Il est ressuscité !
N° 205 – Janvier 2020
Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard
LA LIGUE
En 2020, dis à tout le monde...
« IL ne me reste plus beaucoup de temps pour aller au Ciel. Toi, tu resteras ici afin de dire que Dieu veut établir dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. Le moment venu, ne te cache pas. Dis à tout le monde que Dieu nous accorde ses grâces par le moyen du Cœur Immaculé de Marie ; que c’est à Elle qu’il faut les demander ; que le Cœur de Jésus veut qu’on vénère avec Lui le Cœur Immaculé de Marie ; que l’on demande la paix au Cœur Immaculé de Marie, car c’est à Elle que Dieu l’a confiée. Ah ! si je pouvais mettre dans tous les cœurs le feu que j’ai là, dans ma poitrine, et qui me brûle et me fait tant aimer le Cœur de Jésus et le Cœur de Marie ! »
Telles furent les dernières recommandations de sainte Jacinthe à sa cousine Lucie. Sa canonisation par le pape François le 13 mai 2017 leur donne une autorité universelle ! Tandis que nous célébrons le centenaire de sa mort, elles demeurent son testament spirituel qui proclame notre foi, fortifie notre espérance, embrase notre charité et nous engage à servir le Cœur Immaculé de Marie tout au long de l’année qui s’ouvre.
Hélas ! Le Saint-Père combat scandaleusement cette dévotion que Dieu veut établir dans le monde, au mépris des privilèges de l’Immaculée.
Pour ouvrir la retraite mensuelle du premier samedi du mois, le 4 janvier dernier, frère Bruno nous commenta l’horrible sermon prononcé par le pape François trois jours plus tôt en la fête de Marie Mère de Dieu. Le désir de notre frère prieur était non seulement de nous provoquer à réagir pour consoler le Cœur Immaculé de Marie si offensé par les épines que lui enfonce le Pape, mais aussi de bien comprendre l’erreur de ce dernier afin de nous inciter à prier davantage pour lui.
À la manière du Père dans l’Autodafé, frère Bruno nous lut le texte pontifical tout entier, l’émaillant de commentaires soulignant les propositions outrageantes pour Notre-Dame et les reformulant dans un sens catholique. En voici un paragraphe significatif :
« En ce premier jour de l’année, nous célébrons ces noces entre Dieu et l’homme, inaugurées dans le sein d’une femme. En Dieu, il y aura pour toujours notre humanité et pour toujours Marie sera la Mère de Dieu. Elle est femme et mère, c’est ce qui est essentiel [et n’en rajoutez pas !]. Par elle, une femme, le salut est venu et donc il n’y a pas de salut sans la femme [Ah bon ? sans Ève par exemple ? Non : il n’y a pas de salut sans cette Femme !]. C’est là que Dieu s’est uni à nous, et si nous voulons nous unir à lui, il faut passer par le même chemin : par Marie, femme et Mère [Nous retrouvons notre dévotion, « À Jésus par Marie » : ce Pape est “ vacillant ”]. C’est pourquoi nous commençons l’année sous le signe de Notre-Dame, la femme qui a tissé l’humanité de Dieu. Si nous voulons tisser d’humanité les trames de nos jours, nous devons repartir de la femme [pour tisser nos vies de divinité, pour devenir « participants de la nature divine », il faut partir du Cœur Immaculé de Marie]. »
Cette homélie est un exemple de ce que notre Père appelait la naturalisation du surnaturel suivie de la surnaturalisation du naturel. De la Vierge Marie, François ne retient que la femme. Et de toute femme, il exalte la suréminente dignité. Pour aboutir à cette phrase qui résonne comme un blasphème en regard du testament de sainte Jacinthe : « La femme est donneuse et médiatrice de paix. » Non ! c’est au Cœur Immaculé de Marie seul que Dieu a confié la paix : « c’est à Elle que Dieu l’a confiée ».
C’est dans ces sentiments de réparation pour tant d’offenses que nous nous sommes acquittés de notre communion du premier samedi : pour consoler le Cœur Immaculé de Marie en implorant la conversion du Saint-Père.
