Il est ressuscité !
N° 203 – Novembre 2019
Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard
Apocalypse au Vatican !
«ILS se sont laissés aller à des raisonnements sans valeur, et les ténèbres ont rempli leurs cœurs privés d’intelligence. Ces soi-disant sages sont devenus fous ; ils ont échangé la gloire du Dieu impérissable contre des idoles représentant l’être humain périssable ou bien des volatiles, des quadrupèdes et des reptiles.
« Voilà pourquoi, à cause des convoitises de leurs cœurs, Dieu les a livrés à l’impureté, de sorte qu’ils déshonorent eux-mêmes leurs corps. Ils ont échangé la vérité de Dieu contre le mensonge ; ils ont vénéré la création et lui ont rendu un culte plutôt qu’à son Créateur, lui qui est béni éternellement. Amen. » (Rm 1, 21-25) Lecture entendue à la messe du 15 octobre, pendant ce synode. Parole du Seigneur !
Réponse “ individuelle ” d’un frère à la première question posée par la Congrégation pour la doctrine de la foi aux membres de la CRC : « Professez-vous la foi catholique, telle qu’elle est professée dans le symbole de foi de Nicée-Constantinople et dans l’ensemble des conciles œcuméniques reconnus par l’Église catholique ?
– Vu ce qui suit : et vous, Éminences ? »
La “ consécration ” du synode sur l’Amazonie à saint François d’Assise dans les jardins du Vatican le 4 octobre 2019, réplique des journées d’Assise d’octobre 1986, fut une grotesque cérémonie d’adoration de la déesse terre-mère figurée par deux représentations ignobles d’une femme nue et enceinte d’un enfant rouge sang, entourée d’animaux et d’un discret serpent, et par un tas de terre devant lequel « les représentants des peuples autochtones » parmi lesquels des prêtres et des franciscains, se prosternaient la face contre terre, après y avoir versé en libation un récipient de terre. Tout cela en présence du Pape qui planta ensuite un chêne-vert (!) pendant qu’une prêtresse à genoux élevait en offrande un bol de terre. La cérémonie s’acheva par la remise au doigt du Pape par cette femme de l’anneau noir du « Pacte des Catacombes » scellé le 16 novembre 1965 dans les Catacombes de Sainte-Domitille, renouvelé dans le même lieu le 20 octobre 2019.
Cette « sorcellerie chrétienne » s’est reproduite le 10 octobre, lors la cérémonie d’ouverture des travaux du synode, par une procession blasphématoire, véritable singerie des processions de Notre-Dame de Boulogne remplacée par cette même déesse terre-mère, “ Pachamama ”, idole ignoble, portée dans une pirogue devant le Pape. En entrant dans l’aula, la pirogue prit la tête de la procession, portée par trois évêques, dont celui de Guyane. Par un fait hautement figuratif, la croix resta sur le seuil, le crucigère ne sachant pas où aller ! Tel le pape Paul VI introduisant pour la première fois une statue du Dieu Khrishna, huitième incarnation de Vishnou, dans la cité de Dieu au retour de son voyage à Bombay, le pape François accomplit à la lettre la prophétie de l’abbé de Nantes, notre Père, avertissant les traditionalistes au lendemain de la réunion interreligieuse organisée à Assise par Jean-Paul II le 27 octobre 1986 :
« Je suis absolument abasourdi de voir à quel point les gens de droite – je ne parle pas des gens de gauche ! – les gens traditionnels, acceptent le fait d’Assise sous des motifs les plus ridicules qui soient ! C’est passé, les gens l’ont admis ! Je ne sais pas si vous l’avez admis... Êtes-vous capables de juger un fait à la lumière de votre foi, quelle que soit l’autorité qui en soit l’auteur, quelle que soit la masse de gens qui ait approuvé le fait ? Avez-vous encore une personnalité, un caractère capable de juger ? On s’habitue, on descend et toute la masse suit le Pape dans sa descente vers l’apostasie totale.
« Pour ceux qui sont assez d’accord avec le fait d’Assise, ceux qui cherchent des raisons, je vous dirai : si, dans un certain temps, dans trois mois ou dans trois ans, le Pape fait adorer en Saint-Pierre une déesse nue, est-ce que vous vous révolterez ou trouverez-vous d’excellentes raisons ? Je crois que si je dis “ une déesse nue ”, cela choquera, les gens diront qu’ils ne sont pas d’accord. Mais si je vous dis qu’elle sera très bien habillée ? Alors dans ce cas-là, une déesse... Nous en sommes là ! » (Conférence “ Assise-idées ”, du 15 janvier 1987)
Saint Jean, lui, a vu « cette femme », non pas nue, mais « vêtue de pourpre et d’écarlate. Elle étincelait d’or, de pierres précieuses et de perles » (Apocalypse 17, 4). Elle est assise « sur une Bête écarlate couverte de titres blasphématoires et portant sept têtes et dix cornes » (verset 3). Les « sept têtes » sont les sept collines de Rome, et les « dix cornes » désignent des rois vassaux.
« Sur son front, un nom était inscrit – un mystère ! – “ Babylone la Grande, la mère des prostituées et des abominations de la terre ”. » (vt 5)
« Un mystère » : ce n’est donc pas son véritable nom mais une appellation symbolique dont il faut percer le secret. Celui-ci se renouvelle aujourd’hui dans le “ troisième secret ” de Fatima qui met en scène « une grande ville à moitié en ruine ». Dans l’Apocalypse, elle a un nom connu de tous, inscrit entre les lignes de la description qu’en fait saint Jean : c’est Rome. Aujourd’hui, le pape François, après Paul VI et Jean-Paul II, vénère ès qualités des idoles dans les jardins du Vatican et jusqu’au sein du sanctuaire, appelant le feu de Dieu dont la chute du soleil fut la figure le 13 octobre 1917, à la Cova da Iria.
À la « femme » démoniaque s’oppose « la Femme revêtue de ce même soleil » pour la vaincre (Ap 12, 3).
« IL FAUT BEAUCOUP PRIER POUR LE PAPE. »
(sainte Jacinthe de Fatima)
On m’écrit : le cardinal Sarah vous condamne : « Qui est contre le Pape est hors de l’Église », a déclaré le préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements dans un long entretien accordé au quotidien italien Corriere della Sera au cours duquel il met sévèrement en garde ceux qui voudraient l’opposer au pape François.
Alors, ce n’est pas nous qu’il “ condamne ”, car nous devons bien reconnaître que rien ne les oppose. Le cardinal n’a-t-il pas inscrit le discours du pape Paul VI proclamant « le culte de l’homme » à Saint-Pierre le 7 décembre 1965, dans l’office propre à la fête de ce prédécesseur que François a canonisé ?
D’ailleurs, nous ne sommes pas « contre le Pape », au contraire ! Nous ne cessons de prier pour lui, selon les recommandations de sainte Jacinthe, et selon ses propres demandes répétées et insistantes : « S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. »
Comment « oublier » quand la paix du monde, en grand péril, dépend de son obéissance à Dieu qui veut établir dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de Marie.
