Il est ressuscité !

N° 204 – Décembre 2019

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


Les 150 points 
de la Phalange de l’Immaculée 
catholique, royale, communautaire. 

JE veux tout simplement placer dorénavant la Sainte Vierge Marie absolument au-dessus de toutes nos affections de cœur, de toutes nos convictions et pensées, de toutes nos œuvres extérieures et de tous nos désirs. Qu’on n’objecte pas l’amour de Dieu lui-même qui devrait de toute manière passer premier et prendre toute la place. C’est précisément dans le rejet de cette objection que consiste le caractère nouveau, surprenant, bouleversant, de cette dévotion qu’enfin je ne boude plus, que je veux faire mienne parce que c’est ce que notre doux Seigneur et Maître veut et attend de notre génération pour la sauver !

« Cela dicte notre résolution : s’user jusqu’à la corde, aimés des bons, haïs des ennemis de Jésus-Christ et de sa Sainte Mère, prêts à toutes les croix, pour l’amour de l’Immaculée. À Elle l’amour de tous, l’admiration adorante, la confiance, les longues prières. À Elle de commander aux âmes qui lui sont dévouées, consacrées. À Elle d’être seule en vue, à la tête de nos Phalanges. À Elle de faire la conquête miraculeuse des âmes et de les conserver. À Elle, qui fit danser le soleil le 13 octobre 1917 pour que tous croient, de faire le miracle auquel nous nous exerçons en vain : écraser l’enfer et ses armées de démons, attirer les cœurs sincères, les convertir et les attacher irrévocablement à son Divin Fils, Notre-Seigneur Jésus-Christ.

« Tous nos 150 Points sont à réviser et à mettre sur cet axe, en autant de points qu’il y a d’Ave Maria dans notre Rosaire. La restauration catholique de nos espérances ne sera pas affaire ecclésiastique, ni nationaliste, ni, bien entendu ! sociologique, écologique ou partisane, mais de Croisade mariale et eucharistique.

« Ce sera désormais la Phalange de l’Immaculée Conception, et la force de l’Immaculée Conception nous sera donnée pour convertir le monde à l’amour du Sacré-Cœur de Jésus par Marie. » Georges de Nantes.

CATHOLIQUE (1-50)

POINT 1 : AU NOM DU PÈRE ET DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT, 
PAR VOUS IMMACULÉE CONCEPTION...

Baptisé au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, le fidèle catholique appartient à l’Église romaine. Il reçoit d’elle, dans une parfaite docilité filiale, les lumières de la foi, aux temps marqués par Dieu.

C’est ainsi qu’en 1854, le bienheureux pape Pie IX, définissant l’Immaculée Conception de la bienheureuse Vierge Marie, ouvrait le temps d’une fécondité inouïe de l’Église, que magnifia saint Pie X.

C’est dans cet esprit que notre Père consacra la Phalange au Cœur Immaculé de Marie le 8 décembre 1997, et ne cessa de méditer “ le secret ” que renferme ce privilège de la Sainte Vierge qui lui donne la première place dans l’Église et dans chacune de nos vies.

Ainsi la grâce du baptême, comme toutes les grâces, est-elle reçue par le phalangiste “ par le moyen du Cœur Immaculé de Marie ”, comme disait sainte Jacinthe, et que le baptisé devient, dans un même embrassement, fils de Dieu et enfant de Marie.

1. Dès lors, comme l’enfant connaît d’abord sa mère, et ne connaît qu’elle, apprenant d’elle à se tourner vers son père, la première personne qui se penche sur l’âme du nouveau-né de la divine Famille, c’est la Vierge Marie, et il adhère à cette Mère Immaculée avec l’élan spontané d’un enfant de la grâce.

2. Créature parfaite, inaccessible au mal, à la chair, au monde et à Satan, touchante par sa beauté et sa grâce, sa tendresse et sa douceur, sa virginité, sa ferveur et sa piété, compagne de Dieu aujourd’hui et de toute éternité, elle tient visiblement la place de l’Esprit invisible qui l’habite et la remplit de ses sept dons. Elle est la Porte du Ciel, par où tout catholique entre dans la vie intime des Personnes divines, dans cet échange d’amour du Père, du Fils et du Saint-Esprit que les théologiens nomment circumincessante charité.

Le phalangiste trouve donc dans sa consécration à l’Immaculée la plénitude du sacrement de son baptême, la valeur absolue de son existence, le ressort de ses actions et la fin ultime de ses affections. Rien ne peut surpasser, égaler, encore moins contredire en lui ce mysticisme chrétien. Ni la science, ni les arts, ni la puissance ou les honneurs, ni l’intérêt ou les plaisirs de ce monde ne peuvent le distraire de cette consécration. Au contraire, tout l’y ramène, comme à son centre et à son sommet.

Les vérités de la foi ne sont pas un canton de sa vie, un fond de pensée escamotable, mais toute sa vie se trouve animée par sa foi. Il entretient cette fidélité à l’école de son Père fondateur.

3. Enfant de Marie, il appartient à l’Église, Épouse de Jésus-Christ. Catholique de naissance ou de conversion, mais toujours de tradition, car nul ne naît enfant trouvé dans l’ordre de la grâce, et fidèle à cet engagement, il garde la foi catholique, pratique les sacrements, participe à la liturgie de l’Église et se soumet à ses commandements tant dans sa vie publique que dans sa vie privée, loyalement et sans fausse honte. Le phalangiste développe en lui les vertus théologales de foi, d’espérance et de charité, les vertus morales de prudence, de force, de justice et de tempérance. Il vit habituellement dans la paix et la joie promises aux disciples du Christ.

4. Le phalangiste est surnaturel parce qu’il ordonne sa vie terrestre selon la gloire du monde d’En-Haut ; parce qu’il juge des temps actuels par la tradition du passé où parurent les mystères constitutifs du salut ; parce qu’il ne trouve pas ici-bas de demeure permanente mais qu’il attend, dans l’au-delà de la mort et de l’histoire, l’avènement du Royaume éternel, en plénitude.

LA GLOIRE ET LA GRÂCE.

POINT 2 : NOTRE TRÈS CHÉRI PÈRE CÉLESTE

1. Le phalangiste sait, de certitude naturelle absolue, que Dieu existe, infiniment parfait, infiniment bon, infiniment aimable, parce que l’existence, l’ordre, la beauté et la bonté de l’univers le démontrent lumineusement.

Principe et fondement, commencement et fin de toute sagesse, cette certitude lui est donnée d’abord de manière riche et confuse dans l’intuition de l’être : la saisie immédiate de l’être des êtres, du fait de l’existence de toutes les choses contingentes, conduit infailliblement l’esprit à l’Être nécessaire, unique et simple, infini, libre et parfait, source de l’existence universelle, qui dans la Bible s’est nommé Lui-même : « JE SUIS » (Ex 3, 14).

Cette connaissance n’est pas une idée a priori, un sentiment vague ou ineffable, une certitude dite morale, une croyance traditionnelle ou une foi humaine : c’est le premier et le plus pur fruit de la sagesse métaphysique, accessible à toute intelligence droite et attentive.

2. L’intuition esthétique, saisie de la beauté infinie qui transparaît dans le monde sensible et spirituel, renforce cette certitude, enrichit cette sagesse et introduit à la connaissance rationnelle de Dieu qui, de la science des essences des choses, de leur diversité, de leur ordre et de leur harmonie, par l’exercice spontané des premiers principes, d’identité, de causalité et de finalité, conduit à l’existence de Dieu créateur et providence universelle, et à ses infinies perfections, analogues à celles des êtres et de leur destin.

3. Ainsi la pensée de la souveraineté de Dieu sur toute sa création est au principe de toute sagesse et de toute morale humaine, et elle en laisse déjà entrevoir la fin : « Vous nous avez créés pour vous, Seigneur, et notre cœur est inquiet tant qu’il ne repose pas en Vous !» (Saint Augustin)

Le phalangiste croit en Dieu, comme d’un même mouvement, parce que la connaissance de son existence et de ses infinies perfections appelle en lui un acte surnaturel de pleine adhésion et d’amour ardent pour ce Seigneur en tout ce qu’il est, ce qu’il dit, ce qu’il veut et ce qu’il fait, à cause de sa sainteté, sa sagesse, sa vérité, sa beauté et sa bonté manifestes.

Ce mysticisme est le premier sentiment du phalangiste et engendre en lui l’adoration de son Dieu, l’admiration de ses œuvres visibles et invisibles, la contemplation obscure de son impénétrable mystère, l’humilité devant sa grandeur, la componction en présence de sa sainteté, un amour filial pour ce Père très bon, et le désir de proclamer la louange de sa gloire éternellement.

C’est dans cette foi en Dieu, notre très chéri Père Céleste, qu’il trouve le ressort de son courage quotidien et de sa persévérance.

POINT 3 : AU COMMENCEMENT, L’IMMACULÉE CONCEPTION

1. « Dieu est Amour», et l’objet de cet amour est la Personne de l’Immaculée que Dieu a conçue dans sa Sainteté, à l’origine des siècles. C’est à Elle qu’il a pensé d’abord, avant même de créer Adam et Ève et la suite des générations. Elle est “conçue ” par Dieu, Père et Fils, dans leur Esprit-Saint et de toute éternité.

2. Le Cœur Immaculé de Marie, foyer incandescent de circumincessante charité, est la source d’un mouvement perpétuel d’affection et de dévouement mutuels si agissants qu’il entraîne toute âme désireuse d’y prendre part, amour débordant de la vie trinitaire dans le Cœur de Marie et y retournant, avec son fruit, la moisson, la vendange, s’il était possible, de toutes les créatures humaines, du moins de toutes celles que Dieu notre Père a prédestinées à devenir enfants de Marie, puisque c’est à Elle que Dieu a confié tout l’ordre de la miséricorde.

3. Les scribes inspirés, auteurs des livres de Sagesse de l’Ancien Testament, ont perçu cette présence féminine auprès de Dieu, préparant la venue du Fils de Dieu et de l’Esprit-Saint sur la terre, créée avant les siècles, mystérieusement préexistante auprès du Dieu créateur : « Les abîmes n’étaient pas encore, et déjà j’étais conçue.» (Pr 8, 24)

4. C’est pourquoi le Bon Dieu, dont l’Amour infini se porte de toute éternité sur l’Immaculée, veut que nous commencions par nous consacrer à Elle si nous voulons lui plaire à Lui, en entrant dans ses préférences. Mystère infiniment sage et sauveur !

Ainsi la consécration totale du phalangiste à l’Immaculée est-elle la condition nécessaire et suffisante d’une conversion au tout de la religion, par amour de l’Immaculée. Amour sans limites, en raison de ce conseil de saint Maximilien-Marie Kolbe : « Si vous voulez faire quelque chose, il faut vous consacrer à la Sainte Vierge, à l’Immaculée, parce que c’est Elle qui règne sur le Cœur de Dieu. » Chargée de mobiliser les dernières bonnes volontés, Elle les remplira de lumière et de force. C’est Elle qui fera tout.

POINT 4 : CONTRE LES IMPIES, LES ATHÉES, LES AGNOSTIQUES

Le phalangiste ne reconnaît aucune vérité ni valeur esthétique ou éthique, aucun droit naturel ou historique, à tout système théorique ou pratique comme à toute organisation ou pouvoir qui nient Dieu, s’opposent à sa vérité, à sa loi, à ses droits, et combattent son royaume sur la terre. Il ne peut admettre leur mépris de Dieu.

La présence de JE SUIS et de l’Immaculée aux hommes depuis l’origine, et à chacun d’eux depuis sa naissance et jusqu’à la fin, est assez proche et bienfaisante pour constituer une vérité sociale, certaine et universelle, principe de la proclamation publique de leur autorité souveraine et de leur loi régissant tout pouvoir et toute personne, même les contestant et refusant.

1. Le phalangiste ne pactise pas avec l’impiété de ceux qui reconnaissent l’existence de Dieu, mais prétendent ne point se soumettre à sa loi et refusent de lui rendre un culte. Venant de chrétiens qui ont abandonné leur foi, il considère leur apostasie comme un crime.

2. Qu’il soit individuel, collectif ou étatique, il considère l’athéisme comme une monstruosité d’intelligences dépravées et rebelles à laquelle il s’oppose ouvertement, fût-ce au péril de sa vie. Il n’accepte aucune collaboration, sinon tout extérieure, avec les athées. Il considère comme une contrainte odieuse et injuste toute soumission due à des patrons, des chefs, des gouvernements athées. Il combat toutes les organisations athéistes à prétentions scientifique, philosophique, morale, culturelle ou écologique. Il sait que, sans Dieu, les hommes ne peuvent construire que des tours de Babel vouées à la ruine. C’est pourquoi « Dieu se rit d’eux» (Ps 2), et le phalangiste avec lui.

3. Il récuse l’agnosticisme moderne et rejette le criticisme kantien qui en est la prétendue justification théorique. Il considère l’incertitude de l’agnostique, comme une infirmité ou une maladie de l’intelligence individuelle, et conteste toute valeur aux épistémologies positiviste et idéaliste qui s’en prétendent le fondement. L’agnosticisme est une régression spirituelle, un mal moral et un esclavage intellectuel devenu aujourd’hui un fléau social universel.

4. Le phalangiste manifestera en toute occasion sa détestation du kantisme et de l’hégélianisme; il démontrera la fausseté de ces philosophies, l’inanité des morales qui s’y ajoutent ; il combattra l’engouement stupide des modernes pour cette pensée allemande, toute de vaine dialectique à prétention idéaliste ou matérialiste, qui a provoqué la ruine mentale et morale, politique et sociale de l’Occident, et qui s’est répandue dans l’Église à la faveur du deuxième Concile du Vatican.

Il lui opposera, pour la régénération de la civilisation, la Philosophia perennis d’Aristote et de saint Thomas d’Aquin, admirablement complétée par la métaphysique relationnelle de l’abbé de Nantes. La philosophie des natures en effet, loin de tout matérialisme ou panthéisme, distingue avec sûreté la hiérarchie des êtres, fondement et arbitre des sciences, physiques, biologiques et humaines, comme aussi des mathématiques.

La relation d’origine de toute créature individuelle à JE SUIS qui en est la source, quant à elle, découvre la raison première et dernière de l’existence, du destin, de la valeur de chaque personne humaine.

Ainsi sera corrigée la funeste conséquence du substantialisme aristotélicien qui définit l’homme abstrait, la “ personne humaine ”, comme une substance indépendante et autonome en face de Dieu, bientôt sa rivale se rendant un culte à elle-même.

Au contraire, le phalangiste admire en chaque personne humaine, si chétive soit-elle apparemment, sa relation unique à Dieu et à l’Immaculée qui l’ont concurremment appelée à être, riche tout à la fois d’un destin historique et d’une immortalité qui font toute sa grandeur dans le monde et devant Dieu. Il verra ainsi en toute âme une âme à sauver, en tout être un enfant de Marie.

5. Dans le faisceau de ses relations constitutives et historiques à ses parents, à sa patrie et au monde, le phalangiste saura reconnaître l’intention paternelle de JE SUIS, son Créateur, qui lui montre ainsi sa vocation la plus personnelle. Dans la fidélité pleine d’amour aux liens qui le définissent, comme dans sa libre générosité, créatrice de nouvelles relations, procréatrice de nouvelles vies, il donnera toute sa mesure, ne se rendant pas un culte à lui-même, impie et anarchique, mais servant la convivialité des créatures et leur communion avec Dieu par l’Immaculée. Telle est pour le phalangiste la vraie dignité et valeur de chaque personne humaine, participant ainsi par son service de ses proches au grand dessein de vie et d’amour de JE SUIS.

Aussi longtemps que dans le monde Dieu et l’Immaculée ne seront pas connus, adorés, aimés, servis et glorifiés, l’humanité errera malheureusement à la recherche de son âme, de son centre, de sa fin.

POINT 5 : UNE HISTOIRE ORTHODROMIQUE CONDUITE PAR DIEU

Par suite du choc de l’intuition de “ l’être ” et par la certitude de l’existence de Dieu qui en résulte, le phalangiste voit sous cette lumière dans l’ordre de l’univers la Présence de Dieu sans cesse agissante dans l’histoire du monde pour en orienter le cours.

1. Selon toute vraisemblance scientifique, les êtres vivants ont progressivement peuplé le monde, selon une évolution continue. La paléontologie décrit les seuils, les étapes de cette évolution. De l’amibe à l’oursin, de l’oursin au poisson, du poisson au reptile, etc., l’évolution conduit le monde de la matière à la vie, et de la vie vers l’homme, cet animal que Dieu dote d’une âme spirituelle.

2. Mais dès l’origine le péché est entré dans le monde et avec lui la mort : d’une manière mystérieuse, tout l’Évangile déjà, ramassé en quelques traits de lumière, saisit les hiérarchies angéliques et les passa au feu de l’épreuve. Signe de contradiction, révélation des cœurs, il les scinda en deux camps à jamais désunis, anges et démons.

3. Le premier péché fut la révolte de Satan qui entraîna dans sa chute les anges rebelles, puis séduisit ensuite Adam et Ève, nos premiers parents. Depuis ce moment, le mal est entré dans le monde et avec lui la souffrance et la mort. Mais Dieu conduit l’histoire universelle et tire du mal un plus grand bien pour sa gloire, pour le salut des élus, et la manifestation de sa munificence, annonçant son dessein de Rédemption par la « semence de la Femme» (Gn 3, 15).

4. C’est pourquoi le phalangiste, par la grâce de la foi, surmonte les obstacles philosophiques et les inquiétudes morales que suscite la réalité du mal, qu’il soit limite de l’être ou privation, souffrances et peines, désordre ou faute morale, maladie et mort. Il sait que le vrai mal, le seul mal, est le péché dont tous les autres maux découlent. Laissant le problème philosophique en suspens, il refuse la tentation de s’ériger en juge et en adversaire de Dieu, et de tenir pour injuste et intolérable tout désordre ou toute peine, pour scandaleuse toute inégalité. Il ne cédera pas au vertige de l’orgueil que Satan révolté excite en l’homme : « Vous serez comme des dieux !» (Gn 3, 5)

Aussi, le phalangiste consent au dessein de Dieu avant de le connaître par sa recherche de la force axiale de cette évolution inscrite dans l’histoire universelle par son Créateur. Car celui qui contemple tout ce qui est et ce qui doit être de notre univers, son horlogerie astronomique, son foisonnement biologique et sa chaotique histoire humaine, jusqu’aux hasards de l’individuelle existence quotidienne, s’éprend nécessairement d’un amour total de la Volonté divine sur le monde, accompagné d’un désir véhément de la voir se réaliser et, plus encore, de la décision d’y coopérer lui-même de toutes ses forces. Il se satisfait et rend grâces de sa part d’être et de sa destinée, et n’aura de cesse de conformer la trajectoire de sa vie personnelle à cette orthodromie générale pour y trouver sa vocation, sa place dans le monde, et son salut.

POINT 6 : LA RELIGION DE L’ALLIANCE

Yahweh a décidé d’entrer dans le monde par une révélation progressive de lui-même, un dévoilement de sa pensée, de son dessein de miséricorde envers sa créature déchue. Pour cela, il s’est choisi un homme : Abraham.

1. Dans les saintes Écritures est consignée la révélation de toute l’Histoire sainte des relations de Dieu avec ses créatures, de la Genèse à l’Apocalypse : dévoilement mystérieux du sens de l’existence de chacun et de tous. C’est pourquoi la Bible est le seul et unique livre sacré du phalangiste. Il le prend comme il l’a reçu de la Sainte Église sa mère, dans ses deux Testaments, indissociables, l’Ancien et le Nouveau, le caduc et le définitif, l’un annonçant, préparant et figurant l’autre, plénitude sans déclin.

2. Il y a là une force divine. Abraham d’abord, puis Isaac et Jacob, puis les douze tribus sorties d’eux, n’étaient rien face aux immenses empires et civilisations égyptienne, babylonienne... Mais Dieu avait conclu avec eux une Alliance. Le fil orthodromique de l’histoire universelle passe par la religion de ce peuple aimé de Dieu, à l’exclusion des autres religions et sagesses païennes.

3. Le salut est déjà promis à Adam et Ève et à leur descendance. Dieu fait alliance avec Noé et sa lignée, à jamais. En Abraham seront bénis tous les peuples de la terre. Et bientôt l’Alliance mosaïque consacre l’élection d’Israël, son établissement dans la Terre promise, « à main forte et bras étendus», pour y recevoir les dons divins d’une foi, d’une loi, d’un roi, d’une Ville sainte et d’un Temple, où un culte voulu de Dieu et fruit d’une sagesse inspirée, prépare la conclusion d’une Nouvelle et Éternelle Alliance entre Dieu et son peuple.

