Il est ressuscité !

N° 204 – Décembre 2019

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


Intermède : l’Immaculée Médiatrice

APRÈS avoir révisé nos cinquante premiers Points pour les mettre sur cet “ axe ” du mystère de l’Immaculée Conception comme source de tous les autres, il nous faut poser celui qui n’est pas encore l’objet d’une définition infaillible de l’Église et qui, cependant, fut accueilli dans l’Église primitive comme déterminant le secret de Marie, celui de sa médiation universelle :

Marie, médiatrice de toutes grâces !

Pour le comprendre, il faut plonger dans le sein de Dieu, dans le mystère de Dieu éternel, et contempler la “ Conception immaculée ” de la Vierge Marie, c’est-à-dire cette création de la Vierge comme une pensée de Dieu. Il a pensé à Elle, il a voulu créer la Vierge en la revêtant de toute la beauté “ concevable ”, en vue de quoi ?

D’abord en vue de sa gloire. Dieu n’a besoin d’aucune créature et, cependant, sortant de lui-même, il s’est donné pour joie supplémentaire une “ conception ” merveilleuse, douée de toutes les perfections “ concevables ” pour en revêtir une créature sortie de ses mains, afin qu’elle soit féconde et répande sa grâce sur d’autres êtres qui l’aimeront.

Le Cœur de Marie, tout tourné vers Dieu, reçoit dans son amour de Dieu le désir de servir les créatures qui vont lui être accordées comme ses enfants. Elle est donc Médiatrice des biens divins pour les anges, puis pour les hommes et femmes survenants. Elle est pour nous !

LA MÉDIATION FONTALE

Si elle n’avait pas dit oui à l’ange Gabriel, le jour de l’Annonciation, il n’y aurait pas eu d’Incarnation. C’est librement qu’elle a dit oui, sous l’empire de la grâce dont elle était remplie ; ce consentement l’a faite coopératrice du Sauveur pour être sa Mère et vouloir le salut de l’humanité avec son Fils descendu dans son sein virginal pour cela.

« Médiation parfaite, médiation totale, médiation unique de l’Éternel dans l’universalité du temps », explique le Père Javelet (Marie, la Femme médiatrice, œil, 1984).

« Le Ciel frappe au Cœur de Marie, le volet s’ouvre et le pardon de Dieu éclaire et régénère le monde. » L’acceptation de Marie ouvre toute l’humanité à la grâce de Dieu. Aussitôt, la Vierge devient la Maison de Dieu, elle porte l’Emmanuel, « Dieu avec nous », en son sein, et lorsqu’elle va visiter sa cousine Élisabeth, à peine entrée dans sa maison d’Aïn-Karim, l’Enfant Jésus qu’elle porte opère par la voix de sa Mère frappant les oreilles d’Élisabeth : l’enfant qu’elle porte elle-même, le futur saint Jean-Baptiste, bondit de joie. C’est la grâce apportée par Jésus qui passe par le ministère de Marie. Première médiation.

Ainsi, à chacun des quinze mystères du Rosaire, la volonté d’une humble femme va de l’avant, et comme elle a été Médiatrice d’abord par son enfantement surnaturel, elle l’est maintenant par l’intercession de sa maternelle protection. C’est par les quinze mystères de Notre-Dame du Rosaire que nous allons à Jésus.

Elle le met au monde à Bethléem, puis elle le porte au Temple. Ce sont ses jambes qui marchent, et ses bras qui présentent l’Enfant, et l’Enfant, entrant dans le Temple accomplit la prophétie de Malachie :

« Et soudain il entrera dans son sanctuaire, le Seigneur que vous cherchez ! » (3, 1)

Pour y faire quoi ?

« Il purifiera les fils de Lévi et les affinera comme or et argent, et ils deviendront pour Yahweh ceux qui présentent l’offrande comme il se doit. » (3, 3)

Marie Immaculée est donc la Médiatrice de notre purification. Et ce même jour, elle reçoit l’annonce qu’un glaive de douleur percera son Cœur Immaculé. Cet avertissement s’est renouvelé dans les trois jours de recherche de Jésus au Temple, qui furent une agonie pour Elle. Elle avait perdu son Jésus, elle le recherchait tandis qu’il s’offrait en sacrifice dès ce jour-là dans la Maison de son Père pour le salut du monde.

Quand elle le laissera partir pour entrer dans sa vie publique, elle le suivra des yeux et du Cœur, et se trouvera, au moment suprême, debout au pied de la Croix, offrant merveilleusement son Fils. Il lui a demandé la permission d’accomplir sa vocation, qui était de se “ livrer ” aux hommes, dans la souffrance comme dans la joie.

