Georges de Nantes
Docteur mystique de la foi catholique
Par Frère Bruno de Jésus-Marie
CE livre n’est pas une simple biographie. C’est mon témoignage filial, (…) et celui des frères et des sœurs qui m’ont aidé à le rédiger et corriger. Sans eux, cet ouvrage n’aurait jamais vu le jour (…). Il tire toute sa force de cette unanimité avec laquelle le portent frères et sœurs des deux continents. (…)
C’est l’explication de la destruction et le plan de la restauration de cette « grande cité », l’Église, « à moitié en ruine », que Lucie, François et Jacinthe ont contemplée par avance le 13 juillet 1917. Ruine à laquelle Georges de Nantes a assisté, non pas en spectateur impuissant, mais en défenseur de la Cité sainte, dressé contre ses démolisseurs (…).
« ...à moitié » seulement, et non pas entièrement ! En prenant garde à ce qui reste debout, et en dénonçant la cause du désastre : le concile Vatican II. Elle est bien repérée. Et les responsables de la « ruine » de l’Église sont les papes du Concile : de Jean XXIII à Jean-Paul II qui y siégea comme archevêque de Cracovie, et continua le travail de démolition comme pape avec Ratzinger pour bras droit, aujourd’hui pape Benoît XVI...
La lutte à visage découvert s’est engagée le 6 août 1964, lors de la publication de l’encyclique Ecclesiam suam, charte du pontificat de Paul VI, engageant le Concile résolument dans la voie d’une “ réforme de l’Église ” sans précédent.
Georges de Nantes avait quarante ans.
1924-1964 : quarante ans de préparation à ce qu’il appelait “ la grande affaire de sa vie ”, et qui est la grande affaire de la vie de l’Église, de toute la vie de l’Église. Une “ affaire ” comme l’Église n’en n’avait encore jamais connue depuis deux mille ans, mais cependant prévue, annoncée par la Sainte Écriture : l’apostasie, pour l’appeler par son nom. L’Église dans son ensemble : tous les évêques réunis en Concile, autour du Pape, avec le Pape, proclamant le “ culte de l’homme ”, pensant ainsi conquérir les bonnes grâces de “ l’homme ”, de tout homme, de tous les hommes, du monde entier.
Or, derrière “ l’homme ” se cachait Satan. L’Église cédait à la troisième tentation repoussée, vaincue par Jésus-Christ dans le désert :
« Je te donnerai le monde si, tombant à genoux, tu m’adores. » (Mt 4, 9)
« Oui, oui, sachez-le, nous aussi, nous plus que quiconque, nous avons le culte de l’homme », s’écriait Paul VI dans son discours de clôture du Concile, le 7 décembre 1965.
Alors notre Père, seul contre 2 500 évêques, tel Élie face aux quatre cent cinquante prophètes de Baal, a refusé de plier le genou. Mais il ne s’est pas contenté de cela. Il s’est mis au travail.
LA PRÉPARATION DE Vatican III
Car il faudra un concile Vatican III pour revenir au culte de Dieu et tout restaurer de la Cité sainte dans le Christ, par le Cœur Immaculé de Marie.
L’idée d’un Vatican III, certains “ réformateurs ” l’avaient lancée dès 1964 avec forfanterie, tel le cardinal Suenens (…). Notre Père releva le défi sur le moment même. Il y revint en 1971 :
« Ils veulent un Vatican III, et définitif ? Eh bien ! qu’ils y viennent, et ils y seront pulvérisés. Non par nous, non nobis, Domine, non nobis, sed Nomini tuo da gloriam. La gloire n’en reviendra qu’à la puissance de Dieu agissant dans son Église, avec ou sans nous, peu importe. Mais ce sera le plus beau des miracles, que Dieu sauve son Église par son Église même. »
Ajoutons aujourd’hui : par le Cœur Immaculé de Marie.
« Nous voulons, ajoutait-il, que ce soit bientôt un vrai et grand Vatican III qui liquide dans l’enthousiasme le cadavre pourri de Vatican II. » (…)
L’année 1971-1972 sera donc consacrée par la Contre-Réforme à l’étude des Actes du concile Vatican II. Cet immense labeur de doctrine, mené avec une intelligence et une alacrité sans pareille débuta par la grande réunion publique du 14 octobre 1971, à la Mutualité, où un public chaleureux de plus de 2 500 personnes suivit avec enthousiasme trois heures d’exposés théologiques. Cette année-là, celle du dixième anniversaire de l’ouverture du Concile, s’acheva le 11 octobre 1972 par l’exposé de douze contrepropositions qui n’ont rien perdu de leur actualité, quarante ans après (…). Nous en avons fait un livre Préparer Vatican III, schémas préparatoires.
« Est-ce à dire que nous préconisons un simple retour en arrière ? Non. Retrouver à l’aiguillage de 1962 la vraie direction, oui, mais pour foncer et rattraper le temps perdu. Les questions débattues sont nouvelles, en partie du moins, et elles nous contraignent à résoudre des difficultés que les Anciens ne connurent pas. Notre catholicisme aura ainsi des progrès théologiques et institutionnels à faire ; il y trouvera son caractère, sa forme bien à lui, pour le vingtième siècle, mais dans la continuité des époques et des générations.
« Nous ne voulons pas “ revenir ”à Vatican I, ni au concile de Trente ni à celui de Nicée ! Nous voulons que Vatican III décante Vatican II, isole et élimine son poison. Nous voulons que Vatican III sauve la Tradition, et la plupart des traditions dont l’Église a si bien vécu, des siècles durant.
« Mais il marquera ainsi un progrès et définira les formes du catholicisme d’aujourd’hui. L’Église sortira de cette formidable épreuve, comme toujours, plus forte et plus belle, plus sainte et plus conquérante que jamais. » (p. 270-271)
Et il s’est mis au travail, par un enseignement public donné à la Mutualité, avec séance d’ouverture chaque année dans la grande salle, et ensuite chaque mois dans une salle de cinq cents places : à l’instar du prophète Jérémie, envoyé pour « arracher et renverser, pour exterminer et démolir », mais aussi « pour bâtir et planter » (Jr 1, 10).
L’année 1973 fut marquée par un retour au “ kérygme ” originel, et par le premier “ Livre d’accusation ” porté à Rome.
Qu’est-ce que le “ kérygme ” ? C’est la “ prédication ” de la Parole de Dieu telle qu’elle fut annoncée à l’origine par les Apôtres et fidèlement transmise par la tradition, sans rien perdre de sa pureté originelle (…).
Et le “ Livre d’accusation ” était un appel “ du Pape au Pape ” pour que le pape Paul VI nous dise infailliblement « où est la Vérité de Dieu et où sont l’hérésie, le schisme et le scandale » dont le pape (…) s’était rendu coupable en proclamant la liberté religieuse et le “ culte de l’homme ” (…) dans son discours de clôture du Concile.
Paul VI ayant refusé de répondre, notre Père en appela au Sacré-Cœur de Jésus par une consécration de nos maisons, en incluant dans cette consécration le Cœur douloureux et immaculé de Marie et le Cœur juste et prudent de saint Joseph, puis il étendit à toute la Ligue, le 18 octobre de cette même année 1973, grande salle de la Mutualité, cette consécration au « Sacré-Cœur de Jésus, salut du monde ».
