Il est ressuscité !

N° 246 – Août 2023

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


CAMP NOTRE-DAME DE FATIMA 2022

“ Sainte Église notre Mère ” 
Le salut de l’Église par la consécration 
de la Russie au Cœur Immaculé

DIEU créa le monde et en fixa l’ordre. C’est le  démon qui a détruit cet ordre en soufflant à nos premiers parents l’idée d’une révolte contre leur Seigneur et Père. Et par cette révolte, le péché prit pied dans ce paradis qui ne l’était plus, et par lui le démon prenait possession d’un monde sur lequel il devait régner en prince.

I. LA RÉVOLUTION DE JÉSUS ET LA RÉVÉLATION DE MARIE

Mû par ce triple amour du Père outragé par le mal, de Lui-même rejetant cette inacceptable solidarité du péché, des pauvres, des innocents, broyés par les puissances de haine et de mort, Jésus est entré dans le monde et s’est livré à une œuvre sacrée de rédemption et de restauration d’une création à délivrer du joug de Satan. Jésus animé par cette volonté fondamentale d’être tout à la fois obéissance et oblation sacrificielle pour son Père, et amour et lutte libératrice pour ses frères, il en est résulté cette pure ligne droite de sa vie où la Libération passe par la Servitude volontaire, où le combat se fait Passion, où la révolution passe par la Croix, où la Victoire est emportée par le Sacrifice. « Telle fut la révolution de Jésus opérée en ce monde en l’an 30 de notre ère, révolution devenue permanente par la fondation d’une institution – l’Église – qui continue à porter l’humanité au-delà d’elle-même, mais dans sa ligne et en s’appuyant sur les lois immuables de la nature, révolution qui donne aux peuples qui s’y engagent de réaliser des choses qu’on n’avait jamais vues encore et qui peuvent aujourd’hui durer, beaucoup grandir, s’amplifier infiniment, jusqu’aux limites de la planète et jusqu’à la fin du monde. » (CRC n° 73, octobre 1973, p. 5)

Cette révolution de Jésus se distingue de toute autre par trois caractères absolument singuliers.

Tout d’abord, elle est une œuvre de grâce sacramentelle découlant, jusque dans les moindres secteurs du temporel, de la sainteté, de la vertu et de l’ordre moral, de la discipline catholiques. Ensuite, elle est une œuvre d’autorité traditionnelle et hiérarchique, venant non pas de “ la base ”, du “ peuple ” prétendu, ni des “ prophètes ”, mais des chefs religieux et temporels, dans la fidélité à leur mission séculaire. Enfin, elle est une œuvre d’espérance théologale, historique et eschatologique, engagée dans le combat quotidien des forces chrétiennes contre les puissances de Satan, toujours militante ici-bas, inachevée, exposée aux pires revers, parfois en recul, et donc tendue vers la consommation des siècles et le monde à venir où seulement elle connaîtra son achèvement éternel.

« En conséquence logique, indiscutable, il n’y a pas d’autre révolution plénière et miraculeuse ailleurs, et nulle subversion n’est légitime, nulle révolution n’est tolérable à l’encontre de la révolution de Jésus et de l’Église. S’il est vrai que, pour la première et la seule fois dans l’histoire des hommes, la révolution évangélique a fondé la révolution de l’Église et donné ainsi consistance à un ordre surhumain, miraculeux, matérialisé dans des institutions et des lois, dans une tradition, une hiérarchie, une civilisation, tout coup porté à cet ensemble social est un coup porté à l’humanité tout entière. Il n’y a point de révolution qui tienne contre la révolution de Jésus. »

Aussi, le concile Vatican II ne peut “ tenir ”, lui qui a entendu réformer l’Église de l’intérieur pour la désarmer dans le combat quotidien des forces chrétiennes face aux forces du Prince de ce monde faites de démocratie, de droit de l’homme, de fraternité universelle laïque, qui n’a rien fait d’autre que de neutraliser, d’abandonner cette prodigieuse révolution de Jésus, pour un malheur qui est en passe d’atteindre l’humanité tout entière ; mais le combat continue pour le salut de beaucoup d’âmes abandonnées qui se perdent en masse. Et l’abbé de Nantes, notre Père, s’en est pris à ceux-là mêmes qui ont allumé cet incendie qui ravage l’Église en s’octroyant l’outrecuidance d’en dessiner de nouveaux plans, pour les enjoindre à l’éteindre ; et à raviver, au contraire, la flamme de l’amour de l’Église auprès de ceux qui abandonnent le combat plutôt que de se porter à son secours, au profit d’illusoires chapelles... De son vivant, notre Père n’a été entendu ni par les uns ni par les autres. Mais dès 1972, donc quelques mois avant de porter à Rome son premier livre d’accusation à l’encontre de Paul VI, il expliquait à nos amis : « Le salut pour l’Église se trouvera dans la conjonction de l’autorité restaurée et de l’action d’une minorité fidèle. Nous ne pouvons, nous, par nous-mêmes, rien ! Le salut ne peut venir que de l’autorité. Qu’il y ait une restauration de l’autorité, soit de quelques évêques, soit du Pape, il faut la restauration de l’autorité, mais cette autorité ne pourrait rien faire si elle ne trouvait pas une minorité fidèle ayant gardé la tradition. »

La critique de cette réforme de l’Église a conduit notre Père à réaliser une œuvre doctrinale gigantesque, une véritable “ cathédrale de lumière ” qui constitue un résumé de toute, absolument toute la Tradition de l’Église et même de la plupart de ses traditions et qui permettra demain lorsque l’heure de la Renaissance aura sonné à l’horloge de Rome de « rattraper le temps perdu » grâce aux progrès théologiques, métaphysiques, philosophiques, institutionnels, mystiques, apologétiques, esthétiques, liturgiques, politiques, historiques, exégétiques, monastiques, scientifiques... que cette œuvre de notre Père aura permis d’accomplir pour poursuivre, amplifier et réaliser la Révolution de Jésus.

Mais force est de constater qu’il n’existe encore aujourd’hui aucun signe de renaissance et se pose plus que jamais comme elle se posait à notre Père la question très angoissante, de la rupture pour ainsi dire universelle de la transmission de cette Tradition, avec tous les désordres effroyables auxquels nous sommes affrontés dans un monde plus que jamais livré à ses passions, à Satan. Alors « quid agendum ? » Que dois-je faire maintenant ?

