Il est ressuscité !
N° 193 – Décembre 2018
Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard
Le Cœur Immaculé de Marie, ultime espérance,
en Russie comme en France
LE vingtième siècle s’ouvre sur le glorieux pontificat de saint Pie X (1903-1914), élu trois ans après la mort de Vladimir Soloviev. Notre Père disait que saint Pie X était le plus grand slavophile de son temps. Parce que, sauvant l’ “ orthodoxie ” dans l’Église catholique romaine, il l’a rapprochée des “ orthodoxes ” auxquels ce mot dit : fidélité au dogme de la foi catholique.
Ce Pape se voulait le Père de tous. Un jeune Hongrois, de confession orthodoxe, se trouva un jour en sa présence, et en éprouva un tel saisissement qu’il demeura cloué sur place. Le Pape alla vers lui et l’encouragea affectueusement. On dit alors au Pontife que le jeune homme était orthodoxe. Aussitôt, Pie X ouvrit les bras : « Catholiques, orthodoxes, dit-il, tous sont nos enfants bien aimés. » Cette parole se trouva pour ainsi dire confirmée par le Ciel, trois ans après la mort de ce saint Pape, lorsque survinrent les apparitions de Notre-Dame demandant la consécration de la Russie à son Cœur Immaculé.
Tout au long du dix-neuvième siècle, la Russie avait vécu sous l’autorité de tsars soucieux de procurer le bien de leur peuple par l’émancipation des serfs, une décentralisation des provinces, une autonomie administrative accordée aux villes. Conjointes au développement industriel, ces mesures placèrent la Russie, au vingtième siècle commençant, en tête des pays à forte croissance économique.
Sous le règne de princes évangéliques, la Russie connut un renouveau mystique et un réveil de la piété populaire auxquels contribua une grande part de la noblesse et de la famille impériale.
Bien qu’ayant péché par excès de libéralisme, les tsars assurèrent leur mission de représentants de Dieu sur la terre de Russie et de défenseurs de la Chrétienté, de ses droits et de ses intérêts, jusqu’au sacrifice. Contre l’Empire ottoman, et en entrant dans la Première Guerre mondiale pour défendre la Serbie, nation slave et orthodoxe dont Nicolas II se considérait comme le défenseur né. Il engagea loyalement toutes ses forces dès 1914 dans la seule pensée de soulager les Alliés, et nous lui devons le “ miracle ” de la Marne, et encore la résistance de Verdun en 1916.
La Russie tsariste, écrit notre Père, « entrait en force avec puissance et grâce dans notre vingtième siècle, toute disposée à nous rembourser nos “ emprunts russes ”, intérêt et principal avec une honnête rallonge, car c’est un peuple qui ne compte pas ! et aussi, par-dessus le marché, à nous défendre contre nos ennemis, et à nous communiquer, à rayonner sur nous sa foi, sa vraie doctrine, sa touchante piété, à guérir l’Occident de ses plaies, dénommées rationalisme, matérialisme, laïcisme, et autres ismes rongeurs des cœurs, dessécheurs des âmes. L’Orient allait accomplir sa mission évangélique, cette vocation qui l’éblouit et l’enivre depuis mille ans comme une promesse messianique. » (La Russie avant et après 1983, CRC n° 184, décembre 1982, p. 34)
LA RÉVOLUTION BOLCHEVIQUE, ATTENTAT ANTIRUSSE.
« Comment donc un tel empire a-t-il pu tomber démocratiquement, volontairement, dans la révolution antichrétienne, antinationale, la pire de l’histoire humaine ? » (ibid.)
Le fait est que le peuple russe et son tsar bien-aimé, suscitèrent, précisément à cause de leur montée en puissance, une guerre subversive implacable, faite de violences terroristes dans le pays, d’intoxication idéologique de l’intelligentsia gagnée à la philosophie allemande et détachée de la foi traditionnelle, avec le soutien d’une propagande internationale alimentée par les puissances maçonniques et capitalistes de l’Occident. Dès l’entrée en guerre contre l’Empire prussien en 1914, les États-Unis et la Grande-Bretagne, bien qu’officiellement alliés à la Russie, avaient résolu la chute du tsar Nicolas II, qu’ils favorisèrent avec la complicité du haut état-major allemand ! C’est dire qu’il n’y a rien de russe dans cette révolution qui a livré la Russie au joug antichrist des bolcheviques. Dès lors, ce peuple est “ possédé ” par Satan : « La possession est la saisie et l’oppression d’une créature par le démon, mais malgré elle. Ce terrible état n’est en soi nullement coupable. Au contraire, il est souvent un méritoire et mystique martyre. Et il dépend de Dieu seul que cet état dure ou disparaisse en un instant. » (ibid.)
Pourquoi cette épreuve ? « Ne saviez-vous pas qu’il lui fallait souffrir tout cela pour entrer dans sa gloire ? » (Lc 24, 26) Cette pensée hante l’âme russe et s’exprime par le culte des saints Innocents qui ont souffert mort et passion. La Russie contemple dans ses strastoterptsi sa propre vocation, son destin, son avenir sacré. Per crucem ad lucem. Entrer dans le Royaume de Dieu par le sacrifice des gloires et des ambitions terrestres, jusqu’à donner sa vie pour les autres peuples. Les saints russes en ont donné le sens, le goût, l’espérance à leur peuple. Et Dieu, enfin, l’a pris au mot. En 1917.
NOTRE-DAME N’ABANDONNE PAS LA RUSSIE.