L’Épiphanie mariale et eucharistique de Tuy, le 13 juin 1929, a montré que cette Vierge Immaculée au Cœur transpercé et enflammé d’amour tenait la place du prêtre médiateur pour offrir son Fils en victime, pour le salut du monde, au Saint-Sacrifice de la messe, figuré par le Précieux Sang qui coule des blessures de Jésus sur l’Hostie et de là dans le Calice.

Co-rédemptrice et médiatrice. Il n’est donc pas étonnant qu’au moment de la Résurrection de Jésus, elle soit là, au milieu de l’Église. Et elle va rester. L’office de sa Maternité divine continue auprès des Apôtres et de toute l’Église. Elle est la Mère de chacun de nous.

Maternité universelle ! selon la disposition fondamentale de son Cœur Immaculé. Elle est l’âme même de la médiation de l’Église, de génération en génération, jusqu’à nos jours. Médiation eschatologique glorieuse, révélée dès le commencement dans l’Apocalypse, à l’œuvre aujourd’hui à Fatima, en nos temps qui sont les derniers. La Vierge Marie, dans son désir de sauver toutes les âmes, se fait l’Avocate d’Ève pour qu’elle soit graciée, et de tous ses descendants. Elle nous prend tous en charge. Aux temps apocalyptiques de la grande Apostasie, elle intervient encore pour que son Fils ait pitié de nous et nous sauve.

Tel est le premier “ dogme ” marial, appelé “ Médiation ” par saint André de Crète, au huitième siècle († 720). Le mot est apparemment abstrait comme « Immaculée Conception » au lieu de « conçue sans péché », comme Jésus se nommant « la Vérité, la Vie » et non pas le véridique, le vivant.

C’est ainsi que par Marie médiatrice fut reconnu et mis en lumière le Christ médiateur ! Avocate contre l’Accusateur, victorieuse en raison de sa maternité divine et universelle de Vierge Immaculée, c’est elle qui a donné son lait à boire à Jésus, qui en a fait son Précieux Sang. C’est par ce lait de la Vierge qu’est venu le Précieux Sang de Jésus versé pour notre salut. Elle est donc « corédemptrice », n’en déplaise au pape François qui s’est emporté, dans son homélie du 12 décembre dernier, jusqu’à dire qu’ « Elle ne s’est jamais présentée comme co-rédemptrice ! »

Peut-être. Mais Elle l’a été en toute vérité.

Saint Irénée la considère comme « advocata nostra », l’avocate d’Ève, mais aussi l’Auxiliatrice, le Perpétuel Secours. Ces mots datent du deuxième siècle après Jésus-Christ ! Pour marquer que sa Médiation ne s’arrête pas à l’Incarnation, parce qu’on n’a jamais vu une mère mettre au monde des enfants et ne plus s’en occuper. La Vierge Marie ayant été Mère du Christ dans l’Incarnation, ne cesse de pousser le Christ en avant, de l’accompagner et ainsi nous enfantant nous-mêmes, elle continue à s’occuper de nous. Médiatrice en toutes choses, en toutes difficultés et de tous les êtres humains. Resplendissante de beauté dans sa virginité sans tache, son Cœur Immaculé bondit vers nous pour nous donner la vie, avec une puissance telle que l’Église est comme toute contenue en ce Cœur à Cœur avec celui de son Fils qui est en même temps son Époux.

« Avocate des pécheurs, elle pourvoit à la rémission de leurs péchés, à la réparation, au salut ; son intercession ne s’arrête pas là : Marie est le diacre par excellence de toutes les grâces et bienfaits de Dieu ; elle ne cesse, en effet, d’habiter spirituellement parmi nous comme elle habite en Dieu ; elle veille sur nous comme un évêque sur l’Église ; elle n’est étrangère à aucune de nos affaires humaines, toujours présente à notre vie quotidienne. »

N’est-elle pas mère, n’est-elle pas femme, n’a- t-elle pas tenu sa maison, n’a-t-elle pas connu tous les soucis de l’être humain ?

« Et si elle nous aide à comprendre les Écritures et donc à connaître Dieu, si elle nous permet d’échapper à l’emprise du démon, rien ne lui échappe de nos besoins les plus humbles. En tout, elle exerce la puissance bienveillante avec l’autorité que lui confère sa maternité divine. » (op. cit., p. 73)

C’est ce que nous montrera l’examen des Points 50 à 150, s’il plaît à Dieu !

frère Bruno de Jésus-Marie.