Il est ressuscité !

N° 200 – Juillet-août 2019

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


Évangile du Cœur Immaculé de Marie (3-4)

DANS l’Apocalypse de saint Jean, la Parole de   Dieu s’exprime par des visions. C’est le dernier mot des Écritures, ultime révélation : une vision chrétienne de l’histoire, passée, présente et à venir, objet de notre foi, de notre espérance et de notre amour.

Ainsi en va-t-il des manifestations du vendredi 13   juillet 1917 à Fatima. Le mot “ Apocalypse ” transcrit le substantif grec apokalupsis dérivé du verbe apokaluptein, « dévoiler », « révéler ».

Lors de la troisième apparition de Notre-Dame de Fatima, celle-ci montra aux enfants « l’étang de feu et de soufre embrasé » dont saint Jean révèle l’existence comme le lieu de punition des impies ( Ap 14, 10 ; 19, 20 ; 20, 10 ; 21, 8 ).

Après avoir déclaré à ses cousins qu’elle ne viendrait pas au rendez-vous de la « Dame » parce que le curé de Fatima avait dit que « ce pourrait être le démon », le matin du vendredi 13 juillet 1917, « quand approcha l’heure à laquelle je devais partir, rapporte Lucie, je me sentis soudainement poussée à y aller par une force étrange à laquelle il m’était très difficile de résister. Je me mis alors en chemin et je passai par la maison de mon oncle pour voir si Jacinthe était encore là. Je la trouvai dans sa chambre avec son petit frère François, à genoux au pied du lit et pleurant.

« Vous n’y allez pas ? demandai-je.

 Sans toi, nous n’osons pas y aller. Allons, viens !

 Eh bien ! j’y vais, leur répondis-je.

«  Alors, le visage joyeux, ils partirent avec moi. »

Ti Marto, convaincu de la vérité des Apparitions, suivit les enfants et fendit la foule de toutes conditions qui se pressait autour du petit chêne-vert. La chaleur était torride, et l’on se protégeait du soleil avec les parapluies. « Je me trouvai donc tout près de ma Jacinthe. Lucie, agenouillée un peu plus en avant, récitait le chapelet, et tous répondaient à haute voix. Le chapelet terminé, elle se leva si rapidement qu’elle ne sembla pas agir d’elle-même. Elle regarda vers le levant et s’écria :

 Fermez les parapluies ! Fermez les parapluies ! ( ils servaient d’ombrelles, car il était midi et la chaleur était accablante)... Notre-Dame arrive !

« Pour moi, avoue Ti Marto, j’avais beau regarder, je ne voyais rien. Cependant, en faisant plus attention, je vis comme un léger nuage cendré, qui planait sur le chêne-vert. Le soleil s’obscurcit, et l’on sentit un souffle frais, agréable. Il ne semblait plus que nous étions au plus fort de l’été. La foule était tellement silencieuse qu’on en était impressionné.

« Alors, je commençai à entendre un son, un bourdonnement, quelque chose comme le bruit que ferait une grosse mouche dans une cruche vide. Mais je n’entendais aucune parole. »

Tous purent constater que le jour s’assombrissait, comme au moment d’une éclipse, tout le temps que dura l’extase des enfants. Tandis que la température diminuait sensiblement et que la teinte de la lumière se modifiait, l’atmosphère devint jaune d’or et une nuée blanchâtre, fort agréable à voir, enveloppa les voyants.

En vérité, la Très Sainte Vierge descendait du Ciel, une troisième fois, pour s’adresser à ses confidents. Lucie demeurait absorbée dans sa contemplation, comme en extase. Alors, Jacinthe intervint :

« Allons, Lucie, parle ! Ne vois-tu pas qu’Elle est déjà là et qu’Elle veut te parler ? »

Humblement, comme pour implorer son pardon après avoir douté d’Elle, Lucie demanda une fois de plus :

« Que veut de moi Votre Grâce ?

– Je veux que vous veniez ici le 13 du mois qui vient, que vous continuiez à réciter le chapelet tous les jours en l’honneur de Notre-Dame du Rosaire, pour obtenir la paix du monde et la fin de la guerre, parce qu’Elle seule pourra vous secourir.