Si la France est la tribu de Juda de la Nouvelle Alliance, la Russie est le peuple de Dieu voué au mystère de la Rédemption de son infidélité au cours d’un exil de soixante-dix ans.
Durant cette longue et terrible épreuve, la Sainte Vierge ne se désintéressa pas du sort de son peuple. Le 4 novembre 2015, en la fête de Notre-Dame de Kazan, le patriarche de Moscou, Cyrille, vénéra, avec le président Vladimir Poutine une icône de Marie Souveraine dont le patriarche rappela l’histoire.
En février 1917, éclatait la révolution russe qui aboutit à l’abdication du tsar Nicolas II, le 2 mars.
Or, le jour même de son abdication, dans la cave de l’église de Kolomenskoïe, résidence d’été des tsars, sur les indications d’une apparition de la Sainte Vierge, une paysanne trouva une icône de la Mère de Dieu siégeant sur un trône royal. « Lorsqu’on apprit que cette image s’appelait “ Souveraine ”, poursuivit le patriarche Cyrille, les meilleurs esprits de la Russie d’alors l’ont interprété comme un signe de Dieu. Le tsar s’en est allé, mais la Mère de Dieu règne sur notre pays et sa protection ne s’est jamais démentie. » (Discours du 4 novembre 2015 pour l’ouverture du forum-exposition “ Russie orthodoxe ”)
En 1917, à peine quelques mois plus tard, Notre-Dame de Fatima annonçait que la Russie répandrait « ses erreurs » mais que sa consécration à son Cœur Immaculé apporterait la paix au monde.
Dans l’entre-deux-guerres, en Pologne, le saint franciscain Maximilien-Marie Kolbe était le grand apôtre de l’Immaculée. Il fonda la Milice de l’Immaculée et Niepokalanow, la “ Cité de l’Immaculée ” d’où il répandit sa dévotion par sa revue du Chevalier de l’Immaculée et s’engagea de toutes ses forces dans ses combats. Dépassant le préjugé antirusse séculaire des Polonais, ses compatriotes, il avait en particulier le souci de la conversion de la Russie. Le 11 février 1937, lors d’une conférence qu’il donnait à Rome, il annonça : « Nous ne croyons pas qu’il soit lointain, ni qu’il soit simplement un rêve, ce jour grandiose où la statue de l’Immaculée trônera, grâce à ses missionnaires, au cœur même de Moscou. »
La Pologne, à la fois slave et catholique, est l’intermédiaire, le “ pont ” naturel entre Rome et Moscou. Vladimir Soloviev l’avait compris : « Le sens tout entier, la force de la nation polonaise consistent en ce qu’au milieu du monde slave, aux portes de l’Orient, elle porte et représente le grand principe spirituel du monde occidental.
« La Pologne ne mourra pas parce qu’elle est liée à un service sacré. Elle est au service du catholicisme. Telle est la plus haute signification de la nation polonaise. Et le premier et le plus grand service à rendre est de réunir le catholicisme à l’orthodoxie, de réconcilier le Pape et le tsar. Cette réunion sera le principe d’une nouvelle théocratie. » (Le judaïsme et la question chrétienne, 1884)
Cependant, tout au long du vingtième siècle, c’est sœur Marie-Lucie de Jésus et du Cœur Immaculé, messagère des volontés du Ciel pour les derniers temps que nous vivons, qui témoigna le plus éloquemment de la fidélité de l’amour de Notre-Dame pour sa Russie bien-aimée. Le 13 juin 1929, au couvent des sœurs dorothées de Tuy, sœur Lucie fut favorisée d’une grandiose théophanie trinitaire au cours de laquelle Notre-Dame lui dit :
« Le moment est venu où Dieu demande au Saint-Père de faire, en union avec tous les évêques du monde, la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé, promettant de la sauver par ce moyen. »
Le 21 janvier 1935, elle écrivait au Père Gonçalves que Notre-Seigneur « est disposé à user de miséricorde à l’égard de la pauvre Russie, comme il l’a promis, il y a cinq ans, et qu’il désire beaucoup la sauver ». Le 18 mai 1936, Jésus insistait, lui révélant que, quoi qu’il arrive, « le Cœur Immaculé de Marie sauvera la Russie, elle lui est confiée ».
LE SANG DES MARTYRS.
Le drame fut que la hiérarchie de l’Église refusa de se soumettre aux demandes de Notre-Dame de Fatima. La Russie ne fut donc pas consacrée au Cœur Immaculé de Marie. En 1940, sœur Lucie avait averti que « si cet acte, par lequel nous sera accordée la paix, n’intervient pas, la guerre cessera seulement lorsque le sang répandu par les martyrs sera suffisant pour apaiser la divine justice » (lettre au Père Gonçalves, 21 janvier 1940).
Sœur Lucie avait en pensée la vision du “ troisième secret ” qui ne sera dévoilée qu’en l’an 2 000, selon laquelle « sous les deux bras de la Croix, il y avait deux anges, chacun avec un vase de cristal à la main, dans lequel ils recueillaient le sang des martyrs, et avec lequel ils arrosaient les âmes qui s’approchaient de Dieu ».
N’ayant pas été consacrée au Cœur Immaculé de Marie, c’est donc grâce au sang des innombrables martyrs du régime communiste que la Russie est aujourd’hui exorcisée de la possession du diable et délivrée de la tyrannie bolchevique.
