Il est ressuscité !

N° 229 – Février 2022

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


LA LIGUE

La Ligue

Année de la Foi

S’ADRESSANT à nos amis  pèlerins de Pontmain, le 30 janvier, frère Benoît leur  a présenté l’année nouvelle comme une année de la foi, année de la proclamation de notre foi, à la suite de frère Bruno dont le mémoire adressé à Mgr Joly prolonge le combat de notre Père l’abbé de Nantes, “ defensor fidei ”. Il ne s’agit que d’être fidèles au programme qu’il fixa à la Ligue de Contre-­Réforme catholique, il y a plus de cinquante ans, précisément en con­clusion de son éditorial célébrant le centenaire de l’apparition de Pontmain : « Réveiller nos pasteurs, garder la vraie foi, œuvre difficile de notre CRC ! » (CRC no 40, janv. 1971)

PÈLERINAGE A SAINT-JOSEPH DES CARMES

Le dimanche 16 janvier, frère François conduisit une centaine d’amis de la région parisienne en pèlerinage à Saint-Joseph des Carmes, au cœur de l’Institut catholique de Paris. En feuilletant le livret qui leur était distribué à l’entrée, ils découvrirent qu’ils pénétraient dans ce qui fut un haut lieu de la Contre-Réforme et de la contre-révolution catholiques, pendant quatre siècles !

UNE FONDATION DE CONTRE-RÉFORME.

L’Ordre du Carmel, fondé en Terre sainte au temps des Croisades, fut réformé au seizième siècle par sainte Thérèse d’Avila et saint Jean de la Croix. C’est l’angoisse des ravages des luthériens en France qui poussa la Madre à revenir à la stricte observance.

Le Carmel réformé s’introduisit dans notre pays au début du siècle suivant et, sur ses pas, la dévotion à saint Joseph que sainte Thérèse avait transmise à tout l’Ordre. Bâtie entre 1613 et 1625, la chapelle du couvent des Carmes de Paris y fut ainsi la première église dédiée au chef de la Sainte Famille.

Vous décrire par le menu les trésors de ce magnifique sanctuaire exigerait tout un numéro spécial d’Il est Ressuscité ! Frère François fit admirer ces chefs-d’œuvre baroques, soulignant leur conformité aux consignes du concile de Trente, l’art devant soutenir l’affirmation de la foi catholique et exalter ce que l’hérésie protestante nie : le Saint-Sacrifice de la Messe, le culte de la Vierge Marie et des saints, les pratiques de dévotion.

LES MARTYRS DE LA RÉVOLUTION.

Aujourd’hui les historiens qui étudient le massacre du 2 septembre 1792 se demandent gravement comment ce couvent inauguré sous les plus favorables auspices devint le théâtre des scènes les plus sanglantes. À l’école de notre Père, nous savons que les martyrs de la Révolution tombèrent en victimes d’expiation du refus de Louis XIV d’obéir aux demandes du Sacré-Cœur révélées à sainte Marguerite-­Marie en 1689.

Le récit des derniers jours des martyrs des Carmes est admirable, jusqu’en ses moindres détails. Au mois d’août 1792, tandis que la famille royale était enfermée au Temple, la Commune insurrectionnelle de Paris décida d’en finir avec les ecclésiastiques refusant la Constitution civile du clergé. Les prêtres réfractaires furent recherchés, arrêtés, enfermés. Cent-cinquante furent entassés dans l’église des Carmes, autour du prestigieux archevêque d’Arles, Mgr du Lau d’Allemans, et du Père Hébert, confesseur de Louis XVI et ardent apôtre du Sacré-Cœur. Sans illusion sur le sort qui leur était réservé, les confesseurs de la foi se préparèrent au martyre avec une patience qui décontenançait leurs geôliers. Le 1er septembre au soir, pressentant le drame, ils se confessèrent les uns aux autres.

