Il est ressuscité !
N° 198 – Mai 2019
Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard
Évangile du Cœur Immaculé de Marie (1)
LE contexte des événements de Fatima, en 1917, est très semblable à celui de l’apostasie d’Israël qui a mis fin à l’Ancien Testament. Le “ petit reste ” des « pauvres », fidèles à la foi d’Abraham, les “ pauvres de Yahweh ”, gardait une espérance inconfusible : à Nazareth (Lc 1, 26), dans la « région montagneuse » de Juda (Lc 1, 39), à Bethléem (Lc 2, 8), à Jérusalem (Lc 2, 25). Les saints Évangiles en témoignent.
« ANNONCIATION ».
Ainsi en va-t-il du Portugal en 1916, lorsque « l’Ange de la Paix », comme il se présente lui-même, vient apprendre à trois « pauvres enfants », ainsi désignés par Lucie dans ses Mémoires, que « les Cœurs de Jésus et de Marie sont attentifs à la voix de leurs supplications ». Après leur avoir enseigné à prier : « Ne craignez pas ! Je suis l’Ange de la Paix. Priez avec moi ! » il parle comme jadis « l’Ange du Seigneur » à Zacharie : « Sois sans crainte, Zacharie, car ta supplication a été exaucée. » Saint Luc ne précise pas quel était l’objet de la supplication de Zacharie. Sans doute la naissance de l’enfant miraculeux qu’Élisabeth, sa femme stérile, va lui donner.
Au Portugal, l’objet des « supplications » des enfants est celui que l’Ange vient de leur enseigner : « supplication pour la conversion des pécheurs », comme il le leur dit lors de sa deuxième apparition : « Les Saints Cœurs de Jésus et de Marie ont sur vous des desseins de miséricorde. Offrez sans cesse au Très-Haut des prières et des sacrifices.
– Comment devons-nous nous sacrifier ?
– De tout ce que vous pourrez, offrez à Dieu un sacrifice, en acte de réparation pour les péchés par lesquels Il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs. »
Prières et sacrifices ont deux objets : consoler le Bon Dieu des outrages des apostats, et obtenir que sa grâce les sollicite encore une fois de se convertir.
À la différence de Zacharie au Temple, mais à la ressemblance de la Vierge Marie à Nazareth, les enfants n’ont pas la moindre hésitation : « Poussés par un mouvement surnaturel », ils imitent l’Ange agenouillé en courbant le front jusqu’à terre pour répéter les paroles qu’ils lui entendent prononcer : « Mon Dieu ! Je crois, j’adore, j’espère et je vous aime. »
C’est une Croisade qui commence, non pas militaire, mais de prières et de sacrifices... Une Croisade eucharistique. Lors de la troisième apparition, « nous avons revu l’Ange qui tenait dans sa main gauche un calice sur lequel était suspendue une Hostie de laquelle tombaient quelques gouttes de Sang dans le calice ».
L’Hostie, c’est Jésus ressuscité qui verse son Sang précieux dans le calice chaque jour en tous les points de la terre pour le salut des pécheurs : prières et sacrifices de Lucie, François et Jacinthe n’auront de puissance pour réparer les outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels Jésus-Christ est lui-même offensé que par leur communion aux « très précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ, présent dans tous les tabernacles de la terre :
« Mangez et buvez le Corps et le Sang de Jésus-Christ horriblement outragé par les hommes ingrats. Réparez leurs crimes et consolez votre Dieu. »
« JE SUIS DU CIEL. »
« Un signe grandiose apparut au Ciel : une Femme ! Le soleil l’enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête. » (Ap 12, 1)
Le dimanche 13 mai 1917, précédée d’un éclair qui brilla à deux reprises, Elle apparaît « sur un petit chêne-vert », « toute vêtue de blanc, plus brillante que le soleil ». C’est Elle ! Mais « le soleil », qui l’enveloppait à Patmos, aux yeux de saint Jean, est en retrait. En attendant le « signe » du 13 octobre.