« Un bon chrétien, une bonne famille catholique, mieux encore, une nation, mieux, l’Église par sa hiérarchie et dans toute sa masse, quand ils décideront de se vouer au Cœur de Jésus et de s’y consacrer au point de lui rendre un culte public, dans cette conversion totale faite par amour, toutes leurs idées d’humanisme, de libéralisme, de laïcisme, de socialisme, de démocratisme, qui leur sont une autre religion, contraire, abominable, fondront à la chaleur de l’Amour. »
Cette année-là, 1973-1974, le “ cours ” magistral de la Mutu traita d’Apologétique pour réfuter cette fausse religion en rappelant les titres de notre seule sainte religion catholique à être crue.
L’année suivante, 1974-1975, fut consacrée à l’étude des Grandes crises de l’Église qui menacèrent, au long des siècles, cette infaillible vérité. Cette étude magistrale, à elle seule, justifie le titre donné à notre biographie de Georges de Nantes.
DOCTEUR MYSTIQUE DE LA FOI CATHOLIQUE.
“ Docteur ” : si on parcourt l’histoire des grandes crises de l’Église, depuis celle qui a “ sevré ” l’Église-mère, de Jérusalem, au temps des apôtres Pierre et Paul, en la séparant de la Synagogue, jusqu’à la crise d’aujourd’hui qui la voit revenir à la Synagogue, on voit briller au centre de la bataille, (…) un saint que l’Église, depuis, vénère comme un “ Docteur ”, c’est-à-dire dont l’enseignement est devenu universel. (…)
C’est saint Augustin, saint Léon le Grand, saint Grégoire le Grand, puis au Moyen Âge, les “ Docteurs ” proprement dits, qui font valoir l’héritage des “ Pères ” contre toute hérésie, ils sont docteurs de la foi catholique : saint Bernard contre Abélard, saint Thomas d’Aquin contre Avicenne et Averroès (…).
“ Mystique ” signifie que notre Père a fait de sa religion, en cette bataille pour la défendre, un amour, comme le Père de Foucauld. Un amour de Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit... et de la Vierge Marie en qui habite et resplendit ce Saint-Esprit. La “ foi catholique ”, c’est cela (…).
L’intuition majeure de toute “ sa ” doctrine de “ Docteur ” lui vint au séminaire, à l’âge de vingt ans, le conduisant à poser la bonne question à son professeur de théologie :
« N’est-il pas fâcheux de désigner par le même mot [de personne], dans la société humaine, l’être indépendant, jaloux de ses droits, se disant souverain, et dans la société divine ces Personnes qui sont et se veulent toute relation, don sans réserve l’une à l’autre, pure paternité, filiation, amour ? Ne devrait-il pas y avoir cohérence, analogie, d’une sphère à l’autre ? Les personnes humaines ne devraient-elles pas se définir à l’image et ressemblance des Personnes divines plutôt qu’à l’opposé de leur admirable perfection ?
« Il m’écoutait, comme pris au dépourvu sur cette piste où je courais devant comme un enfant irréfléchi.
« Je ne sais que vous répondre, me dit-il enfin. Je vais étudier ce point.
« J’admirais, stupéfait, cet humble laissant paraître les limites de son savoir. C’était déjà pour moi une saisissante leçon. (…)
Monsieur Guilbeau mourut sur les entrefaites, laissant la question sans réponse.
Toute la vie du jeune séminariste répond à la question posée à son professeur.
FILS DE L’ÉGLISE.
1924-1964 sont les années de sa formation qui façonne sa “ personne ” de fils de notre sainte Mère l’Église. Au milieu de ses frères, il se distingue par un amour singulier, indéfectible de l’Église au moment où ceux-ci la critiquent et veulent la réformer.
1926. Pourtant, il a deux ans au moment où le Pape condamne l’Action française, dont ses parents, catholiques et Français toujours, sont de fidèles adhérents. Eh bien ! on peut dire qu’en demeurant, lui aussi, à la suite de ses parents, fidèle à Maurras, il s’est montré vrai fils de l’Église. C’est paradoxal, mais c’est la vérité ! d’ailleurs comprise par saint Pie X refusant de condamner Maurras, « beau défenseur de la foi ».
C’est tellement vrai qu’il a failli perdre sa vocation en tombant dans les filets de l’Action catholique à plusieurs reprises, au Puy (p. 34) et à Lyon. (…).
En 1940, il passe le bac après avoir reçu le choc d’un appel à suivre, à imiter le Père de Foucauld. Cette pensée ne le quittera plus, et s’approfondira au gré de divers échecs, providentiels ! de vie religieuse : chez les Carmes ou au Prado, mais toujours à la recherche de la vie évangélique entrevue à travers le Père de Foucauld (…).
Il a reçu de sa famille un certain nombre de convictions, et rien ne l’en fera dévier. Une seule chose compte à ses yeux : la vérité.
Sur cette base, il excelle à se faire des amis. Mais aussi des ennemis !
De ses amis, il fera une famille, dès les premières années de son ministère. Une famille dont il sera à son tour “ le Père ”. Lui consacrant tous ses soins, par ses visites, et lui adressant une “ Lettre à mes amis ” qui se transformera un jour en périodique, sous le titre de “ La Contre-Réforme catholique au XXe siècle ”.
Ce titre, à lui seul, laisse entendre qu’il n’avait pas que des amis ! Il a pourtant essayé !
Mais « Un jour, à Lyon, pendant l’Occupation, Georges de Nantes découvrit “ un autre univers ”, déjà entrevu auprès de la “ Cordée ”, charismatique avant la lettre, du “ Pensio ”, au Puy : celui des Compagnons de Saint-François, dont il admira l’intense charité fraternelle mêlée à un redoutable esprit de subversion. C’était le rêve d’une amitié dépouillée de tout ce qui est part réelle de destinée, mais pleine de toutes les illusions, de toutes les passions et désirs sublimés par l’Action catholique » (p. 37), contraires à la “ Révolution nationale ” entreprise par le maréchal Pétain.
Redoutable tentation !
Ses amis à lui, il ne tardera pas à les réunir en une “ Phalange ” de combat, précisément contre cette “ démocratie chrétienne ” « assassine, gauchiste et gaulliste », sapant la “ Révolution nationale ” sous le Maréchal, triomphant à la “ libération ”, et organisant la révolution conciliaire vingt ans plus tard.
Au séminaire, après une première année de paix sous l’autorité légitime du Maréchal (1943-1944), Georges de Nantes est en butte (…) à une persécution larvée que subiront tous ses amis à proportion de leur attachement à sa doctrine intégralement catholique.
La “ bataille ” commence très tôt. Georges de Nantes continue à poser les “ bonnes questions ” (…). On peut dire que ce qu’il a appelé “ la grande affaire de toute ma vie ” commence au séminaire avec Monsieur Callon, professeur de théologie, au sujet de la grâce.