Le cardinal Slipyi, archevêque de Kiev, en témoignait en 1981 :
« En Union soviétique, par le calvaire commun de la persécution, un œcuménisme authentique a vu le jour. Purifié par une foi consciente et par le sang des martyrs, il est allé jusqu’aux racines de l’Évangile : la recherche du divin et non de l’humain. Catholiques et orthodoxes, baptistes et autres communautés religieuses souffrent de la même façon à cause du Christ. Cette souffrance les fait tous, de la même manière, enfants de Dieu et de son Église. Cela constitue un acquis d’une valeur inestimable. »
L’INTERSIGNE DU MÉTROPOLITE NIKODIM.
Le 5 septembre 1978, la rencontre du saint pape Jean-Paul Ier et du métropolite orthodoxe de Leningrad Nikodim en avait offert une preuve incontestable.
Le cardinal Albino Luciani, patriarche de Venise, avait pu s’entretenir longuement avec sœur Lucie, au carmel de Coïmbre, l’année précédente, le 11 juillet 1977. Elle lui annonça sa prochaine élection au souverain pontificat et le gagna à la cause de Notre-Dame de Fatima. Devenu pape, Jean-Paul Ier avait résolu d’exécuter les volontés de la Sainte Vierge. Il confia à son conseiller, don Pattaro : « Si je vis, je retournerai à Fatima pour consacrer le monde et particulièrement les peuples de Russie à la Sainte Vierge, selon les indications qu’elle a données à sœur Lucie. »
Le métropolite Nikodim, pour sa part, agent soviétique, « chargé de la pénétration des idées pacifistes dans le monde chrétien » (CRC n° 28, janvier 1970, p. 6 ; CRC n° 101, janvier 1976, p. 2 ; Toute la vérité sur Fatima, t. 4, p. 399), conçut un amour croissant pour l’Église catholique, Rome et le Souverain Pontife, jusqu’à croire en sa primauté. Mademoiselle Irène Posnoff, qu’il visita à plusieurs reprises, témoignait : « L’attitude de Mgr Nikodim fut très proche de celle de Vladimir Soloviev, tout en suivant un chemin plus intuitif. »
Le 22 mai 1975, il fit un pèlerinage fervent à Fatima. Et le 5 septembre 1978, après avoir vénéré le Saint Suaire à Turin, il rencontra le pape Jean-Paul Ier dans une audience privée, au cours de laquelle il parla de l’Église avec amour, célébra l’unité, l’urgence de la réunion, et mourut subitement entre les bras du Saint-Père, après avoir reçu de lui l’absolution. Deux jours plus tard, Jean-Paul Ier évoquera leur conversation : « Je n’avais encore jamais entendu, à propos de l’Église catholique, de paroles aussi belles que celles prononcées par le métropolite. Je ne peux les répéter, elles demeurent secrètes. J’en reste impressionné. Il était orthodoxe, mais combien il aimait l’Église ! Je crois qu’il a beaucoup souffert pour l’Église, en faisant énormément pour l’union. » (CRC n° 184, décembre 1982, p. 36)
Le métropolite Nikodim est mort dans l’Église catholique, ses « si belles paroles sur l’Église » valant abjuration du schisme oriental, et l’absolution sacramentelle reçue du successeur de Pierre in articulo mortis valant profession de foi en sa primauté et reconnaissance de sa juridiction universelle.
Le pardon divin accordé à ce moine russe, agent des maîtres communistes du Kremlin, est une figure de la mystérieuse prédestination de la Russie : cette nation, longtemps possédée par Satan, reste l’objet d’une mystérieuse élection du Cœur Immaculé de Marie. Elle se convertira par le ministère du Pape qui la lui consacrera.
« LA RUSSIE DANS LE SECRET DU CŒUR IMMACULÉ DE MARIE »
À l’issue d’une “ possession ” communiste de près de soixante-dix ans, la Russie eut encore à subir un pénible chemin de Croix, celui d’une démocratie ultralibérale emmenée par Boris Eltsine, un “ tsar de carnaval ” qui aurait conduit le pays à sa ruine définitive s’il n’avait pas eu l’idée providentielle de nommer, en 1999, Vladimir Poutine Premier ministre. Cet ancien officier du KGB, jusqu’alors presque inconnu de tous, va se révéler en quelques semaines un chef prodigieux, sauveur de son pays. Il combat et mate la révolte tchétchène avant qu’elle n’aboutisse à la création d’un califat islamique. Il remet au pas les chefs de région et rétablit le lien fédéral, primordial, condition de l’unité politique du pays, entre les sujets de la Fédération de Russie. Il destitue des hommes d’affaires du statut oligarchique qu’ils s’étaient arrogé sous Boris Eltsine. Et enfin il rétablit l’économie russe et réussit à faire “ vivre habituellement ” le pays. Vladimir Poutine entreprendra par la suite d’importantes réformes, comme celle de l’institution militaire qui d’un état de délabrement avancé est redevenue, en quelques années, une armée efficace et redoutée, dissuasive...
Mais le plus extraordinaire est que Vladimir Poutine a derrière lui tout son peuple qui se sait bien gouverné et bien défendu par un chef d’État guidé par le seul souci du bien commun. Et c’est précisément cette politique nationaliste qui vaut à Vladimir Poutine cette critique universelle... à l’extérieur des frontières de la Russie. Or ce nationalisme intelligemment défendu par Vladimir Poutine, loin d’isoler la Russie du reste du monde, l’a au contraire placée au cœur de toutes les relations internationales au point de mettre en échec aujourd’hui l’hégémonie américaine. Cela s’est notamment vérifié, ces dernières années, en Ukraine dont la crise politique provoquée par les États-Unis eux-mêmes ne pourra être résolue sans la Russie qui entend faire respecter ses intérêts. C’est en Syrie que le mouvement dévastateur des printemps arabes organisé par les Américains a été stoppé, grâce au soutien diplomatique et militaire apporté au gouvernement de Bachar el-Assad par une Russie devenue désormais un acteur incontournable dans tout le Moyen-Orient.
