Méditations quotidiennes

Jeudi 28 novembre

Sainte Catherine Labouré

« Mon enfant, le Bon Dieu veut vous charger d’une mission. Vous aurez bien de la peine, mais vous vous surmonterez en pensant que vous le faites pour la gloire du Bon Dieu... Vous connaîtrez ce qui est du Bon Dieu, vous en serez tourmentée, jusqu’à ce que vous l’ayez dit à celui qui est chargé de vous conduire, vous serez contredite. Mais vous aurez la grâce. Ne craignez pas, dites tout avec confiance et simplicité...

« Mon enfant, j’aime répandre mes grâces sur la communauté. Je l’aime heureusement. J’ai de la peine : il y a de grands abus, la règle n’est pas observée, la régularité laisse à désirer. Il y a un grand relâchement dans les deux communautés. Dites-le à celui qui est chargé de vous...

« Les temps sont très mauvais, des malheurs vont fondre sur la France : le trône sera renversé [dix jours après, c’était fait], le monde entier sera renversé par des malheurs de toutes sortes (la Sainte Vierge avait l’air très peinée en disant cela, note sœur Catherine). Mais venez au pied de cet autel, là les grâces seront répandues sur toutes les personnes qui les demanderont avec confiance et ferveur, elles seront répandues sur les grands et sur les petits... »

La Sainte Vierge à sainte Catherine Labouré, 19 juillet 1830

Vendredi 29 novembre

Saint Sernin

Depuis que j’ai conscience d’homme, je n’ai jamais tant entendu parler de catastrophes, dues à la puissance de Dieu. Dieu laisse faire cela ? C’est la machine qu’il a fabriquée et cette machine est réglée par Dieu. Dieu dirige toute chose. Les tremblements de terre, tellement effrayants, ont-ils besoin de recevoir de nous une explication ? Nous n’en avons pas, nous, hommes, mais Notre-Seigneur nous a prévenus. Le chapitre 21 de Saint Luc est compliqué. Quand Notre-Seigneur a parlé de l’avenir, les apôtres, les évangélistes se rappelaient très bien ce que Jésus avait dit et ils l’ont consigné par écrit. Je ne comprends pas. Mais d’une année à l’autre, on se dit : vraiment, notre humanité semble marcher à grands pas vers cette apostasie générale, où Notre-Seigneur a prédit qu’il y aurait des famines, des persécutions et toutes sortes de maladies pour la châtier.

Si cela vient, soyons fiers de Notre-Seigneur Jésus-Christ. C’est l’espérance des temps meilleurs.

Notre Père, 17 octobre 1999

Samedi 30 novembre

Saint Georges, c’est le combat. Saint André, c’est la Croix, la Croix de saint André ! Il nous faut méditer ce mystère pour obéir à Notre-Dame de Fatima qui l’a demandé avec insistance au siècle dernier, et qui est si peu écoutée. Saint Georges, et saint André avant lui, sont morts dans l’union la plus parfaite qui soit à Jésus crucifié, en martyrs. L’Église primitive honorait suprêmement les martyrs. Nous, beaucoup moins. C’est pourquoi la Sainte Vierge a voulu nous rappeler que leur sang est une semence de chrétiens, par cette vision extraordinaire sur laquelle s’achève le grand “ secret ” du 13 juillet 1917 : « Sous les deux bras de la croix, il y avait deux anges, chacun avec un vase de cristal à la main, dans lequel ils recueillaient le sang des Martyrs, et avec lequel ils arrosaient les âmes qui s’approchaient de Dieu. »

L’office de saint André nous montre cet Apôtre, frère de saint Pierre, pour ainsi dire amoureux de la Croix.

Frère Bruno de Jésus-marie, 3 janvier 2009


1er dimanche de l’Avent

Sainte Florence, Saint Charles de Foucauld

Les bouquets spirituels de ce mois de décembre sont tirés de la vie et des écrits de sainte Marguerite-Marie.

Une fois, il me sembla que l’on me disait sans cesse que j’étais sur le bord d’un abîme ; et, comme je n’en savais pas l’explication, cela me tenait en peine. Je m’adressai à mon Dieu avec confiance. Je lui dis : « Unique Amour de mon âme, faites-moi connaître ce qui m’inquiète ! » Et aussitôt que je fus à l’oraison, il se présenta à mon âme, couvert de plaies et me disant de regarder l’ouverture de son Sacré Côté, qui était un abîme sans fond qui avait été fait d’une flèche sans mesure, qui est celle de l’Amour, et que, si je voulais éviter cet abîme dont j’étais dans l’ignorance, il me fallait perdre dans celui-ci, par lequel on évitait tous les autres, et que c’était la demeure de tous ses amants, où ils rencontrent deux vies : l’une pour l’âme, l’autre pour le cœur. L’âme y rencontre la source des eaux vives pour se purifier et y recevoir la vie de la grâce que le péché lui avait ôtée ; et le cœur y trouve une fournaise d’amour, ardente, qui ne le laisse plus vivre que d’amour. L’une s’y sanctifie et l’autre s’y consomme. Et comme l’entrée en est petite, il faut être petit pour y entrer et être dénué de toute chose.

