La circumincessante charité
La Vierge Marie
III. La vie terrestre de la Vierge Marie
LES événements de la vie de la Sainte Vierge sont racontés dans les Évangiles afin de nous faire connaître la grandeur et la petitesse de la Vierge Marie.
En effet, notre Père nous a montré l’Immaculée préexistante auprès de Dieu depuis toujours. Cette Femme est celle qui a été promise à Adam et Ève pour leur salut. Ainsi, à travers tout l’Ancien Testament, cette présence féminine cachée a soutenu l’espérance d’Israël ainsi que la prédiction du Messie, enfant d’une Vierge.
Puis, quand vient la plénitude des temps avec le Nouveau Testament, cette Vierge apparaît d’une manière humble et inconnue à Nazareth. C’est que les vraies grandeurs se manifestent par la petitesse. La Vierge Marie fut toute petite par l’humilité de sa destinée puisqu’Elle était vouée à une vocation incomparable. Car Dieu a voulu que des êtres si minuscules aient été plus puissants que les plus puissants des hommes et des démons ! Si petite, ayant si peu parlé, la Vierge a été si grande ! Comme le chante l’Église dans l’office de la Sainte Vierge, citant la sainte Écriture : « Parce que j’étais très petite, j’ai plu au Très-Haut ».
Comment nous en faire un portrait ? La Sainte Vierge a tellement de perfections qu’on n’a jamais fini d’imaginer comment Elle devait être ! Alors, nous dit notre Père « il faut courir d’un tableau à l’autre et s’aider aussi de telle perfection, de telle personne qui nous ravit. Ainsi pour me représenter la Vierge enfant, au jour de sa Présentation au Temple, comme le dit la Tradition, il me revient des souvenirs de petites filles très sages, très innocentes, très dévotes. Et je vois comment la Vierge a pu être comblée dans son enfance de toutes sortes de grâces, cela méritant, attirant le regard de Dieu jusqu’au jour de l’Annonciation. Là, tout ce qui est à dire de cette très sainte Enfant se trouve au chapitre de saint Luc intitulé L’Évangile de l’enfance. Ce récit est très extraordinaire : saint Luc écrit avec une science consommée. » Notre Père propose cette hypothèse qui lui paraîtra de mieux en mieux fondée : « Seule la Sainte Vierge était là, témoin direct au jour de l’événement extraordinaire de l’Annonciation. Elle a donc fait ses confidences à l’apôtre privilégié qui l’a recueillie chez lui, saint Jean qui l’a dit à saint Luc qui l’a consigné dans son évangile, à la perfection ! »
Lisons ce récit de l’Annonciation, resplendissant de lumière et débordant de louanges de celle qui va être ainsi appelée à être la Mère de Dieu. Il y a une concentration des rayons divins du Cœur de Dieu qui se polarise sur la Vierge Marie dans cette maison de Nazareth :
« L’Ange Gabriel fut envoyé par Dieu (…) à une vierge fiancée à un homme appelé Joseph, de la maison de David ; et le nom de la vierge était Marie. »
L’ange s’incline devant Elle, preuve qu’il la considère comme supérieure à lui, sa Reine par sa vertu, sa beauté, son excellence, sa proximité de Dieu. « Réjouissez-vous, Marie, comblée de grâce ! » Paroles stupéfiantes ! La “ grâce ” de Dieu, c’est sa faveur, la suavité divine, une part de sa divinité. La Vierge Marie est remplie de la grâce divine plus qu’aucune créature ne pourra jamais déborder davantage de la vie même de Dieu en elle, dans son âme et son corps, comme une éponge peut être remplie d’eau vive. Il n’y a pas en Elle le moindre recoin, dans son intelligence, sa mémoire, son imagination, son cœur, sa volonté ou ses sentiments, qui ne soit déjà transfiguré par l’amour de Dieu, la beauté, la gloire de Dieu : pleine de grâce.
Cette salutation rappelle à l’esprit de la Sainte Vierge l’oracle messianique de Zacharie « Réjouis-toi, exulte, fille de Sion, car voici que je viens habiter au milieu de toi » (Za 2, 14). Quelle émotion pour la Vierge Marie... et pour l’Ange Gabriel ! Notre Père l’imagine ravi de La voir, Elle la toute-sainte, et plein d’admiration et d’amour pour Elle, tout réjoui d’avoir été choisi pour lui transmettre ce message, il lui a dit : « Je vous salue », avec l’air de Lui dire : « Si vous saviez comme je vous aime, comme je vous admire ! Vous êtes la Colombe mystique, le Temple du Saint-Esprit, pleine de grâce. Que vous êtes belle, sainte, aimable, au-dessus de tous les Anges et Archanges ! »
« Le Seigneur est avec vous ! » : c’est le Saint-Esprit qui est évoqué ici.
« Rassurez-vous, Marie, car vous avez trouvé grâce auprès de Dieu ». Elle est assurée de la grâce de Dieu qui est toute bonté et beauté. Si petite, Dieu la tient pour sainte. Il l’aime. Voici l’annonce unique du Messie : « Voici que vous concevrez dans votre sein et vous enfanterez un fils » : c’est l’accomplissement mot à mot de l’oracle d’Isaïe, sept cents ans auparavant !
« Et vous lui donnerez le nom de Jésus » : c’est la preuve que ce n’est pas copié sur Isaïe qui disait, au chapitre 7, verset 14 : « La Vierge est enceinte, elle va enfanter un fils et elle lui donnera le nom d’Emmanuel ».
Le nom d’un être, c’est tout son mystère profond, le projet de Dieu sur lui. « Emmanuel », c’est « Dieu avec nous » en hébreu. C’est un nom symbolique, tandis que « Jésus » signifie « Dieu Sauveur » : ce Nom résume toute la vie de Notre-Seigneur, le mystère de l’Incarnation et de la Rédemption.
« Il sera grand et on l’appellera Fils du Très-Haut. Il régnera sur la maison de Jacob et son règne n’aura pas de fin. » Avec cela, la Vierge Marie a tout pour accomplir son œuvre. Tout est dit par l’ange.