Cette révolution nationale entreprise en Russie par Vladimir Poutine est un modèle pour nos démocraties occidentales dites “ libres ”. Mais elle présente des limites. La confession orthodoxe qui connaît un grand succès en Russie n’en demeure pas moins schismatique, séparée de Rome. Ne recevant des sacrements qu’une grâce “ liée ”, elle ne peut porter les fruits d’un nationalisme catholique qui manque aujourd’hui cruellement à Vladimir Poutine et qui le conduirait à défaire définitivement la Russie des institutions laïques et démocratiques dont il a pu jusqu’à présent contrecarrer le venin, mais qui sont encore aujourd’hui en place (Il est ressuscité ! n° 189 juillet-août 2018 p. 7. Cet article a notamment résumé et actualisé les précédentes études sur la Russie et Vladimir Poutine publiées en 2012 et en 2015).
Certes, la Russie n’est pas encore revenue de son schisme. Cependant, sous le sage gouvernement de Vladimir Poutine, elle apparaît déjà médiatrice de paix et protectrice des chrétiens d’Orient en Syrie par son soutien indéfectible apporté au gouvernement de Bachar el-Assad.
Dès juin 2 000, tandis que Vladimir Poutine faisait la guerre aux islamistes de Tchétchénie, notre Père reconnaissait que « la Russie constitue aujourd’hui le seul rempart de l’Occident chrétien contre l’islam » (CRC n° 368, p. 5).
Une preuve particulièrement éclatante en fut donnée l’année de l’avènement du pape François, au mois de septembre 2013. Les États-Unis et leurs alliés se préparaient alors à intervenir contre l’État syrien au bénéfice de la rébellion djihadiste, à l’encontre des efforts du président Poutine pour faire prévaloir une solution diplomatique. Or celui-ci reçut le soutien inattendu du pape François : le 4 septembre 2013, le Saint-Père écrivait à Poutine, qui présidait alors le G 20 réuni à Saint-Pétersbourg, pour lui demander « de laisser de côté la poursuite futile d’une solution militaire ».
Mais il ne se contenta pas de parler. Le 7 septembre, vigile de la Nativité de Marie, il mettait son peuple en prière place Saint-Pierre. Plus de 100 000 personnes accoururent pour réciter le chapelet en faveur de la paix en Syrie.
La Sainte Vierge ne resta pas sourde : par la médiation de Vladimir Poutine, elle cloua au sol nos bombardiers prêts à décoller sur ordre des Américains. En effet, le 9 septembre, la Russie créait la surprise en proposant au président Bachar el-Assad de détruire son armement chimique. Marché conclu ! Tous les protagonistes acceptèrent, y compris Bachar el-Assad. Les avions restèrent cloués au sol grâce à la Sainte Vierge, au Pape et à la Russie !
Depuis dix-huit ans, la Russie renoue peu à peu avec sa vocation de grande nation chrétienne, selon l’idéal entrevu par Vladimir Soloviev. Vladimir Poutine a le souci de restaurer son pays à partir de ses racines chrétiennes, en puisant à la source de l’unité de son peuple : le baptême en 988 du grand-prince saint Vladimir à Chersonèse, en Crimée.
« Son choix devint la source du développement à la fois d’un pays et d’une civilisation... La décision du prince reflète l’aspiration de notre peuple aux nobles idéaux de bonté, de vérité, de justice, d’unité fraternelle et de solidarité, et ce en faveur du monde entier. Le grand-prince est devenu un véritable bâtisseur de son pays, le fondateur de son développement culturel et économique, un souverain sage et avisé. Ces sources spirituelles continuent à nourrir les peuples fraternels de Russie, d’Ukraine et de Biélorussie. » (discours du 25 juillet 2015, prononcé à l’occasion du millénaire de la mort de saint Vladimir)
Le 18 juillet 2014, pour le septième centenaire de la naissance de saint Serge de Radonège, le président Poutine présenta son « héritage » comme « la clef pour comprendre la Russie ».
Le 19 septembre 2013, Poutine pouvait déclarer devant le club Valdaï : « La Russie est l’un des derniers gardiens de la culture européenne, des valeurs chrétiennes et de la véritable civilisation. »
Il mit alors les points sur les i : « Nous voyons beaucoup de pays euroatlantiques rejeter leurs propres racines y compris les valeurs chrétiennes qui constituent le fondement de la civilisation occidentale. Ils nient les principes moraux de toutes les identités traditionnelles, nationales, culturelles, religieuses et même sexuelles. Ils adoptent des politiques qui mettent sur le même plan les familles nombreuses et les couples de même sexe, la croyance en Dieu et le culte de Satan. » (cité in Il est ressuscité n° 133, p. 4)
Ces paroles expliquent la haine déchaînée par l’Occident apostat contre la Russie chrétienne. Vladimir Poutine, son chef, est devenu l’ennemi numéro un des États-Unis et de leurs alliés qui lui livrent depuis dix-sept ans une guerre sans merci sur les théâtres successifs de la Tchétchénie et de la Géorgie, hier, et aujourd’hui en Ukraine, en Syrie, et par des tentatives d’ingérence en Russie même.