Considérer que « Dieu veut que nous soyons jetés dans ces épouvantables moments, afin que ce soit la Sainte Vierge qui nous sauve et que, du coup, Elle soit projetée en avant de l’actualité et que l’humanité soit comme contrainte de Lui accorder tout son cœur en reconnaissance de ses miracles et prodigalités afin que ce soit Elle qui règne (...). Ces immenses cloaques, ces immenses souffrances, ces immenses désordres, guerres, famines, persécutions, c’est Jésus qui les permet pour Elle, afin qu’Elle puisse manifester la grandeur et la puissance de son amour maternel ; et qu’à la fin ce soit d’Elle que nous vienne le salut par la révélation, en son Cœur, du Cœur de Jésus et de Dieu. »

II. LA RÉVÉLATION DE MARIE

L’Église est fondée dans le Cœur de la Vierge Marie, transpercé d’un glaive de douleur. Détruisant les obstacles des sages et des prudents, l’Église en est venue à exalter, à nulle autre pareille, la sainteté et donc la beauté de la Sainte Vierge. L’Immaculée Conception et la virginité de Marie ne sont que ses premières perfections qui en préparent d’autres et bien plus grandes encore. Elle est toujours Vierge et c’est un dogme qui nous parle un langage humain, un langage d’homme, car nous admirons, nous sommes ravis de cette virginité qui est la splendeur d’une nature féminine toute créée des mains de Dieu, conservée par Dieu, loin de tout péché, de toute attaque du démon, virginité perpétuelle. Cette perfection ne pouvait déborder qu’en mission généreuse. « Une Vierge est toujours vierge pour se donner ». Elle se donne d’une manière si parfaite, elle se donne dans cette maternité d’obéissance à Dieu, maternité qui, par l’opération du Saint-Esprit, sera d’une fécondité infinie et, cependant, sans aucunement altérer ni sa sainteté, ni sa virginité, mais au contraire en les épanouissant. À cette perfection qui était sa surnature, qui la constituait divine, la divine Marie était ainsi constituée dans une telle sainteté, en fonction de la gloire de Dieu. Cette gloire ne peut aller sans se voir conférer une mission correspondante. Cette perfection doit être féconde. La Sainte Vierge a reçu de sa sainteté, de sa virginité perpétuelle, de sa maternité, une médiation, une vertu de médiation qui la fait source de vie pour l’humanité tout entière.

Ainsi à travers les siècles, même les plus humbles des créatures fidèles s’adressaient à Marie avec une confiance éperdue pour leurs petits et grands soucis corporels ou spirituels, familiaux ou nationaux et la Vierge Marie se penchant sur chacun de ses enfants, pour répondre aux prières qui lui étaient adressées, se faisait salvatrice de peuples entiers, contre les Turcs ou les Barbares, et tout aussi bien Mère attentive au petit enfant malade à qui elle rendait la santé. Car notre Mère du Ciel n’est si grandiose, si grande, toute puissante et miséricordieuse que pour intervenir dans le tumulte du monde, lui faire mener sa guerre contre le diable, l’inimitié étant absolue entre Elle et le diable lui-même.

ORTHODROMIE MARIALE, C’EST-À-DIRE UN ITINÉRAIRE, 
UN CHEMIN BIEN BALISÉ, DONT L’ANNÉE...

... 1830 est l’année inaugurale des grandes apparitions de la Sainte Vierge en nos temps qui sont ceux de l’Immaculée. Elle veut être un canal de grâces non seulement pour les pécheurs, mais également pour la France dont Charles X, le Roi Très-Chrétien, est sur le point d’être renversé. Elle montre à sœur Catherine Labouré qu’Elle est véritablement Médiatrice universelle de toutes grâces en libéralités inouïes pour tous les pauvres pécheurs qui voudront bien se consacrer à son Immaculée Conception dont elle confirmera le dogme proclamé par le bienheureux Pie IX en 1854, dans la grotte de Massabielle à Lourdes où elle apparaît à Bernadette, le 25 mars 1858, pour lui dire son nom : « Je suis l’Immaculée Conception ».

« C’est l’Immaculée Conception de Pie IX et de la Grotte de Lourdes qui doit tuer la Révolution et sauver le monde », prêchait le Père Marie-Antoine aux foules des pèlerins à Lourdes. Mais le pape Léon XIII qui accède au trône pontifical en 1878 “ prêche ” tout le contraire, donc à l’encontre du bienheureux Pie IX, en déployant tous ses efforts pour mener une folle politique d’entente systématique avec tous les gouvernements, quels qu’ils soient, même les plus ouvertement ennemis de l’Église, tout en prêchant aux catholiques, souffrant dans leur pays vexation et persécution, prudence et modération ! en osant les leur reprocher comme conséquences d’une coupable intransigeance,

En revanche, saint Pie X succédant à Léon XIII s’attaque avec vigueur aux loups ravisseurs qui menaçaient de l’intérieur l’Église, aux ennemis de la pureté de sa foi et de sa discipline, cherchant à définitivement la rallier au monde et à la Révolution de Satan : ce sont les libéraux ambitieux, les démocrates chimériques et les modernistes apostats. Mais il ne peut prévenir l’effroyable déflagration de 1914 qu’il voyait venir, qui allait embraser l’Europe entière avec ses millions de victimes. Les monarchies chrétiennes sont menacées. Le pape Benoît XV qui succède à saint Pie X entend poursuivre la politique d’entente et de conciliation de Léon XIII. Et durant l’année terrible de 1917, en octobre, seconde déflagration : la Russie entre en possession d’un régime satanique sous l’effet d’une violente révolution communiste qui aussitôt renverse l’ordre traditionnel de la “ Sainte Russie ”.

C’est donc en 1917 que, dans le conseil de sa Sainte Trinité, Dieu notre Père décide d’envoyer sa Très Sainte Mère dans le ciel de Fatima se porter au secours de l’Église pour que, conformément à ses promesses, les portes de l’enfer qui la menacent ne puissent définitivement prévaloir, et pour préparer le retour de son Fils, Notre-Seigneur Jésus-Christ. Fatima n’est pas simplement un Message. C’est une Apocalypse – c’est-à-dire une Révélation – un Évangile même : une Bonne Nouvelle. Jésus veut que sa Très Sainte Mère passe “ première ”. Il veut tout lui donner, conduire tout à Elle pour tout recevoir d’Elle, pour tout lui donner, afin qu’Elle distribue Elle-même ses bienfaits, toutes ses grâces à tous. De Fatima, au Portugal, la Sainte Vierge assure une véritable régence, une médiation pour assurer le salut des âmes, celui des nations et, surtout, celui de l’Église.

LE SALUT DES ÂMES PAR LA DÉVOTION AU CŒUR 
IMMACULÉ DE MARIE, TIENT EN CINQ POINTS.

