Il est ressuscité !

N° 232 – Mai 2022

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


La consécration au Cœur Immaculé de Marie

C’EST le moment de faire preuve de “ traditionalisme intelligent ” préconisé par notre Père en conclusion de son étude des “ Grandes crises de l’Église ” (tome VII de la CRC).

Relisons l’acte de consécration au Cœur Immaculé de Marie prononcé par le pape François à Saint-Pierre le 25 mars, en la fête de l’Annonciation, après une cérémonie plus pénitentielle que festive, et bien consonante avec le ton et le contenu de cette ­Consécration. Numérotons les paragraphes comme il est de coutume pour analyser un document pontifical.

1. « Ô Marie, Mère de Dieu et notre Mère, en cette heure de tribulation nous avons recours à toi. Tu es Mère, tu nous aimes et tu nous connais : rien de tout ce à quoi nous tenons ne t’est caché. Mère de miséricorde, nous avons tant de fois fait l’expérience de ta tendresse providentielle, de ta présence qui ramène la paix, car tu nous guides toujours vers Jésus, Prince de la paix. »

Au plus loin d’un “ déisme interreligieux ”, en vertu duquel les “ saints ” prédécesseurs de François, Jean XXIII et Paul VI jugeaient l’expression « Mère de Dieu » inopportune, et au plus loin du “ christo­centrisme ” œcuménique des mêmes, lui préférant la protestante « Mère de Jésus », nous retrouvons ici le pape François des commencements, faisant acclamer la Théotokos du concile d’Éphèse, et demandant à la foule de proclamer tous ensemble et à haute voix « Sainte Marie, Mère de Dieu » !

C’est Elle qui nous conduit vers « Jésus, Prince de la paix », et personne autre ! Elle l’a montré à Fatima, en pleine guerre mondiale, le 13 mai 1917, en recommandant : « Récitez le chapelet tous les jours afin d’obtenir la paix pour le monde et la fin de la guerre. » À Lucie qui lui demandait : « Pouvez-vous me dire si la guerre durera encore longtemps, ou si elle va bientôt finir ?

 Je ne puis te le dire encore, tant que je ne t’ai pas dit aussi ce que je veux.

Elle dira ce qu’elle veut le 13 juillet :

« Je veux que vous veniez ici le 13 du mois qui vient, que vous continuiez à réciter le chapelet tous les jours en l’honneur de Notre-Dame du Rosaire, pour obtenir la paix du monde et la fin de la guerre, parce qu’Elle seule pourra vous secourir. »

2. « Mais nous avons perdu le chemin de la paix. Nous avons oublié la leçon des tragédies du siècle passé, le sacrifice de millions de morts des guerres mondiales. »

La « leçon » avait pourtant été clairement indiquée par Vous, « ô Marie, Mère de Dieu et notre Mère », le 13 juillet 1917 :

« La guerre va finir. Mais si l’on ne cesse d’offenser Dieu, sous le règne de Pie XI, en commencera une autre pire... Pour empêcher cela, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis. »

Pie XI a fait la sourde oreille. Il a fallu attendre ce 25 mars 2022 pour obtenir du Saint-Père cette consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie par le pape François au moment où menaçait un troisième embrasement mondial. Mais il manque encore la communion réparatrice des premiers samedis. Or il est urgent que le Pape la recommande au monde : « Si l’on écoute mes demandes, ajoutait Marie, la Russie se convertira et l’on aura la paix. »

Il est encore temps d’obéir à ces demandes de notre Divine Mère ! Sinon, prévient le pape François, « nous sommes en train de trahir les rêves de paix des peuples, et les espérances des jeunes. Nous sommes tombés malades d’avidité, nous nous sommes enfermés dans des intérêts nationalistes, nous nous sommes laissés dessécher par l’indifférence et paralyser par l’égoïsme. »

J’ai d’abord cru que le Pape s’en prenait au nationalisme, et je lui ai opposé Jeanne d’Arc... Mais un frère m’a fait remarquer que les « intérêts nationalistes » dont il s’agit ici sont des intérêts capitalistes liés à l’hérésie en Allemagne et en Angleterre, à la révolution en France par le truchement d’un “ pays légal ” qui la domine depuis deux siècles. Les fondements du « nationalisme » que déplore François sont intrinsèquement protestants et liés à la Contre-Église qui est la franc-maçonnerie, particulièrement aux USA où siège la « Communauté des Nations » dont le pape François confesse que nous avons « enfreint les engagements » sans comprendre les tenants et les aboutissants de cette géopolitique : les violences du nationalisme germanique avec ses avatars ou dérivés depuis la “ solution croate ” de naguère, jusqu’à la solution ukronazie aujourd’hui... Tout s’explique par la nocivité, la tromperie des grandes organisations internationales dominées par les USA et sataniquement vouées à la ruine des métropoles catholiques européennes.

C’est à ce monde-là que Vatican II s’est rallié, et c’est ce sida que ce Concile a inoculé dans l’Église par le truchement du droit social à la liberté religieuse. Résultat : « Nous nous sommes laissés dessécher par l’indifférence et paralyser par l’égoïsme. »

« Nous avons préféré ignorer Dieu », et donc tomber sous le pouvoir du diable. Le pape François en avait prévenu le collège des cardinaux lors de sa première allocution consistoriale. Ou le diable, ou le Bon Dieu ! Il n’y a pas de milieu. Or, le diable se laisse reconnaître à ses fruits, car il est menteur et homicide depuis le commencement des temps :

« Nous avons préféré ignorer Dieu, vivre avec nos faussetés, nourrir l’agressivité, supprimer des vies et accumuler des armes, en oubliant que nous sommes les gardiens de notre prochain et de la maison commune. Nous avons mutilé par la guerre le jardin de la Terre, nous avons blessé par le péché le Cœur de notre Père qui nous veut frères et sœurs. Nous sommes devenus indifférents à tous et à tout, sauf à nous-mêmes. Et avec honte nous disons : pardonne-nous, Seigneur ! »

Le pape François s’assied à la table des pécheurs, de « ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas, qui n’aiment pas », depuis le péché originel qui mutila « le Jardin de la Terre » et dressa Caïn contre Abel, et qui perça le Cœur de « notre Père qui nous veut frères et sœurs » en lui répondant qu’il n’était pas le gardien de son frère... après l’avoir assassiné !

