THÉOLOGIE KÉRYGMATIQUE
Le mystère de la Résurrection
L’ÉVÉNEMENT de la RÉSURRECTION dans sa matérialité de fait historique, mérite brutalement le nom de MIRACLE et le même événement comme GLORIFICATION du Christ, dans son sens religieux le plus profond, immense et ineffable, mérite le nom de MYSTÈRE. (…)
Mais il nous faut, pour ressaisir le kérygme total, détruire les étroitesses contradictoires de ceux qui, modernistes, font de la Résurrection un mystère sans miracle, comme s'il pouvait y avoir un sens à ce qui n'existe pas ! et de ceux qui, intégristes (?), font de celle-ci un miracle sans mystère.
Ici encore, ici plus qu'ailleurs, il faut composer et non opposer des vérités que le Kérygme apostolique nous propose toutes ensemble.
I. LE MIRACLE HISTORIQUE DE LA RÉSURRECTION DE JÉSUS
Dans cette première partie l’abbé de Nantes expose et réfute la théorie moderniste fondée sur l’herméneutique, celle du Père Xavier Léon-Dufour sj., dans son livre Résurrection de Jésus et message pascal, paru comme le dernier mot de la science critique et herméneutique sur le sujet. Puis il expose la foi catholique en faisant la preuve que l'a priori rationaliste de l’herméneutique de Xavier Léon-Dufour, malgré sa “ foi ”, corrompt ses analyses de textes, déforme son exégèse pour les faire aboutir à des conclusions intenables où la “ Résurrection ” n'est qu'un leurre, une gnose teilhardienne.
Xavier Léon-Dufour a perdu son pari dans les deux domaines de la science et de la foi :
– de la science, parce qu'ayant promis d'écouter parler les témoins et de les bien entendre, il n'a pu supporter leur message, par trop contraire à son préjugé rationaliste. (…)
– de la foi, parce que, décidé à sauver le dogme de la Résurrection du Christ en le fondant, plus solidement que jadis, sur une expérience religieuse intérieure des premiers Témoins et non sur des apparitions corporelles, il aboutit au contraire à dissoudre dans l'incroyable les certitudes majeures de notre foi. (…) La logique de la foi idéaliste de Xavier Léon-Dufour conduit immanquablement à rejeter l'existence réelle du Christ Ressuscité ! Revenons maintenant aux extraits de l’étude de l’abbé de Nantes.
DÉMONSTRATION DE LA FOI
Écoutons le KÉRYGME, c'est-à-dire l'Annonce du Fait du Christ par la première génération apostolique, celle des témoins : ce sont les Écritures. Nous suivons l'HERMÉNEUTIQUE, c'est-à-dire l'Interprétation, la plus loyale, la plus constante, la plus autorisée, celle qui est née de la pensée même des hérauts de la foi, s'est répercutée dans celle de la communauté croyante et s'est maintenue sans changement substantiel jusqu'à nos jours. L'Herméneutique, c'est la Tradition, à laquelle l'herméneutique actuelle fait violence, violence frauduleuse, car qui possède mieux l'Écriture de l'Église Apostolique que l'Église de la Tradition Apostolique ? (…)
1) Pierre, le Jour de la Pentecôte, selon le Livre des Actes, atteste que Jésus est ressuscité : son Corps est sorti vivant du tombeau. Tous les Apôtres l'ont vu. Il apporte pour justification de cet événement le texte prophétique du psaume 16 dont il adopte la version grecque, des Septante, parce qu'elle précise la matérialité du fait physique : le Saint de Dieu ne devait pas voir « la corruption ».
Sans préjugé rationaliste ni idéaliste, nous entendons directement ce que Pierre atteste sans équivoque : ils ont vu Jésus corporellement ressuscité du tombeau, échappé à la corruption de la chair. Et l'appel aux Écritures prouve que le milieu contemporain était culturellement préparé à entendre ce langage nouveau dans sa pleine vérité. Et vlan pour l'herméneutique de Xavier Léon-Dufour !
