Il est ressuscité !
N° 196 – Mars 2019
Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard
Le reniement du pape François
C’EST le cœur battant que nous avons vu le pape François s’envoler pour visiter les États arabes unis, sur les rives du Golfe. Les médias, toujours à court de commentaires religieux, La Croix y comprise ! n’ont su que répéter un refrain qui accompagne tous les comptes rendus des faits et gestes du Pape, depuis Paul VI : « Pour la première fois, un Pape... »
Oui, c’est une “ première ”, pour célébrer l’anniversaire de la rencontre de saint François d’Assise avec le sultan Al-Malik Al-Kami en 1219, il y a huit cents ans !
Mais quelle déception ! Sous prétexte d’ « interreligion », le Pape avait laissé sa religion à lui à Rome, ne sachant qu’adapter son discours au “ monothéisme ” musulman. Alors, ce n’était pas la peine... Il n’y eut aucun échange entre nos religions, aucun “ dialogue ”, mais seulement un monotone monologue prétendument monothéiste.
Plutôt que d’interreligion, il vaudrait mieux parler d’alignement de notre monothéisme trinitaire – le seul vrai ! – sur celui des musulmans. François leur a dit que nous étions tous « enfants de Dieu », ce qui est vrai à condition d’avoir Marie pour Mère ; c’est la raison pour laquelle saint Luc appelle Jésus, notre Sauveur, le « premier-né » de Marie (Lc 2, 7), en songeant aux multitudes de sauvés qui le suivront dans le sein de Marie. Car nul n’a Dieu pour Père s’il n’a Marie pour Mère.
Malheureusement, le Pape n’a parlé ni de Jésus ni de Marie aux musulmans qui le recevaient pourtant avec la magnificence des rois mages venus jadis adorer l’Enfant et sa Mère à Bethléem. Le cortège automobile qui conduisait le Pape au gigantesque palais présidentiel, au lendemain de son arrivée aux Émirats arabes unis, était escorté sur une immense artère déserte par la cavalerie présidentielle, tandis que la patrouille aérienne traçait des rubans de fumée aux couleurs jaunes et blanches du Vatican, dans le ciel illuminé du soleil de midi.
On dit le pape François fervent lecteur de sainte Thérèse. Or, celle-ci voit dès l’Annonciation se lever tous les autres enfants de Marie, tous ceux que son Divin Fils libérera de la servitude du péché, pour en faire les enfants de Dieu en toute vérité, et ses propres frères et sœurs à lui, Jésus, ses propres membres. Dans les troisième et quatrième strophes de son cantique, Thérèse chante cette grande vision du corps mystique :
« Lorsqu’un ange du Ciel t’offre d’être la Mère
Du Dieu qui doit régner toute l’éternité,
Je te vois préférer, ô Marie, quel mystère !
L’ineffable trésor de la virginité.
Je comprends que ton âme, ô Vierge Immaculée,
Soit plus chère au Seigneur que le divin séjour.
Je comprends que ton âme, humble et douce vallée,
Peut contenir Jésus, l’océan de l’Amour !...
« Oh ! je t’aime, Marie, te disant la servante
Du Dieu que tu ravis par ton humilité !
Cette vertu cachée te rend toute-puissante,
Elle attire en ton cœur la Sainte Trinité !
Alors l’Esprit d’amour te couvrant de son ombre,
Le Fils égal au Père en toi s’est incarné !...
De ses frères pécheurs bien grand sera le nombre,
Puisqu’on doit l’appeler : Jésus, ton premier-né !... »
(Poésie n° 54 : Pourquoi, je t’aime, ô Marie, mai 1897)
Pour prêcher ce mystère, le pape François n’avait, de surcroît, qu’à faire appel à Notre-Dame de Fatima, dont le nom seul eût fait tressaillir le cœur de ses hôtes musulmans, en même temps qu’il aurait mobilisé le Cœur Immaculé de Marie pour attirer sur eux ses grâces. Hélas ! D’ailleurs, il était déjà avéré que sa statue était venue du Portugal présider les JMJ de Panama... pour rien !
