Il est ressuscité !
N° 195 – Février 2019
Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard
LA LIGUE
« Rien sans Marie, tout par Marie »
« Une pastorale où Marie joue le rôle principal, qui n’indique pas son Fils, cela ne sent pas bon. » (pape François) Cette pastorale qui n’a jamais existé dans l’Église catholique dissimule la malice d’une autre, analogue, qui se pratique en grand depuis Vatican II :
Une pastorale où l’Esprit joue le rôle principal, qui n’indique pas Jésus fils de Dieu, ni n’attire à Lui ; un Esprit qui ne songe pas à défendre les intérêts spirituels et temporels de Jésus et de son Église ; un Esprit qui refuse de lutter contre le mal et se rallie aux puissances antichrists du jour ; un Esprit qui refuse de condamner à mort les assassins au nom de la dignité humaine, mais qui reste sourd et indifférent aux cris des enfants de Dieu, pauvres victimes que l’on souille, persécute et tue ; alors, là ! c’est bien plus qu’une mauvaise odeur, c’est Satan qui a « investi le camp des saints » et qui ruine « la Cité bien aimée » (cf. Ap 21, 9) !
“ Notre-Dame au secours ! ” c’est le titre de la conférence d’Actualités de notre frère Bruno ; le cri du « défenseur » de l’Église et de la paix dans le monde, aux prises avec une désorientation diabolique qui devient de plus en plus agressive. C’est ce même Saint-Esprit de Croisade eucharistique et mariale, qui anima toutes les activités de la Phalange de l’Immaculée.
PÈLERINAGE À PONTMAIN
Dimanche 27 janvier à 9 heures les plus courageux étaient au rendez-vous. La petite marche de Saint-Ellier à Pontmain promettait d’être pénitente, mais frère Thomas nous y prépara bien, en nous adressant un sursum corda qui ancra nos cœurs dans le cœur de nos chers saints :
« Le 17 janvier 1871, l’armée prussienne faisait son entrée dans Alençon, malgré les combats courageux des troupes d’arrière-gardes, que Louis Martin, déjà âgé, aurait voulu rejoindre, tant il brûlait de donner sa vie pour la défense de la patrie. Mais il n’y avait rien à faire, les Allemands étaient les plus forts. Or, le même jour, à quelque cent kilomètres au sud-ouest, les Prussiens étant aux portes de Laval, une belle Dame vêtue d’une robe bleue constellée d’étoiles apparaissait, ici à Pontmain, délivrant son merveilleux message : “ Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon Fils se laisse toucher. ” Cette apparition stoppa net l’avancée des troupes ennemies.
« C’est un fait de notre Histoire de sainte et doulce France. La nouvelle s’en répandit comme une traînée de poudre et, par voie de presse, elle parvint quelques jours plus tard dans Alençon occupé. Zélie tout émue appela aussitôt son mari pour lui annoncer la nouvelle : “ La Sainte Vierge est apparue à Pontmain, nous sommes sauvés ! ” Quelle promptitude à croire en ce secours providentiel, aussi ferme qu’avait été leur persévérance à prier et à l’espérer !