Écrits par ordre de la mère de Saumaise

Lundi 2 décembre

Sainte Bibiane

Abîmez toutes vos misères dans la miséricorde de l’aimable Cœur de Jésus, et ne pensez plus qu’à l’aimer en vous oubliant de vous-même. Et puis, laissez-le faire tout ce qu’Il voudra en vous et de vous et pour vous.

Traitez avec Notre-Seigneur avec une entière confiance et simplicité ; ne vous amusez point à réfléchir sur vos fautes, cela ne sert souvent qu’à contenter l’amour-propre et à nous décourager.

Avis à ses novices

Mardi 3 décembre

Saint François-Xavier

Que ne puis-je raconter à tout le monde tout ce que je sais de cette aimable dévotion ! Mon Père, je vous en conjure, n’oubliez rien pour l’inspirer à tout le monde. Jésus-Christ m’a fait connaître, d’une manière à n’en point douter, que c’était par le moyen des Pères de la Compagnie de Jésus qu’il voulait établir partout cette dévotion ; et par elle, se faire un nombre infini de serviteurs fidèles, de parfaits amis et des enfants parfaitement reconnaissants. Je ne sache pas qu’il y ait nul exercice de dévotion dans la vie spirituelle, qui soit plus propre pour élever en peu de temps une âme à la plus haute perfection, et pour lui faire goûter les véritables douceurs qu’on trouve au service de Dieu (...). Faites en sorte que les personnes religieuses l’embrassent, car elles en retireront tant de secours, qu’il ne faudrait point d’autre moyen pour rétablir la première ferveur et la plus exacte régularité dans les communautés les moins bien réglées, et pour porter au comble de la perfection celles qui vivent dans la plus exacte régularité.

Lettre au Père la Colombière

Mercredi 4 décembre

Saint Jean Damascène, Saint Pierre Chrysologue

Notre défi de l’Avent sera de nous unir d’esprit et de cœur à la très Sainte Vierge, autant de fois que nous le pourrons, pour rendre hommage au Verbe incarné, ce Dieu fait enfant dans son sein ; l’adorant et l’aimant en silence avec Elle. Premièrement, vous offrirez cinq fois au Père éternel les sacrifices que le sacré Cœur de son divin Fils lui offre par son ardente charité, sur l’autel du Cœur de sa Mère, en lui demandant que tous les cœurs se convertissent et se livrent à son amour (...). Vous ferez cinq pratiques de silence intérieur et extérieur, en rejetant toute pensée inutile de votre cœur et retranchant toute parole superflue au temps du silence, et tenant vos sens recueillis. Vous ferez cette aspiration autant de fois que vous pourrez : Je vous adore et je vous aime, ô divin Cœur de Jésus vivant dans le Cœur de Marie, je vous conjure de vivre et de régner dans tous les cœurs, et de les consommer dans votre pur amour !

Défi pour l’Avent de 1685

Jeudi 5 décembre

Saint Sabbas

Son sacré Cœur est une source inépuisable qui ne cherche qu’à se répandre dans les cœurs humbles, vides et qui ne tiennent à rien, pour être toujours prêts à se sacrifier à son bon plaisir, quoi qu’il en puisse coûter à la nature ; car on ne peut aimer sans souffrir. Il nous l’a bien montré sur la Croix, où il s’est consommé pour notre amour, et il le fait encore tous les jours au très Saint-Sacrement de l’autel, où il a un ardent désir que nous conformions notre vie à la sienne, qui est toute cachée et anéantie aux yeux des créatures. Et puisque l’amour conforme les amants, si nous aimons, formons notre vie sur le modèle de la sienne. C’est ce que je lui demande pour vous, que je souhaite être toute à l’aimable Cœur de Jésus, pour ne plus vivre qu’en Lui, pour Lui et par Lui.

Lettre à sœur Marie-Gabrielle Morant, à Moulins

Vendredi 6 décembre

Premier Vendredi du mois, Saint Nicolas

Étant une fois devant le Saint-Sacrement, un jour de son octave, je reçus de mon Dieu des grâces excessives de son amour, et me sentis touchée du désir de quelque retour et de lui rendre amour pour amour. Et il me dit : « Tu ne m’en peux rendre un plus grand, qu’en faisant ce que je t’ai déjà tant de fois demandé. »

Alors me découvrant son divin Cœur : « Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes, qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et mépris qu’ils ont pour moi dans ce Sacrement d’amour. Mais ce qui m’est encore le plus sensible est que ce sont des cœurs qui me sont consacrés qui en usent ainsi.