Le 4 novembre 2015, en présence du président de la Fédération de Russie, après avoir raconté l’histoire de l’icône de la Vierge Souveraine (supra, p. 3), le patriarche Cyrille concluait : « Par quelles souffrances, par quelles afflictions, par quelles épreuves ne sommes-nous pas passés ! Mais nous sommes restés un pays non seulement grand et fort, mais fidèle à sa propre identité. Nous ne nous sommes même pas fondus dans l’espace informatif global, nous n’avons pas perdu et ne perdons pas notre identité à une époque où les pays les plus grands et les plus forts du continent européen perdent la leur. Nous croyons que la protection de la Mère de Dieu est sur nous. C’est pourquoi nous disons à tous les ennemis, intérieurs et extérieurs de la Russie : “ Laissez-nous tranquilles ! Nous sommes protégés par la Mère de Dieu ! ” »
Certes ! C’est précisément la raison pour laquelle cette divine Mère tient à faire rentrer ce peuple russe dans le giron de l’Église en le consacrant à son Cœur Immaculé. Alors, par la grâce du Cœur Immaculé de Marie, la Russie catholique deviendra la grande médiatrice de la paix dans le monde.
Encore faudrait-il commencer par restaurer dans l’Église catholique la foi subvertie par le concile Vatican II. Et pour ce faire...
LE CŒUR IMMACULÉ DE MARIE...
ULTIME RECOURS DE DIEU LUI-MÊME !
Le 26 décembre 1957, sœur Lucie disait au Père Augustin Fuentès : « Toujours, dans les plans de la divine Providence, lorsque Dieu va châtier le monde, il épuise auparavant tous les autres recours. Or, quand il a vu que le monde n’a fait cas d’aucun, alors, comme nous dirions dans notre façon imparfaite de parler, il nous offre avec une certaine crainte le dernier moyen de salut, sa très Sainte Mère. Car si nous méprisons et repoussons cet ultime moyen, nous n’aurons plus le pardon du Ciel, parce que nous aurons commis un péché que l’Évangile appelle le péché contre l’Esprit-Saint, qui consiste à repousser ouvertement, en toute connaissance et volonté, le salut qu’on nous offre. Souvenons-nous que Jésus-Christ est un très bon Fils et qu’il ne permet pas que nous offensions et méprisions sa très Sainte Mère. Nous avons comme témoignage évident l’histoire de plusieurs siècles de l’Église qui, par des exemples terribles, nous montre comment Notre-Seigneur Jésus-Christ a toujours pris la défense de l’honneur de sa Mère. »
C’est à Lucie que la Sainte Vierge a fait savoir que Dieu « nous offre avec une certaine crainte le dernier moyen de salut, sa Très Sainte Mère ». C’était le 13 juin 1917 :
« Jésus veut se servir de toi afin de me faire connaître et aimer. Il veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. À qui embrassera cette dévotion, je promets le salut, ces âmes seront chéries de Dieu comme des fleurs placées par Moi pour orner son trône. »
Or, la hiérarchie de l’Église catholique romaine rejette cet ultime « moyen de salut ». Le 13 juillet, Notre-Dame a précisé de quel “ salut ” il s’agissait en montrant à Lucie, François et Jacinthe l’enfer, « comme un océan de feu. Plongés dans ce feu nous voyions les démons et les âmes des damnés. » Ils en seraient « morts d’épouvante et de peur », avoue Lucie, mais « cette vision ne dura qu’un moment, grâce à notre bonne Mère du Ciel qui, à la première apparition, nous avait promis de nous emmener au Ciel ». Et les autres ? C’est-à-dire nous tous, « pauvres pécheurs » ?
« Effrayés, et comme pour demander secours, ajoute Lucie, nous levâmes les yeux vers Notre-Dame qui nous dit avec bonté et tristesse : “ Vous avez vu l’enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs. ” » C’est-à-dire nous autres, mes bien chers frères ! « Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. Si l’on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d’âmes se sauveront et l’on aura la paix. » N’oublions pas que nous sommes en 1917.
« La guerre va finir. Mais si l’on ne cesse d’offenser Dieu, sous le règne de Pie XI, en commencera une autre pire. Quand vous verrez une nuit illuminée par une lumière inconnue, sachez que c’est le grand signe que Dieu vous donne qu’il va punir le monde de ses crimes, par le moyen de la guerre, de la famine et des persécutions contre l’Église et le Saint-Père.
« Pour empêcher cela, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la Communion réparatrice des premiers samedis. Si l’on écoute mes demandes, la Russie se convertira et l’on aura la paix. Sinon elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties. »
C’est ce qui est arrivé. Le pape Pie XI et ses successeurs préférèrent suivre leur “ Ostpolitik ”, une politique tout humaine d’entente avec le pouvoir communiste pourtant persécuteur et l’interprétation mensongère du message de Fatima discrédité par le Père Dhanis. Finalement, pour mieux l’enterrer, le pape Jean-Paul II n’hésita pas à se livrer à des parodies de consécration de la Russie et à imposer silence à sœur Lucie.
Par leur rébellion contre leur Mère du Ciel, les Papes du vingtième siècle et du vingt et unième siècle commençant sont donc les grands responsables de la guerre qui ne cesse d’embraser les quatre coins de la planète.
Ce n’est pas tout ! Pour comble de rébellion, ce n’est pas seulement Notre-Dame de Fatima qui est combattue par le magistère de l’Église mais c’est toute dévotion mariale “ exagérée ”. Ainsi en a décidé le plus grand Concile de tous les temps !