Fatima c’est d’abord la révélation de l’outrage, de l’offense que constitue le péché, nos péchés contre la sainteté de Dieu qui en ressent d’abord une immense tristesse qui impressionna tout particulièrement François : « J’aime tellement Dieu ! Mais Lui il est si triste à cause de tant de péchés ! Nous, nous ne devons jamais en faire aucun. » Quel peut-être le plus grand péché des hommes ? Lors de sa première apparition au printemps 1916, l’Ange de la Paix va l’enseigner aux enfants en leur enjoignant de réciter avec lui cette prière : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime. Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent, qui ne vous aiment pas. » Prière très simple, très théologique, mais d’une dramatique actualité dans un monde où plus personne – ou presque – ne croit en Dieu ni ne l’adore, dans une Église où, du haut de la chaire de Saint-Pierre à Rome, Paul VI osa ouvertement proclamer : « Nous plus que quiconque nous avons le culte de l’homme ! ».

Et que faire avec ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent, qui n’aiment pas le Bon Dieu ? Les condamner ? Les réprouver ? Ou, au contraire, entrer en dialogue comme le fit avec tant d’assiduité Jean-Paul II ? Il faut demander pardon à Dieu en répétant inlassablement, front à terre, cette prière enseignée par l’Ange précurseur qui ajouta aussitôt : « Priez ainsi. Les Cœurs de Jésus et Marie sont attentifs à la voix de vos supplications. » Invitation constante à prier, à s’interposer, dans un même élan d’amour, entre Dieu et sa créature qui ne croit pas, qui n’adore pas et à faire des sacrifices... qui n’ont de valeur que par le Sacrifice de la Croix offert par Notre-Seigneur Jésus-Christ et réitéré à l’occasion de la célébration du Saint-Sacrifice de la messe.

C’est ce que l’archange saint Michel, renouvelant la scène de Melchisédech venu à la rencontre d’Abraham pour lui apporter un sacrifice de pain et de vin, a enseigné à Lucie, François et Jacinthe d’une façon tout à la fois simple et grandiose, kérygmatique même et mystérieuse, lors de sa troisième apparition à l’automne 1916 au Cabeço. Tenant « dans sa main gauche un calice sur lequel était suspendue une Hostie de laquelle tombaient quelques gouttes de Sang dans le calice », puis se prosternant jusqu’à terre, il récita trois fois cette prière véritablement sacerdotale :

« Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je vous adore profondément, et je vous offre les très précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ, présent dans tous les tabernacles de la terre, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels il est lui-même offensé. Par les mérites infinis de son très Saint Cœur et du Cœur Immaculé de Marie, je vous demande la conversion des pauvres pécheurs. »

Notre très chéri Père du Ciel attend de simples âmes pieuses, généreuses et dévouées qu’elles lui fassent l’offrande des très précieux Corps, Sang, Âme et divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ bien présent, certes, dans tous les tabernacles de la terre, mais abandonné dans des églises sans prêtres pour y réitérer le Sacrifice de la Croix par la célébration quotidienne du Saint-Sacrifice de la messe, et donc sans fidèles pour y assister et joindre leurs prières à ce sacrifice qui est aussi le leur. C’est l’effacement des prêtres d’une Église « à moitié en ruine », à laquelle cette prière sacerdotale enseignée par l’Ange donne pouvoir aux fidèles de suppléer et qu’annonce prophétiquement et symboliquement l’Ange précurseur en distribuant mystérieusement le Corps et le Sang de Jésus à Lucie, François et Jacinthe. Mais dès 1916 étions-nous ainsi assurés de ce que dans cette même Église « à moitié en ruine », même prétendument “ réformée ” par un Concile sacrilège, Jésus demeure bien présent à sa tête, certes réduit au silence « dans tous les tabernacles de la terre », mais, quel que soit le rite de la messe en usage, l’ancien ou moderne. L’Église de l’Espérance demeure !

En réparation de quels péchés ? Sœur Lucie répond avec une rare indignation : « Ce sont les outrages, les sacrilèges, les indifférences, les ingratitudes de ceux qui reçoivent indignement Notre-Seigneur Jésus-Christ, de ceux qui L’outragent, qui Le persécutent, qui ne Le connaissent pas, et de ceux qui, Le connaissant, L’abandonnent et ne L’aiment pas. C’est la froideur et la dureté de nouveaux Judas qui, après avoir mis la main au plat avec Lui, ne craignent pas de Le trahir et de Le livrer. Ils paieront de leur propre condamnation ! Voilà comment ils ont rendu inutiles pour eux-mêmes les fruits de la Rédemption que le Christ a opérée et offerte au Père. »

Mais la conversion est possible par les mérites infinis du Cœur Sacré de Jésus et du Cœur Immaculé de Marie qui viendra en personne, du Ciel, l’année suivante en 1917, pour en dévoiler, en révéler la toute-puissance sur le Cœur de Dieu qui a décidé d’en faire l’instrument décisif et ultime de sa miséricorde pour les pauvres pécheurs livrés sans défense à un monde qui les convoie en masse vers l’enfer.

Car l’enfer existe et nous pouvons tous y tomber. Dans les treize premières lignes destinées seulement à capter sa bienveillance et son attention, d’une lettre adressée le 25 janvier 2022, voici ce que j’ai écrit à Mgr Alexandre Joly : « C’est avec une joie surnaturelle que les Petits Frères et les Petites Sœurs du Sacré-Cœur ont accueilli votre nomination par le Saint-Père au Siège de l’Église de Troyes qui demeurait vacant depuis près d’un an. Nous savons que vous-même recevez cette mission avec beaucoup de joie malgré les graves soucis qui accompagnent nécessairement la charge d’enseigner, de sanctifier et de gouverner le petit troupeau commis à votre garde... pour le guider, le conduire, aidé de vos prêtres, vers  le ciel, unique but de tous nos travaux  comme le dit si bien la petite Thérèse, avec cette radicalité bien propre aux saints. Car le bref passage que représentent nos vies sur cette terre est tragique. À son issue, c’est ou le Ciel pour un bonheur qui ne finira pas, ou l’enfer et pour l’éternité. C’est une vérité de notre foi révélée par Notre-Seigneur et rappelée par Notre-Dame – l’aurions-nous oubliée ? – qui n’a pas hésité à montrer cet enfer effrayant à trois petits enfants, Lucie, François et Jacinthe, le 13 juillet 1917 à Fatima, tout en leur recommandant à chacun et avec angoisse la récitation quotidienne du chapelet et en dévoilant la dévotion à son Cœur Immaculé, refuge et chemin des âmes pour les conduire jusqu’à Dieu. »

Mgr Joly n’a pas daigné répondre à ma lettre. Et il est fort à craindre que ces quelques lignes qui se voulaient être pourtant “ aimables ”, aient suffit à nouer entre lui et nous un grave dissentiment, avant même d’ailleurs que ne soit évoquée, comme je l’ai fait dans ma lettre, la figure de notre Père, son œuvre, la question du Concile et le sévère Avertissement dont la Contre-Réforme catholique a fait les frais de la part des Évêques de France en juin 2020. Et ce dissentiment, après tout, n’est que la suite logique, un épisode supplémentaire parmi tant d’autres, de cet incroyable “ bras de fer ” auquel se livre une hiérarchie, obstinément décidée à maintenir la Sainte Vierge dans un rôle “ subordonné ”, quand le Bon Dieu, Lui, a décidé qu’elle tient désormais la première place dans l’Église d’abord pour le salut des âmes dont la question angoissante a totalement disparu des horizons pastoraux.