« Comment cela se fera-t-il puisque je ne connais point d’homme ? » : cette parole est parfaitement claire et n’a d’autre explication que le vœu de virginité de la Sainte Vierge avant l’Annonciation. Cela signifie qu'Elle n'est pas dans l’état du mariage et qu'Elle ne veux point connaître d’homme : c’est le secret virginal de la Vierge Marie. Elle a fait un choix supérieur au mariage. Nourrie du Cantique des cantiques, étant l’Immaculée Conception, Elle veut être l’Épouse de Dieu, Elle objecte donc à Dieu son vœu de virginité, sa promesse d’être toute à Lui, son Père et son Tout depuis son jeune âge et même depuis toujours !
L’Ange l’apaise et lui explique : « L’Esprit-Saint viendra sur vous et la puissance du Très-Haut vous prendra sous son ombre ». C’est lui dire, en des termes très précis et d’une clarté absolue que cet enfantement sera tel que son Époux sera Dieu Lui-même. Elle n’aura pas d’autre Époux que Dieu, comme Elle le désirait. Elle sera Mère d’un Dieu, sans l’intervention d’un homme ; c’est Dieu même qui fera le miracle de la paternité. C’est bien cette fidélité à ce Dieu qu’Elle a voulu avoir pour seul Dieu, seul Maître, seul Époux dans la virginité totale. C’est par cet attachement à sa vocation éternelle qu’Elle mérite de devenir la Mère toujours vierge du Fils de Dieu, reçu de Dieu Lui-même comme de son Époux. Voilà qui est admirable et qui donne à la Vierge Marie cet éblouissement de sainteté, supérieure à toute sainteté humaine, justement dans cette hésitation et préférence pour l’humilité, le renoncement pour être tout à Dieu.
« Il sera appelé Fils de Dieu. » Dans son sens hébraïque, il faut traduire : « Il sera vraiment Fils de Dieu », ce n’est pas une simple appellation.
Allons à la conclusion : « Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole. » C’est la parole d’une sainteté éminente, d’une humilité confondante ! Elle acquiesce à la Volonté du Père et Elle participe à l’Incarnation du Verbe divin. C’est sa gloire absolument unique ! L’ange s’éloigne, sa mission étant remplie. Voici le grand événement : l’Incarnation du Verbe commence... « Et Verbum caro factum est, et habitavit in nobis. »
Notre Père nous fait contempler le mystère de la Maternité divine de Marie, privilège unique, d’une grandeur insurpassable : Elle devient Mère de Dieu ! « Je vois cette présence immédiate et déjà parfaite de la Personne du Fils de Dieu devenu Fils de Marie dans son sein. Je vois dans ses entrailles virginales cette cellule nouvelle habitée par l’Âme humaine de Jésus, que Dieu vient de se créer, de se donner, constituant cet homme complet qui est la manifestation, la présence de la Personne divine dans les entrailles de cette Vierge (...) Jésus veut recevoir d’Elle son humanité, lui donnant en échange participation à sa divinité. » Le miracle se produit : en Elle, un bourgeon de sa chair est devenu l’Enfant-Jésus, le Dieu fait homme ! Dieu habite dans ce ventre béni et rayonne son Esprit Saint dans cet être exceptionnel, embrasant son Cœur, illuminant son intelligence et réjouissant ses membres d’une jouissance toute pure. La voici couronnée de gloire, d’honneur et de majesté. La voilà ravie dans cette union, ce colloque intime avec son Fils qui est aussi le Fils de Dieu !
Ayant appris de l’ange qu’Élisabeth, sa cousine qui est âgée, est enceinte, la Vierge Marie qui ne fait qu’un avec l’Enfant-Jésus dans son sein, se hâte chez elle pour l’aider : la Visitation est la manifestation du Cœur de la Vierge Marie. Elle entra chez Zacharie et salua Élisabeth à la manière de l’ange Gabriel : « Réjouissez-vous ! » Comme Marie, après Marie, grâce à Marie, « Élisabeth est remplie du Saint-Esprit » à son tour et complète les paroles de l’ange Gabriel : « Vous êtes bénie entre toutes les femmes et béni le fruit de vos entrailles. » Ces deux femmes se comprennent, se bénissent mutuellement. Quel amour exquis, plein de piété, de vénération mutuelle, modèle des saintes affections.
Jean-Baptiste est sanctifié par la médiation de Marie. Partout où Marie est présente, la grâce de son Fils agit. Elle est Médiatrice universelle et dans son Magnificat, Elle chante avec exultation les merveilles que Dieu a faites en Elle et par Elle à toutes « les générations qui la diront bienheureuse ».