Ces deux jours de retraite ont été tout occupés par les Pages mystiques de notre Père, mettant dans nos cœurs une étincelle du feu qui brûlait dans sa poitrine pour le Cœur de Jésus et le Cœur de Marie. Elles ont nourri notre méditation sous toutes les formes : par les conférences de la retraite d’automne projetées aux retraitants (cf. S 164, Pages mystiques), par les pages sur les deux nuits de Jacob lues par frère Bruno à l’oraison matinale, mais également par le commentaire de la crèche, chaque année très attendu, et qui fut notre méditation du premier samedi.
Vous-mêmes, avez-vous bien fait votre crèche ? Une belle crèche ? Cette dévotion populaire est devenue un acte contre-révolutionnaire. Bientôt un crime de lèse-république ! C’est peut-être d’ailleurs ce qui a excité les jeunes frères qui ont bâti la nôtre à se surpasser, afin d’accueillir la Sainte Famille non pas dans une étable, mais dans le chœur d’une cathédrale : la cathédrale de lumière de la doctrine totale de l’abbé de Nantes, docteur mystique de la foi catholique en nos temps d’apostasie.
Mais cette crèche est principalement une illustration des Pages mystiques de notre Père. Chacune des pages mise en scène dans notre crèche met en lumière un aspect du mystère de Noël : “ La crèche, la croix, le tabernacle ”, “ Mon Sauveur et mon Dieu, que je vous voie ”, “ Les grandeurs de saint Joseph ”, etc.
De ce commentaire si riche, nos frères ont fait un montage audiovisuel merveilleusement illustré par des vues de notre crèche et des airs de Noël : idéal pour vous donner le goût de relire et méditer les Pages mystiques et, tout simplement, pour prolonger un petit peu la joie de la Nativité que le « temps ordinaire » postconciliaire s’empresse de chasser tous les ans.
Le commentaire mystique de la crèche 2019 (S 165) s’achève par un cri d’amour et d’espérance :
« Vous êtes glorieuse, ô ma Sœur, ma compagne d’enfance, jeune fille de toutes mes miséricordes, ô mon humble amie. Je veux vous voir. Bientôt ! Je veux voir de quelle couronne votre divin Époux vous a parée, quelle alliance mystique il a glissée à votre gentil annulaire, quelle splendeur inouïe est la vôtre, après les modestes charmes de votre vie cachée et les gloires contenues des siècles de notre culte terrestre. Je regarderai ! Je me nourrirai de votre être parfait. Et déjà, à cette pensée seule, mon esprit prend son vol, mon cœur se gonfle d’un indicible amour et je pressens l’infinie perfection de mon Dieu à la lumière des affections qu’il a imprimées en Vous.
« C’est alors que, baissant vers moi vos yeux merveilleux et m’enveloppant d’un chaud regard, vous m’avez montré d’un signe de votre doigt Celui que je n’osais encore regarder... » (n° 91, septembre 1976, “ J’irai la voir un jour, au Ciel, au Ciel, au Ciel ! ”)
ACTUALITÉS : « N’OUBLIEZ PAS DE PRIER POUR LE PAPE. »
La conférence d’Actualités que prononça frère Bruno le dimanche 5 janvier (disponible sur notre site internet de vod, vod. catalogue-crc. org) nous ramena à la triste réalité du mépris dans lequel est tenue aujourd’hui cette Vierge tout aimable, non seulement de la part du pape François, mais dans toute l’Église.
En témoignent les deux derniers hors série des revues Valeurs actuelles et Figaro-Magazine, respectivement intitulés : “ Les mystères de Marie ” et “ Jésus-Christ, cet inconnu ”. Frère Bruno nous les présenta brièvement en commençant. Au fil des pages, on découvre un mauvais esprit moderniste qui suinte et corrompt la foi du lecteur. Quoi d’étonnant ? C’est depuis leur fondation une caractéristique des dominicains de l’école biblique de Jérusalem qui signent les articles de ce numéro du Figaro-Magazine.