4. Mais Israël est un « peuple à la nuque raide», infidèle à son Dieu. La colère de Dieu s’abat sur lui et le soumet à la puissance étrangère tandis que les « pauvres de Yahweh», petit « reste » fidèle, instruit par les prophètes de génération en génération, attend son libérateur, son Messie, et en chante par avance le Règne universel dans les psaumes.

5. Puisque le judaïsme rabbinique ne veut pas reconnaître l’accomplissement de l’alliance dans le Christ-Jésus, Notre-Seigneur, il ne peut être considéré comme une vraie religion de salut. Si le phalangiste dénonce le racisme, religieux et parfois même athée, et l’ambition charnelle du judaïsme comme l’inversion la plus redoutable de l’esprit prophétique ancien, il n’est pas pour autant antisémite : le peuple juif n’est pas exclu du salut, car tous les hommes sont appelés à une même fraternité, mais dans le Christ.

6. Il en va de même de l’islam. L’auteur du Coran a détourné au profit d’Ismaël l’alliance nouée avec Abraham en faveur d’Isaac, la vidant par là du messianisme davidique. Son “monothéisme”, foncièrement antitrinitaire, ignore la rédemption apportée par Jésus-Christ. Le phalangiste considère que cette fausse religion n’a aucun droit, il ne préconisera aucune entente ou collaboration avec elle, mais seulement une tolérance de circonstance pour le bien de la paix.

POINT 7 : LE CANTIQUE DE LA FEMME

Assistant à la création, l’Immaculée Conception est établie dès l’origine dans le dessein divin de miséricorde en faveur de l’humanité : « Je suis sortie de la bouche du Très-Haut... Le Créateur de toutes choses donna ses ordres. Celui qui m’a créée m’a fait dresser ma tente, Il m’a dit : “ Installe-toi en Jacob, entre dans l’héritage d’Israël ”. » (Si 24, 8)

1. Les figures de femmes bénies de Yahweh abondent dans toute la Bible, depuis Sara jusqu’à Élisabeth, dévoilant peu à peu le plan divin en donnant le jour aux envoyés de Dieu par miracle de grâce, en vue de la naissance du Messie : « Voici qu’une Vierge concevra et enfantera un Fils, et lui donnera le nom d’Emmanuel. » (Is 7, 14) Ainsi, nous est annoncée près du Sauveur qui doit naître de notre humanité, la pure figure de sa Mère, Vierge bénie de Dieu entre toutes les femmes.

Les païens ont rêvé de cette Vierge. Le Grec Hippolyte, dans la tragédie antique, lui a rendu par avance un véritable culte en vouant sa chasteté à sa chère déesse Artémis. Mais Joseph aussi, dans la Bible, en repoussant les avances de la femme de Putiphar, et David, en respectant la virginité d’Abishag de Shunem.

2. Sous le symbole biblique d’une mystérieuse Colombe, elle est l’Épouse du Roi, du Messie, du Dieu d’Israël qui en loue lui-même la beauté depuis le récit du Déluge jusqu’au Cantique des cantiques et dans les psaumes. L’histoire du peuple d’Israël, où elle a élu domicile, est comme une flèche de lumière dont l’aboutissement est Jésus-Christ, conçu du Saint-Esprit, né du sein de cette Vierge, son sanctuaire prédestiné, nouvelle Ève de ce nouvel Adam, sa parfaite compagne, pleine de grâce et coopératrice du Seigneur Dieu Paraclet !

3. Le prophète Osée avait, le premier, comparé la tendresse de Dieu pour son peuple à un amour d’homme pour sa femme, mais pour reprocher à Israël son infidélité criminelle. Dès lors, et jusqu’à la ruine de Jérusalem intervenue en juste châtiment de cette infidélité, les autres prophètes fustigeront « la fille de Sion» comblée de biens par Dieu qui l’aime, épouse adultère qui se rue vers l’idolâtrie et corrompt ses enfants. Tandis que le peuple juif s’enfonce dans sa rébellion, le dessein de Dieu, consigné dans l’Écriture, est de nous dévoiler peu à peu la perfection de l’Immaculée, aussi est-ce à Elle qu’il veut confier tout l’ordre de la miséricorde, à commencer par l’Incarnation de son Verbe.

De l’Immaculée Conception de la bienheureuse et toujours Vierge Marie à l’Incarnation du Verbe Fils de Dieu Sauveur et Roi des siècles, quelle orthodromie ravissante, divine !

ET LE VERBE S’EST FAIT CHAIR, DE LA VIERGE MARIE.

POINT 8 : JÉSUS-CHRIST, FILS DE DIEU FAIT HOMME

Le phalangiste croit en Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, Dieu lui-même, né de la Vierge Marie, mort sur la Croix pour nos péchés, ressuscité des morts et assis à la droite du Père, d’où il viendra juger les vivants et les morts.

Car finalement Il est venu lui-même, pour être touché, vu par les hommes, et les sauver, leur donner sa lumière, sa force, sa grâce, sa vie, son amour. Dieu s’approche de l’homme. Avec Jésus s’ouvre la dernière étape de l’histoire. Dieu déclare son amour : c’est la Bonne Nouvelle, pour le monde entier cette fois.

1. Cette vérité du mystère de l’Incarnation introduit dans l’histoire humaine une nouveauté absolue. Jésus devient la mesure de toute sagesse, loi, bonté, beauté du monde. C’est le terme de référence, le centre de l’histoire ; tout doit être jugé par rapport à Lui. Le phalangiste met Jésus-Christ, Sa Personne, Sa parole, Son œuvre, au-dessus de tout. Il abhorre ce qui contredit ou prétend limiter, diminuer, annuler Son autorité et Son influence sur le monde.

La seule religion qui vaille est la sienne, éclipsant toutes les autres ; la seule révélation est celle qui L’annonce, qui Le montre et qui L’explique ; la seule sagesse, la seule morale, la seule civilisation sont celles qui émanent de Lui et demeurent fondées sur Lui, garanties par Lui, vivifiées par Lui.

2.La dévotion au Cœur Immaculé de Marie est l’ultime dévoilement du sens de l’Incarnation. Dieu créant avec de plus en plus de précision et de perfection en Israël la sagesse image de sa propre Sagesse, jusqu’au toucher final, Dieu se faisant de sa créature une épouse pour créer en la Vierge Immaculée l’Homme-Dieu, son Autre lui-même, son Verbe, son Fils Unique devenu “Fils de l’homme”, fils de Marie Mère de Dieu.

L’Incarnation, acte mystique intégral, renvoie les mythologies antiques et les gnoses modernes au néant des imaginations délirantes et des choses mortes, et instaure la civilisation chrétienne. Car le culte de la Vierge Mère et de l’Enfant né de son sein est véritablement l’acte fondateur de la civilisation. L’humanité orpheline, pécheresse et stérile, et tout l’univers autour d’elle était en attente d’un rédempteur. Jésus-Christ, Enfant divin né du sein virginal de Marie, Verbe de Dieu commençant par Elle, en Elle, avec Elle et pour Elle, une existence humaine, fraternelle auprès de nous, est notre frère, notre compagnon de route, notre Maître et, à la fin, notre Sauveur. En Jésus et Marie, tout est accompli.

Ainsi le phalangiste croit, adore, espère et aime par Marie, en Marie, pour Marie que le Bon Dieu remplit de sa Toute-Puissance, se faisant son Enfant, pour mieux nous toucher, nous vaincre, nous retourner et nous sauver.

POINT 9 : L’HUMANITÉ RENOUVELÉE EN JÉSUS-CHRIST

L’ordre naturel n’a été créé que pour être le piédestal de l’ordre surnaturel. Dieu ne mit des lois si nobles dans sa créature au jour où il la forma de l’argile primitive qu’en vue de la manifestation de son Fils Bien-Aimé, vrai Dieu fait homme. Ainsi Dieu s’est fait homme, époux de sa créature, pour qu’en cette union et son don d’amour la créature épousée soit divinisée, selon la maxime des Pères : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme soit fait Dieu. »

1. Pour le phalangiste, il existe donc une philosophie chrétienne, une écologie chrétienne, etc., parce qu’en tous les domaines il n’y a pas de vérité intégrale en dehors du Christ et que la vérité du Christ n’est pas facultative, partielle, relative, comme les autres, mais la plus profonde, la plus vaste, plénitude qui remplit tout en tous.

Le phalangiste juge à leur vraie valeur, par rapport au Christ, toutes les philosophies, les sciences, les morales. Aucun des savoirs, des vouloirs, des pouvoirs humains ne se suffit à lui-même.

2. L’Évangile seul est la réponse intégrale à toute question ultime des hommes : réponse définitive, exaltante, conquérante, mais surnaturelle. Cette pure sagesse, beauté et bonté, est un don du Christ à celui qui croit. Le seul humanisme intégral est chrétien, la seule révolution féconde est celle de l’Évangile.

3. Cette divine totalité de l’humanisme chrétien ne couronne pas un ordre naturel, scientifique, mondain, œuvre d’expérience et de raison, déjà parfaitement constitué. La grâce et la sagesse chrétiennes ne sont pas l’ornement surérogatoire d’une tour de Babel humaine, monolithique, parfaitement construite et universellement acceptée. Les sciences et les sagesses séculières oscillent entre l’empirisme de connaissances disparates et la tentation de synthèses utopiques. L’Évangile seul fait de tous ces savoirs, vouloirs et pouvoirs désaccordés, une synthèse, une sagesse première, nouvelle et éternelle, ce que Soloviev nommait la sublime « théandrie», le rayonnement de la gloire divine sur la face des hommes devenus fils de Dieu.

4. Jésus, nouvel Adam, sauve et renouvelle l’humanité par la grâce qui émane du Cœur Immaculé de Marie. « Votre seule présence attire les grâces qui convertissent et sanctifient les âmes, puisque la Grâce jaillit du Divin Cœur de Jésus sur nous tous, en passant par vos mains maternelles.» (saint Maximilien-Marie Kolbe, Acte de consécration à l’Immaculée Conception) C’est pourquoi le bienheureux Père de Foucauld faisait de la Visitation le mystère d’une médiation rendue universelle par la glorification de Marie, désormais présente par Jésus, en Jésus, avec Jésus et pour Jésus à toute l’humanité.

POINT 10 : LA MODIFICATION ÉVANGÉLIQUE

Jésus a sauvé le monde de l’esclavage de Satan et déchargé chaque homme du fardeau de ses propres fautes, par l’humaine expiation et le divin pardon de la Croix. Il a un ardent désir, une soif inextinguible d’aimer et d’être aimé. D’aimer son Père infiniment, de toute la force de son cœur humain et d’être aimé de Lui, immensément, afin d’attirer sa vie, sa grâce, sa gloire parmi les hommes. D’aimer les hommes et d’être aimé d’eux aussi, son Sacré-Cœur a soif, pour que les hommes répondent à son appel, pour Lui et pour eux, pour sa satisfaction et sa gloire, pour leur rédemption et leur béatitude éternelle.

1. Constitué ainsi leur médiateur, il rend la vie aux hommes et leur rouvre le Ciel par son sacrifice. Il est l’auteur de leur salut, sa Croix en est le moyen. Tous sont ses débiteurs, ses sauvés. Il s’est acquis des droits sur eux, ou plutôt il les attire à son amour, à son obéissance.

De là vient au phalangiste sa dévotion au Cœur Sacré de Jésus et à sa sainte Croix. Il connaît le Père dans le Fils et il puise sa joie dans la gloire qui paraît sur la Face de Jésus crucifié, révélée au monde sur le Saint Suaire. La gloire de Dieu rayonne sur sa Face outragée, l’amour de Dieu déborde de son Cœur transpercé, la beauté de Dieu est dans sa conversation, la grâce de Dieu est dans ses mains. Le phalangiste ne songe à rien d’autre qu’à l’imiter en vivant comme un autre Christ.

2. Le phalangiste vénérera donc indissociablement le Cœur et la Croix de Jésus par la médiation du Cœur Immaculé de Marie, pour entrer dans ce mystère de souffrance et de mort par amour, mystère de beauté dans la douleur, de joie dans la peine, d’honneur dans le service, de gloire dans l’humiliation, de béatitude ultime dans la persécution et le martyre.

Trouver le Père dans le Fils, c’est accéder à la gloire par la Croix, chercher le bonheur dans l’épreuve, la richesse dans la pauvreté, la vie dans le sacrifice et la mort par amour. Telles sont les Béatitudes évangéliques, tel est le mystère révélé de la sagesse divine « qui est folie aux yeux des hommes » mais vérité et bénédiction pour ceux qui croient. La Croix est le privilège de la Phalange. Le phalangiste entre résolument dans ce mystère de la Croix, sachant qu’en renonçant à tout et se renonçant lui-même, le centuple en ce monde et la vie éternelle lui sont promis.

POINT 11 : MARIE CORÉDEMPTRICE

À l’Heure fixée par le Père, la Vierge Marie, debout au pied de la Croix, ne fait qu’un avec son Fils, le Cœur transpercé, selon la prophétie de Siméon. « Tous deux offraient pareillement un seul sacrifice, Celle-ci dans le sang de son cœur, Celui-là dans le sang de sa chair. » (Arnaud de Bonneval, douzième siècle)

1. Sur la Croix, Jésus donne à sa Mère le nom solennel de « Femme», comme à Cana, l’associant à cette grande œuvre de notre rédemption, déversant en son Cœur la surabondance de son zèle et de son amertume pour partager avec Elle toutes les souffrances de cette rare fécondité virginale. L’Immaculée corédemptrice est, comme son Fils, avec lui, en lui, prêtre et victime, comme nous la montre la vision de Tuy. Leur Cœur très unique est le signe et le sacrement de l’inépuisable grâce, de l’opération de notre salut.

Dans la plus étroite union qui puisse exister, le Christ consomma avec Marie l’œuvre de notre Rédemption. Les palpitations du Cœur du Christ étaient celles du Cœur de Marie, la prière du Christ, celle de Marie. De Marie sont nés le Corps et le Sang du Christ, immolés et versés pour le salut du monde. C’est ainsi que Marie, unie au Christ sur le lit nuptial de la Croix, est véritablement Corédemptrice du genre humain.

2. « Femme, voici votre fils !» Ainsi, à l’heure des ténèbres qui s’étendent sur le monde après la mort de son Fils, elle est là encore et suprêmement Médiatrice, Mère de tous ceux qui vont recevoir le baptême de l’eau jaillie du Cœur transpercé de son Fils, et de son Cœur Immaculé transpercé par le glaive de la compassion, conjointement, inséparablement.

À l’exemple de saint Jean, le disciple bien-aimé, le phalangiste se sait à son tour enfant de Marie, avec bonheur et reconnaissance, engendré par Elle à une vie nouvelle, non seulement pour son salut, mais aussi « pour toutes les âmes que Dieu a placées sur son chemin », afin de les amener à Lui par Elle. Il n’aura de cesse de consoler cette Vierge douloureuse, spécialement pour ôter les épines qui blessent son Cœur Immaculé, par une ardente dévotion réparatrice.

POINT 12 : LE SACRÉ-CŒUR DE JÉSUS ET MARIE, SALUT DU MONDE

L’événement du Sacrifice de la Croix partage l’histoire humaine en avant et après. Avant, règnent les ténèbres, l’esclavage du péché, la corruption et la mort. Après, la lumière, la paix, la joie, la liberté et déjà la vie éternelle. La Croix divise le monde en deux cités, dont il faut renier l’une pour appartenir à l’autre : le royaume de Dieu et le royaume de Satan, qui seront un jour le Ciel et l’enfer éternels.

1. Le regard du phalangiste sur le monde sans Dieu est sombre, toutefois aussi loin du pessimisme calviniste que du mythe du “bon sauvage” de Jean- Jacques Rousseau. Le phalangiste se méfie de tout ce que le Christ n’a pas encore touché et sanctifié. S’il plaint les infidèles de leur condition misérable, il travaille à leur conversion, et il combat leur arrogance et leur agressivité à s’y opposer. Il n’a que haine envers ce Monde pour lequel le Christ n’a pas prié et dont le prince est Satan.

Sur les peuples chrétiens, sur lui-même, le phalangiste porte un regard confiant mais lucide. Il sait pouvoir compter sur la grâce et la force de Dieu, mais par une application des mérites du Christ et un don continuel des fruits de la rédemption. Encore faut-il être fidèles.

2. Jésus-Christ est vrai Dieu fait homme. Il est le Seigneur, notre maître, notre sauveur. Telle est la vérité sacrée, absolue, objective, universelle et définitive, qui renvoie au néant toute théorie et tout sentiment contraires. Qui le croit est dans la vérité, la voie et déjà la vie éternelle. Qui ne le croit pas est dans l’erreur, l’injustice et la voie de la perdition ; quelque tolérance qu’on lui accorde par motif de prudence et volonté de charité, il manque à Dieu, à la communauté fraternelle et à son propre bien ; il n’a pas le droit de demeurer dans cet état, pas plus que les chrétiens ne peuvent se résoudre à l’y laisser.

3. Façonné par les leçons de l’Évangile, fortifié par la grâce de la Croix, réjoui par la gloire du Ressuscité, le phalangiste se veut le sujet de ce Roi de Gloire. Le Christ et l’Immaculée Vierge Marie règnent sur ses pensées, ses affections, ses engagements et toutes ses actions. Dès lors, il ne veut vivre que par eux, avec eux, comme eux, en eux et pour eux. Non pas par choix individuel arbitraire et révocable, mais par la libre et définitive reconnaissance personnelle de la souveraine autorité, donc du droit universel et absolu de Jésus-Christ et de sa Mère sur toute créature rachetée de leur Sang.

4. Jésus est Roi des rois et Seigneur des seigneurs, couronné de la triple couronne, de puissance, de sagesse et d’amour, qu’il partage de toute éternité avec sa Mère en vertu de leur conjointe création, rédemption et sanctification de l’humanité. Le phalangiste se range avec enthousiasme sous la bannière de l’Immaculée, au service de Jésus-Christ pour qu’il règne sur toute chair, dans le monde entier pour les siècles des siècles, absolument, et que tout genou fléchisse devant Lui et devant Elle au Ciel, sur terre et jusque dans les enfers.

POINT 13 : L’IMMACULÉE CONCEPTION, TABERNACLE DU SAINT-ESPRIT

1. Conçue sur le lit de la Croix, l’Église est née le jour de la Pentecôte, enfantée par Marie, la Mère de tous les vivants. Ce jour-là l’Esprit-Saint s’est fait l’âme de cette Église, fondée sur Pierre, « revenu» pour « confirmer ses frères», tous enfants de Marie, Médiatrice entre le Christ et les âmes qu’Elle a reçu le pouvoir d’engendrer à son tour en puisant toute grâce dans les effluves d’amour divin de son Cœur Immaculé.

2. C’est par la médiation de Marie que le fidèle de l’Église, enfant de Marie, reçoit le don de l’Esprit-Saint par lequel Dieu habite en lui ; il en acquiert une forme divine, sans que nul ne puisse discerner le don créé du don incréé. S’il est vrai que « nul n’a Dieu pour Père qui n’ait l’Église pour mère» (saint Cyprien), qui ne veut pas avoir Marie pour mère, n’aura pas le Christ pour frère.

De même que nul ne peut aller au Père que par le Fils, hors duquel il n’est point de salut, de même nul n’est disciple de Jésus-Christ sinon par la médiation de Marie, personnification de l’Église qu’il a fondée et à laquelle il donne son Esprit. Car s’il est vrai que l’Esprit souffle où il veut et n’est arrêté par personne, si rien ne le limite dans l’infinie perfection de sa divine nature, cependant, troisième Personne de la Sainte Trinité, procédant du Père et du Fils comme d’un même principe, il est dans la suite de l’Incarnation l’Esprit de Jésus, envoyé par lui à ses amis pour le continuer, sans division, altération ni rupture. Il rayonne sur tous les hommes et sur tout homme par le Cœur Immaculé de Marie, son tabernacle adorable.

3. Cette présence de l’invisible Esprit de Dieu dans le Cœur Immaculé, et par Lui dans l’Église visible, se fait clairement connaître par les fruits tangibles, vraiment miraculeux, de sa seule puissance dans l’histoire.

