Il est ressuscité !

N° 236 – Septembre 2022

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


LA LIGUE

La Ligue

Enfants de l’Église

RAREMENT notre CRC  n’a si bien signifié « Comment rester catholique » que pendant le camp de la Phalange, du 16 au 27 août. Tandis que l’Église est universellement conspuée, et jusque par le Pape, frère Bruno a profité de ces jours de retraite pour la faire mieux connaître et aimer aux jeunes phalangistes. L’ensemble de nos études et méditations, qui seront publiées tout au long de l’année dans Il est ressuscité ! et sur notre site de VOD, furent donc placées sous le titre : Sainte Église, notre Mère.

LE BONHEUR D’ÊTRE ENFANTS DE L’ÉGLISE.

Saint Joseph prend bien soin de nous. Pour la seizième année consécutive, il nous a accueillis dans un splendide domaine placé sous son patronage : un immense château renaissance dressé au milieu d’un vaste parc arboré. Le mardi 16 août au soir, dans la grande chapelle du château – devenue salle de banquet, hélas ! mais que nous rendons chaque année à sa vocation première –, frère Bruno ouvrit le camp en exposant son intention générale :

« Être enfant de l’Église, nous disait notre Père, c’est ma joie, c’est ma croix, c’est ma gloire. Mes enfants, nous sommes réunis pour dix jours afin de goûter ensemble le bonheur d’être enfants de l’Église. »

En vérité, pour les quelque cent soixante participants, encadrés par une vingtaine de frères et une demi-douzaine de sœurs, se retrouver dans un milieu intégralement catholique, libres de prier, de nouer de saines amitiés, loin du monde et de ses tentations, c’est le commencement de ce bonheur des enfants de l’Église. Depuis près de cinquante ans qu’il organise des camps de jeunes, frère Bruno leur a rarement trouvé un si bon esprit. Le baromètre de leur enthousiasme ? La pluie de questions essuyée à chaque promenade, la ferveur pour chanter les offices, l’entrain aux jeux, enfin. Les frères en ont fait les frais, lorsqu’ils ont tenté de relever leur défi au football !

Plus profondément, quel est le mystère de notre sainte Mère l’Église et de cette joie que nous goûtons en elle ? Chaque jour, une conférence devait nous y initier. Notre Père nous a appris à entrer dans les mystères par l’histoire. Ainsi frère Bruno nous présenta-­t-il en introduction L’Église de Jésus-Christ. Survolant tout l’Ancien Testament et l’Évangile, notre frère nous montra que le dessein éternel de Dieu le Père est de donner une épouse à son Fils. Cette épouse, c’est d’abord l’Immaculée Conception. Mais à sa suite, c’est toute l’humanité que Dieu veut s’unir, dans l’Église.

Le lendemain après-midi, à la promenade, une fois regroupés sur une colline voisine, les questions fusèrent. C’est un charme d’entendre ces jeunes gens habituellement engoncés dans les soucis du siècle poser des questions si profondes sur les mystères de notre religion. Ce qui semble les préoccuper le plus, ce sont les relations de la Très Sainte Vierge Marie et de l’Église : en est-elle la Mère, comme le définit le concile Vatican II, ou bien le modèle, la personnification ? Notre vocabulaire humain est bien pauvre. Il semble tout de même que le terme le plus juste soit celui de Médiatrice : c’est par Marie que l’Église reçoit toutes grâces, qui la façonnent à son image.

Autant de questions, autant d’actes de foi que nous sommes incités à accomplir, car ce sont des mystères vertigineux ! Ah ! voilà nos jeunes bien loin de la fac et de l’Éducation nationale !

Le soir, ils assistèrent à un spectacle extraordinaire : l’abbé de Nantes racontant deux mille ans d’histoire de l’Église en quarante-cinq minutes, avec une allégresse communicative ! C’était en 1985, dans son cours d’Apologétique totale. Notre Père démontre irréfutablement que l’Église est un miracle permanent, jusque dans la grande apostasie que nous vivons ! Les détracteurs de notre Mère sont enfoncés et spécialement le plus fielleux d’entre eux, le cardinal Ratzinger (disponible sur la VOD : AP II. 8, Orthodromie catholique).