La première parole de cette “ Femme ” « plus brillante que le soleil », est la réponse au démon qui agressa sainte Thérèse vingt ans auparavant, avec une puissance qui entraîne aujourd’hui le monde entier dans l’apostasie :
« Je suis du Ciel ! »
Donc, le Ciel existe ! Et « les ténèbres, empruntant la voix des pécheurs », ont menti en disant à Thérèse : « Avance, avance, réjouis-toi de la mort qui te donnera, non ce que tu espères, mais une nuit plus profonde encore : la nuit du néant. »
Elle n’a pas dit : « Je viens du Ciel », comme aurait pu le dire l’ange Gabriel à la Vierge Marie le jour de l’Annonciation. Mais elle a dit : « Je suis du Ciel ! » et cette courte phrase qui est la première de son saint Évangile, résonne à nos oreilles comme un écho discret de la première phrase du Pater : « Notre Père qui êtes aux cieux... » Notre Mère aussi, par une grâce insigne du Père des miséricordes, peut proclamer à son tour, en toute vérité : « Je suis du Ciel ! » Car ces mots évoquent le mystère même de sa personne. Cette Dame « toute vêtue de blanc, plus brillante que le soleil », irradie une lumière plus claire et plus intense qu’un verre de cristal rempli d’eau cristalline traversé par les rayons du soleil le plus ardent, et cette lumière, c’est Dieu !
« Et que veut de moi Votre Grâce ?
– Je suis venue vous demander de venir ici pendant six mois de suite, le 13, à cette même heure. Ensuite, je vous dirai qui je suis et ce que je veux. Après, je reviendrai encore ici une septième fois. »
Non seulement Lucie entend ces paroles tombées d’une bouche céleste, mais elle touche du doigt, pour ainsi dire, le Ciel : « Nous étions si près que nous nous trouvions dans la lumière qui l’entourait, ou plutôt qui émanait d’Elle, peut-être à un mètre et demi de distance, plus ou moins. »
À cette heure-là, une seule chose compte : entrer entièrement dans le Ciel et pour toujours. Le reste n’est rien !
« Et moi aussi, est-ce que j’irai au Ciel ?
– Oui, tu iras.
– Et Jacinthe ?
– Aussi.
– Et François ?
– Aussi, mais il devra réciter beaucoup de chapelets. »
Si c’est la condition pour aller au Ciel, qui ne dira comme François : « Ô ma Notre-Dame ! des chapelets, j’en réciterai autant que vous voudrez ! »
Sinon ?
« Est-ce que Maria das Neves est déjà au Ciel ?
– Oui, elle y est.
– Et Amélia ?
– Elle sera au purgatoire jusqu’à la fin du monde. »
« Heureusement, pour nous le purgatoire est là, au débouché de cette vie en l’autre. Et jamais croyance ne m’a paru plus nécessaire, ne m’a été plus facile que cette croyance-là. Il est plus facile de croire à votre miséricorde infinie parce qu’elle s’accompagne d’une parfaite justice. J’arrive à croire que beaucoup, pardonnés comme le bon larron in extremis et libérés du poids très lourd d’une vie de péché, sont appelés à une béatitude céleste forcément parfaite et de nature divine, mais je le conçois mieux quand j’apprends de l’Église qu’un espace et un temps d’expiation, de purification, de correction intense, y disposera tant de larrons qui ne furent pas si bons que celui du Calvaire... » (Georges de Nantes, Pages Mystiques, deuxième édition, 2010, p. 419)
C’est pourquoi Notre-Dame, telle une mère affligée, adressa aux enfants sa requête :
« Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter toutes les souffrances qu’il voudra vous envoyer, en acte de réparation pour les péchés par lesquels il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs ?
– Oui, nous le voulons.
– Vous aurez alors beaucoup à souffrir, mais la grâce de Dieu sera votre réconfort.
