Apocalypse au Vatican !
« Ils se sont laissés aller à des raisonnements sans valeur, et les ténèbres ont rempli leurs cœurs privés d’intelligence. Ces soi-disant sages sont devenus fous ; ils ont échangé la gloire du Dieu impérissable contre des idoles représentant l’être humain périssable ou bien des volatiles, des quadrupèdes et des reptiles.
« Voilà pourquoi, à cause des convoitises de leurs cœurs, Dieu les a livrés à l’impureté, de sorte qu’ils déshonorent eux-mêmes leurs corps. Ils ont échangé la vérité de Dieu contre le mensonge ; ils ont vénéré la création et lui ont rendu un culte plutôt qu’à son Créateur, lui qui est béni éternellement. Amen. » (Rm 1, 21-25)
LA “ consécration ” du synode sur l’Amazonie à saint François d’Assise dans les jardins du Vatican le 4 octobre 2019, réplique des journées d’Assise d’octobre 1986, fut une grotesque cérémonie d’adoration de la déesse terre-mère figurée par deux représentations ignobles d’une femme nue et enceinte d’un enfant rouge sang, entourée d’animaux et d’un discret serpent, et par un tas de terre devant lequel « les représentants des peuples autochtones » parmi lesquels des prêtres et des franciscains, se prosternaient la face contre terre, après y avoir versé en libation un récipient de terre. Tout cela en présence du Pape qui planta ensuite un chêne-vert (!) pendant qu’une prêtresse à genoux élevait en offrande un bol de terre. La cérémonie s’acheva par la remise au doigt du Pape par cette femme de l’anneau noir du « Pacte des Catacombes » scellé le 16 novembre 1965 dans les Catacombes de Sainte-Domitille, renouvelé dans le même lieu le 20 octobre 2019.
Cette « sorcellerie chrétienne » s’est reproduite le 10 octobre, lors la cérémonie d’ouverture des travaux du synode, par une procession blasphématoire, véritable singerie des processions de Notre-Dame de Boulogne remplacée par cette même déesse terre-mère, “ Pachamama ”, idole ignoble, portée dans une pirogue devant le Pape. En entrant dans l’aula, la pirogue prit la tête de la procession, portée par trois évêques, dont celui de Guyane. Par un fait hautement figuratif, la croix resta sur le seuil, le crucigère ne sachant pas où aller !
En quoi il ne fait qu’imiter Paul VI introduisant pour la première fois une statue du Dieu Khrishna, huitième incarnation de Vishnou, dans la cité de Dieu au retour de son voyage à Bombay, ou Jean-Paul II, réunissant toutes les religions à Assise le 27 octobre 1986, bouddhistes et animistes compris, équipés de leurs idoles et de leurs gri-gris, dans une confusion dégradante qui faisait dire à l’abbé de Nantes, notre Père :
« Je suis absolument abasourdi de voir à quel point les gens traditionnels acceptent le fait d’Assise sous des motifs les plus ridicules qui soient ! (...) On s’habitue, on descend et toute la masse suit le Pape dans sa descente vers l’apostasie totale.
« Pour ceux qui sont assez d’accord avec le fait d’Assise, ceux qui cherchent des raisons, je vous dirai : si, dans un certain temps, dans trois mois ou dans trois ans, le Pape fait adorer en Saint-Pierre une déesse nue, est-ce que vous vous révolterez ou trouverez-vous d’excellentes raisons ? Je crois que si je dis “ une déesse nue ”, cela choquera, les gens diront qu’ils ne sont pas d’accord. Mais si je vous dis qu’elle sera très bien habillée ? Alors dans ce cas-là, une déesse... Nous en sommes là ! » (Conférence “ Assise-idées ”, du 15 janvier 1987)
Aujourd’hui, la supposition, qui paraissait invraisemblable, est devenue réalité. Le pape François vénère ès qualités des idoles dans les jardins du Vatican et jusqu’au sein du sanctuaire, appelant le feu de Dieu dont la chute du soleil fut la figure le 13 octobre 1917, à la Cova da Iria.
C’est bien l’Apocalypse qui se réalise au Vatican. Dans sa grande vision, en effet, saint Jean voit s’affronter deux femmes. La première s’appelle « Babylone la Grande, la mère des prostituées et des abominations de la terre », la deuxième est « la Femme revêtue de soleil », c’est Notre-Dame de Fatima, qui commande au soleil. Et c’est elle qui vaincra. (Ap 12, 3).
L’ÉCOLOGIE INTÉGRALE, UN RECYCLAGE DU MARXISME !