Si nous aimons l’Église, c’est bien à notre Père l’abbé de Nantes que nous le devons. Il s’est tellement identifié à elle, épousant ses soucis, souffrant de ses épreuves, menant ses combats, que toute sa vie constitue une défense et illustration de son mystère ! C’est par lui que nous avons le bonheur d’être enfants de l’Église.

Cette grâce de l’écouter nous transmettre son amour pour sa Mère se renouvellera quotidiennement lors du sermon de la messe. En effet, un curé de nos amis ayant accepté de participer au camp, nous avons eu la grâce, désormais si rare, d’assister chaque matin au Saint-Sacrifice et de pouvoir nous confesser. Qu’il fait donc bon vivre en enfants choyés de l’Église !

La deuxième conférence devait précisément nous faire apprécier le prix de la messe : bien plus qu’une rencontre individuelle avec le Sauveur, elle est la célébration par le Christ et son Épouse de leur Alliance, source de toute la vie de l’Église et de la Chrétienté.

Les jours suivants, frère Louis-Gonzague nous démontrera que l’Église est maîtresse de civilisation, fondant cette merveille de la Chrétienté. Frère Scubilion nous décrira l’Église missionnaire, arrachant les païens aux démons. Puis frère Thomas nous la fera admirer affrontant la terrible contre-offensive menée par Satan à partir de 1789 : l’Église est contre-­révolutionnaire. Au fil de ces conférences brillent des figures admirables de saints, comme autant de visages d’une Église accomplissant fidèlement sa vocation d’arche universelle du salut, malgré la rage grandissante de l’enfer. Certains nous furent présentés plus en détail au cours des cratères, le soir : le Père Emmanuel, modèle de curé, Mgr Albino Luciani, modèle d’évêque et saint Pie X, modèle de Pape. Que l’Église est belle en ses saints !

AU FEU DANS LA MAISON DE DIEU !

La deuxième moitié de notre camp, consacrée à l’étude de la grande apostasie depuis soixante ans, fut dramatique. Frère François l’ouvrit en retraçant l’entreprise de ruine systématique de l’Église catholique réalisée par le concile Vatican II. Peuple de Dieu, collégialité, liberté religieuse, etc. On croit connaître. Est-ce si sûr ? Les jeunes, pour leur part, applaudirent chaleureusement cet exposé très didactique, mettant en ordre les nombreuses accusations portées par notre Père contre les Actes du Concile.

Le film sur l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, visionné lors d’un cratère, leur fut un puissant figuratif du cataclysme conciliaire. « Au feu, au feu dans la maison de Dieu ! » criait déjà saint Louis-Marie Grignion de Montfort, prophète de la grande apostasie. La lutte périlleuse et courageuse de ces pompiers aguerris contre l’incendie est l’image de celle de notre Père et de la Phalange de l’Immaculée à sa suite. Avec la certitude de la victoire finale, par la grâce de l’Immaculée : « L’extinction de ce feu est miraculeuse, nous dira frère Bruno à la fin du film. Et Notre-Dame refera ce miracle, pour sauver son Église des flammes de l’enfer. »

Nous sentons-nous faibles devant l’ampleur et le danger de la tâche ? Depuis que notre Père a passé la main à l’Immaculée, la victoire nous est assurée. Mais il faut encore nous mettre au travail : « Il ne suffit pas de dire que l’Église ne mourra pas, il faut travailler à sa survie par la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. Nous sommes le talon de la Sainte Vierge. Il est prévu que nous prenions des coups. Mais prendre des coups quand on est le talon de Notre-Dame, c’est une joie ! Notre force réside dans notre fidélité quotidienne », nous encourage frère Bruno.

Frère Thomas nous raconta dans la conférence suivante comment notre Père s’éleva contre l’hérésie qui infestait le Concile. Les Lettres à mes amis écrites alors, que notre frère cita abondamment, nous laissent la chronique de ce gigantesque combat pour l’Église. Notre Père, rebelle à la rébellion, donna alors la mesure de sa foi dans l’Église sainte !