2) Les récits des témoins ont pour fondement indiscutable ce qui a été à l'origine de leur foi : la découverte du tombeau vide. Cette constatation de l'ordre des évidences physiques demeure le point de départ d'une PREUVE encore aujourd'hui démonstrative. Et là-dessus s'exercera la raison la plus exigeante. Son Corps n'est plus là. Nul ne l'a dérobé. Il est exclu qu'on se soit trompé de tombeau. Il est inconcevable que ce corps se soit volatilisé en 36 heures, car l'absurde n'existe pas ! Donc il FAUT croire qu'il a repris vie. La démonstration est solide et donne aux « apparitions » leur certitude historique. Et vlan pour l'idéalisme !
3) La raison, interprétant ces données, conclut qu'il est possible à l'homme de connaître, au-delà de la mort, une vie corporelle, individuelle, d'une condition encore inconnue. Ce n'est pas une simple “ survie ”, ni la “ réanimation d'un cadavre ”, mais une vie nouvelle d'une qualité plus parfaite, transfigurée. Sur laquelle nous savons et comprenons peu de choses, faute d'expériences autres que celle-ci, déjà importante, celle de Jésus ressuscité, se manifestant aux siens dans sa nouvelle forme de vie. Mais enfin, il suffit ! Il y a expérience du miracle. Et vlan pour le rationalisme !
4) La foi à son tour entre en mouvement et c'est pour entendre, au-delà de ce message historique sur la “ Résurrection ” de Jésus-Christ, le message dogmatique de son “ exaltation ”, de sa glorification, de son intronisation à la droite du Père. Loin d'exclure le fait corporel, le fait humain total du miracle de la résurrection, le mystère de l'exaltation du Christ au rang de Seigneur de l'Univers et de Premier-Né de toutes créatures le suppose. Le fait fonde le dogme, la constatation scientifique achemine vers la foi, le miracle débouche sur le mystère.
Inutile d'opposer l'idée au réel quand la vraie foi les tient liés indissolublement. Et vlan pour le modernisme !
II. LE MONDE MYSTÉRIEUX DE LA RÉSURRECTION
La Résurrection de Jésus, devenu Seigneur de l'Univers, est la clef de l'histoire universelle, le signe du salut cosmique. (…) La grande révolution historique n'est pas que l'homme ait marché sur la lune ! et encore moins qu'une subversion athée et matérialiste agite sporadiquement nos collectivités contemporaines, mais qu'un homme soit sorti vivant du tombeau, immortel et glorieux ! Tel est le fait, éclatant et prodigieux qui nous ouvre un monde inconnu et merveilleux.
Comment cela et pourquoi cela a-t-il pu et dû se faire ? Ici encore deux mentalités nous introduiront à la compréhension du kérygme total. Je vais les dépeindre en les exagérant à dessein. En les présentant sous leurs formes extrêmes, où elles s'excluent l'une l'autre, je persuaderai mieux mon lecteur d'éviter toute solution paresseuse...
A. MENTALITÉ “ TERRIENNE ”, RÉALISTE, FIXISTE
Je dis “ terrienne ” en pensant à la 1ère Épître aux Corinthiens, chapitre 15, qui traite de la Résurrection de la chair et de son mode, précisément, en opposant le « corps terrestre » au « corps céleste » ou encore le « psychique » au « pneumatique ». Je dis “ réaliste ” et “ fixiste ” parce qu'une telle mentalité insiste fortement, exagérément peut-être, sur la réalité du Corps dans sa condition de nature actuelle, fixe, figée, sans modification radicale.
Cette mentalité est naturelle au vrai chrétien, elle est conforme au réalisme de la foi en Jésus Ressuscité, avant toute réflexion. Elle se fonde sur le fait vrai et assure la continuité de l'humanité du Christ et sa parfaite restauration à travers la mort. (…)
Il a des propriétés nouvelles et surprenantes. Il passe à travers les murs ? Mais ce n'est pas difficile à concevoir pour un physicien moderne ! Il se rend d'un lieu à un autre en un instant, il paraît et disparaît à volonté ? Cela non plus ne soulève guère de difficulté. C'est lui cependant, dans sa vie ordinaire. Il parle, se laisse toucher ; il mange... Les problèmes commencent là. Mange-t-il par besoin ? Certainement non. Il respire et son cœur bat ? Par nécessité ? Non plus. Saint Paul affirme que le corps ressuscité est incorruptible, glorieux, fort, spirituel (42-44). La « Vie » n'est plus pour lui une incessante « lutte contre la mort ».