3. « Dans la misère du péché, dans nos fatigues et nos fragilités, dans le mystère d’iniquité du mal et de la guerre», quel recours ? « Toi, Mère Sainte, tu nous rappelles que Dieu ne nous abandonne pas et qu’il continue à nous regarder avec amour, désireux de nous pardonner et de nous relever. C’est Lui qui t’a donnée à nous et qui a fait de ton Cœur Immaculé un refuge pour l’Église et pour l’humanité. »

Dès l’origine en promettant que de la “ semence ” de la “ Femme ” naîtrait un Sauveur qui écraserait la tête du Serpent, et jusqu’aujourd’hui où la Mère de Dieu dit à Lucie, le 13 juin 1917, après avoir annoncé aux trois enfants qu’Elle viendrait bientôt chercher Jacinthe et François, à Lucie qui se désolait de « rester ici toute seule », Marie répondit : « Non, ma fille. Tu souffres beaucoup ? Ne te décourage pas, je ne t’abandonnerai jamais ! Mon Cœur Immaculé sera ton refuge et le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu. »

C’est ainsi que « par bonté divine », Marie est « avec nous » et, au long des siècles « nous conduit avec tendresse, même dans les tournants les plus resserrés de l’histoire », selon une orthodromie divine !

C’est ici que prend tout son sens la “ consécration ” demandée par Marie, il y a cent ans, à son Cœur Immaculé, et qu’a accomplie le pape François :

4. « Nous recourons donc à Toi, nous frappons à la porte de ton Cœur, nous, tes chers enfants qu’en tout temps tu ne te lasses pas de visiter et d’inviter à la conversion”. En cette heure sombre, viens nous secourir et nous consoler. Répète à chacun d’entre nous :  Ne suis-je pas ici, moi qui suis ta Mère ?  Tu sais comment défaire les nœuds de notre cœur et de notre temps. Nous mettons notre confiance en toi. Nous sommes certains que tu ne méprises pas nos supplications et que tu viens à notre aide, en particulier au moment de l’épreuve. »

5. « C’est ce que tu as fait à Cana de Galilée, quand tu as hâté l’heure de l’intervention de Jésus et as introduit son premier signe dans le monde. Quand la fête était devenue triste, tu lui as dit : Ils n’ont pas de vin (Jn 2, 3). Répète-le encore à Dieu, ô Mère, car aujourd’hui nous avons épuisé le vin de l’espérance, la joie s’est dissipée, la fraternité s’est édulcorée. »

Exit “ Gaudium et spes ” !

« Nous avons perdu l’humanité, nous avons gâché la paix. Nous sommes devenus capables de toute violence et de toute destruction. Nous avons un besoin urgent de ton intervention maternelle. »

Admirable imploration que notre Père, l’abbé de Nantes, interprétait tout comme le Saint-Père aujourd’hui, avec quelle finesse ! quel amour ! pour nous faire entrer dans le Cœur Immaculé tout maternel de la Sainte Vierge et dans l’amour de plénitude que voue son divin Fils à ce Cœur Immaculé, et qui nous vaut aujourd’hui la grâce de la Consécration de la Russie. Dans le dessein de la Sagesse divine, c’est l’intercession de Marie qui obtient toutes les grâces pour toute l’humanité. Encore faut-il qu’on fasse appel à Elle. Ou plus exactement, même si nous ne faisons pas appel à Elle, Elle a une telle générosité que c’est Elle qui vient jusqu’à nous, au-devant de nos désirs et de nos besoins, pour les satisfaire, comme une maman n’attend pas que son enfant pleure parce qu’il a mal, qu’il a besoin d’être consolé, ou parce qu’il a faim ; elle devine le besoin de l’enfant, avant même que l’enfant n’en prenne conscience. C’est une scène absolument exquise. Nous voyons la Vierge, les yeux fixés sur son Époux, sur Dieu, pour donner la vie au monde, mais en même temps son regard plein de sollicitude est tourné vers nous.

« Ils n’ont plus de vin », dit-elle à Jésus. Elle ne demande rien. Elle fait seulement connaître à Jésus, non pas qu’ils n’ont plus de vin – Jésus l’a vu aussi bien qu’Elle – mais elle fait savoir à Jésus qu’elle a vu qu’ils n’ont plus de vin. Or, puisque Marie a vu qu’ils n’ont plus de vin, Jésus sait bien que Marie s’inquiète pour eux. Elle n’a même pas besoin de demander, le mouvement même de sollicitude émanée de son Cœur touche le Cœur de Jésus. « Qu’y a-t-il entre toi et moi ? » Réponse : rien ! « Je n’ai rien à vous refuser, ô Mère. »

Jésus laisse entendre qu’il va faire le miracle, bien que « mon heure ne soit pas encore venue ». Ce qui signifie qu’il va faire le miracle pour Elle. Elle se tourne vers les serviteurs : « Faites tout ce qu’il vous dira. »

Extraordinaire concordance, non pas “ fontale ”, parce qu’elle n’intervient pas dans le mystère de la Sainte Trinité, comme une vocation que la Vierge aurait reçue au début du temps ou dans l’acte de l’Incarnation, mais dans le souci quotidien de nos familles. La Vierge est là, présente, elle voit ; et dès qu’elle voit et parle à Jésus, nous sommes sûrs d’être exaucés : « Ne me dites pas, gracieuse Vierge, que vous ne pouvez, car votre bien-aimé Fils vous a donné toute puissance, tant au Ciel comme en la terre. » (saint François de Sales)

6. « Reçois donc, ô Mère, notre supplique. »

Le pape François développe cette supplique sous la forme d’une litanie aimante, tendre et pathétique.

7. « Toi, étoile de la mer, ne nous laisse pas sombrer dans la tempête de la guerre. »

Le pape François exprime la prière du Saint-Père, « Évêque vêtu de Blanc », contemplé le 13 juillet 1917, « dans une lumière immense qui est Dieu » par Lucie, François et Jacinthe : « À moitié tremblant, d’un pas vacillant, affligé de douleur et de peine, il priait pour les âmes des cadavres qu’il trouvait sur son chemin » :

« Toi, étoile de la mer, ne nous laisse pas sombrer dans la tempête de la guerre.

