Il est ressuscité !
N° 248 – Octobre 2023
Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard
Ce que « Dieu veut »
AU cœur de la Deuxième Guerre mondiale, pendant la nuit du 5 mars 1942, « Notre-Seigneur a semblé me faire sentir plus vivement qu’il refusait d’accorder la paix, à cause des crimes qui continuent à provoquer sa justice, explique sœur Lucie à Mgr da Silva, et aussi parce qu’il n’est pas obéi dans ses demandes, spécialement pour la consécration au Cœur Immaculé de Marie, bien qu’il ait mû le cœur de Sa Sainteté à l’accomplir. »
Quand on pense que cette demande avait été annoncée, après la vision de l’Enfer, en grand secret, le 13 juillet 1917 : « Quand vous verrez une nuit illuminée par une lumière inconnue, sachez que c’est le grand signe que Dieu vous donne qu’il va punir le monde de ses crimes, par le moyen de la guerre, de la famine et des persécutions contre l’Église et le Saint-Père. »
Le 13 juin 1929, Notre-Dame était venue demander la consécration de la Russie à son Cœur Immaculé, à Tuy. Le Saint-Siège n’entendit pas le message du Ciel. Dans la soirée du 25 janvier 1938, sœur Lucie contempla, avec les religieuses de son couvent, un phénomène atmosphérique grandiose : le ciel s’embrasa d’une lueur rouge sang très vive.
Après avoir reconnu le “ signe ” annoncé vingt ans plus tôt par Notre-Dame, dans son Secret du 13 juillet 1917, que tous avaient constaté et que les astronomes voulaient désigner sous le nom d’aurore boréale, sœur Lucie ne se laissa pas abuser : ce n’était pas et ne pouvait être une aurore boréale.
Sa magnificence, sa visibilité aux basses latitudes, et son spectre excluaient en effet l’origine solaire de cette aurore polaire : « Dieu s’est servi de cela pour me faire comprendre que sa justice était prête à frapper les nations coupables, et c’est pourquoi je me mis à demander avec insistance la communion réparatrice des premiers samedis et la consécration de la Russie. »
En vain !
Après la mort du pape Pie XI et l’élection, le 2 mars 1939, de son successeur Pie XII, Notre-Seigneur renouvela ses requêtes et ses avertissements :
« Demande, insiste de nouveau pour qu’on divulgue la communion réparatrice des premiers samedis en l’honneur du Cœur Immaculé de Marie. Le moment approche où les rigueurs de ma justice vont punir les crimes de plusieurs nations. Quelques-unes seront anéanties. À la fin, les rigueurs de ma justice tomberont plus sévèrement sur ceux qui veulent détruire mon règne dans les âmes. »
Le 20 juin 1939, sœur Lucie avertissait de nouveau le Père Aparicio du péril imminent :
« Notre-Dame a promis de remettre à plus tard le fléau de la guerre si cette dévotion était propagée et pratiquée. Nous la voyons repousser ce châtiment dans la mesure où l’on fait des efforts pour la propager. Mais je crains que nous ne puissions faire davantage que ce que nous faisons, et que Dieu, mécontent, lève le bras de sa miséricorde et laisse le monde être ravagé par ce châtiment, qui sera comme il n’y en a jamais eu, horrible, horrible. »
Le 22 août 1939, la nouvelle du pacte germano-soviétique éclatait comme une bombe. Le 1er septembre, Hitler envahissait la Pologne et le 3, l’Angleterre entraînait la France à déclarer la guerre à l’Allemagne.