Étonnante actualité de la controverse, soutenue par un séminariste de vingt-deux ans au nom de la doctrine thomiste :
« Si la grâce est Dieu qui se donne, comme cela, mystérieusement, merveilleusement, à l’homme, si c’est l’Esprit-Saint, l’Amour, qui se pose en nous et nous sanctifie de sa seule Présence [c’était la théorie de Callon, aujourd’hui passée dans toute l’Église à la faveur du Concile],... alors, cette grâce n’a pas de nom, elle est indiscernable, sans définition, ni nature, ni limites, ni conditions. Elle ne suppose rien en l’homme, elle ne trouve aucun obstacle qui l’arrête, elle ne demande aucune disposition ni effort particulier. Ainsi la question du “ salut des infidèles ”était-elle réglée d’un seul coup de cuiller à pot, l’Esprit-Saint survolait toutes nos frontières et ne faisait nulle différence de race, de classe, de religion ou de sexe, se donnant à tous gratuitement.
« Et le péché originel ? Et le baptême ? Et l’état de grâce, le péché, véniel ou mortel, et la confession ? Il ne restait plus qu’un seul critère, c’était l’expérience intime du feu de l’Amour, de la paix et de la joie que dispense l’Esprit à qui il veut, avec une générosité qu’il n’appartient à nul homme de contrôler ni de soumettre à ses étroitesses. Divine Présence, ivresse du cœur, à cela pouvait se résumer la théologie de la grâce de Monsieur Callon, prétendument reçue des Pères grecs. » (p. 101)
Rebelle à la rébellion.
L’opposition du séminariste de Nantes discernant dans cet enseignement l’annonce d’une immense perversion de toute l’Église, et même les premiers germes de ce qui pourrait bien devenir un jour l’apostasie du clergé, fut telle que seul un “ miracle ”, ou plutôt un dessein arrêté de la Providence, permit qu’il fût ordonné sous-diacre le 29 juin 1947, prêtre le 27 mars 1948.
Le secours sauveur lui vint d’un “ incomparable ami ”, (…) un professeur auquel son cœur s’attacha comme à un frère aîné du premier jour qu’il le vit célébrer la messe devant tout le séminaire réuni. Il en fait une description... autobiographique !
« Je suis entré au séminaire de Saint-Sulpice, bien formé par mes parents. J’ai trouvé mon maître, mon meilleur maître après mon père, l’abbé Vimal, le sulpicien que j’appelle mon incomparable ami. C’était un homme incomparable, dans sa simplicité, dans sa joie perpétuelle, dans sa pugnacité et dans tout cet immense domaine de la vie religieuse, de la vie de l’Église. J’ai toujours reçu de lui la réponse juste, profonde et qui m’a fait ce que je suis, si peu que je sois, avec une joie qui me délivrait de toutes les difficultés de notre temps et me faisait pénétrer cette âme, plus ou autant romaine que chrétienne. » (p. 51)
La “ libération ” fut une révolution jusqu’au sein du séminaire : « C’est alors, au moment où il avait “ besoin de hurler ”, qu’il rencontra Monsieur Vimal, dont il ignorait les convictions politiques, mais qui était déjà à ses yeux le maître incomparable. “ Profitant de ce que nous étions seuls, il me lâcha en termes violents tout ce que je ne pouvais moi-même contenir plus longtemps : sa fureur, son indignation, son mépris. J’avais trouvé un frère, mais plus âgé et plus sage, plus fort que moi ! ” » C’est ainsi que, « dans ce séminaire devenu fou », la Providence lui ménagea cet “ incomparable ami ” dont l’enseignement même était un échec à la subversion ! » (p. 66)
Cette “ révolution ” au sein du séminaire “ libéré ” – du maréchal Pétain plus que des Allemands – préfigurait celle qui ravagerait toute l’Église moins de vingt ans plus tard. Les quinze premières années de sacerdoce du jeune prêtre furent un apprentissage, une préparation à ce qu’il appellera “ la grande affaire de ma vie ” : l’opposition à la “ réforme ” de l’Église décidée par l’ensemble de la hiérarchie, opposition de “ contre-réforme ” dictée à un fils de l’Église par l’amour jaloux qu’il portait à sa mère, et par horreur du “ culte de l’homme qui se fait Dieu ”, qui se faisait déjà Dieu au séminaire d’Issy-les-Moulineaux, selon l’enseignement du Père Callon.
Dès lors, la réponse à la question posée naguère à Monsieur Guilbeau se faisait jour : à l’image et ressemblance du Verbe, deuxième Personne de la Sainte Trinité, engendrée et non pas créée, la “ personne humaine ” se définit non pas par son autonomie substantielle, mais par ses relations, et d’abord la première de toutes : sa “ relation d’origine ” constitutive de sa fondamentale et bien-aimée dépendance de son Père Céleste, et de sa Mère la Sainte Église. « L’homme » est « fils de Dieu » (Lc 3, 38) créateur, qui le pose dans l’être, par amour, et le recrée plus merveilleusement encore, en le faisant renaître du sein de l’Église (Jn 3, 3-6).
De cette « immense nouveauté métaphysique » naît une « théologie totale » découvrant de merveilleuses harmonies et convergences entre les deux grands Mystères chrétiens de la Sainte Trinité et de l’Incarnation du Verbe puisque « “ le Verbe était, précisément sous sa raison propre de Fils au sein de la vie trinitaire, capable de se donner une nature humaine selon sa pure et simple personnalité de Fils unique de Dieu... Et puis, de Dieu à l’ange, de l’ange à l’homme, la notion de personne ainsi définie se montrait partout révélatrice du fin fonds singulier, inépuisable et sacré de tout être spirituel, selon les dogmes et la morale de notre foi catholique, comme en regard de la raison philosophique la plus sourcilleuse et selon les vœux de l’existentialisme personnaliste le plus moderne. ”
« Telle est la loi magnifique de l’existence qui apparut à l’œil d’aigle du jeune philosophe et théologien Georges de Nantes, fondant, régénérant, unissant mystique, morale, politique, sur ces liens vitaux, ces nœuds féconds de paternité et de filiation, d’amour conjugal, de famille, de nation, de métier et finalement de charité, par l’Esprit-Saint et l’Église, dans le Cœur même du Christ qui veut être tout en tous pour nous ramener tous au Père, origine et fin. Ces sublimités faisaient les délices de sa contemplation mystique, tout en rejetant au néant les faussetés du subjectivisme moderne : droits de l’homme, dialectique du maître et de l’esclave, personnalisme prétendument chrétien. » (p. 77-78)
« Mais à ce coup, les déductions embistrouillées de Maritain sur la personne humaine, sa “ subsistence ” et son autonomie, sa dignité et ses droits, les droits de l’homme, intangibles et sacrés, toute cette quincaillerie scolastico-kantienne, individualiste, nombriliste, démocratique et révolutionnaire, gaulliste et résistantialiste à l’époque, volait en éclat. C’était de la mauvaise morale et c’était de la pire politique. » (p. 117)
Or, c’était la morale et la politique destinée à triompher au Concile, sous la main de fer de Paul VI, disciple de Maritain dont Jean-Baptiste Montini avait traduit les œuvres en italien, et auquel il fit un triomphe lors de la clôture du Concile !
D’où... la guerre !
Dix années d’errance.