Bien plus, le message de Fatima est occulté et travesti. Mgr Rey, dont une interview ouvre la brochure de Valeurs actuelles, répond à une question sur le renouvellement en 2008 de la consécration de son diocèse de Fréjus-Toulon au Cœur douloureux et immaculé de Marie, sans même nommer Notre-Dame de Fatima. Quant à Jean-Paul II, il est présenté comme « élu par Marie ». Lui qui a refusé opiniâtrement d’obéir aux demandes de la Sainte Vierge ! tout en s’appliquant à tromper les fidèles par des simulacres de consécration de la Russie à son Cœur Immaculé ! C’est ce que notre Père dénonça dès 1982 comme son « imposture suprême ».
Imposture que Mgr Vigano lui-même contribue à renouveler lorsqu’il en appelle à Jean-Paul II et à Benoît XVI contre le pape François. Mais plutôt que François, explique frère Bruno, ce sont précisément ses prédécesseurs depuis le Concile qu’il faut accuser. En premier lieu, Paul VI et Jean-Paul II. Même si leur canonisation donne aujourd’hui toute raison et tout pouvoir à François de « copier » “ saint Jean-Paul II ”, comme il dit lui-même pour répondre à ses détracteurs. De même, le Pape marche sur les traces de Benoît XVI. Par exemple en Chine où la complicité du Vatican et du communisme persécuteur est scandaleuse. Le Pape émérite n’écrivait-il pas en 2007 dans sa Lettre aux catholiques chinois : « La clandestinité ne rentre pas dans la normalité de la vie de l’Église [...]. La solution des problèmes existants ne peut être recherchée à travers un conflit permanent avec les autorités civiles légitimes. »
Il y a donc mieux à faire que de se tourner vers Benoît XVI au risque d’en faire un antipape !
Ce qui manque au cardinal Zen comme à Mgr Vigano – l’un et l’autre fervents dévots de la Sainte Vierge, sans aucun doute –, c’est d’en appeler à Notre-Dame de Fatima en lui rappelant sa promesse : de triompher « à la fin » par la consécration de la Russie à son Cœur Immaculé, et donc la conversion du Pape qui doit prononcer cette consécration après avoir ordonné à tous les évêques en communion avec lui de la prononcer avec lui.
Telle est notre espérance et notre première intention de prière. D’où le titre donné par notre frère à sa conférence, en forme d’exhortation : « N’oubliez pas de prier pour le Pape. »
LA GUERRE NUCLÉAIRE.
Que penser des interventions pontificales dans la politique internationale ? Réponse : « Parce qu’il ne veut pas recourir à la Sainte Vierge à qui Dieu a confié la paix du monde, le pape François, par son “ pacifisme ” antimilitariste, est un artisan de guerre. » En effet, il désarme les derniers pays de Chrétienté, qui sont seuls à l’écouter, contre leurs ennemis. Notre Père, quant à lui, nous enseignait que « La paix est la difficile conquête des meilleurs, lorsqu’ils deviennent plus forts que les pires, et savent s’en faire craindre » (Amicus, 10 novembre 1949). Quand le Pape condamne la simple détention d’armes nucléaires, il méconnaît le rôle majeur qu’elles jouent dans la stabilité mondiale en permettant à la Russie de s’opposer à la folie américaine. Un journaliste l’interroge-t-il sur le droit de légitime défense ? Il élude...
Et il est tout aussi désolant d’entendre Mgr de Romanet, évêque aux Armées, prononcer une conférence devant des officiers de marine et des aspirants de l’École navale pour justifier le Saint-Père par une distinction grotesque : « Le Pape a raison de condamner l’arme nucléaire selon une approche “ éthique ”, mais la réalité du contexte stratégique interdit à la France de désarmer unilatéralement... »
LA GUERRE SAINTE.