Le lendemain, voyant venir la meute hurlante des tueurs, Mgr du Lau d’Allemans exhorte ses compagnons : « Remercions Dieu de ce qu’il nous appelle à sceller par notre sang la foi que nous professons ; demandons-lui la grâce que nous ne saurions obtenir par nos propres mérites, celle de la persévérance finale. »

Mais déjà surviennent les assassins et le prélat succombe sous les coups de piques et de sabres. Vingt, peut-être trente prêtres sont tués dans le jardin, dans l’oratoire de la Vierge où ils s’étaient réfugiés. Le massacre est si horrible que les révolutionnaires décident de l’habiller d’un simulacre de procès : un à un, les autres prêtres comparaissent devant un nommé Maillard. Ce dernier les renvoie aux bourreaux qui les attendent en trépignant sur le perron poisseux de sang, sabres levés, piques menaçantes... Violette, commissaire de la section, témoignera : « Vos prêtres sont allés à la mort avec la même joie qu’ils fussent allés à des noces. »

C’est sur ce même perron que frère François racontait aux groupes qui s’y succédaient les Actes de ces martyrs, dont seule une modeste inscription rappelle le souvenir : « Hic ceciderunt. »

De là, nos amis poursuivirent leur pèlerinage en montant à la Salle de l’Épée où subsistent, protégées par un cadre en verre, des traces de sang des martyrs. Puis ils descendirent dans la crypte pour vénérer leurs ossements. En 1913, le Père de Foucauld y célébra la messe. Il comptait parmi les martyrs deux grands-oncles : Mgr du Lau d’Allemans et le chanoine Armand de Foucauld de Pontbriand. Nul doute qu’il entendit alors de nouveau l’appel du martyre qui aimanta toute sa vie.

Nos pèlerins vénérèrent à genoux ces impressionnantes reliques, ossements et crânes portant les marques des coups de piques, tandis que frère Théophane leur lisait la troisième partie du Secret de Fatima, révélation de la fécondité du sang des martyrs.

Après le calvaire du jardin, après cette descente au tombeau, le pèlerinage se conclut par l’évocation de mère Camille de Soyecourt, grâce à qui le couvent ressuscita après la Révolution. Par son zèle pour la restauration de son Ordre, elle fut la seconde fondatrice du Carmel en France.

MERE CAMILLE DE L’ENFANT-JESUS 
OU LA VICTOIRE DE LA CONTRE-REVOLUTION !

Camille de Soyecourt (1757-1849), en religion mère Camille de l’Enfant-Jésus était carmélite au monastère rue de Grenelle. Arrêtée à son tour en septembre 1792, conduite devant un tribunal révolutionnaire, elle garda obstinément le silence... Mais lorsque ses juges l’interrogèrent sur sa dévotion au Sacré-Cœur, preuve de fanatisme contre-­révolutionnaire ! sœur Camille leur déclara : « Oh ! ici, je ne crains de compromettre personne. Vous me faites un crime d’avoir fait des images du Sacré-Cœur. Je m’en fais une gloire et si, à cause de cela, vous me condamnez, j’aurai le bonheur de mourir pour la foi. Le Sacré-Cœur de Jésus m’est plus cher que la vie et si, au prix de ma mort, j’obtenais qu’il soit plus connu et plus aimé, je m’estimerais trop heureuse. »

La Providence ne destinait pas notre carmélite à tomber en martyre, mais à relever de ses ruines le couvent des Carmes, dans lequel son propre père avait été incarcéré avant d’être mené à l’échafaud.

Dès 1797, elle en racheta les bâtiments, pour s’y installer aussitôt avec une dizaine de religieuses, couchant sur des bottes de paille. Avec une alacrité infatigable et une intrépidité telle qu’on la surnommait “ Celle-qui-n’a-pas-peur ”, mère Camille se mit courageusement au travail avec ses sœurs : des monceaux de décombres furent enlevés des couloirs, des cours et surtout de la chapelle. On ne s’interrompait que pour psalmodier l’Office !

Finalement, à la fin de sa vie, en 1845, elle vendra son couvent à l’archevêque de Paris qui le transformera en École des hautes études ecclésiastiques, l’actuel Institut catholique de Paris, qui abrite en outre le séminaire universitaire des Carmes.

AUX ORIGINES DE LA CRC.

C’est là que notre Père accomplit sa cinquième année de séminaire (1947-1948), jubilant des trésors d’intelligence et de science ecclésiastiques qu’y transmettaient alors les professeurs.

Le Jeudi saint 1948, avant-veille de son ordination sacerdotale, dans l’une des tribunes surplombant le chœur de la chapelle, notre Père reçut une lumière particulière, gage d’une promesse de grande fécondité pour son futur ministère. Après la visite, nos frères retrouvèrent ce réduit discret, ou le jeune ordinand méditait le chapitre de saint Jean sur la Vigne :

« Je lisais là toute la destinée du prêtre, enté sur la Vigne mystique, constamment émondé par l’épreuve de sorte qu’il porte du fruit en abondance. Ce dernier mot surtout résonnait à l’oreille de mon âme avec la force de la Voix de Dieu même. »

Frère Bruno et frère Gérard, qui accomplirent à leur tour leur séminaire en ces murs, furent les prémices d’une vigne féconde qui ne cessa d’être émondée pour porter toujours plus de fruits !