Non, nous ne sommes pas « contre le Pape », puisque nous faisons appel à son magistère infaillible, comme le montre notre réponse au questionnaire de la Congrégation pour la Doctrine de la foi. Et nous attendons patiemment le verdict... En accord total avec le cardinal Sarah lorsqu’il conclut que « l’histoire de l’Église est belle et la réduire aux particularités politiques des talkshows télévisés est une opération de marketing et non un moyen de rechercher la vérité ».
L’appel « du Pape au Pape » est précisément le moyen infaillible de rechercher et obtenir la vérité, parce que nous croyons au dogme de l’infaillibilité pontificale défini par le bienheureux pape Pie IX au concile Vatican I.
L’ÉCOLOGIE INTÉGRALE, UN RECYCLAGE DU MARXISME !
À l’annonce du synode, le théologien dominicain brésilien de la libération, Frei Betto, a déclaré :
« Nous avons devant nous une opportunité qui nous permettra d’aller de l’avant. Nous ne devons pas proposer la théologie de la libération. Cela fait peur à beaucoup de gens. Nous devons plutôt parler de problèmes socio- environnementaux. »
C’est bien ce qu’avait déjà constaté un ancien directeur de Greenpeace, Patrick Moore, à propos du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) : les marxistes ont recyclé leur idéologie en écologie.
En 1977, Plinio Corrêa de Oliveira le dénonçait dans un livre intitulé : Tribalisme indigène : idéal communisto-missionnaire pour le Brésil au XXIe siècle. Il montrait comment certains courants, présents dans les conférences épiscopales brésiliennes, avaient abandonné l’idéal missionnaire :
« Il ne s’agissait plus d’évangéliser les Indiens, mais d’apprendre d’eux, qui avaient sans doute conservé une sorte d’innocence primale en communion avec la nature, aujourd’hui perdue par la société occidentale. Ils présentaient la tribu comme idéal à la fois religieux et social. Dans cette optique, dit Plinio Corrêa de Oliveira, les peuples amazoniens seraient les véritables évangélisateurs du monde. »
« En feuilletant ce livre de 1977, écrit Michel Janva, on a presque l’impression de lire des passages de l’Instrumentum laboris du synode. »
Au point n° 50 du document, par exemple :
« Toutefois, pour promouvoir une écologie intégrale dans la vie quotidienne de l’Amazonie, il est également nécessaire de bien comprendre la notion de justice et la notion de communication intergénérationnelle, qui comprend la transmission de l’expérience ancestrale, la transmission des cosmologies, des spiritualités et des théologies des peuples autochtones, en ce qui concerne la protection de la Maison commune.
« Les rituels et cérémonies autochtones sont essentiels pour la santé intégrale car ils intègrent les différents cycles de la vie humaine et de la vie de la nature. Ils créent une harmonie et un équilibre entre les êtres humains et le cosmos. Ils protègent la vie contre les maux qui peuvent être provoqués aussi bien par les êtres humains que par d’autres êtres vivants. Ils aident à soigner les maladies qui nuisent à l’environnement, à la vie humaine et aux autres êtres vivants. »
Par quel moyen le synode romain va-t-il se joindre à leurs efforts ? Par la lutte contre le réchauffement climatique !
LE PRÉTEXTE FALLACIEUX.
L’Instrumentum laboris se mêle d’un domaine qui n’est pas le sien en accréditant la thèse du réchauffement climatique comme fruit de l’activité humaine menaçant l’Amazonie :
« Il faut souligner que, selon les experts internationaux, l’Amazonie est la seconde région la plus vulnérable de la planète, après l’Arctique, à cause du changement climatique d’origine anthropique. » C’est-à-dire que l’homme fait la pluie et le beau temps et non pas le Bon Dieu. Mais il le fait mal ! Tel est le dogme nouveau qui commande à la météo.
« Actuellement, le changement climatique et l’augmentation des interventions humaines (déforestation, incendies et changement d’utilisation du sol) sont en train de conduire l’Amazonie vers un point de non-retour, compte tenu des taux élevés de déforestation, des déplacements forcés de population, ainsi que la pollution, qui mettent en danger son écosystème et qui exercent une pression sur les cultures locales. Des seuils de réchauffement de 4° C ou une déforestation de 40 % sont des “ points d’inflexion ” du biome amazonien vers la désertification, ce qui signifie une transition vers un nouveau stade biologique généralement irréversible. Il est préoccupant de nos jours d’atteindre un seuil de déforestation situé entre 15 et 20 %. »
Un petit livre de Laurent Cabrol, Climat : Et si la Terre s’en sortait toute seule ? publié aux éditions du Cherche midi en 2008, a valu à son auteur une expulsion des bulletins météo d’Europe 1 et TF1. Pourquoi ? Son explication du réchauffement climatique remet en cause la thèse communément admise : selon lui, le réchauffement de la planète est un processus naturel cyclique dont la complexité défie toute explication simpliste par les effets indésirables de l’activité humaine : « Le climat ressemble à un jeu de construction où chaque module si petit soit-il agit sur l’ensemble. » Par exemple, les aérosols, ces poussières minuscules en suspension dans l’air. Ils sont arrachés au sable du désert par le vent, ont été expulsés par les volcans ou rejetés par les forêts. D’autres viennent de la pollution provoquée par l’activité humaine. D’une taille de l’ordre d’un micron, ils remplissent notre espace en flottant autour de nous par milliards et à n’importe quelle altitude. Ils ont une influence ponctuelle considérable sur le climat : en réfléchissant ou en absorbant la lumière, ils sont des filtres à chaleur et refroidissent l’atmosphère et ils fixent sur eux la vapeur d’eau dont ils favorisent la condensation, créant les nuages ! Ainsi ils compensent l’augmentation de la température sur le globe. « L’éruption du Pinatubo a rejeté dans l’atmosphère des milliards d’aérosols qui ont fait baisser la température de 0, 5 à 1, 5°C. Le nuage s’est envolé à 20 km d’altitude et a fait le tour de la planète. Imaginons que ces aérosols ne soient pas retombés : on imagine les conséquences sur le climat. Des chercheurs pensent que cette éruption est à l’origine des ouragans Andrew et Iniki qui se sont formés... un an plus tard ! Des scientifiques pensent qu’il suffirait, pour refroidir le climat des régions désertiques, de répandre des aérosols dans la stratosphère où à cette altitude l’air est plus rare et le dépôt des aérosols serait plus lent ! »
C’est là qu’apparaît le caractère non scientifique de l’origine anthropique du réchauffement : si les aérosols refroidissent l’atmosphère, sachant qu’ils proviennent de la pollution, « tous les pays qui luttent contre la pollution suppriment les aérosols et réchauffent finalement leur atmosphère ! » À Paris, en limitant la circulation des voitures, on fait exactement le contraire de ce qu’il faudrait pour baisser la température !