À vrai dire, nous révèle frère Bruno, plus directement que par un missile nucléaire, la France est menacée par une bombe à retardement, redoutable : la libération des djihadistes détenus dans nos prisons, après y avoir reçu une “ instruction ” terroriste en toute impunité. D’ici à la fin 2019, 450 détenus radicalisés devraient sortir de prison. Comment en est-on arrivé là ? Par une maladie d’esprit qui a nom : laïcité. L’encadrement carcéral, aveuglé par cette idéologie, n’a pas vu monter le péril et les centres pénitenciers, pris en main par les prisonniers islamistes, sont devenus des enclaves de l’État islamique en territoire français.
Cette explosion endogène de l’islam sorti de nos prisons est coordonnée avec les assauts extérieurs de la “ guerre sainte ”, du djihad, mené au Sahel contre les soldats de l’opération Barkhane. Heureusement, leur chef, le général Lecointre, les encourage par des propos dignes d’un homme d’État : « Ce qui fait douter, ce ne sont pas les pertes, mais c’est l’absence de clarté et de détermination politique. Le sens de la mission balaie les états d’âme. » À chaque discours, il en rappelle les bases : assurer la protection des Français en ramenant la sécurité aux “ limes ” de l’Europe, ses frontières extérieures ; éviter une crise régionale source de vagues migratoires, porter haut les valeurs de la France et honorer sa dette envers les Africains qui se sont battus pour elle. « On ne peut mieux dire, s’exclame frère Bruno, et nous sommes fiers d’entendre le chef d’état-major de nos armées parler ainsi. »
Autre bonne nouvelle : la promesse de Poutine lors du sommet Russie-Afrique de Sotchi, en octobre dernier, de soutenir les efforts du G 5 Sahel dans leur action contre le terrorisme. La Russie va donc aider nos soldats !
LA POUDRIÈRE.
Le principal foyer du djihad est le Moyen-Orient où, depuis au moins vingt ans, les États-Unis, voués à la défense d’Israël, veulent abattre la puissance iranienne : en obtenant un changement de régime à Téhéran ou bien en abattant l’un de ses alliés, Irak, Syrie ou Liban, qui constituent avec l’Iran « l’axe chiite ». Tous les coups leur sont permis ! Et notre frère Bruno de se livrer à une analyse magistrale de la situation actuelle de ces pays en butte aux agressions américaines.
Le Liban, d’abord, où les ingérences étrangères sont patentes dans les troubles politiques récents. Le président Aoun mène un jeu difficile, devant composer avec le redoutable Hezbollah d’une part et la sujétion aux États-Unis et à Israël de l’autre. Situation désespérée ? À moins que la France ne renoue avec sa sagesse diplomatique passée pour secourir ce pays avec lequel nous avons une si riche histoire commune :
« Si la France n’était pas elle-même aux mains d’un pion de la judéo-maçonnerie, elle pourrait faire attribuer les pleins pouvoirs au général Aoun. Il pourrait mener à bien l’accord de défense avec la Russie en projet depuis plusieurs années, commencer l’exploitation de son gaz offshore disputé par Israël et ainsi restaurer les finances du pays. Cela permettrait au Liban de s’affranchir de la tutelle des États-Unis et d’Israël et, à cette condition, d’intégrer le Hezbollah dans l’armée nationale, devenant ainsi capable de faire face à toute agression étrangère. »
Quant à la Syrie, sa déstabilisation a été provoquée dans le même but d’affaiblissement de la puissance chiite. Toutefois, si la Russie persiste à soutenir le président Bachar el-Assad, l’échec de l’entreprise américaine sera irréversible et la stabilisation régionale sera rendue possible : enjeu crucial !
Le plus redoutable moyen de pression mis en place par les États-Unis à l’encontre du pouvoir syrien est le Cæsar Syria Civilian Protection Act, signé le 20 décembre 2019 par Donald Trump. Cette Loi César accuse la Russie et la Syrie d’avoir commis des atrocités. Sous ce prétexte mensonger, elle institue tout un arsenal de sanctions économiques contre la Syrie et ses alliés. Elle constitue un obstacle majeur aux efforts russes visant à maintenir au pouvoir Bachar el-Assad.
