Méditations quotidiennes

Mardi 1er avril

Saint Hugues

Frère Hugues était très pénitent parce que, c’était le secret de la Croix. Il comprenait qu’il fallait ressembler à Jésus et que cela coûte à la nature. Tant pis pour la nature, il faut bien qu’elle se sacrifie ! Les choses qui lui coûtaient, c’était un trésor.

On voyait toujours le frère se précipiter, courir, faire les choses, ne pas se reposer. Alors, il n’était jamais fatigué ? Non, c’est que, au moment où la fatigue arrivait, il pensait à Jésus. Il n’était jamais plus heureux que quand il était en sueur, fatigué comme tout, sale comme c’est pas possible et voilà ! Ça, c’est vraiment bien pour un moine : me dire que je me suis fatigué aujourd’hui par amour de Jésus !

Vivre d’amour, ce n’est pas sur la terre
Fixer sa tente au sommet du Thabor ;
Avec Jésus, c’est gravir le calvaire,
C’est regarder la Croix comme un trésor !
Au Ciel, je dois vivre de jouissance,
Alors l’épreuve aura fui pour toujours :
Exilé, je veux, dans la souffrance
Vivre d’amour !

Frère Pierre de la Transfiguration, 3 octobre 2002

Mercredi 2 avril

Saint François de Paule

Je me faisais une réflexion épouvantable. Si on nous annonçait qu’un tapis de bombes atomiques a vitrifié les États-Unis ou a réduit en poussière les six cents millions de Chinois, qu’est-ce que cela nous ferait à nous ? Ce serait une grande nouvelle et on passerait à autre chose. Que nous importe la vie des Chinois ? Pour Dieu, que lui importe la vie des Chinois ? Pour un Chinois, notre vie à nous ne lui importe pas du tout. Tout à coup, j’ai pensé que l’homme du vingtième siècle, dans son orgueil collectif, était toujours à penser qu’il était nécessaire à Dieu, nécessaire aux autres, qu’il était le centre de l’univers. Si le Pape dit qu’il n’y a personne en enfer, c’est parce qu’il pense que de toute façon, lui, il ne peut pas y aller. Dieu compte sur lui. Lui, ne pouvant pas y aller, il ne se donne aucun droit de persuader d’autres hommes qu’il serait d’accord avec Dieu pour condamner quiconque à l’enfer. L’homme se donne une telle importance qu’il a perdu une sorte de ressort intérieur qu’avaient les Pères.

Saint Augustin dit que ceux qui n’ont pas eu la foi au Christ, qui n’ont pas été baptisés, qui n’ont pas été fidèles à suivre la loi de Dieu, sont damnés. Et il s’agissait de masses d’hommes, massa damnata.

Notre Père, 2 novembre 1994

Jeudi 3 avril

« Ainsi, Jésus-Christ a laissé comme preuve de sa divinité, ses œuvres et la sublimité de sa doctrine. N’en soyons pas surpris ! Il ne nous demande que d’appliquer à son égard le même critère que celui qu’Il nous a recommandé, dans une autre occasion, pour que nous sachions si un prophète est vrai ou faux prophète : “ C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez (...). Ainsi, tout arbre bon donne de bons fruits, tandis que l’arbre mauvais donne de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits (...). Ainsi donc, c’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. ” (Mt 7, 16-20) » Le bon arbre dont Jésus, ses œuvres, sa doctrine sont le fruit, c’est la Croix où Il a payé le prix de notre salut.

Frère Bruno de Jésus-Marie, Lumière dans la nuit, décembre 2003

Vendredi 4 avril

Premier Vendredi du mois, Bse Aleth, Saint Isidore, Précieux Sang de Notre-Seigneur

Chacune des grâces que nous recevons est perlée d’une goutte du Sang de Jésus et une larme de notre Mère spirituelle. Chacune des grâces de Jésus nous est donnée avec un sourire de Marie, Médiatrice de toutes grâces.

Abbé Edouard Poppe, avril 1922

Samedi 5 avril

Premier Samedi du mois, Saint Vincent Ferrier

L’énigme du peuple de Jérusalem va renouveler notre interrogation sur ce peuple, parce qu’un grand enthousiasme saisira la foule, elle sera véritablement séduite : « Aucun homme n’a parlé comme cet homme ! ». Elle sera attachée à Jésus, à tous ses discours, suspendue à ses lèvres. Puis, on la verra menacée par les grands de Jérusalem et un peu terrorisée, se méfier de ne pas se compromettre avec Jésus et ses apôtres. C’est ce même peuple qui, à la fois, applaudira Jésus le jour des Rameaux et quelques jours plus tard, le livrera à la mort.