Il y eut d’abord de nombreuses escarmouches préliminaires. A la sortie du séminaire, en 1948, il est nommé professeur de philosophie par le Père Épagneul, fondateur des Frères missionnaires des campagnes (…) :
« Ils étaient ruraux, honnêtes, enthousiastes, solides. Je leur enseignai saint Thomas et les immunisai ainsi contre le progressisme et le modernisme que leurs frères anciens, formés aux facultés dominicaines du Saulchoir, en Belgique, y avaient contractés pour la vie. Mes élèves ne m’écoutaient que trop bien ! ”
« Comme cette influence s’exerçait à rebours de l’orientation “ moderne ” qu’on voulait leur imposer, entre les supérieurs démocrates-chrétiens et le disciple de Pie X (…) la contradiction devint rapidement intenable. (…) « Le Père Épagneul me congédia brutalement en juin 1950, allant jusqu’à m’interdire de retourner chercher mes livres et revoir mes élèves que l’obéissance religieuse conduirait dès lors dans de tout autres voies. » (p. 119-120)
En 1950 parut le maître livre du Père Congar, “ Vraie et fausse réforme de l’Église ” :
« J’en avais mesuré le danger et je crus de mon devoir de le signaler à Rome quand je m’y rendis en pèlerin pour la béatification du très aimé et vénéré Pie X, le 3 juin 1951. »
Le cardinal Ottaviani voulut le recevoir, sub secreto Sancti Officii. (…) « Comme le cardinal m’engageait à lui en dire mon opinion, j’osai exprimer mon angoisse devant ce projet qui n’était que de révolution intégrale et permanente sous une apparence de réforme sage et constructive. Je me permettais de lui signaler le danger inouï, impie, de cette dialectique historique, du plus fol hégélianisme.
« Et je pris une comparaison : selon le P. Congar, on ne toucherait à rien du splendide édifice romain, non ! Mais on soulèverait la vieille bâtisse, on la poserait sur des rails et on la ferait glisser de son ancien environnement, cultuel, catholique, à celui de notre modernité culturelle, plus profondément chrétienne. Rien n’aurait changé et, sans secousse, une nouvelle Église naîtrait de cette nouvelle disposition [...].
« Le cardinal me remercia sobrement ; il me rappela le secret que je devais garder sur cet entretien. Quand le livre en question fut retiré des vitrines des librairies, et son auteur exilé et réduit à un certain silence, je ne soufflai mot de ma dénonciation. Quand j’appris, dans ces mêmes années, que le pape Pie XII s’inquiétait des audaces françaises et tentait de convoquer un Concile pour remédier au mal d’un néo-modernisme dangereux, je ne criai pas victoire. Mais tout se sait, tout se devine à Rome... »
« La démarche fit dire à Mgr Montini (…) substitut à la secrétairerie d’État et grand ami du Père Congar : “ Sur deux Français qui ont l’esprit théologique, l’un a une idée originale, et l’autre vient à Rome pour le dénoncer. ” » (p. 121-122)
En 1952, il était brutalement congédié du diocèse de Paris où il préparait deux thèses, pour avoir prononcé à Nantes une conférence sur « Le MRP, fourrier du marxisme ».
Recueilli par charité dans un collège d’oratoriens, à Pontoise, il n’y fit pas davantage long feu. Juste le temps de nous récolter au passage, frère Gérard et moi. Car il fut très vite évident à nos yeux que c’était lui qu’il fallait suivre, malgré tous les avis contraires (…). Il nous a donc entraînés en nous avertissant que, si nous voulions le suivre, ce serait dur...
« Nous sommes engagés dans un terrible et dur combat, dont l’issue est incertaine [...]. Alors, il faut se taire, prier, se préparer longuement. C’est pour cela que depuis dix ans on me rejette, épure et envoie en exil, chaque fois je me suis laissé faire ; je ne concevais pas comme immédiatement possible la lutte ouverte. C’est trop grave et il vaut mieux attendre l’Heure de Dieu [...].À l’extrême limite, notre action politique pour la France pourrait s’avérer inutile. Mais si l’âme accepte tout cela comme une action religieuse, nous ne craignons plus rien de l’avenir. Le pire, qui est le martyre, est pour nous le meilleur. » (p. 155)
Il aura le martyre, sous une forme inédite : (…) le long chemin de croix d’une opposition motivée à la hiérarchie. Chose crucifiante pour un dévot du Pape, condamné à exprimer des “ remontrances ” de plus en plus véhémentes à l’autorité qu’il vénère le plus au monde.
Les dix premières années de sacerdoce, 1948-1958, se sont donc écoulées avec bien des “ traverses ” mais enfin, sous la houlette tutélaire du grand pape Pie XII, immensément admiré. Elles se sont achevées par la fondation de notre communauté à Villemaur sous la houlette de Mgr Le Couëdic, évêque de Troyes, non seulement consentant, mais très bienveillant.
« Monsieur le curé ».
Suivent cinq années de ministère paroissial d’une merveilleuse fécondité, dans les formes traditionnelles que le Concile va bientôt abolir, mais comme une vitrine de ce qu’il faudra reconstruire demain, à l’heure de Dieu.
« Le prêtre est l’homme de Dieu, celui qui élève les regards vers Dieu, en remplit les intelligences et les cœurs, et toute la vie des hommes. Sa soutane (oh ! bien-aimée...) témoigne de ce souci supérieur, sa vie simple et frugale, son ministère continuel rappellent sans cesse à ses fidèles, et aux autres, que Dieu existe, les aime et les appelle. Sa parole y ajoute une définition claire des volontés de Dieu ; enfin le culte liturgique et la prière emportent les âmes vers Dieu dans une préfiguration de la vie éternelle.
« Le prêtre est aussi, est donc un signe de contradiction, et cela prend, selon les paroisses et les circonstances, les formes que Dieu veut... Le Dieu qu’il porte en lui, et qu’il donne, le fait estimer et aimer infiniment des bons, il le fait détester et haïr des mauvais. » (p. 196)
De fait ! cet apostolat traditionnel, d’abord soutenu par Mgr Le Couëdic, “ traditionaliste et marial ”, se heurta au mouvement “ réformiste ”, déjà à l’œuvre, que notre Père n’hésitait pas à qualifier d’Antichrist. Trente-deux Lettres à mes amis, rédigées d’octobre 1959 à mai 1963, intitulées “ Le mystère de l’Église et l’Antichrist ”, dénoncent (…) le progressisme comme « l’hérésie nouvelle plus grave que les pires du temps passé ». Doublée d’une mystique dépravée (…) cette hérésie « conduit infailliblement celui qui s’y livre à combattre de toutes manières et sur tous les terrains l’Église de Jésus-Christ et finalement à renier la vraie foi pour s’enrôler dans la grande armée de l’Antichrist ».
« Celui qui a vu cela ne peut plus se taire !... » (p. 184)
Et il ne se taira plus.
Deux camps se formèrent dans le doyenné.
L’évêque renonça à défendre son “ meilleur prêtre ”, comme il disait lui-même, ou plutôt il le renia pour sa défense de l’Algérie française, car il était passionnément gaulliste ! Au même moment, frère Gérard et moi nous voyions refuser les ordres par le Conseil des directeurs du séminaire, pour les mêmes raisons.