« C’est pour cela que je te demande que le premier vendredi d’après l’octave du Saint-Sacrement soit dédié à une fête particulière pour honorer mon Cœur, en communiant ce jour-là et en lui faisant réparation d’honneur par une amende honorable, pour réparer les indignités qu’il a reçues pendant le temps qu’il a été exposé sur les autels.

« Je te promets aussi que mon Cœur se dilatera pour répandre avec abondance les influences de son divin amour sur ceux qui lui rendront cet honneur et qui procureront qu’il lui soit rendu. »

Autobiographie ( No 92)

Samedi 7 décembre

Premier Samedi du mois, Saint Ambroise

Ne croyez pas que pour travailler au salut des âmes qu’il a confiées à votre soin, ce soit un empêchement au vôtre. Au contraire, c’est par ce moyen que vous obligerez sa bonté à vous donner de plus grands secours pour l’opérer avec moins de dangers. Veillez donc soigneusement sur votre petit troupeau et leur soyez un charitable père qui pourvoit à tous leurs besoins spirituels. Et surtout faites que votre vie leur soit un exemple de vertu et de bonne odeur (...). Il vous veut saint, il vous en coûtera, il est vrai, de la part de la nature qui craint sa propre destruction et tout ce qui la fait souffrir... Car nos passions se révoltent continuellement, ce qui nous fait souvent tomber. Mais il ne faut pas nous décourager mais nous faire violence en tirant parti de nos propres chutes... Détacher notre cœur et le vider de tout le terrestre, être charitable envers le prochain, libéral envers les pauvres ; ne regarder que Dieu en tout et le chercher en simplicité, pureté et humilité de cœur, ne cherchant qu’à lui plaire... Ah ! mon cher frère faisons que notre vie ne déshonore pas la sainte vocation à laquelle nous sommes appelés, qui demande que nous vivions d’une vie toute angélique.

à son frère Jacques, curé du Bois-Saint-Marie

Dimanche 8 décembre

2e dimanche de l’Avent, L’Immaculée Conception de la Vierge Marie

« Je t’ai choisie pour mon épouse et nous nous sommes promis la fidélité lorsque tu m’as fait vœu de chasteté. C’est moi qui te pressais de le faire avant que le monde y eût aucune part dans ton cœur, car je le voulais tout pur et sans être souillé des affections terrestres. Et pour me le conserver comme cela, j’ôtai toute la malice de ta volonté afin qu’elle ne le pût corrompre. Et puis je te mis en dépôt au soin de ma sainte Mère, afin qu’elle te façonnât selon mes desseins. »

Aussi m’a-t-elle toujours servi d’une bonne mère et ne m’a jamais refusé son secours. Et j’y avais tout mon recours dans toutes mes peines et besoins, et avec tant de confiance qu’il me semblait n’avoir rien à craindre sous sa protection maternelle. Aussi lui fis-je vœu, dans ce temps-là, de jeûner tous les samedis et de lui dire l’office de son Immaculée Conception quand je saurais lire ; et sept génuflexions tous les jours de ma vie, avec sept Ave Maria pour honorer ses sept douleurs. Et me mis pour être toujours son esclave, lui demandant de ne me pas refuser cette qualité, mais comme une enfant, et parlais sans respect, tout comme à ma bonne Mère pour laquelle je me sentais dès lors un amour vraiment tendre.

Autobiographie no 22

Lundi 9 décembre

L’Immaculée Conception de la Vierge Marie, Saint Juan Diego Cuauhtlatoatzin

Une fois, il m’enseigna trois dispositions qu’il me fallait apporter en trois de mes exercices les plus importants. Le premier est la sainte Messe, que je devais entendre dans la même disposition que la Sainte Vierge au pied de la Croix, la priant de nous obtenir la participation des mérites du sacrifice, de la mort et Passion de son divin Fils, en qualité de son esclave, lui demandant la même grâce aux stations que je ferais au pied de la Croix. Pour la Sainte Communion, il me faut demander les dispositions qu’elle avait au moment de l’Incarnation, tâchant d’y entrer le plus qu’il me sera possible par son intercession, disant avec elle : « Voici la Servante du Seigneur : qu’il me soit fait selon sa parole ! Et, pour l’oraison, offrir les dispositions que la Sainte Vierge avait lorsqu’elle fut présentée au temple.

