Cosmogénèse : L'univers en expansion... et Dieu ?
Pour en finir avec Galilée
« Les cieux racontent la gloire de Dieu », ils la proclament et de jour et de nuit, ils la démontrent, ils la donnent à mieux connaître dans son immensité dont la leur est l'image et la preuve. Les païens ont cru que les astres étaient eux-mêmes les divinités qu'il fallait adorer et honorer. La Bible juive et chrétienne les déclare des objets de même condition que la terre, œuvres de la première création, faits pour l'homme comme l'homme est fait pour le Christ et le Christ est pour Dieu.
Leur mystère n'en demeure pas moins énigmatique et grandiose. La science, la science grecque s'appliquera à résoudre l'énigme, dans l'espoir sans doute de ramener en quelque façon l'immensité des cieux à une mesure humaine. Mais plus la raison avancera dans la solution de l'énigme, infiniment plus se révélera grand l'univers. Et cette course de la raison à la poursuite, à la conquête d'un monde céleste toujours plus ample est loin d'être terminée.
Le ciel astral semblait pourtant se prêter à notre connaissance, s'énoncer lui-même en termes simples. (…) Lumière, chaleur, mouvement, matière... Toutes les notions fondamentales de notre science nous sont venues de la description antique des phénomènes célestes. Quant à la force qui devait mouvoir l'immense machine, aucun des Anciens n'en ignorait la notion. Mais c'est là qu'ils en appelaient aux « esprits ». (…)
Il ne manquait donc plus qu'à mieux observer et mesurer ces mouvements des astres, apparemment simples et manifestes, pour pénétrer à fond ces notions premières et par là connaître la nature des êtres célestes comme nous connaissions déjà, du moins le croyait-on, celle des êtres terrestres. Les Grecs, les premiers, les seuls, s'engagèrent dans cette voie véritablement scientifique. On croit avoir tout dit quand on a expliqué la méthode de leur raisonnement, bannissant toute imagination cosmogonique, tout mythe religieux, tout vitalisme ou spiritualisme, et quand on a bien précisé que leur science ne visait qu'à interpréter les phénomènes par des figures et des calculs, satisfaisants certes mais jamais définitifs, jamais absolument vrais mais justes et pratiques...
Il est exact et tout à fait admirable que notre science, marquée par le caractère visuel et idéaliste de l'esprit grec, se lance audacieusement dans la connaissance des choses, après les avoir seulement regardées, en leur prêtant des formes parfaites, idées claires et distinctes, figures géométriques harmonieuses, nombres. Cette attribution, cet essai de saisie de la nature des choses par l'esprit est certes hypothétique, et combien risquée ! Il serait abusif qu'elle se fasse catégorique ou, par prétention religieuse, dogmatique.
Cependant, en progressant, la science consolide ses bases et, de proche en proche, celles-ci se muent en certitudes que j'oserais dire absolues. Quant à ses avancées extrêmes, la raison pure n'a certes aucun moyen d'en mesurer la valeur réelle, du moins doit-elle exercer la fonction critique qui lui a toujours réussi, pour écarter a priori, tout au moins fortement déprécier toute hypothèse qui recèle des contradictions internes ou qui ne présente aucun accord avec l'expérience.
Tout cela pour dire qu'il y a aussi dans les sciences expérimentales des vérités absolues, et non pas seulement des définitions ou des formules commodes, et qu'il y a également des erreurs, des faussetés absolues, et non pas toujours des suppositions vraisemblables même à l'encontre de la raison et des faits. C'est d'une si admirable confiance en la cohésion de la raison et de l'observation que la science de l'univers est née, et qu'après deux millénaires de piétinement forcé, faute d'instruments adéquats, elle a atteint aux proportions gigantesques que nous lui connaissons.
LA CONNAISSANCE DE L'UNIVERS
CERTITUDES ET HYPOTHÈSES DES GRECS
Le type des belles hypothèses devenues certitudes est celui de la rotondité de la terre. L'éléate Parménide ayant conçu l'idée pure de la sphère parfaite, les astronomes firent la supposition que telle devrait être la forme de la terre. L'hypothèse parut rendre compte de diverses observations. (…) Aristote en conclut déjà que la terre est sphérique, isolée dans l'espace. (…)
Cette idée pure de la sphère, les Grecs l'appliquèrent bientôt aux corps célestes les plus proches. Et le phénomène saisissant des éclipses leur fit penser que les ténèbres n'étaient donc rien, que l'absence d'éclairement des corps opaques. Ce fut aussi un progrès considérable, et aisé, de distinguer des milliers d'étoiles fixes dans le « firmament », dont les constellations présentent des figures immémorialement connues, sept astres vagabonds, d'où leur nom grec de planètes, le Soleil, la Lune et, apparemment beaucoup plus petits, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne. (…)
Pour aller de l'avant, il fallait inventer des hypothèses. (…) À cet exercice les Grecs se passionnaient, surpassaient tous les autres peuples, et nous admirons encore leur audace. (…)
Eudoxe de Cnide (vers 380), que suivront Platon et Aristote, s'en tenant aux apparences, admet la Terre pour centre immobile de tous les mouvements des astres et il en fait le système de référence de son astronomie. Ce géocentrisme fondamental exige l'élaboration compliquée d'une suite de cercles, dont Aristote fera des sphères solides s'entraînant les unes les autres, aboutissant à interpréter les mouvements réguliers ou irréguliers des sept planètes selon des cercles parfaits.
