1. Le phalangiste mesure le risque que comportent tout pouvoir et toute sujétion, mais il sait que ce risque est inhérent à la condition de l’homme vivant en société. Et dans un sage réalisme, il est plus disposé à donner sa foi à une personne, la personne royale, libre conscience de chrétien, qu’à une multitude démocratique anonyme, irresponsable, en grande partie inconsciente des enjeux.
Cependant, comme la franc-maçonnerie a réussi à faire craindre à nos contemporains le pouvoir personnel comme nécessairement tyrannique et que l’orgueil moderne a nourri cette aversion pour l’autorité, il paraît impossible aujourd’hui de le restaurer dans notre pays. Mais c’est ne pas compter avec le triomphe du Cœur Immaculé de Marie qui, éclairant les esprits et les cœurs d’une lumière nouvelle, les détachera des erreurs du passé et les fera adhérer à la forme de gouvernement la plus bienfaisante à la nation.
Ils redécouvriront alors que le pouvoir personnel royal est le plus haut degré de raison et d’expérience, de sagesse et de conscience, de volonté, d’initiative et de décision, qui se puisse rencontrer en politique. Il n’a de soi ni propension à la tyrannie, ni tentation de doute sur son pouvoir, ni tendance à l’anarchie. Il est autorité, responsabilité, liberté. Telle est la vertu propre au pouvoir personnel royal qu’il place la personne du souverain en dehors des factions, de leurs intrigues et de leurs luttes, au-dessus des rivalités d’intérêts ou de classes, au centre de compréhension la plus large et de détermination la plus étendue qui lui permet au mieux de juger du bien commun et de le décider, et d’autant mieux qu’il lui est naturellement lié par situation, par intérêt et par honneur.
2. Si le gouvernement d’un seul est bien meilleur que celui de plusieurs dans le présent de chaque jour, cela est plus vrai encore dans la durée historique. La continuité du pouvoir est comme son unité et son étendue, comme sa sainteté, un des éléments de sa perfection ; et non seulement sa durée matérielle, mais sa durée formelle, spirituelle, qui est la persistance de sa légitimité d’une année à une autre, d’une génération à une autre, sans remise en cause, sans nulle perspective empoisonnante de retour au suffrage populaire.
L’idéal est donc que l’autorité du souverain restaurée ne soit ni précaire, ni viagère, mais devienne héréditaire et dynastique, d’autant plus que la loi naturelle de la transmissibilité des dignités et des biens conjointement à l’héritage du sang, du nom et de l’éducation, s’accorde avec la leçon de l’Écriture sainte qui nous donne l’exemple des rois de Juda dont s’inspira la sagesse de nos Capétiens.
La loi de la naissance est, de toutes les lois de succession, la plus marquée du signe d’une mission divine, d’une vocation providentielle, comme aussi la plus liée au service de la nation. Elle exclut la compétition des prétendants, mais aussi elle modère l’orgueil du souverain, qui est héritier et non parvenu. Elle l’investit d’une charge historique et d’un patrimoine séculaire qu’il reçoit en dépôt, dont il est comptable devant Dieu et devant la postérité et qu’il doit transmettre à son successeur intact et prospère matériellement et spirituellement.