Le sceau divin des apparitions de Fatima : le miracle du soleil
Revenons sur l'événement unique. À partir du 13 juillet 1917, Lucie et Jacinthe avaient annoncé à leur entourage que la belle Dame leur avait promis un miracle pour le 13 octobre, à midi. Les deux cousines répétèrent maintes fois la même affirmation sans jamais varier, même sous les menaces et les persécutions que les incrédules leur infligèrent. Ces épreuves, rappelons-le, furent terrifiantes pour des enfants de dix, neuf et sept ans. Or, au jour dit, à l'heure dite, environ soixante-dix mille personnes furent témoins d'un miracle : le soleil dansa, tournoya et sembla tomber sur la terre, ce qui ne s'était jamais vu depuis que le monde est monde.
Il s'agit du fait historique le plus considérable depuis la résurrection et l'ascension de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Cette prophétie qui se réalisa donc à la lettre, ce miracle, que tous virent pour croire, fut en soi une preuve éclatante de la véracité des Apparitions et de la sincérité des trois petits bergers.
Dépositions, témoignages, documents concordent et surabondent. En voici seulement quelques-uns...
Citons le professeur Almeida Garrett :
« Il devait être 13 h 30 [heure légale] lorsque s'éleva, à l'endroit précis où se trouvaient les enfants, une colonne de fumée, déliée, ténue et bleutée, qui monta droit jusqu'à deux mètres peut-être, au-dessus des têtes et s'évanouit à cette hauteur. Ce phénomène dura quelques secondes, parfaitement visible à l'œil nu... La fumée se dissipa subitement et, au bout d'un certain temps, le phénomène revint se produire une deuxième puis une troisième fois... Je restais convaincu que ces colonnes de fumée étaient produites par quelque encensoir balancé dans lequel brûlait de l'encens.
« ... Soudain, j'entendis le brouhaha de milliers de voix, et je vis toute cette multitude, dispersée dans le large espace qui s'étendait à mes pieds, tourner le dos à l'endroit vers lequel, jusque-là, convergeaient toutes les impatiences anxieuses, et regarder le soleil du côté opposé...
« Je me tournai à mon tour, vers ce point d'attraction de tous les regards, et je pus voir le soleil, semblable à un disque bien net, à l'arête vive, qui luisait sans blesser la vue... Il ne pouvait se confondre avec le soleil vu à travers la brume, – il n'y en avait d'ailleurs pas à ce moment –, car il n'était ni voilé, ni brouillé. À Fatima, il conservait lumière et chaleur, et se dessinait nettement dans le ciel, avec son bord en arête vive comme une table à jeu... Le plus étonnant est d'avoir pu fixer aussi longtemps le disque solaire dans tout son éclat de lumière et de chaleur, sans avoir mal aux yeux, et sans éblouissement de la rétine. »
Soudain, l'astre se mit à trembler, à se secouer avec des mouvements brusques, pour finalement tourner sur lui-même à une vitesse vertigineuse, en lançant des gerbes de lumière.
« Le soleil prenait toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, ajoute un autre témoin. Tout prenait les mêmes couleurs : nos visages, nos vêtements, la terre elle-même. »
Le moment terrible arriva enfin : le soleil sembla tomber sur la terre. Écoutons encore le professeur Garrett :
« On entendit soudain une clameur, comme un cri d'angoisse de toute cette foule. Le soleil, en effet, conservant son mouvement rapide de rotation, sembla se détacher du firmament et, rouge sang, s'avancer vers la terre, en menaçant de nous écraser de sa masse ignée. Ce furent quelques secondes terrifiantes. »
Le fils de Maria Carreira, Jean, le jeune estropié, en témoigna lui aussi : « J'ai vu le soleil tourner et il semblait descendre. Il était comme une roue de bicyclette. »
Une dame ajouta encore : « Je l'ai parfaitement vu descendre comme s'il venait s'écraser sur la terre. On aurait dit qu'il se détachait du ciel et qu'il courait sur nous. Il s'est maintenu à une petite distance au-dessus de nos têtes ; mais cette sorte d'attaque fut de très courte durée... Il semblait très près des gens et il continuait à tourner à l'envers. »
Le jeune ingénieur Mario Godinho déclara, après que le soleil eut repris sa place : « De ces milliers de bouches, j'entendais des clameurs de joie et d'amour à la Très Sainte Vierge. Et alors j'ai cru. J'avais la certitude de n'avoir pas été victime d'une suggestion. J'avais vu le soleil comme jamais je ne le reverrai. »
Chose merveilleuse, le phénomène put être admiré au-delà de Fatima. Au petit village d'Alburitel, situé à dix-huit ou dix-neuf kilomètres de Fatima, la population entière put jouir du miracle solaire. Monsieur l'abbé Lourenço a raconté ses souvenirs :
« J'avais alors seulement neuf ans, et je fréquentais l'école primaire de mon village. Il était près de midi [heure solaire] quand nous fûmes surpris par des cris et des exclamations, poussés par des hommes et des femmes qui passaient dans la rue, devant notre école. L'institutrice, très bonne et très pieuse, mais facilement impressionnable et très timide, fut la première à sortir dans la rue, et ne put empêcher les enfants de sortir tous, eux aussi, à sa suite. Dans la rue, les gens pleuraient et criaient, montrant le soleil, sans répondre aux questions que leur posait notre institutrice, très émue.