Lors de l’apparition du 13 juin 1917, à la Cova da Iria, Notre-Dame a révélé à Lucie, François et Jacinthe : « Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé ! » Ce qu’Elle répétera un mois plus tard en accentuant la nécessité impérieuse d’une telle dévotion qui n’est pas “ privée ” c’est-à-dire laissée à l’initiative, à la convenance de chacun : « Vous avez vu l’enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé ! »

Quelle émouvante révélation du Cœur de Dieu, en ces temps si mauvais, de vouloir sauver de l’enfer les âmes des pauvres pécheurs. « Or, dans sa Sainteté de justice et de miséricorde, Il se doit d’appeler toute l’Église répandue dans le monde à contribuer à ce salut par le moyen qu’il a décrété Lui-même dans sa Volonté de bon plaisir, qui est l’épanouissement grandiose de la dévotion universelle au Cœur Immaculé de Celle qu’il a voulu faire Elle-même messagère de cette demande et mettre ainsi en avant de Lui comme sa propre Reine et Maîtresse ! » explique notre Père. « Voilà pourquoi toute l’Église devrait, depuis la révélation et la diffusion de ce secret, embrasser avec ferveur la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. Or ce n’est pas le cas », constatait-il en 1992 et ce n’est toujours pas le cas aujourd’hui. « Notre-Seigneur Jésus-Christ pourra s’adresser tristement et durement à cette “ génération rebelle et adultère ”, au jour du Jugement : “ J’ai voulu sauver les pauvres pécheurs de l’enfer éternel, j’ai voulu vous voir honorer ma Mère pour ainsi toucher mon Père et en obtenir toutes les miséricordes. Et vous, méchants, sans amour ni respect de votre Dieu, sans amour ni compassion pour votre prochain en péril de damnation, sans souci de votre propre salut et de votre bien immédiat ! vous ne l’avez pas voulu, vous n’en avez rien fait ! Eh bien, vous-mêmes, allez au feu éternel retrouver les âmes que vous n’avez pas voulu sauver, et au plus loin de ma Mère que vous avez refusé d’honorer, enfants dénaturés ! ” » Terribles paroles de notre Père empruntées à Jésus pour une situation tout à fait comparable à celle de l’Église actuellement.

LE REMÈDE : LA DÉVOTION AU CŒUR IMMACULÉ DE MARIE.

En effet, toujours le 13 juillet 1917, la Sainte Vierge poursuit ainsi son saint colloque avec Lucie assistée de ses deux petits cousins : « Si l’on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d’âmes se sauveront et l’on aura la paix. La guerre va finir. Mais si l’on ne cesse d’offenser Dieu, sous le règne de Pie XI, en commencera une autre pire. Quand vous verrez une nuit illuminée par une lumière inconnue, sachez que c’est le grand signe que Dieu vous donne qu’il va punir le monde de ses crimes, par le moyen de la guerre, de la famine et des persécutions contre l’Église. »

Mais redoutant d’avance l’endurcissement, l’obstination des hommes demeurant sourds à cet appel pressant à la conversion et à la pénitence, redoutant plus que tout l’inertie des pasteurs voici que Notre-Dame, semble ajouter ses demandes à Elle des demandes bien simples, mais bien propres, si elles sont écoutées, à émouvoir le Cœur du Bon Dieu pourtant trop offensé, des demandes bien petites, mais suffisantes pour sceller les clauses d’une Alliance entre Dieu et sa pauvre et pécheresse créature, et capables de modifier radicalement l’ordre géopolitique d’un monde qui court pourtant droit à sa perte sans que plus rien ne puisse apparemment l’arrêter dans sa course folle : « Pour empêcher cela, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la Communion réparatrice des premiers samedis du mois. Si l’on écoute mes demandes, la Russie se convertira et l’on aura la paix. Sinon elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties. »

« Je viendrai demander (...) la Communion réparatrice des premiers samedis du mois », ce que la Sainte Vierge fit à l’occasion d’une nouvelle apparition le 10 décembre 1925 à Pontevedra, mais accompagnée de l’Enfant-Jésus dont le Cœur est violemment blessé de toutes les injures faites au Cœur Immaculé de sa très Sainte Mère. C’est d’ailleurs Lui qui introduit le colloque avec sœur Lucie : « Aie compassion du Cœur de ta très Sainte Mère, entouré des épines que les hommes ingrats lui enfoncent à tout moment sans qu’il n’y ait personne pour faire acte de réparation afin de les en retirer. » Parole à rapprocher de celle prononcée le 19 août 1917 aux Valinhos par Notre-Dame confiant son angoisse de Mère : « Priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs, car beaucoup d’âmes vont en enfer parce qu’elles n’ont personne qui se sacrifie et prie pour elles. »

« Nous sommes dans la nouvelle Alliance, commente notre Père, nous sommes dans le mystère de l’Évangile qui est un mystère de compassion, un mystère de miséricorde. » Ce Cœur Immaculé de Marie blessé par les outrages des hommes qui ne croient plus en ses privilèges, ce Cœur de l’Enfant-Jésus blessé de voir ainsi traitée sa Mère, sont prêts à pardonner au monde. « Cependant il y a quelque chose qui est nécessaire : c’est l’expiation, la réparation, la consolation de ces deux Cœurs outragés. Cela est demandé aux fidèles pour eux-mêmes et aussi pour les autres âmes qui ne seront sauvées que dans la mesure où ces fidèles voudront bien prier et se sacrifier pour les âmes pécheresses, se substituer à elles, dans ce mouvement d’expiation, dans ce quelque chose qu’il faut faire pour témoigner de notre contrition, de notre regret, de notre désir de conversion. »