Le lendemain, frère Louis-Gonzague prit le relais pour nous expliquer la lutte, encore plus tragique peut-être, que notre Père dut livrer contre le schisme, contre ceux qui, en refusant l’hérésie triomphante, perdirent cependant la foi dans l’Église et s’en séparèrent. Ainsi de Mgr Lefebvre. Quel affreux gâchis !

Entre les conférences, offices, promenades et récréations, le domaine résonnait des accords de l’orchestre et des vocalises de la chorale. Au fil des répétitions, en effet, l’oratorio de frère Henry sur Élie ou le zèle jaloux de la gloire de Dieu prenait consistance.

Après les répétitions séparées, les pupitres se réunissent. Puis la chorale rejoint l’orchestre tandis que les acteurs enfilent leurs costumes et montent sur la scène, sous l’œil vigilant des metteurs en scène et de nos sœurs, toujours promptes à retoucher robes ou maquillages, jusqu’à la dernière seconde ! Un spectateur égaré dans les coulisses aurait été très édifié par leur dévouement et amusé par les formes les plus variées qu’il revêt. Vous ne pourriez imaginer, par exemple, en regardant un ange donner une galette au prophète Élie fuyant au désert, combien il a fallu à notre sœur boulangère de kilogrammes de farines diverses pour confectionner un modèle qui réponde enfin aux exigences esthétiques de la régie vidéo tout en demeurant comestible ! Exemplaire à reproduire en série, afin de pouvoir jouer plusieurs fois la scène !

Surtout, en progressant dans l’étude du “ mystère de l’Église et l’Antichrist ”, la vocation du prophète Élie, seul dressé contre l’apostasie de son peuple, se révéla comme un figuratif saisissant du combat de notre Père. Chaque matin, à l’oraison, frère Bruno commentait une scène de l’oratorio, nous faisant ressentir l’horreur de l’idolâtrie de la reine impie Jézabel, solennellement intronisée dans l’Église par le pape Paul VI en conclusion du Concile, le 7 décembre 1965, sous le nom de « culte de l’homme » !

Nous avons ainsi passé ces dix jours au Carmel : le lieu de la contemplation du Dieu vivant et, par conséquent, de la lutte contre toute espèce d’impiété.

LE ROYAUME DE MARIE, SUR LA TERRE COMME AU CIEL.

Dans sa conférence de conclusion, frère Bruno nous dévoila le ressort de la grande épreuve qu’endure notre Sainte Mère l’Église : « Dieu veut que nous soyons jetés dans ces épouvantables moments, afin que ce soit la Sainte Vierge qui nous sauve et que, du coup, Elle soit projetée en avant de l’actualité et que l’humanité soit comme contrainte de Lui accorder tout son cœur en reconnaissance des miracles et des prodigalités faits par Elle, afin que ce soit Elle qui règne. Ces immenses cloaques, ces immenses souffrances, ces immenses désordres, guerres famines, persécutions, c’est Jésus qui le fait pour Elle, afin qu’Elle puisse manifester la grandeur et la puissance de son amour maternel ; et enfin, que ce soit Elle qui nous soit d’abord un salut qui nous fasse voir en son Cœur le Cœur de Jésus et de Dieu. »

En quelques phrases, c’est le résumé du grand Secret de Fatima que notre frère nous commenta tout au long : c’est l’aboutissement de l’orthodromie catholique dans le Cœur Immaculé de Marie. Insupportable aux ennemis de la Sainte Vierge qui y lisent leur condamnation, mais source de l’espérance de tous ceux qui embrassent la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, ce Message est la pierre d’achoppement du salut de l’Église.

Pour notre part, frère Bruno avait décidé que nous solenniserions cette année la fête du Cœur Immaculé de Marie, le 22 août, avec plus de faste que de coutume. En effet, « si nous gardons foi en l’Église, c’est grâce à la Sainte Vierge ; par la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, nous sommes sûrs de traverser le pire ».

