Il est ressuscité !

N° 217 – Janvier 2021

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


Profondeurs de Satan

UN évêque vient de nous accuser réception de notre réponse à Mgr Pontier datée du 13 juin 2019.

« J’ai lu ce mémoire. J’avoue ne pas vous avoir répondu car sa lecture a été pour moi douloureuse. Il comporte telle ou telle analyse que je peux partager, notamment sur la crise postconciliaire. Occulter cette crise serait un véritable déni. Mais cet accord sur certains points ne peut cacher le désaccord profond sur la tonalité de ce document, désaccord sur le fond et sur la forme.

« Au terme de la lecture de ce texte, je ne voyais pas quelle parole vous adresser. Je ne peux que vous inviter à entrer dans le chemin de communion à l’Église. La conférence des évêques de France vous y invitait à travers le document envoyé par Mgr Pontier le 15 avril 2019.

« Soyez assuré de ma prière pour chacun de vous. »

Touché par la bienveillance de cette lettre, j’ai voulu « entrer dans le chemin » indiqué par Son Excellence, en confrontant l’encyclique Fratelli tutti de notre Saint-Père le Pape aux quarante pages du pamphlet Autodafé dans lequel l’abbé de Nantes commente le chapitre de Gaudium et Spes consacré à la fraternité universelle. Difficile de ne pas admirer la « tonalité » : la verve, la pugnacité de notre Père, polémiste de grande classe ; et de ne pas mépriser la boursouflure ridicule du texte conciliaire et, parfois, de ne pas frémir au blasphème qui affleure : « le fond et la forme ». Au vrai, ce pamphlet est une longue empoignade, un corps à corps sans merci qui exige un effort soutenu, et qui rend la lecture « douloureuse ».

On comprend que notre Père n’ait pu mener cette bagarre qu’en 1996, et dans sa réclusion au monastère d’Hauterive. En 1971, pour Préparer Vatican III, le venin des Actes du Concile n’avait pas encore produit tous ses effets dévastateurs. Il fallait déjà que notre Père bénéficiât d’un don de force extraordinaire pour y relever et dénoncer les erreurs, les hérésies bien caractérisées et les intentions schismatiques des rédacteurs qui se sont ensuite vérifiées point par point.

Mais alors, pour oser fouailler au fond de leurs pensées les plus ténébreuses, pour sonder les profondeurs de Satan, il fallait vraiment que notre Père soit allé au bout de l’échec humain, de sa tentative de “ préparer Vatican III ”, soit tombé au fond de l’abjection, dans son exil, sans plus d’autre perspective personnelle que la mort et le jugement de Dieu, pour oser engager ce combat singulier contre le diable, à mains nues et l’écrabouiller !

Cette contrefaçon de la religion est tellement totale, cette coexistence de deux religions contradictoires dans la même Église, sous un même vocabulaire, souvent, et jusque dans le cœur de tant d’hommes d’Église, est un scandale tellement insoutenable et apparemment irrémédiable qu’on comprend la tentation, avouée par notre Père, de se jeter dans la rivière...

Heureusement, au même moment, nous nous rendions en pèlerinage à Fatima. Pour y emporter une victoire, si j’ose dire, sur le Cœur très chéri de Jésus et de Marie, en vue de hâter la venue de leur règne. D’abord, le règne du Cœur Immaculé de Notre-Dame des Sept-Douleurs, Notre-Dame du Saint Rosaire, puis, par son intercession médiatrice, celui du Sacré-Cœur de Jésus, notre Sauveur et notre Roi à jamais.

Nous avons prié la même douce et bienveillante Vierge Marie qui est apparue en toutes occasions durant le dix-neuvième siècle, et c’est le même appel à la prière et à la pénitence qu’ainsi, à maintes reprises, elle a fait entendre à ses enfants, pour enfin aboutir à l’événement majeur et dernier de Fatima, dont le compte à rebours n’est pas encore achevé, mais proche de l’être.

Oui, ce fut une belle Croisade, pour la reconquête des Lieux saints à leur Roi et à leur Reine, comme pour le salut de nos âmes arrachées à ce monde de perdition où tous ont tellement prié Notre-Dame pour notre exilé que, finalement, non seulement il a mené à bien son duel contre Satan, mais il est revenu pour nous consacrer à l’Immaculée, afin que nous ne soyons plus que ses instruments à Elle, qui écrase la tête du Serpent. Le combat est vertigineux et nous sommes bien trop petits, mais la victoire est assurée !

À qui restera fidèle à son poste de combat et de prières, pour obtenir toute grâce de notre Médiatrice à laquelle notre Père nous a consacrés.

Frère Bruno de Jésus-Marie