« Toi, arche de la nouvelle alliance, inspire des projets et des voies de réconciliation.

« Toi, “ terre du Ciel ”, ramène la concorde de Dieu dans le monde. »

Le Pape adresse à Notre-Dame de Fatima, en présence de sa statue, ces paroles inspirées par les premiers mots de Marie à Lucie le 13 mai 1917 : « Je suis du Ciel. »

« Éteins la haine, apaise la vengeance, enseigne-nous le pardon.

« Libère-nous de la guerre, préserve le monde de la menace nucléaire.

« Reine du Rosaire », c’est ainsi qu’elle s’est nommée le 13 octobre 1917,

« réveille en nous le besoin de prier et d’aimer », par le chapelet quotidien et la communion réparatrice des cinq premiers samedis du mois.

« Reine de la famille humaine », entre Jésus, ton Enfant, et Joseph, ton Époux, chef de la Sainte Famille, notre modèle,

« montre aux peuples la voie de la fraternité,

« Reine de la paix, obtiens la paix pour le monde », par la conversion de la Russie.

8. « Que tes pleurs, ô Mère», vue par sœur Lucie qui ne parvenait pas à faire entendre ton message au Saint-Père,

« émeuvent nos cœurs endurcis.

« Que les larmes que tu as versées pour nous fassent refleurir cette vallée que notre haine a asséchée. » Que la dévotion réparatrice à ton Cœur Immaculé arrose les âmes qui l’embrasseront et qui « seront chéries de Dieu, comme des fleurs placées par Toi pour orner son trône », selon ta promesse (13 mai 1917).

« Et, alors que ne se tait le bruit des armes, que ta prière nous dispose à la paix. Que tes mains maternelles caressent ceux qui souffrent et qui fuient sous le poids des bombes. Que ton étreinte maternelle console ceux qui sont contraints de quitter leurs maisons et leur pays. Que ton Cœur affligé nous entraîne à la compassion »

... pour ce Cœur entouré d’épines que les hommes ingrats y enfoncent à chaque instant par leurs blasphèmes et leurs ingratitudes (Pontevedra, 10 décembre 1925).

« ... et nous pousse à ouvrir les portes »... de notre cœur

« ... et à prendre soin de l’humanité blessée et rejetée » dont Lucie, François et Jacinthe ont vu « les âmes des pauvres pécheurs » tomber en enfer, parce que personne ne prie pour elles.

9. « Sainte Mère de Dieu, lorsque tu étais sous la croix»,

... « de troncs bruts, comme si elle était en chêne-liège avec l’écorce »,

... « Jésus, en voyant le disciple à tes côtés, t’a dit : Voici ton fils  (Jn 19, 26). Il t’a ainsi confié chacun d’entre nous. Puis au disciple, à chacun de nous, il a dit : Voici ta mère  (v. 27). Mère, nous désirons t’accueillir maintenant dans notre vie et dans notre histoire »

... par la dévotion réparatrice des premiers samedis du mois qui consolera ton Cœur transpercé, convertira la Russie et nous donnera la paix, selon ta promesse.

« En cette heure, l’humanité, épuisée et bouleversée, est sous la croix avec toi. Et elle a besoin de se confier à Toi, de se consacrer au Christ à travers Toi. Le peuple ukrainien et le peuple russe, qui te vénèrent avec amour, recourent à toi, tandis que ton Cœur bat pour eux et pour tous les peuples fauchés par la guerre, la faim, l’injustice et la misère. »

10. « Mère de Dieu et notre Mère, nous confions et consacrons solennellement à ton Cœur Immaculé nous-mêmes, l’Église et l’humanité tout entière, en particulier la Russie et l’Ukraine. »...

... qui ne faisaient qu’une communauté historique en 1929, lorsque la Sainte Vierge est revenue à Tuy demander « la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la Communion réparatrice des premiers samedis ».

« ... Accueille cet acte que nous accomplissons avec confiance et amour, fais que cesse la guerre, assure au monde la paix. Le oui  qui a jailli de ton Cœur a ouvert les portes de l’histoire au Prince de la paix ; nous espérons que la paix viendra encore par ton Cœur. Nous te consacrons l’avenir de toute la famille humaine, les nécessités et les attentes des peuples, les angoisses et les espérances du monde. »

11. « Qu’à travers toi, la Miséricorde divine se déverse sur la terre et que la douce palpitation de la paix recommence à rythmer nos journées. »

Comme promis ! « Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira, et il sera donné au monde un certain temps de paix. »

« Femme du oui ”, sur qui l’Esprit-Saint est descendu, ramène parmi nous l’harmonie de Dieu. Désaltère l’aridité de nos cœurs, toi qui es source vive d’espérance ”. Tu as tissé l’humanité de Jésus, fais de nous des artisans de communion. Tu as marché sur nos routes, guide-nous sur les chemins de la paix. Amen ! »

LA COMMUNION RÉPARATRICE DES PREMIERS SAMEDIS

Notre salut, en ce monde et en l’autre, dépend de notre obéissance à la volonté de Dieu. Quelle est cette volonté ? Notre-Dame du Rosaire l’a révélée à Fatima : « Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. » C’est tout ? Oui ! Il suffit de faire nôtre la prédilection du Cœur de Jésus pour la Vierge Immaculée, sa divine Mère. Le message de Notre-Dame du Rosaire n’est pas un message de colère. C’est la révélation du Cœur de Dieu et de ce qu’il a de plus précieux : DIEU VEUT que le Cœur Immaculé de Marie règne, parce qu’il aime, aime Marie plus que tout, d’un amour de prédilection sans égal, et IL VEUT qu’elle soit glorifiée, honorée, aimée, servie par toutes ses autres créatures, afin qu’Elle soit la Médiatrice universelle de leur salut.

Prier, demander pardon, offrir des sacrifices pour consoler les saints Cœurs de Jésus et de Marie de l’immense chagrin de voir les âmes des pauvres pécheurs tomber en enfer, « parce qu’elles n’ont personne qui se sacrifie et prie pour elles ».