Le 21 août au soir, la statue de Notre-Dame de Fatima fut portée en procession à travers le village. Nos sœurs avaient magnifiquement fleuri son brancard d’œillets et de glaïeuls blancs. Ouvert par les drapeaux de la Phalange, rouges frappés du Sacré-Cœur ou bien d’azur, semés de fleurs de lys, notre cortège avait fière allure ! Au départ, frère Bruno avait précisé le but de cet acte de dévotion : faire plaisir à la Sainte Vierge.

« Dans ses fêtes, la liturgie de l’Église nous fait lire qu’avant tous les siècles, Elle est l’Enfant chérie du Bon Dieu, faisant ses délices jour après jour. L’Église nous enseigne à prendre à notre tour nos délices avec notre Mère. Nous ferons réparation pour ceux qui ne croient pas, pauvres pécheurs pour qui Elle nous demande de prier, afin qu’ils aillent au Ciel. Nous irons jusqu’à l’église paroissiale, qui est notre Ciel sur la terre, en attendant qu’Elle nous conduise au Ciel des cieux ”. »

Dans l’église du village, frère Bruno nous fit contempler la lumière éblouissante du Cœur Immaculé de Marie à travers sa miniature, sainte Thérèse de l’Enfant-­Jésus, qui la tamise et nous la rend accessible : « Dans le Cœur de l’Église ma Mère, je serai l’Amour... ainsi je serai tout... ainsi mon rêve sera réalisé ! »

 Mine de rien ” notre petit docteur verse une lumière stupéfiante sur le mystère de l’Église et de la Vierge Marie !

Notre-Dame de Fatima trôna au milieu du chœur de notre chapelle toute la journée du lendemain, achevée par une heure sainte et le “ coucher ” de la Sainte Vierge au chant de l’Adeus, tandis que l’assemblée agitait des mouchoirs blancs. Ce furent des moments célestes !

Les 25 et 26 août eurent lieu les deux enregistrements de l’oratorio. Après la scène de l’ascension d’Élie, le chœur final en l’honneur de Notre-Dame du Mont-Carmel de Fatima et le somptueux Amen à huit voix achevèrent de nous transporter de nouveau au Ciel. Hélas ! ces instants de grâce sont toujours trop courts ici-bas. Les dernières mesures à peine exécutées, les frères et les sœurs, aidés par des dizaines de jeunes, se hâtèrent de ranger le camp. Le lendemain soir, estrades, rideaux, spots, costumes, tout était remballé et chargé dans la semi-remorque pour rentrer à Saint-Parres. Non sans avoir laissé un souvenir de notre passage dans le beau domaine que nous quittions : dans la main droite de la grande statue de la Sainte Vierge qui domine le parc et que frère Henry restaure petit à petit, brille désormais un grand lys d’or, symbole de sa royauté, sur la terre comme au Ciel !

frère Guy de la Miséricorde.

CINQUANTE-TROISIÈME CONGRÈS
DE LA CONTRE-REFORME CATHOLIQUE AU XXe ET XXIe SIECLE

Samedi 1er et dimanche 2 octobre 2022

Dévotion réparatrice : consoler Dieu.

« Il est vivant, le Cœur Immaculé de Marie, devant qui je me tiens ! »

Le cri de guerre du prophète Élie lancé contre Achab, roi d’Israël, et contre sa femme Jézabel, la Phénicienne idolâtre, est transposé aujourd’hui par notre Phalange de l’Immaculée. D’autant plus qu’Élie ajoute : « Il n’y aura, ces années-ci, ni rosée, ni pluie, sauf à mon commandement. » Actuel, non ?

La transposition s’impose d’autant plus que le « commandement » est venu par la bouche du Saint-Père, lorsqu’il a prononcé la consécration de la Russie et de l’Ukraine au Cœur Immaculé de Marie. Mais nous, ses « frères prophètes », nous ne voyons pas encore paraître le « petit nuage, petit comme une main d’homme, qui monte de la mer » pour nous apporter pluie et rosée afin de ramener la vie sur la création, sur toute âme qui vive au Ciel et sur la terre.

Telle est l’énigme posée par les actualités et qu’il nous faut éclairer, avec le « zèle jaloux » de la Gloire de Dieu qui habitait notre Père, disciple d’Élie le Teshbite de Tishbé en Galaad (1 R 17, 1).