La vie végétative et animale cesse donc. Jésus lui-même disait que, « fils de la résurrection », les élus « seront comme des anges dans le ciel » (Mt 20, 30).
Sur ce, voici l'Ascension. Jésus quitte la terre et monte au ciel. Tout bonnement, naïvement, nous pensons donc qu'il a gagné un lieu supérieur où la Vierge Marie, à l'Assomption, l'a rejoint et dans ce séjour éternel sont aussi réunis les âmes des saints et les anges qui forment leur Cour... Les théologiens traditionnels en sont d'accord avec nous. Quelle est la vie de ces corps ressuscités ? Faut-il entendre à la lettre les paroles de Jésus, annonçant qu'il boira du vin nouveau avec ses disciples ? et tant de paraboles évoquant le banquet eschatologique, de viandes grasses et de bon vin ? On chantera au ciel ? À pleins poumons ? (…)
Autre difficulté, contre laquelle saint Augustin achoppa toute sa vie, dont après lui tout le Moyen-Âge fut embarrassé et qui conduira Luther et Calvin à l'hérésie. Si le Christ est monté aux Cieux, à la droite du Père, comme nous le croyons fermement, il faut admettre que comme Dieu il est partout mais comme homme il est au Ciel. Comment dès lors expliquer l'Eucharistie ? Saint Augustin n'arrivait pas à résoudre cette difficulté. Et deux augustiniens du Moyen-Âge, Ratramne († 875) et Bérenger de Tours († 1088), en vinrent par fidélité au réalisme absolu de la foi, à conclure que l'Eucharistie ne pouvait donc pas être le sacrement de la présence réelle du Corps et du Sang du Christ ! Ils envisagèrent une autre sorte de présence, celle d'un certain « corps sacramentel » mettant le fidèle en relation spirituelle avec le Corps réel de Jésus demeurant au Ciel ! Luther et Calvin iront dans cette voie jusqu'à la négation de la Présence réelle. L'Église les condamna, en s'appuyant sur toute sa tradition pour laquelle le Corps du Christ est tout entier réellement présent dans le Ciel, comme aussi dans toutes les hosties de la terre et jusqu'en chacune de leurs parcelles. (…)
Là-dessus se greffe un épineux problème de relations. Il semble qu’il faille nécessairement choisir entre le Corps physique du Christ et son Corps mystique. Si Jésus est ressuscité dans sa pleine condition d'homme terrestre, il reste enfermé dans les bornes spatio-temporelles de son individualité corporelle. Un lieu, un temps le contiennent et dès lors ses relations sont strictement limitées à son entourage étroit, à un cercle restreint de personnes, au ciel comme sur la terre. Insister sur la vérité physique de la résurrection conduit à vider de toute réalité l'influence, le contact, l'union du Christ dans l'Église et avec le monde...