MISSION ET COLONISATION AU CONGO BELGE

Nous évoquons rarement les activités de la CRC en Belgique, qui y possède son propre bulletin. Ces dernières années, notre ami Jan Thiré a publié une série d’articles sur la colonisation belge au Congo (qu’il est possible de se procurer auprès de nous). Sujet brûlant, alors que les propagandes anticoloniales, d’une violence et d’un fanatisme étourdissants, rangent aujourd’hui le roi Léopold II parmi les Hitler, les Staline et autres Pol-Pot !

Le 20 janvier, frère Edward de Notre-Dame de Montaigu, fils de notre ami, présenta à la Permanence une synthèse de cette étude remarquable, sous le titre vengeur : La Belgique et sa colonie : la vérité réhabilitée. Il n’y a guère qu’à la CRC qu’on ait la liberté d’enseigner la vérité ! Nos amis belges eux-mêmes découvrent cette histoire calomniée.

Le Congo belge est la réalisation admirable du roi Léopold II et de lui seul, rusant avec son Parlement et bernant les grandes puissances, pour soustraire sa colonie à l’incurie démocratique du premier et aux appétits voraces des secondes. Si le manque d’argent l’accula à y implanter le capitalisme pour exploiter les richesses naturelles, le Congo devint néanmoins une colonie modèle grâce au dévouement d’une petite élite belge et surtout grâce à l’implantation de nombreuses congrégations missionnaires, favorisées par le roi. Elles y firent un bien immense, en bonne intelligence avec l’administration coloniale. C’est ce qui explique les progrès fulgurants de la civilisation au Congo, en dépit des propagandes mensongères alimentées principalement par les puissances protestantes, qui se déchaînèrent contre cette œuvre catholique.

Ce n’est pas l’inéluctable marche de l’histoire qui a conduit à l’abandon de la colonie, à l’anarchie, mais la conjuration des États-Unis et de l’Union soviétique, dépouillant les nations européennes de leurs territoires d’outre-mer. Non sans la complicité de l’Église, hélas !

Cette étude est une œuvre de contre-révolution et de contre-réforme, qui discerne les facteurs de la réussite du Congo belge et les causes de son abandon, dans le but de renouer avec ce glorieux passé. Car il faudra bien y retourner, que nos nations chrétiennes remplissent leur vocation coloniale, car : « La civilisation n’a jamais connu l’égalité démocratique mais la tradition paternelle ; nos vieux peuples ont une paternité à exercer vis-à-vis des peuples neufs, et ce devoir est sacré, venu de Dieu qui fonde et développe son Église par des peuples choisis. » (Amicus, 4 janvier 1950)

Ce qui a manqué jadis, c’est une doctrine religieuse de la colonisation, telle que nous la trouvons précisément dans l’enseignement de l’abbé de Nantes.

PÈLERINAGE À PONTMAIN

Le dimanche 30 janvier, de grand matin, nos communautés de Frébourg et de Magé ainsi qu’environ cent-cinquante amis du grand Ouest convergèrent vers le village de Saint-Ellier-du-Maine, point de départ traditionnel de notre pèlerinage à Pontmain.

Saluant leur arrivée, la volée des cloches appelant à la grand-messe fendit l’air et déchira la brume, laissant paraître les tours de la basilique. À l’évidence, la Sainte Vierge attendait ses enfants ! Impression confirmée par un temps étonnamment doux et ensoleillé et, plus encore, par la bienveillance de l’accueil qui leur fut réservé au sanctuaire.

À la sortie de la messe, après avoir salué la Maîtresse des lieux par la récitation de l’Angélus au pied de la colonne de l’apparition, frère Benoît entraîna son troupeau vers la grange Barbedette pour un rapide récit de l’apparition. Il en tira une leçon de sérénité dans l’épreuve, fruit de la certitude de la présence de la Vierge Marie :

« Vous pouvez prier le Bon Dieu, les Prussiens sont à Laval, avait lancé un passant.