Voilà une dévotion qui semble d’avance répondre aux aspirations de l’âme du peuple russe demeuré « profondément chrétien », notre Père en était convaincu, âme « faite de radicalisme évangélique, d’un sens violent du péché et d’un élan égal vers la sainteté ; et son désir obsédant de purification et de transfiguration allant jusqu’à la hantise d’une rédemption universelle et même cosmique. Le nœud de ce mysticisme est assurément cette pitié viscérale que le Russe, si souvent tenté par le vertige de la cruauté inutile, éprouve pour la “ souffrance innocente ”, pour le “ juste persécuté ”. Qu’y a-t-il de plus évangélique qu’un tel sentiment, si profondément imprimé dans l’âme slave devenue chrétienne ? » demande notre Père (CRC n° 184, décembre 1982, p. 17). « Ajoutez à cela, non point inspirés par l’immensité des plaines et leur monotonie, mais par la méditation évangélique, ces autres caractères fondamentaux du mysticisme russe populaire, le sens communautaire, le détachement des biens terrestres satisfait par les pèlerinages des pauvres gens, pérégrinations sans fin d’un monastère à un autre, et l’éblouissement des âmes dans l’exubérance de la liturgie byzantine et le flamboiement des iconostases, et vous connaîtrez, vous aimerez l’âme russe », comme l’aime la Sainte Vierge qui attend donc avec angoisse la conversion de ce noble peuple, c’est-à-dire son retour à l’Église Une, Sainte, Catholique, Apostolique et Romaine, car Elle sait qu’il embrassera alors avec empressement pour le consoler et sauver de l’enfer les âmes des pauvres pécheurs, la dévotion à son Cœur Immaculé de Marie. C’est ce qu’il nous faut comprendre, c’est ce que notre Père a voulu nous faire comprendre dès l’année 1982.

S’adressant à des catholiques russes par l’intermédiaire de mademoiselle Irène Posnoff, sœur Lucie leur écrivit avec autorité à l’automne 1951 : « Notre Mère du Ciel aime le peuple russe et je l’aime moi aussi ; m’unissant aux secrets desseins de son Cœur Immaculé, je souhaite ardemment son retour sur la voie droite qui mène au Ciel. Je sais que le peuple russe est grand, généreux et cultivé, qu’il est capable de marcher sur les chemins de la justice, de la vérité, du bien.

« À peine ai-je vu la bienveillance de la Mère de Dieu à son égard que j’ai commencé à le regarder comme un frère et je ne souhaite rien tant que son salut. Je sais que la vraie foi, la foi chrétienne, est vivante en vous ; je sais que parmi vous il y a des âmes choisies qui servent Dieu et se sacrifient pour obtenir le salut de ceux qui se sont éloignés de lui. Personne ne peut ni ne doit remplir cette mission grandiose mieux que les membres mêmes de votre patrie. C’est une tâche qui n’est pas d’un seul jour, mais de plusieurs années de travail et de prières. Mais à la fin le Cœur Immaculé triomphera et ce sera notre bonheur d’avoir un peu travaillé et souffert pour ce triomphe. Ne cessez pas de faire tout ce que vous pouvez faire pour le salut de votre peuple et de votre patrie. »

À peine Notre-Dame avait-elle annoncé le 13 juillet 1917 qu’elle viendrait demander la consécration de la Russie à son Cœur Immaculé, ce pays entrait en possession d’un régime satanique. Sous l’effet d’une violente révolution communiste qui aussitôt renversa l’ordre traditionnel d’une nation, certes prisonnière de son infirmité grecque schismatique, mais qui n’en était pas moins – comme aujourd’hui d’ailleurs – profondément chrétienne, la Russie devenait le théâtre d’une œuvre de destruction contre le tsar, contre son armée, contre ses populations paysannes, contre l’Église orthodoxe, au prix de millions de morts. Et c’est au moment où elle s’apprêtait à répandre ses erreurs dans le monde entier que le 13 juin 1929 Notre-Dame fit savoir à sa messagère, sœur Lucie, à Tuy : « Le moment est venu où Dieu demande au Saint-Père de faire, en union avec tous les évêques du monde, la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé, promettant de la sauver par ce moyen. »

Et parce que, durant quatre-vingt-treize années, les Papes ne daignèrent pas accéder docilement à cette demande, à cet ordre venu du Ciel, aussi simple qu’impérieux, la Russie ne se convertit pas et eut toute liberté pour répandre avec fureur ses erreurs dans le monde entier. Il est aisé de suivre, de comprendre, d’interpréter l’enchaînement des grands événements géopolitiques qui se déroulèrent tout au long du vingtième siècle comme la chronique de malheurs annoncés par la Sainte Vierge en personne à la Cova da Iria en 1917. Notre-Dame confirma le 3 janvier 1944 à sœur Lucie l’ordre exprès reçu quelque temps auparavant de Mgr da Silva, de mettre par écrit dans une enveloppe cachetée avec indication exprès « qu’elle ne pourra être ouverte qu’en 1960, par le cardinal patriarche de Lisbonne ou par Mgr l’évêque de Leiria » la troisième partie du grand Message du 13 juillet 1917, « mais pas ce qu’il t’a été donné de comprendre de sa signification ». Car cette partie du Secret est une vision.

LE TROISIÈME SECRET.

« Nous vîmes à gauche de Notre-Dame, un peu plus haut, un Ange avec une épée de feu à la main gauche ; elle scintillait, émettant des flammes qui paraissaient devoir incendier le monde ; mais elles s’éteignaient au contact de l’éclat que, de sa main droite, Notre-Dame faisait jaillir vers lui : l’Ange, désignant la terre de sa main droite dit d’une voix forte :  Pénitence, Pénitence, Pénitence ”. » Appel auquel fit écho Lucie à l’issue de l’apparition du 13 octobre s’adressant à l’immense foule venue assister au grand miracle : « Faites pénitence ! Faites pénitence ! Notre-Dame veut que vous fassiez pénitence. » Et auquel aurait dû faire écho le clergé portugais pressé en 1960 par Notre-Dame d’en prendre connaissance. « Au Portugal se conservera toujours le dogme de la foi. »

En 1960, l’appel à la pénitence de Notre-Dame aurait-il été compris par le peuple portugais ? Et même par les évêques convoqués deux ans plus tard au concile Vatican II où une minorité progressiste agissante les pressa de prêcher à un monde plus que jamais sous l’empire de Satan, non pas “ pénitence, pénitence, pénitence ”, mais “ joie et l’espérance ” (Gaudium et Spes) et liberté religieuse au nom d’une prétendue dignité de l’homme, de tout homme considéré, au fond, comme “ bon ” ?

