Il est ressuscité !
N° 235 – Août 2022
Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard
LA LIGUE
Amor et angor Ecclesiæ
TOUT au long du mois de juillet, de la Normandie percheronne à l’Anjou vendéenne, sur les hauts plateaux ardéchois et jusqu’au cœur de la « belle province de Québec », grâce au ministère de nombreux prêtres diocésains rencontrés au fil des jours et des pèlerinages, les enfants et jeunes gens de nos camps familiaux ont été « les heureux enfants de l’Église ». Joie tellement réconfortante si profondément évoquée par notre bienheureux Père :
« L’Église ! Aussitôt que nous parlons d’elle ou que nous sommes réunis pour chanter les louanges de Dieu, nous éprouvons la joie d’une pure fraternité. La race, la couleur, le rang, les dons, la richesse, toutes ces distinctions s’effacent dans la mesure même où s’exprime notre foi en elle, notre culte, notre soumission... » (Lettre à mes amis, no 134)
« COMME DES PLANTS D’OLIVIER »
À SHAWINIGAN.
La maison Sainte-Thérèse sise à l’extrémité de soixante-quinze hectares de terrain accidenté offre à la jeunesse un ample espace de jeu et de travail... Pour ce qui est des lieux de pèlerinages, impossible de s’y rendre en vélo. Mais étant donné que les sessions et camps se trouvent chaque année sous le patronage de saints, et que chaque famille a pour mission de faire connaître le sien par des saynètes lors des veillées, illustrant ainsi les passionnantes instructions de frère Pierre, eh bien ! on peut dire que nos amis canadiens sont, au cœur de l’Église, en perpétuel pèlerinage... Après être entré dans la familiarité de saint Dominique, de saint Ignace, de sainte Louise de Marillac et de saint Vincent de Paul, frère Pierre avait placé le camp de juillet sous le patronage de notre bien-aimé Père...
FONS.
Trop de côtes dans ce rude pays, et donc pas de vélo, mais des marches en montagne, des grands jeux en forêt, des ateliers plus ingénieux les uns que les autres, des visites intéressantes, des cratères hyperjoyeux, etc. Sur les traces du Père de Foucauld, pèlerinage à Viviers, et installation aux alentours de Notre-Dame des Neiges.
Instruction sur les apparitions mariales par frère Thomas, sur le Père de Foucauld par frère Pierre, frère Michel se réservant d’instruire les enfants de la défense de la foi, tout au long du dix-neuvième siècle, et ensuite celle que dut entreprendre notre bienheureux Père contre la réforme de Vatican II, cause proportionnée de la ruine de l’Église...
FRÉBOURG.
Nos deux camps se déroulèrent sous l’égide de deux saints patrons : sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face, qui voulait vivre au temps de l’Antéchrist, et notre bienheureux Père, qui lui, le combattit victorieusement tout au long de sa vie. Pendant les jours de camp fixe, frère Pascal nous fit bien comprendre le contexte et le contenu du Liber I, entremêlant les souvenirs personnels aux points de doctrine pour mieux répondre aux questions... Nous prendrons les vélos pour nous rendre à Alençon dans la maison même où ont vécu les saints Louis et Zélie Martin, les parents « plus du Ciel que de la terre » de la petite Thérèse et de ses saintes sœurs.
Souvenir inoubliable du pèlerinage à Lisieux lors du second camp, en compagnie de notre frère Bruno qui commençait ainsi sa visite “ canonique ” des ermitages en période de camp. Messe célébrée par l’abbé Zambelli dans la crypte, homélie toujours très attendue. Elle ravit frère Bruno, puisqu’elle unissait dans un même amour la Petite voie, le chemin nouveau, « Omen novum » de la petite Thérèse docteur de l’Église, et « Georges de Nantes votre fondateur, qui l’a si bien comprise... » Frère Thomas dirigeait les chants polyphoniques, notamment le plus beau et le plus apprécié de tous : “ Jeter des fleurs ”. Célestielle et fraternelle liturgie...
À Frébourg comme dans tous nos ermitages, Primum vivere ; rien n’aurait donc pu se faire sans l’intendance orchestrée avec discrétion, compétence, sourire, par nos chères sœurs et leurs dévouées auxiliaires laïques...