– Ils seraient à l’entrée du bourg, lui fut-il répondu, que nous n’aurions pas peur ! »

Tout au long de la journée, notre frère encouragea ainsi nos amis, souvent bien éprouvés, à porter leurs croix avec profit, pour le salut du monde et la victoire du Cœur Immaculé de Marie. Notre Père nous en a donné l’exemple en 1996 : il s’était engagé dans cette année comme dans un chemin de croix, tendu vers le grand pèlerinage de Fatima le 13 octobre. Il avait été ainsi providentiellement préparé à l’épreuve qui le priverait d’y participer...

Après le pique-nique, tandis que nos sœurs gardaient bébés-trotteurs et petites filles, que nos frères canalisaient le trop-plein d’énergie des garçons, les parents se rassemblèrent pour écouter frère Philippe retracer la vocation orthodromique de l’Immaculée Conception, des Origines à l’Apocalypse. Le plus sûr fondement de notre espérance, en effet, c’est la Vierge Auxiliatrice accourant au secours de la Chrétienté en grand péril, comme en ce soir de défaite du 17 janvier 1871.

RETRAITE A LA MAISON SAINT-JOSEPH

Un bon ami prêtre nous l’a assuré tout récemment : « Votre Père vous suscitera toujours des amitiés sacerdotales pour répondre à vos besoins et vous dispenser les sacrements. » Et de fait : ce mois-ci encore, deux prêtres se sont succédé pour célébrer la messe à la maison Saint-Joseph, nous permettant ainsi d’accueillir nos amis pour le premier samedi du mois et la journée champenoise, les 5 et 6 février. La chapelle, le hall, la bibliothèque étaient combles. Quant au sous-sol, il était encombré de poussettes de toutes tailles, de toutes formes, de toutes couleurs : c’est que les bébés fourmillent ! Toutes nos sœurs étaient mobilisées à la garderie, pour que les parents puissent consacrer leur attention aux péripéties de “ L’Affaire de Nantes ” que leur exposait frère Bruno.

« Il faudrait apprendre cela par cœur ! – Je saurai désormais comment répondre précisément aux questions de nos prêtres sur notre situation dans l’Église ! » Tels étaient les commentaires qui fusaient à la sortie et dans les conversations du réfectoire. Cette rétrospective de la vie de l’abbé de Nantes est passionnante : non seulement parce que le « combat du fils contre son père » qu’il entreprit après le Concile pour porter sa défense de la Foi devant le tribunal suprême est dramatique, gigantesque, mais surtout parce que son appel du pape au Pape est la clef de voûte de la Contre-Réforme catholique. C’est ce qui légitime notre soustraction d’obédience, condition de notre liberté à conserver intégralement notre religion catholique, malgré les errements du magistère.

L’opposition de notre Père à la Réforme et sa soustraction d’obédience pourraient servir d’exemples et d’encouragements à d’autres communautés religieuses, à beaucoup de catholiques en dehors de notre Phalange. Ainsi de cette lectrice :

Chers Petits frères et sœurs de la Communauté du Sacré-Cœur,

Je reprends aujourd’hui la lecture de vos bulletins. J’ai la tête pleine de vous ! Merci pour cette belle définition de la Cène qui est le mémorial par anticipation du Sacrifice de la Croix. Merci de revenir sans cesse sur le cheminement intellectuel et philosophique du grand théologien que fut votre Père fondateur l’abbé Georges de Nantes. Nous ne sommes pas des individus, mais des personnes définies par leurs relations les unes avec les autres. Merci pour l’Évangile de Notre-Dame de Fatima qui est la toile de fond de notre Espérance.

J’ai relu intégralement le fameux numéro 200 d’Il est ressuscité ! qui est la réponse magistrale, courageuse et limpide de votre frère Bruno à l’horrible ultimatum de cet évêque de Marseille. Je ne suis qu’une abonnée, mais j’ai cru un moment être moi-même exclue de l’Église et j’étais prête à prendre la plume pour lui répondre, jusqu’à ce que je comprenne que frère Bruno se chargeait de tout et faisait une réponse commune. Pourtant je ne suis ni phalangiste ni même membre de vos familles CRC.

Mes amis, restez en communautés et droits dans vos bottes !

F. B.

NOTRE PÈRE ET NOTRE-DAME DE FATIMA.