C’est véritablement incompréhensible. Il faut se plonger avec soin dans l’évangile, avec ce souci de pénétrer l’âme de ce peuple pour comprendre un peu les raisons de cet enthousiasme et de cette soudaine trahison.

Notre Père, Qui a tué le Seigneur ? semaine sainte 1988

Dimanche 6 avril

Dimanche de la Passion, Bx Michel Rua

En lisant la parole de Notre-Seigneur : “ Va et ne pèche plus ”, je la méditais après avoir fait comme demande saint Ignace, la composition du lieu (...). Or, je l’ai compris intensément tout à coup sous la forme de cette même femme de mon premier tableau, confondue, pleurant, les cheveux tombant sur les yeux et tout à coup, relevée par la parole de Jésus et rendue à la pureté et à la liberté. J’ai revu cette femme, dans un tumulte épouvantable et c’était tous les gens qui criaient : À mort ! Crucifiez-le ! Je voyais des visages. C’est moi qui me fournissais ces images, composition du lieu, ce n’est pas le Ciel ! Et je voyais ces figures torturées, tordues par le vice et la haine qui criaient “ à mort ! ” à Jésus et au milieu d’elles, cette opulente blonde avec des yeux féroces, la bouche tordue par la haine et qui criait : À mort Jésus ! C’était effrayant ! C’était elle, la femme adultère pardonnée. Comment est-ce possible ? C’était une vision épouvantable. Mais il n’est pas dit que la femme adultère ait obéi à la semonce de Jésus. S’il lui a dit : “ Et maintenant, ne pèche plus ”, c’est qu’Il savait qu’elle pouvait pécher.

Pensons à ces simples paroles de Notre-Seigneur. Comprenons sa bonté qui n’accepte pas d’être tordue, tournée à l’avantage des hommes pécheurs sous l’influence du démon par des pharisiens, de telle manière que la loi de Dieu elle-même est corrompue. Impossible ! Il faut que nous soyons fidèles à la Loi de Dieu, la Loi du Cœur de Jésus doux et humble, afin de mériter sa miséricorde et de l’obtenir.

Notre Père, 13 mars 1999

Lundi 7 avril

Saint Jean-Baptiste de la Salle

Tout nous précipite dans la vie, dans notre propre vie comme dans l’histoire humaine, comme dans la vie de Jésus-Christ, vers la Passion, la souffrance et la mort, qui sont l’essentiel de la vie. Voilà pourquoi nous entrons résolument aujourd’hui dans ce temps de la Passion qui paraît bien l’essentiel du cycle liturgique. Les statues sont voilées ; au bréviaire, on ne fait plus mention que des très grands saints, on ne fait plus le suffrage des saints ; après ces quelques semaines qui nous séparent du temps de Noël, toute notre attention est concentrée sur le mystère du Christ et de sa Sainte Mère, la Vierge des Douleurs au pied de la Croix, parce que c’est cela seul qui importe, c’est l’essentiel de la vie du Christ. Il n’est pas venu ici-bas pour construire le monde, pour être heureux, pour nous révéler de grandes sciences ou de grands arts, de beaux-arts, mais il est venu ici-bas pour nous apprendre la Croix, c’est-à-dire la mort, c’est-à-dire le passage vers la Terre promise, le passage de ce monde à un autre.

Notre Père, 23 mars 1980

Mardi 8 avril

Sainte Julie Billiart

Pendant ce temps de la Passion, l’Église nous fait voir le mystère du Christ. C’est le moment d’étudier Jésus souffrant. Dans ces Évangiles et durant toute la liturgie nous assistons au mystère de la mort et de la Résurrection du Christ, de sa Passion. Nous entrons dans le mystère de ses souffrances.

Nous ne faisons pas que regarder, mais nous y participons, c’est-à-dire que, par les sacrements de confession et de communion, nous nous unissons à Jésus, pour ainsi dire nous nous fondons en lui, nous devenons membres de son Corps en train de souffrir pour être embarqués par lui dans ce grand mouvement et passer de la terre vers le Ciel.