Le phalangiste ne saurait donc opposer l’Esprit à la Vierge Marie ni à l’Église ; il sait le reconnaître en elle, comme son âme divine, qui l’a suscitée, conservée et répandue en tous les lieux, en tous les temps, qui l’a pour cela organisée, hiérarchisée, fortifiée et sanctifiée sans mesure, faisant d’elle la communion des saints, des enfants de Marie hors de laquelle il n’y a point de salut.

C’est lui, l’Esprit-Saint qui par la médiation universelle de l’Immaculée est le lien de l’amour, dans le Christ, entre frères, vivants et défunts, c’est lui qui fait de tous les rachetés un véritable corps social dont le Christ est la tête, humanité nouvelle devenue l’épouse mystique du Fils de Dieu, avec et dans la Vierge Marie, temple du Saint-Esprit, épouse du Verbe, fille de prédilection du Père Céleste.

POINT 14 : L’ÉGLISE, UNE, SAINTE, CATHOLIQUE, APOSTOLIQUE

Le phalangiste a d’abord connu, par la médiation de l’Immaculée, l’Église sa mère, qui l’a baptisé, régénéré, instruit des Mystères. C’est par son ministère visible d’enseignement, de sanctification et de direction qu’il a été rendu fils de Dieu, disciple du Christ, temple du Saint-Esprit. Par une illumination progressive, il apprend à connaître dans les perfections visibles de l’Église les invisibles perfections de l’Esprit-Saint d’Amour créateur dont le Cœur Immaculé de Marie est le médiateur.

1. UN est l’Esprit-Paraclet, de l’unité parfaite d’une personne divine. Par la médiation du Cœur Immaculé de Marie, il attire les chrétiens fidèles en se donnant à eux, les rassemblant dans son unité, comme d’un même souffle vital créant, de tant d’éléments dispersés, cette union organique du corps mystique de l’Église.

UNE et UNIQUE est l’Église, hiérarchique et fraternelle, sans collectivisme totalitaire ni individualisme anarchique, par la vertu de cette âme divine, simple, simplifiante, unifiante et parfaite, qui lui est donnée par le Christ et son Esprit-Saint, par la médiation très suave et entraînante du Cœur Immaculé de Marie.

2. SAINT est l’Esprit du Père et du Fils, de cette sainteté qui n’appartient qu’à Dieu, en qui il ne peut y avoir ombre de mal, qui brille d’un éclat manifeste dans le Fils et qui trouve son foyer dans le Cœur Immaculé de Marie, arche de la nouvelle Alliance. La mission de l’Esprit-Saint est, par un rayonnement inépuisable de vertus et de dons, de bonté et de gloire, atteignant les membres mystiques de l’Église, de les configurer tous et chacun à l’image et ressemblance de leur chef, leur modèle unique, Jésus-Christ, dans le « moule » parfait qu’est le sein de la Vierge Marie.

SAINTE et SANCTIFIANTE est l’Église, reflet sur terre exposé aux ombres et aux changements, image chatoyante et diverse, mais incomparable et merveilleuse, de la beauté et de la bonté divines sans cesse subsistant dans de nouvelles figures, source de joie et de béatitude pour tous ses enfants.

3. CATHOLIQUE est l’Esprit infatigable, dont la mission est d’évangéliser et christianiser les nations, d’une extrémité du monde à l’autre, et depuis les origines jusqu’à la fin des temps, comme une mère cherche ses enfants perdus pour les rassembler tous. Sa puissance embrasse tous les hommes et tout l’homme, selon la sagesse infinie du Christ et le dessein mystérieux du Père, pour tout réunir dans l’Église, société une et diverse, multiple et changeante par la variété de ses membres, mais unie et harmonieusement assemblée par Celui qui l’emplit de sa propre beauté.

CATHOLIQUE est l’Église, par l’Esprit qui la conduit, englobant dans son espérance et son amour, de droit, de désir et progressivement de fait toutes les nations, répondant ainsi à l’aspiration confuse du genre humain à se retrouver, à sceller et célébrer son unité primordiale et sa fraternité de justice originelle et de grâce ; car telle est la plénitude de la vocation de l’Église, humanité rachetée, fille du Père qui fait retour à lui par son Fils Jésus-Christ dans le Cœur Immaculé de Marie, colombe de l’Esprit-Saint.

4. APOSTOLIQUE est l’Esprit fidèle, envoyé par le Père et le Fils pour continuer l’œuvre évangélique dans le Cœur Immaculé de Marie à travers toute l’histoire de l’Église. Esprit prophétique, il avait inspiré, sanctifié et conduit le peuple d’Israël jusqu’au Christ, accompagné de cette mystérieuse présence féminine dès les origines. Esprit apostolique, c’est lui qui, par la médiation permanente de la Vierge Marie, inspira infailliblement la prédication et les écrits des témoins du Christ et colonnes de l’Église, aidant à la fondation des divines institutions chrétiennes et multipliant les dons de sainteté et les prodiges pour rendre visible à tous l’élection sainte de ce peuple nouveau, les enfants de l’Immaculée. Et depuis, dans la suite des siècles, toujours fidèle, Esprit-Paraclet, il assiste les successeurs des Apôtres et assure la continuité sans brisure et le développement homogène de l’Église à travers les temps, sans nouveauté ni altération.

APOSTOLIQUE est l’Église par la fidélité que l’Esprit-Saint lui dicte et lui garde, par la vertu de l’Immaculée. Elle ne perd rien de ses richesses anciennes et elle défend de toute altération le dépôt révélé. Elle protège le peuple de Dieu de toute chute, de tout désordre irréparable. Bien plus, elle augmente continuellement le trésor de sagesse, de vertu, de puissance et de gloire divine qui lui a été confié par son Époux, en même temps que grandit le nombre des élus, ses enfants jusqu’à la plénitude fixée par le Père.

C’est par cette action de l’Esprit-Saint que l’Église, bien que constituée de saints et de pécheurs, subsiste et progresse à travers les siècles en se purifiant de toute souillure et de tout mal, en reconnaissant comme des dons du Saint-Esprit par une divination qui lui est propre, le beau, le bon, le vrai qui font de ses traditions et de sa Tradition, car c’est tout un, une norme exemplaire pour le présent et pour les siècles à venir.

POINT 15 : ÉGLISE ET CHRÉTIENTÉ

Il y a une grande différence et une opposition mortelle entre l’Église et le monde rebelle à l’Évangile, soumis au « Prince de ce monde », Satan, ce monde qui n’est encore ni conquis par l’amour, ni vaincu par la puissance de son Seigneur et Roi eschatologique, Jésus-Christ. Mais que serait l’Église si elle n’était pas implantée dans le monde ? si elle ne devait pas l’être ? si elle n’était qu’une communauté spirituelle, un pur lien religieux sans aucun support matériel, sans institution sociale ? Il est normal, et il faut, et elle en a reçu l’ordre de Jésus-Christ, que l’Église assume toutes les réalités de la vie terrestre, des familles, des peuples, des royaumes.

Le monde évangélique, libéré de la tutelle de Satan et tout entier régi par la loi du Christ, est la Chrétienté.

1. Le phalangiste refuse la désincarnation, le désengagement de l’Église. Pour lui Église et Chrétienté règnent sur la même terre, les mêmes cités, les mêmes peuples, ici considérés dans leurs communautés, nécessités et traditions, activités et buts temporels, là dans leurs organisations, leur vie, leur destinée religieuses. Sans l’Église, comme il arrive aujourd’hui où elle est cruellement abandonnée par elle, la Chrétienté ne peut longtemps se maintenir dans son ordre, sa vertu, sa beauté, faute de ce qui lui donnait une âme, un élan, une armature surnaturels. Sans la Chrétienté, comme il arrive en temps de persécution et, aujourd’hui, de libéralisme et d’anarchie, l’Église est malade, et malgré des miracles d’héroïsme constant, exposée à la consomption et à la mort.

2. Le phalangiste se gardera de vouloir un monde chrétien sans soumission ni dévouement envers l’Église qui en est l’inspiratrice, la nourricière et même la régente indispensable. Il se gardera aussi bien de rêver d’une Église toute spirituelle, “informelle”, sans aucune communication, sans concorde ni concordat avec la société temporelle, ses autorités, ses lois, exposant par de telles chimères l’une et l’autre société à la ruine.

« L’Église, c’est Jésus-Christ répandu et communiqué » (Bossuet). Elle est donc, à toutes les époques, la réalisation de ce que Dieu, dans sa prescience et sa prédestination, a fixé selon le dessein mystérieux de sa sagesse. Dès sa fondation et jusqu’à nos jours, dans ses hauts et ses bas, dans les mérites et les crimes de ses membres, saints ou pécheurs, elle a été en définitive ce que Dieu voulait. Au-delà de sa « volonté signifiée » qui est la norme idéale, révélée par ses commandements, elle a été ce qu’avait de tout temps décrété sa « volonté de bon plaisir », révélée par le cours même des événements. Elle est la manifestation de la gloire du Christ dans le monde.

3. Le phalangiste garde un attachement raisonné et fort à la Chrétienté, à son concept, à sa gloire passée, à sa réalité présente, à son projet plénier et universel. Il ne supporte pas les critiques perfides qui lui sont faites : d’être un ghetto, fermé, jaloux de ses biens spirituels et temporels. Il sait que la Chrétienté qu’il aime n’a de légitimité, de vie, d’avenir, que par la sève mystérieuse de la grâce divine dont l’Église catholique romaine est seule dispensatrice : Église de l’ordre, certes ! Mais elle ne saurait être l’inspiratrice et l’animatrice de tout l’ordre humain si elle cessait d’être avant tout l’Église de la grâce, l’Église du salut éternel dont le cœur est ailleurs et loin au-dessus des choses de ce monde, au Ciel où est son époux Jésus-Christ et dans le Cœur Immaculé de Marie où elle ne cesse d’élever et de conduire ses enfants.

En conséquence, le phalangiste éprouve un amour de vénération, un attachement jaloux pour les siècles passés de l’Église et de la Chrétienté, où il voit, à l’encontre de toutes les frénésies révolutionnaires et réformistes, l’œuvre même de Dieu, modelée par ses « deux mains infatigables », le Christ et l’Esprit, l’un et l’autre Paraclets. Et il conçoit l’avenir comme le développement de cette religion et de cette civilisation séculaires, non seulement marquées de l’empreinte des ancêtres, si sages, si saints, mais de celle de Dieu même.

L’IMMACULÉE, VICTORIEUSE DE TOUTES LES HÉRÉSIES.

POINT 16 : LA VIERGE MARIE, SIGNE DE CONTRADICTION

1. Depuis les disciples de Nestorius jusqu’aux réformistes du deuxième concile du Vatican, « la zizanie est semée périodiquement dans la famille chrétienne à propos de Vous, ô Mère de Dieu». C’est une nécessité inéluctable et une malédiction pour toute secte d’aller s’attaquer et se briser contre cette pierre d’achoppement ! Toutes sortes de prétextes sont avancés : il s’agissait, au cinquième siècle, d’appro­fondir le dogme de l’Incarnation ; au seizième, de mieux reconnaître la grandeur de Dieu et la gratuité de ses dons ; de nos jours, il s’agit de mettre en meilleure lumière le mystère de l’Église et les principes de son apostolat ; de tout temps, le “christocentrisme ” est opposé au culte rendu à Notre-Dame.

Car les esprits rebelles se tournent toujours contre la Vierge, Trône de la Sagesse, qui détient précisément le secret et le dernier mot de ces mystères dont ils cherchent l’intelligence ! Les savants contestent ses plus beaux titres, les vicaires arrachent le chapelet des mains des enfants. Toute “ réforme ” commence par une déclaration de guerre contre Marie.

2. La Vierge Immaculée est bien un signe de contradiction, l’occasion d’une révélation des cœurs. En vertu d’une disposition providentielle, Dieu l’a établie gardienne, ou mieux, sauvegarde de l’Église et des chrétiens. C’est la très Sainte Vierge Marie qui nous sauve des mirages de l’Antichrist en lui écrasant la tête. C’est pourquoi il est dit : « Elle seule vaincra les hérésies dans le monde entier.»

Du dogme de la Maternité divine proclamé par le concile d’Éphèse en 431, à celui de l’Immaculée Conception, défini par le bienheureux Pie IX en 1854, confirmé à Lourdes le 25 mars 1858 par l’Imma­culée Conception en Personne, quatorze siècles se sont écoulés, au cours desquels Pères de l’Église, théologiens et poètes ont salué à l’envi en Marie l’idéal parfait, mais vrai, réel, substantiel, d’une Sagesse créée, vierge, épouse et mère, bénie entre toutes les femmes, prédestinée par la seule volonté amoureuse de Dieu, volonté créante, épousante et fécondante.

Certaines gens peuvent trouver qu’Elle prend maintenant trop d’importance, c’est la preuve que son mystère et sa dévotion font obstacle à leurs inventions et projets. S’ils étaient satisfaits, contents, rassasiés dans l’Église, ils se réjouiraient pleinement de la gloire de Marie.

Loin de s’étonner de la rage déployée par Satan contre l’Immaculée, le phalangiste vouera un amour sans limites à Notre-Dame, sa Mère et sa Reine, Vierge féconde auprès de laquelle trouvent refuge les humbles et les pénitents, les bons chrétiens et ceux qui désirent le devenir, les foules de toutes races, de toutes langues, qui croient au Sauveur et espèrent en sa grâce, tous les hommes de bonne volonté enfin réunis, tandis que gronde contre Elle et contre Jésus le tumulte du Monde soulevé par Satan. C’est sous la bannière de l’Immaculée que la Phalange combat, en dénonçant sans relâche les inventions du Diable à travers les siècles et jusque dans la sainte Église aujourd’hui.

POINT 17 : CONTRE LE PROTESTANTISME

1. Le “libre examen” n’est pas une hérésie particulière, mais le principe et la justification fallacieuse de toutes les hérésies possibles, parce qu’il substitue à l’enseignement de la révélation divine par l’Église une foi individuelle qu’il transfigure en intuition surnaturelle, en illumination personnelle, et qu’il ravale en fait au niveau le plus commun des opinions et des inventions capricieuses des hommes.

Le phalangiste, parce qu’il se sait et se veut disciple du Christ et de l’Immaculée par la grâce de l’Esprit-Saint dans l’Église, abomine le libre examen et sa prétendue garantie divine, l’illuminisme individuel, qui caractérisent la religion prétendue réformée qui se dit chrétienne et n’est que luthérienne ou calviniste, ou zwinglienne, n’étant que le reflet de l’esprit de ses fondateurs.

2. Rien ne peut davantage contrister l’Esprit-Saint qu’une telle prétention de tout individu à recevoir ses lumières, commandements et inspirations hors de toute soumission à la très Sainte Vierge et à l’Église hiérarchique et sans considération pour les traditions apostoliques, faisant de l’Esprit-Saint un principe de division, de rupture, d’émiettement, organisateur de variations et de contradictions insurmontables et indéfinies !

Tout protestantisme, pentecôtisme, illuminisme, qui prétend détenir l’Esprit tout en rejetant Marie est absolument abhorré par la Phalange comme le « péché contre l’Esprit » dont on ne revient pas, parce que « Jésus-Christ est un très bon Fils et qu’il ne permet pas que nous offensions et méprisions sa Très Sainte Mère », comme disait sœur Lucie, la voyante de Fatima. Et c’est pourquoi la Phalange se méfie de toute poussée “ charismatique ” dans l’Église aujourd’hui, d’une dévotion mariale apparente certes, en réalité tout affectée, ultime ruse du démon suscitant une « désorientation diabolique ». Car la piété peut même être florissante partout où elle ne gêne en rien la douceur du mal...

3. Le phalangiste combat le protestantisme et dénonce dans sa prétendue Réforme le principe corrupteur de la religion chrétienne, blasphémateur de la Vierge Immaculée, destructeur de l’Église et de toute communauté humaine civilisée, qui livre les chrétiens aux Léviathans modernes, aux empires fondés sur l’orgueil de la pensée, le pouvoir de l’argent, les passions de la chair.

Car cette “ Église ” prétendument spirituelle transfigure idéalement l’Église en réalité sublime, totalement sainte et spirituelle, libre et charismatique, prodige perpétuel, œuvre du seul Esprit-Saint, mais elle la ravale en fait au niveau des associations et collectivités purement humaines, qui ne subsistent que par l’intérêt, les rivalités de sectes, la contrainte d’un pouvoir jaloux et despotique, ou simplement l’inertie sans âme d’une habitude sociale ou d’un fonction­nariat religieux.

POINT 18 : CONTRE LA FRANC-MAÇONNERIE ANTICHRIST

1. Le phalangiste croit au Christ Fils de Dieu, il espère en lui, il l’aime. Il ne peut supporter les manœuvres captieuses des puissances occultes qui, sous prétexte d’humanisme libre et tolérant, ont pour premier but d’émanciper les peuples chrétiens du sceptre plein de bénignité et d’amour de Jésus-Christ. Il est facile de voir que, sous des dehors de respect universel et d’agrément de toutes les croyances, se dissimule mal dans la franc-maçonnerie et ses organisations une haine profonde de Jésus-Christ. Tel est leur dénominateur commun, le lien de leur fraternité satanique.

2. À l’humanisme de Pélage, au rationalisme d’Abélard, au paganisme jouisseur de la Renaissance, l’Église s’est opposée de toutes ses forces parce qu’ils évacuaient la Croix du Christ.

L’humanisme moderne, bâti en système par les philosophes du dix-huitième siècle et devenu maître de l’opinion par les sociétés de pensée maçonniques, est l’héritier de cette tradition naturaliste antichrist. Son intention est de substituer à Jésus-Christ, Dieu fait homme, l’Homme lui-même, l’idée de l’Homme, en laquelle chacun peut se reconnaître et s’idolâtrer, l’Homme qui se fait dieu. Le Dieu créateur peut subsister dans ce système, mais au-delà du monde, hors de la société ; celui qui est exclu, haineusement, c’est le Christ, Dieu venu régner sur les hommes, selon le cri de Voltaire : « Écrasons l’infâme ! »

3. La Révolution de 1789 a porté au pouvoir ce savoir maçonnique. La raison déifiée a remplacé la religion, la trilogie républicaine “Liberté, Égalité, Fraternité” a été substituée aux vertus théologales, de Foi, d’Espérance et de Charité. Enfin la charte du monde moderne a été solennellement promulguée pour faire échec au décalogue et à la loi évangélique de la charité envers Dieu et envers le prochain, dans la Déclaration des droits de l’homme.

4. Le phalangiste est l’ennemi et la cible des sociétés secrètes dans leur lutte sans limites, actuellement apparemment victorieuse, contre le Christ. Il en combat ouvertement les dogmes philosophiques, les prétentions scientifiques comme les arguments historiques ; il en dénonce les organisations occultes, groupes de pression, partis politiques, aux inusables alibis philanthropiques et culturels. Il cherche par tous les moyens légitimes l’interdiction et la disparition de cette Synagogue de Satan pour le triomphe universel de Jésus-Christ.

POINT 19 : CONTRE LE PRÉTENDU LIBÉRALISME

1. Les sociétés secrètes auraient livré un combat bien vain à l’Église de Jésus-Christ si elles n’avaient trouvé en son sein des traîtres pour leur en ouvrir les portes et la leur livrer : les libéraux.

Catholiques, les libéraux le sont et prétendent l’être plus que les autres parce qu’ils refusent, au nom de l’Évangile, de combattre les ennemis de Jésus-Christ. Ainsi finissent-ils par avoir pour amis et pour alliés leurs ennemis de jadis, et pour ennemis les gens de leur propre maison, leurs frères catholiques contre lesquels, d’ailleurs, ils s’acharnent depuis près de deux siècles avec férocité.

2. Par un singulier dérèglement de l’esprit et du cœur, dont ils se targuent comme d’une marque de grande intelligence et de générosité, les libéraux refusent de croire jamais leurs adversaires aveuglés par le fanatisme ou par la haine. Aimant adopter leur point de vue, ils s’appliquent à lui accorder les mêmes chances de vérité, la même crédibilité, la même force qu’au leur, qui est le point de vue catholique. C’est faire bon marché de la vérité pour aboutir enfin, sous prétexte de charité, au nivellement de toutes les croyances.

3. En conséquence ils exigent de l’Église une attitude conciliante, la fin des anathèmes, le dialogue et la recherche commune de la vérité avec les hommes de toutes croyances, et déjà ils proclament une trêve unilatérale qui ouvre la communauté catholique à l’influence de ses ennemis acharnés et leur livre ses fidèles sous prétexte de réconciliation universelle et d’égale charité envers tous.

