Il est ressuscité !

N° 251 – Janvier 2024

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


LA LIGUE

La Ligue

Révélation de l’Amour

DEPUIS un mois, dans  toutes les crèches, l’Enfant-Jésus nous tend les bras pour nous révéler humainement l’amour divin. Frère Bruno nous rappela ce mystère ravissant au cours de la messe de minuit, en nous lisant la Lettre à mes amis de Noël 1956 : Dieu n’a institué nos relations paternelles, fraternelles, filiales que pour nous préparer à comprendre la manifestation de Son amour. Toutes nos affections sont comme les étincelles de ce soleil divin qui paraît dans la crèche. « C’est pourquoi toute famille durant cette nuit de Noël éprouve une joie sainte ; elle sent grandir devant cette crèche son propre amour mutuel, ennobli et légitimé par la ressemblance qu’il a avec celui de la Sainte Famille et par son rôle d’initiateur à la connaissance de l’amour divin lui-même. »

Hélas ! Le Vatican a choisi précisément ce temps de Noël pour promouvoir des contrefaçons de nos saintes amours humaines. L’Enfant-Jésus trouvera-t-il encore des familles pour l’accueillir, des cœurs purs pour comprendre le langage humain de sa divine charité ?

Du moins, chez nous ! Les 6 et 7 janvier, nos amis ont convergé dans nos ermitages pour l’Épiphanie. En familles, petits et grands se sont pressés afin d’admirer les crèches et de donner leur baiser à l’Enfant-­Jésus.

Le soir, pour la méditation du premier samedi du mois, frère Michel commenta la crèche de la maison Saint-Joseph. Tout près de Jésus et Marie, dans l’étable, un santon de saint François d’Assise évoque le huitième centenaire de la crèche de Greccio. Quelques heures plus tôt, frère François avait célébré lui aussi cet anniversaire, en réhabilitant vigoureusement la véritable sainteté du Poverello contre tous ses faux disciples pacifistes, œcuménistes et écolos, jusqu’au pape François. Le mois prochain, frère Louis-Gonzague nous démontrera que notre Père fut au vingtième siècle l’authentique continuateur de la tradition franciscaine.

Plus loin, au pied du blason de la Visitation, saint François de Sales et sainte Jeanne de Chantal nous rappellent leur extraordinaire amitié qui nous a charmés cette année, comme une figure de l’unique Cœur de Jésus et Marie. Puis ce sont sainte Marguerite-­Marie et saint Claude la Colombière, par qui le Sacré-Cœur a poursuivi la révélation de son amour passionné pour les hommes.

« Ces unions des cœurs, conclut notre frère, au Ciel et sur la terre, ont été voulues par Dieu pour nous révéler que ce désir d’aimer et d’être aimé entre nous, parents, enfants, frères, sœurs, cousins, époux, épouses, amis, est en nous la plus grande et véritable ressemblance avec la Sainte Trinité qu’Elle-même nous ait donnée. Tous nos amours ne sont qu’une étincelle de ce brasier incandescent et éternel de la circumincessante charité divine et mariale. Dans notre époque épouvantable où l’impiété corrompt toutes les relations, où les familles sont divisées, les époux se séparent, les prêtres abandonnent leur vocation, les monastères se ferment, où la charité se refroidit partout, il est bon que nous ayons cette image pour ranimer nos cœurs ! afin que nous fassions du Cœur de Jésus et Marie la source unique de toutes nos amitiés, de nos amours, de nos fidélités fraternelles. »

LIBRAIRIE ÉDITION CRC

MÉMOIRES ET RÉCITS – TOME I. 1924-1943

1924-2024 : belle occasion de relire les délicieux souvenirs de notre Père.

Ces Mémoires et Récits de notre Père révèlent le cœur fidèle d’un enfant de l’Église : fidèle à ses parents, fidèle à l’enseignement des religieux qui l’ont formé, fidèle en amitié et, pour tout dire, fidèle à Notre-Seigneur Jésus-Christ, son Modèle unique, reçu chaque jour à la Messe.

Quelles pages délicieuses que ces récits de sa petite enfance à Toulon et de sa jeunesse au collège des maristes, débordantes d’une affection toujours vive. La France que notre Père restitue avec un indéniable style est encore belle, malgré le terrible combat qu’entrevoit l’enfant de douze ans. S’il se présente comme un enfant rebelle et tricheur, c’est pour mettre en valeur le salut qu’apporte la Sainte Eucharistie aux âmes pécheresses et communes, parmi lesquelles il se range humblement... Notre Père évoque aussi les vacances ensoleillées à Chônas où il aimait servir la Messe de monsieur le Curé, qu’il tentera d’imiter, lorsqu’il sera curé à son tour.

En 1938, le voici au pensionnat Notre-Dame de France, au Puy. Il faut lire les chapitres sur les Frères des Écoles chrétiennes ! C’est là que le jeune Georges de Nantes connaît sa vocation : il sera

moine-­missionnaire à la suite du Père de Foucauld. Dès lors, il poursuit sa formation dans un enthousiasme perpétuel, s’engageant dans la congrégation des Enfants de Marie, chez les scouts, et même... à la JEC.