Puis, c’est la Nativité à Bethléem ; c’est joie sur joie ! Joie de la Vierge Marie, joie de saint Joseph, joie des bergers de la nuit de Noël, joie des anges qui assistaient à tout avec émerveillement ! La Vierge Marie met au monde cet Enfant : c’est Jésus. Pourquoi est-Il né dans une crèche ? Tout le monde ne naît pas dans une crèche ! C’est pour que chacun puisse y avoir libre accès, même les hommes les plus pauvres, les plus abjects, représentés par les bergers. L’Évangile nous met en présence dans cette étable, dans cette bergerie, de la Vierge Marie qui donne le jour à son Enfant, en toute pureté, en toute candeur, sans aucune déchirure de son corps, sans aucune effusion de sang. Dieu ne voulait pour cette merveille de la création qu’est sa Mère Immaculée aucune conséquence du péché originel. Elle enfante dans une beauté sublime comme une Reine, dans une joie intime, et gardant sa virginité intacte. Elle prend l’Enfant sans aucune peine ni faiblesse et l’emmaillote dans ses langes puis le couche dans une mangeoire ! Les anges se mêlent aux hommes pour louer l’événement : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ». Et l’Église chante cet enfantement miraculeux à Noël par cette antienne toute admirative pour la Vierge Mère : « Une jeune Mère a enfanté le Roi dont le nom est éternel, unissant les joies de la mère à l’honneur de la virginité : jamais on n’avait vu pareille maternité et l’on n’en verra plus jamais. Alléluia ! »
Ainsi, dans la crèche du Rédempteur, nous est donné cet Enfant divin né du sein virginal de Marie, ce Dieu commençant par Elle, en Elle, avec Elle et pour Elle, une existence humaine, auprès de nous pour nous être un frère, un compagnon de route, un maître et à la fin, un Sauveur, si toutefois nous Le recevons de Notre-Dame qui nous donne de son sein son Fils à aimer. À ce spectacle, nous comprenons que notre Dieu tout-puissant aime la petitesse, la pauvreté, la fragilité. Il faut nous joindre aux bergers ravis d’admiration devant la beauté indicible de l’Immaculée et reportant sur l’Enfant notre adoration, sur son invite. Une fois les bergers repartis, l’évangéliste saint Luc nous dit : « Quant à Marie, elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son Cœur. » Elle va L’allaiter, Elle le serre dans ses bras et Le contemple avec ravissement : quel regard la Vierge devait porter sur cet Enfant ! Il faudrait être mère pour savoir comment une femme peut dévorer son enfant de son regard très pur ; mais là, c’est cent mille fois plus heureux et plus sage parce qu’Elle sait qui Il est : Il est le Sauveur du monde et c’est une grande joie. La Vierge Marie n’a jamais aimé l’Enfant-Jésus comme un enfant, mais comme le Fils de Dieu !
EN l’honneur de la Bienheureuse et toujours Vierge Marie outragée par des théologiens impies et modernistes, notre Père écrivit à Noël 1972, une magnifique méditation dont voici des extraits :
« Gloire à Vous, ô Marie, inestimable, précieuse chair en laquelle le Verbe divin s’est fait homme, Créature miraculeuse à la jonction des deux infinis, de la grandeur divine et de l’humaine pauvreté (...)
« Non, le Prophète n’a pas menti qui annonçait merveille plus belle que toutes, une Vierge qui devait concevoir et enfanter l’Emmanuel. Non, les Évangélistes ne nous trompaient pas dans leurs récits enchanteurs de l’Annonciation et de la Nativité où tout est dit par le menu pour notre joie. Non, les splendeurs de toutes les liturgies de l’Orient et de l’Occident ne dépassèrent pas la vérité en vous adressant leurs louanges comme à la très pure, l’inviolable, l’Immaculée toujours Vierge et Très Sainte Mère de Dieu (...)
« Le Père vous a aimée d’un amour jaloux, dès le premier instant de votre Conception, détournant avec toute-puissance l’aiguillon du péché, du désordre et du châtiment. Le Fils vous a élue et ornée de grâce, désirant d’un grand désir prendre chair en vos entrailles et se nourrir de votre sang. L’Esprit Saint vous fut envoyé par le Père et le Fils en cette mission d’amour pour embraser et sanctifier sans mesure votre esprit et votre cœur, afin que votre saint corps produise à l’heure dite la cellule unique que l’âme du Seigneur devait faire sienne.
« Je jubile à la pensée ce cet embrasement des Trois divines Personnes vous tenant intimement unie dans un chaste et triple baiser, ô Femme en laquelle s’est formé le fruit de vie qui n’a d’autre Père que Dieu ! Je sais maintenant par la science tout le détail et l’humble ordonnancement de ce miracle (...) Je sais l’ovule singulier, portant votre code génétique, ô Marie (...) Je sais la modification des chromosomes xx en xy qui déterminerait le sexe masculin de l’enfant, imperceptible miracle de cette facile parthénogénèse... J’assiste à la minute bouleversante où ce fruit se fixe (...) et alors l’âme de Jésus vit en votre sein. Dieu est parmi nous dans ce sanctuaire pourpre, ô royal Emmanuel ! (...) Cet Enfant qui se nourrit amoureusement de votre substance, quand il quittera son premier abri terrestre n’en déflorera pas l’honneur (...) Toute l’Église, ô Mère, dans son immense vénération l’a compris d’instinct. Celui qui a voulu résider dans votre sein sans blesser votre virginité ne devait, ne pouvait pas, Lui-même, le rompre au jour heureux de son Noël ! »
Puis, vient la Présentation de l’Enfant-Jésus au Temple. C’est à ce moment que la Vierge Marie entend la prophétie du vieillard Siméon : « Et toi-même, un glaive te transpercera l’âme ! afin que se révèlent les pensées intimes d’un grand nombre de cœurs. » (Lc 2, 35)
La Vierge portait ce divin Enfant au Temple pour être présenté à son Père, offrir deux colombes en échange de la vie de son Enfant. Mais Elle savait très bien, Elle, Mère de la Sagesse, qu’Elle serait aussi Notre-Dame des Sept Douleurs accompagnant son Fils dans les souffrances de notre rachat et que ce sacrifice des deux petites colombes ne les dispenserait pas, Elle et Lui, de laisser leurs cœurs transpercer par la lance et le glaive de douleur. Certainement, la Vierge Marie et saint Joseph, en voyant l’immolation de ces deux petites victimes, ont pensé au véritable sacrifice du calvaire.