Le théologien brésilien Frei Betto l’a déclaré sans ambages, dès l’annonce du synode : « Nous avons devant nous une opportunité qui nous permettra d’aller de l’avant. Nous ne devons pas proposer la théologie de la libération. Cela fait peur à beaucoup de gens. Nous devons plutôt parler de problèmes socio-environnementaux. »
Ce recyclage du marxisme en écologie ne date pas d’hier. Plinio Corrêa de Oliveira le dénonçait déjà en 1977, montrant comment certains courants, présents dans les conférences épiscopales brésiliennes, avaient abandonné l’idéal missionnaire :
« Il ne s’agissait plus d’évangéliser les Indiens, mais d’apprendre d’eux, qui avaient sans doute conservé une sorte d’innocence primale en communion avec la nature, aujourd’hui perdue par la société occidentale. Ils présentaient la tribu comme idéal à la fois religieux et social. Dans cette optique, les peuples amazoniens seraient les véritables évangélisateurs du monde. »
Au point n° 50 de l’Instrumentum laboris, on lit ceci :
« Pour promouvoir une écologie intégrale dans la vie quotidienne de l’Amazonie, il est également nécessaire de bien comprendre la notion de justice et la notion de communication intergénérationnelle, qui comprend la transmission de l’expérience ancestrale, la transmission des cosmologies, des spiritualités et des théologies des peuples autochtones, en ce qui concerne la protection de la Maison commune.
Cette vision des choses est cependant loin de faire l’unanimité, même en Amazonie. Plusieurs grands leaders indiens voient dans cette théologie un nivellement par le bas. Jonas Marcolino, par exemple, chef des Macuxi, dénonce en Amazonie « une dictature de missionnaires enseignant la théologie de la libération, avec pour objectif d’empêcher le développement de la région en maintenant les populations autochtones dans la pauvreté et la misère. »
Aujourd’hui, la peur environnementale sur laquelle joue l’Instrumentum laboris, en particulier la peur de la destruction de l’Amazonie, présenté comme un poumon de la terre, compromet en réalité l’effort de civilisation de la région, car le défrichement des terres a toujours été un préalable au développement des pays et des nations. Cela demande du travail, et le travail est civilisateur, c’est même une vertu chrétienne, c’est le premier enseignement qu’apportaient aux indigènes les anciens missionnaires, après celui de la foi.
Tandis que la prétendue civilisation prônée par le synode est tout simplement un retour à l’économie de cueillette préhistorique et à la barbarie...
Pour s’en convaincre, il aurait suffi de consulter le site de la CIMI, l’organisation indigéniste missionnaire “ liée ” à la Conférence épiscopale brésilienne, quelques jours avant le synode : un article fortement documenté justifiait l’infanticide pratiqué chez les peuples d’Amazonie... Cet article a été vivement retiré après qu’un journaliste ait soulevé la chose avec indignation lors de la conférence de presse d’ouverture du synode, le 8 octobre.
Le renouvellement du Pacte des Catacombes, en plein milieu de synode sur l’Amazonie, suffit à désigner le “ coup d’état ” marxiste qui s’est emparé de lui pour le mobiliser à sa cause. Quelle cause ? celle d’une Église servante et pauvre, renonçant aux signes extérieurs de richesse et aux honneurs (serment de 1965), ou celle d’une lutte pour l’environnement et contre le réchauffement climatique (serment de 2019) ?
Derrière ces formules se cache la volonté insidieuse de faire évoluer l’Église dans un sens bien déterminé...
QU’EN PENSE LE PAPE FRANÇOIS ?
Dans cette étrange confusion, le pape François ne joue plus son rôle de Chef de l’Église. Il semble diluer intentionnellement son autorité et mise sur cette confusion pour en voir jaillir des idées nouvelles. (...)
C’est un commentateur religieux américain qui le remarque, en ajoutant : « La raison pour laquelle l’Église catholique a été si forte pendant 2000 ans, n’est pas à cause d’un encadrement parfait, mais à cause de l’unité de la foi et de la morale. » C’est précisément ce que met en cause le pape François.
Dans l’homélie du 9 octobre, pour exhorter les Pères synodaux à « marcher ensemble » dans le sens d’une acceptation de l’ordination d’hommes mariés, le Pape cite saint Paul le « plus grand missionnaire de tous les temps », pour faire de lui le garant du synode :
(...) « Garde le dépôt de la foi dans toute sa beauté, avec l’aide de l’Esprit-Saint qui habite en nous. » (2 Tm 1, 14) Cette traduction substitue la “ beauté ” à l’intégrité du dépôt à garder.