C’est alors que, au cœur de la guerre, en novembre 1943, sœur Lucie reçut de Mgr da Silva l’ordre de rédiger le “ troisième Secret ”, confié le 13 juillet 1917 par Notre-Dame à ses trois petits messagers. Pendant le mois de décembre, à cinq reprises, Lucie prit la plume pour le rédiger, sans y parvenir. Elle écrivit à l’évêque de Valladolid : « Ce phénomène n’est pas dû à des causes naturelles. » Et à Mgr da Silva : « Qui sait si ce n’est pas le démon qui veut m’empêcher d’accomplir cet acte d’obéissance ? »
Alors, la Vierge Marie vint elle-même lui donner la lumière et la force pour écrire le Secret : « Tandis que j’attendais la réponse, le 3 janvier 1944, je m’agenouillai près de mon lit qui, parfois, me sert de table pour écrire, et je fis une nouvelle tentative, sans parvenir à rien ; ce qui m’impressionnait le plus, c’était que, dans le même temps, je pouvais écrire sans difficulté n’importe quoi d’autre. Je demandai alors à Notre-Dame qu’elle me fît connaître quelle était la Volonté de Dieu. Je me dirigeai alors vers la chapelle ; il était 4 heures de l’après-midi, heure à laquelle j’avais l’habitude de faire visite au très Saint-Sacrement, puisque c’est l’heure où il est d’ordinaire le plus seul et, je ne sais pourquoi, j’aime mieux me retrouver seule à seul avec Jésus dans le Tabernacle.
« Là je m’agenouillai au milieu, près de la marche de la table de Communion, et je demandai à Jésus qu’il me fît connaître quelle était sa volonté. Habituée comme je l’étais à croire que les ordres des supérieurs sont l’expression certaine de la volonté de Dieu, je ne pouvais pas croire que celle-ci ne le soit pas. Et perplexe, à moitié absorbée, sous le poids d’une nuée obscure qui semblait planer au-dessus de moi, le visage dans les mains, j’attendais, sans savoir comment, une réponse. Je sentis alors une main amie, tendre et maternelle, me toucher l’épaule ; je levai les yeux et je vis ma chère Mère du Ciel.
« “ Ne crains pas, Dieu a voulu éprouver ton obéissance, ta foi et ton humilité ; sois en paix et écris ce qu’ils te demandent, mais pas ce qu’il t’a été donné de comprendre de sa signification. Après l’avoir écrit, mets-le dans une enveloppe, ferme-la et cachette-la, et écris à l’extérieur qu’elle ne pourra être ouverte qu’en 1960, par le cardinal patriarche de Lisbonne ou par Mgr l’évêque de Leiria. ”
« Et je sentis mon esprit inondé par une mystérieuse lumière qui est Dieu, et en Lui je vis et j’entendis – la pointe d’une lance comme une flamme qui se dégage, touche l’axe de la terre – celle-ci tremble : montagnes, villes, bourgs et villages avec leurs habitants sont ensevelis. La mer, les fleuves et les nuages sortent de leurs frontières, débordent, inondent et emportent avec eux dans un tourbillon maisons et gens en nombre incalculable ; c’est la purification du monde pour le péché dans lequel il est plongé. La haine, l’ambition provoquent la guerre destructrice ! Puis je sentis, parmi les battements accélérés de mon cœur et dans mon esprit, l’écho d’une voix douce qui disait : “ Dans le temps, une seule foi, un seul baptême, une seule Église, sainte, catholique, apostolique. Dans l’éternité, le Ciel ! ” Ce mot Ciel remplit mon âme de paix et de bonheur, de telle sorte que presque sans m’en rendre compte, je restai à répéter longtemps : “ Le Ciel ! Le Ciel ! ” Dès que se fut évanouie la grande force du surnaturel, j’allai écrire et je le fis sans difficulté, le 3 janvier 1944, à genoux, appuyée sur mon lit qui me servait de table. »
Qu’écrivit-elle ?