Notre Père aimait beaucoup nous faire méditer chaque année sur cet événement que nous fêtons dans la liturgie le 2 février dans une cérémonie très riche, très symbolique. Il nous disait ceci : « Je reste l’œil fixé sur ces deux petites colombes, leurs petites têtes dépassent du panier. Que signifient-elles ? Elles vont être égorgées et déposées sur l’autel, pauvres petites bêtes innocentes ! Elles payent pour les hommes coupables (...) Eh bien, je vois dans ces deux petites colombes le symbole prophétique du Cœur de Jésus et du Cœur Immaculé de Marie. »
Quant à la Vierge Marie, « son doux visage, ses bras et son Cœur portant son Enfant dans cette sorte de corbeille naturelle, Elle est déjà la Corédemptrice, car Elle participe à l’acte religieux que Jésus est en train d’accomplir. En effet, l’Enfant-Jésus suit la cérémonie avec le plus grand intérêt, s’offrant à son Père pour la Rédemption du genre humain. Et la Vierge Marie a percé le voile : Elle sait qu’Elle est en train d’offrir à Dieu son propre Fils à Lui, Dieu, son propre Fils à Elle, présage de la Croix. »
C’est par cette plaie ouverte déjà dans le Cœur Immaculé de Marie par la prophétie de Siméon, que nous entrons dans le mystère de sa compassion rédemptrice : toute sa vie ensuite à Nazareth a été changée. Plus rien ne sera comme avant ! Notre Père nous disait que c’est comme une maman à qui on annonce que son enfant aura une mort tragique ; elle y repense chaque fois qu’elle le regarde. Le glaive est déjà planté dans son cœur. Et pour la Sainte Vierge, c’en est fini des joies enfantines ; son martyre durera tout le temps de la vie cachée à Nazareth. Dès cette rencontre du vieillard Siméon, le glaive mystique transperce le Cœur de Marie. Sa douleur intime lui donne alors une majesté, un mérite, un trésor de grâces que nous voyons ensuite à l’œuvre dans l’Évangile.
Puis, c’est le recouvrement de l’Enfant-Jésus au Temple de Jérusalem où ils étaient montés pour la Pâque, selon la coutume (Lc 2, 41-50). Ce fut la révélation de Jésus, à 12 ans, à ses parents. Ce fut surtout la rencontre de leurs âmes, la compréhension profonde du mystère de Jésus, que ses parents n’avaient pas compris à ce point-là.
« À sa vue, ils furent saisis d’émotion et sa Mère lui dit : “ Mon enfant, pourquoi nous avoir fait cela ? Voyez ! Votre père et moi, nous vous cherchions avec angoisse. ” Et Il leur dit : “ Pourquoi donc me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être chez mon Père ? ” » (Lc 2, 48-49)
Par cette réponse, Jésus révèle que toute sa mission est de faire ce que son Père du Ciel veut qu’Il fasse : au Temple, Il est chez son Père, tout aux affaires de son Père, dont Il parle là en opposition avec saint Joseph, qui n’est pas son père. Voilà tout d’un coup la parfaite connaissance intime entre Jésus et Marie. Marie savait déjà qu’Il est Fils de Dieu, mais ici, Jésus révèle à sa Mère qu’Il le sait depuis sa naissance et de toute éternité. Cette douce rencontre est une révélation qui, évidemment, décuple l’amour de la Vierge pour son Enfant et rend cet amour expressif, à savoir que maintenant, ils pourront parler à cœur ouvert de ce mystère qui leur est commun. Maintenant, Elle sait qu’Il sait, et Il sait qu’Elle sait. Jésus peut se montrer dans toute sa vérité. Et notre Père l'abbé de Nantes pense qu’à partir de ce moment, de retour à Nazareth « où Il leur était soumis », Jésus commença à enseigner ses saints parents, leur découvrant tous les mystères qu’Il prêcherait dans sa vie publique aux apôtres et à la foule.
Au seuil de la vie publique de Jésus, pour son premier miracle, Marie est là, à Cana, avant son Fils. Saint Jean raconte en témoin oculaire : « Il y eut des noces à Cana de Galilée et la Mère de Jésus y était ». (Jn 2, 1) Et si Jésus est invité, c’est grâce à Elle : « Jésus fut aussi convié à ces noces avec ses disciples. » Notre Père nous fait entrer dans le mystère de leurs deux Cœurs. La Vierge Marie se tient ici en Médiatrice entre Jésus et les deux époux de la noce, qui représentent Adam et Ève. C’est admirable !
En Mère pleine de sollicitude et médiatrice attentive, Elle a vu la gêne et le désarroi des deux époux que l’organisateur de la noce consulte : que faut-il faire ? Il n’y a plus de vin ! En maîtresse de maison accomplie, Elle a tout de suite compris, pendant que Jésus est probablement occupé à parler des choses du règne de Dieu. Comme Elle est toute-puissante sur le Cœur de Jésus, Elle se tourne vers Lui et s’adresse à Lui comme au vrai maître du festin, comme à l’Époux : « Ils n’ont plus de vin. » Elle ne demande rien, mais Elle sait qu’Elle règne sur son Cœur. D’avoir remarqué cela, de le lui faire remarquer, Elle intercède pour les jeunes époux avec délicatesse, avec certitude d’être exaucée.
Jésus répond en l’appelant par le nom qui la désigne comme la nouvelle Ève (Gn 3, 15) et la Mère des vivants (Gn 3, 20), comme la Femme de l’Apocalypse (Ap 12, 1) ; enfin, Jésus dira « Femme » à sa Mère quand, du haut de la croix, Il lui donnera pour fils ses disciples en la personne de Jean (Jn 19, 26).
« Femme, qu’y a-t-il entre vous et moi ? » Contrairement à une mauvaise traduction qui permet à nos exégètes modernes et aux protestants d’en tirer toutes sortes d’erreurs grossières, cette réponse n’est nullement une injure à la Sainte Vierge. Jésus regarde la Sainte Vierge les yeux dans les yeux, comme l’Époux et l’Épouse du Paradis retrouvé, éternel, et Jésus lui dit : Ô ma Mère, vous ai-je jamais refusé quelque chose ? Y a-t-il eu entre vous et moi la moindre contradiction, opposition ? Puis, Il ajoute : « Mon heure n’est pas encore venue. » C’est-à-dire l’heure viendra, mais aujourd’hui n’est pas encore le jour de nos noces. La Vierge Marie a compris que Jésus faisait allusion à cette Heure où Il mourrait pour le salut du monde. La mort sur la Croix qui débloquera toutes les grâces n’est pas venue, mais Il va hâter les fruits de ce sacrifice à venir et Il exauce sa prière en changeant l’eau en vin comme une image, un figuratif de leurs noces à venir.