L’histoire des variations climatiques démontre surtout la fausseté d’une explication unique : « Entre l’an 900 et 1300, “ l’optimum médiéval ” a fait suffoquer la France avec des événements climatiques extravagants. Que dire du Noël 1289 où à Colmar les arbres étaient en feuilles ? On a cueilli des fraises le 25 janvier 1290, même les cigognes étaient revenues... Le 2 février de la même année, elles confectionnaient leurs nids. Oui, mais voilà, à l’âge des brouettes et des charrettes, on ne parlait pas d’explosion du CO2... Pendant toutes ces périodes, il a fait très chaud, et puis la Terre a retrouvé ses valeurs... »
Plusieurs autres explications sont possibles, par exemple le soleil ! Eh oui, c’est une opinion partagée par certains scientifiques qui affirment avec bon sens que le soleil étant notre unique source de chaleur, les variations de température viendraient de la présence ou non des taches solaires qui apparaissent ou disparaissent de la surface du soleil selon une périodicité de onze ans.
Autre hypothèse : l’astronome serbe Milan Kovitch « a démontré que la température sur la planète variait selon un cycle déterminé par l’excentricité de l’orbite terrestre, l’inclinaison de l’axe de rotation et sa précession (sa rotation sur cet axe). En clair, la terre tourne autour du soleil en sortant de sa circonférence, elle s’incline et bougeotte sur l’axe d’inclinaison. Une terre qui vit, qui se meut, qui tremble est une terre qui s’approche ou s’éloigne de son astre. Elle subit forcément des variations de chaleur. »
Laurent Cabrol propose encore d’autres explications comme l’influence de l’inertie de l’océan qui couvre 70 % de la planète. Elle absorbe la majeure partie de l’énergie solaire et devient ainsi une réserve de chaleur et en même temps une pompe à carbone grâce aux bactéries Prochlorococcus et Synechococcus ! Les océans rediffuseraient avec retard la chaleur stockée et provoqueraient des changements climatiques des années plus tard.
Ce livre passionnant montre en tout cas qu’on a tout à apprendre et que les recherches sont balbutiantes et mal orientées. Il démontre aussi que le synode sur l’Amazonie a tout faux et qu’il ferait mieux de quitter la forêt pour retourner à l’école !
LE SYNODE : UN COMITÉ POUR LA FAIM
ET CONTRE LE DÉVELOPPEMENT (CCFD !)
Beaucoup de grands leaders indiens voient dans cette théologie un nivellement par le bas. Le chef de la tribu des Macuxi, Jonas Marcolino Macuxi qui a participé à une conférence organisée par l’institut Plinio Corrêa de Oliveira à Rome à propos du synode, « a déclaré que s’était installée en Amazonie une dictature de missionnaires enseignant la théologie de la libération, avec pour objectif d’empêcher le développement de la région en maintenant les populations autochtones dans la pauvreté et la misère. »
C’est le Pacte des Catacombes noué par le serment d’en finir avec les signes extérieurs de richesse, les métaux précieux, les honneurs accordés aux prélats, et scellé par l’anneau noir de Tucum.
Samuele Furfari, dans un article intitulé : “ Le synode de l’Amazonie ou l’adoration de la forêt ” paru sur le site Atlantico. fr dénonce le même coup d’État marxiste. L’Instrumentum laboris joue sur les peurs environnementales, en particulier la peur de la destruction de l’Amazonie, prétendument poumon de la terre. Mais l’auteur montre que le défrichement des forêts en Europe par les moines cisterciens a, par la pratique de l’essartage, civilisé notre continent : pour faire face à l’augmentation des populations, il fallait cultiver la terre, et par là, ils augmentèrent l’espérance de vie des Européens qui est actuellement supérieure d’une trentaine d’années à celle des Indiens habitant l’Amazonie, que le Pape nous invite à copier !
Guillaume le Conquérant, après sa victoire de Hastings en 1066, a ordonné un recensement appelé « enquête Domesday » qui montra que 85 % des champs et 90 % des terres arables étaient des essarts. « Sept siècles avant l’ère industrielle, la Grande- Bretagne a été complètement déboisée » ! Cela n’a pas empêché son développement économique, au contraire ! Oui, mais cela demande du travail et le travail est civilisateur, c’était la première chose qu’apprenaient les missionnaires aux indigènes. La vertu du travail est une vertu chrétienne. La civilisation que défend l’Instrumentum laboris est tout simplement un retour à l’économie de cueillette préhistorique et à la barbarie !
L’INFANTICIDE BÉNI PAR L’ÉGLISE AU BRÉSIL !
En effet, un journaliste suisse, Giuseppe Rusconi, dénonce l’acceptation de l’infanticide dans les peuples d’Amazonie par des membres de l’Église. Pendant la conférence de presse du 8 octobre sur le synode, il affirmait que sur le site de la Conférence épiscopale brésilienne « on trouve un article qui justifie une telle pratique. Alors je demande si pour vous les droits humains ont une valeur universelle ou bien s’ils s’appliquent aux uns et pas aux autres ! »
L’archevêque d’Huancaya, le cardinal Baretto, jésuite, vice-président du réseau ecclésial pan- amazonien (qués aquo ?) et coprésident du synode, a reconnu que tout n’est pas rose chez les Indiens, mais que chaque vie humaine est sacrée et, à la fin de la conférence, il a refusé de croire qu’un site de l’église brésilienne avait publié un article prenant la défense de l’infanticide parmi les Indiens.
« Mais il se trompait. Le lendemain matin, M. Rusconi mettait en ligne sur son blog Rossoporpora ces mêmes “ preuves documentaires ” que le cardinal Baretto réclamait. »
Entre-temps, au Brésil, « certains essayent de courir aux abris » et font disparaître du site de la CIMI, l’organisation indigéniste missionnaire “ liée ” à la Conférence épiscopale brésilienne, le texte cité par Rusconi, notamment l’intervention de l’anthropologue Rita Laura Segato de la Commission des droits de l’homme de la chambre des députés défendant l’infanticide ! Mais l’Église ne se bat plus contre l’avortement en Europe, pourquoi le ferait-elle en Amazonie !
LE PAPE NE GOUVERNE PLUS UNE ÉGLISE
LAISSÉE À LA SUBVERSION MARXISTE.
La méthode de gouvernement choisie par le pape François est une dilution de l’autorité dans la confusion. Le journaliste Jonathan Morris, commentateur religieux et « ancien prêtre » interrogé par Fox News montre que le Pape ne joue plus son rôle de Chef de l’Église. « Le pape François a dit : “ Créons la confusion, la confusion n’est pas mauvaise. Écoutons la confusion et décidons ensuite. ” » Le Pape a convoqué ce synode sur un problème particulier de l’Amazonie, mais il entend bien que ces décisions vont s’étendre au monde entier. Le journaliste lance alors un cri d’alarme :
« Nous avons besoin de l’Église catholique en tant que fer de lance pour la foi et le dogme, pour la doctrine, pour la croyance. Tant de pasteurs évangéliques m’ont dit : “ Père Jonathan, remerciez Dieu pour l’Église catholique, parce que c’est la voix la plus forte et la plus unie sur des questions comme le respect de la vie, l’avortement, ou même la divinité de Jésus. Et la mission salvatrice de Jésus. ”
« La raison pour laquelle l’Église catholique a été si forte pendant 2000 ans, affirme Jonathan Morris, n’est pas à cause d’un encadrement parfait, mais à cause de l’unité de la foi et de la morale. » C’est précisément ce que met en cause le pape François.
