portes ! Les jeunes se rendirent compte que leurs pèlerinages les mettaient en première ligne du combat CRC. Finalement, ils reçurent souvent un accueil inespéré et purent chaque fois réconforter par leur ferveur communicative les prêtres et les fidèles rencontrés. Quoi de plus beau qu’une messe animée par un camp CRC ?

Tant de sanctuaires visités forment une litanie dont les invocations, lancées par les chefs entre deux coups de sifflet au moment de lancer leur groupe sur la route, sont autant de cris de guerre : Notre-Dame des Neiges, Notre-Dame de Pitié, de Montligeon, de Chartres, Notre-Dame la Grande, Notre-Dame de France ! Toutes les peines de la route et les petites contrariétés lui sont offertes, en esprit de réparation, pour hâter son triomphe ! Les enfants l’ont chanté à tue-tête sans désemparer : « Bien qu’il soit dérisoire, chacun de nos petits efforts est compté, rien n’est petit pour la  Grande Victoire où nous conduit le Cœur Immaculé ! » Imaginez ces paroles sur l’air martial du chant russe du 10e bataillon parachutiste et vous aurez une idée de l’enthousiasme dans lequel se poursuit notre “ Opération mariale spéciale ”.

En fait, nos campeurs chantent tout le temps et dans tous les registres : dévotion, chants de tradition, chants militaires ou d’Yvon Leca ; en priant, en patientant, en marchant, en pédalant... Et surtout, ils chantent l’oratorio de frère Henry sur L’Unique cœur de saint François de Sales et de sainte Jeanne de Chantal. Frère Bruno s’est même rendu à Magé le 30 juillet pour assister à son exécution, dans une splendide collégiale du quinzième siècle. Nous avons hâte d’en voir la représentation finale, lors du camp de la Phalange, le 26 août prochain. Cette admirable leçon de pureté positive, de tendresse et dévotion, donne à nos vaillants Croisés l’onction de la charité du Cœur de Jésus et Marie !

    frère Guy de la Miséricorde.