Écrits par ordre de la mère de Saumaise

Mardi 10 décembre

Apparition de Pontevedra, Notre-Dame de Lorette

Dans une retraite, ma sainte libératrice m’honora de sa visite, tenant son divin Fils entre ses bras, qu’elle mit entre les miens, me disant : « Voilà Celui qui vient t’apprendre ce qu’il faut que tu fasses. » Je me sentis pénétrée d’une si grande joie et d’un désir ardent de le bien caresser, ce qu’il me laissa faire tant que je voulus. Et, m’étant lassée à n’en pouvoir plus, il me dit : « Es-tu contente maintenant ? Que ceci te serve pour toujours : car je veux que tu sois abandonnée à ma puissance comme tu as vu que j’ai fait. Soit que je te caresse ou que je te tourmente, tu ne dois avoir de mouvements que ceux que je te donnerai. » Depuis, je me trouvais dans une heureuse impuissance de lui résister.

Fragment no 54

Mercredi 11 décembre

Saint Damase Ier

Si vous vous trouvez dans un abîme de faiblesse où vous tombez à tout moment, allez vous abîmer dans la force du sacré Cœur, qui vous fortifiera et vous relèvera aussi fréquemment. Si vous êtes dans un abîme de misère, allez les abîmer dans celui des miséricordes de ce Cœur adorable ; et là, en perdant vos misères, considérez-vous comme un composé de ses miséricordes. Si vous vous trouvez dans un abîme d’orgueil et de vaine estime de vous-même, abîmez-le aussitôt dans celui de l’humilité du sacré Cœur, où il faudra perdre tout ce qui se soulève en vous, pour vous revêtir de son anéantissement sacré, par l’amour de votre abjection.

Les abîmes du Sacré-Cœur pour toutes sortes de dispositions

Jeudi 12 décembre

Notre-Dame de Guadalupe

Les vraies Fille de la Visitation ne se doivent réjouir qu’en la Croix et ne se glorifier que des humiliations, puisqu’elles ne doivent triompher que par la Croix. Que l’on retranche toute prétention de faire plus ou moins. C’est le plus efficace moyen que nous ayons de nous relever de nos chutes que le sacré Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et notre saint fondateur l’a obtenu à notre Institut pour l’empêcher de succomber sous les artifices d’un esprit étranger, plein d’orgueil et d’ambition qui ne cherche qu’à ruiner l’esprit d’humilité et de simplicité qui est le fondement de l’édifice que Satan ne cherche qu’à renverser, ce qu’il ne pourra faire, ayant ce sacré Cœur pour défenseur et pour soutien.

Sainte Jeanne de Chantal à sainte Marguerite-Marie

Écrits par ordre de la mère de Saumaise

Vendredi 13 décembre

Sainte Lucie, sainte Odile

Les affaires qui regardent immédiatement la gloire de Dieu sont bien différentes de celles du monde, dans lesquelles il faut beaucoup agir... Dans celles de Dieu, il faut se contenter de suivre son inspiration et puis laisser agir la grâce et suivre ses mouvements de tout notre pouvoir. (..) La dévotion au sacré Cœur ne doit pas être forcée, mais il veut lui-même s’insinuer doucement et suavement, par sa charité, dans les cœurs, à la façon d’un baume précieux dont l’odeur et la liqueur se répand doucement. (...) Ne nous affligeons pas si nous ne voyons pas sitôt nos désirs accomplis pour la gloire de ce divin Cœur, lequel n’en permet le retardement que par le plaisir qu’il prend à voir augmenter notre ardeur et notre empressement pour cela... et aussi afin que la ferveur de cette sainte dévotion dure plus longtemps.

Lettre à Mère de SAumaise, 22 décembre 1689

Samedi 14 décembre

Saint Jean de la Croix

Honorons le Verbe anéanti dans le sein de sa sainte Mère, de laquelle il a choisi le Cœur pour l’autel de ses sacrifices, où il s’immole continuellement comme victime de la divine justice, pour nous mériter celle de son amour. Notre entendement sera anéanti dans le sien, pour apprendre à le connaître, lui retranchant toute connaissance vaine et inutile, surtout en ce qui regarde autrui. Nous tiendrons ensuite notre mémoire anéantie dans celle du Verbe, en ne nous souvenant que de lui ou de ce qui nous porte à l’abjection et anéantissement de nous-mêmes, n’en perdant point d’occasion, non plus que de retrancher toute réflexion d’amour propre. Nous tiendrons enfin notre volonté anéantie dans la sienne en lui laissant vouloir pour nous, soit par l’ordre de l’obéissance ou par les mouvements de ses saintes inspirations, disant toujours : « non ma volonté, mais la vôtre soit faite ! »