MAGÉ.
Frère Jean Duns introduisit le camp en évoquant les saints et saintes qui seront rencontrés et mieux connus, aimés au fil des activités et pèlerinages ; leur point commun étant d’avoir lutté par amour de Dieu et de son Église, contre les idoles, le monde et la Révolution : le prophète Élie, thème du prochain oratorio ; évocation du martyre des Vendéens à Saumur ; le Père Bérault et Anne de la Girouardière, fondateurs des sœurs du Sacré-Cœur de Marie à Baugé, lieu béni où tout le camp put adorer et vénérer une relique insigne de la Sainte Croix. Pour finir la vie de notre bienheureux Père, mis à part pour témoigner de la vérité, du jour de son baptême à celui de son Dies natalis ; sans oublier le dernier “ saint de chez nous ”, l’amiral Lecoq qui venait de rendre son âme à Dieu dans la maison Saint-Louis-Marie, et qui allait veiller du haut du Ciel à la bonne organisation des camps qu’il avait si précisément planifiée.
Frère Bruno a été ravi du bon esprit régnant dans tous les camps, constaté lors de son pèlerinage à Lisieux ; au cours des promenades en montagne avec “ Fons ” ou en assistant à la répétition de l’oratorio à Magé. Et nous tous, heureux de le voir en si bonne forme...
ANGOR ECCLESIÆ
Dès 1967, notre Père, théologien de la Contre-Réforme catholique décrivait le processus, non pas tant d’une « autodémolition » de l’Église comme s’en plaindra un jour Paul VI, mais bien plutôt d’une “ déconstruction ” et ruine, par voie d’autorité :
« S. S. Paul VI régnant, par la grâce de Dieu, sur le Siège de saint Pierre et Charles De Gaulle par la volonté du peuple à Paris, pour le châtiment de l’humanité, la nouvelle Église “ qui a le culte de l’homme ” a vécu sa première année postconciliaire. Derrière la façade d’autosatisfaction de discours flatteurs, de création de commissions et d’assemblées innombrables, dans la frénésie des destructions et des innovations – comme si la nature humaine et le monde avaient subitement changé en même temps que le Message évangélique et l’Église ! – voici accéléré le processus d’autodestruction de la société chrétienne, prévisible dès le discours d’ouverture du 11 octobre 1962, prévu et annoncé dès la parution de l’encyclique Ecclesiam Suam qui en est la Charte.
« J’ai averti : si vous ouvrez l’écluse, si vous descellez le rocher, vous n’arrêterez plus la course torrentielle des éléments déchaînés, ou difficilement, et à quel prix ! Mais on n’écoute pas “ les prophètes de malheur ”. On a joué avec la foi, avec les mœurs, avec la vie de l’Église, et on se perd. Maintenant, certain docteur de la Révolution et certain Prince de l’Église commencent à crier au cheval emballé : “ Ho ! Ho ! ”, mais en vain. Vous avez posé les principes, vous aurez les conséquences et il nous faudra tous boire ce calice jusqu’à la lie. Ce n’est pas encore cette année qu’on verra nos chefs, politiques et religieux, rétracter leurs erreurs et renverser le mouvement. Rétrograder, réagir, pensez donc ! » (Lettre à mes amis no 240, 6 janvier 1967)
LE SYNODE SUR LA SYNODALITÉ
Absolument persuadé que Vatican II est l’œuvre du Saint-Esprit, et que ses prédécesseurs sont des “ saints ”, le pape François poursuit à marche forcée la Réforme de l’Église.
AU FEU, AU FEU, AU FEU DANS LA MAISON DE DIEU.
Les conclusions du synode allemand, les attendus de leur “ cahier de doléances ”, témoignent d’une inexorable désorientation diabolique : plus de démocratie et donc de pouvoir accordé aux laïcs dans l’Église ; ordination des femmes, mariage des prêtres ; fin de la discrimination des homosexuels ; Morale de l’Église qui doit évoluer et intégrer l’homosexualité et ses dérivés, etc.