« Tout ce qu’Il vous dira, faites-le » dit la Vierge Marie aux serviteurs. Jésus fait remplir les urnes sans attendre que l’Heure ait sonné : on ne saurait rêver plus parfaite connivence entre la Mère et le Fils.
« Jésus manifesta sa gloire et ses disciples crurent en Lui. » Première conversion de leurs cœurs opérée par l’eau changée en vin, figure de l’Eucharistie à venir. Grâce à Marie. Voilà qui fonde notre confiance éperdue et totale en la Vierge Marie, Médiatrice universelle. Elle sait nos besoins, Elle ne demande qu’à les satisfaire, Elle n’a qu’à dire au Christ et sans même demander, Elle est sûre de recevoir tout, même à contretemps, et de nous donner la grâce nécessaire.
Puis, Jésus entre dans sa vie publique et la Vierge Marie soutient de son silence et de sa foi aimante la prédication de son Fils, en parfaite disciple.
Puis, vient sa Passion où Elle adhère à Lui de tout son cœur, sa volonté, de tout son être pour le suivre au plus près, Le retrouvant sur le chemin du Calvaire et L’accompagnant jusqu’au pied de la Croix. Ne la faisons pas plus froide, impassible qu’Elle n’était. Certes, Elle n’était pas effondrée. Saint Jean l’a dit dans son Évangile : « Près de la Croix de Jésus se tenait sa Mère » (Jn 19, 25), Stabat Mater. La Vierge Marie au pied de la Croix, demeurait ferme mais malgré cela, Elle a dû verser tout au long de ce douloureux Calvaire de son Fils, toutes les larmes de son corps, tellement près de Lui par le cœur, partageant toutes ses intentions.
Il y a deux perceptions de ce drame :
L’une qui est superficielle où on ne voit que cette Mère qui assiste à la Passion de son Fils et est témoin de sa mort affreuse. Déjà, que de douleurs pour les tourments effroyables dont on voit les traces sur le Saint Suaire. Notre-Dame des Sept Douleurs a souffert au calvaire des peines atroces qu’on ne peut même pas soupçonner, plus qu’aucune femme n’a jamais souffert, à cause de la délicatesse de sa sensibilité, et de la perfection de son amour pour Jésus. Elle l’a vu revêtu de tous nos péchés, tout souffrir jusqu’à la mort de la Croix.
Mais si l’on croit à la préexistence de la Vierge Marie auprès de Dieu, tout cela ne change pas, mais prend une dimension cosmique, céleste, divine. Alors, notre dévotion à l’Immaculée Corédemptrice s’intensifie : chaque fois que nous faisons notre chemin de croix, nous chantons entre chaque station une strophe de la magnifique prose de la fête de Notre-Dame des Sept Douleurs, qui met notre cœur en émoi, en émotion au souvenir des souffrances indicibles de la Mère : « Stabat Mater dolorosa, juxta crucem lacrimosa, dum pendebat Filius ». Elle souffre des tourments horribles de son Fils, et par là, Elle gagne son titre de Corédemptrice ainsi qu’il était annoncé dans la Genèse : la Femme écrasera la tête du serpent, mais le serpent la blessera au talon. De la même manière, la Femme de l’Apocalypse, environnée de la gloire de Dieu, doit cependant souffrir une douleur, une épreuve, une crucifixion (c’est le mot grec) pour donner naissance à ses innombrables enfants.
C’est pour cette raison qu’à Fatima, la Vierge Marie est apparue comme la Mère des douleurs. C’est Elle qui est la clef de notre salut. Le 13 octobre 1917, après le miracle de la chute du soleil, les voyants furent gratifiés de trois visions successives représentant les mystères joyeux, douloureux, puis glorieux du Rosaire. Sœur Lucie raconte :
« Notre-Dame est apparue habillée comme Notre-Dame des douleurs, mais sans les épées sur la poitrine. »
Par la Vierge Marie Corédemptrice, tout est acquis. Sans Elle, nous n’aurons jamais l’amour du Christ, l’amour de Dieu, nous ne jouirons pas de la miséricorde de Dieu mais de sa sainteté de justice. Et notre Père concluait cette conférence de retraite par ces paroles graves : « Le grand miracle du 13 octobre 1917, ainsi que ce spectacle grandiose auquel ont assisté les enfants, dans le ciel, c’est la révélation de tout le mystère de la Vierge Marie pour notre siècle, d’une manière telle que si nous n’y entrons pas, nous ne serons pas sauvés. Soyons convaincus maintenant de l’urgence pour le salut du monde mais pour le salut de notre âme plus encore, d’être les enfants de Marie. »
Écoutons donc Jésus nous proposer pour Mère, du haut de la Croix, cette Colombe mystique de l’Esprit Saint, cette Mère du Bel Amour, Mère des Sept douleurs, Corédemptrice, Auxiliatrice et Médiatrice.