Gagnés au grand principe maçonnique de la tolérance, ils jugent dès lors notre foi, sûre d’elle-même et de sa vérité, d’un intégrisme insupportable, d’un fanatisme, d’une étroitesse d’esprit et de cœur dignes de condamnation et d’exclusion. C’est ainsi que ces apôtres de la tolérance se muent en dénonciateurs, en calomniateurs, en inquisiteurs et persécuteurs de leurs frères qu’ils veulent bannir de l’Église ou reléguer en quelque retraite perdue, pour que règnent enfin la charité avec la liberté !

4. Leur premier grand effort a été de rendre l’Église hiérarchique officiellement et effectivement libérale, et leur second effort vise à obtenir d’elle l’interdiction, la disqualification et l’élimination des catholiques intégraux. Alors, si cela se pouvait, leur trahison serait consommée et Jésus par Judas une nouvelle fois livré à ses ennemis, condamné et crucifié.

5. Le phalangiste de l’Immaculée se dresse avec véhémence contre le libéralisme. Car celui qui aime le Christ et l’Immaculée se heurte nécessairement à ceux qui ne les aiment pas. Les uns se déclarent athées, chose horrible ; les autres excusent l’athéisme quand ils n’en font pas l’éloge, blasphème pire encore. C’est une insulte faite à Dieu, sous de faux-semblants. Admettre l’erreur, même chez les autres, comme une opinion autorisée ou une liberté permise, revient fatalement à s’y livrer soi-même. Avec saint Pie X, le phalangiste, par son culte et sa défense de la vérité, arrachera le masque de ces “mauvais catholiques” que sainte Bernadette craignait plus que tout.

POINT 20 : LA LIBERTÉ RELIGIEUSE, SUBVERSION DE LA FOI

1. Les libéraux, fatigués ou dégoûtés de lutter contre un monde hostile, contre les sociétés secrètes qui détiennent les sources du pouvoir, des honneurs, de l’argent, ont donc décidé de réconcilier l’Église avec eux par un ralliement déguisé en « compréhension» de toutes les opinions, jusqu’aux plus ennemies de notre foi. Comme s’il y avait une commune mesure entre le oui et le non, une entente possible entre les adorateurs de Dieu, disciples du Christ, et les athées et antichrists, entre ceux qui travaillent à l’extension du règne de Jésus-Christ et ceux qui s’acharnent à le détruire, entre le Christ et Bélial !

2. La seule voie d’un tel rapprochement commence par la reconnaissance et la proclamation d’une liberté religieuse sincère et entière, c’est-à-dire du droit égal de toutes les croyances et opinions à être tenues pour vraies, donc à être librement professées et manifestées par chacun selon ses convictions personnelles. C’est une révolution copernicienne. Jadis la religion révélée, sa divine vérité, ses lois, ses sacrements, descendus par Jésus-Christ du Ciel sur la terre, s’opposaient radicalement aux ténèbres de l’erreur et de l’impiété jaillies des enfers. Maintenant, toutes les représentations et convictions religieuses ou philosophiques jaillissent également, uniformément, de la conscience humaine. Entre elles, le libéral ne perçoit pas de différence fondamentale. Ce que chacun estime vérité et bien a donc les mêmes droits, la même valeur, la même authenticité que ce qu’il estime erreur ou impiété chez les autres.

3. Telle est la liberté religieuse des libéraux, aujourd’hui devenue l’une des convictions majeures de l’humanité, adoptée même par l’Église conciliaire. Il en résulte que la vérité n’a plus de distinction sûre et objective d’avec l’erreur, que nul ne peut revendiquer le privilège d’avoir raison, que nulle autorité sociale n’a le pouvoir d’imposer le respect de la vérité et du bien, ni non plus celui d’empêcher l’erreur et le mal. Tout est libre opinion humaine, tout est permis et rien n’est défendu de ce qui jaillit d’une conscience sincère.

4. Le libéral prétend soutenir la gageure d’une telle attitude de foi et d’opinion, de certitude intime et d’incertitude objective, sans relativisme ni scepticisme ! Pour cela, il distingue deux sphères indépendantes : le domaine intime des convictions religieuses où règne une certitude absolue, et le domaine social du pluralisme et de la stricte égalité des opinions, où tout est plausible, rien n’est certain. En tant que chrétien, le libéral se sait dans la vérité et s’y montre fidèle ; en tant qu’homme public, et même chef d’État, voire évêque ou Pape, il admet que d’autres se croient dans une autre vérité et l’estimant, lui, dans l’erreur, lui interdisent toute profession extérieure de sa vérité qui risque de paraître offensante pour leur liberté. Il ne souffre donc pas que sa vraie religion s’impose aux autres, mais il supporte de la voir opprimée par eux.

5. Pour paraître sincère, cette diplopie doit se faire chaque jour plus intérieure, plus profonde. Le libéral en viendra à douter de sa foi tout en n’en doutant pas, pour se mettre à la place de l’autre sans cesser d’être lui-même ! Cette coexistence de la foi et du doute, cette synthèse dialectique des contradictoires, c’est la « foi en recherche», typique empiétement de la « recherche» maçonnique jusqu’à l’intime de la « foi » chrétienne. L’âme d’un libéral est une étonnante chose !

6. La science et les œuvres qui en résultent sont connues. La science libérale consiste à nier et à rejeter toutes les preuves apologétiques qui, de près ou de loin, démontrent la vérité catholique. Au contraire elle manifeste la plus grande crédulité, pour ne pas dire le plus grand aveuglement, en tout ce qui concerne les autres religions. La science libérale favorise l’idéalisme, le scepticisme ; elle a porté un coup mortel à l’intelligence catholique.

L’action libérale est donc pernicieuse. Allant au- devant des forces ennemies, le libéral critique et détruit, en invoquant sa qualité de chrétien irréprochable et son zèle évangélique, toute manifestation extérieure de la foi, de la certitude, de la gloire catholiques, n’y voyant qu’agressions intolérables pour la liberté des autres. Culte public, prédication, simple expression claire de leur foi par les catholiques, traditions populaires, tout le gêne, tout lui paraît trop tapageur et triomphaliste. Il entend ramener le catholicisme au droit commun, c’est-à-dire au niveau d’existence de la plus insignifiante des opinions.

6. La réponse du phalangiste, elle, est sans faille. Ayant pour unique amour Jésus-Christ et sa Mère, rien ne lui tient plus à cœur que la Vérité qui découle de leur Unique et Sacré Cœur. Il dénoncera fermement l’irréligion et les fausses religions, et plus encore le libéralisme qui prétend les tolérer toutes pour leurs “valeurs spirituelles”.

En revanche, il développera les preuves de sa foi et affichera sa dévotion face aux incrédules. Le Saint Suaire de Notre-Seigneur taché de son Précieux Sang, témoin incontestable, aux yeux de la science la plus moderne, de la mort et de la résurrection du Christ, est le labarum de la Phalange dans sa Croisade contre l’incrédulité moderne. Elle voue un culte public à cette insigne Relique, car le Sacré-Cœur de Jésus désire entrer avec pompe et magnificence dans la maison des princes et des rois pour y être honoré autant qu’il y a été outragé, méprisé et humilié en sa Passion.

POINT 21 : CONTRE LE MODERNISME

Le plus grand péril pour la foi catholique a été de tout temps la négation déclarée ou dissimulée de la divinité du Christ, Dieu et homme parfait. L’arianisme, le nestorianisme n’ont été que les manifestations extrêmes d’un courant rationaliste qui, hors de l’Église ou dans l’Église, persiste à considérer Jésus de Nazareth comme un homme, certes exceptionnel, mais comme un homme seulement, qui aurait entretenu durant sa vie des rapports intimes et privilégiés avec Dieu. Le judaïsme a toujours soutenu en sous-main ce courant hérétique qui l’excuse.

1. Le phalangiste démasque cette hérésie majeure dans le modernisme qui, avec perfidie, accorde au « Christ de la foi», personnage inconsistant, création de l’expérience intime, du sentiment individuel, tous les titres que l’Église reconnaît à Notre-Seigneur Jésus-Christ Fils de Dieu, mais les refuse au nom de la raison et de la science critique au « Jésus de l’histoire». Cette dichotomie de source kantienne, d’une hypocrisie consommée, a été solennellement condamnée par saint Pie X. Elle feint de conserver toute la foi chrétienne, mais pour la rejeter dans le domaine de l’irréel et de l’irrationnel : dans le néant.

2. Le phalangiste se dresse contre le modernisme de toute la vigueur de son intelligence, en proclamant le parfait accord de la foi, de la raison et de la chaîne des faits historiques qui relient le passé au présent : tout indique et tout prouve qu’il n’y a qu’une seule réalité de Jésus-Christ, homme de notre histoire, ayant dit et prouvé par prophéties et miracles de manière surabondante, qu’il est le Fils de Dieu sauveur. Telle est l’unique et pleine vérité de son mystère hors de laquelle rien n’est compréhensible.

3. Le phalangiste arrachera leurs masques aux modernistes, loups ravisseurs déguisés sous des peaux de brebis et parfois tenant la houlette des pasteurs, qui corrompent la foi du peuple fidèle par leur fausse science, en gardant des apparences de piété et de zèle. Il les réfutera sur le terrain même de la science et de la philosophie et par l’autorité des enseignements de l’Église. Il les dénoncera aux Pasteurs du troupeau, pour en exiger l’excommunication qui seule les empêchera de nuire.

Car ils n’ont pas droit au titre de chrétiens, ils n’ont pas de place dans l’Église, dans les chaires d’enseignement et les évêchés où ils s’appellent les uns les autres en un complot ténébreux contre Dieu et contre son Oint, ceux qui ne croient pas en Jésus-Christ, Fils de Dieu.

Mais loin de l’intégrisme rétrograde, la Phalange, répondant au vœu de saint Pie X, « aura pour but de favoriser, avec la vérité catholique pour lumière et pour guide, le progrès de tout ce que l’on peut désigner sous le nom de science et d’érudition » (Pascendi, n° 77).

POINT 22 : CONTRE LE PROGRESSISME DE LAMENNAIS

Toute théorie d’une mutation obligée de l’Église et d’un dépassement de la Chrétienté laisse de glace le phalangiste de l’Immaculée, persuadé que l’orgueil de Satan inspire ces impatiences et ces révoltes, et non pas l’Esprit du Christ.

L’impatience, le rêve fou, la prophétie révolutionnaire, puis la déception qui conduit implacablement à l’apostasie, trouvent en Lamennais leur illustration indépassable. Il était aisé de prévoir d’emblée où son progressisme le conduirait. Car une fois admis que Jésus n’a rien obtenu, n’a rien fait de glorieux dans son Église par la force de son Esprit jusqu’à nos jours, il faudra conclure qu’il n’est pas Dieu et que tout l’effort inspiré de lui est pareillement vain. À moins que l’on se juge soi-même plus grand que Jésus-Christ, et vrai sauveur et messie !

1. Aux progressistes atteints par la contagion révolutionnaire, la sainteté et l’apostolicité de l’Église antique, médiévale, classique et moderne, paraissent trop imparfaites pour correspondre aux pensées et volontés divines. Prenant argument des imperfections, des lenteurs et des désordres des siècles passés, et concluant à la radicale infidélité de l’Église à l’Esprit du Christ et à l’inspiration des premiers chrétiens, ils rejettent ses institutions séculaires, l’ensemble de ses traditions. Et ils prophétisent un autre avenir, des temps nouveaux ; ils réclament, ils préparent une réforme globale des institutions, une révolution mystique des peuples soulevés par l’Esprit, qui ouvrira le millénaire, l’âge du Saint-Esprit, la nouvelle Pentecôte, cieux nouveaux et terre nouvelle.

2. Mais la substitution de ces visions chimériques à la réalité des traditions est l’œuvre d’esprits humains, de novateurs plus sujets que personne à l’erreur, mécontents, entêtés, ambitieux. Ce sont eux qui osent, selon leurs inspirations sans contrôle, trancher de l’essentiel et de l’accessoire, du bon et du mauvais, du divin et de l’humain, du caduc et du permanent ! Et ils tranchent dans le vif d’un corps, d’une âme, qui sont ceux mêmes de l’Église et de la Chrétienté ! Périlleuse chirurgie. Puis, dans l’espace laissé libre par tant de retranchements, les visionnaires organisent leurs idéales créations, toutes plus inhumaines, arbitraires, hasardeuses les unes que les autres, à qui mieux mieux étrangères et contraires à ce qui s’était vu et fait dans un passé détesté.

3. Ce qui est fait sans la tradition ou contre elle est fait sans l’Esprit de Dieu, sans la Vierge Marie, et contre eux. Ce ne peut être que misérable. Ainsi les progressistes, forts pour détruire les œuvres de Dieu riches d’un grand passé, s’avèrent incapables d’édifier des œuvres saintes et durables. Si on les honore, ils finissent en parasites d’une Chrétienté qu’ils ont contribué à détruire ; si on les contrarie au point de les empêcher de nuire, ils s’en vont comme Lamennais désespérant de l’Église, remplaçant la statue de la Vierge par celle de la “Liberté”, pour finir dans le désespoir et les ténèbres de l’apostasie.

C’est une histoire lamentable que celle du progressisme chrétien et du drame de tant d’âmes sacerdotales qu’il a dévoyées et perdues, ce progressisme qui est le premier moteur de l’ébranlement conciliaire et postconciliaire de Vatican II !

POINT 23 : CONTRE L’UNIVERSALISME DE JACQUES MARITAIN

L’impatience des divisions religieuses du monde et des trop étroites limites de l’Église catholique romaine produit des méfaits comparables à l’impatience des progressistes pour les lenteurs de l’histoire et les imperfections séculaires de l’Église.

1. À certains grands cœurs modernes, dont le type est Jacques Maritain, l’unité et la catholicité de la Chrétienté médiévale et classique, encore offusquées et abîmées par la Réforme protestante, ont paru prisonnières de limites trop étroites, dues à trop d’intolérance, indignes enfin de l’Esprit-Saint qui, lui, ne se tient point en un ghetto et que nulle barrière n’arrête ! Ils préconisèrent donc « une nouvelle Chrétienté» qui, pour être plus large, plus ouverte, enfin réellement universelle, de « sacrale» se ferait « profane ». Au lieu d’en être le Roi des rois, le Seigneur glorieux, Jésus-Christ y serait serviteur du monde, incognito. Au lieu d’y présider en « mère et maîtresse », l’Église s’en ferait la servante, proposant son Évangile comme un levain discret, anonyme, invisible, dans la pâte d’un monde païen.

2. La grande tentation des chrétiens de ce temps, tentation que le judaïsme leur présente mais qui invertit le mouvement de la révélation biblique, la faisant régresser vers ses sources charnelles et ses temps d’imperfection, est celle du sécularisme. Cet humanisme, qui se dit volontiers postchrétien, naturalise le surnaturel, pour réduire nos dogmes, nos sacrements, nos liturgies à une mythologie, à un trésor de symboles profondément et seulement humains, manifestant la valeur suprême des choses charnelles, terrestres, humaines. Puis, par un mouvement complémentaire, il surnaturalise le naturel, exaltant les réalités du monde présent jusqu’à en faire l’absolu, le divin de l’histoire humaine, rejetant totalement de nos horizons le Christ, Dieu descendu du Ciel, et son Église, notre Mère qui nous reconduit sur ses traces vers ce Ciel où Il est retourné.

3. Par une « révolution tranquille» s’accomplirait cette immense mutation voulue par l’Esprit, annoncée par les signes des temps, exigée par le monde moderne. Au lieu d’être fondée sur la foi en Dieu et soumise à l’Église romaine, la nouvelle Chrétienté serait fondée sur la foi en l’homme, base de la civilisation moderne, et gouvernée par une assemblée démocratique mondiale. L’Évangile du Christ, transposé en termes neutres, correspondrait au dénominateur commun de toutes les idéologies et croyances jadis concurrentes, désormais convergentes : la Déclaration des droits de l’homme. Décléricalisée, sécularisée, la Chrétienté deviendra l’Organisation universelle des peuples : SDN hier, aujourd’hui ONU, galvanisant les énergies et le sentiment de la solidarité par l’idéal d’une démocratie mondiale respectueuse de la dignité, de la liberté et de l’égalité de tous les hommes.

4. Le phalangiste refuse d’emblée cette chimère. Il sent le blasphème, il voit l’apostasie à peine déguisée dans cette substitution audacieuse du culte de l’Homme au culte de Dieu au centre et au sommet de cette prétendue Chrétienté nouvelle. Car enfin cette religion, c’est le culte de l’homme, de tout l’homme, de tous les hommes, sauf d’un seul, du Seul qui vraiment mérite ce culte : Jésus-Christ !

Or « sans moi, vous ne pouvez rien faire » ! L’Église est entraînée dans la déchéance de son Époux : âme de la Chrétienté sacrale, la voilà violemment dépouillée de son corps social historique et pro­stituée à de nouveaux maîtres au premier rang desquels on reconnaît la judéo-maçonnerie internationale. Cet humanisme intégral de Maritain est, avec le réformisme du Père Congar, le second moteur de la subversion conciliaire de Vatican II.

POINT 24 : LA PERVERSION INTÉGRALE, LE M.A.S.D.U.

Depuis les origines, Satan soulève l’orgueil des hommes dépravés, contre Dieu, contre le Christ, contre l’Église. Ces révoltés forment sous son influence des « contre-Églises », de même structure, autant qu’ils le peuvent, et d’esprit opposé. Tels sont aujourd’hui la franc-maçonnerie ploutocratique, le racisme totalitaire, le communisme athée. « Deux amours ont bâti deux cités : l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi, l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu. » (saint Augustin)

1. En nos temps d’Apocalypse, des esprits vraiment pervers ont prétendu identifier ces contradictoires et faire du culte de Jésus-Christ le fondement du culte de l’Homme, et des droits de Dieu la justification des droits de l’Homme qui se fait dieu ! C’est l’aboutissement logique des rêveries de Lamennais, de Sangnier et de Maritain.

Une prodigieuse réforme de l’Église doit l’amener à entrer au service de la révolution mondiale dont le but est l’avènement d’une démocratie universelle de justice et de paix, fondée sur la liberté, l’égalité, la fraternité.

2. L’idéal que poursuit l’Église nouvelle, c’est la démocratie universelle, c’est la libération des peuples de toute aliénation pour que l’homme règne. Le moyen, c’est l’animation spirituelle des masses par les diverses religions et cultures, leur inculquant cet humanisme intégral. Chaque clergé, chaque parti selon ses schèmes culturels et ses symboles religieux particuliers, conjugueront leurs efforts pour former en tous la même foi en l’homme et aider à l’avènement de la démocratie universelle.

3. L’Église, « les Églises» chrétiennes subsisteront – et on leur promet qu’elles seront en bonne place – grâce à leur service discret, mais efficace, de la cause de l’homme et de la conquête de la terre.

Acceptant cette nouvelle mission, remplis de cet esprit nouveau pour la construction de ce nouveau royaume de l’homme, nos pasteurs égarés veulent faire de l’Église catholique romaine le mouvement le plus important, le plus puissant, d’animation spirituelle, par la transposition de sa prédication religieuse chrétienne en termes d’humanisme profane, de la démocratie universelle, où la paix, la justice, le progrès assureront le bien-être matériel et culturel de tout l’homme et de tous les hommes. La religion pure y gardera d’ailleurs sa place sublime, et même la dévotion eucharistique, la dévotion à la Sainte Vierge, la contemplation christique (ou bouddhique), comme valeur individuelle et culturelle !

Mais tout ce qui pourrait entraver cette conciliation est systématiquement mis de côté, selon la méthode du libéralisme. C’est ainsi que le concile Vatican II, voulant réconcilier l’Église et le monde ne pouvait que reléguer la Vierge Marie au dernier chapitre de la constitution Lumen gentium sur l’Église, ne voulant lui reconnaître qu’un « rôle subordonné » !

