Quel salut pour la sainte et doulce France ?

LA dénomination “ France ” est géographique ; elle est plate, d’origine révolutionnaire. La réalité humaine, œuvre de la Providence, a nom “ Royaume des Lys ” ou, équivalemment, Royaume de France. Certes, c’est une terre, mais qui incorpore des peuples sous ce Chef, cette Tête royale dont ils tirent leur unité d’âme et d’organisation. La France géographique n’a ni légitimité, ni valeur supérieure ; le Royaume du Très Chrétien, lui, a légitimité, droit et valeur éminente.

Comment le sauver du désastre, de l’abîme où il court ?

La question s’est posée à plusieurs reprises au cours de son histoire. Le salut de la Gaule barbare fut la conquête romaine (58-50 avant Jésus-Christ).

Lorsque tomba le dernier empereur, Romulus Augustule, en 476, le salut de la France gallo-romaine fut l’Église catholique romaine qui la sauva par ses évêques défenseurs de la Cité : saint Remi baptise Clovis et ses Francs le jour de Noël 496.

Dès lors, « après le long hiver des temps barbares, enfin la civilisation gallo-romaine et catholique triomphe du mal et de l’hérésie arienne. “ Il n’y a pas eu de conquête des Francs, observe Bainville, c’est l’Église qui leur a donné la Romania. ” » (cité par Georges de Nantes, Histoire volontaire de sainte et doulce France, p. 50)

Tandis que les Burgondes et les Wisigoths étaient ariens, à Reims, le premier roi de l’histoire à recevoir de l’Église catholique romaine le baptême et l’onction royale héritait de la nation gallo-romaine toute constituée. La France est née d’une alliance tout inspirée de la Bible, de la sagesse des Pères de l’Église et de la tradition : ni inféodation du roi des Francs, premier roi catholique d’Occident, à ses évêques consécrateurs, comme dans le royaume wisigoth d’Espagne aux siècles suivants, ni domination de l’Église par le pouvoir comme plus tard en Germanie, dès Othon I^er.

Après Clovis († 511), pendant deux siècles et demi, l’Église porte cette dynastie mérovingienne à bout de bras en prêchant sa foi, en administrant ses sacrements, en imposant sa discipline, sa morale, son ordre. Il en ira de même avec l’énergique dynastie des Pépinides, dont Charles Martel, vainqueur des sarrasins en 732, qui se porte au secours de Rome contre les Lombards en 739.

Alors, durant l’hiver 754, le pape Étienne II vient en personne « supplier avec larmes le roi des Francs de prendre en main la cause de saint Pierre et de la République romaine ». Le pacte conclu avec celui qu’il nomme désormais « le Roi très Chrétien », le Pape le scelle en renouvelant le sacre de Pépin le Bref et de ses deux fils avec lui, à Saint-Denis, le 28 juillet 754, en déclarant que c’est « Dieu même qui les a oints, lui Pépin et ses fils Carloman et Charles, le futur Charlemagne, “ de telle manière qu’enfin il est rendu manifeste qu’au-dessus de toutes les nations qui sont sous le ciel a été placée votre nation franque ” » (ibid., p. 54).

Les conditions de cette suprématie, qui perdura pendant mille ans, tiennent en cinquante Points énonçant les conditions du salut de la sainte et doulce France, aujourd’hui en grand péril, avec leur assise mariale et eucharistique fondée sur les cinquante premiers points de la Phalange de l’Immaculée, publiés le mois dernier.

Frère Bruno de Jésus-Marie