HÉTÉRODOXIE
Dans l’homélie du 9 octobre, pour exhorter les Pères synodaux à « marcher ensemble » dans le sens d’une acceptation de l’ordination d’hommes mariés, le Pape cite saint Paul dans son écrit le plus opposé à ces idolâtries, faisant du « plus grand missionnaire de tous les temps », le garant du synode :
« Voilà pourquoi, je te le rappelle, ravive le don gratuit de Dieu, ce don qui est en toi depuis que je t’ai imposé les mains » (2 Tm 1, 6). »
Il s’agit ici du sacerdoce, mais l’ajout du mot “ gratuit ” permet au Pape de dire qu’il n’est pas la propriété de celui qui le reçoit : « Nous avons reçu un don pour être des dons. Un don ne s’achète pas, ne s’échange pas et ne se vend pas : on le reçoit et on l’offre. Si nous nous l’approprions, si nous nous mettons au centre et ne mettons pas au centre le don, en tant que Pasteurs nous devenons des fonctionnaires. »
Le passage de la même lettre à Timothée qui traite du dépôt de la foi est bien cité par le Pape, mais interprété fallacieusement : « Garde le dépôt de la foi dans toute sa beauté, avec l’aide de l’Esprit-Saint qui habite en nous. » (2 Tm 1, 14) Cette traduction substitue la “ beauté ” à l’intégrité du dépôt à garder. Le Pape fait suivre cette citation immédiatement de cet autre passage de la même lettre, toujours pour en atténuer le caractère contraignant : « Ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de pondération. » (v. 7) Le pape François prétend que la peur dont il s’agit, c’est la peur de changer de doctrine qu’il oppose à la vertu de prudence audacieuse qui n’est pas une attitude défensive, mais une attitude réceptive de la nouveauté de l’ “ Esprit ” : « C’est la vertu du Pasteur qui, pour servir avec sagesse, sait discerner, est sensible à la nouveauté de l’Esprit. Alors, raviver le don dans le feu de l’Esprit, c’est le contraire du fait de laisser les choses aller sans agir. Et être fidèle à la nouveauté de l’Esprit, c’est une grâce que nous devons demander dans la prière. Lui, qui fait toutes choses nouvelles, qu’il nous donne sa prudence audacieuse ; qu’il inspire notre Synode pour qu’il renouvelle les chemins pour l’Église en Amazonie, afin que ne s’éteigne pas le feu de la mission. » Tout autre est la conclusion de la première lettre à Timothée, que le Pape se garde de citer :
« Ô Timothée, garde le dépôt. Évite les discours vains et impies, ainsi que les contradictions d’une science prétendue. Pour l’avoir propagée, il en est qui ont versé dans l’erreur au sujet de la foi. » (1 Tm 6, 20-21)
LE PROSÉLYTISME CONDAMNÉ.
Dans son homélie du 6 octobre, le Pape compare la mission apportée par Jésus à celle du Buisson ardent contemplé par Moïse : « Le feu de Dieu, comme dans l’épisode du buisson ardent, brûle mais ne se consume pas (cf. Ex 3, 2). » Tous les saints y ont vu une figure de la virginité perpétuelle de la Mère de Dieu. Mais poursuivant sa chimère progressiste et son culte de la déesse terre-mère, le Pape commente : « C’est un feu d’amour qui éclaire, réchauffe et donne vie, ce n’est pas un feu qui embrase et dévore. Quand les peuples et les cultures s’anéantissent sans amour et sans respect, ce n’est pas le feu de Dieu, mais le feu du monde. Et pourtant, que de fois le don de Dieu au lieu d’être offert est-il imposé, que de fois y a-t-il eu colonisation au lieu d’évangélisation ! »
Nous sommes loin de saint Paul !
« Je t’adjure devant Dieu et devant le Christ Jésus, qui doit juger les vivants et les morts, au nom de son apparition et de son règne : proclame la Parole, insiste à temps et à contretemps, réfute, menace, exhorte, avec une patience inlassable et le souci d’instruire. (Telle la vraie méthode missionnaire, qui impose la foi, parce que c’est la vérité !) Car un temps viendra où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine (nous y sommes), mais au contraire, au gré de leur passion et l’oreille les démangeant (comme le pape François dans sa passion d’écouter les sirènes progressistes contre toute prudence), ils se donneront des maîtres en quantité et détourneront l’oreille de la vérité pour se tourner vers des fables. Pour toi, sois prudent en tout (c’est ici la vraie prudence, qui est défense de la foi !) ; supporte l’épreuve, fais œuvre de prédicateur de l’Évangile, acquitte-toi à la perfection de ton ministère... » (2 Tm 4, 1-5)
C’est donc par une méconnaissance totale de l’Écriture sainte que le pape François nous impose ses projets, révélés dans son exhortation du 8 octobre à l’ouverture des travaux du synode : il ne faut pas que l’Église s’approche de ces peuples amazoniens en voulant les « discipliner », autrement dit, les civiliser, donc les christianiser ! « Et nous nous approchons sans l’angoisse de l’entrepreneur qui leur propose des programmes préconçus (exit l’angoisse du salut des âmes, et donc les plans pour les convertir !), pour “ discipliner ” les peuples amazoniens, discipliner leur histoire, leur culture ; c’est cette anxiété de “ domestiquer ” les peuples autochtones. Quand l’Église a oublié cela, c’est-à-dire comment elle doit s’approcher d’un peuple, elle ne s’est pas inculturée ; elle a même fini par mépriser certains peuples. Et combien d’échecs regrettons-nous aujourd’hui ! Pensons à De Nobili en Inde, à Ricci en Chine et à tant d’autres. Le centralisme “ homogénéisant ” et “ homogénéisateur ” n’a pas laissé émerger l’authenticité de la culture des peuples. »
Ainsi Mattéo Ricci est lui-même dépassé, selon le pape François, car il n’est pas allé assez loin et n’a pas laissé émerger “ l’authenticité de la culture des peuples ” ! Nous verrons dans l’étude qui suit, de frère Scubilion, comment Ricci s’est heurté au système de pensée du confucianisme et a cru qu’il convertirait les lettrés en donnant un sens chrétien à leurs écrits fondateurs. Il affirme dans ses lettres à ses supérieurs qu’il a tordu sciemment le sens des textes des classiques chinois et au début, cela lui a attiré des disciples, mais peu à peu les lettrés ont dénoncé la supercherie et les jésuites ne convertirent plus aucun lettré à partir de 1620. Il a donc échoué à coloniser leur esprit en voulant transformer le confucianisme de l’intérieur.