Avis pour l’Avent 1686

Dimanche 15 décembre

3e dimanche de l’Avent : Gaudete, Octave de l’Immaculée Conception

Vous ne pouviez, mes chères Sœurs, me faire un plaisir plus sensible que d’avoir rendu vos hommages à ce divin Cœur, en vous consacrant toutes à lui. Que vous êtes heureuses de ce qu’il s’est bien voulu servir de vous pour donner commencement à cette dévotion ! Il faut continuer de prier afin qu’il règne dans tous les cœurs. Ah ! quelle joie pour moi que le Cœur adorable de mon divin Maître soit connu, aimé et glorifié ! Oui, mes chères Sœurs, c’est la plus grande consolation que je puisse avoir en ma vie, rien n’étant capable de me faire plus de plaisir que de le voir régner. Aimons-le donc ! Mais aimons-le sans réserve, sans exception ! Donnons tout et sacrifions tout pour avoir ce bonheur et nous aurons tout en possédant le divin Cœur de Jésus, qui veut être toutes choses au cœur qui l’aime, mais ce ne sera qu’en souffrant pour lui.

À ses novices, 20 juillet 1685

Lundi 16 décembre

Saint Eusèbe de Verceil

Il faut que ce Cœur Sacré soit la vie qui nous anime, son amour, notre exercice continuel, qui seul peut nous unir à Dieu... Nous tâcherons de répandre la bonne odeur du sacré Cœur de Jésus-Christ dans celui des fidèles, afin que nous soyons la joie et la couronne de cet aimable Cœur (...) Il faut poursuive l’œuvre de Dieu sans désister, ni nous lasser, quelque obstacle et contradiction qui s’y puissent rencontrer, car il est assez fort et puissant pour les vaincre et confondre ses ennemis. Mais ce divin Cœur n’est que douceur, humilité et patience : c’est pourquoi il faut attendre : il saura bien faire chaque chose en son temps !

Lettre à mère de Saumaise, 12 août 1689

Mardi 17 décembre

Saint Lazare

Il épousa mon âme en l’excès de sa charité, mais d’une manière et union inexplicables, changeant mon cœur en une flamme de feu dévorant de son pur amour, afin qu’il consume tous les amours terrestres qui s’en approcheraient. Me faisant entendre que m’ayant toute destinée à rendre un continuel hommage à son état d’hostie et de victime au très Saint-Sacrement, je devais, en ces mêmes qualités, lui immoler continuellement mon être par amour d’adoration, d’anéantissement et de conformité à la vie de mort qu’il a dans la sainte Eucharistie. En tout ce que je ferai ou souffrirai, j’entrerai dans ce sacré Cœur pour y prendre ses intentions, pour m’unir à lui et lui demander son secours. Après chaque action, je l’offrirai à ce divin Cœur pour réparer tout ce qu’il y trouvera de défectueux.

Retraite de 1684, écrits par ordre de la mère de Saumaise

Mercredi 18 décembre

Mercredi des Quatre-Temps, L’attente de l’enfantement de la Bse Vierge Marie

Un jour de la fête du Cœur de la Sainte Vierge, après la sainte Communion, Notre-Seigneur me fit voir trois cœurs dont celui qui était au milieu était très petit et quasi imperceptible. Les deux autres étaient tout lumineux et éclatants, dont l’un surpassait l’autre incomparablement et j’entendis ces paroles : « C’est ainsi que mon pur amour unit ces trois cœurs pour toujours. » Les trois n’en firent qu’un. Cette vue me dura assez longtemps, qui m’imprima des sentiments d’amour et de reconnaissance qu’il me serait difficile d’exprimer.

Écrits par ordre de la mère de Saumaise

Jeudi 19 décembre

Nous pouvons lui dire tous les secrets de notre cœur, lui découvrant toutes nos misères et nécessités comme à Celui qui seul y peut remédier, lui disant : ô l’ami de mon cœur, celle que vous aimez est malade ! Visitez-moi et me guérissez, car je sais que vous ne pouvez pas m’aimer tout ensemble et me délaisser en mes misères (...). Adressons-nous à lui en toutes nos nécessités ; demandons-lui de fortifier notre faiblesse, d’enrichir notre pauvreté, d’amollir la dureté de nos cœurs, pour les rendre susceptibles de son pur amour, qui ne veut point d’un cœur partagé. C’est pourquoi, lorsque nous voulons avoir son amour pour notre hôte, il faut vider et détacher notre cœur de l’affection de toutes les créatures et de nous-mêmes ; car tout ce qui attache nous le ravit, et nous ôte à Dieu et à son pur amour, qui règne dans la souffrance et triomphe dans l’humilité, pour jouir dans l’unité.

