Il est ressuscité !

N° 202 – Octobre 2019

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


Apocalypse du Cœur Immaculé (6)

LE samedi 13 octobre 1917, la Cova da Iria était déjà envahie par la foule : des dizaines de ­milliers de pèlerins piétinaient dans la glaise, trans­formée en boue par la pluie qui n’avait cessé de tomber depuis la veille.

De l’apparition précédente, du 13 septembre, Lucie écrit : « La lumière qui environnait Notre-Dame semblait lui ouvrir un chemin entre les astres, ce qui nous a fait dire quelquefois que nous avions vu s’ouvrir le Ciel. »

Pendant le temps de l’apparition de ce jeudi 13 septembre, la plupart des pèlerins avaient vu tomber du ciel comme une pluie de pétales blancs, ou de flocons de neige ronds et brillants qui descendaient lentement et disparaissaient en arrivant à terre.

Ainsi, le “ Ciel ” était-il descendu sur la terre pour manifester les signes de la gracieuse présence de Marie, en gage de l’Alliance divine qu’Elle venait renouveler depuis le 13 mai : « Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. »

Ces événements accomplissaient à la lettre la vision que saint Jean rapporte dans l’Apocalypse :

« Alors s’ouvrit le Temple de Dieu dans le Ciel, et son arche d’alliance apparut dans le Temple. » (11, 19)

Cependant, le 13 octobre, ce n’est plus « une pluie de pétales blancs » qui l’accompagne, mais un Déluge comme dans l’Apocalypse où « ce furent des éclairs et des voix et des tonnerres et un tremblement de terre, et la grêle tombait dru ».

Est-ce l’annonce du châtiment qui doit mettre fin à l’histoire de l’humanité tout entière corrompue comme jadis au temps du Déluge ? Non pas !

« Un signe grandiose apparut au Ciel », celui-là même que le roi Achaz avait refusé au temps du prophète Isaïe, et il met fin au Déluge :

« Une Femme ! Le soleil l’enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête. » (Ap 12, 1)

Ainsi à Fatima, la pluie « tombait dru » lorsque, soudain, poussée par un mouvement intérieur, Lucie demanda à la foule de fermer les parapluies pour réciter le chapelet. Tout le monde obéit, sans hésiter.

Quelques minutes après, elle s’exclama :

« Oh, Jacinthe ! Mets-toi à genoux, Notre-Dame arrive ! J’ai déjà vu l’éclair ! »

Il était 1 h 30 à l’heure des montres, c’est-à-dire presque midi à l’heure solaire.

Lucie tomba en extase : « Son visage, de plus en plus beau, prit une teinte rose ; ses lèvres s’amincirent », témoignera Maria Rosa Pereira. Et un autre raconte : « La petite regardait un point fixe et souriait. »

Jacinthe lui donna un coup de coude et lui dit :

« Parle, Notre-Dame est déjà là ! »

Alors Lucie revint à elle, respira deux fois profondément, comme quelqu’un qui a eu le souffle coupé, et commença son entretien avec Notre-Dame :

« Que veut de moi Votre Grâce ?

 Je veux te dire que l’on fasse ici une chapelle en mon honneur. Je suis Notre-Dame du Rosaire. Que l’on continue toujours à réciter le chapelet tous les jours. La guerre va finir et les militaires rentreront bientôt chez eux. »

– J’avais beaucoup de choses à vous demander : de guérir quelques malades et de convertir quelques pécheurs, etc.

 Les uns oui, les autres non. Il faut qu’ils se corrigent, qu’ils demandent pardon de leurs péchés.

« Et, prenant un air plus triste :

 Que l’on n’offense pas davantage Dieu Notre- Seigneur, car il est déjà trop offensé !

– Vous ne voulez rien de plus de moi ?

– Non, je ne veux rien de plus de toi.

– Alors, moi, je ne demande rien non plus. »

LA CHUTE DU SOLEIL

Lucie s’écria : « Elle s’en va ! Elle s’en va ! »

Et, de sa voix forte, elle lança : « Regardez le soleil ! »

« Ouvrant les mains, Notre-Dame les fit se réfléchir sur le soleil et, pendant qu’elle s’élevait, le reflet de sa propre lumière continua à se projeter sur le soleil. Voilà le motif pour lequel j’ai crié que l’on regarde le soleil. Mon but n’était pas d’attirer par là l’attention du peuple, car je ne me rendais même pas compte de sa présence. »

« Ce fut alors que l’on put regarder parfaitement le soleil, rapporte le père de Jacinthe et de François, sans en être incommodé. On aurait dit qu’il s’éteignait et se rallumait, tantôt d’une manière, tantôt d’une autre. Il lançait des gerbes de lumière, de-ci, de-là, et peignait tout de différentes couleurs : les arbres, les gens, le sol, l’air. Mais la grande preuve du miracle était que le soleil ne faisait pas mal aux yeux. »

Les gens s’exclamaient :

« Regardez ! Regardez comme c’est beau ! »