LE REJET DE LA DÉVOTION
AU CŒUR IMMACULÉ DE MARIE
CAUSE DE L’APOSTASIE CONCILIAIRE
Dès l’ouverture du Concile, les Pères se partagèrent en deux camps : les “ minimalistes ” voulaient réduire la dévotion à la Sainte Vierge au “ minimum ”, les “ maximalistes ”, au contraire demandèrent au Pape d’accomplir la consécration collégiale de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, et de définir le dogme de la Médiation universelle de Marie.
Las ! Au terme de furieux débats, les “ minimalistes ” l’emportèrent. Déjà, avant même l’ouverture du Concile, le cardinal Montini, futur Paul VI, se préparait à substituer le “ culte de l’Homme ” à la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. Il déclara :
« La proposition d’un nouveau titre, surtout celui de Médiatrice, à accorder à Marie très sainte, me paraîtrait inopportune et même damnable (damnosa). »
C’est précisément celui que lui “ accordait ” déjà le Bon Dieu par les « petites » demandes qu’Il l’avait chargée de faire : Médiatrice de la paix en ce monde par la consécration de la Russie à son Cœur Immaculé, et du salut éternel de toutes les âmes dans l’autre par la dévotion réparatrice des premiers samedis.
Mais c’est le Père Congar, qualifié de « père des Pères conciliaires » par Paul VI, et fait cardinal par Jean-Paul II, qui prévaudra : « La mariologie, du moins celle qui veut toujours ajouter, est un vrai cancer. » On lit dans son Journal du Concile : « Je vis là un drame qui accompagne toute ma vie : la nécessité de lutter, au nom de l’Évangile et de la foi apostolique, contre un développement, une prolifération méditerranéenne et irlandaise, d’une mariologie qui ne procède plus de la Révélation, mais a l’appui des textes pontificaux. Plusieurs fois on me répond : la règle de foi n’est pas l’Écriture mais le magistère vivant... Je comprends mieux la réaction de Luther. »
C’est ainsi que les Pères du Concile reléguèrent notre Reine au dernier chapitre de la constitution Lumen Gentium sur l’Église, avec une « goujaterie » dont s’indigna notre Père : « Ce rôle subordonné de Marie, l’Église le professe sans hésitation ; elle ne cesse d’en faire l’expérience ; elle le recommande au cœur des fidèles. » (LG 62)
En revanche, « au nom de l’Évangile et de la foi apostolique » revendiqués par le Père Congar, les Pères du Concile n’ont pas craint de s’approprier la parole de saint Jean au commencement de la constitution Dei Verbum : « Nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du Père et qui nous est apparue : ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous ; quant à notre communion, elle est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ. » (1 Jn 1, 2-3)
Influencé par le Père Congar, notre moderne Luther, « le Concile s’est pris pour le collège des Apôtres, témoins immédiats et inspirés du Christ lui-même. Mais ni Paul VI, ni les cardinaux Alfrink, Suenens, Marty, etc., ni le Concile en sa totalité collégiale, n’ont vu ni touché ni entendu le Christ », proteste notre Père.
En revanche, avant même de convenir aux Apôtres de l’Évangile, ces paroles s’appliquent éminemment à la Vierge Marie qui, elle, a tenu son Enfant mort dans ses bras, le même qu’elle avait porté neuf mois dans son sein. Les Évangélistes font état de nombreux témoignages portés par tous ceux qui ont « vu » Jésus parler et agir « au grand jour » (Jn 7, 26 ; 10, 24-25 ; 18, 20), pendant sa vie publique. Mais avant eux tous, il y a sa Mère qui a « vu », tout au long d’une vie cachée et obscure, « la vie éternelle » se manifester en son enfant doux et humble. Et elle « conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son Cœur » (Lc 2, 19 et 51).
LA SOURCE DE NOTRE FOI, C’EST ELLE !
Par conséquent, il n’est pas étonnant que l’assemblée conciliaire, après avoir relégué cette divine Mère à la dernière place plutôt que de lui reconnaître son titre à la Médiation universelle de toute grâce de salut, ait fait naufrage dans la foi. Le discours de clôture du Concile, prononcé par le pape Paul VI le 7 décembre 1965 dans Saint-Pierre, aux applaudissements de l’assemblée conciliaire, est une profession d’apostasie sans équivoque, formellement hérétique, schismatique et scandaleuse, « dont il est certain qu’il n’y en a jamais eu de tel dans les annales de l’Église et qu’il n’y en aura jamais » (Georges de Nantes, Liber accusationis I, 1973, p. 19).
Ce discours culmine dans la proclamation, à la face du monde et à la Face de Dieu, du culte de l’homme : « L’Église du Concile, il est vrai... s’est beaucoup occupée de l’homme, de l’homme tel qu’en réalité il se présente à notre époque, l’homme vivant, l’homme tout entier occupé de soi, l’homme qui se fait non seulement le centre de tout ce qui l’intéresse, mais qui ose se prétendre le principe et la fin de toute réalité...
« L’humanisme laïque et profane enfin est apparu dans sa terrible stature et a, en un certain sens, défié le Concile. La religion du Dieu qui s’est fait homme s’est rencontrée avec la religion – car c’en est une – de l’homme qui se fait Dieu. Qu’est-il arrivé ? Un choc, une lutte, un anathème ? Cela pouvait arriver ; mais cela n’a pas eu lieu. La vieille histoire du Samaritain a été le modèle de la spiritualité du Concile. Une sympathie sans bornes l’a envahi tout entier. La découverte des besoins humains, et ils sont d’autant plus grands que le fils de la terre (sic !) se fait plus grand, a absorbé l’attention de ce Synode.