Il faut fortement rappeler que les calculs de Ptolémée (+ 140 ap. J. C), qui appliquent totalement ce système géocentrique (…) rendront un compte si précis et si juste de la position des astres en tout temps que, jusqu'à nous, ils fourniront aux navigateurs les livres d'astronomie pratique dont ils ont besoin. (…)
Héraclite (vers 300) imagina, pour expliquer à moindres frais la succession du jour et de la nuit, que la Terre tournait sur elle-même. (…)
Aristarque de Samos enfin (310-230) imagina que la Terre tournait autour du Soleil (…) perdu dans un cosmos immense. Les planètes décrivent autour de lui des cercles parfaits qui devraient se calculer beaucoup plus facilement que les épicycles compliqués du système de Ptolémée. C'est pourtant sur l'impossibilité d'un tel calcul qui manifeste l'accord de la théorie avec la réalité, que l'héliocentrisme achoppera et sera tenu en suspicion, fort légitimement donc, pendant dix-huit siècles.
L'énigme ne sera résolue qu'au prix d'un renoncement cruel à l'idéal grec d'un monde géométriquement parfait. (…)
En attendant, héliocentrisme et géocentrisme se valent, et les calculs de Ptolémée seuls servent aux navigateurs.
LA GRANDE CRISE DE CROISSANCE DE L'ASTRONOMIE
(…) Le Moyen Âge lentement progressa dans l'étude des sciences tandis que la Renaissance faillit tout compromettre par un engouement déraisonnable pour tout ce qui était mythologie, gnose et magie héritées de l'Antiquité. Le Moyen Âge honora la liberté de la recherche en gardant la discipline de la raison, et la Renaissance exalta la licence individuelle en ce domaine aussi, au grand risque de compromettre pour longtemps l'avenir des sciences d'observation alors en plein essor. (…)
Certains esprits pénétrants, que la Renaissance ignora, avaient dès le Moyen Âge discerné, sous le vocable fort exact d'impetus, ou d'impulsion, cette notion fondamentale de la dynamique moderne qu'est la force vive et ils avaient pressenti, longtemps avant Newton, la gravitation universelle, cette force d'attraction sans laquelle il ne saurait y avoir de science exacte des corps célestes. Il ne serait même pas paradoxal de dire que, si la Renaissance n'avait brisé avec la tradition scolastique, les sciences auraient connu sans secousse et avec trois siècles d'avance, leur prodigieux développement du XVIIe siècle. Jean Buridan († 1342) enseignait déjà ce que Newton réinventera et précisera : le grand principe de l'inertie des corps et son universalité en mécanique céleste aussi bien que terrestre.
La crise vint de l'obstination des astronomes à concevoir le mouvement des corps célestes de manière tout idéale, en termes de pure cinématique, les considérant toujours comme des corps légers, et si j'ose dire volatiles, échappant à toutes les servitudes des corps terrestres, et dont le mouvement immuable et parfait devait être, a priori, circulaire. Tant que cette mentalité, grecque avant d'être médiévale ! régnera sur les esprits, le géocentrisme continuera de s'imposer. Il a pour lui le mouvement apparent du ciel, les calculs les plus précis et les plus pratiques, les seuls utilisables, l'autorité d'Aristote, enfin le langage de la Bible et son interprétation traditionnelle par les Pères de l'Église. Mais, de tradition aussi, l'argument d'autorité est considéré en sciences comme le dernier de tous depuis saint Thomas d'Aquin. Toute latitude est laissée aux astronomes d'émettre d'autres hypothèses pourvu que celles-ci s'accordent avec l'expérience... Ce sera, longtemps encore, la vraie difficulté de l'héliocentrisme.
Copernic, homme d'Église et grand lecteur de ses prédécesseurs scolastiques comme des Grecs, eut de nouveau l'audace de calculer Les révolutions des orbes célestes (1543), en prenant pour système de référence le Soleil, considéré comme le centre autour duquel toutes les planètes devaient parcourir des orbes circulaires, ou plutôt des ovales, à une vitesse constante. Et il était convaincu de la vérité, de la réalité de sa théorie, en considération de sa simplicité et de sa beauté. Las ! Pour faire coïncider ses calculs avec ses observations, il fut contraint de compliquer son système, de faire appel à des séries d'épicycles finalement plus nombreuses encore que celles de Ptolémée.
L'époque était éprise de nouveauté. L'héliocentrisme fut à la mode, mais personne ne se souciait d'examiner de près les calculs du chanoine polonais. L'éminent et très consciencieux astronome danois Tycho-Brahé, qui le fit, en fut si déçu qu'il récusa ce système (…).