En juin 1941, il passe le bac et son père lui impose deux années d’attente, avant d’entrer au séminaire. Après des études de philosophie en faculté à Lyon, il accomplit son service dans les “ Chantiers de jeunesse ” (1942-1943), où il adhère avec ardeur à l’idéal de la Révolution nationale. Enfin, le 1er octobre 1943, il quitte tout pour “ le plus haut service ” : il entre au grand séminaire d’Issy-les-Moulineaux.

Ainsi commence la vie de cette âme mystique et de ce cœur fidèle. Fidélité qui guidera jusqu’au bout sa vocation de moine-missionnaire. Moine : en fondant les Petits frères du Sacré-Cœur en 1958. Missionnaire : en renversant les idoles d’un monde redevenu païen.

1988 – 450 pages, 1 illustration en couleur – Prix : 23 €.

ACTUALITÉS

Le lendemain dimanche, frère Michel nous expliqua les Actualités de l’Église et du monde. Leur cohérence se laisse aisément voir, en particulier dans le discours de Noël du pape François : tant qu’il prêchera une religion naturaliste et progressiste, tant qu’il prônera le pacifisme au lieu du recours au Cœur Immaculé de Marie, le châtiment de la guerre sévira dans le monde.

En Arménie, nous assistons à la disparition tragique d’une des plus anciennes chrétientés du monde, submergée par l’islam. Or, le plus malheureux est que l’Arménie ne doit sa défaite qu’à elle-même. En particulier, depuis la “ révolution de velours ” de 2018, elle s’est laissé séduire par les sirènes libérales et atlantistes, se détournant de son allié russe. Abattue militairement, divisée politiquement, isolée diplomatiquement, sa situation est des plus précaire, en face d’un voisin azéri qui ne désarme pas.

En Ukraine, la Russie s’achemine lentement et sûrement vers sa victoire, mais à quel prix ! On parle de mille tués et blessés par jour...

Frère Michel commenta un entretien de Sergueï Karaganov, ancien conseiller du Kremlin, bien représentatif de l’esprit russe en général et de celui de Poutine en particulier, avec son fort et son faible. Le fort : sa résolution magnanime de sauver le monde de la corruption occidentale. Le faible : cette magnanimité russe n’a plus rien de religieux. Le Kremlin confond dans un même refus l’hégémonie capitaliste et la Chrétienté coloniale et missionnaire. En revanche, il se tourne avec une naïveté inquiétante vers la « Chine frère ».

À Gaza, enfin, sous prétexte de combattre les terroristes du Hamas, Israël cherche en réalité à éradiquer la population palestinienne. D’où la disproportion des moyens militaires engagés, afin de provoquer les dégâts les plus importants et de nombreuses victimes civiles.

CHRONIQUE DE LA RUINE DE L’ÉGLISE.

Dans un second temps, notre frère commença par rappeler le renversement de la constitution divine de l’Église que le Saint-Père est en train d’accomplir par son projet synodal : non plus une Église hiérarchique, mais un Peuple de Dieu où tous les baptisés se voient reconnaître une égale dignité et une égale inspiration du Saint-Esprit. De telle sorte que pour apprendre ce que veut l’Esprit-Saint, il faut interroger le peuple.

L’hérésie du Pape sur l’objet formel de la foi en l’Église se double ainsi d’une autre, sur le Saint-­Esprit. Mais Celui-ci n’est pas un ectoplasme, malléable et déformable à volonté, accessible à n’importe qui. Il est « le Témoin du Père et du Fils, envoyé par eux pour être le Paraclet, le Consolateur, l’Avocat, le  manager  de leur Église, de l’Église du Christ seule ! L’Esprit-Saint est lié au Corps du Christ et à son œuvre, visible, historique, hiérarchique. » (“ L’Église et l’Esprit ”, CRC n° 72, septembre 1973)

Malgré son illuminisme, François semble juger nécessaire de contraindre l’Esprit à souffler où lui le veut. De là son plan de manipulation dénoncé dès le mois de septembre par le cardinal Zen et, spécialement, l’ajout inopiné d’une seconde session de l’assemblée synodale, en 2024. Ainsi le Pape gagne-t-il une année supplémentaire pour vaincre toute résistance.

De là, aussi, la multiplication des réformes imposées par des motu proprio – quatorze en 2023 – dont le plus important, Ad Theologiam promovendam, programme un « changement de paradigme », une « révolution culturelle » de la théologie ! Il s’agit de renoncer à une théologie dogmatique, fondée sur la Révélation et la Tradition, pour imposer une théologie immanentiste, moderniste et progressiste, dite « contextuelle » et « sortante ».

De là, encore, les mesures de répression inouïes à l’encontre de Mgr Strickland ou du cardinal Burke, destinées à décourager toute opposition.