« Nous-mêmes, à l’exemple de cette sainte famille, à l’école de notre Père et de frère Bruno, nous méditons sans cesse sur cette suite incomparable des apparitions de l’Immaculée, ouvrant les derniers temps : la rue du Bac, La Salette, Lourdes, Pontmain, Pellevoisin... et bien sûr Fatima, qui est la clef de tout. Mais comme nous le disait notre Père un certain 17 janvier 1995 pour nous mettre en garde contre une sorte de quiétisme mystique : “ C’est bien de contempler, de nous enthousiasmer pour l’orthodromie mariale, mais si l’on veut obtenir quelque chose de la Sainte Vierge, il faut... prier. La Sainte Vierge nous a dit, impérativement – c’est notre Impératrice ! – de manifester au Ciel, par nos prières, chapelets et pénitences, que nous voulons obtenir de Jésus-Christ par la médiation de la Sainte Vierge la paix pour le monde. ” »
Et nous voilà partis en récitant le chapelet des mystères douloureux à l’école de sainte Thérèse. Jésus et Thérèse soutinrent notre courage, car il en fallut. De rageuses bourrasques de vent et de pluies glaciales semblaient vouloir nous arrêter, nous jeter dans le fossé tant elles étaient violentes... Mais quel charme et douce espérance de voir “ l’avenir de l’Église ”, nos bons petits enfants trottiner en ciré jaune, le chapelet en main, le visage marqué par la froidure, mais gentiment résigné... Comme dirait notre Champenois de frère Christian en imitant un vieux paysan de Villemaur : « Y’aura encor’d’beaux jours ! » et les Canadiens ajouteraient : « certain ! »
Messe à 10 h 30 à la basilique, où nous sommes très bien accueillis par le nouveau recteur ; belle cérémonie avec la participation de trois enfants de chœur CRC. Joie réconfortante des enfants de l’Église réunis pour la messe dominicale, sous la protection de Notre-Dame de Pontmain et la houlette de bons pasteurs. L’homélie fut pour ainsi dire de Contre- Réforme, antimoderniste, puisqu’elle commença par rappeler à la suite de saint Luc lui-même l’absolue vérité historique des événements évangéliques.
Après la messe nous nous rendîmes en hâte dans l’église paroissiale, pleine à craquer par plus de deux cents petites et grandes personnes, sans compter les poussettes... Après le chant de l’Angélus, dans ce sanctuaire béni où tout nous parlait du cœur à cœur du saint curé Guérin avec la Très Sainte Vierge, frère Benoît nous “ mitonna ” un petit office à sa façon, tout en prière, instruction et tendre dévotion envers la Santissima Bambina. Elle était là, sous l’autel de l’Immaculée Conception ; même si l’abbé Guérin ne l’a pas connue, nul doute qu’il bénissait du haut du Ciel cette charmante petite cérémonie.
L’ABBÉ GUÉRIN, SERVITEUR DE MARIE
Après le repas, tandis que nos sœurs et nos frères prenaient en charge les enfants, frère Benoît entraîna les grands jusqu’à la salle Notre-Dame de l’autre côté du parvis et nous captiva pendant une heure en retraçant la vie de Michel Guérin, le saint curé de Pontmain. Il faudrait lui consacrer un livre, un grand article, mais en attendant, voici à grands traits.
Le 8 juin 1801 à Laval, naissance de Michel Guérin ; ses parents Michel et Madeleine le font baptiser le jour même. Premières années heureuses d’un fils unique qui reçoit de ses parents les bons exemples d’une vie chrétienne, laborieuse, pieuse d’une piété toute mariale puisée à la source de l’antique église de Notre-Dame d’Avesnières, qu’on se plaît à saluer : « Bienfaitrice de la cité », « Trésor du pays ».
L’épreuve frappe bien vite le jeune Michel, par les revers de fortune de ses parents, mais bien plus par la mort de son père alors qu’il n’a que treize ans. Le voici seul avec sa mère, et Celle qu’elle lui a appris à aimer depuis son enfance, la Très Sainte Vierge. Il veut être prêtre, mais n’a pas les moyens de payer ses études ; sa sainte mère y pourvoit en se sacrifiant tant et plus.
LA RENCONTRE D’UN MAÎTRE.
Au séminaire du Mans, la bonté enjouée de Michel Guérin, ses vertus, son sens du devoir exercent un charme sur ses confrères qui le surnomment gentiment : « notre saint ». Il rencontre surtout un père et un maître en la personne du supérieur, l’abbé Jean-Baptiste Bouvier, qui deviendra évêque du Mans, et dont les ouvrages théologiques seront utilisés comme manuels dans les séminaires. Il les a écrits dans un esprit de disciple et une remarquable docilité envers les autorités romaines qu’il a beaucoup consultées. Royaliste légitimiste en politique ; antijanséniste, antirigoriste et disciple de saint Alphonse de Liguori en morale, l’abbé Bouvier était un passionné de sciences sacrées et profanes, de techniques, de découvertes, d’expériences scientifiques. Au principe et fondement de tout, cet homme d’Église fut un ardent défenseur et promoteur de l’Immaculée Conception. L’abbé Guérin a donc été à la bonne école d’un saint progrès.