Le pape François veut au contraire qu’on laisse les peuples autochtones adapter le christianisme à leur culture, comme le dit bien le secrétaire du synode : « Ce sont les peuples mêmes qui doivent recevoir le message [chrétien] selon leurs codes et comment il peut être bon pour eux. C’est à eux d’étudier leurs usages et leurs traditions à la lumière de ce message évangélique. Quand les peuples deviennent sujets et non plus objets de l’évangélisation, alors ce n’est plus le message d’une Église étrangère. » La référence n’est plus notre religion catholique, mais leurs traditions ancestrales qu’il faut prendre comme un bloc : « La vie des communautés amazoniennes encore non affectées par l’influence de la civilisation occidentale se reflète dans la croyance et dans les rites concernant l’action des esprits ou de la divinité – appelée de multiples manières – avec et sur le territoire, avec et en relation à la nature. Cette vision du monde se retrouve dans le “ mantra ” de François : “ Tout est lié ” (Laudato Si 16, 91, 117, 138, 240). L’intégration de la création, de la vie considérée comme un tout qui embrasse toute l’existence, est la base de la culture traditionnelle qui se transmet de génération en génération à travers l’écoute de la sagesse ancestrale, réserve vivante de la spiritualité et de la culture autochtone. Cette sagesse inspire la sauvegarde et le respect de la création, en ayant une conscience claire de ses limites et en interdisant les abus. Abuser de la nature, c’est abuser des ancêtres, des frères et sœurs, de la création et du Créateur, en hypothéquant le futur. » (Instrumentum laboris, p. 14) C’est la vision d’un monde qui juge tout, y compris la foi catholique !
Cependant, la référence inévitable aux jésuites Mattéo Ricci et Roberto de Nobili, ne trouve-t-elle pas une justification dans les instructions de 1659 adressées par Rome aux vicaires apostoliques d’Indochine : « Gardez-vous de tout effort et de tout conseil à ces peuples pour faire changer leurs rites, leurs coutumes et leurs mœurs, pourvu qu’elles ne soient pas très ouvertement contraires à la religion et aux bonnes mœurs. »
Que sont devenues aujourd’hui la religion et les bonnes mœurs à Rome ?
« En effet, quoi de plus absurde que d’introduire chez les Chinois la France l’Espagne ou l’Italie ou quelque autre partie de l’Europe ? Ce n’est pas cela que vous devez introduire, c’est la foi qui ne repousse ni ne lèse les liturgies et les coutumes pourvu qu’elles ne soient pas mauvaises, et qui veut au contraire qu’elles soient protégées. »
Ces instructions ont été élaborées par Rome trois ans après que le jésuite Martin Martini a défendu avec succès les thèses de Ricci qui se trouvaient ainsi avalisées. Le pape François peut donc s’autoriser de cette “ tradition ” pour lever l’obstacle de la centralisation et de l’uniformisation romaine qui s’oppose au règne de l’Antéchrist !
Pour nous, cet échec de Ricci et Nobili était un bien, et nous souscrivons à ce que le Père Henri Garnier missionnaire, disait en 1948, au moment où l’Église commençait déjà à réhabiliter ces novateurs : « Si Ricci, Adam Schall qui se chinoisa lui-même un peu trop et quelques autres avaient réussi à mettre sur pied la secte hybride qu’ils rêvaient d’instaurer en Chine, Rome aurait eu plus tard du fil à retordre, si du moins Rome avait eu encore son mot à dire... »
Aujourd’hui, Rome s’est ralliée à cette « secte hybride » sous le nom d’ “ Église patriotique ” qui descend directement de Lebbe et de Ricci.
Cependant, l’unité romaine était aussi menacée dans les années 1580 dans les missions où s’opposaient déjà une évangélisation liée à la Croisade et celle promue aujourd’hui par le pape François, de sympathie pour les cultures et les religions païennes.
L’EXEMPLE FUNESTE DE MATTÉO RICCI ET ROBERTO DE NOBILI
par frère Scubilion de la Reine des Cieux
En août 1578 le roi du Portugal, don Sébastien, périt avec toute la chevalerie portugaise à la bataille d’El Ksar El Kébir. Philippe II s’empara de l’empire lusitanien qu’il réunit à la couronne d’Espagne et il envoya en 1582 à Macao un ambassadeur spécial, le jésuite Alonso Sanchez, afin de faire accepter aux marchands portugais de cette place importante de l’empire portugais, l’autorité du nouveau souverain. Or ce jésuite Alonso Sanchez à l’intelligence et à la ténacité remarquables avait remis à Philippe II un plan d’occupation militaire de l’Extrême-Orient en vue d’y implanter la foi catholique, mais le général des jésuites Everard Mercurian s’y était opposé, accusant Sanchez de trop mêler religion et politique.
Le visiteur des Indes, Alexandre Valignano avait conçu un autre plan mirifique : il appela de l’Inde le Père Michel Ruggieri afin qu’il étudie le mandarin, langue des élites lettrées et qu’il se prépare ainsi à pénétrer en Chine sans aucun soutien européen. Pourtant, dès son premier voyage à Macao, Alonso Sanchez avait pu constater les vaines tentatives faites par Michel Ruggieri et François Pasio, expulsés de Chine dès 1582 à cause de la xénophobie maladive des Chinois. Sanchez avait lui-même été fait prisonnier et maltraité par les Chinois lorsqu’il avait débarqué au grand port du Foukien. En fait de civilisation, on a fait mieux ! La langue était tellement difficile à apprendre que Ruggieri ayant l’esprit quelque peu rouillé, et on le comprend, pour assimiler les 4000 idéogrammes nécessaires pour se faire comprendre, Valignano fit appel à Mattéo Ricci dont l’esprit était plus délié.
MISSION, COLONISATION, CROISADE CONTRE ADAPTATION EN CHINE !
Le Père Alonso Sanchez écrivit alors au supérieur de Ruggieri que « contrairement à ce dernier, il estime impossible de convertir la Chine par la seule prédication. Il faut y joindre la force armée. » (Mgr Delacroix, Histoire universelle des missions, t. 1, p. 342)
Les détracteurs d’Alonso Sanchez disaient qu’il voulait imposer la foi par l’épée, à la manière d’un hidalgo. C’est toute une école missiologique déjà anticolonialiste qui s’est développée à l’université de Salamanque où des intellectuels disciples d’Érasme, de grands théologiens comme Francisco de Vitoria ou Molina qui fut probablement professeur de Mattéo Ricci au Portugal, prétendaient sur les informations données par les livres mensongers de Las Casas, que la conquête était injustifiable, qu’il fallait faire objection de conscience pour ne pas participer à ces guerres injustes qui avaient fait baisser la population indienne...