Instruction à ses novices
sur la manière pour se tenir en la présence de Dieu

Vendredi 20 décembre

Vendredi des Quatre-Temps, Bx Frère Scubilion

Rendez-vous petite par la véritable humilité de cœur et simplicité d’esprit. Il me semble que par ces deux vertus vous parviendrez à la perfection que Dieu demande de vous : Je veux vivre comme une enfant sans souci, dans le sacré Cœur, lui laissant faire et disposer de moi selon son bon plaisir, sans autre soin de ce qui me regarde que de m’abandonner tout à celui de son amoureuse providence. Traitez avec Notre-Seigneur avec une entière confiance et simplicité. Ne vous amusez point à réfléchir sur vos fautes. Regardez Dieu et non vous-mêmes. Ne vous troublez ni inquiétez jamais de rien, pas même de vos défauts ! Faites tout par amour, dans l’amour et pour l’amour, car l’amour donne le prix à tout. L’amour ne veut point d’un cœur partagé : il veut tout ou rien. L’amour vous rendra tout facile. Rendez donc à Dieu amour pour amour et n’oubliez jamais Celui que l’amour a fait mourir pour vous.

Lettre à une novice

Samedi 21 décembre

Samedi des Quatre-Temps, Saint Pierre Canisius, Saint Thomas

Il me fut représenté un lieu fort éminent, spacieux et admirable en sa beauté, au milieu duquel il y avait un trône de flammes, dans lequel était l’aimable Cœur de Jésus avec sa plaie, laquelle jetait des rayons si ardents et lumineux que tout ce lieu en était éclairé et échauffé. La Sainte Vierge était d’un côté et saint François de Sales de l’autre avec le saint Père de la Colombière ; et les Filles de la Visitation paraissaient en ce lieu avec leurs bons anges à leur côté, qui tenaient chacun un cœur en main, et la Sainte Vierge nous invitant par ces paroles : « Venez mes bien-aimées filles, approchez-vous, car je vous veux rendre comme les dépositaires de ce précieux trésor que le divin Soleil de justice a formé dans la terre virginale de mon cœur, où il a été caché neuf mois, après lesquels il s’est manifesté aux hommes, qui n’en connaissant pas le prix, l’ont méprisé parce qu’ils l’ont vu mêlé et couvert de leur terre, dans laquelle le Père éternel avait jeté toute l’ordure et corruption de nos péchés, lesquels il a fait purifier pendant trente-trois ans dans les ardeurs du feu de sa charité. Mais voyant que les hommes, bien loin de s’enrichir et se prévaloir d’un si précieux trésor, selon la fin pour laquelle il leur avait été donné, tâchaient au contraire de le mettre à néant et de l’exterminer, s’ils avaient pu, de dessus la terre, le Père éternel, par un excès de sa miséricorde, a fait servir leur malice pour rendre encore plus utile cet or précieux, lequel, par les coups qu’ils lui ont donnés en sa Passion, en ont fait une monnaie inappréciable, marquée au coin de la divinité, afin qu’ils en puissent payer leurs dettes et négocier la grande affaire de leur salut éternel » (...).

Vision du 2 juillet 1688, lettre à mère de Saumaise

Dimanche 22 décembre

4e dimanche de l’Avent

Pour bien passer le temps, il faut aimer ardemment, constamment. Il faut s’abandonner toute à l’amour et le laisser agir pour nous. Contentez-vous d’adhérer à lui en tout, avec un profond anéantissement de vous-même ! Tout pour Dieu, rien pour moi ! Un seul cœur, un seul amour à un seul Dieu !

Rien de souillé dans l’innocence
Rien de perdu dans la puissance !
Rien dans ce beau séjour
Qui n’y soit consommé dans l’amour !
La Croix est ma gloire
l’amour m’y conduit...
l’amour m’y possède
l’amour m’y suffit !
Mon Dieu, mon Unique et mon Tout, vous êtes tout à moi et je suis tout à vous !

Défi no 67 à ses novices

Lundi 23 décembre

Celle qui sera la plus humble et méprisée, sera le plus avant dans son Cœur adorable.

La plus dépouillée et dénuée de tout le possédera davantage.
La plus mortifiée en sera la plus caressée.
La plus obéissante le fera triompher.
La plus charitable en sera la plus aimée.
La plus silencieuse en sera la mieux enseignée.