LE RAYONNEMENT ET LA RÉSOLUTION D’UN SAINT.
Au jour de son ordination, le jeune séminariste dont la connaissance et la dévotion à la Sainte Vierge n’ont fait que grandir est si rayonnant que l’évêque qui l’ordonne est frappé par sa piété extraordinaire. Il le fit venir, l’interrogea, peut-être lui proposa-t-il quelque poste avantageux ? Ce qui est certain, c’est la sainte réponse du jeune prêtre : « Je veux la paroisse la plus pauvre et la plus défavorisée du diocèse. »
L’abbé Guérin est donc nommé vicaire à Saint-Ellier du Maine, il y arrive le 10 août 1829, et il s’y dévoue pendant sept ans. Desservir cette paroisse lui permet de rejoindre les sept cents âmes de Pontmain et alentour qui, cinq kilomètres plus loin, sont complètement isolées, sans route, ni école, ni aucun service administratif. En 1836, ses vœux sont exaucés, il est nommé curé de Pontmain, il y arrive le 24 novembre, et répond à l’accueil chaleureux de ses paroissiens d’une manière parfaitement pure et surnaturelle : « C’est Dieu qui a tout fait. Il veut que je sois à vous sans partage ; désormais, c’est avec vous à la vie, à la mort. Vous pouvez compter sur l’absolu dévouement de votre pasteur. »
Le curé Guérin a pour le moins l’esprit d’initiative ; il suscite les plus généreux dévouements, il contacte et sans cesse insiste auprès des autorités civiles et religieuses pour mettre le village isolé et son église en ruine en “ réseau ” sur la terre comme au Ciel. Quand il rend sa belle âme à Dieu, le 29 mai 1872, Pontmain est un village florissant sous tous les rapports, ne mentionnons que le principal : tous les paroissiens sans exception assistent à la messe dominicale ; la France est en paix et n’a pas connu l’invasion totale des Prussiens comme il était inéluctable.
L’IMMACULÉE VIERGE MARIE : RÔLE PRINCIPAL.
Si tant de grâces se sont déversées du Ciel sur la terre, c’est parce que le curé Guérin a été attentif et docile aux signes des temps de Dieu, qu’il s’agisse des apparitions de l’Immaculée à la rue du Bac et de la diffusion de la Médaille miraculeuse, et surtout de leur prolongement paroissial à Notre-Dame des Victoires.
Afin que tous croient que Dieu veut que le Cœur Immaculé de Marie ait le « rôle principal », le 3 décembre 1836, premier samedi du mois, l’obéissance immédiate de l’abbé des Genettes à la voix intérieure qui lui dit : « Consacre ta paroisse au Cœur Immaculé de Marie », est sanctionnée le soir même par le miracle d’une église pleine à craquer de gens désireux de s’instruire des choses de Dieu.
L’abbé Guérin apprit cette histoire merveilleuse, probablement par le journal L’Univers, fin décembre 1836 ou tout début 1837, et il en comprend la leçon : Si la Sainte Vierge a fait un miracle pour une paroisse de Paris, je voudrais tout faire pour qu’Elle en fasse autant à Pontmain, pour la conversion de la mienne ! Et c’est pourquoi, dès le mois d’avril 1837, il s’affilie à l’Archiconfrérie du Cœur Immaculé de Marie, et en 1853, il peut écrire à son évêque que tous ses paroissiens sans exception en font partie.
Le jeune curé de Pontmain a tout de suite adhéré au Bon Plaisir de Dieu, et il en fit le principe et fondement de son ministère sacerdotal. Serviteur de l’Immaculée, c’est par Elle qu’il convertit et sanctifie les âmes de ses paysans, par Elle qu’il leur apprend le secret de la bonne vie chrétienne qui doit vivifier et gouverner tous les secteurs de la vie temporelle : « Rien sans Marie, tout par Marie. »
L’abbé des Genettes, conclut notre frère Benoît, aurait voulu être imité du clergé français dans son ensemble, voici ce qu’il disait : « Si la divine Providence continue de nous bénir comme elle l’a fait depuis trois ans, nous pouvons pronostiquer avec confiance que, dans peu de temps, la face de la France aura changé. » Il se prenait à rêver, et nous avec lui, d’une France convertie par l’Immaculée, en un temps record ! La preuve que ce n’était pas un rêve, c’est notre abbé Guérin.