B. MENTALITÉ GNOSTIQUE, ÉVOLUTIONNISTE
Nos modernes donc cherchent à définir le corps non plus comme une structure, comme une matière organisée par une « âme (animale) », selon l'expression de Xavier Léon-Dufour, mais comme un moyen de communication, un pur faisceau de relations, une capacité de présence au monde, une structure d'accueil. (…)
Vue dans cette perspective, la Résurrection du Christ est, comme écrit Martelet, « un événement d'une originalité absolu (…), la transfiguration du rapport du Christ avec le monde ». « Le corps du Christ à la résurrection est l'univers assumé et transfiguré en lui », dit de son côté Xavier Léon-Dufour. Ce corps nouveau est tout autre, mais quel progrès ! et quelle remarquable raison d'être ! Quel épanouissement exaltant ! C'est une capacité illimitée et suprêmement réelle de relation avec autrui et d'appropriation de l'Univers par connaissance, amour, action sur tout être créé. Notre être voudrait user et jouir de toutes choses, de toutes personnes, mais notre corps ne peut tout avoir : qui trop embrasse mal étreint. C'est faute d'un corps capable de satisfaire aux ambitions de l'esprit. La Résurrection, c'est la transformation de ce " corps terrestre ", limité , imparfait, décevant, en un « corps spirituel », qui ne bute plus contre tout obstacle, ne se trouve plus prisonnier de l'espace et du temps, bref, perd sa pesanteur pour répondre à toutes les attentes et les sollicitations de l'esprit. (…)
Si nos modernes s'arrêtaient là ! Mais sur leur lancée, ils ne connaissent plus de bornes : oubliant le corps individuel et physique du Christ, les voilà persuadés que, d'un coup « l'univers...(est devenu) le Corps du Seigneur en vertu de la Résurrection » ! (…) On aboutit à un « gnosticisme » ! Un « panchristisme » sans limites. La Résurrection le troisième jour y perd toute importance, l'Ascension toute réalité, la Pentecôte toute signification. (…) D'où le discrédit dans lequel ils laissent les événements du tombeau vide, des apparitions « visualisées », de la rencontre sur le chemin de Damas. Ils appellent en revanche tout chrétien, tout homme, toute chose même à faire l'expérience ineffable, à l'intime de soi-même, du « Christ exalté », « glorifié », dont tous ils sont devenus le même et unique Corps ! (…)
Halte à l'impiété. (…) Non, nous ne pouvons résoudre ainsi le problème. Il faut sauvegarder d'abord la Résurrection corporelle de Jésus, seul lien de continuité entre le Christ hier, aujourd'hui et dans les siècles.
III. KÉRYGMATIQUE : LE MÊME JÉSUS EST AUTRE
Nous accéderons une fois encore au Kérygme total en opérant la synthèse de deux vérités, contraires mais non contradictoires. Cette fois, nous prendrons appui sur la doctrine la plus sûre, celle qui tient pour indubitable et principal LE FAIT de la Résurrection, le MIRACLE historique du Corps revenu de la mort. Faute de cette affirmation, toute spéculation sur le Christ relèverait de l'imagination, du mythe, de la gnose. Mais nous ne nous laisserons pas enfermer dans l'étroitesse de pensée et d'imagination qui souvent l'accompagne. Nous briserons ce cadre étroit pour embrasser, dans toute son éblouissante richesse, le kérygme du Christ SEIGNEUR DE L'UNIVERS. Seul cet élargissement de nos conceptions traditionnelles peut nous mettre en présence du MYSTÈRE TOTAL de l'immense CHRIST-JÉSUS, ECCLÉSIAL ET COSMIQUE, objet de nos adorations et de notre dévouement, qui achève en son Corps la construction de son Royaume éternel...
JÉSUS DE NAZARETH, RESSUSCITÉ, TRANSFIGURÉ
C'est le roc de notre foi. Jésus est la Personne divine du Verbe Incarné. La chair individuelle qu'il s'est donnée pour corps est personnalisée par son union à la divinité : le Verbe est Jésus de Nazareth, pour toujours. C'est lui, et non un autre, qui est ressuscité, c'est-à-dire sorti du tombeau vivant. (…) LE MÊME, Jésus Ressuscité, entre cependant déjà aux yeux de ses Apôtres dans une autre condition. Sa VICTOIRE SUR LA MORT lui confère une autre vie, qui ne consiste plus à manger, boire et dormir pour subsister. Il ne retient de la vie corporelle que son intention la plus haute. Ainsi, il n'a pas besoin de manger ; cependant il peut encore le faire et il lui arrive précisément de manger pour se faire reconnaître des siens, leur prouver la réalité de son Corps ressuscité, leur donner la joie bien humaine du repas fraternel. Au Ciel, nous pourrons manger ainsi ! (…)
C'est donc le même Jésus de Nazareth dans toute son individualité concrète : son visage, ses stigmates, sa place dans l'histoire, ses relations à son entourage, qui revient pour continuer sa mission d'instauration du Royaume des Cieux. Sa condition nouvelle le libère des servitudes de jadis et lui donne une liberté spirituelle où son corps est l'instrument plus parfait de ses volontés de présence et d'action décuplée. Et tel sera l'état des hommes à la résurrection de la chair, en bien ou en mal.