– Je voudrais vous demander de nous dire qui vous êtes, et de faire un miracle afin que tous croient que Votre Grâce nous apparaît.

– Continuez à venir ici tous les mois. En octobre, Je dirai qui Je suis, ce que Je veux, et Je ferai un miracle que tous verront pour croire. »

Lucie se mit à présenter à la Vierge Marie les requêtes qu’on lui avait confiées. Notre-Dame répondit qu’elle guérirait les uns, les autres non.

« Ici, je fis quelques demandes, raconte Lucie :

 Ne pourriez-vous pas convertir une femme de Pedrogao et une autre de Fatima, et guérir un enfant de Moita ?

« Notre-Dame répondit qu’il était nécessaire de réciter le chapelet afin d’obtenir ces grâces dans l’année. Quant au fils estropié de Maria Carreira, elle dit qu’il ne guérira pas. Il restera pauvre. Il doit réciter tous les jours le chapelet avec sa famille et il pourra gagner sa vie. »

Jean Carreira conserva donc ses infirmités, mais il deviendra le sacristain de la chapelle des apparitions.

Lucie présenta d’autres requêtes qu’on lui avait confiées :

« Je dois demander à Votre Grâce d’emmener au Ciel un malade d’Atouguia, le plus vite serait le mieux.

 Qu’il ne soit pas trop pressé. Je sais bien quand je dois venir le chercher. »

Il s’agissait de Manuel da Silva Reis, que Notre-Dame ne vint en effet chercher que sept ans plus tard, le 18 février 1924.

On demandait aussi des conversions : une femme de Fatima et ses enfants ; une autre de Pedrogao, des buveurs à corriger de leur vice, d’autres guérisons... Tous devaient réciter le chapelet, telle était la condition générale pour obtenir dans l’année les grâces demandées.

«  Ensuite, écrit Lucie dans ses Mémoires, afin de ranimer ma ferveur refroidie, Notre-Dame nous dit :

 Sacrifiez-vous pour les pécheurs, et dites souvent à Jésus, spécialement lorsque vous ferez un sacrifice :

“ Ô Jésus, c’est par amour pour vous, pour la conversion des pécheurs, et en réparation des péchés commis contre le Cœur Immaculé de Marie. ” »

« UN OCÉAN DE FEU »

« En disant ces dernières paroles, elle ouvrit de nouveau les mains, comme les deux derniers mois. Le reflet de la lumière parut pénétrer la terre et nous vîmes comme un océan de feu. Nous voyions les démons et les âmes des damnés plongés dans ce feu.

« Celles-ci étaient comme des braises transparentes, noires ou bronzées, ayant formes humaines. »

Notre Père, l’abbé de Nantes, soulignait la pertinence de ce mot de « formes » pour désigner des âmes humaines séparées de leur corps dont elles étaient la « forme ».

« Elles flottaient dans cet incendie, soulevées par les flammes qui sortaient d’elles-mêmes, avec des nuages de fumée. Elles retombaient de tous côtés, comme les étincelles dans les grands incendies, sans poids ni équilibre, au milieu des cris et des gémissements de douleur et de désespoir qui horrifiaient et faisaient trembler de frayeur. C’est à la vue de ce spectacle que j’ai dû pousser ce cri : “ Aïe ! ” que l’on dit avoir entendu de moi. Les démons se distinguaient des âmes des damnés par des formes horribles et répugnantes d’animaux effrayants et inconnus, mais transparents comme de noirs charbons embrasés.

« Cette vision ne dura qu’un moment, grâce à notre bonne Mère du Ciel qui, à la première apparition, nous avait promis de nous emmener au Ciel. Sans quoi, je crois que nous serions morts d’épouvante et de peur.