En s’opiniâtrant dans leur lutte contre le gouvernement syrien, les États-Unis et Israël se manifestent comme les alliés du djihad sunnite ! Un mot résume la situation, une formule clef maintes fois répétée publiquement par différents dirigeants israéliens : « Nous préférons voir Daech au pouvoir à Damas plutôt que l’Iran. »
Les États-Unis n’ont-ils pourtant pas mené une guerre sans merci contre Daech ? Au-delà des propagandes, voici la réalité décryptée par frère Bruno :
« Suite à l’intervention américaine en Irak et au renversement de Saddam Hussein, les chiites irakiens (environ 60 % de la population) ont voulu prendre leur revanche sur les sunnites auxquels appartenait Saddam Hussein. Les chiites ont créé des milices et ont attaqué les Américains.
« En réaction, le général américain David Petraeus – qu’on dit spécialiste en contre-insurrection ! – a eu l’idée de génie de former des milices sunnites pour combattre les milices chiites. C’est ainsi qu’est apparue en 2006 une milice promise à un bel avenir sous le nom d’État islamique en Irak, devenue en 2013 État islamique en Irak et Syrie, Daech.
« Ce groupe djihadiste a été utilisé par la coalition américano-israélienne pour contrer la puissance chiite au Moyen-Orient. L’instrumentalisation de Daech par les Américains est donc évidente.
« Car Daech disparu, les Américains ne sont pas partis pour autant. Leurs véritables ennemis sont les chiites, qu’ils n’ont cessé de bombarder. »
Par exemple, le 30 et le 31 décembre, le bombardement de cinq sites militaires de chiites irakiens et du Hezbollah, en Irak et en Syrie. Ces groupes armés ne s’étaient rendus coupables d’aucun acte terroriste. Tout au contraire, ils avaient été le fer de lance de l’éradication des terroristes sunnites type Daech en Irak et en Syrie, dont les méfaits sont connus mondialement.
Autre mise en œuvre de cette stratégie, le vendredi 3 janvier, l’attentat contre le général iranien Qassem Soleimani qui avait organisé le soutien de l’Iran à l’armée syrienne face à l’État islamique et aux autres djihadistes sunnites. C’est ce qui s’appelle « jeter un bâton de dynamite » dans cette poudrière du Moyen-Orient. Évidemment, l’Iran annonce de terribles représailles...
Ajoutez à cela que c’est précisément à ce moment où la tension entre les États-Unis et l’Iran devient paroxystique, que ces derniers ont mené pendant quatre jours, pour la première fois, un exercice naval avec la Chine et la Russie dans le golfe Persique. Finalement, il se pourrait bien que l’affrontement entre les États-Unis et la Chine ait lieu dans la mer d’Oman et non dans la mer de Chine !
C’est décidément sainte Jacinthe qui a le mot de la situation, rappelé en conclusion par frère Bruno : « Que l’on demande la paix au Cœur Immaculé de Marie, car c’est à Elle que Dieu l’a confiée. »
Dans une situation mondiale si périlleuse, il est affligeant de contempler la déliquescence de notre chère France, préoccupée par la réforme du régime de ses retraites, sur fond de chômage installé et d’effondrement démographique (les deux vrais défis politiques de l’heure). Une fois de plus se vérifie le caractère impératif de la devise de la Révolution nationale du Maréchal : « Travail, famille, patrie »... ou la mort !
Lors du salut du Saint-Sacrement concluant cette retraite mensuelle de la Phalange, nous eûmes donc à cœur d’implorer le « Christ vrai Roi de France ». Un dernier sermon de frère Bruno nous y avait encouragés : « Quel salut possible pour la sainte et doulce France, dans ce contexte international que nous venons d’analyser ? » La réponse se trouve dans les cinquante Points de politique royale réédités dans ce numéro, qui énoncent les conditions de son salut, héritées de plus de vingt siècles d’histoire.
PÈLERINAGE AU VAL-DE-GRACE
C’est précisément un lieu privilégié de cette histoire sainte que notre Permanence parisienne visita en se rendant en pèlerinage à l’abbaye royale du Val-de-Grâce, à Paris. Sans doute motivés par la récente parution de l’Histoire volontaire de sainte et doulce France de notre Père l’abbé de Nantes, les familles et les étudiants CRC parisiens s’y retrouvèrent nombreux le samedi 11 janvier en début d’après-midi.