« Jésus donc, voyant sa Mère et se tenant près d’Elle, le disciple qu’Il aimait, dit à sa Mère : “ Femme, voici ton fils ”. Puis, Il dit au disciple : “ Voici ta Mère ”. Dès cette heure-là, le disciple la prit chez lui. » (Jn 19, 26-27)
Que Jésus donne sa Mère à saint Jean, c’est un bonheur inconcevable, inattendu, inouï pour saint Jean, mais c’est un bonheur pour nous. Travaillons à être dociles à cet ordre de recevoir Marie chez nous, de lui être consacrés afin de profiter de tous ses dons, qu’Elle a acquis au pied de la Croix. Il nous suffit de passer notre bras sous le bras de la Vierge Marie pour La conduire chez nous et nous ne serons jamais perdus, comme il est dit dans le Souvenez-vous, la prière de saint Bernard : jamais personne n’a fait appel à la Vierge Marie sans être exaucé. Ne faisons donc pas la sourde oreille à cette parole du Christ, comme saint Robert Bellarmin nous le recommande : « Le fardeau et le joug que le Seigneur imposa à saint Jean en lui confiant le soin de la Vierge Mère, ce furent vraiment un joug suave et un fardeau léger (...) Qui ne porterait envie au disciple bien-aimé du Seigneur ? (...) Nous pouvons nous aussi obtenir par nos prières de la bonté du Verbe incarné à cause de nous et crucifié à cause de son trop grand amour pour nous qu’Il nous dise à nous aussi “ Voici votre Mère ”. Et qu’Il dise à sa Mère “ Voici votre fils ” (...) Quel bonheur ce sera pour nous de vivre sous l’égide d’une pareille Mère ! (...) Quelle tentation pourra nous vaincre si nous mettons notre confiance dans le patronage de la Mère de Dieu, qui est aussi la nôtre. Car il est évidemment impossible qu’il se perde celui dont le Christ a dit à la Vierge : Voici ton fils, pourvu que lui-même ne fasse pas la sourde oreille à ce que le Christ lui dit : Voici ta Mère. »
RÉPONS des matines de l’office des Sept douleurs de la Vierge Marie :
« Je pleure sur vous, Jésus mon Fils, d’incomparable beauté, car comme une mère aime son fils unique, ainsi, je vous aimais. Mon Bien-Aimé est frais et vermeil et tout entier aimable. Car toute sa figure respire l’amour et nous sommes provoqués à L’aimer en retour par sa tête inclinée, ses mains ouvertes, sa poitrine ouverte. Ô Vierge, vous le regardez avec des yeux de maternelle piété, contemplant en Lui, non pas tant la lividité des blessures que le salut du monde. »
Au Calvaire, la Vierge Marie n’est pas seulement la Mère de Jésus. Au mystère de Noël, il faut additionner celui de la Croix. Jésus tourne les yeux vers Elle qui l’a suivi en épouse fidèle jusqu’au pied de la Croix où Elle meurt de compassion, “ martyre ” par le Cœur, dit saint Bernard.
Et Jésus, nouvel Adam, Père de tous les hommes qu’Il sauve en versant son Sang Précieux, s’adresse à Elle, en lui donnant son titre excellent “ Femme ” : c’est la nouvelle Ève. Jésus prend sa Mère pour la donner à Jean qui figure l’humanité, l’Église. Elle est comme l’Épouse spirituelle qui connaît avec Jésus une union d’esprit totale. Le même Esprit est en Elle et en Lui : c’est le Saint-Esprit. Parce qu’Elle exerce avec Lui cette fonction indivisible de paternité-maternité, il lui appartient d’adopter tous ceux que Jésus est en train d’illuminer et de sauver. Nous ayant donné sa Mère comme notre Mère, Jésus peut mourir : « Tout est consommé » dit-Il sur la Croix. Jésus est content, car maintenant, les hommes ont sa Mère. L’Église est fondée dans le Cœur de la Vierge Marie qui devient le sein fécond, Corédemptrice, Coopératrice de son Fils. C’est dire l’importance unique de la Vierge Marie et sa place suréminente dans le plan de Dieu.
Au matin de Pâques, la Vierge Marie n’est pas montée au tombeau avec les saintes femmes pour rendre à Jésus les derniers soins funéraires. Or, notre Père fait toujours remarquer cette absence de la Vierge Marie : une femme qui sait que l’on va rendre les derniers devoirs à son enfant et qui n’y va pas au moins pour le revoir une dernière fois, cela n’existe pas ! C’est parce qu’Elle croit à sa Résurrection le troisième jour, comme Jésus l’avait dit. Toute la foi est réfugiée dans le Cœur de la Vierge ! Toute la journée du samedi, la Vierge Marie a gardé la foi, attendant son Fils dans la prière. Et c’est évidemment à Elle la première que Jésus ressuscité est apparu au petit matin de Pâques ! Après avoir imprimé miraculeusement son effigie, sa photo, sur le linceul, dans le flash de la résurrection, en pensant à nous, Jésus a couru, volé dans les rues et venelles de Jérusalem, tout joyeux, le visage resplendissant et le Cœur tout en feu... parce qu’Il va vers Celle qu’Il aime. Ce n’était pas pour lui rendre la foi, comme aux apôtres, mais c’est le fruit de l’amour ! Après les douleurs conjointes de leurs deux Cœurs dans cette cruelle Passion, Jésus vient réveiller la joie dans le Cœur endolori de sa très Sainte Mère. C’est véritablement l’amour mystique tel que le décrit le Cantique des cantiques, l’union parfaite de l’Époux et de l’épouse chantée comme « ma colombe unique, ma parfaite ». Jésus ressuscité lui apparaît. C’est l’Homme parfait, le Fils de Dieu, la Victime sainte, glorieux dans toute sa beauté portant encore ses plaies. Et Elle, c’est la créature parfaite, la plus pure, la plus sainte, aimante, pieuse, intelligente, belle. Il la prend dans ses bras, la serre sur son Cœur, la console de ses souffrances par de douces paroles : c’est une joie débordante en son Cœur.
« LE Seigneur Jésus, entouré de la cour innombrable des anges, s’en vint au sépulcre, le dimanche, de grand matin. Reprenant son Corps très sacré, Il se ressuscita par sa propre puissance [...]. Notre-Dame demeurée chez Elle, tandis que les saintes femmes allaient au sépulcre, priait [et] voici que tout à coup survint le Seigneur Jésus, en vêtements resplendissants, le visage serein, beau, glorieux, joyeux. Il lui dit : « Je vous aime, Mère très chérie ! » Et Elle, se retournant aussitôt : « Est-ce vous, Jésus, mon Fils ? » Et tombant à genoux, Elle L'adora, [...] L’embrassant avec des larmes de joie, Elle L'étreignait étroitement, tenant son visage tout accolé au sien [...], scrutant sa Face, les cicatrices de ses mains pour voir si toute douleur s’était bien enfuie. »
Saint Bonaventure
Après son Ascension au Ciel, Jésus laisse sa Mère encore sur terre au milieu des apôtres, comme il est dit dans les Actes des apôtres (1, 14) : « Tous d’un même cœur étaient assidus à la prière avec quelques femmes et Marie, Mère de Jésus. » Lui est parti, mais Elle reste. C’est incroyable que Notre-Seigneur ait voulu qu’Elle reste. Pourquoi l’a-t-Il laissée en arrière ? Ce ne peut être pour la faire souffrir encore car après le martyre de la Croix, Elle ne pouvait endurer davantage. Alors, c’est pour nous. Il ne nous laisse pas orphelins.
