Méditations quotidiennes

Mardi 1er octobre

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, Saint Remi, Notre-Dame de Maylis

Les bouquets spirituels de ce mois d’octobre sont consacrés à la vie de la Bse Agnès de Langeac (1602-1634)[1]. Née au Puy-en-Velay, elle bénéficia très tôt de grâces mystiques extraordinaires. Elle entra chez les religieuses dominicaines au monastère de Langeac en 1623. Sœur converse puis sœur de chœur, elle fut élue prieure en 1627. Déposée de sa charge suite à des calomnies en 1631, elle fut poussée par la Sainte Vierge à prier pour Monsieur Olier qu’elle ne connaissait pas encore. En février 1634, Agnès apparut à M. Olier. Elle le rencontra au parloir du monastère de Langeac en juin suivant. Ils eurent de « précieux entretiens » jusqu’au 12 octobre, date à laquelle M. Olier fut rappelé à Paris. La Bse Agnès mourut peu après, le 19 octobre, à l’âge de 34 ans.

À l’âge de 8 ans, émue par la vue d’un homme qui avait été supplicié sur la place publique, Agnès alla entendre la sainte messe en l’église de Notre-Dame [du Puy] pour trouver là un refuge assuré et une protection puissante contre les attaques du monde pervers, de l’horreur duquel elle était toute pénétrée. Son recours à la Reine du Ciel eut bientôt un effet digne de cette Mère de Miséricorde. Au moment de l’élévation, elle fut saisie d’un doux ravissement et elle entendit ces paroles au fond de son cœur : Rends-toi l’esclave de la Sainte Vierge, et elle te protégera contre tes ennemis. La messe étant achevée, elle revint de son ravissement et s’étant mise devant l’autel où est la célèbre Image de la Mère de Dieu, elle lui dit : Vierge sainte, puisque vous daignez vouloir que je sois à vous, dès ce moment je vous consacre tout ce que je suis, et vous promets de vous servir toute ma vie en qualité de votre esclave.

Mercredi 2 octobre

Bx Antoine Chevrier, Saints Anges gardiens

Dieu permit que pendant quelque temps elle fut fort persécutée au-dehors par des gens du monde, et au-dedans par son confesseur et sa supérieure. Il se fit un orage qui la mit en une grande détresse. Un jour que cette angoisse était extrême, elle se mit devant Notre-Seigneur dans sa cellule, s’offrant à souffrir davantage, s’il le fallait pour sa gloire. Alors elle entendit une voix du Ciel qui la consola extrêmement. Le lendemain, son ange gardien vint à elle et lui dit en souriant : Eh bien, ton Époux te toucha hier comme il fallait ; il t’a donné la croix que tu as tant demandée. Et tu as besoin à l’avenir d’un grand courage, car ceci n’est encore rien.

Plus tard, étant en ce même état de désolation, son Gardien fidèle lui apparut et lui dit : Laisse faire et laisse dire tout ce qu’on voudra. Ce ne seront pas les créatures qui te jugeront. Ce sera ton Époux. Remarque sa fidélité et sa miséricorde envers toi. Il te fait paraître l’une et l’autre en te menant ainsi par le chemin de la croix, qui est sans illusion. Pourquoi ne te réjouis-tu pas en Jésus, ton Amour, puisque ton état de croix te rend plus agréable à ses yeux ?