15 septembre 1963, fondation de la maison Saint-Joseph. Commencement de notre vie de communauté, selon notre Règle approuvée... à Rome, à condition de renoncer à défendre l’Algérie française, la décolonisation étant le nouveau dogme de la foi de nos évêques, en passe de devenir un principe de subversion étendu à la terre entière par le Concile.
La première année du pontificat de Paul VI se déroule dans l’expectative. Mais l’encyclique Ecclesiam suam, du 6 août 1964, lève toute équivoque : le pape Paul VI est acquis au “ réformisme ”, et travaillera à la réforme de l’Église jusqu’à sa mort, le 6 août 1978.
Notre Père se dressera, courageusement, seul. Lâché par Mgr Lefebvre, dont il dénonce et le schisme et l’erreur, l’hérésie, sur le chapitre des sacrements dont ce prélat niait la validité dans les nouveaux rites et dont le tome 9 de la CRC constitue un traité sans équivalent.
« LA GRANDE AFFAIRE DE MA VIE »
Au soir du 16 octobre 1978, lorsque nous vîmes apparaître sur l’écran de télévision le nouveau Pape, athlétique, lançant de la loggia de Saint-Pierre à la foule romaine et au monde son “ N’ayez pas peur ! ” pour la première fois depuis vingt-cinq ans, je vis notre Père avoir peur et le dire : « Je ne voudrais pas me trouver en face de lui ! »
Les craintes ne tardèrent pas à se vérifier. (…)
Lorsque se confirma l’orientation du nouveau pontificat, avec la publication de l’encyclique Redemptor hominis (15 mars 1979), « l’angoisse sacrée ressentie pour l’Église, pour nos patries dont le salut en dépend tout entier », mit fin à l’expectative de notre Père, lui dictant son devoir de « dire et publier les raisons certaines de mon angoisse qui, à ce coup pressenti et redouté, dépasse tout ce que j’ai éprouvé jusqu’à ce jour » (p. 320).
« C’est notre combat de Contre-Réforme catholique qui continue, dans l’angoisse mais dans l’espérance. »
Dès le mois d’avril disparaissait du bandeau de La Contre-Réforme catholique au XXe siècle la deuxième partie ajoutée au lendemain de l’élection de Jean-Paul Ier :La Renaissance catholique. Le nouveau Pape allait au contraire aggraver la ruine de la Chrétienté en semant partout la révolution en même temps que l’apostasie.
L’attentat dont fut victime Jean-Paul II le 13 mai 1981, place Saint-Pierre, loin de lui ouvrir les yeux mit le comble à “ l’illusion polonaise ” qui l’habitait, en le faisant passer pour un martyr. Mais l’avertissement du Ciel ne fut pas perdu pour tout le monde. Notre Père entreprit une étude approfondie du message de Notre-Dame de Fatima afin de répondre, pour sa part, à la volonté de Dieu d’établir dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, et découvrir la clef de l’orthodromie divine au sein d’une actualité chaotique.
L’APPEL AU JUGEMENT DE DIEU.
Cette dévotion, et la lumière qu’elle répand sur le cours des événements, ne fit que grandir dans le cœur et l’âme de notre Père, jusqu’à prendre toute la place, au cours des trente années qui lui restaient à vivre, à travailler, à combattre, à souffrir.
Le culte de Notre-Dame de Fatima est en effet le seul antidote au culte de l’homme. Ce sera la conclusion du Livre d’accusation, le deuxième, « contre les errements de doctrine, les actes dissidents et schismatiques, les scandales enfin qui foisonnent » sous le règne d’un Pape « novateur » et « corrupteur » :
« Il est une Personne qui vous juge, lui écrivait-il, de la part de Dieu, dans la Gloire de qui elle trône et va faire justice à son peuple, c’est la très Immaculée Vierge Marie, Mère de Dieu. »
Le 1er novembre 1984, lors de la session de Toussaint, notre Père fondait la Phalange catholique, royaliste, communière, sous le patronage du P. de Foucauld, pour faire pièce au “ Renouveau charismatique ” et aux J. M. J. lancées cette année-là par Jean-Paul II à Rome pour la fête des Rameaux, « réplique diabolique de ce que nous sommes inspirés de faire : de ne plus vivre que de Jésus-Christ, d’occuper vraiment toutes nos pensées et nos affections de lui, de régler toute notre vie sur lui ».(…)
« La Phalange, c’est Noël chez nous, c’est l’inverse de 1789 : c’est dans les cœurs, pour être un jour dans les institutions, l’intronisation de notre Roi, de notre Reine, de Jésus et Marie, pour le règne libérateur et le triomphe universel de leur très unique et sacré Cœur ! » (p. 340)
En juillet 1984, quatre sœurs de Sainte-Marie s’envolaient à destination du Canada, pour achever la fondation entreprise par les frères deux ans auparavant. Il y a là tout un mystère, et dans la fondation de la Phalange et dans l’envoi des sœurs : « J’avais intimement promis à Dieu, ou plus exactement c’est Lui qui sembla réclamer ces deux choses, si l’Échéance annoncée en laissait le temps et la liberté. Donc, il faut le faire... »
« L’échéance annoncée » était celle de l’année 1983, où la puissance soviétique devait atteindre une supériorité écrasante sur tout ce qui pouvait lui être opposé, non seulement par l’Europe, mais même par les Américains. Aussi l’abbé de Nantes ne s’était-il pas contenté d’annoncer cette “Échéance 83 ” dans ses analyses de l’actualité, à la “ Mutu ”, mais il avait lancé une campagne de prière et de pénitence par de grandes réunions publiques dès 1981 pour que nous soyons épargnés... et il fut exaucé ! Toutes sortes d’événements contraires obligèrent les Russes à abandonner leurs projets d’invasion de l’Europe, et conduisirent l’Urss à l’effondrement en 1989.
Mais dans l’Église, le Pape n’en poursuivait pas moins son grand dessein : le 25 janvier 1986, en clôturant la Semaine pour l’unité des chrétiens, il annonça avoir invité les “ chefs de religions du monde ” à se réunir à Assise pour une « rencontre spéciale de prière et de paix ». C’en était trop ! (…) Georges de Nantes, en appelait au Jugement de Dieu dans une lettre ouverte au cardinal Lustiger, son ancien confrère de séminaire.
Dans l’année qui courrait du 8 décembre 1986 au 8 décembre 1987, « que celui qui erre soit frappé par Dieu de mort, et que l’autre soit épargné ».
Cette “ année de la foi ” s’écoula en une supplication instante et un abandon filial au bon plaisir de notre Père du Ciel, dans le “ camp ” du “ champion ” de la foi catholique immuable, rejetant sa contradiction conciliaire et pontificale.
Du côté du cardinal, garant de la doctrine nouvelle de la liberté de religion considérée comme un droit naturel de l’homme en société, il en allait tout autrement. Loin d’en appeler à Dieu et le laisser seul Maître de la sentence, le cardinal s’empressait de faire paraître la veille de l’échéance du 8 décembre 1987 son livre intitulé “ Le choix de Dieu ”, se substituant lui-même au juge : c’est moi, dit-il, que Dieu a choisi, et de Nantes est exclu !