De l’urne synodale française sortiront les mêmes sales sataniques revendications que sœur Nathalie Becquart, sous-secrétaire à Rome du synode sur la synodalité, nomme « les surprises de l’Esprit-Saint ». Esprit diabolique de ce néo-cléricalisme qui frappe Jésus au cœur en réclamant : « Des messes enfin, qui accentueraient le partage à partir des lectures de la Bible et minimiseraient le sacrement de l’Eucharistie, lequel serait considéré comme excluant pour les personnes homosexuelles et les divorcés-remariés. » (Le Figaro du 17 juin 2022)
Pourquoi le pape François et les évêques ne se servent-ils pas de leur pouvoir apostolique, doctrinal et coercitif, pour mettre un terme, en nom Dieu, à ces revendications qui sont hérétiques, schismatiques et scandaleuses, offenses à Dieu, avant que d’être une « tentative de coup d’État » (cardinal Kasper), ou des « nouveautés » (sic) qui menacent « l’unité de l’Église » ? Qui va éteindre cet incendie ?
LA MÉTHODE SYNODALE DU PAPE FRANÇOIS.
« Le Synode ce n’est pas faire des enquêtes sociologiques, comme certains le croient : “ Voyons, demandons à un groupe de laïcs de répondre à une enquête, si nous devons changer ceci, cela... ”. Vous devez bien sûr savoir ce que pensent vos laïcs, mais ce n’est pas une enquête, c’est autre chose. S’il n’y a pas d’Esprit-Saint, il n’y a pas de Synode. Si l’Esprit-Saint n’est pas présent, il n’y a pas de synodalité (...).
« Pensez au concile d’Éphèse (431), comme ils se disputaient ! Mais ils étaient courageux... Et à la fin c’est l’Esprit qui les a conduits à dire : “ Marie, Mère de Dieu ”. C’est le chemin. C’est l’Esprit. Parce que nous ne voulons pas devenir une Église congrégationaliste, mais une Église synodale. » (2 septembre 2019)
Et de spécifier le 23 octobre 2019 : « La méthode ecclésiale pour la résolution des conflits se fonde sur le dialogue fait d’écoute attentive et patiente, et sur le discernement réalisé à la lumière de l’Esprit. C’est l’Esprit, en effet, qui aide à surmonter les fermetures et les tensions et qui travaille dans les cœurs pour qu’ils parviennent, dans la vérité et le bien, à l’unité. »
THÉRAPIE DE CHOC SUR UNE ÉGLISE MALADE.
Outre l’irénisme, le charismatisme et le démocratisme de cette profession de foi synodale, ce que ne réalise pas François, car lui-même est atteint par la “ maladie ”, c’est que l’Église est malade d’une rupture de tradition. Depuis saint Pie X, en opposition avec la doctrine de ce saint Pape, en subversion de ses excellentes réformes catholiques : bibliques, liturgiques, canoniques, etc., la secte moderno-progressiste s’est imposée dans l’Église, et avec elle, l’esprit de réforme protestante. D’abord par le biais de l’Action catholique spécialisée sous le règne de Pie XI, puis par la Démocratie chrétienne après la Libération.
SCANDALE, MAIS INCOMPRÉHENSION DES BONS.
Notre meilleur éditorialiste catholique, Jean-Marie Guénois, pose dans le Figaro du 16 juin une question incisive : « La Réforme de l’Église est-elle sans limite ? », mais son article n’y répond pas. On le sent scandalisé par les propositions synodales françaises, véritables « protestantisation du catholicisme », mais l’analyse des causes du mal reste très limitée et impersonnelle : « Ce cahier des réformes est le copié-collé d’une musique de fond jouée par les milieux progressistes depuis des décennies... ». Il nous apprend aussi que Mgr Joly lui-même a été obligé de reconnaître qu’ « une génération complète, les 20-45 ans, a manqué à l’appel des réunions synodales dans les diocèses. Étaient surtout présents des plus de soixante ans et peu de prêtres. » Comme c’est révélateur, mais pourquoi donc ?