NAISSANCE DE L'ASTRONOMIE MODERNE
Képler n'était, pas plus que ses prédécesseurs, émancipé de l'idéalisme grec. (…) C'est la précision des observations astronomiques innombrables qu'il hérita de Tycho-Brahé et des siennes propres, qui le conduisit, comme à l'aveugle, à une expression presque parfaitement exacte et relativement simple du mouvement des corps célestes. Il lui fallut seulement, et c'est là sa gloire immortelle, rompre avec les idées reçues du mouvement circulaire et de la vitesse constante des planètes. Quelle révolution mentale ! et quel saut dans l'inconnu !
Ses trois lois fameuses rendaient enfin plausible l'héliocentrisme vulgarisé par Copernic, en le corrigeant profondément. Les planètes décrivaient des orbites elliptiques à des vitesses variables, en fonction de leur distance à l'un des centres du système où était situé (à peu près, mais Kepler ne s'en rendit pas compte) le Soleil. C'était en 1614-1616. Pour la première fois, l'héliocentrisme devenait plausible, accordant ses calculs avec les données de l'observation. (…)
Mais ces ellipses et cette perpétuelle accélération en vitesse et en direction imposait l'idée d'une cause mécanique et non plus métaphysique, de couples de forces en action et non d'anges ou d'esprits porteurs de sphères ! Kepler avança déjà très loin sur ce chemin, entrevoyant déjà la loi de la gravitation universelle, mais il mourut trop jeune, persécuté par ses congénères protestants, pauvre et sans gloire. (…)
Newton allait lui ravir toute la gloire en formulant à jamais les trois lois fondamentales de la mécanique des corps, célestes aussi bien que terrestres : la loi d'inertie, la loi d'accélération, la loi d'action et de réaction réciproques (1687). Aussitôt appliquées au système astronomique de Kepler, ces lois imposaient l'hypothèse d'une perpétuelle lutte entre deux forces contraires, l'une constante, l'autre variable, d'où résultait l'étrange accélération des planètes en vitesse et en direction autour du Soleil. L'une était indubitablement leur force d'inertie, qui les jetait droit devant elles à une vitesse constante, mais contrariée, mais composant avec une autre. Quelle autre ? Sans en rien savoir, Newton osa la calculer, telle qu'elle devait être pour justifier le mouvement des planètes, et la nommer du vieux mot usé de « gravitation ». La gravitation universelle était ce en vertu de quoi deux corps quelconques s'attirent en raison directe de leurs masses et en raison inverse du carré de la distance de leurs centres de gravité. (…)
Qu'est-ce que cette force de gravitation, cette attraction, cet amour matériel, nul ne le sait davantage aujourd'hui qu'hier. Ce n'est pas un dieu, ou un ange, des myriades d'esprits, mais une propriété mesurable de la matière, une énergie de même type que la force d'inertie avec laquelle elle compose sur la terre comme dans le ciel, ou toute autre force, s'y ajoutant, s'y soustrayant, s'y confrontant selon une formule mathématique infaillible. (…) Que Dieu ne soit plus nécessaire pour expliquer la machine, c'est toute une autre question. (…)
Je veux faire ici pour la suite de notre étude deux remarques importantes :
1° En substituant une mécanique céleste à une cinématique pure, Newton a fait passer l'héliocentrisme du domaine des hypothèses possibles à celui des explications certaines. Et parallèlement le géocentrisme, de sa valeur ancienne d'hypothèse probable à une non-valeur, voire à une fausseté démontrée. (…)
2° C'est alors que le réel paraît trop compliqué pour être intelligible, trop irrégulier en tout pour être enfermé dans des lois nécessaires et universelles que, soudain, ce désordre apparent s'ordonne à une hauteur d'intelligence supérieure. Ainsi la mécanique newtonienne, d'une absolue simplicité, explique les invraisemblables aberrations observées dans le mouvement de tous les corps célestes. (…) On put croire alors que l'astronomie ne serait plus qu'un chapitre nouveau du calcul mathématique.
EN FINIR AVEC GALILÉE
Galileo Galilaei (1564-1643), dans cette crise de croissance de l'astronomie, ne fut pas un précurseur, un découvreur de génie, mais au contraire un rétrograde et un perturbateur. Il enseigna sans vergogne, au temps même de la publication par son ami Kepler de ses magnifiques découvertes, un géocentrisme routinier. En 1613 seulement, ayant observé après bien d'autres les taches du Soleil et leur mouvement, il adopte avec fracas l'héliocentrisme devenu à la mode. Mais il s'en empare, il en fait sa chose et va désormais en faire son cheval de bataille contre tous, pour sa seule gloire... sans l'avoir bien compris lui-même ni non plus l'avoir démontré et prouvé.
Sans doute a-t-il fait quelques découvertes dignes d'intérêt : le relief de la Lune, les phases de Vénus, la variation du diamètre apparent des planètes. D'autres encore, mais si fausses qu'on préfère les taire maintenant, telles les « lunes de Jupiter » qu'oncques ne vit jamais, malgré ses dires, pas même lui !