Les bâtiments de l’ancien monastère sont actuellement occupés par le musée du Service de santé des armées qui présente certains souvenirs émouvants de nos Poilus de la Grande Guerre ou de l’œuvre admirable accomplie par nos médecins militaires dans nos colonies.
Après une rapide visite du musée, nos amis commencèrent leur pèlerinage dans la salle capitulaire de l’ancienne abbaye en y récitant une dizaine de chapelet. C’était probablement la première fois qu’on y priait publiquement depuis l’expulsion des religieuses bénédictines en 1792 !
Deux portraits de Louis XIII et d’Anne d’Auriche, œuvres de Philippe de Champaigne, permirent à frère François d’exposer les circonstances historiques de la fondation de cette abbaye royale en 1621.
MÈRE MARGUERITE D’ARBOUZE, CONSEILLÈRE ET PROTECTRICE DE LA COURONNE DE FRANCE.
Mariée à Louis XIII en 1615, la toute jeune Anne d’Autriche, arrivée d’Espagne, se trouvait très isolée à la Cour de France quand elle se lia d’amitié avec la mère Marguerite de Veni d’Arbouze.
Celle-ci était entrée très jeune dans l’abbaye bénédictine de Saint-Pierre de Lyon. Un jour la brillante et légère reine Margot, visitant le monastère, remarqua la petite novice et fut ravie de son esprit et de sa grâce. À tel point qu’elle voulut l’enlever ! Mais quand une des dames d’honneur de la Reine entreprit de lui retirer son habit religieux, Marguerite protesta si vivement que les bénédictines accoururent et s’y opposèrent.
Marguerite n’avait pas voulu se laisser ravir par la Cour. Eh bien, ce fut la Cour qui vint à elle ! Par la suite, mère Marguerite y exercera un vif attrait.
Circonstance providentielle, sa supérieure lui avait permis d’apprendre l’espagnol. À cette nouvelle, certaines de ses sœurs avaient d’ailleurs manifesté leur désapprobation, y voyant une source de dissipation. En réalité, son dessein était édifiant : elle voulait lire et comprendre les écrits de sainte Thérèse d’Avila et de saint Jean de la Croix.
Quand Anne d’Autriche la rencontra et l’entendit parler en espagnol, sa langue maternelle, ce fut un ravissement, elle fut immédiatement conquise. Plus tard, elle affirmera « qu’elle n’avait jamais trouvé aucune fille de France qui parlât si bien cette langue ».
La Reine lui donna à réformer l’abbaye du Val-Profond de Notre-Dame-de-la-Crèche, à Bièvres-le-Châtel, une petite vallée au sud-ouest de Paris. La nouvelle abbesse commença par retirer de sa cellule le riche ameublement qui lui avait été préparé, montrant l’exemple de la pauvreté. Puis elle rétablit la clôture, posant des cadenas à toutes les portes : fini des repas chez des amis et d’aller danser dans les noces ! Si elle était très attachée à la clôture, en revanche, pour tout ce qui ne touchait pas directement aux vœux, mère Marguerite laissa les religieuses en paix. À condition toutefois qu’elles ne détournent pas les plus ferventes d’entre elles de la stricte observance. Elle réforma ainsi le monastère par la douceur, l’affection, la charité. Considérez par exemple qu’après matines elle visitait les religieuses malades : c’était irrésistible !
Elle se distinguait aussi par sa très grande dévotion pour le Saint-Sacrement. Rien qu’à l’éclat de ses regards, à la coloration plus vive de ses lèvres et de son teint, ses sœurs savaient qu’elle avait communié.
Mère Marguerite introduisit en outre des innovations dans les constitutions du monastère, notamment l’exposition du Saint-Sacrement chaque mois, au jour de la fête la plus solennelle, non pas au chœur, mais dans un lieu retiré de l’abbaye où les religieuses faisaient oraison. Elle désirait ainsi réparer les blasphèmes, les profanations et sacrilèges des protestants.