« C’est en prononçant ces dernières paroles que Notre-Dame ouvrit les mains pour la première fois et nous communiqua, comme par un reflet qui émanait d’elles, une lumière si intense que, pénétrant notre cœur et jusqu’au plus profond de notre âme, elle nous faisait nous voir nous-mêmes en Dieu, qui était cette lumière, plus clairement que nous nous voyons dans le meilleur des miroirs. »
Notre-Dame met donc en œuvre sans attendre « la grâce de Dieu » infuse promise comme « réconfort », lumière de la bonté toute gracieuse et gratuite de Dieu par laquelle Celui-ci se révèle à la créature dans l’être même qu’il lui communique en la créant et la conduit au Christ, Parole de Dieu dans la chair, beauté humaine et Splendeur du Père, visage corporel de la Divinité :
« Alors, par une impulsion intime qui nous était communiquée, nous tombâmes à genoux et nous répétions intérieurement : “ Ô Très Sainte Trinité, je vous adore. Mon Dieu, mon Dieu, je vous aime dans le Très Saint-Sacrement. ” »
À croire qu’ils conservaient en eux-mêmes l’Hostie et le Précieux Sang reçus en communion de la main de l’Ange, l’année précédente, comme si le Très Saint-Sacrement était resté en eux comme en de vivants tabernacles selon le vœu de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus dans son acte d’offrande comme victime d’holocauste à l’amour miséricordieux du Bon Dieu :
« Je ne puis recevoir la Sainte Communion aussi souvent que je le désire, mais, Seigneur, n’êtes-vous pas Tout-Puissant ?... Restez en moi comme au tabernacle, ne vous éloignez jamais de votre petite hostie... » (9 juin 1895)
RÉCITEZ LE CHAPELET
« Les premiers moments passés, Notre-Dame ajouta : “ Récitez le chapelet tous les jours afin d’obtenir la paix pour le monde et la fin de la guerre. ” »
Le chapelet est donc la clé du Ciel, et l’instrument de la paix en ce monde. Sans le chapelet, ce n’est que guerre et damnation. Benoîte Rencurel en avait déjà été avertie au siècle de Louis XIV, au Laus.
Aujourd’hui, la fin du “ califat ” de DAECH n’est pas la paix. Sa défaite à Baghouz, en Syrie, a renvoyé l’État islamique à la clandestinité, où sa détermination demeure intacte de poursuivre la guerre sainte prescrite par le Coran. La durée des combats à Baghouz – plus de six mois – a laissé le temps à DAECH de créer des cellules dormantes plus au sud dans le désert.
Depuis le 1er mai, le dernier grand bastion contrôlé par les djihadistes dans le nord-ouest de la Syrie est l’objet d’une violente offensive de l’armée syrienne épaulée par la Russie.
Le dernier mot de Marie, le 13 mai, reste d’une actualité urgente : « Récitez le chapelet tous les jours afin d’obtenir la paix pour le monde et la fin de la guerre. »
À la pensée de cet imminent danger où nous sommes, lui et nous, de perdre notre âme si nous nous obstinons dans le péché, qu’il nous soit permis de supplier à genoux notre Saint-Père le pape François, de daigner dire et répéter en toute occasion cette prière enseignée par la Vierge Notre-Dame pour accompagner chaque dizaine de notre chapelet :
« Ô mon Jésus, pardonnez-nous, sauvez-nous du feu de l’enfer, attirez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui en ont le plus besoin. »
La “ guerre ” aujourd’hui menace d’incendier le monde, comme l’ « épée de feu » de l’Ange qui se tenait « à gauche de Notre-Dame, un peu plus haut » dans la vision du 13 juillet 1917. Elle « scintille » et « émet des flammes » aux quatre coins de la planète.
Le feu couve encore en Syrie, où le plateau du Golan, conquis sur la Syrie en 1967, annexé à Israël en 1981, demeure un casus belli. Surtout depuis que Donald Trump a décidé de reconnaître la souveraineté d’Israël sur ce plateau qui est une terre syrienne, occupée par Israël depuis “ la guerre des Six Jours ” en 1967. À vrai dire, Trump n’a pas le pouvoir de donner à Israël la souveraineté sur quoi que ce soit. Le plateau du Golan est un territoire syrien illégalement occupé par Israël qui y a construit plusieurs radars et stations d’espionnage de la Syrie. L’Union Européenne, la Russie et d’autres pays ont rejeté la décision de Trump.
Israël est protégé par un “ Dôme de fer ” technologique qui n’a pas empêché un missile à longue portée tiré de l’enclave palestinienne de la bande de Gaza de frapper, lundi 25 mars, un village de la plaine de Sharon, au nord de Tel-Aviv, et d’y faire plusieurs blessés.