Véritablement, d’une manière sacramentelle, c’est-à-dire symbolique et mystique, l’Église, durant la Semaine sainte, meurt avec son Sauveur pour ressusciter avec lui. C’est là le mystère pascal dans son essence afin que l’Église puisse nous presser d’imiter Jésus-Christ : « Faites comme il a fait. »

Notre Père, 23 mars 1980

Mercredi 9 avril

Une seule explication à cette folie homicide : « Vous avez pour père le diable ! » C’est ce que Jésus a répondu à la Révolution française, « satanique dans son essence », par la bouche de Grégoire XVI, de Pie IX, de Pie X. Mais après Pie X, la Sainte Vierge est descendue du Ciel en personne pour ouvrir sous les yeux de trois enfants innocents l’abîme de l’enfer. Comme si Dieu avait prévu que les Papes ne suffiraient plus à montrer aux hommes le but, l’unique but de tous nos travaux : le Ciel, et à les arracher à l’enfer où ils tombent en masse depuis la Révolution française et, plus encore, depuis la Révolution communiste de... 1917 ! devancée de peu par la Sainte Vierge, le 13 mai 1917. Ce n’est pas que la Sainte Vierge veuille supplanter le Saint-Père. Prions pour le Saint-Père, à l’exemple de Lucie, François et Jacinthe, surtout Jacinthe.

Frère Bruno de Jésus-Marie, 1er mai 2006

Jeudi 10 avril

Ceux qui refusent de croire en Jésus ont beau dire de son Père : « Il est notre Dieu », comme les juifs et les musulmans aujourd’hui, ils ne le connaissent pas et ne profèrent qu’un mensonge, comme Jésus le leur dit : « Si je me glorifie moi-même, ma gloire n’est rien, c’est mon Père qui me glorifie, lui dont vous dites : Il est notre Dieu. » (Jn 8, 54) Tous ceux qui nous disent que nous avons le même Dieu n’ont pas lu l’Évangile de saint Jean ! « Lui dont vous dites : Il est notre Dieu, vous ne le connaissez pas, mais moi je le connais ! Et si je disais : Je ne le connais pas – si je faisais de l’interreligion avec vous –, je serais semblable à vous, un menteur. » Ce sont des menteurs ! Toute l’interreligion, c’est un mensonge ! « Mais je le connais et je garde sa parole. Abraham, votre père, exulta à la pensée qu’il verrait mon jour. Il l’a vu et fut dans la joie. » Les vrais fils d’Abraham sont ceux qui reconnaissent en Jésus celui qu’attendait Abraham lui-même. Les autres sont des faux juifs, « synagogue de Satan », comme dit saint Jean dans l’Apocalypse.

On voit que ces paroles que je viens de vous citer, de l’Évangile de saint Jean, qui sortent de la bouche de Jésus, sont une épée acérée, pour en frapper les païens que sont devenus les juifs aujourd’hui. Depuis qu’ils ont refusé, ils sont retournés à leur paganisme, mais pire, à leur apostasie ! (Ap 19, 15) Les juifs, et les musulmans à leur école.

Frère Bruno de Jésus-Marie, 5 septembre 2015

Vendredi 11 avril

Notre-Dame des Sept Douleurs, Saint Stanislas, Saint Léon Ier

Il faut nous tenir avec la Vierge Marie, sainte Madeleine et saint Jean, « juxta Crucem Jesu » comme le chante admirablement le grégorien de l’Introït de la fête de Notre-Dame des Sept Douleurs. Aussi sera-ce notre première résolution “ mystique ” : celle de vivre en étroite union de pensée et d’affection avec Jésus, mais avec Jésus crucifié. C’est ce que dit le Père de Foucauld dans sa très belle méditation intitulée “ Jésus, sa Passion ” :

« L’amour demande encore une chose, mon Dieu, et l’Évan-gile me le dit aussi, non par Vos paroles, mais par l’exemple de la Sainte Vierge, de sainte Magdeleine au pied de la Croix : Stabat Mater. La Compassion, pleurer Vos douleurs... A la vérité, c’est une grâce : je ne puis, de moi-même, en face du spectacle de Votre croix, tirer des gémissements de ce cœur de pierre, tant il est, hélas ! effroyablement endurci... Mais je dois Vous demander du moins cette compassion, et puisqu’elle Vous est due, je dois Vous la demander pour pouvoir Vous la donner... Je dois Vous demander tout ce que je dois Vous donner...