POINT 25 : LA CONTRE-RÉFORME CATHOLIQUE AU VINGTIÈME SIÈCLE

1. Ce plan diabolique, faisant de toutes les religions réunies, et en premier lieu de l’Église catholique, le Mouvement d’Animation Spirituelle de la Démocratie Universelle, est au confluent des trois perfidies trop longtemps endurées par l’Église : le progressisme latin, le libéralisme anglo-saxon, le modernisme germanique. Dieu et le Christ perdent dans le climat moderniste, leur réalité objective, leur souveraine majesté. L’Église, sous l’influence du libéralisme, s’ouvre à toutes les conceptions religieuses ; et l’Esprit-Saint, dissocié du Père et du Fils, perd toute personnalité et devient un principe illuminateur universel et multiforme. Enfin, dans l’entraînement du progressisme révolutionnaire et réformiste, le destin de l’humanité passe des rois et des princes, des papes et des évêques, aux peuples, aux insurgés, aux militants, comme ses « joie et espoir» tombent des mystères divins à l’avènement d’une nouvelle humanité terrestre.

2. La réforme de l’Église pour la révolution mondiale, c’est l’épouse du Christ prostituée au monde de Satan. Telle est l’utopie en œuvre sous nos yeux ; c’est un cancer aux entrailles de l’Église, une balle meurtrière au cœur de la Chrétienté dont il faut les délivrer, pour que la vie revienne et qu’il y ait un avenir.

3. Le phalangiste oppose à ce MASDU infernal son culte de l’Immaculée Conception, victorieuse de toutes les hérésies dès l’origine. C’est Elle qui l’engage au service d’une double profession de foi, de Contre- Réforme catholique et de Contre-Révolution française. Il étudie alors les courants d’idées qui confluent à cette apostasie ; il démasque et dénonce les responsables de cette folie, philosophes et visionnaires, politiciens et démagogues, princes et pasteurs de l’Église ; il en révèle la collusion avec les convents antichrists et anticléricaux et toutes les puissances ennemies de la Chrétienté ; il constate les fruits de mort de cette grande mue de l’Église, le recul général de la Chrétienté trahie sous les coups des barbares, la décadence de la civilisation, l’autodestruction de l’Église, la dénatalité, la mort spirituelle, la « peste blanche» de l’Occident. Il réclame toute la vérité et la justice sur ce drame.

4. Mais, pressé de rebâtir et de repeupler la Cité de Dieu, il ferme la parenthèse de cette sinistre époque, laisse le MASDU à l’enfer. En vertu de sa consécration à l’Immaculée Conception, il conserve la foi, l’espérance et la charité chrétiennes, il demeure un enfant de Marie et de l’Église, dévoué, attaché à en maintenir les traditions ; il combat pour la Chrétienté qui seule a fait le monde habitable, a su rendre la vie heureuse et procure le salut éternel des âmes à travers les vicissitudes de l’existence temporelle.

Selon la parole du Seigneur : « Cherchez le royaume de Dieu et sa justice, et le reste vous sera donné par surcroît. » Le reste, à savoir : la civilisation, l’ordre et la paix, la justice, la prospérité.

POINT 26 : LA LIGNE DE CRÊTE

Le phalangiste embrasse le Christ, l’Immaculée et l’Église d’un même amour ; il refuse de faire entre eux aucune division, aucune opposition. Être enfant de Marie, être chrétien, être catholique, c’est une même et indivisible grâce, non par la volonté de la chair et une conviction reçue, non par un vouloir humain, mais par prédestination et grâce de Dieu. Ainsi, à la lumière des quatre perfections de l’Esprit-Saint révélées dans la véritable Église une, sainte, catholique, apostolique, le phalangiste saura discerner, en lui et autour de lui, dans le monde et dans l’histoire, ce qui est de Dieu et catholique, de ce qui est du Malin et du péché de l’homme, pour haïr l’un et pour suivre l’autre. Car il n’y a pas de milieu.

1. Selon la tradition constante de l’Église, le phalangiste, en témoignage de sa foi et de sa docilité catholiques, anathématise les hérésiarques et fauteurs de schisme des temps passés et actuels, s’interdisant de leur inventer quelque mérite, justification ou excuse, contre l’Esprit-Saint et l’Église, abominant au contraire leur mémoire comme des plus grands malfaiteurs de l’humanité. Tels Photius et Michel Cérulaire, tels Luther, Calvin, Zwingle et Henri VIII.

Leurs fruits sont détestables et mettent en péril les biens de la civilisation, car schismes et hérésies véhiculent trop de passions, assassinats, pillages des biens d’Église, haines séculaires, abandons des vœux religieux et ambitions, pour ne pas faire régresser l’humanité à la barbarie.

2. Le phalangiste redoute et déteste le schisme qui est une révolte contre l’autorité divine et hiérarchique de l’Église romaine, une rupture de charité fraternelle sans qu’aucun motif puisse le justifier, car il va à l’encontre de l’unité et de la catholicité, dons de l’Esprit-Saint. Jamais il ne sera question pour lui de se séparer de l’Église. Jamais il ne songera à former quelque secte, à donner ou recevoir les sacrements en dehors de toute juridiction rompant par là sa communion avec le Pape et les évêques de l’Église catholique romaine. C’est un plan de l’Adversaire de pousser hors de l’Église ceux qui gardent la foi pour que ceux qui l’ont perdue puissent s’y maintenir et y dominer. Le phalangiste entend donc y rester, comme un fils aimant au chevet de sa mère malade.

3. De même il abhorre et fuit toute innovation et toute altération de la foi qui, par une révolte opiniâtre contre le magistère infaillible, mènent à l’hérésie, blessant la sainteté et l’apostolicité, dons de l’Esprit-Saint. Mais il soumettra son jugement, en appelant au discernement infaillible de l’Église hiérarchique. Car la Contre-Réforme catholique n’est pas la Foi de l’Église, mais elle en est la Fidélité. Elle n’a pas l’Intelligence des Mystères, mais elle en est la Mémoire vivante. « Réveiller nos Pasteurs, garder la foi, œuvre difficile de notre CRC !»

Rebelle à la rébellion d’où qu’elle vienne, par amour du Christ et de l’Église, décidé à poursuivre la critique de la critique qui corrode toute notre foi et salit toute notre tradition. Afin de vivre et mourir fils de la sainte Église catholique qui est romaine.

JÉSUS-CHRIST RÉPANDU ET COMMUNIQUÉ.

POINT 27 : LA CHARITÉ ET LA MISSION

1. Le phalangiste appartient d’âme et de corps à l’Église catholique par son entrée dans cette communion visible, hiérarchique et fraternelle, instituée par Jésus-Christ, et par sa participation spirituelle active à la vie profonde de ce Corps mystique, qui lui procure en abondance la grâce sacramentelle et les dons intimes de l’Esprit-Saint.

À la réalité spirituelle il a part, dans une mesure cachée qui dépend des libéralités mystérieuses de Dieu et de la libre réponse du phalangiste : c’est l’ordre de la charité. À la communauté visible il a part selon la discipline hiérarchique, par les fonctions qui lui sont commises et les services qu’il est appelé à y rendre : c’est l’ordre du ministère, du service.

2. Très soucieux de fidélité à l’Esprit-Saint et de juste discipline consentie au Christ et à l’Église, le phalangiste s’efforce de progresser dans la charité par une constante application à la prière, à la pénitence, aux vertus chrétiennes et au don de soi qui les couronne toutes, par sa consécration au Cœur Immaculé de Marie. Il veut servir l’Immaculée Conception médiatrice universelle de toutes grâces, dans la sainte Église, à sa juste place, dans l’obéissance à la hiérarchie selon les fonctions qui lui seront assignées. Il se souviendra toujours de la nécessaire obéissance dans le service de la communauté chrétienne, mais du primat souverain de la charité.

3. La Phalange elle-même doit mériter par son attitude et son dévouement sa place dans la communauté hiérarchiquement organisée ; avec respect, avec obéissance, elle se consacre totalement au service de l’Église, tout en constituant une société de personnes de l’ordre de la charité appliquée au progrès de ses membres.

Mais comme l’Église semble, ces temps-ci, tombée entre les mains d’un parti pour le plus grand dommage de son unité, de sa sainteté, de son apostolicité et de sa catholicité, il est certain que la Phalange ne doit pas attendre de la bonne disposition spontanée des pasteurs de l’Église sa mission au service de ses frères. Elle doit la revendiquer en manifestant l’orthodoxie de sa doctrine, sa volonté de sainte charité et son zèle, respectueux de la hiérarchie, désirant avec ardeur porter aide spirituelle et temporelle à un monde en perdition.

Elle sait que chacun de ses membres doit commencer sa propre réforme spirituelle, sans attendre que vienne de Rome un appel à la pénitence : « Chacun doit non seulement sauver son âme, mais aussi toutes les âmes que Dieu a placées sur son chemin », selon la parole de sœur Lucie au Père Fuentes.

4. C’est pourquoi le phalangiste renouvelle souvent son acte de consécration à l’Immaculée Conception, afin de devenir toujours plus docilement, « entre ses mains toutes pures, si riches de miséricorde», un instrument de son amour, « capable de ranimer et d’enthousiasmer tant d’âmes tièdes ou égarées», pour qu’ainsi s’étende sans fin le Règne du Divin Cœur de Jésus et du Cœur Immaculé de Marie.

Le phalangiste sait que par sa consécration personnelle à l’Immaculée Conception sont consacrés aussi les cœurs qu’il trouve dans le sien, formés et fécondés par la grâce du Cœur Immaculé de Marie.

Il se penche alors sur les peines et souffrances de ses frères pour les soulager et les aider à en supporter le poids, pratiquant les œuvres de miséricorde envers toutes les âmes que le Bon Dieu a placées sur son chemin, pour « non seulement défendre la foi et contribuer au salut des âmes, mais s’oubliant soi-même, conquérir à l’Immaculée les âmes, l’une après l’autre » (saint Maximilien-Marie Kolbe).

POINT 28 : L’ÉGLISE EST ROMAINE

1. Disciple du Christ, le phalangiste est d’abord attaché à son Vicaire sur la terre, le Souverain Pontife, évêque de l’Église de Rome qui est « la mère et la maîtresse de toutes les Églises ». Là est le centre de l’unité, le comble de la sainteté, le conservatoire des traditions apostoliques, la mesure et l’ordre de la catholicité. Là est la règle de la foi, la loi suprême des rites, la souveraineté du droit.

Jésus-Christ a voulu la papauté, et l’Esprit-Saint l’a façonnée et dotée de ses organes propres de gouvernement universel, la Curie, et de tout ce qui est nécessaire à sa pleine souveraineté et à son indépendance séculaires, à savoir une Ville, une citoyenneté propre, des ressources stables et libres, une défense. C’est dire la nécessité du Pouvoir temporel des Papes que les ennemis de l’Église n’ont eu de cesse de donner à détester au monde, de réduire et de pratiquement abolir.

2. Le phalangiste pense, contrairement à l’opinion générale, que la fonction pontificale est simple, immuable, traditionnelle et, dégagée de toutes les superfluités récentes, suprêmement efficace. Elle est, dans ses trois pouvoirs, trop nécessaire à la vie quotidienne du Corps mystique pour que le Pape puisse s’abstenir de l’exercer sans faute mortelle de sa part et péril de damnation.

Le Souverain Pontife doit enseigner, c’est-à-dire proclamer la foi catholique, la transmettre au peuple fidèle et ainsi garantir l’intangibilité du dépôt de la révélation confiée à l’Église, en condamnant et anathématisant toute erreur ou hérésie.

Il lui faut sanctifier le peuple de Dieu en lui assurant la communication de la grâce par tous les moyens que Jésus-Christ a mis à la disposition de son Église, donc en veillant à la validité et à la dignité des rites et des sacrements, interdisant les modifications qui en corrompent la pureté, excommuniant les fauteurs de nouveauté.

Il lui faut gouverner le troupeau, des pasteurs comme des fidèles, en maintenant la communion hiérarchique contre tout schisme, en rendant la justice pour remédier à toute division et toute oppression, comme pasteur et juge immédiat de tous les chrétiens. Enfin, chef suprême de la Sainte Église, à lui revient de procéder à sa réforme intérieure si elle s’avère nécessaire, par ses prescriptions souveraines ou par l’indiction d’un Concile général, et de veiller à la défense et protection de la Chrétienté contre tous ses ennemis en décidant et prêchant la Croisade, en condamnant les guerres injustes, en excommuniant les tyrans et les princes félons ou apostats.

3. Sachant l’infirmité de toutes choses humaines, le catholique a besoin de s’appuyer à la fermeté divine de ce Roc et, dans la mobilité universelle, à cet axe sûr et stable. Il est par principe et par expérience Romain, ultramontain, papiste, infaillibiliste. C’est par le Pape régnant qu’il se sent sûrement rattaché à Pierre, car le Saint-Père est son vrai et unique successeur, et uni à l’Esprit-Saint de Jésus-Christ, car le Pape est son Vicaire suprême.

4. La règle phalangiste du service du Pape est si grave et primordiale qu’en cas de doute sur le vrai Pape, sur sa légitimité, son orthodoxie, son orthopraxie, les deux voies de l’obéissance aveugle ou de l’opposition légitime sont tenues pour possibles et toutes deux honorables. Car l’une, par sa protestation, sert la papauté de toujours et l’exempte de tout reproche, et l’autre par sa soumission maintient l’autorité du Pape du jour en vue des infaillibles lendemains.

5. Cependant, en ces temps de désorientation diabolique, Notre-Dame de Fatima a annoncé que le Pape lui-même serait « vacillant», au milieu d’une « grande ville à moitié en ruine» : l’Église sainte dévastée par le concile Vatican II.

Il n’est pas bon que les Papes puissent impunément manquer à leurs devoirs à longueur d’année et de pontificats, s’égarer eux-mêmes dans leurs opinions hérétiques, dans leurs nouveautés schismatiques et leur conduite scandaleuse, laisser souffrir les âmes et pâtir la Chrétienté, réserver leurs faveurs à tout ce qui est mauvais et leurs rigueurs à tout ce qui est bon, sans que nul n’élève la voix dans l’Église, parmi les cardinaux, les évêques, le peuple de Rome.

Seul à s’opposer ouvertement à la formidable apostasie dans l’Église, cautionnée et appuyée par l’autorité des Papes successifs depuis Jean XXIII, c’est pour avoir cru à l’indéfectibilité du Siège apostolique que l’abbé de Nantes s’est adressé au Pape pour lui faire remontrance, en trois livres d’accusation réclamant légitimement et canoniquement un jugement doctrinal infaillible. À sa suite, la Phalange attend la réponse de Rome, prête à assumer les devoirs qui en résulteront dans la défense de la Sainte Église, avec l’épée de la vérité et sous le bouclier du droit de son Père fondateur.

POINT 29 : L’ÉGLISE DIOCÉSAINE

1. Sous l’autorité du Pape, qui est souveraine, universelle et immédiate et doit être reconnue par toute l’Église, chaque région de la terre est confiée à un évêque, successeur des Apôtres, pour gouverner un diocèse, portion de territoire à lui confiée par l’Évêque des évêques. Il est maître en son diocèse. C’est le Pape qui lui donne juridiction sur cette portion du troupeau, et c’est seulement en communion avec lui qu’il peut l’exercer légitimement. À ce titre, et à cette seule condition, le phalangiste reconnaîtra son évêque comme représentant de Jésus-Christ, honorera son autorité et fera appel à ses pouvoirs spirituels de successeur des Apôtres.

L’Église locale assure la vie spirituelle et l’activité chrétienne à l’échelle humaine ; elle est toute dépendante de l’autorité de l’évêque, mais aussi de son dévouement personnel. Le phalangiste s’en souviendra pour aimer son évêque et, soit dans la confiance, soit dans les heurts même les plus pénibles, pour l’aider à conserver la vitalité sainte de l’Église diocésaine, sa foi, sa loi, sa charité, dans le culte de ses traditions.

2. Le phalangiste n’aura en revanche que doute et méfiance envers tous les organismes collégiaux, bureaucratiques, parlementaires, qui, au-dessus, sous prétexte de conférences et de commissions épiscopales, au-dessous, sous prétexte de représentation des prêtres et des militants, ou au même niveau, telles les centrales des mouvements d’Action catholique, empiètent sur l’autorité personnelle de l’évêque, qu’ils discréditent et annihilent. Ces organismes parasitaires revendiquent un pouvoir consultatif qui leur permette de dominer l’opinion populaire, et un pouvoir délibératif, de toute manière usurpé, pour contrôler le gouvernement de l’évêque. Ces oligarchies anonymes, irresponsables, s’avèrent foncièrement révolutionnaires ; toutes les hérésies et les schismes y trouvent abri et réconfort.

Le phalangiste demeurera en dehors de ces organisations, ne voulant connaître que les organes de droit traditionnels : le Conseil épiscopal, les Synodes diocésains, régionaux ou généraux, et les Conciles.

3. Les diocèses et leurs évêques souverains, docteurs, pasteurs et chefs du troupeau sont, par institution divine, la grande réalité vivante de l’Église, dont les heurs et malheurs ont fait la gloire ou la misère des peuples chrétiens. Et il n’est pas dit que les procédés de désignation des évêques ne doivent pas être étudiés et rénovés à la lumière des traditions. Car l’élection est préférable à la désignation par les pouvoirs temporels, et la nomination par Rome plus sûre que la cooptation collégiale, fléau actuel de nos épiscopats oligarchiques et libéraux.

De toute manière, l’actualité le montre, les Églises locales ne sauraient se maintenir longtemps si l’Église romaine venait à ne plus exercer sur elles, avec vigilance et exactitude, son pouvoir suprême.

POINT 30 : LA PAROISSE, COMMUNAUTÉ CHRÉTIENNE

1. Le phalangiste ne connaît que trois communautés hiérarchiques et fraternelles dans l’Église : la papauté, le diocèse, la paroisse. Rome est le siège de la souveraineté infaillible, sainte, suprême. Le diocèse est le siège de l’autorité tutélaire, prochaine, quotidienne. Mais, pour chaque fidèle, la paroisse est le lieu providentiel constant et normal de son culte envers Dieu et de sa charité fraternelle. Le curé qui en est le pasteur reçoit ses pouvoirs de l’évêque pour être au service de tous selon les us et coutumes de cette communauté primordiale.

2. À l’encontre de tous les efforts des révolutionnaires et réformistes pour substituer à cette cellule de base de l’Église, territoriale et immémoriale, des communautés de personnes individuelles librement rassemblées, sans autre lien que de pure spontanéité, donc flottantes, sans lieu et sans passé, la paroisse doit demeurer. Elle seule, par son assise territoriale, peut et doit assurer, nonobstant les caprices de chacun, la prédication de l’Évangile, le service du culte et des sacrements, le gouvernement des âmes. Ainsi s’efforcera-t-elle de retenir sous ses ailes tous ses enfants, de la naissance jusqu’à la mort.

Elle constitue une communauté de vie, de destin, reconnue par le droit, tandis que toute communauté libre flotte au gré de ses adhérents et ne subsiste que par l’initiative de ses dirigeants d’occasion. L’Église paroissiale au centre de l’agglomération et le signal de son clocher manifestent que tout est assumé de la réalité humaine pour la consacrer au Christ, dans l’espace et dans la durée des générations.

3. Le phalangiste est bon paroissien ; il aime à se retrouver, parmi le tout-venant des fidèles, l’un d’entre eux, pour l’essentiel commun et permanent de la vie chrétienne. Au contraire des intellectuels qui la méprisent et d’une élite prétendue qui la fuit à cause de ses promiscuités.

À cet échelon inférieur, la vie de l’Église doit être réaliste, communautaire, traditionnelle. Et il est bon que, désigné par élection, un conseil de marguilliers, sous la présidence d’honneur du curé, administre les biens et veille au maintien de la religion, au respect des choses saintes et à la fidélité aux traditions.

S’instruire au catéchisme et aux homélies dominicales, recevoir les sacrements en temps voulu, participer à la liturgie, aux dévotions, aux sacramentaux et à toutes les œuvres charitables, apostoliques et missionnaires, définit la religion populaire qui est, dans le cadre paroissial, la mystique foncière, esthétique, éthique, du peuple catholique à travers les âges. C’est donc là, qu’avec l’accord de son curé, le phalangiste cherchera à introduire la récitation du chapelet, quotidienne s’il est possible, ainsi que la dévotion réparatrice des cinq premiers samedis du mois demandées par Notre-Dame de Fatima.

POINT 31 : LA FAMILLE, CELLULE DE CHRÉTIENTÉ

1. Pour le phalangiste, la société humaine chrétienne n’est pas un agrégat d’individus nés enfants trouvés, gyrovagues sans terre ni foyer, s’engageant par contrat facultatif et toujours résiliable dans l’Église de leur choix ; c’est une communauté de familles patriarcales, dynastiques, profondément attachées à une terre, à une maison, à des biens et à des traditions. Et leur foi chrétienne est la première de ces traditions, engagée ainsi dans leur existence temporelle la plus concrète.