Lucie raconte dans ses Mémoires : « Jacinthe me disait de temps en temps : Notre-Dame a dit que son Cœur Immaculé serait ton refuge et le chemin qui te conduirait jusqu’à Dieu. N’aimes-tu pas cela beaucoup ? Moi, j’aime tant son Cœur, il est si bon ! ” »

Parmi les oraisons jaculatoires que le Père Cruz leur avait apprises, Jacinthe avait choisi : Doux Cœur de Marie, soyez mon salut ! Cœur Immaculé de Marie, convertissez les pé­cheurs, sauvez les âmes de l’enfer !

« Peu de temps avant de partir à l’hôpital, elle me disait : Il ne me reste plus beaucoup de temps avant d’aller au Ciel. Toi, tu resteras ici, afin de dire que Dieu veut établir dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. Le moment venu de le dire, ne te cache pas. Dis à tout le monde que Dieu nous accorde ses grâces par le moyen du Cœur Immaculé de Marie ; que c’est à Elle qu’il faut les demander ; que le Cœur de Jésus veut qu’on vénère avec Lui le Cœur Immaculé de Marie ; que l’on demande la paix au Cœur Immaculé de Marie, car c’est à elle que Dieu l’a confiée. 

« “ Ah ! si je pouvais mettre dans tous les cœurs le feu que j’ai là, dans ma poitrine, et qui me brûle et me fait tant aimer le Cœur de Jésus et le Cœur de Marie ! ” » Comme il brûle dans le Cœur de notre Père du Ciel !

Il y va de l’avenir de l’Église et de la Chrétienté, car « à la fin, mon Cœur Immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira, et il sera donné au monde un certain temps de paix. » Le Cœur Immaculé de Marie est donc le souverain remède à tous nos maux, l’ultime et unique salut de nos âmes, de nos nations, de la Chrétienté tout entière, et enfin de l’Église romaine elle-même. Comment cela se fera-t-il ?

LES APPARITIONS DE PONTEVEDRA ET DE TUY.

François meurt le 4 avril 1919, et Jacinthe le 20 février 1920. Mgr da Silva fait entrer Lucie au collège de Vilar, tenu par les sœurs dorothées, pour y être instruite. Elle y restera du 17 juin 1921 au 24 octobre 1925, dans le plus complet incognito.

Elle ne quittera le collège que pour devenir postulante au noviciat des sœurs dorothées, à Pontevedra, le 25 octobre 1925. Elle n’a que dix-huit ans.

Dans la soirée du 10 décembre 1925, après le souper, notre jeune postulante s’est retirée dans sa cellule. C’est là qu’elle reçoit la visite de la Vierge et de l’Enfant Jésus, comme elle le relate elle-même, à la troisième personne, dans une lettre à son Père spirituel, le Père Aparicio :

LE 10 décembre 1925, la Très  Sainte Vierge lui apparut, et, à côté d’elle, porté par une nuée lumineuse, l’Enfant Jésus.

La Très Sainte Vierge mit la main sur son épaule et lui montra, en même temps, un Cœur entouré d’épines qu’elle tenait dans l’autre main.

Au même moment, l’Enfant lui dit :

« Aie compassion du Cœur de ta Très Sainte Mère entouré d’épines que les hommes ingrats lui enfoncent à tout moment, sans qu’il y ait personne pour faire acte de réparation afin de les en retirer. »

Ensuite, la Très Sainte Vierge lui dit :

« Vois, ma fille, mon Cœur en­touré d’épines que les hommes ingrats m’enfoncent à chaque instant par leurs blasphèmes et leurs ingratitudes.

« Toi, du moins, tâche de me consoler et dis que, à tous ceux qui, pendant cinq mois, le premier samedi, se confesseront, recevront la Sainte Communion, réciteront un chapelet en méditant les quinze mystères du Rosaire, en esprit de réparation, je promets de les assister à l’heure de la mort avec toutes les grâces nécessaires pour le salut de leur âme. »

Le 15 février 1926, Notre-Seigneur apparut de nouveau à sœur Lucie : « As-tu révélé au monde ce que la Mère du Ciel t’a demandé ? ” » Ayant dit cela, Il se transforma en un enfant resplendissant de lumière et donna à sœur Lucie des précisions pratiques concernant cette dévotion.

La Très Sainte Vierge accorde, avec une largesse incommensurable, la grâce de la persévérance finale, en raison de cet amour de complaisance de la Sainte Trinité envers leur Immaculée Conception. “ L’aide à mourir ”, c’est cela ; il n’en est point d’autre ; même sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, « la plus grande sainte des temps modernes », selon saint Pie X, doit sa couronne à cette grâce que l’on obtient en implorant cinquante fois par jour cette “ assistance ” par la récitation du chapelet : « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort... »

LES CONDITIONS D’UN MARCHE D’AMOUR.

Le premier article de ce marché d’amour qu’est la dévotion réparatrice est la confession du “ pauvre pécheur ”. Même sainte Bernadette à sa dernière heure, a imploré la miséricorde pour la « pécheresse » qu’elle confessait être. À plus forte raison l’âme qui a connu de misérables rechutes dans un péché grave, n’obtiendra-t-elle les grâces nécessaires de contrition parfaite à l’heure de la mort qu’en récitant le chapelet pour recevoir le pardon de « Notre Père », imploré pour commencer chaque dizaine et entrer au Ciel pour y chanter la gloire de Dieu dont la louange ponctue chaque dizaine : « Gloire soit au Père, au Fils et au Saint-­Esprit... »

Le “ premier samedi ” des cinq mois consécutifs s’inscrit dans l’immémoriale tradition de la piété catholique. Après avoir consacré la journée du vendredi à commémorer la Passion de Notre-Seigneur ­Jésus-Christ et à honorer son Sacré-Cœur, l’Église en vint à consacrer le samedi à sa Très Sainte Mère. Mais à Fatima, le 13 juin 1917, cinq ans, jour pour jour, après le 13 juin 1912 où saint Pie X indulgenciait “ la dévotion réparatrice des premiers samedis du mois ”, Notre-Dame apparaissait pour la deuxième fois à la Cova da Iria : « Devant la paume de la main droite de Notre-Dame se trouvait un Cœur, entouré d’épines qui semblaient s’y enfoncer. Nous avons compris, écrit Lucie, que c’était le Cœur Immaculé de Marie, outragé par les péchés de l’humanité, qui demandait réparation. »

Pourquoi cinq samedis ?