« (...) ce sol que Vous avez arrosé de Vos larmes, de Vos sueurs et de Votre sang, ne me laissez pas parcourir sans larmes ces lieux témoins de Vos douleurs (...) ô mon Seigneur, mon Roi, mon Maître, mon Époux, mon Frère, mon Bien-aimé, mon Sauveur, mon Dieu !... » (Retraite à Nazareth)

Notre Père, retraite sur la vie intérieure, 1964

Samedi 12 avril

Engageons un dialogue avec Jésus qui pend à la Croix. Alors, nous aurons honte de notre état de plaisir, de bonheur, de médiocrité, de confort, nous aurons envie de ne pas être couronnés de roses quand Il est couronné d’épines, nous aurons envie d’accepter une certaine conformité avec Lui.

Engageons-nous courageusement dans cette “ voie étroite ”, la via Crucis, la voie de la Croix, parce qu’elle est aussi la voie royale qui nous conduira à Pâques. Il faut mourir avec Lui pour ressusciter avec Lui, c’est-à-dire qu’il faut aller avec Lui par amour, nous soumettant aux avaries, aux maladies physiques, aux échecs, aux difficultés, au froid, au chaud, à la faim (...). C’est le Cœur de Jésus seul qui donne son sens à la Croix. Alors souffrir, pour aimer davantage, souffrir d’aimer et souffrir parce qu’on aime.

Notre Père, retraite sur la vie intérieure, 1964

Dimanche des Rameaux 13 avril

La leçon de cette fête des Rameaux est tellement importante ! Elle nous montre que notre religion, c’est la Vérité que Jésus a imposée, a fait luire aux yeux mêmes de ses ennemis et pour laquelle il est mort. Ce n’est pas un rêve. Il a dit qu’il est le Fils de Dieu, le Messie attendu. Il l’a prouvé et le peuple l’a reconnu publiquement. Il a su qu’il allait être mis à mort et il l’a voulu. Il a annoncé sa Résurrection, son triomphe final, le châtiment de ses ennemis, la ruine de Jérusalem et le salut éternel de ceux qui croiront en lui. Tout est prêt à ce moment-là pour que le drame se passe. Tout est prévu, y compris le châtiment de ses ennemis et le salut de ceux qui le suivront à travers ce drame. Nous n’avons plus qu’à revivre ce drame pendant ces Jours saints. (à suivre)

Notre Père, 30 mars 1980

Lundi saint 14 avril

Revivre ce drame, c’est : Lundi, Mardi, Mercredi saints, méditer dans notre Évangile ces controverses terribles de Jésus contre les pharisiens, y assister et prendre le parti du Christ. Les Jeudi, Vendredi et Samedi saints, ce sera de lui être fidèles alors même que ses Apôtres l’ont trahi, lui être fidèles par notre dévotion, notre compassion, afin de pouvoir ressusciter avec lui le jour de Pâques. Je dis bien “ ressusciter ”, c’est-à-dire nous trouver envahis d’une vie, qui est un signe, un commencement de la béatitude éternelle, car ceux qui croiront et seront baptisés seront sauvés ; ceux qui ne croiront pas seront condamnés.

Notre Père, 30 mars 1980

Mardi saint 15 avril

Nous sommes donc, dès maintenant, introduits dans ce mystère qui ne va plus nous lâcher jusqu’au matin de Pâques, jusqu’au matin de la Résurrection : le mystère du Cœur Sacré de Jésus. J’oserai ajouter : le mystère du Cœur Immaculé de Marie, qui, bien qu’elle ait été séparée aux yeux des hommes d’avec lui, ne faisait plus qu’un avec lui dans cette Cène.

Le Cœur de Jésus ! Jésus homme comme nous ! qui a vécu avec les Apôtres, jour et nuit, sans jamais les quitter, les formant peu à peu à l’œuvre pour laquelle il les avait choisis, les exhortant, les réconfortant, peu à peu les transformant, et cependant ils ne sont pas encore prêts, il le sait bien. Il leur enverra plus tard le Saint-Esprit. Mais alors il se sent pris de pitié, de compassion pour eux. Au moment déjà où l’ennemi rôde, au moment où déjà le traître quitte le banquet pour aller comploter la perte de son Maître et toucher son sale argent – Judas part pour retrouver les prêtres et comploter l’arrestation de Jésus –, les Apôtres se sentent tout chose, tout inquiets, alors Jésus les console, leur parle longuement avec beaucoup d’affection, et non seulement cela, il institue la sainte Eucharistie.