En 1957, les propos qu’elle tint au cours de son entretien avec le Père Fuentes le 26 décembre, montrent que sœur Lucie ne se faisait guère d’illusion : « N’attendons pas que vienne de Rome un appel à la pénitence de la part du Saint-Père pour le monde entier ; n’attendons pas non plus qu’il vienne de nos évêques dans leur diocèse ni non plus des congrégations religieuses. Non, Notre-Seigneur a déjà utilisé bien souvent ces moyens et le monde n’en a pas fait cas. C’est pourquoi maintenant, il faut que chacun de nous commence lui-même sa propre réforme spirituelle. Chacun doit non seulement sauver son âme, mais aussi toutes les âmes que Dieu a placées sur son chemin. »

Et pour cela deux moyens : « La prière et le sacrifice. Et donc, il y a le saint Rosaire (...). La très Sainte Vierge, en ces derniers temps que nous vivons, a donné une efficacité nouvelle à la récitation du Rosaire. De telle façon qu’il n’y a aucun problème, si difficile soit-il, temporel ou surtout spirituel, se rapportant à la vie personnelle de chacun de nous, de nos familles, que ce soit des familles qui vivent dans le monde ou des communautés religieuses, ou bien à la vie des peuples et des nations, il n’y a aucun problème, dis-je, si difficile soit-il, que nous ne puissions résoudre par la prière du saint Rosaire. Avec le saint Rosaire, nous nous sauverons, nous nous sanctifierons, nous consolerons Notre-Seigneur et nous obtiendrons le salut de beaucoup d’âmes. Et donc, ayons la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, notre très Sainte Mère en la considérant comme le siège de la clémence, de la bonté et du pardon, et comme la porte sûre pour entrer au Ciel. »

Mais les papes Jean XXIII, Paul VI et Jean-Paul II s’obstinèrent à garder secrète la troisième partie du grand Message confié par Notre-Dame à Lucie, François et jacinthe le 13 juillet 1917, du moins jusqu’à l’année 2000 ; et refusèrent de consacrer la Russie à son Cœur immaculé et encore moins à recommander la dévotion réparatrice des premiers samedis du mois. En mai 1967, Paul VI fit un voyage au sanctuaire de Fatima non pas pour prier et rappeler au monde « que les hommes doivent demander la paix à ce Cœur Immaculé de Marie parce que Dieu la lui a confiée », mais pour y substituer « votre grand dessein, celui que vous révéliez à Manhattan, et qui est de demander la paix au cœur des hommes à qui vous la confiez... », écrivait notre Père au Souverain Pontife dans son premier livre d’accusation, en 1973.

Malgré l’attentat du 13 mai 1981 dont il fut victime place Saint-Pierre et qui le contraignit à prendre connaissance de la troisième partie du grand Secret, Jean-Paul II n’en fit pas cas. Il ne le divulgua pas. Pire ! Il fit semblant d’être un dévot de Notre-Dame de Fatima tout en se gardant bien d’accomplir ses demandes. En 1982, notre Père qualifia le pèlerinage du Saint-Père à Fatima d’ « imposture suprême ». « Le pire est qu’il a voulu faire accroire aux bons qu’il faisait tout le nécessaire, tout l’humainement possible, tout ce qu’une prudence surnaturelle lui inspirait de faire. Tandis qu’il montrait aux méchants qu’il n’était pas dupe des légendes et affabulations et hystéries fatimistes. Et qu’il n’exigeait pas qu’on y croie, qu’il ne demandait aucun effort à personne. » Le 25 mars 1984 il prononçait un acte d’offrande du monde censée répondre à la demande de Notre-Dame exprimée à Tuy le 13 juin 1929. Tout le monde le crut, mais il n’en était rien, aucune des conditions (acte de consécration de la Russie en union avec les évêques du monde entier) n’étant remplie.

Dans son livre d’accusation qu’il tentera de déposer à son encontre en 1983, notre Père écrivit sans détour au Souverain Pontife : « La Très Sainte Vierge, notre Reine et Souveraine, à qui est confié le Jugement de Dieu sur nous, dans la carence opiniâtre des juges ecclésiastiques et du Juge romain, nous a révélé le 13 juillet 1917 tout ce qui était nécessaire aux âmes pour leur salut éternel, aux nations pour leur salut temporel, à l’Église pour sa victoire sur les enfers déchaînés. Pour tout cela, dont vous n’avez pas fait cas, vous n’avez ressenti que mépris, horreur et haine. Car ces trois vérités et justices vous accusent et vous terrassent. » Non, les horizons de Jean-Paul II ne se situaient pas en direction du ciel de la Cova da Iria, mais vers l’avènement d’un “ monde nouveau ”. Il mit toutes ses immenses capacités intellectuelles, ses charismes indéniables au service de l’utopie d’un monde de paix par la démocratie universelle dont l’Église se devait être l’animatrice spirituelle en ce bas monde. Curieusement il fixait avec obstination à l’année 2000 la réalisation de ce projet chimérique. La Sainte Vierge le prit au mot.

III. LE SALUT DES NATIONS 
PAR LA CONSÉCRATION DE LA RUSSIE AU CŒUR IMMACULÉ

À partir de novembre 1982, l’URSS connut une série noire d’événements qui lui imposa le report de l’invasion de l’Europe de l’Ouest. Puis à partir de l’année 1985, le pays sembla perdre ses ambitions, ses velléités de conquêtes et de domination. Et surtout à partir de 1989, les pays d’Europe de l’Est, comme par enchantement, se libérèrent les uns après les autres du régime communiste qui les tenait en servage et du même coup de l’emprise de l’URSS. Et deux ans plus tard, contre toute attente, contre toute prévision politique, sans heurt, sans révolution, sans morts, mais aussi sans consécration au Cœur Immaculé de Marie ni conversion de quiconque, le régime communiste soviétique s’effondrait entraînant dans sa chute l’Empire soviétique et laissant derrière lui une Russie exsangue, circonscrite dans ses frontières du dix-huitième siècle et entamant à son tour un nouveau cycle qui aurait dû la conduire, immanquablement, vers un effondrement général tant politique qu’économique avec à la clé de nouvelles sécessions.

Tandis que les pays d’Occident, emmenés par des États-Unis enivrés par cette “ victoire ” sans combat sur un bloc communiste qui semblait jusqu’alors invincible et mus invinciblement par leur messianisme démocratique satanique et ruisselant de dollars, animés plus que jamais d’une haine profonde de Jésus-Christ Notre-Seigneur et de sa Très Sainte Mère, échappaient “ miraculeusement ” à un châtiment amplement mérité et que devait lui asséner cet empire russe que Dieu avait pourtant choisi comme « verge de sa colère »... comme l’avait annoncé Notre-Dame à Fatima.

