Il est ressuscité !

N° 207 – Mars 2020

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


« Pauvre Saint-Père ! »

(sainte Jacinthe de Fatima)

UN « chemin synodal » : tel est l’étrange pléonasme par lequel le Pape désigne l’œuvre accomplie par l’Assemblée qu’il a convoquée à Rome du 6 au 27 octobre, et qui s’est achevée par un texte ayant pour titre : Amazonie : nouveaux chemins pour l’Église et pour une écologie intégrale.

Sainte Jacinthe, née le 11 mars 1910,
« entrée dans la Vie » le 20 février 1920.

« Chemin synodal » répète deux fois le mot « chemin », en français puis en grec, hodos.

À Jésus qui vient de dire aux disciples : « Du lieu où je vais, vous savez le chemin », Thomas demande : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment saurions-nous le chemin ?

« Jésus lui dit : “ Je suis le Chemin (hodos), la Vérité et la Vie. ” » (Jn 14, 4-6)

Dix-neuf siècles plus tard, à Lucie qui s’inquiète de rester « toute seule », sans Jacinthe et François que la Sainte Vierge emmènera « bientôt » au Ciel, Notre-Dame de Fatima répond : « Mon Cœur Immaculé sera ton refuge et le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu. »

Cette révélation est absente de l’Exhortation apostolique postsynodale, ainsi que toute référence à Notre-Dame de Fatima, comme à l’Évangile d’ailleurs.

En revanche, le document pontifical s’apparente plutôt au Coran que son auteur présente ainsi :

« L’Écrit que voici contient une voie (hudan) sans querelle pour les prédestinés. » (Sourate II, 2)

La « querelle » à laquelle l’auteur du Coran veut mettre fin est celle qui oppose juifs et chrétiens qu’il renvoie dos à dos pour imposer le retour à l’islam, c’est-à-dire à la Perfection de l’authentique religion abrahamique. C’est l’interreligion de Nostra ætate avant la lettre !

Le mercredi 12 février, Jean-Marie Guénois titrait dans Le Figaro : “ Le pape François va-t-il ouvrir la voie à des prêtres mariés ? ” Et il ­écrivait : « La publication, ce mercredi 12 février 2020, de ­l’exhortation apostolique postsynodale Chère Amazonie signée par le pape François, document de conclusion du synode qu’il a convoqué à Rome en octobre 2019 pour statuer sur l’avenir pastoral de cette région du monde, est attendue comme jamais aucun document ecclésial ne l’a été depuis des ­décennies.

« Tout simplement parce que ce synode a voté à la majorité des deux tiers, le 26 octobre 2019, cette proposition phare, numérotée 111 :

« Nous proposons d’établir des critères pour ordonner prêtres des hommes idoines et reconnus par la communauté, qui ont un diaconat permanent fécond, pouvant avoir une famille légalement constituée et stable, pour la célébration des sacrements dans les endroits les plus reculés de la région amazonienne. Certains se sont prononcés en faveur d’une approche universelle de ce sujet.

« Ce texte formule aussi cette importante demande : que cette mesure destinée à des régions du monde où les communautés souffrent d’un manque de prêtres ne soit pas seulement applicable à l’Amazonie, mais au monde entier, selon une approche universelle. »

Las ! Le lendemain, jeudi 13 février, « avant d’être la victoire ou la défaite d’un camp contre l’autre, c’est une surprise : le pape François, dans l’exhortation aposto­lique postsynodale publiée le 12 février à Rome, ne fait strictement aucune allusion à l’ordination sacerdotale d’hommes ma­riés pour pallier le manque de vocations. C’était pourtant la proposition phare du synode sur l’Amazonie. Elle avait été votée à la majorité des deux tiers, en conclusion de cette assemblée d’évêques, le 26 octo­bre 2019. Dans ce même document de synthèse qu’il a rédigé et signé sur la base des multiples propositions issues de trois se­maines de synode, François enterre l’idée, également poussée par ce synode, d’accorder aux femmes un statut diaconal dans l’Église. Ce serait “ cléricaliser les fem­mes ”, écrit-il. »

En lieu et place de la proposition 111, cet ensemble de trente-trois pages formule, parfois sous forme poétique, « quatre rêves » de François pour l’Amazonie, qui sont les titres officiels des quatre chapitres. Le dernier, “ un rêve ecclésial ”, était le plus attendu. Il représente un tiers du document.