Jeudi 3 octobre

Bse Émilie de Villeneuve, Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus, Sainte Blanche

Au jour de l’Épiphanie 1618, à l’oraison, Notre-Seigneur fit voir à sa bien-aimée Agnès tout ce mystère auguste avec ses circonstances. Elle vit la Très Sainte Vierge à genoux tenant le petit Jésus entre ses bras, et les rois à ses pieds qui lui faisaient leurs offrandes. Elle fut poussée à suivre ces humbles mages, et à offrir comme eux quelque chose à Notre-Seigneur. Dans cette pensée, elle se prosterna devant sa divine Majesté et lui dit : Mon Dieu, vous savez que je n’ai qu’une si petite volonté que vous m’avez donnée, je vous l’offre de tout mon cœur. La Mère de Dieu, répondant pour son Fils adorable, lui dit : Ma fille, mon Petit ne veut autre chose de toi que ton cœur, donne-le-lui et fais-en ton présent. À quoi Agnès ayant consenti promptement, il lui sembla qu’ayant tiré son cœur de sa poitrine elle le lui offrit véritablement, et que durant trois heures elle demeura sans cœur. Ainsi cette vision disparut. Mais elle fut suivie incontinent de l’apparition de l’ange d’Agnès qui lui dit : Eh bien, vous êtes contente ? – Je le suis, répondit-elle. – Vous le pouvez bien être, repartit l’ange, puisque votre Époux a changé votre cœur, selon le désir que vous en avez témoigné si souvent et si ardemment. – Je suis à lui, dit Agnès, qu’il fasse de moi ce qu’il lui plaira.

Premier Vendredi du mois

Saint François d’Assise

À l’âge de six ou sept ans, il lui vint des grands sentiments de dévotion envers le glorieux saint François. Cela la portait à visiter souvent l’église de ce grand saint, quoique bien éloignée. Un jour, comme elle priait dans sa chapelle, il lui apparut tout brûlant des pures flammes de son amour séraphique. Cette faveur opéra en elle des lumières si saintes et des mouvements si puissants qu’elle se trouva toute résolue de faire vœu à Dieu sur l’heure même de virginité perpétuelle. Comme elle voulut le prononcer extérieurement pour le rendre plus exprès et plus fort, la pauvre petite épouse du Fils de Dieu fut bien étonnée de voir entrer dans la chapelle une troupe de chiens noirs, qui se jetèrent sur elle et la mirent par terre comme pour la dévorer. Ce fut une merveille de la grâce divine qu’en une aventure si surprenante, et qui aurait effrayé l’homme du monde le plus résolu, cette bénite enfant se trouva une fille beaucoup plus forte selon l’esprit que son âge ne la rendait tendre et faible selon le corps. Les esprits immondes disparurent incontinent, soit par l’horreur qu’ils avaient d’une telle pureté, soit par honte de n’être pas craints par une si jeune ennemie. Et elle acheva en liberté de prononcer ce sacré vœu, que nous lui verrons observer très fidèlement et très saintement jusqu’à la mort.

Samedi 5 octobre

Premier Samedi du mois, Saint Placide et ses compagnons

Lorsqu’elle eut atteint l’âge de vingt ans, désirant de plus en plus être religieuse, elle supplia le Père Panassière, son confesseur, de lui donner l’habit du tiers ordre de Saint-Dominique. Elle le reçut avec des sentiments merveilleux d’humilité et de dévotion. Ce bon Père, trouva bon qu’elle dît dorénavant l’office de Notre-Dame qui est en usage dans l’ordre de Saint-Dominique. Elle obéit avec d’autant plus de ponctualité et de ferveur que son cœur était plein d’affection à honorer, aimer et servir la Très Sainte Vierge. Elle faisait cette action de religion avec une confiance si cordiale envers Notre-Seigneur que, lorsqu’elle voulait commencer, elle lui disait amoureusement : Commencez, s’il vous plaît, mon Époux. Et en même temps, elle entendait une voix, qui commençait, à laquelle elle répondait. Ainsi Notre-Seigneur et elle psalmodiaient alternativement, sans que pourtant elle eût alors aucune vision. C’est ainsi qu’Agnès, ayant pour le Fils de Dieu un amour fort semblable à celui de sainte Catherine de Sienne, sa mère, recevait aussi des caresses pareilles à celles dont cette grande sainte fut favorisée.

La suite sera publiée bientôt

[1]  Vie de la Bse Agnès de Langeac par Charles de Lantages, éditions du Cerf.