« Reconnaissez-lui au moins ce mérite, vous, humanistes modernes, qui renoncez à la transcendance des choses suprêmes, et sachez reconnaître notre nouvel humanisme : nous aussi, nous plus que quiconque, nous avons le culte de l’homme. » (ibid.)
Notre Père commente en s’adressant à Paul VI :
« On mesure ici le glissement forcé de votre hétéropraxie à l’hétérodoxie pleine et entière, je ne dis même plus de l’hérésie, mais de l’apostasie. Dans votre bonté, apostolique ! à l’encontre des conseils de prudence et des enseignements infaillibles de tous vos Prédécesseurs, vous voulez être le Samaritain évangélique, affectueusement penché sur tout homme, son frère... Et voilà que ce sentiment d’amour immodéré vous conduit à vous réconcilier avec le Goliath du Monde moderne, à vous agenouiller devant l’Ennemi de Dieu qui vous défie et vous hait. Au lieu de prendre courage et de lutter, comme David, contre l’Adversaire, vous vous déclarez plein d’amour pour lui, vous l’adulez et vous allez bientôt vous ranger à son service exclusif ! Votre charité se fait culte et service de l’Ennemi de Dieu et, pour le flatter, vous allez jusqu’à rivaliser avec lui dans son erreur, dans son blasphème même.
« Vous pactisez avec l’homme qui se fait Dieu ! Vous prétendez les dépasser tous, ces humanistes athées de notre temps, fous d’orgueil, en fait de culte de l’homme. Tenez, relisez cet hymne à la gloire de l’homme que vous entonniez à l’occasion d’un voyage de la terre à la lune, plagiat blasphématoire de l’hymne au Christ roi des siècles :
« “ Honneur à l’Homme ; honneur à la pensée ; honneur à la science ; honneur à la technique ; honneur au travail ; honneur à la hardiesse humaine ; honneur à la synthèse de l’activité scientifique et du sens de l’organisation de l’homme qui, à la différence des autres animaux, sait donner à son esprit et à son habileté manuelle des instruments de conquêtes ; honneur à l’homme roi de la terre et aujourd’hui prince du ciel. Honneur à l’être vivant que nous sommes, dans lequel se reflète l’image de Dieu et qui, en dominant les choses, obéit à l’ordre biblique croissez et dominez. ”
« Dans une autre occasion, en 1969, vous disiez pareillement : “ L’homme est à la fois géant et divin, mais dans son principe et dans son destin. Honneur donc à l’homme, honneur à sa dignité, à son esprit, à sa vie. ” » (Liber accusationis I, p. 20)
Notre Père ajoutait : « Sans doute est-il question de Dieu et même, en passant, du Christ Fils de Dieu fait homme, dans ce discours formidable du 7 décembre 1965. Mais il n’est pas question de la Croix du Christ, du don de l’Esprit-Saint, de la grâce baptismale, de tout le mystère de foi qui est le trésor de Vérité, de Vie, de Vertu de l’Unique Église catholique. » Et il est encore moins question du Cœur Immaculé de Marie dont l’effacement accompagne celui du Dieu fait homme dans son sein virginal devant l’homme qui se fait Dieu, au sein d’une Église transformée en « Mouvement d’Animation Spirituelle de la Démocratie Universelle » (masdu).
CONTRE-RÉFORME D’ABORD !
Avant de songer à convertir la Russie, il faut donc d’abord nous convertir de cette apostasie, en commençant par abjurer le “ dogme ” de la liberté religieuse proclamée comme un droit social de la personne humaine, ce même 7 décembre 1965 dans la déclaration Dignitatis humanæ. Crime contre Dieu et « délire » selon ce qu’avaient rappelé jusque-là tous les Papes précédents.
Ayant accordé un droit égal à toutes les religions et irréligions, le Concile dut redéfinir les relations de l’Église catholique avec les autres confessions. Le 21 novembre 1964 fut promulgué le décret Unitatis Redintegratio : « La collaboration de tous les chrétiens, déjà établie en beaucoup de pays, doit être sans cesse accentuée, là surtout où l’évolution sociale ou technique est en cours, soit en faisant estimer à sa valeur la personne humaine, soit en travaillant à promouvoir la paix, soit en poursuivant l’explication sociale de l’Évangile, ou par le développement des sciences et des arts dans une atmosphère chrétienne, ou encore par l’apport de remèdes de toutes sortes contre les misères de notre temps, telles la faim ou les calamités, l’ignorance et la pauvreté, la crise du logement et l’inégale distribution des richesses.
« Par cette collaboration, tous ceux qui croient au Christ peuvent facilement apprendre comment on peut mieux se connaître les uns les autres, s’estimer davantage et préparer la voie à l’unité des chrétiens. » (Unitatis Redintegratio, n° 12)
Nous sommes loin du retour en masse des égarés à l’unité catholique désirée par Notre-Dame de Fatima et promis pour fruit assuré de la consécration de la Russie à son Cœur Immaculé ! D’ailleurs, le décret conciliaire sur l’œcuménisme présentait une vision très positive de la Chrétienté orthodoxe, représentée dans l’aula conciliaire par des “ observateurs ” du patriarcat de Moscou :
« Tout le monde doit savoir qu’il est très important de connaître, vénérer, conserver, développer le si riche patrimoine liturgique et spirituel de l’Orient pour conserver fidèlement la plénitude de la tradition chrétienne et pour réaliser la réconciliation des chrétiens orientaux et occidentaux. » (ibid., n° 15)
Quitte à trahir les “ uniates ” persécutés depuis des siècles par les schismatiques pour leur attachement à Rome, et depuis 1917 par le communisme soviétique. Noyés au nom de la “ réconciliation ” dans l’orthodoxie appelée à devenir la seule forme de christianisme oriental reconnue par Rome, les “ uniates ” étaient voués à disparaître, au grand dam du cardinal Joseph Slipyj qui dénonçait cette trahison, comme aujourd’hui le cardinal Zen en Chine dénonce la trahison de l’Église “ clandestine ”.