Unique au monde, ce système de défense développé à grands frais par Israël avec l’aide des États-Unis n’atteindra jamais l’efficacité de « l’éclat » antimissiles « que de sa main droite » Notre-Dame fait jaillir pour éteindre les flammes qui menacent d’incendier le monde.
Le pape François s’est rendu aux Émirats Arabes Unis, alliés de l’Arabie saoudite qui veut « restaurer l’espoir » – c’est le nom actuel de l’opération – par les armes, au Yémen. Il a signé à Abou Dhabi un « Document sur la Fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune »... sans Jésus ni Marie, puisque « Dieu (’Allah) est avec l’homme qui cherche la paix ».
Et la guerre continue donc au Yémen.
En Extrême-Orient le pacte signé par le pape François avec l’Empereur rouge Xi Jinping développe le même acte d’apostasie (cf. Il est ressuscité n° 197, avril 2019, p. 1-7). C’est un véritable ralliement au camp du Diable, à tel point que « désormais être contre le gouvernement communiste, c’est être contre le Pape ! »
Que nous réserve l’avenir ? La réponse à cette question ne fait aucun doute. Si le Pape ne fait pas ce que la Sainte Vierge lui demande, l’Empereur rouge Xi Jinping dominera le monde en lui imposant la “ fraternité humaine ” de son communisme hérité des « erreurs de la Russie » et de l’apostasie de la hiérarchie ecclésiastique ! Il célébrera le centenaire de la proclamation de la République populaire de Chine, le 1er octobre 2049.
LE PÉCHÉ DE L’ÉGLISE
« À la suite de Jésus, l’Église vit le mystère de la flagellation. Son corps est lacéré. Qui porte les coups ? Ceux-là mêmes qui devraient l’aimer et la protéger ! Oui, j’ose emprunter les mots du pape François : le mystère de Judas plane sur notre temps. Le mystère de la trahison suinte des murs de l’Église... Nous vivons depuis longtemps le mystère de Judas. Ce qui apparaît désormais au grand jour a des causes profondes qu’il faut avoir le courage de dénoncer avec clarté. La crise que vivent le clergé, l’Église et le monde est radicalement une crise spirituelle, une crise de la foi. » (Cardinal Robert Sarah, Le soir approche et déjà le jour baisse, Fayard, p. 12)
La visite du pape François au Maroc a mis le comble à cette trahison. Pour s’en convaincre, il suffit de relire cette lettre du Père de Foucauld au chapelain de Montmartre, le 18 décembre 1902 :
« Je viens vous demander très instamment de recommander aux prières des pieux adorateurs de Montmartre et à celles de toutes les âmes dévouées au Sacré-Cœur, une intention bien chère à ce Divin Cœur.
« Je suis ici sur la frontière du Maroc, en relation quotidienne avec ses habitants. Or, dans ce Maroc, grand comme la France, peuplé de plus de dix millions d’habitants, il n’y a ni un prêtre, ni un missionnaire, ni un autel, ni un tabernacle. La nuit de Noël s’y passera sans une messe, sans une communion, sans qu’un cœur prononce le nom de Jésus !
« Si notre pauvre France, si nos peuples d’Europe sont secoués par la tempête, qu’est-ce à côté de cette nuit totale, de ce voile noir qui s’étend sur tout le Maroc ? Jadis, il eut ses martyrs ; les fils de saint François y eurent longtemps des missionnaires. Maintenant, il ne reste absolument rien, que les chapelains des consulats d’Espagne. C’est le règne de Satan, et nul ne le lui dispute.
« Je vous en supplie, au nom de ce Cœur de Jésus qui doit et veut régner, et rayonner sur l’univers, de prier et de faire prier à l’intention de ce deuil immense de Son Cœur, à l’intention de ces dix millions d’âmes, de ce Maroc, si près de nous et si totalement délaissé.
« Auprès du Cœur de Jésus, au pied de la Sainte Eucharistie, pensez-y et répondez à cet appel, fait au nom du Cœur divin, par une Croisade de prières précédant une Croisade d’apôtres. »
frère Bruno de Jésus-Marie.