Notre Père, 3 avril 1980

Mercredi saint 16 avril

Cette semaine, pensons beaucoup à la douleur de Jésus et disons-nous à nous-mêmes : “ C’est pour moi. Même si j’avais été seul au monde, il l’aurait fait. Il l’a fait pour moi ”. Embrassons le crucifix et disons : “ Pour moi. Merci Jésus ! Pour moi. ” Jésus, qui a choisi de passer par cette voie, nous appelle à le suivre sur le même chemin d’humiliation. Lorsque, à certains moments de notre vie, nous ne trouvons aucune voie de sortie de nos difficultés, lorsque nous plongeons dans l’obscurité la plus dense, c’est le moment de notre humiliation et de notre dépouillement total, l’heure où nous expérimentons que nous sommes fragiles et pécheurs. C’est justement alors, à ce moment-là, que nous ne devons pas cacher notre échec, mais nous ouvrir avec confiance à l’espérance en Dieu, comme l’a fait Jésus.

Notre Saint-Père le pape François, 16 avril 2014

Jeudi saint 17 avril

Jésus se donne à chacun de ses Apôtres et il va se donner à chacun d’entre nous ce soir, grâce à l’action du prêtre, action de mémorial de ce qui s’est passé dans ce Jeudi saint. Comme Jésus a dit de refaire les choses, et en même temps qu’il a créé ce sacrement de l’Eucharistie ce soir-là, il a créé le sacrement du Sacerdoce, disant à ses Apôtres de refaire ses gestes, de redire ses paroles. Que peut-on donner de plus ? On peut donner ses biens extérieurs à soi-même, mais on peut donner son être même. Et celui qui veut vraiment donner tout son esprit, toute son âme, tout son cœur, tout son amour, toute son intelligence, toute sa volonté, comment peut-il l’exprimer davantage ? Par des paroles ? Ce n’est pas tellement vrai que de se donner lui-même. Jésus, en donnant son Corps et en donnant son Sang – le sang est le symbole de la vie – nous montre qu’il nous donne tout lui-même. En recevant son Corps et son Sang ce soir, c’est tout lui-même que nous allons recevoir comme les Apôtres l’ont reçu une première fois.

Notre Père, 3 avril 1980

Samedi saint 19 avril

Veillée pascale

En plein vingtième siècle, notre foi nous dit : sachons comprendre l’épreuve, les épreuves que nous vivons. Quand on me parle d’une guerre nucléaire, je dis que ce ne sera jamais aussi terrible que le déluge qui a enseveli toute l’humanité pécheresse. C’est du même genre ? Eh bien, s’il y a une guerre nucléaire, il y aura aussi une arche et cette arche, je la connais, c’est l’Église. On me dit : mais vous savez, demain, ce sera la révolution ! Il y a des persécutions qui se préparent en comparaison desquelles les persécutions des premiers chrétiens, les persécutions des Juifs par les Grecs autrefois, ne sont rien du tout. Les persécutions vers lesquelles nous marchons sont terribles. Eh bien, ce sera comme les Égyptiens qui persécutaient les Israélites ! Il se lèvera un nouveau Moïse, nous savons bien qui c’est : c’est le Pasteur des pasteurs, c’est le Souverain Pontife. Il se lèvera un autre Christ qui nous guidera à travers la persécution, à travers cet océan, cette mer de sang des martyrs qui nous guidera vers le salut. Ainsi, nous avons réponse à tout.

Alors, je dis que cette fête de Pâques, c’est le modèle, le type de toutes nos épreuves. Les Américains appellent cela un pattern. C’est un modèle général qui donne la solution de toutes sortes de problèmes en toutes sortes de domaines différents. On introduit cela dans la machine et la réponse vient. Nous dirons que notre modèle, c’est le passage de Jésus-Christ à travers la mort vers la vie éternelle. Et le passage, cela se dit : Pâques. Et Pâques, c’est le passage.