La continuité de la vie surnaturelle y est assurée par le ministère sacerdotal, mais elle est foncièrement portée par l’institution familiale. Chacun, en Chrétienté, reçoit et accepte tout ensemble l’héritage de la naissance et du baptême, de la vie de la grâce et de la civilisation humaine qui en est le fruit, avec toutes leurs obligations et leurs bienfaits les uns aux autres indissolublement liés, biens du corps et du cœur, de l’âme et de l’esprit, terre, langue, patrimoine humain et divin.

2. Les familles sont en Chrétienté les premières et les plus stables puissances sociales, en quelque sorte souveraines, que toute autorité est tenue de respecter. Recevant de leur curé tout l’équipement de leur vie chrétienne, c’est pourtant à elles seules, sous la responsabilité du chef de famille, qu’il revient de l’organiser et de la mener selon leurs traditions. Ainsi les écoles, les corporations, les mutuelles, les hôpitaux relèvent naturellement des chefs de famille, car toute paternité vient de Dieu.

3. Ce sont les familles chrétiennes de tradition et de forte autorité patriarcale, unies, nombreuses, qui, au sein des paroisses, sont les conservatoires de la foi et des vertus, jusqu’à l’héroïsme et la sainteté. Le clergé doit s’en faire non le maître, mais le défenseur, le guide et le serviteur, car c’est dans ces familles que naissent les vocations sacerdotales et religieuses, les grands élans missionnaires, et d’abondantes générations de chrétiens.

Les familles restent, le prêtre passe ; le mal est venu dans nos vieilles chrétientés d’un clergé « démocrate » qui, par ruse et par violence, s’est acharné contre les institutions familiales traditionnelles, pour leur substituer des mouvements plus maniables, de “ militants ”, forts pour détruire, incapables de rien édifier et désespérément stériles.

4. Le phalangiste restaurera la famille, en commençant par la sienne, sur le modèle et à l’imitation de la Sainte Famille à Nazareth.

POINT 32 : DIEU VEUT ÉTABLIR DANS LE MONDE
LA DÉVOTION AU CŒUR IMMACULÉ DE MARIE

Les révélations de Notre-Dame à Fatima définissent pour notre temps les clauses d’une alliance renou­velée, fille de la nouvelle et éternelle alliance.

Alliance contractuelle, traité inégal où il est peu demandé à la créature et beaucoup promis, si toutefois elle se montre fidèle à son Sauveur et dévouée à la Médiatrice de cet accord, appliquée à satisfaire toutes leurs demandes et loyale dans ce service, en échange duquel paix sur terre et gloire dans le Ciel seront sa récompense.

Ces révélations sont pour le phalangiste une joie intime et pour l’Église un événement mondial, dont il se fait le messager infatigable et le pratiquant assidu. À l’encontre d’une hiérarchie qui tourne le dos aux volontés du Ciel, entraînant le monde et les âmes à leur perdition, il est attentif aux volontés de sa Mère du Ciel et veut y obéir docilement. Il sait que là seulement se trouve son salut et celui du monde entier.

1. Le 13 juillet 1917, dans son grand Secret, Notre-Dame montrait l’enfer à Lucie, François et Jacinthe, rappelant ainsi à notre siècle impie et apostat que l’enfer existe, que des multitudes d’âmes y tombent, condamnées à un tourment éternel en châtiment des péchés, outrages et blasphèmes qui blessent le Cœur Immaculé de Marie et le Cœur Sacré de son Fils très aimant.

Le phalangiste ose regarder la société actuelle avec les yeux de sa Mère Céleste en grand chagrin. Autour de lui, dans ce monde d’un athéisme agressif, d’un laïcisme ravageur, où s’étale impunément une propagande obsessionnelle contre toute vertu, en faveur de tous les crimes, vivent ces gens qui s’affichent dans le mal, ennemis déclarés de Dieu et de son Église. Ce sont eux, les « pauvres pécheurs » qui marchent à l’enfer parce que personne ne prie pour eux.

À l’exemple de Notre-Dame de Fatima, le phalangiste ne craindra pas de parler de l’enfer pour les avertir, et consentir à multiplier les sacrifices pour les empêcher d’y tomber. Il répétera sans se lasser la prière enseignée par l’ange de Fatima : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime. Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et qui ne vous aiment pas. »

2. La deuxième révélation du Secret de Fatima est celle du purgatoire ici-bas, par « la guerre» et « les persécutions», conséquences de nos désobéissances aux demandes de Notre-Dame : « Dieu va punir le monde par le moyen de la guerre, de la famine et des persécutions... Si l’on n’écoute pas mes demandes, la Russie répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties. »

Ni fataliste ni présomptueux, mais consumé d’amour pour l’Immaculée et de zèle pour le salut des âmes, le phalangiste dénonce les manœuvres des démons et des damnés qui s’activent dans le monde contre son Roi et sa Reine. C’est son purgatoire de souffrir mépris et persécutions dans cette lutte ; mais il sait où va le monde : « À la fin, mon Cœur Immaculé triomphera ! »

3. Cette promesse de Notre-Dame est inconditionnelle, avec l’assurance qu’ « au Portugal se conservera toujours le dogme de la foi». Ainsi, tandis que se déchaîneront les forces de l’enfer, une terre bénie demeurera inviolable : le domaine de la Sainte Vierge, la terre, la maison, la famille de Fatima, oasis de pureté, de fraîcheur, de joie et de dévotion mariale, vitrine du Paradis au milieu de l’enfer et du purgatoire de ce monde, afin que nul des enfants de Marie ne s’égare et se perde dans ces années difficiles.

Le phalangiste qui brûle d’amour pour l’Immaculée, de dévouement eucharistique et marial, et de zèle au service de toutes les causes qu’Elle patronne, est déjà, par grâce inouïe de la très Sainte Trinité, prédestiné, élu et promis par la Médiation de Marie à la Vie éternelle du Ciel. Il est arraché à l’apostasie pour être inscrit à jamais comme citoyen de la sainte Cité, le Paradis de Marie, heureux serviteur de l’Immaculée dans une fidélité gardée ou retrouvée, et jurée pour toujours, sous l’aile de la Sainte Colombe.

LA VIE CHRÉTIENNE DANS LE CŒUR IMMACULÉ DE MARIE.

POINT 33 : DÉVOTION RÉPARATRICE

Le Bon Dieu, dans son amour infini de l’Immaculée Conception, se plaint de ne pouvoir supporter plus longtemps les offenses qui la blessent. À cause de ce péché, un grand nombre d’âmes tombent en enfer. Toutefois, Dieu promet de les sauver, dans la mesure où sera pratiquée à leur intention la dévotion réparatrice des cinq premiers samedis du mois : « Aie compassion du Cœur de ta très Sainte Mère, couvert des épines que les hommes ingrats lui enfoncent à tout moment, sans qu’il y ait personne pour faire acte de réparation afin de les en retirer. »

1. Le phalangiste entre pleinement dans ces Volontés du Ciel et pratique avec zèle les cinq premiers samedis du mois pour consoler Notre-Dame, blessée par cinq espèces d’offenses et de blasphèmes pro­férés 1° contre son Immaculée Conception, 2° contre sa Virginité, 3° contre sa Maternité divine et par le refus de la reconnaître comme Mère de tous les vivants, 4° par les blasphèmes de ceux qui cherchent publiquement à mettre dans le cœur des enfants l’indifférence ou le mépris, ou même la haine à l’égard de cette Mère Immaculée, 5° enfin par les offenses de ceux qui l’outragent directement dans ses saintes Images.

Le phalangiste s’appliquera avec zèle, par compassion pour le Cœur Immaculé de sa Mère du Ciel, non seulement à ne pas lui enfoncer des épines par ses propres péchés, mais à le consoler et émouvoir sa miséricorde pour pardonner aux âmes qui ont eu le malheur de l’offenser. Par son abnégation et son renoncement à son esprit propre, il mettra son zèle à se conformer aux volontés de son très chéri Père Céleste qui veut établir dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de Marie.

2. Loin d’être une dévotion particulière et suré- rogatoire, Fatima constitue un véritable “Évangile de la Vierge”. Les apparitions de Notre-Dame y sont d’une beauté absolue, grandiose et féconde, ravissante et consolante : celle du Cœur Immaculé de Marie couronné d’épines et demandant à être « consolé », à la Cova da Iria par la récitation quotidienne du chapelet, à Pontevedra par la dévotion réparatrice des premiers samedis, à Tuy par la consécration de la Russie à son Cœur Immaculé.

Bien que l’Église en sa hiérarchie tourne le dos à ces demandes depuis plus de cent ans, attirant guerres et persécutions, châtiments de Dieu en ce monde en attendant l’autre, le phalangiste sait que là est le salut, pour lui, pour toutes les âmes et pour le monde entier. Il veut « crier » à temps et à contretemps ce salut, par l’apostolat s’il y est appelé, par l’exemple de toute manière, selon le programme de saint Maximilien-Marie Kolbe : « Se fatiguer toute la journée, se tuer au travail, être considéré de la part des nôtres guère moins qu’un fou et, anéanti, mourir pour l’Immaculée... »

3. Dans ce combat tout à la fois exaltant et écrasant, voulant se laisser conduire sur les chemins tracés par l’Immaculée, le phalangiste est soutenu par la grande promesse de Notre-Dame : « Ne te décourage pas ma fille, je ne t’abandonnerai jamais ! Mon Cœur Immaculé sera ton refuge et le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu.» Avec sœur Lucie, il sait que cette promesse ne s’adresse pas à elle seule, mais à toutes les âmes qui viendront se réfugier dans le Cœur de notre Mère du Ciel et se laisseront conduire par Elle.

Sachant que les intentions du Cœur Immaculé de Marie sont de faire briller dans les âmes toujours davantage ce rayon de lumière, pour conduire au port du salut tous les naufragés de ce monde, il s’efforce d’en faciliter l’accès aux âmes, pour qu’elles y rassasient leur faim et leur soif de grâce, de réconfort et de secours, selon la devise des Croisés eucharistiques :

Prie, communie, sacrifie-toi, sois apôtre.

4. Le Cœur Immaculé de Marie devient ainsi la source, le chemin et le but de toute la vie chrétienne du phalangiste. Ce Cœur est le médiateur universel du salut, en lequel les sacrements ont leur source et portent leurs fruits en plénitude en ses enfants qu’il engendre à la grâce par le baptême et nourrit chaque jour du Pain du Ciel, dans l’unique Église du Christ, catholique et romaine.

POINT 34 : LES SACREMENTS 
I. CŒUR À CŒUR EUCHARISTIQUE ET MARIAL

Dans le combat chrétien, la Messe occupe la place forte, rendue imprenable par la Présence réelle, substantielle de Jésus-Christ.

C’est Jésus que le chrétien voit, mange, et touche. C’est lui-même en Personne, qui renouvelle son sacrifice et s’applique à l’âme fidèle, dans la communion, Corps à corps, pour la “ refaire ”, selon sa promesse, par la Médiation du Cœur Immaculé de Marie.

1. Le Saint-Sacrifice de la messe sera dès lors pour le phalangiste, quotidiennement, qu’il y participe de fait ou d’intention, le mémorial du mystère de Jésus, renouvellement de sa passion et de sa mort qu’il opère lui-même dans son Église pour en répandre constamment les fruits et les communiquer à tous ses frères.

2. De même qu’au Calvaire, l’Immaculée Conception est inséparable de son Fils, corédemptrice à chaque fois qu’est offert le Saint-Sacrifice de la Messe. C’est dans son Cœur douloureux et Immaculé que le phalangiste se prépare à recevoir l’Eucharistie. Il sait que la Vierge Marie est toujours là où demeure Jésus, dans tous les tabernacles de la terre, agissant auprès de lui, avec lui, selon son Cœur à elle, répondant à son Cœur à Lui. Le phalangiste aimera visiter le Saint-Sacrement chaque fois que cela lui est possible, voulant tenir compagnie aux Êtres qui lui sont le plus chers et qu’il voit si méprisés.

3. Mais en ces temps d’apostasie universelle où la Messe se raréfie, il puise néanmoins sa grâce quotidienne en s’unissant au Saint-Sacrifice de son Sauveur par la prière enseignée par l’Ange :

« Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je vous adore profondément, et je vous offre les très précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ, présent dans tous les tabernacles de la terre, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels il est lui-même offensé. Par les mérites infinis de son très Saint Cœur et du Cœur Immaculé de Marie, je vous demande la conversion des pauvres pécheurs. »

Il sait obtenir ainsi grâce et miséricorde pour lui et pour les pauvres pécheurs, ses frères, du Cœur eucharistique de Jésus et Marie, foyer de toutes grâces, si désireux qu’on le prie, si pressé d’exaucer.

Ne pouvant recevoir la sainte Communion aussi souvent qu’il le désire, le phalangiste fait sienne la prière de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus de la Sainte Face : « Restez en moi comme au tabernacle, ne vous éloignez jamais de votre petite hostie. »

4. Le moyen de cette union constante avec le Ciel est pour lui le chapelet, comme une “messe de la Sainte Vierge”, tant les formes et les pensées du Saint-Sacrifice de la messe épousent celles des quinze mystères du Saint Rosaire. Pour lui, la prière à Marie est comme l’Eucharistie, le pain spirituel du pauvre, voulant, en chaque Ave Maria, par son offrande spontanée et généreuse, ne faire plus avec Jésus qu’un Cœur et qu’une Hostie, pour son salut et celui du monde entier, et pour la consolation de la Vierge Marie sa Mère.

POINT 35 : LES SACREMENTS 
II. « JE SUIS TOUTE MISÉRICORDIEUSE »

Dans le grand combat qui oppose les deux Cités, le phalangiste est sans cesse sollicité par le Diable en son âme et en sa chair. Puisque Dieu l’a ainsi permis, il demeure durant sa vie terrestre à la fois un mystique par l’abondance et l’élévation des grâces qu’il reçoit, et un pénitent par les fautes qu’il commet, les unes légères, d’inadvertance et de fragilité, les autres graves ou même mortelles dans lesquelles il tombe et retombe. Et même s’il est exempt de crimes, il confesse à Dieu tout-puissant et miséricordieux avec sainte Thérèse : « Toutes nos justices ont des taches à vos yeux. » Par la « pénitence » réclamée à grands “ cris ” par l’ange du “ troisième secret ”, le 13 juillet 1917, et par Lucie elle-même le 13 octobre, le phalangiste demande à Dieu de le revêtir de sa « propre justice ».

1. Le Christ a en effet institué la confession, sacrement de rédemption individuelle, sacrement de miséricorde et de pardon, d’indulgence et de réconciliation offert aux pécheurs quel que soit leur état de déchéance, pourvu qu’ils le veuillent, par lequel ils retrouvent la Vie divine, se réconcilient avec leur très chéri Père du Ciel, leur frère aîné Jésus-Christ et restaurent leur intimité avec l’Esprit-Saint dans le Cœur Immaculé de Marie leur Mère.

Entendant le pressant appel à la pénitence de Notre-Dame de Fatima pour notre temps impie et jouisseur, le phalangiste veut résolument ne pas offenser davantage Dieu Notre-Seigneur, « car Il est déjà trop offensé », en entrant dans son dessein de miséricorde, par le Cœur Immaculé de Marie, « à qui Dieu voulut confier tout l’ordre de la Miséricorde ».

2. Car l’Immaculée est la “toute-puissance suppliante”, la dispensatrice du Précieux Sang du Christ qui seul a la vertu d’effacer les péchés. C’est elle qui conduit à son Fils tous les pécheurs : chaque conversion, chaque sanctification est l’œuvre de la grâce dont elle est la médiatrice.

Inséparable de son Fils, c’est elle qui est à l’œuvre dans le confessionnal, petite barrière blanche de Notre-Dame, pour demander au pécheur pénitent son billet, son billet de confession, et personne n’aura le front de sauter par-dessus le portillon en ignorant cette si bonne Mère qui se plie à ce travail incessant avec tant d’amour. La crainte salutaire est celle de lui déplaire : telle est la dévotion réparatrice.

Lorsque le prêtre donne l’absolution, corédemptrice, elle est là pour dispenser la grâce et elle convertit les âmes. Dieu, dans sa bonté infinie, a constitué sa Mère trésorière de toutes les grâces. C’est seulement par elle qu’elles se déversent sur le monde. C’est pourquoi « Chacun peut devenir un saint et un très grand saint avec l’aide de l’Immaculée : il suffit seulement qu’il le veuille. » (saint Maximilien-Marie Kolbe)

POINT 36 : LES SACREMENTS 
III. LE DON DU SAINT-ESPRIT

L’Esprit-Saint est donné à l’Église, Corps mystique du Christ, en tous ses membres vivants, par la médiation du Cœur Immaculé de Marie, tabernacle du Saint-Esprit. Chaque fidèle le reçoit à la confirmation avec l’abondance de ses sept dons. Elle arme et équipe le chrétien pour les luttes et les combats de ce monde. C’est l’enrôlement dans la milice chrétienne. C’est pourquoi il devrait être présenté à l’évêque, comme à un chef de cette armée, par un autre déjà enrôlé dans la milice chrétienne, son parrain.

1. Déjà par le baptême, le chrétien est illuminé d’En-Haut afin de croire à l’Église, à sa Tradition vivante et aux saintes Écritures qu’elle lui explique, afin de reconnaître dans l’Église la manifestation du Christ Jésus et de son Père, afin de recevoir de l’Église la vie des sacrements et toute aide surnaturelle par la Médiation de l’Immaculée.

2. Afin de comprendre, aimer, aider davantage, le phalangiste a reçu le sacrement de confirmation et, par ce don de l’Esprit-Saint, les lumières et les énergies nécessaires à un engagement plus dévoué au service de Dieu et au service de ses frères. Dès lors, il est catholique non seulement “pratiquant”, pour obtenir la grâce sanctifiante et la vie éternelle, mais “ militant ” dans la communion des saints, prenant sa part des soucis, des labeurs et des périls de l’Église, pour consoler, aimer et servir le Cœur Immaculé de Marie.

3. Le phalangiste aime à retrouver l’enthousiasme premier et à « raviver le don de Dieu qui lui a été fait par l’imposition des mains» de l’apôtre, c’est-à- dire de l’évêque qui l’a confirmé (2 Tm 1, 6). Certains rites sacramentels, officiellement institués, comme la bénédiction du prêtre, signifient cet appel à un engagement nouveau, plus profond, plus généreux, en vertu du don de l’Esprit, car il n’y a pas de fonction ou de charisme qui ne vienne de l’Esprit-Saint, par le Cœur Immaculé de Marie.

Le renouvellement quotidien de son acte de consécration à l’Immaculée Conception sera pour le phalangiste le lieu habituel du renouvellement de son allégeance à sa Reine et à son service. Car c’est pour avoir oublié l’inhabitation de l’Esprit-Saint dans la très Sainte Vierge Marie que trop de chrétiens actuels font de lui le « grand méconnu » et se soustraient à ses inspirations.

4. Le phalangiste trouvera dans le réveil de l’Esprit-Saint en lui, par les rites sacramentels de l’Église et la récitation quotidienne du chapelet, sa sanctification constante ; il recevra de ce même Esprit par l’Immaculée sa place dans la grande Église, comme un organe habilité à des activités précises et utiles au sein de l’organisme catholique dont l’Esprit-Saint est la vie.

POINT 37 : LES SACREMENTS
IV. L’ENGAGEMENT PHALANGISTE

Par sa propre restauration de l’Alliance entre Dieu et Israël, mais « d’une manière plus admirable encore » que n’avait été la première grâce, non plus charnelle et raciale, mais spirituelle et universelle, le Fils de Dieu, Dieu lui-même, consomme son mariage sacramentel avec l’Immaculée sur le sommet du Calvaire pour enfanter l’humanité rachetée le jour de la Pentecôte.

1. Ainsi fonde-t-il le sacrement de mariage par lequel il donne à tous les chrétiens, membres de son Corps, l’exemple de ce que doit être tout mariage, avec les énergies nécessaires à l’accomplissement de cette vocation particulière pour la conservation et l’accroissement de son Église, participant ainsi à ses propres œuvres divines.