Soudain, le soleil eut des secousses et il se mit à tourner sur lui-même à une vitesse vertigineuse. Il s’arrêta et recommença par deux fois à tournoyer. « Il produisait différentes couleurs, raconte Maria Carreira : jaune, bleu, blanc ; et il tremblait, tremblait tellement ! Il semblait une roue de feu qui allait tomber sur la foule. On criait : “ Ô Jésus ! nous allons tous mourir ! ” “ Ô Jésus ! nous mourons tous ! ” D’autres s’écriaient : “ Notre-Dame, au secours ! ” Et ils récitaient l’acte de contrition. Il y avait même une dame qui faisait sa confession générale, et disait à haute voix : “ J’ai fait ceci, j’ai fait cela... et cela encore ! ” »

Enfin, il sembla se détacher du ciel.

« Le soleil paraissait grossir de volume, se précipiter et tomber sur la terre, comme pour annoncer quelque chose à la fois d’heureux et d’effrayant. Il semblait descendre vers nous, manifestant le miracle, et saluant la Reine des cieux et de l’univers qui parlait aux trois pastoureaux. »

« En voyant le soleil tomber sur nous, raconte l’un des innombrables témoins, je m’écriai : “ Je vais mourir ! ” Je me suis mis à genoux sur les cailloux, je joignis les mains et je demandai pardon au Seigneur de toutes mes fautes. »

Dès que le soleil remonta au zénith, ce fut une explosion de joie. La promesse de Notre-Dame s’était accomplie à la lettre : tous, c’est-à-dire les soixante-dix mille personnes réunies à la Cova da Iria, parmi lesquelles se trouvaient de nombreux sceptiques, athées et anticléricaux, avaient vu le miracle.

« Maintenant, déclarait la mère de Lucie, on ne peut pas ne pas y croire, car le soleil, personne ne peut y toucher ! »

Les habits des gens, trempés par la pluie, avaient séché en un instant. Dieu est bon ! Mais le “ signe ” est clair : l’iniquité de Sodome et Gomorrhe appelle le feu du Ciel sur notre Chrétienté apostate.

GRÂCE ET MISÉRICORDE !

Pendant que la foule était subjuguée par le miracle, les pastoureaux jouissaient d’un spectacle différent : il leur fut donné de contempler en plein ciel, dans une lumière éblouissante, trois tableaux successifs :

LA SAINTE FAMILLE, TRINITÉ HUMAINE.

« Notre-Dame ayant disparu dans l’immensité du firmament, nous avons vu, à côté du soleil, saint Joseph avec l’Enfant-Jésus, et Notre-Dame vêtue de blanc avec un manteau bleu. Saint Joseph et l’Enfant-Jésus semblaient bénir le monde avec des gestes qu’ils faisaient de la main en forme de croix. »

Le cardinal Caffara apprit un jour de sœur Lucie que « l’affrontement final entre le Seigneur et le règne de Satan sera sur la famille et sur le mariage... Car c’est le point décisif. Mais la Madone lui a écrasé la tête. » (citée in Il est ressuscité n° 165, juillet 2016, p. 18)

La bénédiction de saint Joseph « se renforce, disait dom Bernard Maréchaux, de celle de Marie et entraîne avec elle celle, toute-puissante, de Jésus. Telle est l’union des trois personnes de la Sainte Famille, qu’on ne saurait séparer leur opération...

« Adressons-nous à lui avec confiance, afin qu’il remédie aux maux et aux désastreuses lésions qui défigurent la famille contemporaine.

« Ô saint Joseph, faites habiter sous le toit conjugal des époux unanimes, unanimes in domo, unanimes dans la foi, dans l’amour de Dieu, dans l’attachement à ses volontés saintes, en sorte que la famille soit une pépinière de chrétiens et d’élus. »

NOTRE-DAME DES DOULEURS, VIERGE MÈRE.

« Peu après, cette apparition ayant cessé, j’ai vu Notre-Seigneur, et Notre-Dame qui me donnait l’impression d’être Notre-Dame des Douleurs, car elle avait une mante violette. » Douloureuse comme, dans l’Apocalypse, la « Femme » que « le soleil enveloppe » paraît « enceinte et crie dans les douleurs et le travail de l’enfantement ».

Notre-Seigneur est son « Fils premier-né » (Lc 2, 27), né sans douleur à Bethléem, mais saint Jean est le puîné, enfanté dans la douleur du Calvaire : « Femme, voici votre Fils. » (Jn 19, 26)

LE SOURIRE DU CARMEL.

« Cette apparition disparut, et il me sembla voir encore Notre-Dame sous l’aspect de Notre-Dame du Carmel, parce qu’elle avait quelque chose qui pendait de sa main. » Ce « quelque chose » est le scapulaire, vêtement des frères et sœurs de saint Jean, qui seront sauvés de l’empire de Satan par la dévotion réparatrice au Cœur douloureux et Immaculé de Marie. frère Bruno de Jésus-Marie.

frère Bruno de Jésus-Marie