L’Esprit Saint descend en tempête à la Pentecôte sur l’Église naissant à la prière de Marie, comme à Cana. C’est sur Elle d’abord qu’il viendra reposer pour ce nouvel enfantement comme à l’Annonciation où il la couvrit de son ombre.
Par sa présence dans l’Église primitive, Elle s’est montrée la coopératrice des apôtres, leur appui, leur Mère et ainsi l’Auxiliatrice de tous les fidèles.
Enfin, après sa dormition, l'Assomption : Elle est montée au Ciel avec son corps, rejoindre son divin Fils qui l’appelait, comme dans le Cantique des cantiques : « Viens, ma Bien-Aimée ». C’est ce que chante l’Église dans l’office de l’Assomption : « Qui est celle-ci qui monte du désert, appuyée sur son Bien-Aimé ». La Mère a rejoint son Fils, pour être présentée par Lui au Père. Retournée dans le sein de Dieu Père, Fils et Saint Esprit, la Vierge Marie est notre répondant auprès de Dieu où Elle se retrouve pour l’éternité bienheureuse. Elle est bien « du Ciel » !
Glorifiée et montée au Ciel, l’Immaculée continue d’agir pour l’humanité. Elle a pris toute sa grandeur, c’est la Femme de l’Apocalypse vue par saint Jean : « Un signe grandiose apparut au ciel : une Femme ! Le soleil l’enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête. » (Ap 12, 1.) Elle reste cependant la Vierge guerrière, puissante contre les forces de Satan comme le chante une antienne de l’Assomption : « Belle comme la lune, unique comme le soleil, terrible comme une armée rangée en bataille. »
Pour nous prémunir contre les assauts du démon, la Sainte Vierge ne nous a pas abandonnés. Elle revient au cours de l’histoire de l’Église et de plus en plus dans les moments les plus sombres. Mère de miséricorde, Elle redescend sur la terre. Son Cœur Immaculé n’a d’autre désir que d’enfanter à la vie de la grâce toutes les âmes. Mais cette joie d’une maternité universelle ne va pas se dérouler sans contradiction comme il est annoncé dans la suite de la vision de saint Jean : « Elle est enceinte ; elle crie dans les douleurs et le travail de l’enfantement. Puis, un second signe apparut au ciel : un énorme dragon rouge feu... » : c’est Satan incarné dans toutes les puissances mauvaises de la terre. Un jour, la nouvelle Ève, Marie, Mère de Dieu, l’écrasera après un combat acharné.
La dévotion a grandi tout au long des siècles, envers Celle qui reste avec nous sur la terre pour nous aider dans cette vallée de larmes, en l’absence de son Fils.
Pour toutes sortes de raisons exposées ailleurs amplement, notre Père est convaincu que nous sommes entrés dans les derniers temps annoncés dans les Écritures. C’est l’ultime combat entre la Vierge et le démon. Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, tel un nouveau saint Jean-Baptiste, avait annoncé qu’à la fin des temps, la Vierge Marie devait sauver l’Église, veiller sur le petit troupeau des élus afin qu’ils résistent aux tentations de l’apostasie. Attirant tous les cœurs à Elle, Elle leur donnerait le réconfort pour lutter pour le Christ, afin de rétablir son règne.
C’est pourquoi nous avons depuis le dix-neuvième siècle surtout, (pour ne pas remonter plus haut), une suite impressionnante d’apparitions de l’Immaculée venant sauver ses enfants en grand péril de damnation. C’est la rue du Bac, la Salette, Lourdes, Pontmain et surtout Fatima, d’une ampleur mondiale, vraie étoile polaire de notre orthodromie mariale. Notre Père ne considère pas ces apparitions comme des récits édifiants ordinaires, mais comme une intervention du Christ envoyant, en avant de Lui, sa sainte Mère pour le salut de l’humanité et la réalisation du règne universel des Cœurs de Jésus et de Marie. À chacune de ses visites sur terre, notre Mère du Ciel apporte une révélation, un secours particulier, d’une richesse infinie et notre Père a étudié avec délices pour chacune, les voyants, leur saint curé, pour nous les faire aimer et nous mettre à leur école.
Ici, nous ne pouvons que retracer brièvement ces interventions miraculeuses de l’Immaculée Triomphante
« En 1830, alors que la Révolution vient de triompher du dernier Roi Très-Chrétien à Paris, sainte Catherine Labouré comprend la portée surnaturelle de cet événement dans une vision : c’est Jésus, vrai roi de France, qui est dépouillé de ses ornements royaux. Il ne règne peut-être plus, mais il n’a pas abdiqué
Il passe la main à l’Immaculée et celle-ci apparaît en plein centre de Paris, rue du Bac. Sa Médaille Miraculeuse impose au monde entier l’effigie de l’Immaculée écrasant la tête du serpent, elle est toute-puissante, fait des miracles prodigieux. Elle opère surtout des conversions retentissantes, comme celle du juif Ratisbonne, par l’apparition du 20 janvier 1842, due précisément au port de la Médaille miraculeuse, prélude à la conversion des juifs...
En 1836, le 3 décembre, l’abbé des Genettes, curé de Notre-Dame des Victoires, entend une voix lui dire : « Consacre ta paroisse au très saint et immaculé cœur de Marie ». Il obéit, et la paroisse se convertit.