Sur la Croix, en faisant de la religion un mariage, Jésus-Christ a fait du mariage une religion, instituant le sacrement de mariage. Dès lors, chaque chrétien, chaque chrétienne appelés au mariage, ont vocation d’être l’un à l’autre comme le Christ et la Vierge Marie, participant l’un à l’amour du Christ et l’autre à celui de Marie dans leur union sainte et féconde.

Ainsi les familles, dans leur condition séculière, mais transfigurées par la grâce, sont appelées à devenir, « à l’image de Dieu et à sa ressemblance », image de la Sainte Trinité par l’union intime et stable des personnes qui la composent selon les relations mêmes de Jésus et de Marie, auxquels s’identifient l’époux et l’épouse, sous le regard de Dieu créateur, procréant avec Lui de nouveaux êtres destinés à devenir enfants de Marie et membres de l’Église, élus du Ciel.

2. Il est pourtant une vocation meilleure, un appel à une vie plus parfaite selon les conseils évangéliques, sous l’inspiration certaine de l’Esprit-Saint, par amour de Jésus-Christ et de sa sainte Mère. Les vœux religieux sont la réalisation la plus parfaite possible en ce monde des deux institutions naturelles primordiales, celle de la religion et celle du mariage, identifiées l’une à l’autre, réalisées l’une par l’autre dans le mystère de Jésus-Christ, Dieu fait homme, Dieu offert à sa créature comme objet tangible de sa religion, de son adoration et de son culte, homme resplendissant de beauté, de sainteté et de perfection, offert au cœur qui s’est donné à lui pour lui vouer un amour sans partage...

Les ordres religieux attirent ainsi à eux, de la masse fidèle pratiquant dans le monde la religion commune, les êtres que Dieu a choisis pour leur donner le privilège d’une vie plus consacrée à Lui, plus parfaite et immanquablement plus féconde. Loin d’appauvrir la communauté chrétienne à laquelle ils paraissent enlevés, ils l’enrichissent des trésors de leurs prières, de leurs mérites, de leurs exemples, de leur aide. Modèles de vie contemplative, encourageant à l’héroïsme des vertus, par leur charisme d’enseignement, de dévouement, de zèle apostolique, ils sont un ferment indispensable dans la pâte chrétienne.

3. Les tiers ordres et instituts séculiers sont le prolongement et comme les ramifications innombrables des grands instituts de perfection. Leurs membres, en effet, reçoivent de ceux-ci l’impulsion spirituelle nécessaire à l’observation des conseils évangéliques et à la recherche de la perfection, pour les exercer jusque dans le monde au sein du peuple chrétien et dans toutes les conditions et activités temporelles.

La générosité native des baptisés, des confirmés, des communiants, est une énergie divine en eux qu’il suffirait de protéger, d’entretenir, de bénir, pour qu’elle produise une élévation du peuple chrétien, la chasteté dans les familles, une fécondité incomparable par lesquelles les catholiques se sont toujours distingués du monde païen, sensuel et débauché, au milieu duquel ils doivent vivre.

Ainsi la Phalange de l’Immaculée sera le tiers ordre des Petits frères et Petites sœurs du Sacré-Cœur qui lui donneront lumière et énergie pour son action, selon l’esprit du frère Charles de Jésus, le Père de Foucauld, et du frère Georges de Jésus-Marie, l’abbé de Nantes, son fondateur.

POINT 38 : TENDRE DÉVOTION AU CŒUR IMMACULÉ DE MARIE

Le phalangiste se sait et se sent indigne, « pauvre pécheur et âme pécheresse ». Mais consacré à l’Immaculée Conception « à qui Dieu voulut confier tout l’ordre de la miséricorde », il entend pour lui la parole de l’Ange à Lucie, François et Jacinthe : « Les Saints Cœurs de Jésus et de Marie ont sur vous des desseins de miséricorde. »

Ces paroles sont pour lui comme une lumière qui lui font comprendre qui est Dieu, combien Il nous aime et veut être aimé de nous, la valeur du sacrifice et combien celui-ci Lui est agréable, comment, par égard pour lui, Dieu convertit les pécheurs. C’est pourquoi, sans tarder, le phalangiste veut commencer à offrir tout ce qui le mortifie, sans pourtant chercher absolument à s’imposer de grandes mortifications ou pénitences, mais en veillant à l’exact accomplissement de son devoir d’état et des « petites demandes » de sa Mère du Ciel.

1. La pratique du chapelet a été instituée par une volonté expresse de Notre-Dame de Fatima, sans passer par l’Église hiérarchique. À chacune de ses apparitions, elle a dit : « Récitez le chapelet tous les jours.» Le phalangiste sait que cela est nécessaire, puisqu’il s’agit d’une volonté de la très Sainte Vierge, et du moyen premier du règne de Dieu dans nos cœurs, pour obtenir toute grâce et le Paradis au jour de notre mort.

Notre très chéri Père Céleste le veut ainsi selon sa volonté de bon plaisir qui nous est signifiée avec insistance depuis cent ans. Le phalangiste veut y répondre, d’abord parce que « cela fait plaisir au Bon Dieu ».

Cependant, à mesure qu’il se prête à cet exercice de piété filiale, le mystère du sens de cette récitation se change en une lumière diffuse, produisant un début de paix et de bonheur céleste. Car le chapelet est l’instrument qui fait du phalangiste un instrument de la Vierge.

Avec notre Père, il prend la liberté de réciter le chapelet d’une manière plus tendre, en changeant “ Je vous salue Marie ” en “ Je vous aime ô Marie ! ” qui incendie son cœur. Autant d’Ave, autant d’actes d’amour, comme d’un enfant qui couvre sa mère de mille baisers pour la consoler de tant d’injures que lui font ceux qui ne l’aiment pas.

2. Lorsque saint Louis-Marie Grignion de Montfort couvre de baisers sa petite statue de la Sainte Vierge sculptée par lui-même, cette expression de sa dévotion est une véritable communion en vertu de la communion des saints. Par ces pieuses pratiques, le dévot de Marie en vient à voir, entendre, adorer, savourer, toucher la Sainte Vierge, Jésus-Christ lui-même. C’est le début d’une très amoureuse piété et d’un grand progrès spirituel pour le phalangiste dont la piété est ainsi empreinte de tendresse, parce que Dieu créateur et miséricordieux permet qu’au moment où il manifeste sa dévotion, celle-ci atteigne l’objet de son adoration, de sa piété, de sa dévotion. C’est l’apprentissage du Ciel.

POINT 39 : CONTRE LE VERTIGE DU SAVOIR HUMAIN, L’HUMILITÉ

1. Le phalangiste pratique le commandement du Seigneur qui est celui de la charité, vers lequel tend tout son être vivifié par la grâce. Le phalangiste se sait fils de Dieu, tourné vers son Père Céleste, vers Jésus-Christ son Sauveur, vers l’Immaculée Conception sa Mère et la source d’où jaillit l’Esprit-Saint. Ses relations verticales le tournent alors d’un même élan vers son prochain, et le conduisent à l’amour de ses frères humains. Ainsi, à l’origine de toute charité est l’amour filial du baptisé pour son Père. Cela l’arrache à l’autosatisfaction que toute la philosophie moderne inspire à l’homme qui se veut personne libre autonome et indépendante en face de son Créateur.

Il n’y a pas d’amour de Dieu parfait sans la grâce de Jésus-Christ par le Cœur Immaculé de Marie, ni d’amour de Jésus-Christ et de sa Mère sans amour du prochain. Et tout homme est, au moins en espérance, chrétien notre frère. Car Jésus a fait de son exemple une loi, lui qui aima le premier qui ne l’aimait pas encore, lui qui nous aima du plus grand amour, donnant sa vie en rançon afin de nous avoir pour frères.

Cette divine charité va du Sauveur aux hommes rachetés par son Sang, de l’innocent au criminel, du plus proche au plus lointain, jusqu’aux plus pauvres, aux plus délaissés des infidèles, à tout homme et même à l’ennemi le plus cruel.

2. L’obstacle à la charité est l’orgueil, de race, de caste, de supériorité. Le salut appartient aux humbles, à ceux qui se savent objets de miséricorde et qui, eux-mêmes, font miséricorde ; il est refusé à ceux qui dressent des murs et se retranchent dans leur suffisance, séparés des autres hommes, donc de Dieu. Il n’y a plus, depuis Jésus-Christ, de peuple élu, de race messianique, de caste des parfaits, des purs, des sages ; il n’y aura jamais de surhommes. Pharisiens de jadis, stoïciens et cathares d’avant-hier, nietzschéens d’hier, élitistes d’aujourd’hui, tous ceux qui se déclarent d’un sang, d’un peuple, d’une culture, d’une classe supérieure, élus, sans besoin de rédemption, sans devoir de miséricorde et de pitié, sans communion de charité chrétienne, encourent la malédiction éternelle.

La dévotion au Cœur Immaculé de Marie peut seule détourner la créature de ce fol orgueil qui la pousse à se dresser des autels à elle-même, en lui montrant que l’accomplissement de sa vocation d’enfant de Marie commence par l’humble reconnaissance de son néant et la docilité confiante qui conviennent à sa condition filiale toute en attente de la volonté de Dieu.

3. Alors le phalangiste, reconnaissant les dons qu’il a reçus de Dieu par sa naissance et la grâce de son baptême, se complaît dans l’humilité, vertu chrétienne et promesse de béatitude. Il fait fructifier les talents que son Maître lui a confiés, avec magnanimité, dans la vocation que Dieu a choisie pour lui, au service de ses frères humains, dans la miséricorde et, selon la parole et l’exemple du Christ, dans le pardon des injures, suprême marque d’amour fraternel.

POINT 40 : CONTRE L’AMBITION DU POUVOIR, LA PAUVRETÉ

Le phalangiste, disciple du Christ, ne vit plus pour ce monde qui passe, mais pour le royaume à venir. Il sait que le service de ce royaume exige de lui le détachement. Le Christ n’a-t-il pas été entouré et traqué, finalement « élevé de terre » par des hommes ambitieux et cupides, Judas, Caïphe, Hérode, Pilate ? Il sait que le mal du monde est dans la frénésie du pouvoir, l’ambition de la puissance et des honneurs, la recherche effrénée de l’argent qui y conduit. Il a entendu le Seigneur maudire « Mammon » qui le personnifie : « Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent. » (Mt 6, 24) Il recueille cette insistante leçon de son maître et la met en pratique.

1. À côté des disciples qui, pour le royaume des Cieux, vendent tous leurs biens et en distribuent le fruit aux pauvres, les serviteurs de Dieu qui demeurent dans le monde n’ont point d’ambition ni de cupidité et tiennent à honneur de rester chacun dans sa condition, sans chercher à s’élever, sans déchoir. Le phalangiste s’inspirera de cette tradition de civilisation chrétienne hautement vertueuse et administrera son patrimoine pour le bien des siens et l’utilité de tous, sans y attacher son âme.

2. Mais l’esprit évangélique ira beaucoup plus loin, en lui interdisant de céder aux appétits dépravés qui agitent les hommes de ce temps et ébranlent les fondements de la civilisation, en faisant des honneurs mondains, de la participation au pouvoir, de l’accumulation de la richesse les principes même de la politique et de l’économie, pour ne pas dire les lois suprêmes de la morale humaine !

Le phalangiste repoussera tous les systèmes qui mettent au premier plan de la vie la recherche des honneurs, l’exaltation du pouvoir, la valeur de l’argent.

3. Et la Phalange elle-même, en contradiction avec ces passions mondaines, s’appliquera à pratiquer une stricte pauvreté évangélique. Elle vivra de la générosité de ses membres, sans tomber sous la tutelle d’aucune puissance. Elle n’accordera à ses chefs et à ses serviteurs les plus dévoués ni honneurs mondains ni participation à sa direction par flatterie au risque d’y aliéner son indépendance.

Ainsi demeurera-t-elle fidèle à l’esprit évangélique en travaillant à instaurer et à fortifier les institutions et les pouvoirs politiques et sociaux qui sont les plus indépendants de la tyrannie de l’argent ; elle-même ne sera jamais un moyen d’accéder aux honneurs, au pouvoir, aux sources de la fortune. Car le Maître n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et non pas pour dominer, mais pour connaître l’abjection et l’humiliation du pauvre.

POINT 41 : CONTRE LES FRÉNÉSIES DE LA CHAIR, LA PURETÉ

Le Christ a pardonné facilement aux pécheurs et toutefois c’est au prix d’une cruelle passion et de l’effusion de son Sang qu’il a expié leurs crimes. Ainsi inaugurait-il par son exemple et celui de sa Sainte Mère, ce changement de la vie, cette création nouvelle après laquelle les peuples païens et les peuples apostats soupirent en vain : où la chair et le sang sont la matière d’un sacrifice perpétuel agréable à Dieu, pour le salut du monde. Une nouvelle existence spirituelle commençait, dans la chair, terrestre, temporelle, et cependant maîtrisée, sanctifiée, purgée de toutes ses fièvres, comme déjà ressuscitée, transfigurée.

1. Le phalangiste participe à cette vie nouvelle. Loin de lui être un impossible fardeau, il aime, estime, et recommande la pureté que prescrit l’Église, à chacun selon sa condition. Et s’il tombe ou retombe en quelque faute, plus encore s’il a eu le malheur de s’exclure de la communauté des fidèles par quelque péché public, il en demande l’absolution pour rentrer en grâce auprès de son Seigneur et de ses frères, sans jamais contester la loi de l’Église et sans douter de la puissance surabondante de la grâce divine.

2. C’est pourquoi, dans toutes les communautés dont il est membre, le phalangiste voudra, exigera même, que soit proclamée et observée cette loi évangélique comme la loi même de la nature et de la civilisation humaines, rendue possible à pratiquer par tous grâce aux secours apportés par le Christ et distribués par l’Église.

Que si les « charnels » s’insurgent contre de telles exigences comme insupportables, au lieu de leur céder et de régler la loi de nos sociétés chrétiennes sur les mœurs païennes, le phalangiste affirmera que la loi conduit à la foi et la foi requiert la vie des sacrements, source de force et de grâce, par laquelle seule le commandement du Seigneur est doux et son fardeau léger, élevant les mœurs humaines à la perfection de sainteté des fils de Dieu, enfants de Marie.

3. Par-dessus tout, le phalangiste trouvera, dans le Cœur virginal de Marie, la source et l’aliment suave d’une pureté positive. C’est Elle, l’Immaculée Conception, qui guérit l’homme de toutes ses souillures, de toute luxure, de tout orgueil. Elle est la Colombe sans tache, innocente, fidèle et vaillante, inaccessible au tentateur. Il y a entre elle et le péché un abîme. Mère du Sauveur, Elle vient d’auprès de Dieu pour Lui donner Chair et réparer la souillure du péché originel.

Elle est vierge, elle est exempte de désirs terrestres, elle est belle pour Dieu et pleine de grâces pour ceux qui la contemplent. Ainsi Dieu a-t-il créé en l’homme le besoin d’aimer une femme pour lui donner la faculté d’aimer la Vierge Marie d’un amour irrésistible et, en elle, son Hôte mystérieux, l’Esprit-Saint, Dieu lui-même. C’est en elle seule que l’homme révolté, l’âme pécheresse, peut vaincre le diable, échapper au monde, garder la pureté de la chair et l’humilité de l’âme, l’ardeur du cœur.

La fidélité du phalangiste à l’oraison lui ouvrira cette porte de paix et de tendresse qui remplit le cœur du Père de Foucauld après sa conversion.

VERS LE TRIOMPHE DU CŒUR IMMACULÉ DE MARIE.

POINT 42 : VERS LA RENAISSANCE CATHOLIQUE MONDIALE

L’Église est tout ce qu’il y a de divin dans le monde ; et tout ce qui se trouve de divin dans le monde invisiblement vient à elle et déjà lui appartient. La Chrétienté, qui en est la projection temporelle, est l’œuvre sainte de Dieu dans l’histoire. L’incomparable passé de la geste chrétienne est le signe miraculeux de l’Alliance universelle et éternelle scellée par le Christ, avec son Père, en faveur des hommes pour le salut du monde. Tout ce qui vient s’y ajouter est inutile et incertain ou plus probablement satanique.

Le phalangiste, revenu des erreurs de notre temps, trouve en l’Église et en la Chrétienté le bonheur du paradis perdu et retrouvé, la saveur de la vie éternelle ; c’est le début du royaume de Dieu dont l’achèvement est au Ciel.

1. Le passé de la Chrétienté nous sert de modèle et de règle. Car Dieu a fait là ce qu’il a voulu et ce que l’avenir ne doit pas substantiellement changer, mais tâcher de parfaire. Qui n’en voit pas la beauté, le bien, la vérité, méprise Dieu, ignore Jésus-Christ, se retranche de l’Église et trahit la Chrétienté. Le phalangiste trouve là ses racines, il s’émeut de cette longue histoire et de ce grand labeur, il en recueille tous les enseignements, il aime à en sauver les moindres traces.

2. Son présent montre des hommes, des peuples, des cultures de traditions et de valeurs très diverses, que le phalangiste apprécie selon le critère souverain de leur fidélité à l’héritage divino-humain du Christ et de l’Église : selon leur degré d’imprégnation et de vitalité chrétiennes. Il les aime et les aide d’autant plus que Dieu, le Christ et sa Sainte Mère s’y trouvent plus honorés, mieux montrés, plus généreusement servis et imités de plus près.

3. L’avenir doit résulter de ce culte du passé et de ces affinités présentes. Il n’est question pour le phalangiste que de continuer cette geste divine, quitte à déplorer les erreurs et les faiblesses des hommes qui ont occulté la sainteté et retardé la croissance de la Chrétienté, mais sans se troubler ni se scandaliser des humiliations, trahisons, persécutions que Dieu a permises tout au long de l’histoire, pour configurer l’Église et ses saints aux mystères douloureux du Christ et de sa Mère bénie.

Dans la même ligne, fidèle aux traditions, le phalangiste espère cependant voir de ses yeux les merveilles annoncées par tant de prophéties : le triomphe du Cœur Immaculé de Marie et par lui de l’Église universelle, l’extension de la Chrétienté à toutes les nations, et le règne du Christ sur la terre.

POINT 43 : L’EXTENSION DU ROYAUME DE DIEU

« Allez enseigner toutes les nations, les baptisant au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à pratiquer tout ce que je vous ai enseigné. Et moi je suis avec vous jusqu’à la fin des siècles. » (Mt 28, 19-20) Fidèle à l’ordre du Christ, poussée par l’Esprit-Saint et conduite par l’Immaculée, l’Église doit prêcher l’Évangile dans le monde entier, baptiser les nations et leur apprendre à mettre en pratique les commandements et les conseils du Seigneur. Ainsi a-t-elle le droit souverain et le devoir absolu de s’introduire partout et, par conséquent, d’étendre la Chrétienté au monde entier, pour faire de toutes les nations le royaume de Dieu.

Cela représente trois grandes œuvres concourantes, convergentes, que libéraux et révolutionnaires ont affreusement opposées les unes aux autres, qu’ils ont calomniées et enfin cyniquement trahies.

1. La mission des prédicateurs de l’Évangile a toujours été et doit demeurer la fonction et le charisme d’un corps d’élite dans l’Église, admiré et envié par tous les bons chrétiens, aidé de leurs prières et de leurs biens, aguerri pour cette tâche apostolique périlleuse que domine constamment la pensée du martyre : les missionnaires. La charité du Sauveur pour les âmes qui gisent encore dans les ténèbres, les presse, mais plus encore la plainte maternelle de la Vierge de Fatima, appelant à arracher à l’enfer les âmes de ses enfants. C’est pourquoi le missionnaire voudra en premier lieu répandre dans le monde la dévotion à son Cœur Immaculé, gage d’une moisson abondante.

2. La colonisation chrétienne est la suite normale, dans l’ordre temporel, de l’évangélisation. Sous quelque forme qu’elle se présente, elle est incontestablement providentielle, nécessitée et appelée par les immenses besoins des païens accédant à la vie en Chrétienté, plus encore que voulue par les chrétiens venus de loin pour s’établir parmi eux ou pour les dominer. C’est un fait historique constant, contraire aux chimères d’une fausse charité égalitariste et subversive dont l’effet le plus clair a été de détruire les nouvelles chrétientés et d’anéantir les missions, visées à travers la colonisation abhorrée.

Le zèle spirituel a toujours été précédé, accompagné, suivi d’une charité temporelle, personnelle et collective, fondant des liens et des institutions politiques et économiques, empreints d’esprit chrétien et dans cette mesure même heureux et bénis par Dieu.