Dans le Figaro du 18-19 juin dernier, Guénois nous instruit des rouages par lesquels sont remontées les propositions synodales, et comment elles aboutirent toutes dans les mains d’une douzaine de laïques choisis par Mgr Joly. Ensuite il nous révèle la valse-hésitation de l’épiscopat français en face d’un tel texte : « On ne parlait même pas du Christ dira un prélat. » Ils refuseront de voter et donc d’avaliser les demandes révolutionnaires, mais ils voteront tout de même finalement sa transmission telle quelle à Rome... Tout cela paraissant bien pitoyable et ridicule, Jean-Marie Guénois tire pour finir quelques flèches bien ajustées contre François : « Au lieu de lancer la réforme par le haut, ce génie politique juge plus efficace de mettre toute l’Église “ en marche synodale ”... »
Comment en est-on arrivé là, monsieur Guénois ? À cause d’une simple « musique de fond » progressiste, vraiment ? Qui a rendu nos évêques malades, impuissants et ridicules ? Le pape François n’est pas un « génie politique » assurément ; Benoît XVI l’était-il davantage ? Chez qui François a-t-il puisé son inspiration ? Chez Paul VI, vous le savez bien, et dans Gaudium et Spes. Alors voici la vérité et les causes, lointaines peut-être, mais proportionnées et toujours actuelles du drame d’apostasie que nous vivons ; analyse de l’abbé de Nantes, notre Père, qui jette, une fois de plus, un flot de lumière dans la nuit d’une désorientation diabolique où tous s’agitent et commencent à s’affoler...
L’ACTION CATHOLIQUE DE PIE XI À MGR JOLY.
« L’Action catholique dans les années 1920-1930, selon l’esprit du temps qui était tout à la fois démocratique et totalitaire, monolithique dans l’organisation et les effets de masse, anarchique dans la doctrine et dans la vie, est à l’opposé des principes constitutifs de l’Église (...). Sa méthode d’apostolat est laïciste, démocratique et foncièrement immanentiste. Elle est contraire à l’unité et à la sainteté de l’Église, dont le ministère s’est toujours fait par autorité hiérarchique et par influence de sainteté. D’ailleurs, un cléricalisme (sic) réservé à un parti de prêtres et de religieux “ spécialisés ” et un élitisme confisqué au profit du parti démocrate-chrétien ont fait de l’Action catholique une secte aux objectifs hérétiques et schismatiques. » (Point 29, des 150 Points de la Phalange de l’Immaculée)
C’est pourquoi au Point 29, § 2 des 150 points : « L’Église diocésaine », l’abbé de Nantes donne la consigne suivante aux membres de son tiers ordre, et du même mouvement décrit et démasque les organismes parasitaires dont l’Église se meurt, et à qui le pape François a remis le sort de l’Église, Mgr Joly étant issu de ces réseaux :
« Le phalangiste n’aura en revanche que doute et méfiance envers tous les organismes collégiaux, bureaucratiques, parlementaires, qui, au-dessus, sous prétexte de conférences et de commissions épiscopales, au-dessous, sous prétexte de représentation des prêtres et des militants, ou au même niveau, telles les centrales des mouvements d’Action catholique, empiètent sur l’autorité personnelle de l’évêque, qu’ils discréditent et annihilent. Ces organismes parasitaires revendiquent un pouvoir consultatif qui leur permette de dominer l’opinion populaire, et un pouvoir délibératif, de toute manière usurpé, pour contrôler le gouvernement de l’évêque. Ces oligarchies anonymes, irresponsables, s’avèrent foncièrement révolutionnaires ; toutes les hérésies et les schismes y trouvent abri et réconfort. »
Dans les années 50, le corps et la tête de l’Église étaient, malgré les apparences, si malades que Pie XII lui-même refusa toujours de convoquer un concile tant il craignait que l’autorité romaine en perde le contrôle. C’est précisément ce qui va arriver sous les règnes de Jean XXIII et de Paul VI. Si l’hérésie s’est imposée au Concile, c’est grâce à eux, à Paul VI surtout. En 1978, saint Jean-Paul Ier ne put que constater avec effroi : « Le diable est au Vatican » ; il en mourut, martyr de ses frères...