À sa descente de voiture, le Pape a été accueilli par le prince héritier, au côté duquel il a écouté l’hymne du Vatican et l’hymne des États arabes unis. A eu lieu ensuite la présentation des délégations, avec les noms des représentants des États arabes unis et du Saint-Siège cités dans les haut-parleurs de la cour. Puis le prince a accompagné son hôte dans une salle où s’est tenue une rencontre à huis clos.
À la fin de la visite, le Pape a signé le Livre d’Honneur avec ce mot rédigé en anglais : « Avec gratitude pour votre hospitalité et votre accueil chaleureux, et avec l’assurance de mon souvenir dans la prière, j’invoque pour votre Altesse et sur tout le peuple des Émirats arabes unis les bénédictions divines de paix et de solidarité fraternelle. »
Et tout est dit ! Le “ Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune ”, cosigné par le Pape et le Grand Imam, développe ce qui n’est, en toute vérité, qu’un acte d’apostasie.
L’APOSTASIE DU PAPE FRANÇOIS
Le Pape a en effet participé à une rencontre interreligieuse au « Founder’s Memorial » – mémorial du Cheikh Zayed (1918-2004), fondateur des États arabes unis – pour « écrire une nouvelle page dans l’histoire des relations entre les religions, en confirmant surtout le concept de la fraternité », explique le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin.
« Le concept de la fraternité » remplace donc la vertu théologale de charité, et tourne “ la page ” de la religion chrétienne et de la civilisation qui en fut le fruit. Le Pape a commencé son discours par le traditionnel vœu de paix « au Nom de Dieu » (bismi’ llah), et il l’a achevé en fustigeant la cruauté de la guerre et la violence :
« La fraternité humaine nous fait un devoir, à nous représentants des religions, de bannir toute annonce d’approbation du mot “ guerre ”. Rendons-le à sa misérable cruauté. Ses néfastes conséquences sont sous nos yeux. »
Le Pape a cité le Yémen, la Syrie, l’Irak et la Libye où la guerre n’est pas seulement un “ mot ”, avant d’exhorter à la construction de ponts : « Ensemble, frères dans l’unique famille humaine voulue par Dieu, engageons-nous contre la logique de la puissance armée, contre la monétisation des relations, l’armement des frontières, l’édification de murs, le bâillonnement des pauvres ; à tout cela opposons la douce force de la prière et de l’engagement quotidien dans le dialogue. »
Sans le Christ ? Sans Jésus ni Marie ? Certes ! c’est le message “ interreligieux ” du pape François : « Le seul fait que nous soyons ensemble aujourd’hui est un message de confiance, un encouragement à tous les hommes de bonne volonté, pour qu’ils ne se rendent pas aux déluges de la violence et à la désertification de l’altruisme. Dieu est avec l’homme qui cherche la paix. »
Ainsi se trouve désavouée par son propre Vicaire cette parole du Christ : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire. »
« Dieu (’Allah) est avec l’homme qui cherche la paix et, du haut du Ciel, il bénit tout pas qui, sur ce chemin, s’accomplit sur la terre. » Par la grâce de François dont voici le premier commandement :
« On ne peut honorer le Créateur sans protéger la sacralité de toute personne humaine et de toute vie humaine : chacun est également précieux aux yeux de Dieu. »
Et voici le second commandement, inséparable du premier : le droit de cette “ personne humaine ” à la liberté religieuse dont les Émirats arabes unis sont les champions : « Aussi, je désire exprimer mon appréciation pour l’engagement de ce pays pour la tolérance et pour garantir la liberté du culte, en faisant face à l’extrémisme et à la haine. En faisant ainsi, alors qu’on promeut la liberté fondamentale de professer sa propre croyance, exigence intrinsèque à la réalisation même de l’homme, on veille aussi à ce que la religion ne soit pas instrumentalisée et risque, en admettant la violence et le terrorisme, de se nier elle-même. »
En foi de quoi, l’imam d’Al-Azhar et « Sa Sainteté pape François » ont signé une Déclaration sur la fraternité humaine, la paix mondiale, la coexistence commune et le droit des femmes :
« Au nom de Dieu » (en arabe coranique : bismi-llah), le pape François reprend à son compte l’invocation qui introduit chacune des 114 sourates du Coran, et dont la première, la sourate d’ « ouverture » (fatiha), développe « au Nom d’Allah », un déisme négateur de la Très Sainte et Très Auguste Trinité : « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit », comme une impiété selon le Coran (sourate IV, verset 171). Ainsi, est exclu le signe de Croix. Le Document enchaîne : « Au nom de l’âme humaine innocente que Dieu interdit de tuer, affirmant que quiconque tue une personne est comme s’il avait tué toute l’humanité et que quiconque en sauve une est comme s’il avait sauvé l’humanité entière. »