« Effrayés, et comme pour demander secours, nous levâmes les yeux vers Notre-Dame qui nous dit avec bonté et tristesse :

« Vous avez vu l’enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. »

Dans un sermon du 13 février 1999, notre Père disait : « Si vous conceviez positivement ce que la Vierge Marie voulait dire quand elle a ouvert les bras, baissé les yeux, puis qu’elle les a levés au ciel en disant : Que soy Immaculado Conceptiou ! Elle se voyait dans la lumière de Dieu comme quelqu’un, quelque chose, “ aqueiro ”, quelque chose de formidable, tellement fascinant, que pour l’Immaculée Conception, les catholiques auraient été se faire tuer. Mais cela n’a pas beaucoup bougé. »

Pourtant, à Pontmain, elle est venue mettre les points sur les “ i ”. Quarante ans jour pour jour après l’annonce faite par le Ciel à sainte Catherine, le 19 juillet 1830, éclatait la première des trois guerres ­franco-allemandes, le 19 juillet 1870. La France connaîtra l’humiliation de la défaite mais tant de foi et de bravoure des meilleurs catholiques se portant contre l’ennemi derrière la bannière du Sacré-Cœur et le général de Sonis laissé pour mort sur le champ de bataille de Loigny, le 2 décembre 1870, vaudra au général une apparition de Notre-Dame de Lourdes, à la France suppliante, l’intervention décisive de l’Immaculée, « plus forte qu’une armée rangée en bataille ! » Le soir du 17 janvier 1871, à Pontmain, Notre-Dame intervenait en souveraine couronnée mais drapée de deuil :

MAIS PRIEZ, MES ENFANTS, DIEU VOUS EXAUCERA EN PEU DE TEMPS • 
MON FILS SE LAISSE TOUCHER

Le geste de ses bras étendus comme sur la Médaille miraculeuse, rappelle la puissance de l’Immaculée. Et lorsqu’à la fin de l’apparition, deux petites croix blanches se plantent sur ses épaules, à la manière des Croisés du Moyen Âge, elle manifeste sa résolution pour obéir à la volonté de Dieu, d’entreprendre l’ultime Croisade pour la reconquête de sa « fille aînée » afin de la restaurer en Chrétienté sur le modèle de celle de Pontmain que son saint curé légitimiste, l’abbé Guérin, sanctifie loin des « mauvais catholiques » du monde libéral. Onze jours plus tard, le 28 janvier 1871, les Allemands signent l’armistice. La France va-t-elle enfin se tourner vers sa Reine ?

Hélas ! En 1875, à une voix de majorité la République est définitivement instaurée en France. L’année suivante, les “ vrais républicains ” obtiennent la majorité au parlement et trois ans plus tard commence une guerre sans merci contre l’Église distillant par “ instruction laïque, gratuite et obligatoire ”, le venin de l’athéisme et de l’anticléricalisme dans l’âme des enfants de France, avec la complicité criminelle des libéraux catholiques, en attendant la consigne, non moins criminelle de “ ralliement ” à la République, ordonnée en 1892 par le pape Léon XIII.

Cependant, la puissance de l’Immaculée Conception ne cesse pas pour autant de s’exercer en terre de Chrétienté.

La puissance de ce Cœur Immaculé s’est déjà manifestée dès la naissance et l’enfance de la Vierge Marie ; la dévotion à Maria santissima bambina annonce la dévotion à ce Cœur Immaculé qui bat pour le salut des âmes et la paix du monde.

Cette dévotion au Cœur Immaculé de Marie est la seule contre-révolution qui tienne, face aux forces de l’enfer déchaînées depuis la Révolution française. Quelques religieuses appartenant à diverses congrégations supprimées par Napoléon Ier, s’étaient réunies en communauté. Elles avaient une statue en cire de la Très Sainte Vierge Enfant, qui vint en la possession des sœurs de la Charité de Milan où elle commença à multiplier les miracles à partir du mois de septembre 1884. En 1890, la Santissima Bambina voulut se faire connaître et aimer en France, afin d’y déverser les trésors de sa tendre bonté. Ce fut le monastère des carmélites de Laval qu’elle choisit pour la répandre sur tous les points de son royaume.

Aujourd’hui, le culte de la Vierge au berceau a pénétré en Angleterre, en Palestine, et jusqu’en Chine. Manifestant clairement la volonté divine.

« Si l’on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d’âmes se sauveront et l’on aura la paix. »

« On » n’a rien fait. Comme les rois de France... Alors qu’on ne cessait d’offenser Dieu, « sous le règne de Pie  XI » commença la Seconde Guerre mondiale, « pire » que la première. Malgré tous les efforts de la Reine des Cieux, « pour empêcher cela ». À Pontevedra et à Tuy, elle viendra demander « la consécration de la Russie » à son Cœur Immaculé, et « la communion réparatrice des premiers samedis ».