De là, enfin, l’épouvantable déclaration Fiducia supplicans, autorisant la bénédiction des « couples en situation irrégulière et des couples de même sexe ».

Pour comprendre comment une telle abomination peut être imposée par Rome, frère Michel rapprocha ce texte d’une autre déclaration : Dignitatis humanæ, la déclaration conciliaire sur la liberté religieuse. À partir du moment où l’on prescrit « qu’en matière religieuse nul ne soit forcé d’agir contre sa conscience ni empêché d’agir, dans de justes limites, selon sa conscience, en privé comme en public, seul ou associé à d’autres » ( n° 2), il est interdit d’empêcher les désordres moraux que le Vatican impose aujourd’hui.

Il est donc impossible de s’opposer efficacement aux réformes de François et en particulier à Fiducia supplicans en invoquant Vatican II, puisque leurs principes sont inscrits dans les Actes mêmes du Concile !

Cela dit, cette dernière déclaration est l’occasion d’une révélation des cœurs dans l’Église : les membres les plus sains rejettent ce texte immoral ; un ventre mou croit pouvoir jouer de ses ambiguïtés hypocrites ; beaucoup d’évêques, spécialement en Europe de l’Ouest, s’en déclarent très satisfaits.

Autre clarification salutaire : les lois et décisions abominables que le Pape est en train de prendre font clairement voir le bout de la queue du diable dans ce projet synodal, destiné à détruire l’Église. Aussi frère Bruno, en conclusion, ranima notre Sainte Espérance dans le triomphe prochain du Cœur Immaculé de Marie en nous rappelant le figuratif de Judith, sauvant les habitants de Béthulie déjà prêts à capituler. Tenons-nous donc aux aguets, fourbissons nos armes, travaillons la doctrine de notre Père, pour participer à la victoire de l’Immaculée qui écrasera bientôt la tête du serpent maudit !

PÈLERINAGE À LUCIE-CHRISTINE

Au début des années 1990, notre Père présenta à ses amis une mystique absolument méconnue dont le journal spirituel lui était parvenu providentiellement. Il s’agissait de Lucie-Christine – de son vrai nom, Mathilde Boutle (1844-1908) – dont les lumières et révélations surnaturelles illustraient si bien ses propres enseignements sur la vie mystique et le chemin bas de la perfection, sur la circumincessante charité trinitaire, eucharistique et mariale et toute sa théologie esthétique et relationnelle, qu’il les commenta durant des années dans les logia, avec un enthousiasme jamais démenti.

Dimanche 14 janvier, les amis parisiens firent pèlerinage à l’église Saint-Thomas-d’Aquin, où Lucie-Christine fit sa première communion. À l’aide de documents inédits, frère François raconta sa vie, révélant ainsi ce qu’est une authentique mystique catholique. Ses grâces extraordinaires, en effet, souvent reçues lors de la communion et par la médiation de la Très Sainte Vierge, fécondaient son existence d’épouse et de mère de famille, lui donnant force et patience pour endurer ses épreuves. Par l’offrande de tous ses sacrifices, Mathilde Boutle obtint une mort chrétienne pour son mari devenu alcoolique et la grâce de le voir « en Dieu », dans la gloire du Ciel ! Agrégée au tiers ordre de l’Adoration réparatrice, elle brûlait d’un grand zèle pour le salut des âmes et d’angoisse pour les malheurs de l’Église et de la France. Ainsi, Lucie-Christine nous encourage-t-elle dans notre fidélité phalangiste.

« Du fond du Cœur de Jésus où mon âme trouvait le Ciel, je voyais les rapports intimes de ce Cœur divin avec le monde dans sa vie eucharistique. Il me montra sa prédilection pour les familles de son choix, le petit troupeau qui l’aime et lui appartient au milieu du monde, pour ses Prêtres dévoués qui luttent et le défendent courageusement, pour ses religieux et ses religieuses. Cette prédilection divine, non seulement je la voyais, mais je l’éprouvais, étant dans son Cœur ; j’en étais toute pénétrée et ravie. Il me découvrit aussi ses trésors inouïs de miséricorde pour les pécheurs. » (11 août 1890)

En l’introduisant dans son Cœur, dans le mystère de la circumincessante charité de la « famille divine », comme elle nomme la Sainte Trinité, Notre-­Seigneur révélait à sa confidente qu’il y a en Lui identification de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain. Nos amis le comprirent si bien qu’ils demeurèrent ensuite un long moment sur le parvis de l’église, afin de jouir de leur commune charité phalangiste !

Le matin, une vingtaine des plus ardents d’entre eux avait ouvert une campagne de tractage en vue de la prochaine réunion publique de la Permanence : le 21 mars, sur le Saint Suaire. C’est pour eux l’occasion de prouver leur zèle à Notre-Seigneur, et d’éprouver ensemble leurs convictions CRC.

frère Guy de la Miséricorde.