Et le pape Jean-Paul II confirmait la Réponse du Seigneur, le “ Jugement de Dieu ” émané du tout-puissant archevêque de Paris, en affirmant le 8 décembre, « le droit de tout homme, imprescriptible, inviolable, à la liberté sociale en matière de religion ». (…)
« Il m’est donc absolument clair que Dieu Tout-Puissant n’a pas voulu répondre à mon, à notre Appel, parce qu’Il était déjà trop évidemment insulté, blasphémé, et sa Sainte Mère également, pour se sentir enclin à donner des signes surérogatoires à cette “ génération perverse et adultère ”.
« L’effet de cette claire lumière est de légitimer et légaliser à mes propres yeux, et aux yeux de ceux qui ont la même certitude, mon œuvre dans ses deux efforts constants, majeurs et tout à fait principaux : la lutte dogmatique et canonique contre la Réforme conciliaire et pontificale, menée publiquement et fortement depuis vingt-cinq ans ; et la lutte contre tous les autres mouvements traditionalistes, schismatiques ou ralliés, libéraux, modérés, charismatiques, qui évitent cette défense de la foi tout à fait première et seule absolument catholique, hors de laquelle il n’y a pas de salut, sinon pour les gens sans intelligence. » (p. 351)
DISSIDENCES ET RENIEMENTS.
En conférant le 30 juin 1988, sans mandat pontifical et contre la volonté du Souverain Pontife, la consécration épiscopale à quatre prêtres de sa Fraternité sacerdotale, Mgr Lefebvre consommait sa rupture avec l’Église. Tandis que Jean-Marie Le Pen divisant la droite, faisait le jeu de François Mitterrand aux élections présidentielles. Des dissensions éclatèrent au sujet de ces deux trahisons, au sein de la Phalange, la menaçant de faire naufrage (…).
Mais non ! « (…) la CRC, agitée par les flots, cependant ne coulera pas. »
« La Communion phalangiste est dissoute. Une Nouvelle Phalange renaît de ses cendres. » (p. 353)
1988 fut aussi l’année du reniement du Saint Suaire solennellement prononcé par le cardinal Ballestrero, archevêque de Turin et gardien de cette insigne Relique de la mort et de la résurrection du Seigneur, le 13 octobre ! Une frauduleuse datation au carbone 14 la jeta au décri public en la qualifiant de “ faux médiéval ”.
Après son éclatante réhabilitation scientifique devant 2 500 fidèles rassemblés dans la grande salle de la Mutualité à Paris, le 27 novembre 1988, l’abbé de Nantes voulut reprendre en main ses troupes et, pour nous délivrer à jamais de la maladie qui gangrène la droite française et le traditionalisme catholique depuis plusieurs décennies, décida de “ Sanctifier 1989 par la grâce de la Sainte Face de Jésus-Christ ”. » (p. 353)
Pour le bicentenaire d’une révolution “ satanique ” dans son essence, c’était provoquer les puissances infernales.
C’est alors que l’enfer se déchaîna pour anéantir la maison Sainte-Marie, prunelle de l’œil de notre Père. Pour mater cette révolte-là, il fallut toute l’humilité d’un saint et le génie stratégique d’un chef ! Et lorsque le calme fut revenu, nos communautés prirent un nouveau départ, comme si elles avaient été délivrées de ce qui les entravait dans leur élan vers le but que leur fondateur, docteur mystique de la foi catholique, leur fixait, en les engageant dans ce qu’il appelait le « chemin bas de la perfection ».
Et lui retrouvait toute sa liberté de nous distribuer le pain célestiel de sa doctrine catholique, royaliste, communière, rassemblée dans les 150 Points de la Phalange, savoureuse (…).
Les années 1990-1996 seront d’une très grande fécondité (…) : réhabilitation du Saint Suaire, et défense et illustration du message de Fatima.
Une enquête auprès des trois laboratoires impliqués dans la datation du Saint Suaire nous conduisit à découvrir et dénoncer la substitution d’un échantillon du bas Moyen Âge à celui du Saint Suaire.
Une critique attentive des textes nous permit de démasquer la falsification du témoignage de sœur Lucie relatif à la consécration de la Russie.
Surtout, s’appliquant à expliquer la doctrine de Jean-Paul II « dogme complet, article par article, d’un nouveau culte de l’homme, d’apparence encore chrétienne... » fondé sur une métaphysique de type hégélien, notre Père en arrivait à montrer qu’ « il y a, dans l’enseignement du Pape, authentique tant que vous voudrez, mais point du tout “ ordinaire ” ni “ extraordinaire ”, novateur et déviant plus qu’on puisse et doive supporter ! un progrès dans l’audace et dans la fusion des contradictoires en une proposition gnostique du mystère de l’homme et de Dieu qui ne sont qu’un ». (…)
« C’est une transposition, ou une sublimation onirique, de la théologie catholique, dans le sens plus que millénaire de la gnose des grands initiés, où les mystères divins se libèrent de leurs cadres chrétiens et catholiques, pour se révéler universels. Ce qui est dit de l’Église est secrètement accordé à l’humanité entière, ce qui est attribué aux chrétiens en vertu de leur foi et de leur baptême est comme déjà possédé, incognito, à l’état de “ semences du Verbe ” par tout homme religieux, ou de “ semences évangéliques ” en toute âme de bonne volonté préoccupée du bien de ses semblables et du progrès de l’humanité. » (p. 385)
C’est ce que l’abbé de Nantes appellera la “ gnose unanimiste ” du pape Jean-Paul II.
Cet aboutissement du concile Vatican II avait été prévu par notre Père en 1991 :
« Le grand fleuve solennel de l’Église romaine se jette, par le delta s’élargissant à l’infini de la réforme conciliaire, dans l’océan de la religiosité universelle où il aspire à se perdre. Au lieu de remonter vers sa source pour s’y purifier et vivifier, à l’instar des réformes de jadis, c’est la descente rapide vers le cloaque du monde païen et les eaux mêlées de l’apostasie. » (p. 365)
L’APPEL AU MAGISTÈRE.
Le 13 mai 1993, au matin, nous arrivions à Rome (…) comme des suppliants innocents :
« En 1968, j’étais seul. En 1973, nous étions soixante ; en 1983, deux cents ; et aujourd’hui deux cent soixante-sept... petite communauté priante, consciente, très motivée. C’est l’événement de notre vie. » (p. 371)
Cette fois, le troisième “ Livre d’accusation ” dénonce les douze hérésies majeures du Catéchisme de l’Église Catholique (C. E. C.), publié le 11 octobre 1992, pour le trentième anniversaire du Concile :
Pour la quatrième fois, l’autorité se dérobera, contrevenant aux « dispositions du droit canonique, selon lesquelles : “ En raison de la primauté du Pontife romain, tout fidèle peut librement déférer au jugement du Saint-Siège, ou introduire auprès de lui toute cause contentieuse ou pénale, à n’importe quel degré de juridiction et à n’importe quel moment du procès. ” (canon 1417 § 1)
« Les trois Livres d’accusation obéissent très précisément au canon 1502 :
“ Qui veut assigner quelqu’un en justice doit présenter au juge compétent un libelle exposant l’objet du litige et demandant l’intervention du juge. ”
« Alors, comment se fait-il que nous n’ayons obtenu aucune réponse ? Je vais vous le dire ; c’est très simple :
“ Si dans le mois qui suit la présentation du libelle, le juge n’a pas émis de décret d’acceptation ou de rejet selon le canon 1505, la partie intéressée peut lui adresser une requête pour qu’il s’acquitte de sa fonction ; si, malgré cela, le juge ne s’est pas prononcé dans les dix jours après la requête, le libelle sera considéré comme admis ” (canon 1506).