C’est là que se trouve le passage le plus étonnant du texte. Dans les « moyens, proposés par le Pape, pour assurer ce ministère sacerdotal » dans les « zones très reculées » de l’Amazonie et ce, en « urgence » pour « éviter que les peuples ama­zoniens soient privés de cet aliment de vie nouvelle et du sacrement du pardon », la grande idée du synode d’ordonner des hommes mariés diacres permanents est tout simplement rayée de la carte... (Le Figaro du 13 février 2020)

Jean-Marie Guénois explique : “ Le choix du silence du Saint-Père. ” En fait, le Pape écrit lui-même les deux raisons majeures qui relativisent le manque de prêtres en Amazonie : « Il y a davantage de prêtres d’origine amazonienne aux États-Unis et en Europe qu’en... Amazonie ; les évêques latino-­américains envoient trop peu de prêtres dans cette région. Des solutions pragmatiques à la carence sacerdotale amazonienne existent donc sans ordonner des hommes mariés.

« Le 27 janvier 2019, à son retour du Pa­nama, François avait dit qu’il ne serait pas le Pape de l’abolition du célibat sa­cerdotal “ mais ” qu’il convenait d’étu­dier la possibilité d’ordonner prêtre des hommes mariés pour certaines situations. Un an plus tard, le texte de son exhortation apostolique clôt-il définitivement le dossier ? » (Le Figaro, jeudi 13 février)

Certainement pas. Mais le cardinal-archevêque de Munich, Reinhard Marx, membre du cercle restreint de cardinaux conseillers du pape François (C 9), a compris le message. Mardi 11 février, la veille de la publication de l’exhortation apostolique postsynodale du Pape, il a annoncé à la surprise générale, son prochain départ, précisant qu’il ne sera pas candidat à un nouveau mandat, début mars.

« Introduire le célibat sacerdotal au cœur d’un synode sur l’Amazonie était une idée du Pape, rappelle Jean-Marie Guénois. Elle est devenue un piège dont il a choisi de sortir par le silence. »

Il reste au Saint-Père à échapper à un autre piège : celui de son pacte avec Pékin. Dieu aide là aussi. Xi Jinping n’est pas le maître du monde mais Dieu ! Le bilan du fléau du coronavirus ne cesse de s’alourdir. Il ne se réduit pas aux chiffres officiels, d’ailleurs sous-estimés, d’une épidémie, mais prend d’ores et déjà les proportions d’une pandémie, avec des effets majeurs non seulement sur le socialo- capitalisme chinois, mais sur l’économie mondiale.

Depuis la fin des congés du Nouvel An lunaire, le 2 février, l’usine du monde qu’est la Chine est pratiquement en quarantaine. La paralysie de l’industrie se propage dans l’informatique et l’électronique où la Chine assure le cinquième de la production, et 70 % des smartphones !

« Les Chinois acquittent le prix fort pour le pouvoir illimité que s’est arrogé Xi Jinping depuis le XIXe Congrès du Parti communiste chinois. Les autorités ne luttent pas en priorité contre l’épidémie mais contre l’information sur l’épidémie. » (Nicolas Baverez, Le Figaro du 17 février)

« Le responsabilité de ces mêmes autorités est directement engagée dans la mondialisation de la maladie, en raison du refus d’informer l’OMS, et des pressions effectuées sur elle pour éviter la déclaration de l’urgence sanitaire internationale. »

La comparaison avec la Russie qui est « confiée » au Cœur Immaculé de Marie (sœur Lucie), est instructive : « Alors que Gorbatchev s’était emparé de la catastrophe de Tchernobyl pour accélérer la glasnost et la perestroïka, Xi Jinping met à profit le krach sanitaire du coronavirus pour renforcer la nature totalitaire du régime. La tutelle sur régions et municipalités se resserre... Le contrôle de la population est affermi, l’épidémie servant de justification et de banc d’essai pour conforter la surveillance numérique. »

Peine perdue ! « L’épidémie qui s’ajoute à la chute de l’activité économique du fait de la guerre commerciale avec les États-Unis, aux manifestations de Hongkong, au désaveu cinglant de l’élection présidentielle à Taïwan, fragilise le pouvoir personnel de Xi Jinping. » (Le Figaro du 17 février 2020)

La paix mondiale est suspendue à un fragile fil de soie que les risques financiers, sanitaires, environnementaux et écologiques, cybernétiques et géopolitiques menacent de couper à tout moment. Seul le pape François a tout pouvoir de sauver le monde par le fil d’or de son obéissance au Cœur Immaculé de Marie. La consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie par le Pape et tous les évêques en communion avec lui sauvera l’Église du schisme et vaincra toutes les hérésies qui la dévorent ; la Chine, alliée de la Russie, reviendra des « erreurs de la Russie ». En cette année centenaire de la naissance au Ciel de sainte Jacinthe, nous obtiendrons ce miracle par notre prière persévérante à l’intention du Saint-Père.

frère Bruno de Jésus-Marie