8 décembre 2021 – Immaculée Conception
Le secret du Cœur de Marie-Immaculée
NOUS sommes dans le temps de l’Avent et nous fêtons aujourd’hui le privilège incomparable de l’Immaculée Conception de notre Mère du Ciel. Comment, en ce jour de fête si cher à nos cœurs, exalter la Vierge Marie ? Il me semble que chaque fois, nous n’avons qu’à revenir au principe, à la source, à la raison la plus simple de tout sans chercher des choses compliquées, afin de mieux comprendre, mieux savourer, mieux aimer ce qui est essentiel. Dans le Cœur de la Vierge Marie, il y a une chose essentielle : c’est qu’elle aimait Dieu.
Elle aimait Dieu comme un être de l’Ancien Testament, comme ces pauvres d’Israël, qui ont chanté les psaumes, déjà pouvaient l’aimer avant les lumières du Nouveau Testament. Elle aimait Dieu avec toutes les lumières de la Sagesse divine dont son âme était remplie, avec cette plénitude de grâces qui lui avait été annoncée par l’Ange au moment de l’Annonciation. Elle l’aimait d’une tendresse, d’une affection, d’une révérence, d’un dévouement, d’une générosité, d’une admiration et d’une adoration entières.
Admirons comment la Vierge Marie, dès son tout jeune âge, à cause de cette Immaculée Conception qui était son privilège absolument incomparable, s’est dirigée vers le Cœur de Dieu, comme une flèche vers son but, comme une enfant, comme une fille, pleine de grâce, de sagesse et d’amour, se précipite sur le cœur de son père. Amour unique de l’Immaculée Conception !
Elle aimait Dieu seul. Mais comment a-t-elle pu aimer d’autres êtres que Dieu seul ? Tout simplement dans la mesure où Dieu les lui a donnés à aimer. Et ce sont ces deux admirables figures, incomparables : saint Joseph et l’Enfant Jésus. Qu’elle est heureuse, cette femme qui, s’étant consacrée à Dieu seul, ne trouvant son bonheur et sa paix que dans le Cœur de Dieu, a reçu de son Père céleste un époux magnifique, le Juste par excellence de l’Ancien Testament : Joseph, et un Enfant merveilleux, l’Enfant du miracle : le Fils de Dieu lui-même !
Mais examinons comment un Cœur tout donné à Dieu, invinciblement consacré à Dieu seul a pu aimer, aussi et en plus, un époux et un enfant. Cela aussi est bien simple, mais ce sont des choses si simples qu’elles sont savoureuses et tellement mystérieuses...
Comment la Vierge Marie a-t-elle aimé saint Joseph ? Comme un époux providentiel.
Il faut bien nous convaincre de cette certitude : la Vierge Marie, toute consacrée à Dieu, n’a ouvert son cœur à saint Joseph que parce qu’il lui était envoyé par la main de Dieu même comme son époux providentiel. Elle a aimé saint Joseph comme un serviteur de Dieu, comme un employé de Dieu auprès d’elle. Elle l’a aimé d’un amour qui était tellement immense, tellement parfait, tellement loyal et généreux, que cet amour était une splendeur de pureté, d’oubli de soi, de générosité, et donc de joie et d’admiration. Saint Joseph ! À Nazareth !
Et l’Enfant Jésus ? Là encore, quelle leçon ! Elle a aimé Jésus, non pas comme son enfant, jamais ! Tant de femmes s’adorent dans leurs enfants et vont se rechercher en eux... La Vierge Marie, elle, a toujours aimé Jésus comme le Fils de Dieu. C’est-à-dire que son amour de Dieu lui dictait l’amour de ce Jésus qui n’était pas tant à elle qu’à Dieu qu’elle aimait. Et c’est par amour de Dieu qu’elle l’a accepté, qu’elle l’a nourri de son sein, enfanté, éduqué et conservé. C’était toujours à cause de cet amour unique de Dieu que son amour se reportait sur Jésus, parce qu’il était le Fils de Dieu, l’image de Dieu auprès d’elle. Et quand Jésus a grandi, il est devenu de plus en plus grand sur l’horizon de son cœur, et tout son amour de Dieu se transposait dans l’amour de son Fils qu’elle adorait comme Fils de Dieu et Dieu lui-même.
Depuis la Nativité jusqu’à la séparation du dernier jour à Nazareth à l’âge de trente ans, cet amour du Cœur de Marie-Immaculée était tout ordonné à faire grandir Jésus pour le service de Dieu, pour la vocation qui était la sienne : la vie publique, la prédication au milieu des ennemis, la Passion et la mort de la Croix. Et jamais la Vierge Marie n’a eu un seul instant pour l’Enfant Jésus (aussi étrange que cela nous paraisse) cet amour de jouissance mutuelle où l’on se cherche soi-même dans la beauté même de son propre enfant, dans les sourires de son enfant où l’on retrouve son propre sourire, etc. Jamais ! Et à cause de ce renoncement, c’était un amour heureux, parfaitement pur, parfaitement aimable.
Que de leçons avons-nous à retirer de cette méditation ! Mais ne nous confions pas sur des appuis de la terre si nous voulons redresser le cap vers le Ciel. Commençons par avoir le courage de dire que : « tant que je n’aimerai pas Dieu de toute mon âme, de tout mon esprit, de tout mon cœur et de toutes mes forces, je n’arriverai jamais à aimer mon prochain (qu’il soit bon ou mauvais : l’un est aussi dangereux que l’autre dans cette sorte d’égoïsme) purement, généreusement, de telle manière que je lui donne la joie et la paix auxquelles il a droit, et que j’y trouve moi-même ma paix, ma joie et ma sérénité ». Il est impossible d’y arriver par nos propres forces.
Voilà pourquoi nous devons demander la grâce d’aimer Dieu, d’aimer notre Père céleste, de l’aimer si bien que nous trouvions en Lui notre repos. Qu’il nous donne la grâce d’une illumination et qu’il embrase notre cœur, afin que nous comprenions qu’il est, qu’il doit être et qu’il peut être pour chacun d’entre nous, la paix, la joie, l’unique amour de nos vies. Et tout le reste nous sera donné par surcroît, par l’intermédiaire, par la médiation de la Très Sainte Vierge Marie.
Abbé Georges de Nantes
Extraits du sermon du 15 août 1981