Notre Père, 6 avril 1980

Dimanche de Pâques 20 avril

L’Introït de la Messe de Pâques chante la Résurrection du Seigneur et lui donne son sens profond. Avant même d’apparaître aux Apôtres et de donner à Madeleine son joyeux message, le Fils retrouve l’usage de la parole humaine et la plénitude de la vie pour dire à son Père très aimé sa joie et son merci ! Que tout cela est mystérieux ! Que ce mystère baigne dans un climat d’amour insondable, de même teinte et de même chaleur, pourrait-on dire, que nos tendresses terrestres de père et de fils... C’est un père qui retrouve son enfant chéri, c’est aussi Dieu même qui introduit le Seigneur, premier-né d’entre les morts, dans sa Gloire inaccessible. Cette Humanité sainte, marquée encore des stigmates de ses souffrances, c’est son Fils Bien-Aimé en lequel il se retrouve ; il reconnaît avec joie en Jésus transfiguré celui même qu’il engendre et aime de toute éternité comme le miroir de sa Grandeur, l’expression parfaite et manifeste de son être souverainement sage et bon. (à suivre)

Lundi de Pâques 21 avril

Mais voici que Jésus sort du tombeau, victorieux de la mort, encore capable de pardonner et de proposer son amour aux hommes repentis. Que dit-il ? « Je suis ressuscité et de nouveau je suis avec vous, et jusqu’à la consommation des siècles », paroles merveilleuses pour ceux qui avaient douté et déjà désespéraient ! Peut-être le peuple déicide est-il définitivement abandonné et son reniement a-t-il scellé son destin, mais la jeune Église a retrouvé son amour, elle ne saurait être veuve maintenant, car son époux est là, d’une invisible mais attentive et tendre présence. Nul ne pourrait maintenant l’atteindre de ses coups. Il fallait que le Christ souffrît pour entrer dans sa gloire, c’est vrai, mais il fallait qu’il entre dans sa gloire pour n’être plus ici ou là, sujet à la limitation des lieux et des temps, prisonnier de sa matière terrestre, et pour être vraiment à son Église dans tous ses membres. « Il vous est bon que je m’en aille », leur disait-il, car cette nouvelle présence est meilleure que ne l’était l’ancienne. Le Corps du Seigneur ressuscité est maintenant un Temple spirituel, immense, qui nous contient tous, sa Parole est une vérité que nul ne peut tenir prisonnière et qui résonne jusqu’aux extrémités de la terre, sa Vie est un Esprit de grâce et d’amour qui nous atteint par les mille canaux des eaux baptismales, sa Chair est un Pain dont les fidèles se rassasient autour de toutes les tables eucharistiques de l’univers. Si le Père céleste connaît son Verbe divin sous l’enveloppe de la chair transfigurée, l’Église connaît maintenant son Époux à travers cette chair transfigurée comme la présence de la divinité même du Fils de Dieu.

Notre Père, LAMA no 13

Mardi de Pâques 22 avril

Saints Sother et Caïus

Mon Dieu, mon Dieu, que c’est beau l’amour ! Comme les gens amoureux, pieusement, ardemment, saintement, ont des paroles douces, des paroles extraordinairement mesurées, des gestes extrêmement purs, prudes, réservés ! C’est comme un vase d’albâtre qu’il ne faut pas rompre parce que la liqueur qui y est contenue est excellente.

« Jésus lui dit : “ Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? ” »

C’est un dialogue amoureux, quelle douceur dans Jésus, quelle compréhension de la fragilité de cette femme qui vient de passer par des épreuves terribles ! Il la ramène, mieux qu’un psychologue, que le meilleur des amis. Il la ramène à la vie d’avant pour qu’elle s’y retrouve. (...)

« Jésus lui dit : “ Mariam ”. »

Il l’appelle par son petit nom, de la manière accoutumée.

« À ces mots, elle le reconnut et lui dit en hébreu : “ Rabbouni ”. »

C’est le nom intime qu’une femme peut donner à son Maître, à son saint : Rabbouni, c’est-à-dire “ Maître ” ! Imaginez l’intensité de cette minute ! Intensité immense !

Notre Père, 29 avril 2000

Mercredi 23 avril

Saint Georges

Cette séance d’Emmaüs est la figure de ce que Jésus va faire ; tout à la fois il sera là, il restera là à ouvrir nos yeux et rendre nos cœurs brûlants par l’interprétation des Écritures inspirées par l’Esprit-Saint et d’autre part, par la Messe. Là, il y aura vraiment la Messe.

Aujourd’hui, c’est la Messe, c’est Jésus qui vient sur l’autel pour nous nourrir de son Corps et de son Sang, mais aussi il y a le sermon après l’Évangile pour nous ouvrir l’intelligence aux vérités du Christ. Il est toujours là, il revient toujours nous donner son pain et son vin mystiques afin que nous puissions marcher nous aussi à sa suite, mais il nous attend au bout du chemin ; il faudra que nous le retrouvions.