Sœur Lucie se trouvait à Tuy, lorsque Notre-­Seigneur lui répondit, dans la nuit du 29 au 30 mai 1930, pendant une Heure sainte qu’elle accomplissait à la chapelle :

JE me sentis soudain possédée plus  intimement par la divine présence et, si je ne me trompe, voici ce qui m’a été révélé :

« Ma fille, le motif en est simple. Il y a cinq espèces d’offenses et de blasphèmes proférés contre le Cœur Immaculé de Marie.

« Les blasphèmes contre l’Immaculée Conception.

« Les blasphèmes contre sa Virginité.

« Les blasphèmes contre sa Maternité divine, en refusant même de la reconnaître comme Mère des hommes.

« Les blasphèmes de ceux qui cherchent publiquement à mettre dans le cœur des enfants l’indifférence ou le mépris, ou même la haine à l’égard de cette Mère Immaculée.

« Les offenses de ceux qui l’outragent directement dans ses saintes images.

« Voilà, ma fille, le mo­tif pour lequel le Cœur Immaculé m’a inspiré de demander cette petite réparation... »

Notre-Dame descend du Ciel, envoyée sur la terre par la Sainte Trinité, pour que son Fils, lorsqu’il y reviendra lui-même, y trouve encore la foi, le dogme de la foi dans son Église. Celui-ci se résume dans la profession de foi dans les privilèges de Marie infailliblement définis par le magistère souverain, ou enseignés par le magistère ordinaire, et transmis de siècle en siècle par le peuple fidèle jusqu’à nous.

C’est pourquoi ceux qui nient ouvertement, en toute connaissance de cause et obstinément, les prérogatives de la “ divine Marie ”, commettent d’odieux blasphèmes et pèchent contre le Saint-Esprit. La dévotion “ réparatrice ” a pour intention principale de « consoler » le Cœur Immaculé de Marie de ces outrages qui le transpercent, par une confession de nos péchés offerte en esprit de réparation envers le Cœur Immaculé de Marie. Suivie par une communion offerte dans la même intention déjà formulée en 1916 par l’Ange précurseur après sa troisième apparition :

« Mangez et buvez le Corps et le Sang de Jésus-Christ, horriblement outragé par les hommes ingrats. Réparez leurs crimes et consolez votre Dieu. »

Après avoir pris leur repas, les enfants s’agenouillant, le visage contre terre, avaient récité la prière que l’Ange leur avait apprise lors de sa première apparition :

« Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime ! Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas, qui ne vous aiment pas ! »

Lucie raconte : « Je ne sais combien de fois nous avions répété cette prière lorsque nous vîmes briller au-dessus de nous une lumière inconnue. Nous nous sommes relevés pour voir ce qui se passait et nous avons revu l’Ange qui tenait dans sa main gauche un calice sur lequel était suspendue une Hostie de laquelle tombaient quelques gouttes de Sang dans le calice. Laissant le Calice et l’Hostie suspendus en l’air, il se prosterna près de nous jusqu’à terre et répéta trois fois cette prière :

« Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je vous adore profondément, et je vous offre les très précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ, présent dans tous les tabernacles de la terre, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels Il est lui-même offensé. Par les mérites infinis de son très Saint Cœur et du Cœur Immaculé de Marie, je vous demande la conversion des pauvres pécheurs.

« Puis, se relevant, il prit de nouveau dans ses mains le Calice et l’Hostie. Il me donna la Sainte Hostie et partagea le Sang du calice entre François et Jacinthe en disant en même temps :

 Mangez et buvez le Corps et le Sang de Jésus-Christ, horriblement outragé par les hommes ingrats. Réparez leurs crimes et consolez votre Dieu. »

En février 1946, le Père Jongen, montfortain hollandais, eut un entretien avec sœur Lucie pour éclaircir les doutes soulevés par le jésuite belge Dhanis :

« L’Ange a-t-il dit vraiment : Je vous offre la divinité de Jésus-Christ  ?

 Oui.

– Certains disent que c’est là une innovation dans la manière de parler de l’Église. Selon eux, vous avez dû vous tromper sur ce point.

 C’est peut-être l’Ange qui s’est trompé », dit la sœur en souriant.

Réponse digne de sainte Jeanne d’Arc et de sainte Bernadette. Non, ce n’est pas l’Ange qui s’est trompé, mais ce sont “ les théologiens ” qui méconnaissent la réalité du “ Cœur eucharistique ” de Jésus et Marie dont cette prière de l’Ange nous révèle le mystère, le secret. Pour ces théologiens, “ la divinité ” du Christ est une abstraction, une idée, un mot. Mais ils n’ont même pas l’intelligence de la Maternité divine de Marie par qui « le Verbe s’est fait chair ». Sœur Lucie en reçut la révélation, et notre Père, l’abbé de Nantes, en reçut l’intelligence du “ théologien ” au jour anniversaire de son ordination sacerdotale, et à l’école de sœur Lucie :

« En prenant l’Évangile, écrit sœur Lucie, j’ai vu que, depuis le commencement, Jésus-Christ a uni à son œuvre ré­demptrice le Cœur Immaculé de Celle qu’Il a ­choisie pour sa Mère. L’œuvre de notre Rédemption a commencé au moment où le Verbe est descendu du Ciel pour prendre un corps humain dans le sein de Marie. À partir de cet instant et pendant neuf mois, le sang du Christ était le sang de Marie, puisqu’il provenait de la source même de son Cœur Immaculé, et les palpitations du Cœur du Christ battaient à l’unisson des palpitations du Cœur de Marie.

« Nous pouvons aussi penser que, comme les aspirations du Cœur de Marie s’identifiaient absolument aux aspirations du Cœur du Christ, l’idéal de Marie devint le même que celui du Christ, et l’amour du Cœur de Marie fut l’amour du Cœur du Christ pour le Père et pour les hommes ; toute l’œuvre rédemptrice, dans son principe, passe par le Cœur Immaculé de Marie, grâce aux liens de son union si intime et si étroite avec le Verbe divin.

« Depuis que le Père a confié son Fils à Marie, en l’enfermant neuf mois dans son chaste sein virginal, selon l’Écriture. Or, tout ceci advint pour accomplir cet oracle prophétique du Seigneur : Voici que la Vierge concevra et enfantera un fils, auquel on donnera le nom d’Emmanuel. Nom qui se traduit : Dieu avec nous. ” (Mt 1, 22-23 ; Is 7, 14) »

« Dieu avec nous » ! Si Dieu est avec nous, est-il, parmi les biens que nous tenons de la Sainte Trinité, une meilleure offrande à lui présenter ?