3. La Croisade protège et garantit la mission et la colonisation. Elle est une défense de la Chrétienté établie, elle est une menace pour les tyrans qui feraient obstacle à l’Évangile et persécuteraient les missionnaires et leurs nouveaux chrétiens, elle est parfois décrétée pour la destruction des pouvoirs persécuteurs et esclavagistes qui interdisent la prédication de l’Évangile et l’instauration pacifique des mœurs chrétiennes, parce qu’ils font régner une terreur sanguinaire sur des peuples sans défense.

La Croisade chrétienne est un droit sacré, un droit de guerre dont le Souverain Pontife est le maître, mais dont Notre-Dame du Rosaire est la générale en chef.

POINT 44 : VERS UNE NOUVELLE CHRÉTIENTÉ SOUS LE SIGNE DE FATIMA

Le phalangiste considère que les temps sont proches d’un échec définitif de la puissance de l’Antichrist et de la chute de sa Contre-Église rationaliste et révolutionnaire. Au milieu de quelles catastrophes et à quel prix ces gigantesques effondrements ? Dieu le sait. Le disciple du Christ apprend de lui à ne pas s’en troubler, attendant l’avènement d’une nouvelle Chrétienté consécutive au triomphe promis du Cœur Immaculé de Marie, ou plutôt d’une nouvelle époque de la Chrétienté devenue universelle et victorieuse de tous ses ennemis.

1. Après la prise de la Jérusalem juive (70) et la chute de la Rome païenne (476), s’édifia lentement une première Chrétienté orientale et occidentale qui dura mille ans. Cette Chrétienté dite “médiévale” fut le triomphe éclatant de la foi chrétienne, de l’ordre, de la civilisation évangéliques sur toute barbarie. Après la défection de l’Orient schismatique et la chute de Constantinople (1453), puis l’effroyable déchirure de la Réforme protestante (1517), l’Église de la Renaissance et de la Contre-Réforme maintint et étendit au monde entier la foi catholique et la discipline de l’Église, avec force contre les ennemis du Christ déchaînés, avec une incomparable séduction exercée sur les nations païennes invinci­blement attirées à sa lumière.

2. Le Mystère d’iniquité de l’Âge moderne se déploie agressivement au sein même de la Chrétienté ; c’est en son centre le plus fidèle, dans le monde latin cette fois, que s’élèvent l’hérésie et la discorde, la révolution contre la foi catholique et tout l’ordre humain.

Contre l’orgueil des réformateurs, saint Pie X rappelait énergiquement : « Dans ces temps d’anarchie sociale et intellectuelle, où chacun se pose en docteur et législateur, on ne bâtira pas la cité autrement que Dieu ne l’a bâtie ; on n’édifiera pas la société, si l’Église n’en jette les bases et ne dirige les travaux ; non, la civilisation n’est plus à inventer ni la cité nouvelle à bâtir dans les nuées. Elle a été, elle est ; c’est la civilisation chrétienne, c’est la cité catholique. Il ne s’agit que de l’instaurer et de la restaurer sans cesse sur ses fondements naturels et divins contre les attaques toujours renaissantes de l’utopie malsaine, de la révolte et de l’impiété : Omnia instaurare in Christo. » (Lettre sur le Sillon, n° 11)

Il faut tout restaurer dans le Christ, et par le Cœur Immaculé de sa Mère Médiatrice.

3. La chute de ces idéologies et pratiques insensées, catastrophiques et inhumaines qui régissent le monde aujourd’hui, viendra. Alors les milliards d’êtres humains qui habitent la terre, dans l’effondrement des puissances de ce monde et libérés du joug de Satan, déçus des faux dogmes de l’humanisme matérialiste athée d’Orient et d’Occident, tourneront leurs regards vers Celle dont ils ont transpercé le Cœur Immaculé, y puisant leur rédemption et celle du monde entier.

POINT 45 : ŒCUMÉNISME CATHOLIQUE ET MARIAL 
I. ORIENT ET OCCIDENT

L’Église, une, sainte, catholique, apostolique et romaine est incontestablement le lieu de la foi et de la vie chrétiennes les plus universelles, tant pour sa doctrine et pour sa sainteté multiforme que par son application aux réalités temporelles et son extension au monde entier. C’est pourquoi « le sort de la Russie, des Slaves et du monde entier dépend de la nécessaire réunion des Églises », comme l’avait si bien compris Vladimir Soloviev, inspiré par sa mystérieuse Sophia.

1. La première étape d’une renaissance chrétienne consistera en la « réforme en sa tête et en ses membres» de l’Église romaine infestée par les démons de la Réforme et de la Révolution, moyennant un concile Vatican III réparateur. Pour qu’enfin les hommes d’Église se réforment eux-mêmes selon l’Esprit-Saint qui anime l’Église, renonçant à leur esprit propre tout infecté de modernisme et de progressisme. C’est de Rome que doit venir le signal de cette conversion.

2. Par la conversion du Saint-Père obéissant aux demandes de Notre-Dame de Fatima, Dieu donnera salut et unité entière à son Église. La consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie voulue par Dieu, prononcée par le Saint-Père avec tous les évêques en communion avec lui, entraînera demain le retour des peuples schismatiques de l’immense Russie dans le sein de l’Église catholique. Saint Maximilien-Marie Kolbe n’a-t-il pas vu par avance « l’emblème de l’Immaculée flotter jusque sur le Kremlin» ?

L’histoire de ce peuple aimé de Notre-Dame de Fatima révèle cette prédilection et ce dessein divin providentiel, et permet de discerner ce que la Sainte Russie conserve de richesses religieuses pour évangéliser le monde, et les « erreurs » héritées de son schisme séculaire qu’il faut détester pour anticiper, en pensées et en prières, cette consécration au Cœur Immaculé de Marie, qui marquera l’ouverture d’une sainte paix dans tout l’univers, sous le règne universel du très saint Cœur Immaculé de Marie et du Sacré-Cœur de Jésus, et par eux, du Règne de Dieu.

3. À sa suite et dans l’élan de ce miracle céleste, les vieilles nations de Chrétienté se donneront elles aussi au Cœur Immaculé de Marie et, comme exorcisées, reviendront à leur tour de leurs erreurs. De Fatima renaîtra l’Europe catholique quand la Russie se convertira. C’est en France, la fille aînée de l’Église, consacrée à la très Sainte Vierge par ses monarques, que cet appel doit d’abord être entendu, pour passer aux nations catholiques européennes, latines, dont l’expansion coloniale et civilisatrice a fait les grands instruments du Christ-Roi et de Notre-Dame dans le monde.

Alors, l’Église, Orient et Occident réunis sous la bannière du Cœur Immaculé de Marie, engendrera spontanément, comme durant tous les siècles de sa longue histoire, une multitude de saints, de sages et de héros. D’immenses régions de la terre, encore païennes ou musulmanes, asiatiques, africaines, latino-américaines, en seront puissamment attirées à la lumière de l’Évangile, par la grâce qui jaillit du Divin Cœur de Jésus en passant par les mains maternelles de l’Immaculée.

POINT 46 : ŒCUMÉNISME CATHOLIQUE ET MARIAL 
II. MONDE JUIF, MONDE ANGLO-SAXON

1. La conversion des peuples germaniques et nordiques de leur luthéranisme, celle des peuples anglo-saxons de leur calvinisme anglican, puritain, etc., au catholicisme présentera des difficultés considérables. Le libre examen originel a donné lieu à deux attitudes intellectuelles absolument étrangères et contraires à la foi catholique : le subjectivisme libéral, aboutissant généralement à un pragmatisme sans dogme ni morale, et l’idéalisme totalitaire, fabriquant en série des fanatismes idéologiques et des collectivismes inhumains.

La conversion des nations protestantes au Credo catholique et à l’ordre romain, leur insertion dans la Chrétienté seront donc très difficiles. Mais à l’heure du triomphe du Cœur Immaculé de Marie, ce qui paraissait impossible se réalisera avec une facilité déconcertante. « Églises de Paul », comme on les a dites, terres des Gentils pour être plus vrai, leur renoncement aux erreurs des divers protestantismes et leur réunion aux Églises de Pierre et de Jean, provoqueront une soudaine explosion de vie et de mission, présageant l’expansion de la Chrétienté au monde entier.

Cependant, la place prise par le judaïsme et son instrument de règne, la franc-maçonnerie, dans le monde anglo-saxon porte à subordonner cette conversion à celle, combien plus mystérieuse, du peuple juif lui-même au Christ, son Messie et son Roi éternel.

2. Car le drame majeur, le plus profond, celui qui traverse toute l’histoire, demeure l’endurcissement du peuple juif déicide. Il y a là un fait de haine et d’aveuglement, générateur de toutes les Contre-Églises, hérétiques et schismatiques.

Pour les enfants de ce peuple qui fut jadis son préféré, Yahweh fera descendre sur eux aussi, mais en baptême de vie et de rédemption, le Sang qu’autrefois ils appelaient sur leurs têtes. Dieu accomplira la régénération spirituelle de son peuple en tournant son cœur charnel vers le Sacré-Cœur de son Fils crucifié, leur Messie, et vers le Cœur Immaculé de Marie, « Fille de Sion », Colombe très belle de l’Esprit Paraclet.

Alors comme Saul sur le chemin de Damas, ivre de foi, de joie et d’amour, ce peuple adultère reviendra à son Époux céleste.

3. Le phalangiste saura donc sagement combattre sans esprit de conciliation le judaïsme talmudique, religion antichrist dans son essence, la puissance raciale juive, ennemie jurée de la Chrétienté, sans renier pour autant le judaïsme biblique, source première et garantie indiscutable de notre foi, porteur d’une immense espérance pour son propre salut, lors de sa conversion dernière à la Vierge Immaculée, Mère de son Messie, selon les Écritures.

POINT 47 : QUE LE NOM DU PÈRE SOIT SANCTIFIÉ

Le phalangiste, dans la plénitude de sa foi, connaît, adore et aime notre très chéri Père Céleste par Jésus-Christ dans le culte que lui rend, dans l’Esprit-Saint et le Cœur Immaculé de Marie, la véritable et unique Église. Ainsi est-il déjà dans la vie éternelle où le baptême l’a introduit et dont l’Eucharistie est la nourriture de sainteté et d’immortalité.

1. L’essentiel de ses pensées et de son activité est une hymne de reconnaissance au Père qui le pose dans l’être à chaque instant, pour que sa chétive créature lui rende amour pour Amour, adoration pour Gloire. Là est le véritable théocentrisme, la théandrie dans laquelle la créature est toute tournée vers son Créateur qu’elle sait infiniment aimant et aimable : « Notre conversation est dans le Ciel.» C’est pourquoi dès ici-bas, le comportement du phalangiste est céleste. Voilà sa recherche essentielle, la sagesse dont il savoure le fruit merveilleux, la vérité d’une religion intégralement vécue et d’une ampleur cosmique, le seul et vrai salut qu’il espère.

2. Cet accès à Dieu créateur et père de tous les hommes, le phalangiste le découvre dans la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, fille de Dieu et chemin qui conduit à Lui, Immaculée Conception qui reflète la beauté universelle, dont la Lumière « qui est Dieu» jaillit de ses mains et brille sur toutes choses, Sagesse fille et image révélatrice d’un Père toujours présent, toujours agissant, toujours se donnant à entrevoir, à aimer délicieusement et chercher encore.

3. Car le phalangiste sait que la volonté de Dieu, notre très chéri Père Céleste, est d’établir dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. Tel est le souci du Cœur de Dieu ; tel doit être celui du phalangiste de l’Immaculée, désireux d’abord de consoler ce doux Cœur de Marie par une ardente piété personnelle et publique. C’est dans ce Cœur qu’il reçoit sa première et principale vocation, terrestre et immortelle, surabondante de grâce et de fécondité pour lui et pour ses frères. Toute son existence, toutes ses actions et affections découleront de cet unique nécessaire et y ramèneront.

Afin que d’un pôle du monde à l’autre, une seule voix retentisse : Loué soit le divin Cœur de Jésus ! Aimé et béni soit le saint Cœur Immaculé de Marie ! À la Vierge Mère, à la Très Sainte et Glorieuse Trinité, amour, honneur et louanges dans tous les siècles de notre histoire et dans l’éternité.

POINT 48 : QUE LE RÈGNE DE JÉSUS-CHRIST S’ÉTENDE

1. Le phalangiste trouve dans sa foi mystique la raison de son espérance. Soulevé par cette espérance, il adhère et participe à l’immense drame divin qui court, de la chute de nos premiers parents, à notre salut par la Croix de Jésus-Christ, jusqu’à l’accomplissement plénier du dessein rédempteur dans son Corps mystique, l’Église, préparant son retour à la fin des temps.

Par sa confirmation, par les sacrements de l’Ordre ou de mariage, par les vœux et les divers engagements chrétiens qui constituent autant de sacramentaux, le phalangiste a conscience d’avoir reçu, dans cette création continuée du royaume du Christ, une mission, une fonction, un don. Le Ciel est promis au disciple du Christ, la gloire à l’Église de Dieu, un avenir à la Chrétienté ; encore faut-il entrer en possession de l’héritage par la constance, la fidélité. Pour que Son règne arrive, le moine devient missionnaire, le chrétien baptisé se change en militant confirmé, et parfois le prêtre, le chef de file ou le plus humble des phalangistes se retrouve soldat perdu de la cause de Dieu dans la mêlée universelle.

2. Le phalangiste espère, c’est-à-dire annonce avec assurance et voit venir le triomphe du Cœur Immaculé de Marie, préparant l’avènement du Royaume du Christ-Roi dans le monde. Les merveilles divines sont tellement supérieures à tout ce que réalisent ailleurs les hommes sans Dieu, que le progrès axial, universel de l’humanité est là et ne se trouve que là, frappant de caducité et d’impuissance toutes les tours de Babel. Rien ne se fait de beau, de bon, de vrai ailleurs, qui puisse ruiner les espérances du Royaume du Christ ; au contraire, tout y mène. Ce qui s’élève contre lui périra, empires, religions, gnoses, esthétismes. Seul il demeure et s’étend, annonçant le royaume éternel.

3. Bien plus, voyant le Christ Pantocrator conduire l’histoire, le phalangiste se sent protégé, orienté, soutenu et lancé au plus fort du combat, au plus vif du courant, appelé à rendre un beau témoignage au Christ vainqueur.

La Phalange à laquelle il appartient, animée d’une pareille espérance, loin de se lamenter sur l’époque et de regretter que le passé ne soit plus, regarde l’avenir, son projet de civilisation en main. Il lui faut implorer de l’Esprit-Saint une connaissance de plus en plus assurée de ce qu’il inspire à son Église pour son glorieux avancement. Et ensuite, se mettre à l’œuvre avec joie. Caritas Christi et Mariæ urget nos.

POINT 49 : QUE LA VOLONTÉ DE L’ESPRIT-SAINT
S’ACCOMPLISSE SUR LA TERRE COMME AU CIEL

Le phalangiste trouve dans sa foi et son espérance vives la lumière et la force de sa charité fraternelle, ressort de sa dure existence temporelle et prémices de son bonheur éternel. Car l’amour seul demeure. La philosophie et les sciences, la politique et l’économie, les techniques, la culture, les arts, les loisirs sont tout ordonnés à cette charité. Et il suffit.

1. Aussi le but de sa vie quotidienne est-il la perfection de l’amour. Et l’amour ne se prouve que par l’amour, par la pratique des vertus chrétiennes, effet de la grâce divine sans cesse renouvelée, rendue et augmentée par les sacrements de pénitence et d’eucharistie, par les sacramentaux et en particulier la récitation du chapelet, par la prière et les œuvres de miséricorde. Son idéal constant est de progresser dans l’amour de Dieu et de l’Immaculée, fidèle à l’Église, dévoué à ses frères, en paix avec tous, lui-même riche ou pauvre, en santé ou en maladie, entouré ou cruellement isolé, tranquille ou éprouvé, honoré ou proscrit, selon la volonté de Dieu, pour enfin mourir à l’heure que Dieu voudra, dans le Christ, fils de l’Église, muni du sacrement de l’extrême-onction pour la vie éternelle.

2. Mystérieusement, son abandon aux volontés de bon plaisir de son Père céleste et de sa Divine Mère le pousse plus loin, à courir au-devant de ce qui est le plus opposé à son bien apparent et immédiat, le plus contraire à sa joie terrestre, et à désirer davantage la pauvreté, la maladie, les échecs, les tribulations, les séparations, les persécutions pour la justice, le martyre pour le Christ !

La gloire de Dieu, la victoire du Seigneur Jésus, loin de pâtir de tels revers, semblent les appeler au contraire. « Ne fallait-il pas que le Christ souffrît pour entrer dans sa gloire ? » Le phalangiste accède à la suprême sagesse de l’Amour en acceptant le genre d’avenir et de mort que Dieu voudra pour lui, et déjà de mourir chaque jour pour ne plus vivre, lui, mais que vive en lui le Christ ! Dès sa jeunesse, le phalangiste consentira au sacrifice de sa vie, si Dieu le veult, pour le Christ, l’Immaculée Conception, l’Église, la Chrétienté, pour sa patrie, pour son roi, et aussi bien pour le moindre de ses frères humains.

POINT 50 : QU’ADVIENNE LE TRIOMPHE DU CŒUR IMMACULÉ DE MARIE !

Le phalangiste sait que ce n’est pas de nous, de nos projets, de nos journaux, de nos ligues et mouvements, que viendra le redressement désiré de l’Église, de la Patrie, de la civilisation entière ; nous n’en pourrions être ni les moyens proportionnés ni les causes nécessaires et suffisantes. Il ne s’agit pas non plus pour lui de faire le hérisson, d’appartenir à une communauté bien fermée au monde moderne et conservée dans la plus stricte orthodoxie et liturgie. La pieuvre libérale, démocratique, matérialiste, aura tôt fait de jeter ses tentacules aussi sur ces derniers îlots de résistance et de les vaincre.

1. Le phalangiste sait que son salut se trouve dans la consécration de lui-même et de tout lui-même au Cœur Immaculé de Marie. Aussi, il croit fermement que ce don total de son être, de ses actions et affections participe, pour sa modeste part, à l’œuvre du salut du monde et de ses frères. C’est par l’Immaculée, avec Elle et en Elle qu’il sera frère universel.

Il fait sien le programme de saint Maximilien- Marie Kolbe : « Il faut se dépouiller le plus vite de soi, ne rien garder pour soi, absolument rien : il faut que ce soit Elle qui fasse tout ; soyons son instrument... L’essentiel n’est pas de beaucoup agir selon notre idée, mais d’être entre ses mains. Elle seule peut le mieux réaliser la gloire de Dieu, alors que nous, nous gâtons beaucoup de choses. Tout dépend de notre parfaite docilité à son égard. Rien n’est plus parfait que l’union de notre volonté à la sienne. »

2. De vrais catholiques, gens pieux, fervents des Cœurs Sacré et Immaculé de Jésus et de Marie, récitant le chapelet, pénitents, de cette pénitence très particulière et essentielle qui consiste en l’immolation du devoir quotidien, voilà ce qui doit préparer le salut, ce salut qui vient du Ciel, avant, pendant et après les grands châtiments que le refus des demandes du Sacré-Cœur à sainte Marguerite-Marie, comme des demandes du Cœur Immaculé de Marie aux enfants de Fatima, attire sur le monde.

Voilà qui libère le phalangiste pour la prière, pour les pèlerinages, pour la méditation des promesses divines. Il aspire au triomphe du Cœur Immaculé de sa Sainte Mère, sachant qu’il lui faut suivre la procession et marcher au combat sous les étendards sacrés du Cœur Immaculé de Marie et de la Sainte Face de Jésus-Christ. Ainsi, la Contre-Réforme avançant sous le manteau tutélaire de Marie Immaculée sauvera le monde.

Car il faudra reprendre la mission, la colonisation et la Croisade, pour la protection et l’expansion de la civilisation chrétienne, pour l’amour du Christ et du Cœur Immaculé de Marie, et le salut temporel et éternel de tous les peuples.

Alors, après les grands ébranlements de ces temps apocalyptiques, la Chrétienté renaîtra, si belle, si vraie et si sage, si puissante enfin qu’elle conquerra le monde. Car le pied virginal de Marie écrasera la tête de l’antique serpent et l’Immaculée chassera le démon de la terre. Alors tous chanteront l’Amour miséricordieux du Christ et de sa Divine Mère !

frère Bruno de Jésus-Marie.