Notre Père, 20 avril 1992

Jeudi 24 avril

Saint Fidèle de Sigmaringen

Quand Jésus apparaît, alors qu’il est mort deux jours avant, ils sont stupéfaits et saisis de crainte. On a peur, on ne se contrôle plus. Il leur semblait contempler un esprit. Qu’est-ce qu’un esprit ? Je ne sais pas, mais ils l’ont cru. Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous troublés ? » Jésus parle avec une simplicité incroyable. « Pourquoi des incertitudes s’élèvent-elles en vos cœurs ? » La parole est un peu solennelle, pourquoi hésitez-vous à croire ? « Voyez mes mains et mes pieds, oui, c’est bien moi », parce que des mains trouées par des clous et des pieds troués, cela ne se voit pas communément. Pas de doute : à cela, ils reconnaissent que c’est Jésus. Une chose est frappante, c’est que lorsque les synoptiques racontent la mise en croix, ils ne disent pas comment, si c’est avec des cordes ou avec des clous. Les deux étaient possibles, mais ils ne le disent pas en racontant la Passion. C’est quand Jésus apparaît qu’on le sait : Voyez, c’est moi, leur dit-il en leur montrant ses mains et ses pieds.

Notre Père, 19 avril 1998

Vendredi 25 avril

Saint Marc

De mémoire de pêcheur, quand on n’a rien pris à gauche, on ne prend rien à droite. « Ils jetèrent le filet » : cette voix devait être ensorcelante. « Ils ne pouvaient le relever tant il y avait de poissons. » Pour une pêche si rapide et si près du rivage, il fallait vraiment que les poissons se soient précipités dans le filet au commandement de Jésus ! Mais c’est symbolique. Le filet, c’est l’Église et ce sont les hommes auxquels Jésus avait dit deux ans auparavant « je vous ferai pêcheurs d’hommes ». Maintenant, c’est l’application. C’est pour cela que Jésus a voulu revenir sur les lieux de leur amitié première. Cette fois, ils vont voir, toucher, éprouver la puissance de leur Maître et cette nouvelle pêche miraculeuse leur montrera ce que sera maintenant leur vocation. Pierre devra partir à la conquête du monde et les autres le suivront.

Notre Père, 14 avril 1996

Samedi 26 avril

Saints Clet et Marcellin

Pour ses épousailles, Notre-Seigneur Jésus-Christ se manifeste l’Époux et le Roi de tous, en droit divin, mais il n’y a plus qu’à dire oui pour entrer dans son salut. Voilà pourquoi Jésus insiste en disant : « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, et celui qui ne croira pas sera condamné. » Que veut dire ce retranchement terrible qui ne se trouve pas dans les catéchismes modernes ? Dans PIERRES VIVANTES, on a sauté cela ! Cela veut dire que nous sommes libres de répondre à cet appel (...). Il est évident que, dans la mesure où nous connaissons l’Église, dans la mesure où nous avons été touchés par la prédication apostolique et que nous avons refusé, ou que nous sommes entrés dans l’Église et que nous nous en sommes retirés, que ce soit le refus du mariage ou bien l’infidélité au sein du mariage, la condamnation est divine, c’est-à-dire absolue et définitive. Voilà pourquoi on nous dit, dans nos catéchismes, que les incrédules, les apostats, les pécheurs impénitents – ceux qu’on appelle les excommuniés –, les hérétiques et les schismatiques, sont exclus du salut. Cela va de soi !

Je ne comprends pas pourquoi l’Église actuelle ne veut plus jamais prêcher cela, puisque nous sommes en plein mysticisme, que Dieu est Père de tous et que le Christ est le Sauveur de tous, ils n’ont qu’à répondre oui !

Notre Père, théologie totale, 1987

Dimanche 27 avril

Dimanche de Quasimodo, in albis, Saint Pierre Canisius

« Mon Seigneur et mon Dieu ! » Certains se demandent : dès que Jésus a parlé il a été confondu. Il a dit : « Seigneur, Seigneur, ça suffit, ça suffit ! » Il s’est prosterné : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Pas du tout ! Le Seigneur lui a pris la main : « Allez, mets ton doigt dans le trou de mes mains, allez ! Allons, donne ta main, allez, enfonce ! » Enfoncer sa main dans le côté vivant de quelqu’un, ça doit être impressionnant ! Il a mis la main dans la plaie du côté de Jésus, là ; Jésus l’a bien tenu, en le regardant : « Hein, maintenant tu crois ? » Alors il s’est effondré : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Ça, c’est l’affirmation capitale de l’Évangile : Jésus est Seigneur, c’est-à-dire qu’Il est Roi de la création, Roi des hommes, Roi des Juifs et Roi des païens et Il est Dieu : « Mon Seigneur et mon Dieu. »