Celui qui veut percer le secret de la persévérance de l’abbé de Nantes dans sa confession de la foi catholique doit écouter la retraite prêchée par frère Bruno cet automne aux communautés : Notre Père et la Sainte Vierge (sigle : S 171). Au fil des sessions mensuelles, elle nourrit la méditation des familiers de nos maisons. Ce mois-ci, les conférences visionnées balayaient les années 1980.

En mai 1981, notre Père entreprit l’étude approfondie des révélations de Notre-Dame à Lucie, François et Jacinthe et prit toute la mesure du  Signe  apocalyptique de Fatima, clef de notre histoire contemporaine : Dieu veut la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, médiatrice de toute grâce.

Cette découverte marqua un tournant décisif dans la vie de notre Père : il comprit que la Sainte Vierge lui confiait le beau souci de mieux connaître, expliquer, diffuser et défendre son message. Dorénavant, la dévotion au Cœur Immaculé de Marie sera son phare dans les tempêtes et le caractère propre de ses disciples phalangistes. La vocation de la CRC est de servir Notre-Dame de Fatima !

Depuis lors, Fatima envahit notre Ciel. Notre Père plaçait la Phalange aux ordres de Notre-Dame de Fatima ? Eh bien ! ce fut pour mener ses combats à Elle, par Elle et pour Elle. En 1987, le prodigieux acte de foi qu’il accomplit en faisant appel au jugement de Dieu contre une hiérarchie apostate fut soutenu et récompensé par une dévotion plus instante au Cœur Immaculé de Marie.

Renvoyé au combat à l’issue de cette “ année de la foi ”, notre Père ne connut plus de répit dans sa défense du Saint Suaire et de Fatima contre les mensonges ecclésiastiques. En contrepartie, le Ciel le réconforta par des lumières nouvelles et savoureuses sur la Sainte Vierge qu’il s’empressa de faire partager à ses disciples. Comment oublier ses commentaires roboratifs du Magnificat ou bien ses méditations ravissantes sur le mystère de la Sainte Colombe ?

ACTUALITÉS : LA GUERRE OU LA PAIX.

Dimanche après-midi, les amis rassemblés dans nos ermitages de Fons, Frébourg et Magé rejoignirent ceux de la maison Saint-Joseph par “ direct ” interposé, afin d’écouter frère Bruno leur décrypter l’actualité.

Notre frère devait tirer au clair l’imbroglio ukrainien : nos médias occidentaux, La Croix en tête, nous alertent, nous affolent, poussent à la guerre en persuadant l’opinion des desseins expansionnistes de la Russie de Poutine. Mais à qui profite cette campagne ? Correspond-elle à un danger réel ?

En réalité, Poutine ne veut pas d’une guerre qui ne profiterait à aucun belligérant. Il supporte donc imperturbablement les discours martiaux de Biden ou Macron, qui comptent sur sa sagesse et son impassibilité afin de pouvoir se poser bientôt devant leur opinion en pleine effervescence électorale comme les sauveurs d’une paix que ni l’un ni l’autre ne songe à rompre. À preuve, les renforts dérisoires envoyés par l’OTAN en Europe de l’Est pour défendre l’Ukraine !

Cependant, il s’agit là de vérités interdites. En Allemagne, lorsque l’amiral Schönbach a qualifié d’inepties les accusations contre les projets d’invasion russe, il a été aussitôt désavoué par son gouvernement, contraint de se rétracter publiquement avant de démissionner un peu plus tard dans la journée !

Il y aurait cependant une raison qui déclencherait une intervention armée de la Russie en Ukraine : ce serait le lancement par Kiev d’une opération de nettoyage ethnique des populations russophones du Donbass. Hypothèse qu’on ne peut exclure tandis que l’armée ukrainienne, noyautée par des éléments ultranationalistes, est pour le moment la seule armée à tuer des Ukrainiens, par ses bombardements quotidiens sur les républiques sécessionnistes de Donetsk et Lougansk.

À quelques milliers de kilomètres de là, la crise de régime subite et violente qui a ébranlé le Kazakhstan pendant le mois de janvier a donné à Poutine l’occasion de faire une nouvelle fois la preuve de sa loyauté dans ses engagements et de l’efficacité remarquable de son armée : une opération extérieure rondement menée, en deux semaines, sans accroc ni bavure, dans le cadre de l’OTSC (Organisation du traité de sécurité collective, rassemblant plusieurs ex-républiques soviétiques). Un exploit ! Pris de vitesse, ni les Turcs ni les Américains n’ont pu réagir. La Russie renforce son emprise stabilisatrice sur l’Asie centrale.