LE CŒUR EUCHARISTIQUE DE JÉSUS-MARIE.

Lorsqu’il a construit cet autel pour nous, le grand-père de frère Thibaut et sœur Blanche-Marie a sculpté sur la porte du tabernacle les deux cœurs de Jésus et de Marie. C’est une expression de notre foi selon laquelle, d’une manière très mystérieuse, la Vierge Marie, depuis la Résurrection de Jésus et son Assomption à elle, jouit du même don d’ubiquité que le Corps de Jésus, que son humanité sainte. Si Jésus est dans le tabernacle avec son Corps, son Sang, son Âme et sa Divinité, nous affirmons que la Sainte Vierge est avec Lui.

C’est la grande révélation de la manifestation eucharistique et mariale dont sœur Lucie fut favorisée le 13 juin 1929 à Tuy. Non seulement la Sainte Vierge a vécu, tout le temps de sa vie terrestre, Cœur à Cœur avec Jésus, mais encore elle a reçu la mission de rester auprès des Apôtres, après l’Ascension de son Fils, comme ministre corédemptrice de l’Eucharistie. Elle est servante de Messe parce qu’elle se préoccupe de donner aux Apôtres, par sa prière, les grâces de leur fidélité dans leur fonction qui est la célébration de la Messe.

La Sainte Vierge nous aide à recevoir Jésus. Elle est l’Auxiliatrice des prêtres, qui administre le sacrement, et des fidèles qui le reçoivent. Le prêtre a une fonction, mais il est pris d’entre les fidèles, désireux comme eux de se nourrir du Corps et du Sang de Jésus, pour ne faire qu’un entre nous avec Jésus et Marie lorsqu’ils accomplissent leur grand dessein eucharistique par le Saint-Sacrifice de la Messe. Ce Saint-­Sacrifice paraît une action de grâces mariale, que nous aimons dans cette perspective parce que cette « action » nous unit à notre Mère, avec une joie grandissante, afin de mieux célébrer ce moment divin de chacune de nos journées.

C’est dans la dévotion à l’Eucharistie qu’on trouve le Sacré-Cœur, parce qu’il est lui-même eucharistique ; il brûle d’amour dans ce Très Saint-Sacrement. Saint Paul lui-même n’a pas su nous le dire, lui, « le moindre de tous les saints » à qui fut pourtant « confiée cette grâce-là, d’annoncer aux païens l’insondable richesse du Christ et de mettre en pleine lumière la dispensation du mystère, caché depuis des siècles en Dieu, le Créateur de toutes choses, pour que les Principautés et les Puissances célestes aient maintenant connaissance, par le moyen de l’Église, de la sagesse infinie en ressources déployées par Dieu en ce dessein éternel qu’il a conçu dans le Christ Jésus Notre-Seigneur, et qui nous donne d’oser nous approcher en toute confiance par le chemin de la foi au Christ (...). Ainsi vous recevrez la force de comprendre, avec tous les saints, ce qu’est la Largeur, la Longueur, la Hauteur et la Profondeur, vous connaîtrez l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance. » (Éphésiens 3, 8-19)

Il a fallu attendre saint Jean Eudes pour compléter l’énumération de saint Paul restée en suspens au moment de révéler le secret du secret de Jésus et Marie. En effet, c’est par le Cœur Immaculé de Marie que saint Jean Eudes a ouvert la porte à sainte ­Marguerite-Marie par qui nous avons appris « la Largeur, la Longueur, la Hauteur et la Profondeur »... de ce mystère de la sainte Eucharistie.

C’est là le « secret ». Non pas même la Consécration ni le sacrifice. C’est la “ communion ”, seul but de tous les travaux du Verbe fait chair. Tous les siècles des siècles ont été déroulés pour parvenir à ce moment sacré où Jésus vient dans notre cœur, en chacun d’entre nous dans son Corps, son Sang, son Âme, sa Divinité.

C’était un « secret », à ne pas dévoiler, dans les premiers temps de l’Église, le secret de l’arcane, à cause des horreurs répandues, par les juifs et les païens, au sujet de l’Eucharistie. Mais maintenant il n’y a plus de secret, et nous pouvons dire que la Sainte Vierge était un Cœur eucharistique. C’est pourquoi elle place au centre de la “ Dévotion réparatrice ” du premier samedi du mois, la communion à ce Corps qu’Elle a formé de son propre sang, et allaité de son lait virginal.

LE CHAPELET

Pour mesurer la “ Hauteur ”, la “ Largeur ”, la “ Longueur ”, et sonder la “ Profondeur ” du mystère, il faut réciter le chapelet, en méditant les mystères joyeux, douloureux et glorieux du Cœur très unique de Jésus-Marie.

Notre sainte religion consiste en plusieurs mystères. Le Fils de Dieu s’est fait homme : mystère de l’In­carnation d’un Dieu qui s’est fait pauvre pour nous donner sa richesse. Première révélation du Cœur de Jésus qui tient en cinq mystères joyeux.

Mystère de la Rédemption. Le Cœur eucharistique de Jésus nous a acquis le salut par sa mort sur la Croix après avoir institué la veille de sa Passion, le sacerdoce et l’Eucharistie afin d’être ensuite, après sa résurrection, chaque jour de l’histoire du monde, près de tous les hommes de tous les temps et de tous les pays, pour en distribuer les fruits par le Saint-­Sacrifice de la messe. Mystère glorieux de la Résurrection dont est témoin le Saint Suaire découvert par Pierre et Jean dans le tombeau vide, le matin du troisième jour.