Il figurerait donc parmi les astronomes méritants de son siècle, s'il en était resté à de sages conclusions. D'abord, que les corps célestes n'étaient point d'autre nature que notre Terre, qu'ils n'étaient ni lisses, ni incorruptibles ni subtils ni, par conséquent, exempts de toute servitude mécanique – mais à ce dernier point il ne pense même pas ! Et aussi, que l'héliocentrisme acquérait à de telles découvertes une plausibilité croissante. Il aurait vécu jusqu'à sa mort comme il avait commencé, honoré grandement des papes et de la cour de Rome, des jésuites, des beaux esprits et de toute l'Europe savante.
On lui aurait pardonné ses insupportables vantardises, comme de s'attribuer toutes les découvertes des plus grands génies du temps, et jusqu'à l'invention de cette lunette astronomique qui fut au point de départ de sa gloire en 1610. On aurait souri d'un tel orgueil qui lui faisait écrire tant de folles paroles : « Vous n'y pouvez rien, Monsieur Sarsi, il a été donné à moi seul de découvrir tous les nouveaux phénomènes du ciel et rien aux autres. Telle est la vérité que ni la malice ni l'envie ne peuvent étouffer. » (cf. Georges Salet, L'Affaire Galilée in De Rome et d'ailleurs, mai-juin 1980, p. 21)
Mais ce qui est impardonnable et qui fait de Galilée le type même des imposteurs qui portent un tort immense aux progrès de la science, c'est le dogmatisme bétonné, le fanatisme qu'il mit dans sa nouvelle idée du mouvement circulaire uniforme des planètes autour du Soleil ; l'érigeant tout de go en vérité absolue, indiscutable, évidente, parce que tel était son parti pris, obligeant les autres à le croire sans preuve, contre toute preuve, au mépris des preuves apportées par d'autres, ridiculisant l'objecteur ou l'hésitant, accablant de son mépris ou feignant d'ignorer ceux dont il s'inspirait sans les avoir même bien compris. Il est le type même du paranoïaque savant.
Ainsi jusque durant son procès de 1633, il jette le discrédit sur Copernic, pour ne pas avouer sa dette envers lui. Et il semble bien qu'il ne l'a jamais compris. De même, il méprise superbement les splendides découvertes de Kepler, qui se croyait son ami et qu'il couvrira de sarcasmes après sa mort, tout cela uniquement par jalousie et fol orgueil.
Ce ne serait rien, s'il n'avait de ce fait empêtré l'héliocentrisme en plein essor, dans des conceptions absolument dépassées, qu'il partageait d'ailleurs avec ses adversaires les plus bornés, en particulier cette obsession de l'excellence du mouvement circulaire uniforme qui faussait tous les calculs ; et encore cette incompréhension de l'équivalence des hypothèses géocentrique et héliocentrique, en cinématique pure, que pourtant le cardinal Bellarmin lui serinait en s'inspirant de saint Thomas ! Non, il fallait que sa théorie soit la vraie, l'unique, excluant jusqu'à la possibilité de toute autre hypothèse et malgré l'absence de tout calcul exact.
Il prétendait imposer son idée, sans daigner en fournir des preuves. C'est parce qu'il n'en avait pas la moindre à présenter. (…) Mais quand enfin il se vit contraint de publier ses raisons, il les donna si fausses, si stupides qu'il eût à jamais compromis l'héliocentrisme qu'il faisait sien, si d'autres ne l'avaient tout autrement exposé et prouvé. Sa théorie des marées, dont le pape Urbain VIII tentait vainement de le détourner, se montrant en cela plus fin savant que lui, est proprement insensée et ne s'accorde même pas avec l'observation commune du phénomène. Son explication du miracle de Josué arrêtant le Soleil manifeste de sa part une ignorance, ou un oubli pathologique, des lois élémentaires de la mécanique terrestre dont il se prétendait l'inventeur. Et tout à l'avenant dans son œuvre « scientifique » !
Alors, pourquoi ce scandale indéfiniment relancé ? Parce que l'Église le condamna, et à travers lui Copernic, pour leur héliocentrisme considéré comme une hérésie. Et le fait de cette double condamnation est exact. C'est qu'en effet, faute de démonstrations, de preuves, de calculs sur lesquels les vrais savants et les grands inventeurs fondent leurs théories pour y rallier les esprits, Galilée prétendit mobiliser l'autorité du Pape et des cardinaux, invoquer leur protection, leur amitié, leur extorquer l'imprimatur pour imposer son système. Ensuite, toujours gêné par sa même impuissance à rien apporter pour la défense de sa thèse, il la fit bénéficier de l'autorité de la chose jugée et commença de s'emporter contre les saintes Écritures qui parlent un autre langage, contre les Pères de l'Église qui suivirent l'opinion contraire, contre les gens d'un autre avis que le sien, tous, à l'entendre, devenus mauvais catholiques, et finalement contre le Pape lui-même qui ne comprenait pas sa théorie – absurde – des marées !
Il fit tant et si bien que, pour la première fois, l'héliocentrisme se fit antichrétien et la science prit figure d'ennemie de la foi. Comment l'Église l'aurait-elle supporté ? Et si elle s'était rangée aux idées de Galilée, on rirait maintenant de sa naïveté et l'on insisterait certainement sur les absurdités galiléennes qu'elle aurait censément faites siennes.