« Dieu interdit de tuer » par un “ commandement ” promulgué sur le mont Sinaï dans le Décalogue (Ex 20, 13) mais l’affirmation suivante, « quiconque tue une personne est comme s’il avait tué toute l’humanité et quiconque en sauve une est comme s’il avait sauvé l’humanité entière », n’est pas dans le livre de l’Exode, ni dans celui du Deutéronome. Elle fait allusion au récit biblique du meurtre d’Abel par Caïn, son frère, rappelé par le Coran : « Quiconque a tué quelqu’un qui lui-même n’a tué personne ni fait aucun mal dans le pays, c’est comme s’il avait tué tous les gens ensemble ; et quiconque l’a laissé vivre, c’est comme s’il avait laissé vivre tous les gens ensemble. » (sourate 5, verset 32)
Cette affirmation, présentée comme loi divine, est inspirée de la tradition rabbinique selon laquelle « Voici pourquoi Dieu a créé un seul homme : afin de pouvoir nous apprendre que quiconque anéantit une seule vie, doit être considéré comme s’il avait anéanti le monde entier, et quiconque conserve une vie, comme s’il avait conservé le monde entier. » (Sanh 4, fin)
C’est d’Adam qu’il s’agit ici, et de son fils Caïn tuant Abel, et mettant fin, par là même, à la descendance d’Adam, afin de faire oublier Jésus, qui, en « conservant une vie », la sienne, l’a rendue au monde entier. Toutefois Jésus, Lui, a commencé par “ perdre sa vie ” et l’a reprise en ressuscitant d’entre les morts, « car si c’est un même être avec le Christ que nous sommes devenus par une mort semblable à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection semblable » (Rm 6, 5).
Comme je l’ai montré dans ma traduction de cette sourate, l’auteur du Coran se présente comme envoyé par Dieu pour effacer ce mystère de la Rédemption et pour mettre fin à la guerre que se livrent les faux frères, juifs et “ nazaréens ”, apostats selon lui de la religion “ parfaite ” d’Abraham (Le Coran, traduction et commentaire systématique, t. III, p. 290-291).
Aujourd’hui, pour le huitième centenaire de la vaine tentative de saint François d’Assise de faire du sultan d’Égypte un chrétien, notre Saint-Père le pape François imite l’auteur du Coran plutôt que saint François, de conserve avec l’imam d’Al-Azhar qui joue le rôle de successeur de l’auteur du Coran dans son dessein “ œcuménique ” :
« Nous nous adressons aux intellectuels, aux philosophes, aux hommes de religion, aux artistes, aux opérateurs des médias et aux hommes de culture en toute partie du monde, afin qu’ils retrouvent les valeurs de la paix, de la justice, du bien, de la beauté, de la fraternité humaine et de la coexistence commune, pour confirmer l’importance de ces valeurs comme ancre de salut pour tous (sic !) et chercher à les répandre partout. »
Le Saint-Père signe des deux mains ce reniement du mystère de la Rédemption ! Accomplissant à la lettre le dessein de l’Antichrist à l’œuvre dans l’Église, discerné par l’abbé de Nantes dès 1963, au lendemain de la première session du Concile :
« Mais il me vient une pensée qui me glace. On annonce des jours nouveaux, où les chrétiens oseront oublier cette Croix qui les fait vivre, pour désarmer leurs ennemis ! L’amour de Jésus se perdant, l’indifférence à la vérité et à la justice ont suivi, et maintenant le grand projet des derniers temps est annoncé : l’humanité tout entière, chrétiens et païens, hier ennemis, comme Hérode et Pilate, comme les Juifs et les Romains vont se réconcilier, lassés de tant de luttes inutiles, pour arracher de la terre cette Croix dressée et faire un silence définitif sur Jésus. Le drame ne peut être réparé, c’est trop difficile à obtenir des méchants, qu’il soit donc effacé ! L’avenir de l’humanité, la paix, le bien-être sont à ce prix, et il vaut mieux qu’un Homme disparaisse de l’histoire plutôt que souffre la multitude. Telle est la plus grande révolution de tous les temps, la seule vraiment radicale, qui ouvrirait à l’humanité une ère nouvelle où la science et la prospérité referaient le monde nouveau et les hommes vraiment unis ! » (Lettre à mes amis n° 136, temps de la Passion 1963)
Tel est précisément l’objectif de la Déclaration de François et d’At-Tayeb :
« L’Église catholique et Al-Azhar, par leur coopération commune, déclarent et promettent de porter ce document aux autorités, aux leaders influents, aux hommes de religion du monde entier, aux organisations régionales et internationales compétentes, aux organisations de la société civile, aux institutions religieuses et aux leaders de la pensée ; et de s’engager à la diffusion de cette Déclaration à tous les niveaux régionaux et internationaux, en préconisant de les traduire en politiques, en décisions, en textes législatifs, ou programmes d’étude et matériaux de communication.