Les prédilections du Cœur de Jésus

Mardi 24 décembre

Vigile de Noël

Tous les vendredis vous ferez cinq génuflexions en lui disant : Je vous adore, ô sacré Cœur de Jésus, avec les anges, pour tous ceux qui ne vous adorent pas. 2. Je vous aime, ô tout aimable Cœur de Jésus, avec les séraphins, pour moi et pour tous ceux qui ne vous aiment pas. 3. Je vous glorifie, ô divin Cœur de Jésus, avec les chérubins, pour tous ceux qui ne vous glorifient pas. 4. Je vous demande pardon, ô Cœur de Jésus plein de bonté, avec les archanges, pour moi et pour tous ceux qui vous ont offensé et qui vous méprisent. 5. Oh ! mille et mille fois, je vous donne mon cœur, par l’entremise de ma bonne Mère, la Très Sainte Vierge, ô très sacré, divin et adorable Cœur de Jésus, auquel je me donne et consacre toute sans réserve.

Avis à une sœur du petit habit

Mercredi 25 décembre - MESSE DE LA NUIT DE NOËL

La veille de la fête de la Visitation, le 1er juillet 1673, après plusieurs efforts inutiles pour chanter l’invitatoire des matines, voici qu’au premier verset du Te Deum notre sainte se sent toute pénétrée d’une puissance surnaturelle qui provoque en elle hommage et adoration. Sur ses bras croisés dans les manches de sa robe, se pose alors une lumière : elle a figure de petit enfant ou plutôt celle d’un soleil éclatant.

– Mon Seigneur et mon Dieu, par quel excès d’amour abaissez-vous ainsi votre grandeur infinie ?

– Je viens, ma fille, te demander pourquoi tu me dis si souvent de ne me point approcher de toi ?

– Vous le savez, ô mon Souverain, que c’est que je ne suis pas digne de m’approcher de vous, et bien moins de vous toucher !

– Apprends que plus tu te retires dans ton néant, plus ma grandeur s’abaisse pour te trouver !

– Si c’est vous, ô mon Dieu, faites donc que je chante vos louanges à cette heure !

À l’instant même, elle retrouve sa voix, plus dégagée et plus forte que jamais et peut poursuivre le Te Deum avec le chœur. Tout le reste de l’office se passa dans les douceurs de l’union divine.

Vision du 1er juillet 1673, chanoine Ladame, la Sainte de Paray

MESSE DU JOUR

Une autre fois, comme l’on travaillait à l’ouvrage commun du chanvre, je me retirai dans une petite cour – proche du Saint-Sacrement – où, faisant mon ouvrage à genoux, je me sentis d’abord toute recueillie intérieurement et extérieurement, et me fut en même temps représenté l’aimable Cœur de mon adorable Jésus plus brillant qu’un soleil. Il était au milieu des flammes de son pur amour, environné de Séraphins, qui chantaient d’un concert admirable :

L’amour triomphe, l’amour jouit,
L’amour du saint Cœur réjouit !

Et comme ces esprits bienheureux m’invitèrent de m’unir avec eux dans les louanges de ce divin Cœur, je n’osais pas le faire ; mais ils m’en reprirent et me dirent qu’ils étaient venus afin de s’associer avec moi pour lui rendre un continuel hommage d’amour, d’adoration et de louanges, et que pour cela, ils tiendraient ma place devant le Saint-Sacrement, afin que je le pusse aimer sans discontinuation par leur entremise, et que, de même, ils participeraient à mon amour : souffrant en ma personne comme je jouirais en la leur.

Autobiographie no 101

Jeudi 26 décembre

Saint Étienne

Que Dieu est bon, ma chère Mère, car encore que ma vie lui soit si injurieuse, il ne me prive pas du précieux trésor de sa croix. Bien que ce ne soit qu’en qualité de criminelle, c’est pourtant ce qui adoucit la longueur de mon exil, où il ne peut y avoir de plaisir pour moi qu’aimer Dieu, et souffrir pour cet amour. Mais hélas ! que ferais-je si la croix s’éloignait de moi, puisque c’est elle qui me fait espérer en sa miséricorde ! Elle est tout mon trésor dans l’adorable Cœur de Jésus-Christ, elle y fait tout mon plaisir, et toutes mes délices et ma joie.

Lettre à mère de saumaise, 1680

Vendredi 27 décembre

Saint Jean

Une fois que j’étais devant le Saint-Sacrement, me trouvant un peu plus de loisir car les occupations que l’on me donnait ne m’en laissaient guère, me trouvant toute investie de cette divine présence, mais si fortement, que je m’oubliai de moi-même et du lieu où j’étais, et je m’abandonnai à ce divin Esprit, livrant mon cœur à la force de son amour. Il me fit reposer fort longtemps sur sa divine poitrine, où il me découvrit les merveilles de son amour et les secrets inexplicables de son sacré Cœur, qu’il m’avait toujours tenus cachés, jusqu’alors qu’il me l’ouvrit pour la première fois. Mais d’une manière si effective et sensible qu’il ne me laissa aucun lieu d’en douter, par les effets que cette grâce produisit en moi, qui crains pourtant toujours de me tromper en tout ce que je dis se passer en moi.