Le diable et ceux qui lui appartiennent sont à la manœuvre dans l’Église, c’est ce que les premières remontées du synode sur la synodalité viennent de révéler, et que François va être obligé de prendre en considération, car la démesure a atteint un tel degré, que cette fois, “ le diable va porter Pierre ”, le contraindre « d’aller là où il ne veut pas aller » (Jn 21, 18) : utiliser la force divine de son infaillibilité, afin que les portes de l’Enfer ne prévalent pas contre notre sainte Mère l’Église catholique et hiérarchique. Mais ce sera difficile pour une raison qu’une fois de plus, seul l’abbé de Nantes, a comprise et dénoncée.
LE PIÈGE DU « PACTE CONCILIAIRE »
« Opposé violemment, dès 1962, à cette rage de réforme, de changement, de nouveauté, qui allait devenir l’essentiel du pacte conciliaire dont l’Église est maintenant prisonnière, j’avais prévu et annoncé que le Concile s’étant terminé dans un accord général, les conséquences s’ensuivraient rapidement : dans tous les domaines, d’immenses bouleversements s’accompliraient sans aucune résistance de l’ensemble de l’Église hiérarchique. Elle était dès lors livrée aux réformateurs, à leurs inventions, à leurs expériences, les stupides et les pires devant fatalement l’emporter sur les bonnes ou les excellentes. L’idéal proclamé était celui de la réforme permanente. » (CRC no 120, août 1977, p. 3).
Le pacte conciliaire est donc « une promesse de solidarité et de défense mutuelle qui unit les acteurs de Vatican II » dans une même volonté : maintenir l’Église dans un état de « réforme permanente ». Ce pacte n’est pas vraiment dirigé contre les réformistes, « ceux qui vont trop vite », les imprudents, car ce sont des amis. On peut les désavouer, leur dire qu’ils exagèrent, mais jamais ou presque on ne leur fera procès pour les condamner. En revanche le pacte fait bloc et front commun contre ceux qui, comme notre Père, s’appuient sur l’enseignement infaillible du bienheureux Pie IX dans le Syllabus (1864), pour condamner à sa suite « l’affirmation selon laquelle le monde moderne étant en progrès de la pensée, des mœurs, de la civilisation, de la religion, l’Église doit s’ouvrir à ce progrès » (1983 : L’Église malade du Concile).
LE PAPE, LES TRADITIONALISTES ET LA CRC
Frère Bruno visitant les jeunes gens de nos camps prendra une comparaison qui rend bien compte de la personnalité de François et de ses actions. Le Pape a l’âge de notre frère Prieur, mais tandis que celui-ci a rencontré notre Père et s’est attaché à lui, comme saint Jean à son Divin Maître, Bergoglio, lui, a rencontré Paul VI à une période difficile de sa vie, et il s’est attaché à ce Pape qui lui est apparu puissant prophète et héraut du Christ, « Maître et rédempteur de l’humanité, centre de l’histoire et du monde ; le compagnon et l’ami de notre vie qui nous connaît et qui nous aime, etc. » (Homélie du 27 novembre 1970 à Manille)...
DISCIPLE DE PAUL VI.
C’est ainsi que Georges Bergoglio en est venu à considérer l’exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi (8 décembre 1975) comme « le plus grand document pastoral qui ait été écrit à ce jour ». Or, cette annonce de l’Évangile ne correspond pas du tout à celle ordonnée par le Seigneur, et pas davantage aux fondamentaux de la foi, de l’espérance et de la charité rappelés par les apparitions et les messages de Notre-Dame de Fatima. Notre Père a démontré que Paul VI avait mutilé des citations de la sainte Écriture pour « présenter l’Évangile avec assez de tact et de séduction afin de le rendre acceptable, désirable, à l’Homme moderne ! Alors, pas question de l’imposer, d’en rappeler l’obligation sous menace de damnation, ainsi que du baptême, de la foi aux dogmes, de la pratique de la morale du Christ ! “ Hors de l’Église point de salut ” ? Nécessité du baptême pour échapper à l’empire de Satan ? et de l’Eucharistie pour connaître la Vie éternelle ? Plus question. » (CRC no 103, mars 1976, p. 12).
On ne s’étonne plus de l’aveuglement de notre malheureux Saint-Père, ni non plus de ses indignes repentances lors de son dernier voyage au Canada, et de la gnose finalement qui sous-tend pareilles élucubrations...
LE PAPE FRANÇOIS ET LA MESSE DE SAINT PIE V.