La vitrine modeste de ce que la Sainte Vierge veut toujours faire dans son royaume et dans le monde entier, c’est ce petit village de Pontmain où elle apparaît dans la plénitude d’un rôle principal qui s’étend jusqu’à la politique. Car ne l’oublions pas à Pontmain, c’est Notre-Dame des Victoires, Régente du Royaume de France, qui apparaît revêtue du même manteau royal qu’Elle portait pour apparaître au frère Fiacre en 1637. En 1871, Elle a eu raison des Prussiens, nous sommes sûrs qu’Elle triomphera un jour des « mauvais catholiques » à Rome comme à Paris, et que d’un même “ cri du Cœur ”, Elle nous obtiendra du Très-Haut un saint Pape et un Roi Très-Chrétien.
DÉVOTION EUCHARISTIQUE ET MARIALE
Parents et enfants se retrouvèrent ensuite dans cette merveilleuse grange où sont si bien figurées les différentes phases de l’apparition de la Vierge Marie. Frère Benoît les raconta entre chaque dizaine de chapelet devant un parterre de petits et tout petits-enfants. Quant aux parents ils n’étaient pas les moins ravis... Nous nous rendîmes ensuite au cimetière sur la tombe de l’abbé Guérin. Frère Benoît nous y lut le témoignage de François Friteau qui assista à ce qu’il faut bien appeler une mort d’amour ; il vit le regard extasié de son cher curé, et en conclut tout naturellement et en vérité que Notre-Dame de Pontmain était venue le chercher...
Nous n’avons pas eu besoin de le préciser, mais cette journée mariale fut éminemment christocentrique, puisqu’elle commença par la Messe et s’acheva par le Salut du Saint-Sacrement célébré par le recteur, un chapelain et un jeune CRC qui faisait office de thuriféraire... Belle sortie en procession au chant de “ Douce Vierge Marie ” et, joie finale, celle de se retrouver tous pour un goûter convivial autour d’un chocolat chaud et plein de bonnes choses préparées par nos bons amis D. et nos sœurs : joyeux tumulte des enfants, conversations animées des parents, bref l’animation sui generis du caravansérail CRC... Il fallut bien se quitter, chacun partant convaincu du “ rôle principal ” de notre Bonne Mère du Ciel, et se promettant de revenir l’an prochain, pour s’en convaincre davantage, encore et encore...
LA CHANDELEUR À SAINT-PARRES
Cette année, une bienheureuse occurrence de dates la fit célébrer deux fois. Le premier samedi du mois, 2 février, au jour même de la fête, et le lendemain dimanche, celui de sa solennité. C’était donc fête sur fête à la maison Saint-Joseph, et on comprend les trois cents amis et leurs enfants qui s’y retrouvèrent.
SAMEDI 2 FÉVRIER.
À 11 h 30, messe de la Présentation de l’Enfant- Jésus au Temple et sermon de notre bienheureux Père : Nazareth ou comment gagner son Ciel ? Par ses trente ans de « vie gâchée » à Nazareth, Jésus a voulu nous persuader de la vanité de nos activités séculières quand elles sont dépourvues d’esprit surnaturel et de pratiques de dévotion qui plaisent à Dieu. Êtes-vous atteints par “ la sécularisation ”, ce mauvais esprit protestant qui s’est infiltré dans l’Église à la faveur de Vatican II ? Ce sermon vous offre un test de dépistage, gratuit, profitez-en et branchez-vous vite sur votre site préféré de VOD : S 45, sermon 14.