Le Pape fait suivre cette citation immédiatement de cet autre passage de la même lettre, toujours pour en atténuer le caractère contraignant : « Ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de pondération. » (v. 7)
Le pape François prétend que la peur dont il s’agit, c’est la peur de changer de doctrine qu’il oppose à la vertu de prudence audacieuse qui n’est pas une attitude défensive, mais une attitude réceptive de la nouveauté de l’ “ Esprit ” : « C’est la vertu du Pasteur qui, pour servir avec sagesse, sait discerner, est sensible à la nouveauté de l’Esprit. Alors, raviver le don dans le feu de l’Esprit, c’est le contraire du fait de laisser les choses aller sans agir. Et être fidèle à la nouveauté de l’Esprit, c’est une grâce que nous devons demander dans la prière. Lui, qui fait toutes choses nouvelles, qu’il nous donne sa prudence audacieuse ; qu’il inspire notre Synode pour qu’il renouvelle les chemins pour l’Église en Amazonie, afin que ne s’éteigne pas le feu de la mission. »
Tout autre est la conclusion de la première lettre à Timothée, que le Pape se garde de citer : « Ô Timothée, garde le dépôt. Évite les discours vains et impies, ainsi que les contradictions d’une science prétendue. Pour l’avoir propagée, il en est qui ont versé dans l’erreur au sujet de la foi. » (1 Tm 6, 20-21)
LE PROSÉLYTISME CONDAMNÉ.
Dans son homélie du 6 octobre, le Pape compare la mission apportée par Jésus à celle du Buisson ardent contemplé par Moïse : « Le feu de Dieu, comme dans l’épisode du buisson ardent, brûle mais ne se consume pas (cf. Ex 3, 2). »
Tous les saints y ont vu une figure de la virginité perpétuelle de la Mère de Dieu. Mais poursuivant sa chimère progressiste et son culte de la déesse terre-mère, le Pape commente : « C’est un feu d’amour qui éclaire, réchauffe et donne vie, ce n’est pas un feu qui embrase et dévore. Quand les peuples et les cultures s’anéantissent sans amour et sans respect, ce n’est pas le feu de Dieu, mais le feu du monde. Et pourtant, que de fois le don de Dieu au lieu d’être offert est-il imposé, que de fois y a-t-il eu colonisation au lieu d’évangélisation ! »
Nous sommes loin de saint Paul :
« Je t’adjure devant Dieu et devant le Christ Jésus, qui doit juger les vivants et les morts, au nom de son apparition et de son règne : proclame la Parole, insiste à temps et à contretemps, réfute, menace, exhorte, avec une patience inlassable et le souci d’instruire. (Telle la vraie méthode missionnaire, qui impose la foi, parce que c’est la vérité !) Car un temps viendra où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine (nous y sommes), mais au contraire, au gré de leur passion et l’oreille les démangeant (comme le pape François dans sa passion d’écouter les sirènes progressistes contre toute prudence), ils se donneront des maîtres en quantité et détourneront l’oreille de la vérité pour se tourner vers des fables. Pour toi, sois prudent en tout (c’est ici la vraie prudence, qui est défense de la foi !) ; supporte l’épreuve, fais œuvre de prédicateur de l’Évangile, acquitte-toi à la perfection de ton ministère... » (2 Tm 4, 1-5)
C’est donc par une méconnaissance totale de l’Écriture sainte que le pape François nous impose ses projets, révélés dans son exhortation du 8 octobre à l’ouverture des travaux du synode : il ne faut pas que l’Église s’approche de ces peuples amazoniens en voulant les « discipliner », autrement dit, les civiliser, donc les christianiser ! « Et nous nous approchons sans l’angoisse de l’entrepreneur qui leur propose des programmes préconçus (exit l’angoisse du salut des âmes, et donc les plans pour les convertir !), pour “ discipliner ” les peuples amazoniens, discipliner leur histoire, leur culture ; c’est cette anxiété de “ domestiquer ” les peuples autochtones. Quand l’Église a oublié cela, c’est-à-dire comment elle doit s’approcher d’un peuple, elle ne s’est pas inculturée ; elle a même fini par mépriser certains peuples. Et combien d’échecs regrettons-nous aujourd’hui ! Pensons à De Nobili en Inde, à Ricci en Chine et à tant d’autres. Le centralisme “ homogénéisant ” et “ homogénéisateur ” n’a pas laissé émerger l’authenticité de la culture des peuples. »
Ainsi Mattéo Ricci est lui-même dépassé, selon le pape François, car il n’est pas allé assez loin et n’a pas laissé émerger “ l’authenticité de la culture des peuples ” ! Ricci s’est heurté au système de pensée du confucianisme et a cru qu’il convertirait les lettrés en donnant un sens chrétien à leurs écrits fondateurs. Il affirme dans ses lettres à ses supérieurs qu’il a tordu sciemment le sens des textes des classiques chinois et au début, cela lui a attiré des disciples, mais peu à peu les lettrés ont dénoncé la supercherie et les jésuites ne convertirent plus aucun lettré à partir de 1620. Il a donc échoué à coloniser leur esprit en voulant transformer le confucianisme de l’intérieur.