En condamnant ce provocateur, elle a interdit d'enseigner l'héliocentrisme et c'est grand dommage : Descartes, Mersenne, Gassendi, les jésuites se sont soumis à ce précepte, et ce sera le protestant Newton qui leur ravira la gloire des grandes découvertes auxquelles ils touchaient. Mais à qui la faute ? Foncièrement, la condamnation de Galilée, plus escroc que savant, servit en définitive la vraie science que pareil charlatanisme aurait corrompue et obligea l'héliocentrisme conquérant à fournir ses preuves décisives.
Pascal faisant flèche de tout bois contre Rome, dans ses Provinciales introduisit l'Affaire Galilée dans le catalogue des pièces à conviction de la polémique anticléricale. Elle y restera jusqu'à nos jours, où, dans sa fièvre culpabiliste, l'Église romaine songe sérieusement à réhabiliter cet agitateur et à demander pardon à la Science pour sa condamnation ! Il est avéré que depuis longtemps Galilée n'a plus que cette gloire-là, d'avoir été brimé, combien légèrement ! par des hommes d'Église qui l'aimèrent bien trop. Seuls les anticléricaux, ou leurs dupes, et les modernistes introduits dans les plus hautes sphères de l'Église pour la détruire, agitent encore ce scandale. Il n'appartient pas à l'histoire de l'astronomie mais à l'arsenal de la polémique anticléricale. Qu'on ne nous parle plus de Galilée !
L'UNIVERS EN EXPANSION
IMMENSE COSMOS SANS VIE, SANS ÂME, SANS ESPRIT !
(…) Notre Terre et sa planète s'emboîtent dans le système planétaire du Soleil, et celui-ci comme une poussière dans le tourbillon immense de notre Galaxie. À son tour, celle-ci se situe dans un amas qui lui-même s'agrège à d'autres en super-amas. Où cela s'arrêtera-t-il ? Nous en sommes à un ensemble de 20 milliards d'années de lumière de rayon, renfermant une masse de mille milliards de milliards d'étoiles comparables à notre Soleil, et pourtant si éloignées les unes des autres que la densité générale du Système serait d'un atome au mètre cube !
Là s'arrête notre vue. (…) Mais les plus lointaines nébuleuses n'ont pas encore eu, depuis la fondation du monde, le temps de nous faire part de leur naissance. Alors, au-delà de notre... horizon actuel ? « Il n'y a aucune raison, remarque l'astronome contemporain Heidmann, pour que la population de l'univers s'arrête précisément à l'horizon actuel. » De fait, aucune raison.
Autre chose, curieuse. Les super-amas semblent, non pas uniformément repartis dans l'espace, mais alignés, structurés, d'aucuns disent « organisés » selon des figures polyédriques : répartis sur les faces, les arêtes, les sommets de polyèdres réguliers, aux dimensions de plusieurs centaines de millions d'années de lumière. Les astronomes sont rêveurs, c'est connu, et parfois farfelus. D'aucuns font des rapprochements osés, entre ces structures macrocosmiques et les structures vivantes élémentaires, microscopiques, telles que les enchaînements cellulosiques des cellules végétales ! De là à perdre la raison, il n'y a qu'un pas : Et si la totalité du Cosmos n'était qu'une cellule élémentaire d'un grand Être vivant, qui lui-même serait une poussière dans un Hypercosmos qui... La raison chavire à cette suggestion. Mais non, cela est absolument inconcevable. Parce que le vivant a une structure dynamique, néguentropique (pardon !), une force de développement organique qu'Aristote nomme l'âme, tandis que les amas et super-amas de nébuleuses ne présentent que des figures géométriques certes remarquables, mais dénuées de toute structure interne, sans vie, sans âme, sans esprit. Cela ne préjuge pas de l'autre question, toute différente, de la pluralité des mondes habités, dont nous parlerons plus tard. Mais cela signifie que la Vie présente un ensemble cohérent de propriétés et d'actions que nous ne rencontrons à aucun échelon de nos systèmes astrophysiques. Aucune trace de vie ou de pensée dans l'immense Cosmos ! Ni les trous noirs démythisés, ni les pulsars, ni le Système total ne posent de problème qui dépasse le niveau de la mécanique classique, newtonienne. Ce monde est sans vie, inerte, matériel. Le rêve s'arrête là. Il ne reste plus qu'à découvrir, s'il est possible, son état et son mouvement tout à fait universels et d'où vient qu'il soit ainsi aujourd'hui, en équilibre éternel, ou en accélération à l'infini... Ce sont problèmes de cosmogénèse. (…)
« L'EXPOSITION DU SYSTÈME DU MONDE »
(…) Tous nos systèmes astronomiques, encastrés les uns dans les autres, résultent de la composition newtonienne de la force d'inertie qu'ils conservent, venue Dieu sait de quelle impulsion première ! et de la force de gravitation qui, à elle seule, les concentrerait tous en une seule masse compacte. Ces deux forces, centripète l'une, centrifuge l'autre, existent, si indéfinissables qu'elles soient. Elles sont, cela suffit. Newton, ne voulant pas soulever de question métaphysique, posa en principe que Dieu était le premier auteur et conservateur de ces forces, mouvements et équilibres mystérieux. (…)
Il revient au grand Laplace, en 1794, d'avoir osé, après Buffon (et Kant), une « Exposition du système du monde » extraordinairement suggestive. (…) Supposant l'existence primordiale d'une nébuleuse gazeuse géante à haute température, animée d'une rotation suffisante, il calculait qu'en se refroidissant elle devrait se condenser en formant un ou plusieurs anneaux, qui, se fractionnant à leur tour, donneraient naissance aux planètes. L'hypothèse était plausible pour notre Système solaire. Elle le devint aussi pour notre Galaxie, à partir du moment où nous sûmes qu'elle présentait une forme spiralée témoignant d'une rotation analogue de ses milliards d'étoiles autour d'un noyau de grande concentration. N'en pourrait-on dire autant des amas de nébuleuses ? et de la totalité de l'Univers ?