Notre Père, Semaine Sainte 1983

Lundi 28 avril

St Pierre Chanel, St Louis-Marie Grignion de Montfort, Saint Paul de la Croix

Sans la grâce, rien. Donc il ne faut rien vous attribuer. Tout est l’œuvre de Dieu ; cela vient de Lui et doit retourner à Lui. Et comment ? Nous devons aller au Père par le Fils ; au Fils nous allons par son Humanité, et à son Humanité nous allons par les saints, c’est-à-dire par l’Église qui est formée dans le sein de Marie.

Souvent je me suis demandé ce que pouvait bien signifier le sein d’Abraham. C’est une préfiguration du sein de Marie. “ Devons-nous retourner dans le sein de notre mère ? ” demanda Nicodème. Notre-Seigneur répondit : “ Tu ne me comprends pas. ” Il ne voulait pas encore dire que oui. Nicodème ne pouvait pas encore le comprendre. Mais c’est la pure vérité : nous devons devenir petits, et nous devons le devenir dans le sein de Marie.

Pierre, qui jadis craignait tant d’être petit, écrivit après la résurrection de Jésus : “ Comme des enfants nouveau-nés, désirez le lait non frelaté. ” (1 P 2, 2)

Nous devons donc devenir de petits enfants.

Abbé Edouard Poppe, 17 avril 1923

Mardi 29 avril

Sainte Catherine de Sienne, Saint Pierre de Vérone, Saint Aule (Vivarais)

En Marie vous trouverez Jésus, en Marie vous découvrirez la Sainte Trinité dans sa demeure préférée. Là, en Elle, vous habiterez vous-même près de Jésus et de la Divinité ; en Elle, vous assisterez à l’accomplissement de la prière de Jésus pour vous et pour toute la Sainte Église : ut sint unum. Ce sein de Marie, frères, c’est son sein de grâce, son être de grâce ; son action est celle de sa Médiation-de-grâce. Car la grâce est “ Deus nobiscum ” (Mt 1, 23), communicatio divinae naturae, inhabitatio Spiritus Sancti, conformitas cum Jesu.

La grâce est “ la vie de Jésus en nous ”. Eh ! bien, la plénitude de notre vie-de-Jésus est en Marie, parce que c’est là, en Elle, que nous y avons part. Quelle âme de grâce n’est pas Marie ! Quelle âme de gloire ! oh oui, “ sit in singulis anima Mariae, ut magnificet Deum ! – Qu’en chaque âme soit l’âme de Marie pour glorifier Dieu. ” (Saint Ambroise) Devenons tous esclaves de Marie, tout notre être consacré à Elle, englobé en Elle avec tous nos désirs et intérêts et devoirs (omnia mea), transformé en Elle en alter Christus. Vivat Mediatrix ! Vivamus in Mediatrice !

Abbé Edouard Poppe, 26 février 1920

Mercredi 30 avril

St Joseph-Benoît Cottolengo, St Pie V, Notre-Dame dAfrique, Ste Catherine de Sienne, Sainte Marie de l'Incarnation

La sainteté d’amour est un feu brûlant, c’est un brandon, c’est un feu consumant, nous dit l’Écriture Sainte. Cette sainteté n’est pas seulement une transcendance – je n’aime pas ce mot ! –, une pureté parfaite, mais cette sainteté est un amour. C’est un amour brûlant, c’est un amour dévorant, c’est un amour exigeant, c’est un amour qui veut aller jusqu’au fond de sa loi intime. L’amour veut l’union, mais quand il s’agit d’une sainteté d’amour ou d’un amour de saint, d’un amour de sainteté, c’est un amour tout aussi consumant que l’est la justice de sainteté ou la sainteté de justice. Il est consumant, cet amour, et cela s’appelle la jalousie de Dieu.

Donc, cet amour va nous être révélé, car nous n’aurions pas pu le connaître par la seule philosophie. C’est l’amour qui explique l’Incarnation et c’est l’amour infiniment miséricordieux que Jésus proclame. C’est une mort d’amour qui scelle cette Nouvelle Alliance. Dieu est un Époux de Sang, Dieu a tant aimé le monde (Jn 3, 16).

Notre Père, le secret de paray-le-Monial, 1985