Jean-Paul II et son alter ego Ratzinger, sentant que la jeunesse catholique penchait dans son ensemble vers la tradition, voulurent tout à la fois, la dégager du schisme Lefebvriste, la préserver surtout de l’influence de la Contre-Réforme catholique, puis faire oublier aussi la décision schismatique de Paul VI interdisant l’ancien ordo... La Commission pontificale Ecclesia Dei (1988) accueillit donc les communautés qui refusaient de participer au schisme de Mgr Lefebvre, comme aussi des monastères comme Fontgombault désireux de garder l’ancien ordo. Cela leur fut accordé à la condition évidemment d’une acceptation officielle, non négociable, du concile Vatican II.
Le 7 juillet 2007, le motu proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI, confirmait et étendait à toute l’Église la possibilité de célébrer le rite tridentin, dit « forme extraordinaire », tandis que l’ordo de Paul VI demeurait toujours « la forme ordinaire ». Le pape François, disciple de Paul VI, animé par la volonté de faire aboutir Vatican II, revint logiquement à la quasi-interdiction de la messe de saint Pie V en vigueur sous le règne de Paul VI.
Ce que François soupçonne chez ceux qui célèbrent cette messe, non sans raison, c’est un attachement à la foi catholique du concile de Trente, et donc doublée d’une radicale opposition à la Réforme protestante ; un attachement à un modèle d’Église, sacerdotale, eucharistique et mariale, pas suffisamment ouvert aux inspirations que l’Esprit répand parmi les laïcs ; plus grave encore, un attachement à la projection temporelle, sociale et politique, de cette Église fidèle au Christ : la Chrétienté, royale et communautaire.
Quelles que soient les dispositions ou la nationalité du célébrant, le rite tridentin est objectivement le vecteur de tout ce que Paul VI a voulu supplanter et définitivement annihiler par Vatican II et son ouverture au monde de la Réforme, des Lumières, de la Révolution française et de l’athéisme contemporain.
Le 18 décembre 2021, le motu proprio Traditionis custodes, a été augmenté d’un ajout qui restreint davantage encore l’exercice de l’ancien culte. Cependant, le 11 février 2022, le pape François a de nouveau permis à la Fraternité Saint-Pierre de célébrer dans le rite tridentin en échange évidemment d’une allégeance inconditionnelle et sans bavure au Concile. Mais ils auront beau être d’une prudente, respectueuse et silencieuse réserve vis-à-vis de Vatican II ou même pratiquer le CEC à la lettre, ils seront toujours suspectés, à commencer par le pape François en personne :
Il voit, dit-on, les traditionalistes comme des « nostalgiques », des « restaurationistes », des « marche en arriéristes », etc. Mais il ne comprend pas que des jeunes le soient : « J’essaie toujours de comprendre ce qui se cache derrière les personnes qui sont trop jeunes pour avoir vécu la liturgie préconciliaire, mais la réclament. Creusez, creusez, cette rigidité cache toujours quelque chose : l’insécurité, parfois même plus [le Pape ne pense ni à la foi, ni à la piété eucharistique]... La rigidité est défensive. Le véritable amour n’est pas rigide... » (Le Figaro du 18 janvier 2022)
LA LIGNE DE CRÊTE CRC : NI SCHISME, NI HÉRÉSIE.
Cependant, entre le pape François et les traditionalistes, il ne faut pas se laisser abuser par les apparences, il ne s’agit pas d’une querelle entre les anciens et les modernes, ni entre “ les rigides ” ou “ les flexibles ”, ni même entre les “ marche en avant ” de Vatican II ou les “ marche en arrière ” du concile de Trente. Il s’agit bien plutôt de l’irréductible confrontation du dogme de la foi catholique et de sa mise à jour “ protestante ”, tout à la fois progressiste et moderniste, réalisée lors du Concile Vatican II.