Après un bon repas et le chapelet, première conférence de retraite et joie de retrouver Sainte Thérèse nouvelle : Thérèse de la Sainte-Face, épouse de Jésus Crucifié (1890). Cette union se noue dans la lumière de deux “ visions ” et d’une parole de Dieu (Is 53) secret de sa dévotion à la Sainte Face. La première vision date de 1879 : monsieur Martin marche dans le jardin des Buissonnets, vieilli, courbé, la tête recouverte d’un tablier. Sainte Thérèse en comprend le sens lorsqu’en février 1889 son père, son roi chéri, est humilié, terrassé par une artériosclérose, et qu’il est interné au Bon Sauveur de Caen. Son cœur sensible souffre à l’extrême, mais elle intègre cette épreuve, et la vit en corédemptrice, cœur à cœur avec Jésus crucifié, avec son père, pour le salut des âmes. Elle « découvre le secret de souffrir en paix ». En juillet 1889, alors qu’elle prie dans la grotte de sainte Madeleine : « Il y avait comme un voile jeté pour moi sur toutes les choses de la terre... J’étais entièrement cachée sous le voile de la Sainte Vierge. » C’est l’annonce d’une nuit sur le monde, explique notre Père, dans cette nuit, Thérèse, image de l’Église, disparaît aux yeux du monde comme ensevelie avec la Sainte Vierge, dans l’attente de la résurrection.
Ensuite, après un bon goûter en famille, de nouveau, joie de retrouver sainte Thérèse et de comprendre en quoi notre Père nous la propose bien nouvelle.
La voie d’enfance, mystère inouï. Notre Père va longuement retracer les étapes de son élaboration, de son incompréhension aussi, pour arriver à la conclusion suivante :
« Tout le secret de la Petite Voie tient en ceci : n’être rien à ses propres yeux. Je n’ai nulle ambition si ce n’est d’aimer Jésus seul et d’accueillir son amour pour lui faire plaisir. » Et que faites-vous de mes fautes ? « Quand on désire devenir une grande sainte, c’est excellent d’être ramenée à sa petitesse. Vous êtes de la famille des fils d’Adam. » « Dans son absolue sainteté, Dieu souffre du désordre causé par le péché originel, auquel les fautes des saints participent, quoique de manière non volontaire. » « Jésus a payé pour vous, comme pour les pécheurs. Son Sang, que vous êtes avide de répandre sur eux, vous a lavée au passage. » Et il ne cesse de le faire de confession en communion : nul quiétisme dans la “ Petite Voie ”...
La méditation des premiers samedis du mois nous en convainquit puisque frère Bruno médita à son école les mystères joyeux du Rosaire (supra).
DIMANCHE 3 FÉVRIER.
Ceux qui arrivèrent à l’oraison encore un peu endormis, ne tardèrent pas à se réveiller tout à fait sous l’ardeur d’un “ Tison arraché du feu ”, l’histoire de Céline aux prises avec le feu de passions inconnues d’elle jusqu’à l’âge de vingt ans. Prodigieux témoignage d’une parfaite loyauté, qui est appelé à faire du bien à toutes les âmes, puisque nous sommes tous sollicités à un âge ou à un autre par les trois concupiscences de la chair, du monde et de Satan.
Après le chapelet, c’est encore contre les insidieuses manœuvres ou subtiles dissimulations de l’Adversaire de nos âmes, blessées par le péché originel, que notre bienheureux Père et sainte Thérèse allaient nous mettre en garde.
Maîtresse des novices pour nos temps d’apostasie (1893-1896), merveilleuse conférence des deux incomparables médecins de nos petites âmes : « Au point de départ de toute œuvre, de toute résolution, je trouve dans l’être humain un certain regard sur soi (...), un contentement du moi bétonné ; chacun construit sa tour, y monte et considère les degrés des perfections conquises, “ Dieu m’aime tel que je suis, c’est sûr ! ” (...) Sainte Thérèse comprend que l’obstacle à la sainteté qui handicape ses novices, « c’est ce fameux moi, moi, moi, qui interdit à Jésus d’entrer dans notre âme et de la vaincre par son amour ».