À chacune des six apparitions de 1917, Notre-Dame a demandé que l’on récite le chapelet tous les jours. Puisqu’il s’agit de réparer les offenses faites au Cœur Immaculé de Marie, qui font couler ses larmes, il n’est pas de meilleure “ réparation ” que cette salutation angélique : « Je vous aime, ô Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous... »

Le 13 juillet 1917, après avoir montré aux enfants « l’enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs », Notre-Dame leur recommande : « Quand vous récitez le chapelet, dites après chaque dizaine :  Ô mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’Enfer et conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde. ” » Avant de mourir, le bienheureux pape Pie IX disait à ceux qui l’entouraient : « Le Rosaire est un résumé de l’Évangile et il donnera à ceux qui le récitent ces fleuves de paix dont parle l’Écriture ; c’est la dévotion la plus belle, la plus abondante en grâce, et la plus agréable au Cœur de Marie. »

« Les fidèles ne se lassent pas, dans leur dévotion à Notre-Dame, de cette merveilleuse esthétique qui la leur présente jeune et joyeuse, comblée de grâces et de bonheur dans les enfances du Christ. Plus tard douloureuse, dans l’accompagnement tragique de Jésus aux douleurs, et alors le visage ravagé, la démarche accablée, les yeux blessés par ce qu’elle voit, Mater dolorosa volontairement soumise au martyre du cœur. Enfin glorieuse, trônant auprès de son Fils ressuscité, elle-même montée aux Cieux et non pas écrasée sous sa trop lourde couronne de gloire mais exaltée immensément... Je demande : qu’y a-t-il en aucune religion, mythologie ou gnose, de plus grandiose et pourtant de plus accessible aux simples et de mieux reçu par l’humanité tout entière depuis des siècles, de plus humain, de plus divin, en un mot, tout simplement de plus beau ? » (Georges de Nantes, CRC no 127)

RÉPARATION

À La Salette, Notre-Dame était en larmes, comme « une femme ensauvée dans la montagne que ses enfants auraient battue ». À Fatima, elle apparaît « dans la lumière immense qui est Dieu », mais où les enfants perçoivent la tristesse infinie de Dieu lui-même. Ils en sont bouleversés. François en pleure, la nuit, la tête dans son polochon.

Dès lors, Lucie, François et Jacinthe ne pensent plus qu’à « consoler Dieu », comme le leur avait dit l’ange de l’Eucharistie en leur donnant la communion, lors de sa troisième apparition, en 1916.

Dans une lettre à sa mère, du 24 juillet 1927, Lucie explique comment pratiquer la dévotion réparatrice : « Les quinze minutes de méditation, c’est ce qui peut, il me semble, vous donner de l’embarras ; mais c’est bien facile. À qui n’est-il pas possible de penser aux mystères du Rosaire ? À l’Annonciation de l’Ange à Marie, et à l’humilité de notre chère Mère, qui, en se voyant exaltée de telle manière, s’appelle elle-même l’esclave du Seigneur ; et à la Passion de Jésus, qui a tant souffert pour notre amour, et à notre Mère très Sainte auprès de Jésus au Calvaire ? Qui ne peut passer quinze minutes dans ces saintes pensées, auprès de la plus tendre des mères ?

« Adieu, ma chère mère. Consolez ainsi notre Mère du Ciel, et cherchez à ce que beaucoup d’autres la consolent de la même manière. »

Où l’on voit que le sens le plus précis de la dévotion réparatrice, demandée par Notre-Dame à Pontevedra, ne consiste pas tant dans la méditation des mystères douloureux du passé, il y a deux mille ans, que dans la considération des offenses que reçoit actuellement le Cœur Immaculé de Marie de la part des ingrats et des blasphémateurs qui rejettent sa médiation maternelle et bafouent ses divines prérogatives :

« “ Vois, ma fille, mon Cœur entouré d’épines que les hommes ingrats m’enfoncent à chaque instant par leurs blasphèmes et leurs ingratitudes... sans qu’il y ait personne pour faire acte de réparation afin de les en retirer. Toi, du moins, tâche de me consoler. ” »

Sans cette intention générale, sans cette volonté d’amour qui désire réparer afin de consoler Notre-Dame, toutes les pratiques ne valent rien, ne sont rien, comme le disait Notre-Seigneur à sœur Lucie :

« Les âmes qui font les cinq premiers samedis avec ferveur et dans le but de faire réparation au Cœur de ta Mère du Ciel me plaisent davantage que celles qui en font quinze, tièdes et indifférentes. »

Ce que Notre-Seigneur veut obtenir de nous, c’est l’application à d’amoureuses pratiques réparatrices, c’est-à-dire capables d’enlever du Cœur Immaculé de sa Mère les cruelles épines qui le transpercent, pour la consoler, afin d’obtenir de Dieu le pardon des âmes qui osent l’offenser si gravement. C’est ce que Jésus explique à sœur Lucie le 29 mai 1930, après avoir énuméré les cinq blasphèmes qui l’offensent gravement :

« Voilà, ma fille, le motif pour lequel le Cœur Immaculé de Marie m’a inspiré de demander cette petite réparation et, en considération de celle-ci, d’émouvoir ma miséricorde pour pardonner aux âmes qui ont le malheur de l’offenser. Quant à toi, cherche sans cesse, par tes prières et tes sacrifices, à émouvoir ma miséricorde à l’égard de ces pauvres âmes. »

Depuis que Dieu veut, par une ultime miséricorde, accorder toutes ses grâces aux hommes par la médiation de la Vierge Immaculée, leur refus de se soumettre docilement à cette volonté est la faute qui blesse particulièrement son Cœur, et pour laquelle il ne trouve plus en Lui-même aucune inclination à pardonner. Car il n’y a pas, pour notre Sauveur, de crime plus impardonnable que de mépriser sa très Sainte Mère et d’outrager son Cœur Immaculé qui est le sanctuaire de l’Esprit-Saint. C’est commettre « le blasphème contre l’Esprit, qui ne sera pas remis, ni en ce monde, ni en l’autre » (Matthieu 12, 31-32).

Bientôt, le 13 juin 1929, à Tuy, Notre-Dame conclura la grande théophanie trinitaire qui est l’ultime accomplissement de son intervention à Fatima, par cette parole saisissante :

« Elles sont si nombreuses les âmes que la justice de Dieu condamne pour des péchés commis contre moi, que je viens demander réparation. Sacrifie-toi à cette intention et prie. »

Oui, Notre-Dame l’affirme : beaucoup d’âmes se perdent à cause de leur mépris, de leurs blasphèmes contre elle... Alors, donnant l’exemple de l’amour des ennemis, c’est elle-même qui intervient, car elle seule peut encore sauver ces monstres d’orgueil et d’ingratitude, révoltés contre elle. En “ Mère de Miséricorde et Mère du pardon ”, comme la chante le Salve Mater, elle intercède pour eux auprès de son Fils : que la dévotion filiale des âmes fidèles, que la communion des cinq premiers samedis offerte pour consoler son Cœur outragé, soient agréées par lui en réparation des crimes des pécheurs. Que par égard à cette « petite dévotion », tenant compte de cette « petite réparation » à son Cœur Immaculé, Jésus daigne pardonner malgré tout aux ingrats et aux blasphémateurs, à tous les misérables qui ont eu l’audace de l’offenser, elle, sa très Sainte Mère !