« Si l’on écoute mes demandes, la Russie se convertira et l’on aura la paix. Sinon elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties. »

Parce que le Saint-Père n’a pas écouté les de­mandes de Notre-Dame, nous vivons aujourd’hui ce que la vision ultime de ce 13 juillet 1917 annonçait en conséquence :

« Nous vîmes à gauche de Notre-Dame, un peu plus haut, un Ange avec une épée de feu à la main gauche ; elle scintillait, émettait des flammes qui paraissaient devoir incendier le monde ; mais elles s’éteignaient au contact de l’éclat que, de sa main droite, Notre-Dame faisait jaillir vers lui ; l’Ange, désignant la terre de sa main droite, dit d’une voix forte :

“ Pénitence, Pénitence, Pénitence ! ”

« Et nous vîmes dans une lumière immense qui est Dieu “ quelque chose de semblable à l’image que renvoie un miroir quand une personne passe devant ” : un Évêque vêtu de Blanc. “ Nous eûmes le pressentiment que c’était le Saint-Père. ” »

Il dépose la tiare. Premier signe de la « ruine » de l’institution ecclésiastique, figurée par la « grande ville à moitié en ruine ».

«  Plusieurs autres Évêques, Prêtres, religieux et religieuses gravissaient une montagne escarpée, au sommet de laquelle était une grande Croix de troncs bruts comme si elle était en chêne-liège avec l’écorce. »

Donc sans marque de vénération.

« Le Saint-Père, avant d’y arriver, traversa une grande ville à moitié en ruine et, à moitié tremblant, d’un pas vacillant, affligé de douleur et de peine, il priait pour les âmes des cadavres qu’il trouvait sur son chemin. »

« Affligé de douleur et de peine », par la multiplication des attentats, naufrages de migrants, djihad, etc.

Les « cadavres » sont les corps des « formes humaines » que Lucie, François et Jacinthe ont vues “ flotter ” dans « l’océan de feu ». Le Saint-Père priait-il pour le salut de leurs âmes ?

« À moitié en ruine » : comme Notre-Dame de Paris après l’incendie. Du fait de cette démission de l’autorité.

« À moitié tremblant » : dans la crainte de nouveaux malheurs, à la pensée de la perte des âmes...?

« d’un pas vacillant » : partagé entre la religion catholique dont il est le Chef et toutes les “ autres religions ” auxquelles il reconnaît égale liberté.

« Parvenu au sommet de la montagne, prosterné à genoux au pied de la grande Croix, il fut tué par un groupe de soldats qui lui tirèrent plusieurs coups et des flèches. Et de la même manière moururent les uns après les autres les Évêques, prêtres, religieux et religieuses, et divers laïcs, des messieurs et des dames de rangs et de conditions différentes.

« Sous les deux bras de la Croix, il y avait deux Anges, chacun avec un vase de cristal à la main, dans lequel ils recueillaient le sang des martyrs, et avec lequel ils arrosaient les âmes qui s’approchaient de Dieu. »

Ce sang recueilli par les Anges n’est plus celui du Christ versé dans le calice au Saint-Sacrifice de la messe, mais celui de martyrs inconnus, comme ceux de l’Église catholique “ clandestine ” en Chine, par exemple. Parce qu’il n’y a plus de messe...

Notre-Dame ajouta : « Cela, ne le dites à personne. » Puisque ces prophéties sont conditionnelles. Mais cent ans après, nous constatons qu’elles se sont réalisées à la lettre.

« À François, oui, vous pouvez le dire. » Parce qu’il n’avait pas entendu les paroles de Notre-Dame. Mais voici pour lui qui récitait tant de chapelets depuis le 13 mai, et, à plus forte raison, pour nous :

« Quand vous récitez le chapelet, dites après chaque mystère :

“ Ô mon Jésus, pardonnez-nous, sauvez-nous du feu de l’enfer, attirez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui en ont le plus besoin. ”

«  Il y eut un instant de silence et je demandai :

 Votre Grâce ne me demande-t-elle rien de plus ?