À 10 h 30, la messe de la solennité de la Présentation débuta par la bénédiction des cierges et la procession avec l’Enfant-Jésus dans les bras de notre très cher Bon Pasteur. Joie, lumière, harmonie et puissance des cantiques dans une chapelle merveilleusement bien fleurie... toutes ces émotions qui ravissaient nos sens spirituels nous étaient communiquées par la liturgie du mystère. L’homélie de notre bienheureux Père nous prouva que ce n’était pas là vaine sensibilité ou subjectives élucubrations ; nous mimions la vérité objective, absolue, d’un prodigieux accomplissement des prophéties par Jésus, grâce à Marie sa Très Sainte Mère. Ce sermon est un sidérant dévoilement du quatrième mystère joyeux, à écouter en boucle par les « accrocs » du chapelet que nous sommes tous : La fête de la purification : oblation (S 45, 15).
« NOTRE-DAME AU SECOURS ! »
Frère Bruno commença sa conférence d’actualités par le « cri du cœur » de Mgr Vigano. Le Pape François ne saisissant pas cette occasion pour « s’ouvrir aux volontés de Notre-Dame de Fatima », les progrès de l’apostasie dans l’Église, et de la guerre dans le monde, sont plus que jamais d’actualité.
La guerre au Moyen-Orient, c’est connu, mais c’est très grave aussi en Asie. Les USA mènent une guerre commerciale contre la Chine qui fait trembler les marchés financiers. Le président Trump veut s’opposer ainsi au leadership mondial de “ l’Empereur rouge ”, et à sa politique hégémonique. C’est avec raison qu’elle fait peur, car c’est toute la puissance du capitalisme qui est mise au service de l’idéologie communiste. Frère Bruno la passe en revue, c’est très impressionnant.
UNE CHINE CAPITALO-COMMUNISTE ET CONCILIAIRE.
« Contrôle du pouvoir et de la population par le parti communiste, via la surveillance numérique continue, contrôle des entreprises par l’État, sanctuarisation du secteur public, contrôle idéologique par l’imposition du dogme marxiste antichrist dans les médias, les universités et les entreprises. Avec incarcération des dirigeants récalcitrants. Contrôle stratégique, surtout, avec une intense course aux armements, destinée à la reprise en main de Hongkong, à la conquête de l’île de Formose, à l’annexion de la mer de Chine du Sud et à l’instrumentalisation de la Corée du Nord pour affaiblir la présence américaine en Asie. Et ce n’est qu’un commencement... » À quand les JMJ en Chine, pays où souffle la doctrine sociale de l’Église et la Liberté religieuse ?
Dans un tel contexte, l’accord entre la Rome de Vatican II et Pékin plus que jamais communiste et totalitaire se juge à sa vraie valeur, celle d’une apostasie de la foi et d’un abandon de ses frères aux sanctions et persécutions d’un État totalitaire antichrétien. Frère Bruno passe en revue les principaux points de cet accord ; ne considérons que le plus éblouissant aux yeux des hommes : L’érection du nouveau diocèse de Chendge, et la construction d’un vaste complexe religieux, comprenant une résidence épiscopale, un couvent, une immense cathédrale : Un cadeau de 9, 5 millions d’euros offert par l’Église patriotique (l’état communiste) à Rome.
On est loin des “ trente deniers ”, mais c’est toujours Jésus que l’on persécute et met à mort : « Le Saint-Siège reconnaît la Conférence épiscopale chinoise puisqu’il devra prendre en compte les candidats à l’épiscopat qu’elle lui présentera... avec l’accord préalable du Parti communiste ! Et la trentaine des évêques “ clandestins ” sera contrainte à rejoindre cette Conférence qui est elle-même dominée par “ l’Association patriotique des catholiques chinois ”. » Le droit des clandestins de refuser pour la défense de la foi catholique est désavoué par l’Église ! Ceux qui passeront outre « pour cause de fidélité à Jésus-Christ et à sa divine Mère seront condamnés à une double “ clandestinité ”, à la fois vis-à-vis de l’État et vis-à-vis de l’Église. Et ainsi les catholiques les plus fidèles à l’Église seront rejetés comme schismatiques ! »
LA FRANCE.