JÉSUS TRANSFIGURÉ ATTEINT TOUS ET TOUT
Au-delà de son Ascension, Jésus exalté à la droite de Dieu possède toujours sa pleine réalité corporelle, mais nul n'a le droit d'imposer des frontières à son Corps glorieux, des limites à sa puissance d'action. LE MÊME est AUTRE, au-delà de tout ce que nous pouvons imaginer et même concevoir. Sa VICTOIRE SUR LE PÉCHÉ lui a valu une élévation jusqu'aux bornes suprêmes de la nature humaine, et de ces bornes, cette plénitude, nous ne saurions même pas nous en faire une idée. C'est le mérite, malheureusement gâché par leurs a priori ou leurs erreurs, de nos théologiens modernes d'avoir attiré l'attention sur cette grandeur inouïe du Christ Ressuscité, que nous révèlent tous les textes de l'Écriture groupés par Xavier Léon-Dufour sous la rubrique “ SCHÈMES D'EXALTATION ”. (…)
Dans son état nouveau, le Corps du Christ reste cet instrument absolu de présence, de relations, d'appropriation, mais porté à une perfection inouïe... On voit la faute des modernes qui, oubliant ce rôle d'instrument, de moyen, d'intermédiaire entre la personne et le monde, négligent le corps individuel de Jésus pour lui donner le monde ou l'humanité comme corps propre et immédiat ! Ils laissent échapper la plus belle vérité : s'il entre en communication infiniment ouverte et parfaite avec toute l'humanité et l'univers même, Jésus le fait par son Corps Glorifié. C'est différent ! C'est tellement plus vrai, plus complet, et merveilleux !
Comment cela ? Essayons de comprendre... Napoléon pouvait dicter dix lettres à la fois, un champion d'échecs peut mener trente parties de front, ce n'est pas leur esprit qui est prodigieux mais leur instrument cérébral capable de cette pluralité d'activités simultanées. Eh ! bien, voilà qui nous met sur la voie. Le Corps Glorieux de Jésus, récompensé de son Sacrifice, a franchi les limites que sa condition terrestre lui imposait et il est en mesure de répondre maintenant à toutes les attentes, les demandes et les impulsions de son Âme. Il est l'instrument parfait de communion avec ces milliers et ces millions d'êtres que son Cœur aime et veut toucher pour se les approprier et les sauver !
Il faut se défaire ici de toute imagination. En conservant la certitude de la réalité du Corps individuel de Jésus, il faut cesser de le limiter à son contour anatomique et à son rythme physiologique. C'est hardi, mais la foi nous y oblige. (…) De toute son ÂME, par le moyen infiniment perfectionné de son CORPS. Il se fait présent partout où les prêtres l'appellent : c'est l'Eucharistie et son ubiquité. Il garde des relations concrètes, vivantes, avec tous ceux qui le prient et qui l'aiment : c'est la formation, à partir de son Corps physique, de son Corps Mystique et sa catholicité. Il se sert de toutes choses et se les approprie pour son usage comme un homme fait de ses habits, sa maison, son domaine : c'est sa Seigneurie universelle et la sacramentalité de la matière.
Ceux qui ne font plus qu'une chair avec Lui par la vie sacramentelle entrent déjà ici-bas dans le mystère de sa Résurrection et ils auront part à sa glorification bienheureuse, entraînant avec eux leur univers familier.
Tel est le MYSTÈRE DE LA RÉSURRECTION. Mystère du CORPS. Dieu ne s'est nullement repenti de l'Incarnation ; Jésus la poursuivra jusqu'à son terme quand, devenu tout en tous, il aura fait par son CORPS PHYSIQUE de tous les élus son CORPS MYSTIQUE et de l'Univers sanctifié son CORPS COSMIQUE.
Nous verrons l'accomplissement de ce grand dessein...
Abbé Georges de Nantes
Extraits de la CRC n° 71, août 1973, p. 3-14