Henri Bernard-Maître, historien des années 30 hostile à la méthode de Sanchez, lui rend justice en montrant qu’il voulait seulement que la mission soit protégée par l’armée. Pour lui, « maintenir la christianisation repose sur le triptyque “ Fe, la codicia, y potencia ”, soit allier la présence du personnel ecclésiastique, des acteurs économiques en quête d’un profit minimal aux Indes et des administrateurs. » C’est pourquoi le Père Alonso Sanchez tenta d’organiser une ambassade du roi d’Espagne auprès de l’empereur de Chine, mais il se heurta à l’opposition sourde des Pères Valignano, Ricci et Ruggieri qui, poussés par les marchands portugais, firent tous leurs efforts pour faire échouer le projet. Valignano voulait protéger le commerce qu’il avait organisé entre Macao et le Japon pour financer sa politique d’adaptation aux mœurs japonaises qui coûtait cher. (Il est ressuscité n° 195, février 2019, p. 19) Valignano et Ricci écrivirent au nouveau général des jésuites, le Père Aquaviva qu’ils rallièrent à leur cause. Lorsque Alonso Sanchez quitta Macao, persuadé que les Pères Pasio et Ruggieri organiseraient cette ambassade telle qu’ils le promettaient pourtant dans leurs lettres, il ne se doutait pas que l’évangélisation de la Chine allait prendre une voie qu’il avait pourtant réprouvée : « Les missionnaires livrés à leur seule initiative face à des populations et des cultures inconnues sont confrontés à des dangers immenses et à des résultats limités. [Sanchez] revendique les résultats de l’expérience et s’oppose aux chimères (“ imaginación ”) des aventures d’évangélisation sans aucun appui temporel. » (« Ceñir el mundo », méditations géo-spirituelles des jésuites aux Philippines, par Clotilde Jacquelard, in Revue interdisciplinaire d’études hispaniques médiévales et modernes, http://journals.openedition.org/e-spania/27740)
LA SÉCULARISATION DE LA CIVILISATION
ET DE LA MISSION PAR MATTÉO RICCI
Ces Italiens utopistes formés comme Aquaviva au très cosmopolite collège romain de jésuites s’engagèrent dans une adaptation de la religion catholique à la culture chinoise et plus tard hindoue, identique à celle que Valignano inaugurait au même moment au Japon.
Ruggieri et son confrère François Pasio arrivés en premier commencent par prendre l’habit des bonzes confectionné par le gouverneur de la ville de Zhaoking qui les installe dans le Temple de la Paix céleste ! Ils sont considérés comme des bonzes venus d’Occident et refusent de présider les cérémonies bouddhistes que voulait leur imposer le gouverneur ! Si cette confusion est déjà en soi regrettable et fut abandonnée seulement douze ans plus tard par Mattéo Ricci, elle compromit la religion catholique avec des bonzes qui avaient, aux yeux des lettrés et du peuple, une réputation méritée d’être corrompus. Mais après la mort de Ricci, Roberto de Nobili écrira une justification théologique de cette prise d’habit païenne et se réclamera de l’exemple des Pères de la compagnie du Japon et de la Chine pour prendre l’habit de brahmanes, tout aussi corrompus d’ailleurs !
Les missionnaires, expulsés de Chine par le gouverneur en 1582, reviennent un an plus tard, invités par son successeur, cette fois avec Mattéo Ricci. Ils reçoivent l’autorisation de bâtir en flattant l’orgueil des autorités locales : Ricci mit ses talents de cartographe à leur service en dessinant une mappemonde où il mit la Chine au centre de l’univers ! Ruggieri, qui se rendait bien compte de leur situation totalement dépendante des caprices des autorités locales, voulut se rendre à Pékin pour demander l’autorisation de prêcher à l’empereur, mais il ne put obtenir d’entrer dans la ville interdite. Il put constater, lors de ce voyage, que le milieu populaire de la région de Canton était moins hostile aux étrangers et plus réceptif aux questions religieuses. C’est là qu’il projeta de changer de méthode en abandonnant les lettrés pour évangéliser les milieux populaires. Mais Valignano ne lui en laissa pas le temps et l’envoya en 1588 demander au Pape, et non à l’Espagne de Philippe II, de dépêcher lui-même une ambassade à l’empereur de Chine !
Ricci resta seul en Chine, libre d’appliquer la méthode de Valignano, l’évangélisation par le haut. Il prit l’habit des lettrés et se mit à traduire les classiques chinois, écrits attribués à Confucius, tellement confus que pour les comprendre, on devait en étudier le sens dans les commentaires matérialistes et athées faits par le lettré Zhou Xi. Cette étude absorbante marqua son esprit, et les visites incessantes que lui faisaient les lettrés flattés par cet Européen qui s’intéressait à leur culture lui firent peu à peu abandonner sa vocation missionnaire, abandon qu’il transfigura en tactique dans ses lettres. Il négligeait de dire la messe, et sous prétexte que se présenter en tant que prêtre l’assimilait aux bonzes, il ne se présenta plus qu’en moraliste, en philosophe, et en montreur d’horloges, renonçant ainsi à faire œuvre missionnaire, c’est-à-dire à répandre l’Église, comme il l’avoue lui-même dans une lettre de 1596 : « Puisque nous avons banni de nos personnes le nom de bonzes, qui est équivalent pour eux à celui de fray (frère moine) chez nous, mais en un sens très vil et déshonorant, nous n’ouvrirons plus en ces débuts ni église ni temple, mais seulement une maison à prêcher, comme font leurs plus renommés prédicateurs. » (Jacques Gernet, Chine et christianisme, la première confrontation. p. 27)
Ricci pensait attirer au christianisme par les sciences européennes, et par là il sécularisa la vie missionnaire. Ses successeurs comme Adam Schall ou Ferdinand Verbiest deviendront fondeurs de canon ou président du tribunal des rites, chargés de calculer le calendrier des rites païens grâce à leur science, mais sans pouvoir prêcher la religion catholique à leur entourage.
Mais abandonnant la conquête spirituelle, que le pape François appelle la “ colonisation idéologique ”, Ricci se laissa conquérir par le confucianisme, il ne prêcha plus qu’un christianisme expurgé, ne parlant ni de la Rédemption, ni de la Croix, ni de l’enfer, ni de la divinité du Christ, réduisant la foi catholique à un accomplissement du confucianisme (Véronique Ragot, Les missions étrangères et l’apostolat par le livre, thèse de l’École des Chartes).
Adam Schall qui organisait la fonte du métal servant au canon essaya de christianiser les cérémonies païennes faites par les ouvriers chinois aux génies du feu, participant à ces cérémonies avec une étole et de l’eau bénite ! On pense à celles du 4 octobre dernier dans les jardins du Vatican.
LE CULTE DES ANCÊTRES.
Ricci tolérait chez ses convertis le culte des ancêtres, qui consistait à l’érection ruineuse pour le budget et la morale familiale de tablettes censées contenir l’âme des morts qu’ils vénéraient sur des autels avec sacrifices d’animaux et prières incantatoires aux quatre points cardinaux. Ses lettres ne décrivent pas les cérémonies, les dominicains espagnols n’en découvrirent que plus tard les rites incontestablement païens.
Le culte des ancêtres n’est pas seulement un ensemble de rites, c’est aussi une emprise sur toute la vie en société : car tout doit être sacrifié pour que le père ait des enfants qui puissent perpétuer le culte des ancêtres, y compris en ayant des concubines, ce que les missionnaires n’arrivaient pas à extirper chez leurs convertis.
L’OBSTACLE A LA CONVERSION : LE CONFUCIANISME.