Notre Père a été le seul de sa génération à ne pas se faire piéger par ces dialectiques primaires ni se laisser obnubiler par la question liturgique. Il a frappé à la tête, démasqué l’hérésie, le schisme et le scandale dans les dits, faits et gestes du pape Montini, du pape Wojtyla comme aussi dans les textes de Vatican II et du Catéchisme de l’Église catholique. Ces trois dossiers d’accusation ne jugent pas, mais demandent toujours à être jugés par un appel à l’infaillibilité du Pape, au terme d’un loyal procès doctrinal en matière de foi... Le fait qu’il n’ait jamais pu l’obtenir, et qui fait toujours sourire de commisération les chefs traditionalistes, est la preuve même de l’infaillibilité de l’Église, ça n’est pas rien... Les trois démarches canoniques de notre Père permettent à frère Bruno de poursuivre son œuvre de Contre-Réforme comme celle de renaissance catholique, et Dieu sait si elle est lourde de magnifiques progrès et projets d’avenir. Le tout sans avoir eu à renier sa foi, ni à se rallier à Vatican II, mais qui plus est, tout en intégrant le meilleur de la théologie contemporaine...
MÊME ERREUR, MÊME ILLUSION QUE MGR LEFEBVRE.
Faute d’avoir voulu s’aligner sur le « traditionalisme intelligent » et la « ligne de crête » CRC, les communautés Ecclesia Dei ont commis la même erreur que Mgr Lefebvre, lorsque dans les années 70, celui-ci jouait “ au chat et à la souris ” avec Paul VI. “ La souris ” était au séminaire d’Écône et pensait sauver l’Église à elle seule ?!... Elle est aujourd’hui en France dans une quinzaine de communautés et “ le chat ” est toujours à Rome... Ce qui devait arriver, arriva, et vient encore d’arriver...
Au comble de la confusion doctrinale, les traditionalistes de toute obédience chérissent plus que jamais Ratzinger, cheville ouvrière de Vatican II, éminence grise de Jean-Paul II, ils révèrent Benoît XVI à l’égal d’un saint docteur de l’Église. Ils ne voudront jamais rien savoir des preuves redondantes apportées par notre Père et frère Bruno, tous deux démasquant en Ratzinger le docteur d’un subtil progressisme et modernisme, s’imposant sous les séductrices apparences d’un catholicisme traditionnel, à grand renfort de magnifiques citations bibliques ou patristiques, dans l’or et l’encens de grandes pompes liturgiques...
NI INTÉGRISME NI PROGRESSISME,
MAIS UNE “ TROISIÈME VOIE ” ?
François espère que durant la démarche synodale telle qu’il l’entend, une “ troisième voie ” émergera, véritable surprise de l’Esprit-Saint. Cette “ troisième voie ” à laquelle saint Jean-Paul Ier aspirait comme les meilleurs de sa génération, seul l’abbé de Nantes, disciple de saint Pie X, l’a tracée en docteur de l’Église tout au long de sa vie, notamment lors de ses cours de théologie kérygmatique (1972-1973), ceux sur les grandes crises de l’Église (1975) ou dans ceux sur “ les sacrements, mystères chrétiens ” (1976-1977) qui suscitèrent l’admiration du Père Congar lui-même...
Cette troisième voie, dogmatique et pastorale, sera l’œuvre d’un concile Vatican III dont notre Père et frère Bruno ont tracé les voies, afin que l’Église reprenne sa grande course missionnaire de conversion et de sanctification des âmes dans le monde entier.
En attendant, il ne faut pas oublier que le Bon Plaisir de Dieu nous offre aujourd’hui encore et plus que jamais, une véritable et aimable troisième voie : La dévotion réparatrice au Cœur Immaculé de Marie. Elle a fait ses preuves apostoliques, et semble bien faite pour unir les âmes de bonne volonté et de bonne foi, quelle que soit leur “ sensibilité ”... Telle est la « surprise de l’Esprit-Saint » que le Christ propose au pape François pour rebâtir son Église ! Il n’y en aura pas d’autres...
COURRIER DES LECTEURS
Mon bien cher frère Bruno,
« Après avoir lu sur le site votre commentaire de la Lettre apostolique Desiderio desideravi, je voulais vous écrire pour vous faire part de mon enthousiasme et de ma perplexité en présence de ces deux parties, tellement différentes.