Heureusement pour nous ! car, ainsi que le disait le Père Henri Garnier missionnaire, en 1948, au moment où l’Église commençait déjà à réhabiliter ces novateurs : « Si Ricci, Adam Schall qui se chinoisa lui-même un peu trop et quelques autres avaient réussi à mettre sur pied la secte hybride qu’ils rêvaient d’instaurer en Chine, Rome aurait eu plus tard du fil à retordre, si du moins Rome avait eu encore son mot à dire... »
Aujourd’hui, Rome s’est ralliée à cette « secte hybride » sous le nom d’ “ Église patriotique ” qui descend directement de Lebbe et de Ricci.
Et ne nous y trompons pas, la diplomatie chinoise du Pape François n’est pas une méprise ou une erreur de parcours, elle correspond à sa pensée profonde de l’inculturation de l’Église, comme le dit bien le secrétaire du synode : « Ce sont les peuples mêmes qui doivent recevoir le message [chrétien] selon leurs codes et comment il peut être bon pour eux. C’est à eux d’étudier leurs usages et leurs traditions à la lumière de ce message évangélique. Quand les peuples deviennent sujets et non plus objets de l’évangélisation, alors ce n’est plus le message d’une Église étrangère. »
La référence n’est plus notre religion catholique, mais leurs traditions ancestrales qu’il faut prendre comme un bloc : « La vie des communautés amazoniennes encore non affectées par l’influence de la civilisation occidentale se reflète dans la croyance et dans les rites concernant l’action des esprits ou de la divinité – appelée de multiples manières – avec et sur le territoire, avec et en relation à la nature. Cette vision du monde se retrouve dans le “ mantra ” de François : “ Tout est lié ” (Laudato Si’ 16, 91, 117, 138, 240).
C’est la vision d’un monde qui juge tout, y compris la foi catholique ! (...)
DANS LA DROITE LIGNE DE NOSTRA ÆTATE
En instaurant la dictature démocratique du synode par cette procession sacrilège du 9 octobre, le pape François impose à l’Église la marche forcée que notre Père, l’abbé de Nantes, dénonçait dans la promulgation de Nostra Ætate (Autodafé, p. 258).
Ce décret sans valeur doctrinale allait provoquer la destruction des missions :
« L’Église exhorte donc ses fils pour que, avec prudence (la prudence “ audacieuse ” du pape François !) et charité, par le dialogue et par la coopération avec ceux qui suivent d’autres religions, et tout en témoignant de la foi et de la vie chrétiennes, ils reconnaissent, préservent et fassent progresser les valeurs spirituelles, morales et socioculturelles qui se trouvent en eux. »
Il est évident que le pape François ne fait que suivre le concile Vatican II :
« Il faut désormais renoncer à tout le vêtement, toute la figure et la chair vivante de notre religion, pour “ méditer et exprimer la Révélation sur l’arrière-plan de cette culture et de cette religion ” qui sont “ l’âme et la nature de chaque communauté ” [...]. Il faut s’incarner bantou ! » (Préparer Vatican III, p. 163)
« IL FAUT BEAUCOUP PRIER POUR LE PAPE. »
On m’écrit : le cardinal Sarah vous condamne : « Qui est contre le Pape est hors de l’Église », a déclaré le préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements se défendant vivement de toute opposition au pape François que d’aucuns veulent lui prêter.
Quant à nous, nous ne sommes pas « contre le Pape », au contraire ! Nous ne cessons de prier pour lui, selon les recommandations de sainte Jacinthe, et selon ses propres demandes répétées et insistantes : « S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. »
Comment « oublier » quand la paix du monde, en grand péril, dépend de son obéissance à Dieu qui veut établir dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de Marie.
Non, nous ne sommes pas « contre le Pape », puisque nous faisons appel à son magistère infaillible, comme le montre notre réponse au questionnaire de la Congrégation pour la Doctrine de la foi. Et nous attendons patiemment le verdict... En accord total avec le cardinal Sarah lorsqu’il conclut que « l’histoire de l’Église est belle et la réduire aux particularités politiques des talkshows télévisés est une opération de marketing et non un moyen de rechercher la vérité ».
L’appel « du Pape au Pape » est précisément le moyen infaillible de rechercher et obtenir la vérité, parce que nous croyons au dogme de l’infaillibilité pontificale définie par le bienheureux pape Pie IX au concile Vatican I.
Frère Bruno de Jésus-Marie
Extraits de Il est ressuscité ! n° 203, novembre 2019, p. 1-10