Ricci ne se rendit pas compte que la résistance des lettrés à la conversion ne venait pas seulement de ces cultes et des vices qui leur étaient liés, mais de leur système de pensée étranger à celui des Européens. L’emprise de la “ philosophie ” confucéenne sur leur mentalité et même sur la langue chinoise les rendait inaptes à un raisonnement métaphysique : « Le chinois n’avait pas non plus de verbe d’existence, rien qui permette de traduire cette notion d’être ou d’essence qu’exprime si commodément en grec le substantif ousia ou le neutre to on. Aussi bien, la notion d’être en tant que réalité stable et éternelle, au-delà du phénoménal, est-elle inconnue en Chine. » (Jacques Gernet, p. 325)
Comment Ricci a-t-il pu croire qu’il pourrait enseigner des vérités en laissant ces lettrés dans leur prétendue civilisation ? L’idée de dogme intangible, le principe d’identité, base de tout raisonnement, leur étaient complètement étrangers. Ainsi en laissant ces Chinois dans leur inculture, il les condamnait à osciller entre athéisme et syncrétisme. « Ils ne comprennent pas, disait le Père Longobardo, l’opposant à Mattéo Ricci, combien il est important qu’il n’y ait pas d’erreurs dans les matières que nous traitons. » Ainsi lorsque Ricci prit le mot “ Changti ” pour désigner Dieu, Longobardo ayant des doutes, demanda aux lettrés catholiques s’il signifiait réellement un Dieu personnel ou seulement le ciel matériel, mais il s’entendit répondre de ne pas faire tant d’histoire et de se cantonner à ce qu’en disent les Classiques confucéens.
C’est pourquoi les lettrés que Ricci avait prétendument convertis restaient confucianistes et faisaient même l’éloge des quatre “ religions ” tout en se prétendant chrétiens. Les convertis de Ricci confondront les traités de géométrie d’Euclide que le missionnaire leur enseignait avec la religion catholique : il ne se rendait pas compte que pour des confucéens, science, religion et politique forment un tout indissociable, un ordre cosmique ; en Chine aussi, tout est lié. Il s’est fait dans la tête des convertis un mélange inextricable qu’on trouve chez le plus célèbre d’entre eux, Paul Xu Guangqi, qui écrivait dans une préface d’un traité d’hydraulique occidentale (sic !) écrite par le jésuite Sabatino des Ursis : « J’ai dit un jour que leurs enseignements (celui des missionnaires) convenaient tout à fait pour compléter le confucianisme et remplacer le bouddhisme. » À la suite de Ricci, les jésuites Semedo, Martin Martini, Alexandre de Rhodes vont donner pour un sommet de la civilisation chinoise leur monothéisme, alors que leur confrère Nicolas Longobardo, dans une étude qui fait aujourd’hui encore l’admiration des sinologues, montre que les Chinois sont foncièrement athées car ils sont hermétiques à tout raisonnement sur les causes et les effets.
Nicolas Trigault, ardent partisan de Ricci, se fit après sa mort, le propagandiste de sa méthode et en répandit les prétendus résultats en Europe. Il édulcora les textes de Ricci pour en atténuer les erreurs, trompant ses correspondants, en prétendant que Ricci avait converti un grand nombre de lettrés. Daniel Rops, dans son Histoire de l’Église prétendait encore dans les années 50 qu’à la mort de Mattéo Ricci en 1610, il y avait en Chine 300 églises, alors qu’il n’y avait à l’époque qu’une douzaine de jésuites en Chine et que Ricci affirmait abandonner la construction d’églises !
Ceux qui se sont opposés à Ricci ne purent jamais se faire entendre, notamment dans le synode de Kiating en 1628 où le livre de Longobardo fut brûlé, ou même au concile de Canton en 1669 dont le provincial des jésuites de Chine changea les décisions pour les rendre favorables aux thèses de Ricci. Dans un prochain article, nous montrerons que c’est Rome qui tranchera cent cinquante ans plus tard, grâce aux Missions Étrangères de Paris et après bien des vicissitudes, par les condamnations prononcées par Benoît XIV en 1742 et 1744, condamnations dogmatiques, aujourd’hui allègrement piétinées par le pape François, sous prétexte que Ricci et Nobili n’ont pas été nommément condamnés. Si Ricci a sécularisé la mission en enseignant des sciences profanes et en les coupant de la civilisation chrétienne qui seule les a fait progresser, Nobili refusera d’établir une Chrétienté et sera par là amené à pousser plus loin l’adaptation de la religion catholique au paganisme !
ROBERTO DE NOBILI OU LA RELIGION CATHOLIQUE PAGANISÉE
Débarquant en 1605 en Inde, le jésuite Roberto de Nobili décida de se séparer de son compagnon le Père Fernandès, se réclamant explicitement de Ricci qui se sépara de Ruggieri, pour s’enfoncer en plein pays païen. Croyant faire oublier son origine européenne, il se dit raja romain (sic !), ne fit cuisiner sa nourriture que par des brahmanes, adoptant le cordon des brahmanes, leurs purifications pour pouvoir approcher leur caste. Ne voulant plus avoir de relation avec les Portugais, il rompit tous ses liens avec l’ancienne mission des Paravers du Père Fernandes, interdisant même aux Paravers d’assister à sa messe. Critiquant les traductions de catéchisme faites avec des termes portugais transcrits phonétiquement en langue tamoule, il adopta des termes païens pour désigner les sacrements et les mystères chrétiens, la messe fut ainsi confondue avec la puja, nom du sacrifice païen.
Devenu Guru, il accomplissait des miracles (selon ses propres récits), mais à la différence de saint François Xavier, ses “ pouvoirs surnaturels ” ne convertirent qu’un petit groupe de jeunes brahmanes, néophytes instables en quête d’ascension sociale et surtout d’argent ! La conversion, selon Nobili, était un processus individuel et intellectuel, visant d’abord les plus instruits, les brahmanes et les plus nobles (les rois) qui entraîneraient ensuite les basses castes. C’était le même élitisme que Valignano ou Ricci. C’était aussi la même duperie de la part des brahmanes et Nobili en fit les frais, il le raconte ingénument dans ses Testimonia de 1617 : Boniface et Aleixo, d’abord qualifiés d’angéliques dans le premier récit de Nobili, avaient ensuite projeté d’éliminer les jésuites et de prendre le contrôle de l’administration des églises. Ils détournaient les fonds qu’ils étaient censés collecter. Dans les années 1620, Nobili et son compagnon Vico s’entouraient d’un ramassis de convertis formant un groupe qu’il fallait gouverner. Nobili avait besoin d’un « bras séculier » qu’il ne pouvait trouver chez les Portugais. Il chercha parmi les anciens militaires hindous « menacés par le déclassement ou la frustration de leurs aspirations sociales ». Ainsi de Eumaichetti que Nobili décrit versant « d’innombrables pleurs » en apprenant que son frère mort païen méritait l’enfer pour avoir « ignoré la loi de Dieu et le chemin du salut. » Eumaichetti promit de se convertir dès qu’il aurait réglé sa succession ! Et la parabole des invités discourtois se réalise une fois de plus : « Cependant dès que sa “ crise de carrière ” fut dépassée, ce qui signifia notamment l’acquittement [par Nobili] de “ 70 000 scudi comme frais d’investiture au Nayak [le fameux bras séculier !] qui ajouta d’autres terres à celles qu’il avait héritées de son frère ” [dit Nobili !], il s’évanouit de la correspondance du missionnaire du Madurai pour n’y plus faire que de brèves apparitions empreintes d’hostilités marquées à l’égard de Nobili. » (Inès Zupanov, Prosélytisme et pluralisme religieux : deux expériences missionnaires en Inde aux xve et xviie siècles, Archives de sciences sociales des religions)
Les lettres de Nobili signalent dix baptêmes en 1607, cinquante-trois en 1609, huit en 1610, avec dix-huit apostasies et neuf retours. Pas de quoi faire des communiqués triomphants ! On ne sait d’ailleurs pas si Nobili respectait les cérémonies du rituel du baptême, comme l’imposition du sel, les insufflations et le rite de l’effatah qui devait produire chez les gens de castes, les plus grandes répugnances ? Nobili connaissait certainement l’habitude des jésuites en Chine qui les omettaient, alors pourquoi pas en Inde ?