« Le meilleur vous l’avez cité en en montrant la convergence avec la doctrine de notre Père, avec Fatima, mais tout en relevant aussi les impasses, les désorientations iréniques, unanimistes... Plus profondément, puisqu’il s’agit de l’Église, vous montrez tout de suite, sur quel corps malade, désorganisé, va s’exercer la réforme liturgique, celle du “ rêve ” de François, où une fois de plus “ le pire ” succédera au meilleur... Il s’enchaîne alors rapidement : “ la Réforme de François ” ; au nom du “ symbolisme ”, tout l’édifice de notre religion plane alors entre ciel et terre, ni dans l’un ni sur l’autre : “ gnose qui s’ignore ”...
« Je cherchais comment ces deux parties pouvaient cohabiter dans un même esprit, et il m’a semblé trouver la solution dans la conclusion de “ La réforme de la messe, chimère ou réalité ? ” CRC no 101 de janvier 1976. Je voulais vous soumettre ce texte qui vous serait peut-être très utile. Il me semble qu’il rend compte des deux parties tellement contradictoires de la Lettre apostolique Desiderio desideravi :
« “ La Réalité d’aujourd’hui, et elle pèsera d’un poids de plus en plus lourd, c’est l’enclenchement de l’hérésie sur le Mouvement liturgique préconciliaire, c’est la ruine de la religion à partir de la Réforme conciliaire de la Messe. Dans un même dynamisme, d’un même mouvement, le pire est sorti du meilleur, et tout nous est imposé ensemble par la même implacable autorité romaine, rendant le meilleur exécrable par sa relation au pire. L’échec de cette Réforme si ardemment désirée, la trahison d’un Mouvement si prometteur nous remplissent d’amertume et de juste fureur. Ils font aussi l’aigre succès de ceux qui n’en ont jamais rien voulu savoir, rivés à leur étroit rubricisme.
« “ Est-il donc chimérique de vouloir un renouveau liturgique qui ne soit pas le véhicule forcé du Luthéranisme et de l’Humanisme, et le prétexte à l’anarchie ? À cette première question du moins nous pouvons répondre par l’expérience de cinquante ans, 1903-1963 : non, ce n’est pas une chimère ! L’échec est venu de la trahison d’un seul. Tout a été perdu par la faute de Paul VI ouvrant l’Église aux hérésiarques, abandonnant le sanctuaire aux impies et nous chassant.
« “ La Réalité de l’avenir, par la main sage et pieuse, ferme et audacieuse, d’un saint Pape soutenu par un grand Concile, se laisse-t-elle deviner ? Sera-ce, instruits par l’expérience actuelle, un retour à la Messe de saint Pie V, au latin, au secret d’un culte hiératique et sacerdotal ? Sera-ce, mais réussie cette fois, la grande ouverture à une liturgie spontanée, populaire, fraternelle, dans la ligne tout de même des grandes intuitions modernes ? Ceux qui voudront bien écouter les seize conférences de notre retraite d’automne sur le Saint-Sacrifice de la Messe, Mystagogie eucharistique (S 28), connaîtront du moins les termes de cet immense problème, de religion et de civilisation.
« “ Quant à sa solution, elle dépasse et notre pouvoir et notre réflexion. Il y faudra sur le Pape et le Concile, demain, les lumières du Saint-Esprit. Ma seule volonté est de nous garder tous, dans cette heure de ténèbres, assez dociles à Dieu et à son Église pour tenir tout ensemble en vénération et amour Nova et Vetera, les nouveautés heureuses avec les antiques trésors de la tradition, faisant confiance à la Sainte Église pour décider des merveilles de l’avenir. ” Parole d’un docteur de l’Église !... »
Comme le disait donc notre Père, et comme vous l’avez montré une fois de plus, “ le meilleur ” s’est vite corrompu en “ pire ”... Mais la joie demeure, celle de constater que vous maintenez la ligne de crête, et que fort de votre lutte contre l’hérésie et la gnose, vous prolongez l’œuvre “ kérymatique ” de notre bienheureux Père : Nova et Vetera... et préparez ainsi la résurrection de l’Église...
frère Philippe de la Face de Dieu.
LA DÉVOTION RÉPARATRICE
OU LES CINQ PREMIERS SAMEDIS DU MOIS
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3e édition, août 2022, 5e mille, disponible sur demande.