En 1621, Anne d’Autriche l’invita à installer sa communauté dans l’hôtel du Petit-Bourbon, au faubourg Saint-Jacques, où fleurissait en ces années-là l’admirable renouveau catholique, fruit de la Contre-Réforme. Pas moins d’une trentaine d’églises ou de chapelles y furent alors construites !
Mais y avait-il encore de la pierre à bâtir dans l’enclos du Petit-Bourbon, pour réaliser les aménagements nécessaires ? Des carriers furent consultés : « Il n’y en a pas », répondirent-ils. Mère Marguerite leur répliqua : « Je sais qu’il y en a. » Elle avait eu un songe le lui révélant et, de fait, on en trouva. L’abbesse était ainsi assistée par des lumières surnaturelles.
Les années passaient. La Reine n’avait pas encore d’enfant. Le jour où elle posa la première pierre du cloître du monastère, le 31 juillet 1624, elle fit le vœu de reconstruire l’abbaye avec une magnificence royale si Dieu lui donnait un fils.
Anne d’Autriche y venait deux jours par semaine, bénéficiant des conseils surnaturels de la mère abbesse. Pour sa royale dirigée, mère Marguerite avait composé un petit traité sur la manière de bien entendre la messe et elle lui fit prendre la résolution de communier à toutes les fêtes de Notre-Dame. Elle n’hésitait pas à lui dire les vérités qu’elle croyait nécessaires pour prévenir tout écart de conduite, exerçant ainsi une très heureuse influence qui contrebalança celle de la duchesse de Chevreuse.
Et frère François de s’exclamer : « Imaginez ! si nous avions aujourd’hui en France une Reine amie intime de notre mère Lucie ! » Vive approbation des nombreux enfants présents, très attentifs, qui connaissent et aiment beaucoup notre Mère : ils étaient prêts à acclamer sur-le-champ une telle Reine !
Par ses parloirs, la vénérable Marguerite avait, de surcroît, une influence considérable et bienfaisante sur l’aristocratie parisienne et les grands prélats du royaume.
Après la mort en odeur de sainteté de sa mère vénérée en 1626, Anne d’Autriche continua de se rendre très régulièrement au Val-de-Grâce pour prier devant son tombeau, la suppliant d’intercéder pour que notre Père du Ciel accorde un héritier à la Couronne. Ses prières seront exaucées... après vingt-trois ans d’attente !
Assurément, ce recours à la vénérable Marguerite d’Arbouze prend place parmi les événements surnaturels liés à la naissance miraculeuse de Louis XIV, qui advint le 5 septembre 1638, neuf mois jour pour jour après la fin des trois neuvaines du frère Fiacre (cf. “ Apparitions de Notre-Dame-de-Grâce à Cotignac ”, Il est ressuscité ! n° 202, octobre 2019, p. 19-27).
LE VAL-DE-GRACE, CHEF-D’ŒUVRE DE L’ART DE CONTRE-RÉFORME.
Pendant la régence, Anne d’Autriche demeura plus que jamais attachée à son abbaye royale : elle s’y rendit 537 fois et y passa 146 nuits !
Disposant alors de plus de ressources, elle put accomplir son vœu. Le 1er avril 1645, l’enfant du miracle, Louis Dieudonné, alors âgé de sept ans, posa lui-même la première pierre à l’emplacement du futur maître-autel. On y avait encastré une médaille d’or massif portant l’inscription : « En reconnaissance du roi longtemps désiré et de son frère. »
Cela confirme ce que nous savons par ailleurs : Louis XIV connaissait le mystère de sa naissance, incontestablement surnaturel. Ce miracle participe à un grand dessein divin : l’élection divine du roi de France pour établir dans le monde le règne du Sacré-Cœur.