Dès l’année 1982, notre Père avait par avance compris la signification surnaturelle d’une paix obtenue sans mérite, sans combat ni conversion : « L’apostasie immanente pénètre jusqu’au dernier carré des fidèles. Si la guerre tarde, c’est que notre châtiment est celui des âmes, plus redoutable que celui des corps ; celui de l’aveuglement, de la corruption et de la damnation éternelle, bien pire que la guerre et l’occupation russe avec leur cortège de maux temporels. Et cela durera tant que le monde ne cessera d’offenser Dieu, tant que l’Église ne répondra aux demandes de Notre-Dame de Fatima que par des mépris et des faux semblants. » (CRC n° 181, septembre 1982, p. 13)

En 1991, la Russie se libérait providentiellement de l’erreur du communisme, mais c’était aussitôt pour se jeter dans celle de la démocratie libérale et du capitalisme effréné. La prétendue “ thérapie de choc ” conduisit le pays à la ruine. Pourtant, la pauvreté salvatrice qu’il dut souffrir suscita une sage méfiance du peuple russe à l’égard des erreurs d’un Occident se complaisant, en pleine apostasie de sa foi chrétienne, tout à la fois en la “ religion ” de la démocratie libérale et des Droits de l’Homme et en un capitalisme sauvage pour mieux jouir et toujours plus des biens matériels de ce monde, et le prépara à se rendre digne de la divine surprise d’août 1999.

Dès sa nomination en tant que Premier ministre, Vladimir Poutine engagea une politique énergique pour “ mater ” un terrorisme islamiste qui minait la République de Tchétchénie et qui menaçait de contaminer tout le territoire russe. Et en mars 2000, les signalés services qu’il avait d’ores et déjà rendus à la nation l’imposaient aux yeux du peuple russe comme son chef légitime. Et depuis, sous l’autorité d’un chef prestigieux avec derrière lui un peuple bien uni, la Russie a réalisé à l’intérieur comme à l’extérieur de ses frontières une œuvre de restauration politique et morale prodigieuse lui assurant ordre et paix la mettant “ à part ” d’un Occident se complaisant, lui, dans cette effroyable religion aujourd’hui enseignée de la Chaire de Saint Pierre, la religion du culte de l’homme dont “ démocratie ”, “ droits de l’homme ”, “ liberté ” et “ égalité ” doivent faire converger les nations vers une fraternité universelle dont Jésus est ostensiblement, est outrageusement exclu.

L’année 2000 a donc bien marqué l’avènement d’un monde nouveau : l’an 1 des premiers signes tangibles d’une contre-révolution dont le Bon Dieu et la Sainte-Vierge ont décidé d’en faire sonner l’heure à l’horloge du Kremlin. Et cette contre-révolution a, depuis, pris un tour dramatique avec l’offensive militaire de la Russie engagée non pas tant contre l’Ukraine, mais contre la Révolution de la place Maïdan de 2014, les États-Unis et leurs alliés, de leur côté, n’hésitant pas à placer leur guerre à eux, leur soutien à la résistance “ héroïque ” de l’Ukraine sous la bannière de la Liberté, de la Démocratie et des Droits de l’Homme... bref c’est la Révolution américaine, française et bolchevique qui triomphe à Kiev et que la Russie entend contrer avant qu’elle ne soit de retour à Moscou. C’est une situation très nouvelle... celle d’une Russie contre-révolutionnaire, dernier rempart contre un Occident apostat, dépravé.

Mais le Bon Dieu et la Sainte Vierge ont un grand dessein sur la Russie. Moscou libérée de Byzance « ville pouilleuse et musulmane », ruinée pour son humiliation, ce dessein serait celui de ressusciter, reconquérir, agrandir, au Sud, cette Chrétienté d’Orient à laquelle lui donnent accès les immensités de son territoire. Mais selon quelle politique ? Selon la politique de la Sainte Vierge passant par la conversion à son Cœur Immaculé de ces innombrables populations notamment musulmanes se trouvant aussi bien sur son propre territoire qu’aux portes de ses infinies frontières et avec lesquelles elle entretient d’ores et déjà avec aisance et de façon très naturelle des relations très apaisées. Et à l’Ouest ? Se réconcilier avec la Chrétienté d’Occident qui est tout autant à sauver, à restaurer. Et d’abord avec Rome...

Et pour ce faire, il faut que les derniers démons qui le possèdent encore soient extirpés de ce peuple de Russie. « Ceux du schisme et de l’hérésie ! » comme l’écrit notre Père. Mais pour ces démons-là, la Sainte Vierge s’est d’avance attribué à Elle-même, à son Cœur Immaculé, toute la gloire d’un pareil miracle dont elle attend qu’il lui soit demandé par le Saint-Père de qui, seul, dépend aujourd’hui le salut de l’Église.

CONCLUSION : 
LE SALUT DE L’ÉGLISE PAR L’OBÉISSANCE 
DU SAINT-PÈRE AU CŒUR IMMACULÉ DE MARIE

La même année 2000, Jean-Paul II s’est enfin décidé à publier la troisième partie du grand Secret que Notre-Dame confia le 13 juillet 1917 à Lucie, François et Jacinthe. Message sous forme de révélation symbolique par laquelle la Sainte Vierge fait apercevoir de façon saisissante, dramatique, après le triple appel de l’Ange à la pénitence, entouré d’une poignée d’évêques, de prêtres, religieux et fidèles, le Saint-Père, comme le personnage central, le personnage clé d’une tragédie, en s’avançant péniblement, mais inexorablement vers son martyre : « Et nous vîmes dans une lumière immense qui est Dieu  quelque chose de semblable à l’image que renvoie un miroir quand une personne passe devant  : un évêque vêtu de blanc.  Nous eûmes le pressentiment que c’était le Saint-Père. 

« Plusieurs autres évêques, prêtres, religieux et religieuses gravissaient une montagne escarpée, au sommet de laquelle était une grande Croix de troncs bruts comme si elle était en chêne-liège avec l’écorce. Le Saint-Père, avant d’y arriver, traversa une grande ville à moitié en ruine et, à moitié tremblant, d’un pas vacillant, affligé de douleur et de peine, il priait pour les âmes des cadavres qu’il trouvait sur son chemin. Parvenu au sommet de la montagne, prosterné à genoux au pied de la grande croix, il fut tué par un groupe de soldats qui lui tirèrent plusieurs coups et des flèches. Et de la même manière moururent les uns après les autres les évêques, prêtres, religieux, religieuses, et divers laïcs, des messieurs et des dames de rangs et de conditions différentes.