« Nous vîmes à gauche de Notre-Dame, un peu plus haut, un Ange avec une épée de feu à la main gauche ; elle scintillait, émettait des flammes qui paraissaient devoir incendier le monde ; mais elles s’éteignaient au contact de l’éclat que, de sa main droite, Notre-Dame faisait jaillir vers lui : l’Ange, désignant la terre de sa main droite, dit d’une voix forte :
“ Pénitence, Pénitence, Pénitence ! ”
« Et nous vîmes dans une lumière immense qui est Dieu “ quelque chose de semblable à l’image que renvoie un miroir quand une personne passe devant ” : un Évêque vêtu de Blanc. “ Nous eûmes le pressentiment que c’était le Saint-Père. ”
« Plusieurs autres évêques, prêtres, religieux et religieuses gravissaient une montagne escarpée, au sommet de laquelle était une grande Croix de troncs bruts comme si elle était en chêne-liège avec l’écorce. Le Saint-Père, avant d’y arriver, traversa une grande ville à moitié en ruine et, à moitié tremblant, d’un pas vacillant, affligé de douleur et de peine, il priait pour les âmes des cadavres qu’il trouvait sur son chemin. Parvenu au sommet de la montagne, prosterné à genoux au pied de la grande Croix, il fut tué par un groupe de soldats qui lui tirèrent plusieurs coups et des flèches. Et de la même manière moururent les uns après les autres les évêques, prêtres, religieux et religieuses, et divers laïcs, des messieurs et des dames de rangs et de conditions différentes.
« Sous les deux bras de la Croix, il y avait deux Anges, chacun avec un vase de cristal à la main, dans lequel ils recueillaient le sang des martyrs, et avec lequel ils arrosaient les âmes qui s’approchaient de Dieu. »
Ainsi s’achève le grand Secret. Notre-Dame ajouta :
« Cela, ne le dites à personne. À François, oui, vous pouvez le dire.
« Quand vous récitez le chapelet, dites après chaque mystère : “ Ô mon Jésus, pardonnez-nous, préservez-nous du feu de l’enfer, attirez au ciel toutes les âmes, surtout celles qui en ont le plus besoin. ” »
Commentant cette prière, sœur Lucie expliquera : « Par la compréhension intime que Notre-Dame nous inspira de ses paroles, il me semble qu’en disant “ celles qui en ont le plus besoin ”, elle pensait aux âmes qui se trouvent en plus grand danger de damnation éternelle, causes de toute l’amertume et de toute la préoccupation de son Cœur Immaculé. »
C’était la hantise de Jacinthe dont le cœur ne faisait qu’un avec le Cœur Immaculé de Marie. Après la vision de l’Enfer qui constituait la première partie du grand “ Secret ” confié aux pastoureaux, Notre-Dame indiquait la condition à remplir pour y échapper : obéir à ses demandes de Consécration de la Russie à son Cœur Immaculé, et pratiquer la communion réparatrice des cinq premiers samedis du mois. Non seulement personne n’a fait cas de ces “ petites demandes ”, ni les “ bons ” ni les méchants, mais un Concile œcuménique, convoqué par le pape Jean XXIII en 1962, a établi dans sa constitution Lumen gentium que l’Église n’avait pas à recevoir d’ordres de la Sainte Vierge, parce qu’elle ne lui reconnaissait qu’un “ rôle subordonné ”. Et le pape Jean XXIII décida que la troisième partie du Secret ne serait « jamais » dévoilée !
Alors, nous vivons, depuis ce “ funeste Concile ”, les événements annoncés dans ce troisième Secret, enfin publié en l’an 2000. L’Église est « une grande ville à moitié en ruine » que ne cesse d’arpenter « d’un pas vacillant » le Saint-Père, dépouillé de ses ornements pontificaux : « Un Évêque vêtu de Blanc », sans force pour paître agneaux et brebis de son troupeau : « à moitié tremblant, affligé de douleur et de peine, il prie pour les âmes des cadavres qu’il trouve sur son chemin ». Sourd à la voix douce qui dit : « Dans le temps, une seule foi, un seul baptême, une seule Église, sainte, catholique, apostolique. Dans l’éternité, le Ciel ! »
frère Bruno de Jésus-Marie.