Voici ce que serait la généralisation du système de Laplace : Donnez-moi une nébuleuse primitive, à haute température, animée d'une force d'inertie considérable, tournoyant sur elle-même et se déformant sous l'effet de la force centrifuge, je pourrai calculer toutes les phases de sa dislocation et de la dispersion de ses premiers éclats, de proche en proche, et de leur formation en nouveaux systèmes d'équilibre locaux, jusqu'à celui qui nous est le plus proche, qui est la révolution et la rotation de notre amie la Lune autour de la Terre ! La pluralité des corps célestes, leurs révolutions, leur équilibre apparent auraient-ils derrière eux une longue histoire ? Il y aurait eu un commencement, une dynamique évolutive universelle, pour aboutir à notre équilibre actuel, stable ou instable ? définitif ou lui-même en devenir vers un état terminal, et lequel ?
L'HYPOTHÈSE FANTASTIQUE
C'est alors que la découverte de la radioactivité excita les esprits et changea, peut-on dire, tous les astronomes en astrophysiciens. La thermodynamique devint la reine des sciences, et il fut évident que bientôt quelqu'un reprendrait l'idée laplacienne de la nébuleuse primitive, mais à l'échelle cosmique de la nouvelle astronomie, et lui attribuerait, par hypothèse, une puissance infinie de radioactivité, disons d'explosion spontanée capable de créer ce mouvement et de donner à tous les éclats de matière projetés en toutes les directions cette force vive que nous connaissons aujourd'hui mais domptée, domestiquée par la force de gravitation qui lui est contraire.
Telle est l'hypothèse du big bang, réduite à sa plus simple expression : l'état thermodynamique de l'univers, tel qu'il nous est connu, peut être l'effet lointain de l'explosion d'un atome primitif, concentrant à l'origine des temps et des espaces toute la masse et l'énergie aujourd'hui dispersées, et les libérant soudain.
L'abbé Georges Lemaître fut l'inventeur (en tout cas le vulgarisateur) de cette hypothèse grandiose, dès les années 1925-1928. Elle connut un succès prodigieux, et il ne cessa, avec Hubble, Eddington et cent autres, de la perfectionner jusqu'à sa mort en 1966. C'est l'Univers en expansion.
Peut-être l'hypothèse sera-t-elle vérifiée un jour, totalement, ou en partie. Il n'en demeure pas moins qu'aujourd'hui elle se donne pour prouvée, calculée, démontrée alors qu'elle ne l'est pas. Je me hâte de dire que je n'ai rien contre elle. Enthousiasmé en 1946, depuis je n'en ai jamais détaché mon esprit. La foi, l'apologétique chrétiennes y trouvent leur avantage. Mais la rigueur scientifique impose de distinguer en elle ce qui a des chances d'être vrai, ce qui reste douteux, et enfin ce qui est absolument et définitivement irrecevable.
L'HYPOTHÈSE EST PLAUSIBLE
À partir de cette fameuse théorie du “big bang”, évidemment indémontrable, on imagine des modèles possibles de développement déterministe, en s'efforçant de les faire cadrer en fin de course avec l'état actuel de notre univers. Des calculs peuvent être ébauchés. En mécanique newtonienne classique, cette masse – mais comment la chiffrer ? – douée en tous ses éléments éclatés d'une prodigieuse force de désintégration – incalculable elle aussi – aurait constitué, dans l'espace et le cours irréversible du temps, une sphère, ou un polyèdre convexe de volume croissant. Deux forces, en opposition totale, auraient joué : la force de l'explosion initiale, devenue force d'inertie, et la force d'attraction des corps ou force gravifique.
La force d'inertie joue l'expansion. La force gravifique la freine. Mais l'une et l'autre diminuent. La première, parce qu'elle s'use dans cette opposition. La seconde, parce que l'accroissement des distances l'affaiblit. Dès lors, trois possibilités seront à envisager par pur calcul, qui dessinent trois modèles d'univers :
1° La force de désintégration l'emporte dès le commencement sur la force gravifique, dans une telle proportion que celle-ci n'arrivera jamais à l'égaler. Alors l'univers est en expansion perpétuelle.