« Sous les deux bras de la Croix, il y avait deux Anges, chacun avec un vase de cristal à la main, dans lequel ils recueillaient le sang des martyrs, et avec lequel ils arrosaient les âmes qui s’approchaient de Dieu. »

En 2000, Jean-Paul II osa s’identifier à l’ « évêque vêtu de blanc ». Non, le 13 mai 1981 Jean-Paul II fut jugé digne par Notre-Seigneur non pas de la grâce du martyre et encore moins d’un miracle le faisant réchapper à une mort certaine, mais bien d’un sévère avertissement à correspondre aux demandes de Notre-Dame de Fatima comme son bienheureux prédécesseur en avait eu, lui, l’ardent désir à la suite d’un pèlerinage diocésain qu’il présida à Fatima en juillet 1977, à la suite également d’un entretien avec sœur Lucie dont son rang de cardinal lui permit de jouir. « C’est une chose qui m’a troublé durant toute l’année. J’en ai perdu la paix et la tranquillité spirituelles. Depuis ce pèlerinage, je n’ai pas oublié Fatima. Ce que sœur Lucie m’a dit m’est devenu un poids sur le cœur. Je cherchais à me convaincre que ce n’était qu’une illusion. J’ai prié pour l’oublier (...). Cette pensée était trop importante, trop embarrassante, trop contraire à tout mon être. Ce n’était pas croyable, et pourtant la prévision de sœur Lucie s’est avérée. Je suis ici. Je suis Pape. Si je vis, je retournerai à Fatima pour consacrer le monde et particulièrement les peuples de la Russie à la Sainte Vierge, selon les indications que Celle-ci a données à sœur Lucie. »

Les plans des hommes même animés du souci de correspondre aux désirs du Ciel, c’est une chose, la volonté de Bon Plaisir du Bon Dieu peut en être une autre.

À l’issue d’un lumineux pontificat de trente-trois jours, sans lui donner le temps nécessaire pour accomplir sa promesse, le Bon Dieu agréait cette consécration de désir à laquelle succéda le sacrifice de son serviteur qu’Il lui plut de laisser mourir, martyr de ses frères pour avoir voulu libérer l’Église du chancre de l’argent et lui redonner à ses enfants le visage doux, souriant et traditionnel d’une Mère. « Pour moi, j’interprète la mort de Jean-Paul Ier comme un holocauste accepté par Dieu pour le salut de son Église et la paix du monde. Comme l’autre mort mystérieuse, celle du patriarche de Leningrad, dans le bureau, dans les bras mêmes du Pape absous par lui, me paraît le signe prophétique de la conversion de la Russie par le retour des communistes à la foi véritable et la réunion des Orientaux schismatiques à l’Église romaine. Car Nikodim était communiste, agent du KGB, devenu par la grâce, fervent orthodoxe, pris par le jeu de ses fonctions internationales à désirer ardemment cette unité chrétienne que Dieu lui a donné de vivre dans sa mort venue mettre un sceau d’authenticité à ses dernières paroles, paroles d’amour pour l’Église. » (CRC n° 134, octobre 1978, p. 2)

Notre Père fut prophète.

C’est ce sacrifice d’holocauste du Saint-Père consenti en 1978 qui nous a valu d’échapper, mais pour un temps seulement, à ce déluge de feu et d’acier pourtant amplement mérité, dont nous étions prévenus par notre Père, qui nous était promis par cette Russie alors « verge de la colère de Dieu » et que détourna Notre-Dame de sa main droite.

C’est ce désir loyal du Saint-Père de la consacrer au Cœur Immaculé de Marie qui valut à la Russie de se libérer sans heurt, sans révolution du régime communiste qui la possédait depuis soixante-quatorze années et de jouir en 1999 de cette divine surprise en la personne de Vladimir Poutine.

Dieu protège la Russie. C’est incontestable sauf à préciser que, parce qu’Elle lui est confiée, c’est la Sainte Vierge en personne qui la protège et qui guide son chef dans des décisions très sages qui conduisent inexorablement le pays là où il ne veut pas aller et qui constitue pourtant son destin : son retour à l’unité de la Chrétienté, son retour à l’unité de l’Église. Ainsi en est-il de l’offensive militaire en Ukraine ordonnée par Vladimir Poutine qui a conduit, à son tour, le pape François là où lui, non plus, ne voulait pas aller en implorant, le 25 mars 2022 tel « le Saint-Père, dans une église, priant devant le Cœur Immaculé de Marie » le secours de la Sainte Vierge pour résoudre une affaire géopolitique de première gravité qui menace la paix du monde.

Et mieux encore, en obéissant à Notre-Dame de Fatima, faisant voler en éclats toutes les prétendues objections de “ prudence ” théologique et politique, notamment celles soulevées par le théologien de triste mémoire, le Père Édouard Dhanis, en prononçant formellement un acte de consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie en union avec les évêques du monde entier. Acte d’autant plus miraculeux que le Saint-Père, que ce soit avant de l’accomplir ou même après, ne semblait guère y attacher la moindre importance.

« Mais la consécration a été étendue au monde entier sans la seule mention de la Russie ? » nous objectera-t-on !

L’acte de consécration a été accompli... et a certainement bien consolé Notre-Seigneur qui confiait à sœur Lucie en 1931, se trouvant à Rianjo, en Espagne, près de Pontevedra où elle demandait à Dieu la conversion de la Russie, de l’Espagne et du Portugal : « Tu me consoles beaucoup en me demandant la conversion de ces pauvres nations. Demande-la aussi à ma Mère en lui disant souvent : Doux Cœur de Marie, soyez le salut de la Russie, de l’Espagne et du Portugal, de l’Europe et du monde entier. Et d’autres fois : Par votre pure et Immaculée Conception, ô Marie, obtenez-moi la conversion de la Russie, de l’Espagne, du Portugal, de l’Europe et du monde entier. » La Russie se convertira !

Mais l’acte de consécration a été accompli bien tard. « Fais savoir à mes ministres, avait ajouté Notre-Seigneur lors de la même communication à sœur Lucie en 1931 donc deux années seulement après avoir demandé la consécration de la Russie, étant donné qu’ils suivent l’exemple du roi de France en retardant l’exécution de ma demande, qu’ils le suivront dans le malheur. Jamais il ne sera trop tard pour recourir à Jésus et à Marie. » La Russie se convertira... mais à défaut d’avoir encouragé la dévotion au Cœur Immaculé, le Saint-Père suivra – peut-être – dans le malheur le roi de France, et il sera conduit à la prêcher dans les larmes et dans le sang, entraînant à sa suite dans son martyre « les autres Évêques, Prêtres, religieux et religieuses, et divers laïcs, des messieurs et des dames de rangs et de conditions différentes » pour le salut de l’Église, pour le triomphe du Cœur Immaculé de Marie qui de toute manière nous sont promis... mais à la condition d’embrasser sans retard, sa dévotion réparatrice, mais à la condition de beaucoup prier et se sacrifier pour le pauvre Saint-Père, notre doux Christ en terre. 

frère Bruno de Jésus-Marie.