« Autrement dit : “ Qui ne dit mot consent ”... Le silence de Rome est extraordinairement éloquent. Il prouve que la foi catholique n’a pas encore été modifiée, altérée, corrompue dans l’âme virginale de l’Église : “ L’atteste ce Libelle d’accusation qui reste dans les archives du palais du Saint-Office, et dans les cœurs tourmentés de ceux qui espéraient changer la foi catholique en changeant le catéchisme des siècles en un nouveau Catéchisme de l’Église catholique. ” » (p. 378-379)
Tandis que le Saint-Père persistera à se détourner de la voie indiquée, l’abbé de Nantes s’y engagera sans esprit de retour, et sa Phalange avec lui.
LE SCEAU DU SACRIFICE
En juillet 1993, notre Père se vit proposer par le Sacré-Cœur de Jésus un contrat. On lit en effet dans son cahier phalangiste, à la date du 4 juillet :
« Hier, 3 juillet 1993, je me suis trouvé intérieurement très bouleversé par une sorte de marché qui m’était proposé, donc imposé par mon unique Maître et Sauveur, ma Sainte Mère y participant des deux côtés, de Lui et de moi : plutôt que le martyre maintenant, vingt-cinq ans de vie pour porter du fruit, mais à condition que celle-ci soit déjà une sorte de mort corporelle dont la façon doit se tirer de la consécration formulée par mère Marie du Divin Cœur.
« Voilà ! C’est tout, c’est bref. J’ai dit oui. »
1993 + 25 = 2018.
Les vingt-cinq ans promis ont été réduits à dix-sept : dix-sept années qui ont été « une sorte de mort corporelle » oui ! mais « pour porter du fruit », certes ! tellement que le Bon Dieu a bien voulu considérer que le contrat avait été largement rempli avant l’heure fixée ; la récompense est donc venue plus tôt que prévu...
Il eut, cette année-là, l’inspiration de ce qu’il appelait « la plus pieuse invention de ma vie et la plus merveilleuse », qui fut de prendre la liberté de réciter le chapelet d’une manière plus amoureuse, changeant le traditionnel “ Je vous salue ” en “ Je vous aime, ô Marie ! ”
Un incendie embrasa son cœur et le nôtre : “ circumincessante charité ” communicative, titre et thème de la retraite qu’il nous prêcha en 1993. Contre-feu à la gnose antichrist de Jean-Paul II qui semait la « ruine » dans le monde au nom de la Liberté.
Au mois de mai 1994, sous le titre “ La Ligue ira en pèlerinage à Fatima le 13 octobre 1996 ”, il annonçait à ses amis qu’il se rendrait à Fatima :
« Mort ou vif, j’irai. » (p. 387)
Il fallait entreprendre cette Croisade « en toute sagesse, contre le démon, contre le monde et contre nous-mêmes, au Nom de l’Immaculée Mère de Dieu, médiatrice, auxiliatrice ». (…)
Ce fut le début de sa montée du Calvaire. Comme Jésus, avant de souffrir, institua le sacrement de l’Eucharistie, il nous expliqua le “ mystère de foi ” de la Messe, au cours de notre retraite de 1994, en “ docteur mystique ” dont l’enseignement nourrit la dévotion des Petits frères et Petites sœurs du Sacré-Cœur eucharistique de Jésus. En quoi consiste-t-elle ? À « découvrir qu’il y a en ce Cœur eucharistique de Jésus-Marie, et jusqu’à la fin du monde, un souci tel de nous sauver qu’il revient sur tous les autels réitérer son sacrifice, pour nous en distribuer le fruit » qui est la pureté, “ pureté positive ” capable de tenir nos Maisons et nos familles à l’abri de la corruption d’un monde luxurieux.
La convergence de cette doctrine avec le message de l’Ange de l’Eucharistie à Fatima nous préparait à notre pèlerinage en nous forgeant une âme de “ Croisés eucharistiques ”, en même temps que de bâtisseurs de cathédrale !
En août 1995, notre Père pouvait écrire : « Les retraites, les conférences, les méditations, nos “ Logia ”, nos sessions et nos camps ont apporté des pierres, des matériaux très divers, dont nous n’apercevions pas à quel point ils étaient préconçus pour constituer un jour une cathédrale de lumière. Maintenant, nous sommes parvenus au moment d’ajuster et de cimenter tout cela, à la gloire de Marie, Notre-Dame du Rosaire, de Fatima, dont le message, comme celui de Paray-le-Monial, nous est une révélation de vérité et d’amour capitale. » (p. 395)
Dans cette « cathédrale de lumière », auprès de “ sainte Thérèse nouvelle ”, miniature de l’Immaculée, et de saint François de Sales, docteur de l’amour, notre Père entreprit de mettre en valeur l’œuvre de Duns Scot et son idéal franciscain. Lui-même tertiaire franciscain mais plus thomiste que scotiste, il ne découvrit que sur le tard le jugement critique de Duns Scot sur les métaphysiciens de son époque où les universités passèrent, non sans protestations et tumultes, de la souveraineté séculaire de la foi, mystique, à la domination de la philosophie rationnelle, aristotélicienne et... thomiste.
Ce renfort apporté à sa propre critique du thomisme (plus que de saint Thomas) (…), le confirmait dans sa résolution de « trouver dans nos Écritures sacrées et nos dogmes catholiques, tous les principes, les idées, le vocabulaire nécessaires à notre foi vivante, à notre modeste familiarité avec ses mystères, et d’abord avec notre Dieu dans la plénitude de sa Circumincession trinitaire » (p. 396).
L’IMMACULÉE D’ABORD !
C’est alors que l’enfer se déchaîna de nouveau pour renverser cette « cathédrale de lumière » et mêler aux “ stations ” de notre Croisade des persécutions... jusqu’à empêcher son initiateur d’y prendre part. Exilé en 1996 en Suisse, il demeura cent jours, emprisonné dans un monastère cistercien (…). Mais il produisit là le fruit achevé de « la grande affaire de toute sa vie » : un “ pamphlet mystique ”, la plus salubre et la plus salutaire des œuvres théologiques du vingtième siècle, capable d’ouvrir les yeux de la hiérarchie à l’heure de Dieu et, en attendant, de conserver le dogme de la foi dans les âmes qui savent lire, rédigé avec le secours de la Sainte Vierge imploré sans relâche.
À la veille de partir pour l’exil, afin de « disparaître un moment dans l’ombre du sanctuaire pour donner encore une chance à la paix », il signe pour la première fois “ frère Georges de Jésus-Marie ” et, pour être sûr qu’il pardonne à ses calomniateurs, il nous enseigne une nouvelle pratique : « Faire le signe de croix et ajouter en mettant la main droite sur le milieu de la poitrine : “ Par l’Immaculée Conception, notre Mère à tous, à jamais ! ” » (p. 405)
Mgr Daucourt, étant grand prêtre en notre diocèse de Troyes, prophétisa en lui écrivant : « Vous voici à une nouvelle étape de votre vie. Qu’elle soit celle d’un chemin de paix qui vous prépare à la grande rencontre du Seigneur. » Il ne pouvait mieux décrire à l’avance le cours des quatorze années qui restaient à vivre à celui qu’il envoyait en exil pour y mourir.