 Non. Aujourd’hui je ne te demande rien de plus.

« Et, comme d’habitude, elle commença à s’élever en direction du levant jusqu’au moment où elle disparut dans l’immensité du firmament. »

« Enfin, dit encore Ti Marto, après que Lucie eut interrogé la Vision pour la dernière fois, on entendit comme un grand coup de tonnerre, et le portique, qu’on avait planté là pour y accrocher deux petites lanternes, trembla tout entier, comme s’il y avait eu un tremblement de terre. Lucie, qui était encore à genoux, se leva, et se tourna si vite que sa jupe se souleva comme un ballon. Et elle s’écria, en montrant le ciel : “ Elle s’en va ! Elle s’en va ! ” Et après quelques instants : “ On ne la voit déjà plus. ” »

LUNDI 13 AOÛT

Le démon ayant échoué à entraver le rendez-vous du 13 juillet, prend sa revanche le 13 août. Il inspire au “ Ferblantier ” l’idée d’enlever et de séquestrer les enfants. Mais il ne réussit qu’à mettre en lumière la résolution héroïque des enfants, prêts à mourir martyrs en témoins de la Dame descendue du Ciel qui avait promis de les y emmener. Quant à Celle-ci, Elle vint au rendez-vous, la foule qui avait envahi la Cova da Iria dès le matin put le constater à l’heure dite. Les petits tardant à venir, tout le monde commençait à s’impatienter. Survint un habitant de Fatima qui annonça l’enlèvement des voyants. Il s’éleva alors un brouhaha qui s’amplifiait lorsque, soudain, un coup de tonnerre retentit. La foule se tut, effrayée. Un éclair suivit et tous remarquèrent un petit nuage, très joli, de couleur blanche, qui plana quelques instants au-dessus du chêne-vert, puis s’éleva vers le ciel, pour disparaître enfin dans les airs.

Pendant ce temps, les visages des assistants reflétaient toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Les arbres paraissaient n’avoir ni rameaux ni feuilles, mais seulement des fleurs. Le sol était recouvert de carreaux de teintes différentes, les deux lanternes attachées à l’arceau semblaient être en or. Puis tous ces signes s’évanouirent.

Certainement, Notre-Dame était venue, et Elle avait marqué sa visite de signes de sa bonté malgré l’outrage fait à sa Majesté.

DIMANCHE 19 AOÛT

Avertie par “ l’éclair ” précurseur qui annonçait la visite de “ la Dame ”, Lucie qui menait paître le troupeau avec François et son frère Jean sur le chemin des Valinhos, envoya Jean courir chercher Jacinthe qui avait été retenue par sa mère.

Notre-Dame attendit l’arrivée de Jacinthe pour se montrer, après un second “ éclair ”, au-dessus d’un chêne-vert.

«  Que veut de moi Votre Grâce ? demanda Lucie.

 Je veux que vous continuiez d’aller à la Cova da Iria le 13, que vous continuiez à réciter le chapelet tous les jours. Le dernier mois, Je ferai le miracle afin que tous croient. Si l’on ne vous avait pas emmenés à la ville, le miracle aurait été plus connu. Saint Joseph viendra avec l’Enfant-Jésus, pour donner la paix au monde. Notre-­Seigneur viendra bénir le peuple. Viendra aussi Notre-Dame du Rosaire et Notre-Dame des Douleurs. »

Lucie demanda à la Sainte Vierge comment em­ployer l’argent que les pèlerins laissaient à la Cova da Iria.

« Que l’on fasse deux brancards de procession. Tu porteras l’un avec Jacinthe et deux autres petites filles habillées de blanc ; l’autre, que François le porte avec trois garçons, comme lui vêtus d’une aube blanche. Ce sera pour la fête de Notre-Dame du Rosaire. Ce qui restera sera pour aider à la construction d’une chapelle que l’on fera faire. »

Avec une infinie tristesse, Notre-Dame poursuivit :

« Priez, priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs, car beaucoup d’âmes vont en enfer parce qu’elles n’ont personne qui se sacrifie et prie pour elles. »

Comme d’habitude, Elle commença à s’élever en direction du levant.

  frère Bruno de Jésus-Marie.