Et voici comme il me semble la chose s’être passée. Il me dit : Mon divin Cœur est si passionné d’amour pour les hommes, et pour toi en particulier, que ne pouvant plus contenir en lui-même les flammes de son ardente charité, il faut qu’il les répande par ton moyen, et qu’il se manifeste à eux pour les enrichir de ses précieux trésors que je te découvre, et qui contiennent les grâces sanctifiantes et salutaires nécessaires pour les retirer de l’abîme de perdition. Et je t’ai choisie comme un abîme d’indignité et d’ignorance pour l’accomplissement de ce grand dessein, afin que tout soit fait par moi.

Apparition du 27 décembre 1673, Autobiographie no 53

Samedi 28 décembre

Saints Innocents

Enfin, c’est donc cette fois, chère amie, qu’il nous faut toutes consommer, sans exception ni rémission, dans cette adorable fournaise du sacré Cœur de notre adorable maître, d’où il ne faut jamais sortir. Et après y avoir perdu notre cœur de corruption dans ces divines flammes du pur amour, il nous y en faut prendre un tout nouveau qui nous fasse désormais vivre d’une vie toute renouvelée, avec un cœur nouveau qui ait des pensées, des affections toutes nouvelles, et qui produise des opérations toutes nouvelles en pureté et ferveur dans toutes nos actions, c’est-à-dire qu’il ne faut plus de nous-même, mais qu’il faut que ce divin Cœur de Jésus soit tellement substitué en la place des nôtres que lui seul vive et agisse en nous et pour nous : que sa volonté tienne tellement la nôtre anéantie qu’elle puisse agir absolument sans résistance de notre part, et enfin que ses affections, ses pensées et ses désirs soient en la place des nôtres mais surtout son amour.

Lettre à sœur Félicie-Madeleine de la Barge, 22 octobre 1689

Dimanche 29 décembre

Sainte Famille

Ayons l’amour du sacré Cœur plus que tout, toujours et partout. Pour répondre à cela, je vous rappellerai Les maximes qui avaient été peintes sur la première chapelle du sacré Cœur, dans le parc de la Visitation.

– Une était attribuée à la Sainte Vierge : « Aimez-le et il vous aimera ». Faisons nôtre cette maxime, conseil de la Sainte Vierge !

– « Venez, il est ouvert à tous ! » Conseil de saint Joseph, admirable maxime peinte dans cette chapelle où notre sœur aimait tellement se rendre. Elle disait qu’elle s’y rendait en voyage, à ses proches à qui elle disait qu’elle priait pour eux dans cette chapelle.

– « Je l’aime et je me donne à Lui », dit l’âme dévote.

Voilà des maximes que nous pouvons imprimer dans notre cœur !

Notre Père, le secret de paray-Le-Monial, 1985

Lundi 30 décembre

N’ai-je pas trop de plaisir, parmi mes amertumes, de voir cette sainte dévotion s’insinuer et se soutenir d’elle-même, malgré les contradictions que Satan y suscite pour s’y opposer ? Il régnera malgré ses ennemis et se rendra le maître des cœurs qu’il veut posséder ; car c’est la principale fin de cette dévotion de convertir les âmes à son amour. Voici ce qu’il m’a donné comme occupation : La Croix est ma gloire, l’amour m’y conduit, l’amour me possède, l’amour me suffit.

Lettre à mère de Saumaise, 1687

Mardi 31 décembre

Saint Sylvestre

Voici, mes bien-aimées Sœurs, dans le sacré Cœur de Jésus, un petit mot qu’il m’oblige de vous dire de sa part parce qu’il vous aime, et qu’il veut que vous commenciez tout de bon à lui donner du retour ; ce que vous ferez par la pureté de cœur et d’intention, qui vous rendra l’objet de ses amoureuses complaisances ; par l’humilité, qui le fera régner dans nos cœurs, et nous conservera dans son amitié ; et par la charité, vous régnerez dans ce Cœur adorable. Car, mes enfants, il ne nous faut pas flatter, nos noms ne sont encore qu’ébauchés, et nous les avons tout barbouillés par l’impureté de nos intentions. Il veut donc que nous travaillions tout de bon cette année à les blanchir par ces trois pratiques qu’il vous donne lui-même par sa chétive esclave :

La première est la pureté d’intention.

La seconde, l’humilité de cœur dans toutes les opérations.

La troisième, l’unité sans mélange de propre intérêt, dans vos prétentions.

Il ne veut pas que je vous précise aucun nombre de pratiques. Il le laisse à l’ardeur de votre amour, car il veut connaître par là celle qui l’aimera le plus.

Voilà le défi qu’il vous donne pour l’année 1686.