2° Les deux forces, dans leur usure inégale, parviendront à s'annuler l'une l'autre. L'univers entrera alors dans un état d'équilibre instable qui pourrait cependant être perpétuel.
3° La gravitation l'emportera, en fin de course, sur l'élan primordial. Passant le cap de l'équilibre critique, l'univers inversera son mouvement et reviendra à son premier état de concentration totale avec une vitesse accélérée jusqu'au choc final.
Pour privilégier l'un de ces trois modèles, (…) il faudrait surprendre le mouvement réel de l'Univers actuel, et plus encore son accélération ! (…)
DES PREUVES DISCUTABLES
Une hypothèse, si séduisante qu'elle soit, ne vaut que par ses preuves. (…)
En faveur de l'hypothèse d'une désintégration primordiale figure en bonne place le rayonnement cosmique, (…) qui pourrait être les traces directes des premières transformations super radioactives de l'Atome primitif. (…)
Une autre preuve viendrait de l'abondance, relativement surprenante, d'hydrogène, d'hélium, de deutérium dans les nébuleuses gazeuses que l'analyse spectrale nous fait très exactement connaître. La prédominance de ces éléments légers serait explicable par la naissance à chaud de l'univers... Tout cela, on l'avouera, constitue des preuves positives, mais encore discutables.
En faveur de l'expansion accélérée de l'univers, preuve qui militerait en même temps en faveur de l'explosion de l'Atome primitif, est avancé l'argument massif de la récession des nébuleuses spirales, la fuite accélérée de toutes les galaxies, s'éloignant toutes les unes des autres, et de nous. Découverte en 1929 par Hubble, elle est aussitôt généralisée par lui dans une formule rigide, absolue, universelle. La constante de Hubble, H, établit une proportion linéaire entre la vitesse de récession v et l'éloignement ou distance d de la nébuleuse à la terre : v = hd. Découverte prodigieuse qui, sans attendre, suffit à soutenir l'hypothèse de l'abbé Lemaître, lui gagna Hubble et le grand astronome Eddington, puis tout le monde savant. (…)
C'est pour une autre raison, méthodologique, que je m'en inquiétai, en l'enseignant dans mes cours de philosophie des sciences, dès 1952. Comment ne pas être inquiet de l'étroitesse de la base d'une telle construction ? Ce formidable système cosmique sort, par un calcul précis, de la loi linéaire de Hubble, certes. Mais cette « fuite des galaxies », qui la voit ? comment la connaît-on ? Par le redshift. Qu'est-ce que cela ?
Je renvoie mon lecteur à n'importe quel manuel d'astrophysique, et résume. Ce qu'on voit, ce qu'on saisit par nos instruments de spectrographie, c'est un déplacement vers le rouge des raies noires du spectre dans tous les cas de rayonnements extra-galactiques, déplacement d'autant plus fort que la source lumineuse est éloignée. C'est ce qu'on observe. Et l'on suppose, l'on suppose ! en vertu de l'effet Doppler-Fizeau, et on affirme, vraiment comme s'il n'y avait aucune autre interprétation possible, que ce redshift est dû à la fuite des sources lumineuses. (…)
« Hubble est forcéd'en convenir: le décalage vers le rouge signifie que les galaxies s'éloignent de nous. Ou nous d'elles. » Voilà le dogmatisme scientifique dans toute son horreur. On se croyait Newton. On finit par taper du pied avec emportement, comme un vulgaire Galilée. Si le redshift s'expliquait par une autre cause, si demain la densité des poussières cosmiques, voire l'obstacle de « l'éther », révélait une résistance à la lumière... proportionnelle à la distance parcourue, c'en serait fait de la fantastique hypothèse. Il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier.
LES PRÉSUPPOSITIONS INSENSÉES
Il y a bien pire. Georges Lemaître aborda l'étude de l'Univers comme un champ d'application des théories mathématiques dites « de la Relativité », dont il était déjà imbu. (…)
D'entrée de jeu, il nous est imposé de croire que notre univers est justiciable d'une géométrie non euclidienne où l'espace est courbe, et donc fini quoique sans bornes. Première violence faite au réel par le transfert de purs artifices mathématiques à la physique des corps dans l'espace. Les démonstrations qu'en donne l'abbé Lemaître (…) sont à rapprocher des inepties de Galilée.