Ce ne fut pas sans livrer d’abord un combat singulier avec le diable, chapelet en main, en “ revisitant ” (…) les Actes du concile Vatican II et en vérifiant leur caractère hérétique, schismatique et scandaleux, souvent absurde et contraire au simple bon sens.
Ce fut Vatican II, Autodafé (…). « La cause de la ruine de l’Église est là, sous mon scalpel, qu’il faut éradiquer », écrivait-il à son retour d’exil, en éditorial de la CRC (n° 329, janvier 1997), trois ans avant le dévoilement du “ troisième Secret ” de Fatima, qui devait révéler au monde le tableau de cette « grande ville à moitié en ruine », montrée par avance, le 13 juillet 1917, à Lucie, François et Jacinthe.
De ce terrible combat, soutenu dans « l’abjection et l’oubli acceptés sans limite pour l’amour du Christ », notre Père sortit vainqueur mais blessé. Sans cesser pour autant de moudre le plus pur froment de sa doctrine mystique, avec cette plénitude qui le fera un jour proclamer docteur de l’Église. Deux mots résument cette savoureuse et divine sagesse, eucharistique et mariale : Tendresse et dévotion. Sous ce titre, il nous prêcha sa dernière retraite (1998). Par quoi il se veut « “ l’anti-Freud ” du vingtième siècle ».
Il lui restait à gravir son chemin de croix. Après s’être toute sa vie identifié à l’Église pour prêcher sa Parole à temps et à contretemps, il lui restait à vivre son épreuve, à la mimer pour ainsi dire, en entrant dans ce silence impressionnant qui ne fit que s’épaissir jusqu’à sa bienheureuse mort, le 15 février 2010. Silence de l’Église qui ne prêche plus la vérité de son Époux Jésus-Christ. Mais l’ami de l’Époux, mort, parle encore (…) de l’Épouse, dont le nom est Immaculée Conception, Elle seule est victorieuse de toutes les hérésies qui ont pour principe le libéralisme et le rationalisme, tête du serpent qu’Elle écrase de son pied virginal. (…)
Il s’ensuivit un triduum tout consacré au Cœur Immaculé de la Vierge Marie, où fut prise « une décision innocente et douce comme la Colombe, mais dure et tranchante comme l’épée du Seigneur des seigneurs et Roi des rois : celle de placer dorénavant la Sainte Vierge Marie absolument au-dessus de toutes nos affections de cœur, de toutes nos convictions et pensées, de toutes nos œuvres extérieures et de tous nos désirs » (p. 422-423).
En effet, depuis la définition du dogme de l’Immaculée Conception en 1854, et les apparitions de Lourdes quatre ans plus tard, où elle a dit : « Je suis l’Immaculée Conception », il y a dans ce “ nom ” un trésor encore inexploité, une révélation formidable à répandre dans le monde entier.
On n’est plus dans le domaine de la simple dévotion, mais dans celui de la vérité dogmatique, objet d’une définition infaillible et d’une confirmation céleste (p. 423-424).
Alors, ne nous étonnons pas de voir l’Immaculée le prendre au mot lorsqu’il déclare lui « passer la main », le 3 janvier 1998. Le temps de la « mort corporelle », à laquelle il avait consenti en 1993, dans son “ contrat ” avec le Sacré-Cœur, était venu.
Première hospitalisation le 3 mars 1998, qui sera suivi de nombreuses autres, rythmant un lent anéantissement de toutes ses facultés d’expression qu’il avait si brillamment exercées pendant toute une vie de combat, pour le seul salut de nos âmes et le service de l’Église.
Avec, au cœur, l’espérance surnaturelle et la certitude inconfusible du triomphe de l’Immaculée, assortie de la décision de la nommer dans la récitation privée de notre Credo, avant l’Église :
« Pourquoi ? Parce qu’Elle est plus. Elle est sa “ Mère ”, disait Paul VI, ce n’est pas suffisant ! Elle est immaculée, Elle est l’Immaculée Conception. Quand vous comprendrez ce que cela veut dire, vous comprendrez qu’Elle passe avant toute l’Église, tout le reste : les curés, les évêques, les cardinaux et le Pape. Et quand Elle parle, pour dire qu’Elle veut sauver l’humanité, qu’Elle est envoyée par son Fils pour inaugurer son propre Royaume à Elle, qu’Elle dit : “ Je veux ceci, je veux cela ”, le Pape et les évêques n’ont qu’à dire : “ C’est vrai ou ce n’est pas vrai ”. Si c’est une illusion du diable, condamnez-la ! Si c’est la Sainte Vierge, inclinez-vous !
« Donc, je crois au Saint-Esprit, à l’Immaculée Conception de la Vierge Marie, c’est-à-dire à la Vierge Marie, tout de suite après le Saint-Esprit. » (p. 435-436)
Désormais, la mystique de notre Père s’enracine au cœur de la Volonté divine qui est, en nos temps qui sont les derniers, de tout sauver par le Cœur Immaculé de Marie. Son ultime conférence sera un commentaire du Secret de Notre-Dame de Fatima enfin dévoilé le 26 juin 2000, qui le remplit d’une immense espérance : celle de voir revenir le saint Pontife que Dieu nous avait donné, qui avait résolu d’obéir à Notre-Dame de Fatima en consacrant la Russie à son Cœur Immaculé, et qui fut assassiné par ses frères. Dès lors, il semble armé d’une patience à toute épreuve pour souffrir la longue agonie de l’Église pour l’Église, aggravée par la mort de frère Hugues, le 13 septembre 2002.
Il faudra faire un autre livre de ses Novissima verba, résumées par cette émouvante paraphrase du Cantique spirituel de saint Jean de la Croix, laissée inachevée :
- Jésus, où es-tu ? Mon Dieu disparu,
Où ? Pourquoi êtes-vous parti,
tandis que je dormais d’amour
entre vos bras ? Je suis sorti sur le seuil,
j’ai crié ! Mais toi, à grandes enjambées
tu marchais jusqu’au bout du monde,
sans te retourner... Où es-tu maintenant ! [...] - Ô mon père, ô ma mère, ô mes frères,
mes sœurs dont le souvenir
rafraîchit mes lèvres desséchées,
vous qui l’avez connu, si vous
le voyez encore, si vous le rencontrez,
dites-lui mon désarroi, ma peine,
mais ne lui cachez pas qu’encore
je l’aime et ne veux que lui sur la terre
et sans retour. - Mais quel est ce chemin ?
Qui me le montrera ?
(p. 465-466)
Il a trouvé maintenant.
Alors, marchons à sa suite. Bientôt, il essuiera les larmes de nos yeux, la sueur de nos fronts et le sang. Ce bon Père. Ainsi soit-il !
frère Bruno de Jésus-Marie.
Extraits de Il est ressuscité ! n° 121, octobre 2012, p 3 - 14.