Pendant ce temps, la France crève de l’euro qui l’asservit à l’Allemagne. Notre Père nous en avait prévenus dès 1992, lorsque le traître Mitterrand immolait la nation française sur l’autel de la construction européenne. Il est instructif de relire ses avertissements avec trente ans de recul : Nous assisterons à une mise en tutelle des banques nationales par la Banque centrale européenne ; les coûts dépasseront les prévisions et atteindront des sommes fabuleuses ; l’Allemagne impose ses volontés, c’est le richard de la bande ; si la France connaît demain quelque crise, sociale, économique ou financière, privée de politique monétaire, elle n’aura plus d’autre solution que d’aggraver encore sa pression fiscale jusqu’à éclatement de la nation ! (cf. CRC no 283, juin-juillet 1992, Le traité de Maastricht, Sedan diplomatique)

L’euro n’est pas viable à long terme : c’est même aujourd’hui le titre d’un rapport du très pro-­européen “ Institut Jacques Delors ”, corroboré par les analyses d’économistes comme Jacques Sapir, qui constate l’échec de la monnaie commune. Qu’importe, notre président, en connivence avec le gouvernement allemand, engage résolument la France vers la construction d’un État fédéral européen.

Quant à l’Église, elle pleure ses martyrs... Le nombre des chrétiens tués pour leur foi a augmenté de 24 % en 2021, pour atteindre le nombre de 5 898, selon un rapport de l’ONG Portes ouvertes ”. L’Afghanistan, livré aux talibans, a aussitôt pris la tête du classement des pays les plus persécuteurs. Mais selon le Secret de Fatima, c’est le sang de ces martyrs qui féconde les âmes dans une Église à moitié en ruine.

À moitié seulement, en effet, puisque quelques nouvelles nous encouragent : ainsi de la révélation, partielle, de l’imposture de Medjugorje. Le Vatican reconnaît qu’il n’y a pas eu un seul miracle dans le sanctuaire bosniaque ! Le consortium mystico-­commercial ne désarme pas pour autant. Il se cramponne aux sept premières apparitions de la Gospa, crédibles – diaboliques ! – délaissant les milliers qui ont suivi, dont l’imposture est trop évidente.

La prochaine béatification de Jean-Paul Ier et la canonisation de notre vénéré Père de Foucauld sont elles aussi des signes d’espérance. À condition de réhabiliter leur sainteté véritable, défigurée par le progressisme. Frère François prévoit de mobiliser la Permanence parisienne pour semer dans la capitale des tracts explosifs : “ Saint Charles de Foucauld, martyr pour la renaissance de la Chrétienté ”. C’est pour nous un devoir filial !

Enfin, le pape François vient de mettre le comble à notre joie en proclamant saint Irénée docteur de l’Église. Saviez-vous que c’était là un vœu de notre Père ? Car l’auteur de l’Adversus hæreses, le pourfendeur de la gnose à la fin du deuxième siècle, est le Père de l’Église qui s’est opposé avec le plus de vigueur à l’hérésie qui, aujourd’hui, est devenue universelle à la faveur du concile Vatican II ! En somme, il fut une sorte d’abbé de Nantes en son siècle, comme l’a bien compris l’un de nos correspondants en lisant notre numéro de janvier :

Bien cher frère Bruno,

Je vous écris pour vous dire mon émotion profonde et mon assentiment total à votre éditorial au titre incandescent, Circumincessante Charité, et donc, à son double contenu sur Celle qui à Lourdes a donné son Nom d’éternité : « Je suis l’Immaculée Conception », et sur l’apostasie de Vatican II et des papes conciliaires. Je désire vous commander cinq exemplaires de ce numéro 228, reçu en fin de matinée et dont la lecture d’une traite m’a retenu trois heures, le cœur en joie. Les âmes ne manquent pas autour de moi qui sont passionnées par ce que je peux leur dire sur ces deux sujets, entre autres, et qui n’est mien que parce que je l’ai reçu principalement de l’abbé de Nantes, le Docteur mystique et marial, certes, mais aussi le Docteur providentiel  Adversus hæreses  de notre temps d’Apostasie apocalyptique.

P. T.

Dernière minute : nos frères imprimeurs tiennent à vous informer de la réédition des livres Fatima salut du monde et Sainte Maria Goretti que vous pouvez de nouveau nous commander.

frère Guy de la Miséricorde.