La Reine désirait que la nouvelle église fût tout entière consacrée à la Nativité, en raison de la naissance miraculeuse de son fils. Il s’agit en effet dans notre histoire sainte de France d’un événement analogue à celle de l’Enfant-Jésus dans l’histoire d’Israël ! La nouvelle église fut donc dédiée « À Jésus naissant et à la Vierge Mère », comme le précise la dédicace de la façade. Sous le baldaquin, un groupe sculpté par Michel Anguier représente la Nativité. Dans cette Vierge Mère de la crèche, il faut voir en filigrane Anne d’Autriche elle-même, dont elle est le modèle, tandis que l’enfant-Roi est une figure de l’Enfant-Dieu.
Si l’on excepte la magnifique coupole de Mignard, tout le décor de cette église fut traité en sculpture. En cinq années seulement les artistes français ont accompli un magnifique ensemble que nos frères ont fait admirer à nos amis, montrant « qu’en accueillant le style baroque, le génie français sut se garder de l’imitation servile. La France s’en est inspirée, mais en le dépouillant d’une certaine boursouflure. »
Ces artistes français de Contre-Réforme mettaient leurs talents au service de la polémique contre le protestantisme en exaltant la dévotion à la Sainte Vierge, particulièrement dans sa Maternité divine et sa Virginité perpétuelle, mais aussi la foi dans la Présence réelle de Notre-Seigneur dans le Saint-Sacrement, etc.
La construction de l’église et son ornementation étaient presque achevées quand, le 11 janvier 1666, la Reine, très malade, comprenant qu’elle allait bientôt mourir, se fit conduire au Val-de-Grâce et dit à l’abbesse : « Me voilà contente que Dieu dispose de moi en sa volonté. » Et encore : « Il faut avoir patience. » C’est là qu’elle aurait voulu mourir de son cancer au sein qui l’emporta dix jours plus tard, le 20 janvier, alors qu’elle était revenue au Louvre. En quittant l’abbaye, elle avait dit aux religieuses : « Je ne mérite pas de mourir parmi vous, mais si vous n’avez pas mon corps, vous aurez mon cœur. » Le grand aumônier de la Reine l’apporta à l’abbaye le jour même de sa mort.
Frère François conclut ce pèlerinage par deux remarques : Anne d’Autriche avait prié avec une admirable ferveur et confiance pendant plus de vingt ans pour obtenir du Ciel un Dauphin pour le royaume de France. De la même manière, héritiers des légitimistes français qui ont tant prié après 1830 pour la restauration de notre monarchie très chrétienne, nous obtiendrons cette grâce si nous persévérons dans nos supplications, par la Médiation du Cœur Immaculé de notre très chère Mère du Ciel.
Notre frère fit aussi remarquer qu’il n’y a dans cette église aucune trace de dévotion au Sacré-Cœur. En dépit des révélations de Notre-Seigneur à sainte Marguerite-Marie, cette abbaye royale n’a pas été enrichie de représentations de son divin Cœur. Cela nous rappelle que Louis Dieudonné fut infidèle à sa mission : il n’a pas satisfait aux demandes de Paray-le-Monial qui lui étaient expressément adressées. Dans un esprit de réparation, nos amis renouvelèrent alors à l’intime leur consécration au Sacré-Cœur de Jésus et Marie.
Après avoir pris leur goûter dans la cour d’honneur, et non sans s’être donné rendez-vous aux prochaines réunions du jeudi soir qui entretiennent depuis quarante ans le zèle des phalangistes parisiens, ils se quittèrent, ravis et revigorés. L’un d’eux en avait retrouvé l’espérance : « Ces visites pèlerinages ancrent dans nos esprits les grandes vérités de notre histoire sainte de France. Nous découvrons un merveilleux héritage qui revivra demain : Paris redeviendra catholique et royal. La chapelle de la Médaille miraculeuse est le seul endroit au monde où l’Immaculée a fait cette promesse : Venez au pied de cet autel, là les grâces seront répandues sur toutes les personnes qui les demanderont avec confiance et ferveur, les grands et les petits. »
Sainte Jacinthe nous encourage dans le même sens : « Dis à tout le monde que Dieu nous accorde ses grâces par le moyen du Cœur Immaculé de Marie ; que c’est à Elle qu’il faut les demander. »
frère Guy de la Miséricorde.