En 1846, les pécheurs les plus endurcis se convertissent en voyant pleurer Notre-Dame de La Salette, qui se montre comme une mère qu’auraient battue ses enfants... « Depuis le temps que je souffre pour vous, jamais vous ne pourrez récompenser la peine que j’ai prise pour vous. »
En 1858, la Vierge Marie apparaît à Lourdes et confirme le dogme infaillible promulgué par le bienheureux Pie IX en révélant son identité : « Je suis l’immaculée conception. » La Vierge de Lourdes guérit les malades, convertit les pécheurs, confond les anticléricaux comme aussi les libéraux, “ mauvais catholiques ” et, d’un froncement de sourcils, renvoie le diable et ses armées au fin fond des enfers.
Le 17 janvier 1871, elle revient à Pontmain, puissante comme une armée rangée en bataille, pour arrêter les Prussiens protestants. Sa seule armée est son Jésus crucifié tout sanglant, qu’elle offre au Père en sacrifice, en nous invitant avec une poignante insistance à nous joindre à sa prière :
« Mais, priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon Fils se laisse toucher. »
Dans les années suivantes, le règne de la franc-maçonnerie s’accentue dans le monde entier jusque dans l’Église. Le démon crie déjà victoire.
« Voilà pourquoi le Ciel s’est mobilisé, les trois Personnes divines en tête, saint Michel et ses anges, l’Immaculée et saint Joseph... À Fatima, ils sont pour ainsi dire descendus sur la terre afin de nous enrôler dans la Croisade des derniers temps. Dieu veut établir dans le monde entier la dévotion au Cœur Immaculé de Marie afin de sauver les âmes de l’enfer, et pour délivrer l’Église des griffes de Satan. Les visions de Pontevedra et de Tuy nous révèlent que les Saints Cœurs de Jésus et de Marie sont une fois de plus à la peine, une peine d’amour qu’ils nous demandent de consoler... Leur triomphe est assuré, inconditionnel, mais ils nous demandent de partager, Cœur à cœur avec eux, cette ultime passion pour en partager aussi le mérite sauveur et la gloire en aidant au salut du plus grand nombre d’âmes possible.
Tel est l’Évangile de Fatima, renouvellement de l’Alliance comme aime à dire notre Père. »
Il nous faut donc recourir à Notre-Dame de Fatima et passer par les voies qu’Elle nous indique :
« Elle-même, cette Vierge bénie dans sa gloire immaculée, œuvre de la divine sagesse et miséricorde de notre Dieu, est le chemin qui nous conduira jusqu’à Dieu, par la pratique des premiers samedis du mois où l’âme se lave à la fontaine de Grâce et de Miséricorde et se nourrit du Verbe fait chair. Mais pour ramener les fils d’Adam à la divine vérité, il faudra que soit accomplie la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie par le Souverain Pontife romain, vicaire du Christ sur terre, et par le collège des successeurs des Apôtres en communion avec lui, obéissant à son commandement. » (IER n° 90, fév. 2010, p. 18-19)
Pour conclure ce chapitre sur la Sainte Vierge, disons ce qu’est cette dévotion au Cœur Immaculé de Marie, réclamée par le Ciel : Peut-être ici, un lien avec une rubrique sur Fatima ? Le Cœur Immaculé de Marie ?
« La dévotion au Cœur Immaculé de Marie, que “ Dieu veut instaurer ”sur la terre comme au Ciel, consiste à associer intimement la bienheureuse Vierge Marie à Dieu dans toute prière. Cela conduit à chercher à pénétrer plus à fond sa gloire, ses incomparables perfections et vertus, jusqu’au plus secret de ses intimes liens de grâces avec les trois Personnes divines dont elle est choyée par-dessus toutes les créatures.
Nous ne sortirons indemnes de toute apostasie et de tout désespoir, de tout écart spirituel et de toute défaillance mondaine, que si nous recourons au Cœur Immaculé de Marie, avec une dévotion qui ne saurait être pleine d’amour que dans l’admiration comme infinie de cette “ Femme ” bénie entre toutes, Vierge de Fatima à laquelle Dieu veut confier l’œuvre du salut du monde dans l’espace des dix ans à venir, à leur seule et unique gloire, à Lui et à Elle ne formant qu’un seul Cœur. »
Le message de Fatima est l’aujourd’hui de Dieu : si nous ne le faisons pas nôtre, nous ne serons pas sauvés ! Rappelons-nous les paroles si charmantes et pressantes de la Bienheureuse Jacinthe de Fatima, recommandant à sa cousine la dévotion au Cœur Immaculé de Marie : « Notre-Dame a dit que son Cœur Immaculé serait ton refuge et le chemin qui te conduirait jusqu’à Dieu. N’aimes-tu pas cela beaucoup ? Moi, j’aime tant son Cœur, il est si bon ! (...) Il ne me reste plus beaucoup de temps avant d’aller au Ciel. Toi, tu resteras ici, afin de dire que Dieu veut établir dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. Le moment venu de le dire, ne te cache pas. Dis à tout le monde que Dieu nous accorde ses grâces par le moyen du Cœur Immaculé de Marie ; que c’est à Elle qu’il faut les demander ; que le Cœur de Jésus veut qu’on vénère avec Lui le Cœur Immaculé de Marie ; que l’on demande la paix au Cœur Immaculé de Marie, car c’est à Elle que Dieu l’a confiée. » (Toute la vérité sur Fatima, tome II, p. 45, frère Michel de la Sainte Trinité)
« LES saints Cœurs de Jésus et de Marie aiment et désirent ce culte [du Cœur Immaculé de Marie], parce qu’ils s’en servent pour attirer les âmes à eux, et c’est là tous leurs désirs : sauver les âmes, beaucoup d’âmes, toutes les âmes [...]. Notre-Seigneur me disait, il y a quelques jours : “ Je désire très ardemment la propagation du culte et de la dévotion au Cœur Immaculé de Marie parce que ce Cœur est l’aimant qui attire les âmes à moi, le foyer qui irradie sur la terre les rayons de la lumière et de mon amour, la source intarissable qui fait jaillir sur la terre l’eau vive de ma miséricorde. »
Sœur Marie-Lucie du Cœur Immaculé,
lettre du 27 mai 1943.