Elle est livrée par l’Église à l’islam. Un signe de cette molle apostasie ? Famille chrétienne (n° 2140, p. 9), nous informe que les carmélites d’Alençon doivent déménager : « Le quartier est devenu trop bruyant », sans dire qu’une mosquée s’est construite qui jouxte le carmel d’un mur mitoyen ! « Menteurs ! » s’exclame frère Bruno : « Mais dire la vérité serait contraire au “ vivre ensemble ” de rigueur depuis le concile Vatican II, et au dialogue qui en résulte avec cette “ religion de paix et d’amour ” qu’est l’islam. »
Frère Bruno nous montre que les Gilets jaunes ne sont pas des casseurs, ni tous des bénéficiaires du RSA. Ce sont des Français du “ Pays réel ” de nos provinces : ouvriers, agriculteurs, artisans, chefs de PME, commerçants, etc., qui travaillent dur, n’en peuvent plus et ne veulent plus s’en laisser conter... Ils n’ont pas été dupes du débat sur les finances publiques.
Pourtant, jamais rapport de Bercy n’a été aussi pédagogique, loyal, percutant. Il fut surtout admirablement tronqué par les “ chargés de com ”, les experts de la “ démocratie ” ; le débat apaisé sur l’évolution des principes de la bioéthique, bien davantage. Tout le monde parle, le président Macron écoute, mais n’entend pas ; complices, les rapporteurs des débats le confortent dans sa “ surdité ” en ne sélectionnant que les interventions « politiquement correctes ». C’est ainsi que les lois immorales, politiques et financières passent... Car, conclut frère Bruno, et il ne faut pas l’oublier : « C’est le désordre qui est savamment programmé. »
Jérôme Fourquet, le sociologue qui a analysé le mouvement des Gilets jaunes met en cause « le dépérissement des grands courants de pensée (catholicisme, communisme, gaullisme) », ce qui appelle de soi, nous explique frère Bruno, la réaction conjuguée d’un catholicisme de Contre-Réforme, d’une écologie communautaire et d’un vrai chef d’État, un autre maréchal Pétain gouvernant au service du Travail, de la Famille, de la Patrie ; en un mot : toute la doctrine des 150 Points. Pour entreprendre cette “ Révolution nationale ” intégrale, il faudra, d’abord « que l’Église soit revenue de son apostasie par une Contre-Réforme et que l’autorité souveraine de l’État soit restaurée indépendamment des puissances capitalistes. Deux conditions qui, elles-mêmes, supposent le triomphe préalable du Cœur Immaculé de Marie. » (Point 127 des 150 Points de la Phalange) C’est pour le moment le cadet des soucis du Saint-Père, pour ne pas dire pire.
FRANÇOIS AUX JMJ DE PANAMA.
Il a, hélas ! plus répondu aux sollicitations des rythmes endiablés des rumbas et autres diaboliques chorégraphies mystico-païennes, qu’aux motions que le Saint-Esprit lui communiquait en vain par le truchement de la statue pèlerine de Notre-Dame de Fatima. Devant Elle, il n’a pas hésité à faire l’éloge de Simon Bolivar (1783-1830), ce grand subversif de l’ordre dans tout le continent sud-américain...
Le thème des JMJ revenait à proposer “ l’Annonciation pour tous ”, il suffit de se laisser surprendre par l’archange Gabriel « là où nous sommes, comme nous sommes et avec qui nous sommes » afin que le Seigneur vienne naître parmi nous, comme en la Vierge Marie (élémentaire, mon cher Watson...).
Ce n’est pas un appel à la vie consacrée, mais à une vie mondaine épanouie, étincelante du vernis d’une nouvelle religion, celle de Vatican II, et d’une nouvelle manière de vivre la vie religieuse, celle de l’Ordo virginum. Liberté, propriété (ce cher argent), plein épanouissement pour les femmes ; pour les hommes, on sait où cela conduit... La preuve que cet esprit menteur qui flatte l’orgueil vient du diable, c’est qu’il est aussi homicide. Car du même mouvement qu’il exalte ses nouvelles “ vestales ”, il persécute avec férocité les ordres traditionnels, par exemple les Petites Sœurs de Marie Mère du Rédempteur à Laval. Elles ne font pas d’opposition à Vatican II, loin de là ! Alors quels sont les indignités et scandales qui contraignent Mgr Scherrer et Rome à l’éloignement des supérieurs et une reprise en main, drastique (soviétique), de la communauté ?