« Al-Azhar et l’Église catholique demandent que ce Document devienne objet de recherche et de réflexion dans toutes les écoles, dans les universités et dans les instituts d’éducation et de formation afin de contribuer à créer de nouvelles générations qui portent le bien et la paix et défendent partout le droit des opprimés et des derniers. »
Sans le Christ ? Évidemment puisque cette « invitation à la réconciliation et à la fraternité » s’adresse à « tous les croyants », ainsi qu’aux « non-croyants », comme « un appel à qui aime la valeur de tolérance et de fraternité, promues et encouragées par les religions », sans distinction ni discrimination, en « témoignage de la grandeur de la foi en Dieu (Allah) qui unit les cœurs et élève l’esprit humain ».
« La foi en Dieu » des incroyants ? Oui ! au moins comme « symbole de l’accolade entre Orient et Occident, entre Nord et Sud, et entre tous ceux qui croient que Dieu nous a créés » non pas « pour le servir » (Catéchisme de l’Église catholique) mais « pour nous connaître, pour coopérer entre nous et pour vivre comme des frères qui s’aiment. Ceci est ce que nous espérons et cherchons à réaliser dans le but d’atteindre une paix universelle dont puissent jouir tous les hommes en cette vie. »
Et en l’autre ?
Il n’a pas été question, entre François et At-Tayeb, de l’au-delà. Sinon pour donner cet avertissement :
« Il n’y a pas d’autre alternative : ou bien nous construisons ensemble l’avenir, ou bien il n’y aura pas de futur »... ici-bas.
C’est pourquoi « le temps est arrivé où les religions doivent se dépenser plus activement, avec courage et audace, sans artifice, pour aider la famille humaine à mûrir la capacité de réconciliation, et les itinéraires concrets de paix ».
FRANÇOIS, RAPPELLE-TOI !
Jésus, mon Bien-Aimé, rappelle-toi ! [octobre 1895]
« Rappelle-toi qu’au jour de ta naissance
Quittant le Ciel, les Anges ont chanté :
À notre Dieu, gloire, honneur et puissance !
Et paix aux cœurs de bonne volonté !
Depuis dix-neuf cents ans, tu tiens ta promesse.
Seigneur, de tes enfants la paix est la richesse :
Pour goûter à jamais
Ton ineffable paix,
Je viens à Toi. »
En Jésus seul est le passé, le présent et “ le futur ”, en ce monde et dans l’autre, de l’humanité en guerre perpétuelle à cause du péché qui est une révolte contre Dieu. Il a envoyé son Fils pour la racheter, la délivrer de cet esclavage, et en faire la « famille » des enfants de Dieu et de Marie, Mère de Dieu.
C’est le moment de chanter à François “ rappelle-toi ”, car il semble l’avoir oublié ! En tout cas, il n’en est pas question dans son “ message d’Abou Dhabi ”. Alors, nous n’aurons pas la “ paix ” mais la guerre, car Jésus nous a bien avertis : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire. »
frère Bruno de Jésus-Marie.