« Sur cinquante millions d’Ukrainiens catholiques, dix millions sont morts à la suite de persécutions ! Le régime soviétique a supprimé tous les diocèses ! Il y a une montagne de cadavres et plus personne, même dans l’Église, ne défend leur mémoire. Des milliers de fidèles sont encore incarcérés ou déportés.
« Mais la diplomatie vaticane préfère qu’on n’en parle pas, car cela gêne ses tractations. Nous en sommes revenus au temps des catacombes. Des milliers et des milliers de fidèles sont encore incarcérés ou déportés en Sibérie et jusqu’au cercle polaire mais le Vatican Ignore cette tragédie. Les martyrs seraient-ils devenus des témoins gênants ? Serions-nous un boulet que traîne l’Église ? »
Citant ce texte dans son Livre d’accusation, notre Père ajoute, à l’adresse du pape Paul VI :
« La pierre du tombeau est retombée sur ces témoins gênants qui se font égorger pour le Christ. Mais cela vous condamne, Très Saint-Père, devant Dieu et devant les hommes. » (Liber accusationis I, p. 83-84)
Depuis que nous avons appris le contenu de la troisième partie du Secret confié à Lucie, François et Jacinthe par Notre-Dame de Fatima, nous savons que les martyrs, loin d’être des « témoins gênants », sont les pourvoyeurs d’une rosée féconde : « Sous les deux bras de la Croix, il y avait deux anges, chacun avec un vase de cristal à la main, dans lequel ils recueillaient le sang des martyrs, et avec lequel ils arrosaient les âmes qui s’approchaient de Dieu. » (13 juillet 1917)
Il n’en reste pas moins vrai que l’objet de toutes nos prières est le triomphe du Cœur Immaculé de Marie sur le cœur du Saint-Père afin qu’il lui consacre la Russie et obtienne ainsi un certain temps de paix en ce monde, pour que les âmes « s’approchent de Dieu » et marchent en masse vers le Ciel...
UNE INTENTION DE PRIÈRE ÉQUIVOQUE
« Chaque mois, l’Église catholique publie des “ intentions de prière ” du Pape et demande aux fidèles de participer à cette prière commune. Pour ce mois d’octobre – traditionnellement dédié, dans la spiritualité catholique, à la Vierge Marie –, le pape François a tout spécialement demandé, aux fidèles du monde entier, de prier “ le saint Rosaire tous les jours ”, autrement dit la prière du chapelet, avec cette intention : “ S’unir en communion et en pénitence, comme peuple de Dieu ” pour “ demander à la Sainte Mère de Dieu et à saint Michel archange de protéger l’Église du Diable qui tente toujours de nous séparer de Dieu et de nous diviser entre nous ”.
« En évoquant les affaires de pédophilie au sein de l’Église, qualifiées de “ grandes turbulences spirituelles ”, le Pape a demandé d’ajouter, fait exceptionnel, deux prières très anciennes de l’Église catholique. Le Sub tuum præsidium, qui dit notamment : « Sainte Mère de Dieu, ne méprise pas nos prières quand nous sommes dans l’épreuve. » Et une Prière à saint Michel archange, composée par le pape Léon XIII (1878-1903), qui était dite après chaque messe avant le concile Vatican II.
« Dans cet appel, le pape François insiste sur cette seconde prière “ parce qu’elle nous protège et nous aide dans la lutte contre le Mal ”, et précise que “ l’arme du Grand Accusateur ” (l’une des dénominations du Diable) est “ d’accuser ”, mais “ seule la prière peut le vaincre ”.
« Il conclut : “ Les mystiques russes et les grands saints de toutes les traditions conseillaient, dans les moments de grandes turbulences spirituelles, de se protéger sous le manteau de la Sainte Mère de Dieu ” pour “ se préserver des attaques du Malin ”. Mais aussi pour “ rendre l’Église plus consciente des fautes, des erreurs, des abus actuellement commis et dans le passé ” et pour qu’elle “ s’engage à combattre sans aucune hésitation pour que le Mal n’ait pas le dessus ” » (Le Figaro, lundi 1er octobre 2018).
C’est précisément la grâce promise à la consécration de la Russie, de la Sainte Russie, au Cœur Immaculé de Marie qui bat « sous le manteau de la Sainte Mère de Dieu » et dont saint Michel est le chevalier servant selon la vision du 13 juillet 1917 :
« Saint Michel archange, défendez-nous dans le combat ; soyez notre secours contre la malice et les embûches du démon. Que Dieu exerce sur lui son empire, nous le demandons en suppliant. Et vous, Prince de la milice céleste, repoussez en enfer, par la vertu divine, Satan et les autres esprits mauvais qui errent dans le monde pour la perte des âmes ! »
Il nous faut seulement inverser les rôles et réciter cette prière pour obtenir la conversion... du Saint-Père aux volontés du Cœur Immaculé de Marie et à son souci de nous amener tous au Ciel, s’il est possible...
frère Bruno de Jésus-Marie.