Nobili portait le cordon brahmanique, qui signifiait une deuxième naissance : « En adoptant le cordon, Nobili franchit le seuil du paganisme et renaît dans la famille “ divine ” des hindous, famille qui n’est qu’une imitation diabolique de la famille chrétienne », d’autant plus que brahmane signifie “ essence divine ”, ce qui assimilait cette caste à des dieux !
Concernant les purifications que Nobili pratiquait, il prétendait que dans son for intérieur, il dirigeait son intention pour ne considérer cet acte que comme un acte civil. Mais cette protestation n’étant qu’intérieure, les brahmanes, ne le sachant pas, croyaient qu’il faisait un acte religieux comme eux ! Les autres missionnaires, eux, condamnaient ouvertement cette idolâtrie, et se faisaient martyriser comme saint Jean de Britto.
Mais comme Ricci abandonnant l’habit des bonzes, Nobili abandonna le cordon brahmanique pour devenir Sanyassi, c’est-à-dire renonçant brahmane. Le jésuite Pero Francisco, dans une lettre très défavorable relatant sa visite de la mission de Madurai en 1612, décrit les différentes métamorphoses du jésuite et signale avec ironie comment Nobili utilisait toutes les subtilités de la scolastique pour prouver que les cérémonies des brahmanes n’étaient que des coutumes civiles. En annulant le sens religieux des coutumes brahmaniques, Nobili les permet chez les chrétiens de caste supérieure. Néanmoins, il se contredisait en prétendant que finalement, ces coutumes étaient des restes de la révélation primitive et que « le brahmanisme sous sa forme la plus pure n’est en définitive qu’une des formes de la religion révélée telle que l’a pratiquée la première humanité ». Donc ces coutumes étaient religieuses, il faudrait savoir ! Notons que Las Casas prétendait aussi montrer que les Amérindiens vivaient en société organisée plus ou moins civilisée et qu’ils avaient reçu une révélation naturelle qu’on pouvait apercevoir dans leurs idolâtries. Nous ne sommes pas loin des thèses défendues par le pape François dans ce synode !
Accusé par le Père Fernandez de paganiser, condamné par l’archevêque de Goa et par les autorités ecclésiastiques locales, il fit appel à Rome en 1625, mais le pape Grégoire XV, tout en accordant quelques tolérances pour les brahmanes qui se convertissaient, condamna le système des castes et l’orgueil brahmanique.
Alors, Rome a compromis la mission, dit le pape François ! C’est ce que disent tous les historiens des missions. Mais les cent mille conversions que ceux-ci attribuent à Nobili dans la plupart de leurs ouvrages sont une légende entretenue par ceux qui avaient intérêt à vanter les fruits de cette méthode. Or Nobili, malgré ses transformations successives, restait un Européen, et après quelques mouvements de curiosité et les conversions factices que nous avons relatées, c’était fini : à partir de 1630, il cesse de convertir des brahmanes, faute d’argent ! Encore un apostolat qui coûtait cher !
L’échec ne vient donc pas de “ l’homogénéisation centralisatrice ”, mais de la mauvaise méthode de Nobili qui en ne voulant pas occidentaliser ses convertis, les maintenait dans le paganisme !
frère Scubilion de la Reine des Cieux.
LE PAPE FRANÇOIS DANS LA DROITE LIGNE
DE NOSTRA ÆTATE ET DE JEAN-PAUL II
En instaurant la dictature démocratique du synode par cette procession sacrilège du 9 octobre, le pape François impose à l’Église la marche forcée que notre Père, l’abbé de Nantes, dénonçait dans la promulgation de Nostra Ætate (Autodafé, p. 258).
Ce décret sans valeur doctrinale allait provoquer la destruction des missions :
« L’Église exhorte donc ses fils pour que, avec prudence (la prudence “ audacieuse ” du pape François !) et charité, par le dialogue et par la coopération avec ceux qui suivent d’autres religions, et tout en témoignant de la foi et de la vie chrétiennes, ils reconnaissent, préservent et fassent progresser les valeurs spirituelles, morales et socioculturelles qui se trouvent en eux. »
Il est évident que le pape François ne fait que suivre le concile Vatican II :
« Il faut désormais renoncer à tout le vêtement, toute la figure et la chair vivante de notre religion, pour “ méditer et exprimer la Révélation sur l’arrière-plan de cette culture et de cette religion ” qui sont “ l’âme et la nature de chaque communauté ” [...]. Il faut s’incarner bantou ! » (Préparer Vatican III, p. 163)
Le Père Maurier, Père blanc, n’affirmait-il pas déjà la même chose que l’Instrumentum laboris dans son commentaire de Nostra Ætate : « Chez les non-chrétiens il y a des valeurs qui n’existent pas chez les chrétiens, et même qui n’existent pas dans l’Église, et qui ne peuvent pas y exister » !
La Lettre du Conseil Pontifical pour le Dialogue interreligieux aux présidents des Conférences épiscopales en Asie, aux Amériques et en Océanie, intitulée L’attention pastorale envers les religions traditionnelles (23 nov. 1993) contient déjà toutes les idées de l’Instrumentum laboris (CRC n° 304, août 1994, p. 15). C’est le même respect envers des religions qualifiées par l’épithète positive de “ traditionnelles ”. Les païens y sont considérés comme des monothéistes qui « ont en général une croyance claire en un Dieu Unique » (n° 3). Et quoique « le culte s’adresse en général aux esprits et aux ancêtres et parfois à Dieu, la peur des esprits mauvais ou des ancêtres est à la source de nombreux actes de culte. »
Mais il y avait déjà une ombre au tableau de ces “ religions traditionnelles ”, les sacrifices humains, comme aujourd’hui les infanticides. Le document du Saint-Siège l’admettait, et pourtant il persistait dans l’affirmation que « l’Église respecte les religions et les cultures des peuples » (n° 8).
« Avec ceux qui adhèrent à des religions traditionnelles et qui, pour l’heure, ne souhaitent pas devenir chrétiens, le dialogue doit se dérouler dans le sens ordinaire d’une rencontre, d’une compréhension mutuelle, du respect, de la découverte des semences du Verbe dans cette religion, et de la quête commune de la volonté de Dieu. » Anathema sit !
Frère Bruno de Jésus-Marie