Un attachement exagéré au souvenir de la fondatrice, mère Marie de la Croix décédée en 1999 ; un refus d’évoluer, clairement exprimé par la volonté de ne rien changer dans la chambre où leur fondatrice demeura stigmatisée pendant trente ans ; une absence de connexion internet personnelle, signe odieux d’une fermeture au monde. Trois commissaires (sic) ont été nommés pour remettre trente-sept religieuses et deux novices dans la “ ligne du Parti ”, et leur “ laver le cerveau ” de ces pratiques sectaires... Les supérieures suivies par toutes leurs filles font appel au Tribunal de la Signature Apostolique. Pour elles, pour nous, pour l’Église et le monde nous crions à la suite de frère Bruno : Notre-Dame au Secours !
Après le chant des vêpres de la Présentation de l’Enfant-Jésus au Temple, dernier sermon de notre frère Prieur, une lecture savoureuse des “ Mémoires et Récits ” de Céline. Entendre et donc voir une âme qui résiste au mal, c’est tellement beau et encourageant que l’on en prie notre très chéri Père Céleste d’un meilleur cœur en lui disant : Et ne nous laissez pas succomber à la tentation.
IN MEMORIAM
Le samedi 19 janvier, maître Jean-Lucien Astier, fortifié par la grâce des sacrements de l’Église, a rendu sa belle âme à Dieu, dans un sourire paisible, tandis que son épouse lui tenait la main, en lui disant qu’il devait maintenant prendre celle de Jésus...
Les jeunes générations ne connaissent peut-être pas cet ami si discret, ils ne savent donc pas que maître Astier, par sa compétence hors pair de la législation du travail, a sauvé la communauté dans les années 2000, alors que la République complotait sa perte en lui intentant une série de procès. Il a ainsi consolidé les assises juridiques de notre Ordre dans le plus pur respect de la légalité comme aussi et surtout de la nécessaire liberté et indépendance de l’Église (cf. Il est ressuscité n° 34, mai 2005, p. 30-32).
Maître Astier fut un disciple enthousiaste de notre Père et des frères qui prolongeaient son œuvre. En voici une petite preuve parmi tant et tant d’autres, un extrait de lettre qui s’adresse à frère Gérard : « J’espère que nous pourrons bénéficier des conférences de frère Bruno et de frère Pascal avec les logia. À l’école du Père, vous répondez toujours à nos préoccupations. Chaque question, chaque souci spirituel ou religieux trouvent leurs réponses dans les logia, le mensuel et les conférences du Congrès et sessions. Il est réconfortant de vous avoir dans ces temps de désorientation diabolique. Bien à vous, in corde Mariæ et Ecclesiæ. »
Aucun membre de notre communauté n’a pu, hélas, se rendre à ses obsèques, mais comme le disait si bien notre frère Gérard dans la lettre de condoléances adressée à son épouse : « Nous ne pourrons entreprendre ce voyage que par le cœur, et la plus ardente supplication, nous avons tant de dettes de reconnaissance (...), vous demeurez dans nos cœurs un avec lui. »
Frère Philippe de la Face de Dieu.
CORRESPONDANCE
« Mon bien cher frère Bruno,
« Je ne peux m’empêcher de commencer ce mail sans vous parler en quelques mots de votre conférence magistrale d’Actualités de janvier ! Je croyais voir le Père brossant rapidement distinctement et pédagogiquement les actualités politiques et religieuses les plus pertinentes du monde entier ! Et il se dit par-ci ou par-là que vous êtes affaibli par toutes ces infections de décembre.... Eh bien, cela n’altère en rien votre jugement et votre alacrité (...). »