Donc l'espace est elliptique. L'hypothèse le requiert : « Alors, il n'y a plus de centre de gravité ». (…)
Est alors introduite, sous l'autorité infaillible d'Einstein, le pape de la physique moderne, une notion nouvelle, fruit du pur calcul mathématique, sans aucune base expérimentale et pourtant conçue comme une réalité physique, une force présente dans les corps : la constante cosmologique c, qui, arbitrairement mise en relation avec une « densité fictive » (sic!) de l'univers, se trouve dans la phase actuelle de son mouvement, fort opportunément, « une force élastique de répulsion qui contrecarre la force newtonienne ». (…)
On prend ici sur le fait l'impudence toute galiléenne de la Science moderne. Elle pose ses hypothèses sur des bases branlantes, ici le redshift érigé en preuve définitive de la récession générale des galaxies. Elle transforme de simples coefficients en constantes, ici la constante de Hubble. Et elle explique le fantastique univers qui en résulte par de purs artifices mathématiques auxquels elle accorde, de sa propre souveraineté, une réalité objective ! ici la constante cosmologique qui, en violente contradiction avec la loi de gravitation universelle, en vertu de la « densité fictive » de la matière, est chargée de rendre vraisemblable la fuite éperdue de toutes les galaxies dans un univers en expansion accélérée. (…)
Lemaître affirme : « Cette constante s'impose logiquement (logiquement et non expérimentalement)dans le développement de la théorie (donc, dans le calcul mathématique, non dans la réalité physique). La supprimer revient à la fixer arbitrairement en lui donnant une valeur particulière: zéro. »
Là, c'est le bouquet ! Tout le génie mathématique moderne est enclos dans cette dernière phrase. Exactement comme si je vous disais que j'ai des enfants, que je les ai laissé tomber voilà bien des années, arbitrairement, sans qu'il en soit résulté pourtant le moindre mal ni pour eux ni pour moi. J'en ai : zéro. Hi ! hi ! hi ! La « répulsion cosmique », c'est de même. On peut la laisser tomber : c'est zéro. Et tout le monde a marché, cinquante ans, sur cette imposture de mathématiciens en délire.
L'EXPANSION CONTESTÉE
La théorie du big-bang, la fantastique reconstruction de l'histoire de l'univers est remise en cause. Le désaccord éclate au Congrès de l'Union internationale d'astronomie, à Paris, en 1976. À propos du redshift et de son interprétation, devenue classique, par la fuite des galaxies. On peut dire que c'est une opposition de physiciens, de praticiens de l'astronomie d'observation, aux théoriciens, imbus de représentations mathématiques. (…) La loi de Hubble elle-même est remise en cause. (…)
JE CONSERVE L'HYPOTHÈSE
Il faut cependant conserver des hypothèses de travail pour mieux comprendre, évaluer et ordonner l'ensemble des données acquises. Le rôle d'un modèle est sur ce point précieux, indispensable. (…)
Toute hypothèse cosmogonique – naissance – et cosmogénétique – et devenir du cosmos – vise à la vérité objective de l'immense événement dont elle est un simple essai d'explication. C'est pourquoi, très frappé par le fait que l'hypothèse de Galilée si mal présentée et si malhonnêtement défendue par lui était pourtant la plus proche de la vérité absolue, je pense qu'il serait bon de conserver encore la théorie de l'Univers en expansion, quitte à en élaguer impitoyablement tout le branchage mort.
Il faut d'abord renoncer, ce qu'aucun des grands pontes de l'astronomie moderne n'ose, à ma connaissance du moins, sur le tabou le plus maléfique de l'astrophysique moderne, qui est celui de la Relativité. Si la Science s'en purgeait définitivement, elle retrouverait sa liberté, ses hypothèses seraient plus vraisemblables, ses observations plus libres. (…)
Bien entendu, nos cosmogonies ne seront encore longtemps que des conjectures fragiles, qu'une seule nouveauté peut à tout moment bouleverser ou remettre en cause totalement. (…)
ET DIEU ?
Il est évident que tout cela ne s'est pas fait tout seul, n'est-ce pas ? Il suffit de regarder le ciel par-dessus le toit, si beau, si calme, et la lune par-dessus le toit, dans sa mystérieuse gravitation, corps matériel doué d'une telle énergie, pour savoir de science certaine que Dieu existe. Il est évident que la mécanique céleste n'a pu être, n'est pas éternelle et qu'il a fallu à ce système dynamique un commencement absolu. Alors Dieu ? Dieu créateur invisible nous est suffisamment connu par son œuvre visible. Il faut être insensé pour le nier, s'arrêter de penser pour l'ignorer. Mais pour triompher de Dieu, l'athéisme devrait arrêter la ronde des sphères, taire la voix des nébuleuses spirales, étouffer le grésillement du rayonnement cosmique, chaleur résiduelle, témoin inviolé de l'acte de naissance de la Lumière !
Quelques années après cette étude, en 1988, deux équipes américaines ont entrepris de mesurer avec précision, caméras électroniques et logiciel spécifique de traitement d'images à l'appui, la distance de certains corps astraux, comme on mesure celle d'un phare en mer à l'éclat de sa lumière : il est d'autant plus lointain que sa lumière est pâle. En 1998, dix ans plus tard, les deux équipes américaines aboutissaient, à la surprise générale, au résultat inverse de celui que tout le monde attendait : au lieu de constater une “décélération”, un ralentissement de l'expansion de l'univers, du fait de l'attraction des corps qui s'exerce entre les galaxies, il fallut bien reconnaître que la dilatation de l'univers s'accélère ! Avec une énergie qui l'emporte donc sur la gravitation universelle !
frère Bruno,
Extrait de Il est ressuscité ! n° 28, nov. 2004, p. 7
Abbé Georges de Nantes
Extraits de la CRC n° 159, nov. 1980, p. 3-12