« C'était le grand miracle, que l'on voyait très distinctement du haut de la colline où se trouve mon village... Je me sens incapable de le décrire tel que je le vis alors. Je regardai fixement le soleil, et il me semblait avoir pâli, de telle sorte qu'il n'éblouissait pas les yeux. Il paraissait un globe de neige qui tournait sur lui-même. Puis, soudain, il sembla descendre en zigzag comme s'il allait tomber sur la terre. Épouvanté, je courus me mettre au milieu de la foule. Tout le monde pleurait, attendant la fin du monde d'un instant à l'autre. Près de nous, se trouvait un incroyant, un homme sans religion, qui avait passé toute sa matinée à se moquer des naïfs qui faisaient un tel voyage pour aller voir une petite fille à Fatima. Je le regardai. Il était comme paralysé, figé, les yeux fixés sur le soleil. Puis je le vis trembler de la tête aux pieds, lever les mains au ciel, et tomber à genoux dans la boue, en criant :
– Notre-Dame ! Notre-Dame !...
« Pendant ce temps, les gens continuaient à crier et à pleurer, et à demander pardon à Dieu de leurs péchés... Puis, nous courûmes vers les deux chapelles du village qui se remplirent en quelques instants...
« Au bout de quelques minutes, le soleil reprit sa place.. Quand tout le monde se fut persuadé que le danger était passé, il y eut une explosion de joie. Tous éclataient en cris d'action de grâces :
– Miracle ! Miracle ! Bénie soit Notre-Dame ! »
Dernier fait étonnant : tous les gens de la foule, qui étaient pour la plupart trempés jusqu'aux os, constatèrent avec joie et stupéfaction qu'ils étaient secs. Le fait est attesté dans le procès canonique. L'académicien Marques da Cruz, qui fit enquête à ce sujet, écrit : « Cette foule immense se trouvait toute trempée, car la pluie n'avait pas cessé depuis l'aube. Mais, quoique ce fait puisse paraître incroyable, après le miracle, tout le monde se sentait à l'aise et avait ses habits complètement secs, ce qui fit l'objet de l'étonnement général... »
Dès le surlendemain de l'événement, le 15 octobre, Avelino de Almeida, rédacteur en chef de “ O Seculo ”, le grand quotidien anticlérical et maçonnique de Lisbonne, que nul n'aurait pu soupçonner de prendre parti en faveur de cette affaire, rapporta ainsi le miracle dont il fut le témoin ébahi :
« ... Depuis la route, où s'étaient massées les voitures, et où plusieurs centaines de personnes étaient demeurées, faute d'avoir assez de courage pour s'avancer à travers le terrain boueux, on voit l'immense multitude se tourner vers le soleil qui apparaît au zénith, dégagé des nuages. Il ressemble à une plaque d'argent mat, et il est possible de le fixer sans la moindre gêne. Il ne brûle pas les yeux. Il n'aveugle pas. On dirait qu'il se produit une éclipse. Mais voici que jaillit une clameur immense, et ceux qui sont plus près de la foule l'entendent crier :
– Miracle ! Miracle !...Merveille !... Merveille !...
« Aux yeux éblouis de ce peuple, dont l'attitude nous transporte aux temps bibliques et qui, stupéfait, la tête découverte, contemple l'azur du ciel, le soleil a tremblé, le soleil a eu des mouvements insolites et brusques, en dehors de toutes les lois cosmiques, “ le soleil a dansé ”, selon l'expression typique des paysans. »
Violemment mis en cause par toute la presse anticléricale, Avelino de Almeida renouvela son témoignage, quinze jours plus tard, le 29 octobre. Cette fois, il illustrait son récit d'une dizaine de photographies de l'immense foule extasiée, et répétait comme un refrain tout au long de son article : « J'ai vu... J'ai vu... J'ai vu. »
Et il concluait, avec beaucoup d'à-propos :
« Miracle, comme criait le peuple ? Phénomène naturel, comme disent les savants ? Pour l'instant, je ne me soucie pas de le savoir, mais seulement d'affirmer ce que j'ai vu... Le reste est affaire entre la Science et l'Église. »
Extraits de Francisco et Jacinta, si petits et si grands !,
Sœur Françoise de la Sainte Colombe, p. 291-295