Et comme toujours, Notre-Seigneur accède au désir de sa Mère. Il fait ainsi de la dévotion réparatrice un moyen sûr et efficace pour convertir les âmes, beaucoup d’âmes, parmi celles qui sont le plus en péril de se perdre éternel­lement. Au point que “ la grande promesse ” d’assistance à la dernière heure de quiconque aura pratiqué cette dévotion réparatrice, passe au second plan devant l’intention première du Cœur de Marie “ notre Mère à tous ” qui est le salut de tous les pécheurs :

« Il me semble, écrivait sœur Lucie au Père Gonçalvès, en mai 1930, que le Bon Dieu, au fond de mon cœur, insiste auprès de moi pour que je demande au Saint-Père l’approbation de la dévotion réparatrice que Dieu lui-même et la très Sainte Vierge ont réclamée en 1925. En considération de cette petite dévotion, ils veulent donner la grâce du pardon aux âmes qui ont le malheur d’offenser le Cœur Immaculé de Marie, et la très Sainte Vierge promet aux âmes qui chercheront à lui faire réparation de cette manière, de les assister à l’heure de la mort avec toutes les grâces nécessaires pour leur salut. »

Sauver les âmes, toutes les âmes, « et surtout celles qui en ont le plus besoin », les arracher toutes au feu de l’enfer qui les menace, c’est donc en définitive l’intention principale de la pratique des premiers samedis du mois, comme c’était déjà celle qu’indiquait Notre-Dame, le 19 août 1917, invitant instamment ses trois pastoureaux à la prière et au sacrifice :

« Priez, priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs, car beaucoup d’âmes vont en enfer parce qu’elles n’ont personne qui se sacrifie et prie pour elles. »

Constituée par son Fils Médiatrice universelle et Mère de la divine grâce, la Vierge Marie, par un dessein de la Providence, veut avoir besoin de nous, de notre amour consolateur et de nos  petites dévotions  réparatrices, pour sauver les âmes de l’enfer.

Exaltant et terrible mystère de la communion des saints, qui fait dépendre réellement le salut de beaucoup d’âmes de notre propre générosité. Quel aiguillon aussi ! Car comment refuser cette action missionnaire que Notre-Dame attend de nous ? Elle l’a rendue si facile à accomplir, et pourtant si efficace, si fructueuse, puisque par elle beaucoup d’âmes en péril imminent de se perdre éternellement peuvent obtenir, in extremis et comme malgré elles, la grâce de la conversion !

Consoler le Cœur Immaculé de Marie, transpercé d’épines, réparer les outrages qu’il reçoit des pécheurs, par la prière et par les sacrifices, telle est l’exigence la plus précise de cette première partie du Secret du 13 juillet 1917, que Notre-Dame est venue rappeler et préciser à Pontevedra en 1925 et à Tuy en 1929 et 1930 :

« Toi, du moins, cherche à me consoler. »

Or, le sacrifice le plus parfait et la prière la plus efficace sont, bien sûr, le Saint-Sacrifice de la messe et la sainte Communion offerts à Dieu en esprit de réparation.

Enfin, n’oublions pas qu’à la conversion des pécheurs et à notre propre salut éternel, Notre-Dame a voulu lier à la communion réparatrice une autre promesse magnifique, celle du don de la PAIX :

« Pour empêcher la guerre, je viendrai demander la consé­cration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis du mois.

« Si l’on écoute mes demandes, la Russie se convertira et l’on aura la paix.

« Sinon, elle répandra ses erreurs à travers le monde, pro­voquant des guerres et des persécutions contre l’Église. Les bons seront martyrisés. Le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties. » (13 juillet 1917)

Sœur Lucie pouvait écrire au Père Aparicio, le 19 mars 1939 :

« De la pratique de cette dévotion, unie à la Consécration au Cœur Immaculé de Marie, dépendent pour le monde la paix ou la guerre. C’est pourquoi j’ai tant désiré sa propagation ; et puis, surtout, parce que telle est la Volonté de notre Bon Dieu et de notre si chère Mère du Ciel. »

Et le 20 juin 1939, au même :

« Notre-Dame a promis de remettre à plus tard le fléau de la guerre, si cette dévotion était propagée et pratiquée. Nous la voyons repousser ce châtiment dans la mesure où l’on fait des efforts pour propager cette dévotion ; mais j’ai peur que nous ne puissions faire plus que ce que nous faisons et que Dieu, mécontent, soulève le bras de sa Miséricorde et laisse le monde être ravagé par ce châtiment qui sera comme il n’y en a jamais eu, horrible, horrible. »

Nous en sommes rendus aujourd’hui au même point où l’embrasement mondial menaçant, sera éteint au souffle de la dévotion réparatrice que recommandera le Saint-Père au monde qu’il vient de consacrer à ce Cœur Immaculé. Ainsi, Dieu veut que le Cœur Immaculé de sa très Sainte Mère soit honoré, parce qu’Il veut qu’Elle reçoive partout un culte solennel, officiel et public, parce qu’Il veut qu’Elle règne effectivement dans l’Église et sur tous les peuples. Dieu lui a confié d’incomparables trésors de grâces à répandre sur toute la Chrétienté.

frère Bruno de Jésus-Marie.

LA DÉVOTION RÉPARATRICE
OU LES CINQ PREMIERS SAMEDIS DU MOIS

fascicule agrafé réalisé par nos sœurs, 28 pages.

Disponible sur demande.

La consécration de la Russie a été prononcée ce 25 mars par le Saint-Père, mais il nous reste à lui faire porter du fruit ! Comment ? En accomplissant assidûment la dévotion réparatrice des cinq premiers samedis du mois, nécessaires pour compléter cette consécration afin d’obtenir la paix et la conversion de la Russie.