Il est ressuscité !
N° 261 – Décembre 2024
Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard
LA LIGUE
Consolation de Noël
NOUS sommes entrés le 10 décembre dans l’année du centenaire des apparitions de Pontevedra. Tragique anniversaire, au terme de cent ans de mépris de la dévotion réparatrice au Cœur Immaculé de Marie que l’Enfant-Jésus et Notre-Dame étaient venus nous révéler.
Seule la Contre-Réforme catholique reçoit et met en œuvre les secrets divins des Saints Cœurs de Jésus et Marie, révélés à Paray-le-Monial et à Fatima, comme le rappelle frère Bruno dans sa dernière Lettre à la Phalange. Dans la nuit de l’apostasie qui s’épaissit, nous cherchons d’un cœur inquiet où trouver l’Enfant-Jésus et sa Mère, pour qu’ils soient notre réconfort, mais aussi pour leur consolation, pour leur donner l’amour, la compassion, la réparation dont ils sont altérés, sans lesquels ils ne peuvent faire miséricorde aux hommes ingrats qui marchent à l’enfer.
Nous pensions les trouver à La Salette, mais il nous a été répondu que la CRC, sous le coup d’un avertissement doctrinal de la CEF, n’avait pas sa place dans l’hôtellerie de ce sanctuaire. C’est donc ailleurs que Jésus et Marie veulent recevoir leur petite Phalange, les moindres de leurs fidèles, comme jadis les pâtres crotteux, dans la grotte de Bethléem.
Nous avons par grâce de quoi nous soutenir en chemin ! Frère Bruno est heureux d’offrir à ses lecteurs pour Noël un numéro qui donne toutes les raisons de croire, adorer, espérer, aimer et faire réparation pour l’apostasie de l’Église et la grande pitié des âmes sans amour. C’est par notre fidélité à l’abbé de Nantes et à sa défense héroïque du dogme de la foi que nous pouvons encore aujourd’hui comprendre la dévotion frelatée au Sacré-Cœur du pape François.
Plus largement, l’inlassable prédication mariale de notre frère prieur, heureusement publiée dans les logia, sur la VOD, nourrit notre foi. Les minimalistes, christocentristes et autres chrétiens tristes en prennent ombrage. Mais c’est justement en contemplant Marie que nous comprenons mieux les mystères de son Fils. Et c’est bien cela qui attire nos amis de plus en plus nombreux dans nos ermitages lors des premiers samedis du mois et tout dernièrement pour la fête de l’Immaculée Conception, forçant nos frères à investir dans les technologies de retransmission audiovisuelle !
Ce n’est pas tout. Pour mieux entrer dans le dessein de grâce et de miséricorde du Cœur très unique de Jésus et de Marie, nous nous sommes plongés, en compagnie de nos amis, dans Le Secret de Paray-le-Monial, prêché par notre Père en 1985. Ces conférences sont saisissantes, le Père soulignant en introduction la nouveauté de ce culte du Sacré-Cœur sous la forme d’une amende honorable – en d’autres termes, d’une dévotion réparatrice. Pour mieux nous y gagner, Notre-Seigneur ne s’est pas contenté de nous l’enseigner, mais il s’est choisi une disciple bien-aimée, sainte Marguerite-Marie, dont la vie tellement aimable nous représente dramatiquement le mystère de la Rédemption et nous attire à l’amour de son Cœur adorable.
Dès son enfance prédestinée, les grâces qu’elle reçoit, les épreuves et psychodrames qu’elle traverse préfigurent déjà sa vocation. La Sainte Vierge l’y prépare elle-même, en éducatrice sage et exigeante !
« Et il m’arriva une fois que, m’étant assise en disant notre rosaire, elle se présenta devant moi, et me fit cette réprimande qui ne s’est jamais effacée de mon esprit, quoique je fusse encore bien jeune : “ Je m’étonne, ma fille, que tu me serves si négligemment ! ” »
C’est dire avec quelle attention Notre-Dame écoute nos chapelets quotidiens et guette tous nos efforts !
ACTUALITÉS
Le tour des actualités nationales, internationales et religieuses par frère Michel, le dimanche après-midi, fut assez accablant. Notre frère commença par analyser le renversement du gouvernement Barnier, illustration de l’absurdité et de la nocivité de la démocratie parlementaire. La crise politique en cours met spécialement en lumière la perversité de l’idéologie européiste qui rend nos gouvernants inaptes à poursuivre le bien commun de la France. Et voilà le pays un peu plus enfoncé dans le marasme.
Il se trouve que trois jours plus tôt, le 5 décembre, des phalangistes de la Permanence parisienne avaient participé au colloque organisé par l’Institut catholique de Paris sur Marc Sangnier. Le but en était précisément de réenchanter la République par l’exemple de la ferveur du fondateur du Sillon et père de la démocratie chrétienne : « Il voulait faire naître une organisation politique et sociale qui développerait la conscience et la responsabilité de chacun, lui permettant de prendre part à la direction des affaires communes. Cette conception originale de la vie de la cité pourrait-elle s’avérer opportune face à la fatigue de la démocratie libérale, à la défiance croissante envers les institutions et envers les élites, à la montée des populismes ? » (livret du colloque)
Plusieurs personnalités prestigieuses de la République honoraient cet événement de leur présence, pour témoigner de l’influence exercée par “ Marc ” sur leur engagement politique et leur vie de chrétiens. François Bayrou se distingua par son lyrisme : « Sangnier, c’est pour moi un émerveillement franciscain ».
Cependant, la vieille chimère démocrate-chrétienne ne subsiste qu’au prix d’un énorme mensonge : la négation de sa condamnation doctrinale par saint Pie X, dans sa lettre aux évêques français du 25 août 1910. Dans la bouche d’Anicette Sangnier, petite-fille de Marc, elle n’est plus qu’un « diktat » disciplinaire. Très embarrassée par la question de l’un de nos amis – « Doit-on considérer que la lettre Notre Charge apostolique a été expulsée, éliminée du magistère ordinaire de l’Église ? » – elle en vint à affirmer que son grand-père n’avait jamais été condamné ! Certes, le Saint-Père épargna des sanctions personnelles à Marc Sangnier dont il espérait la conversion. En revanche, ses erreurs furent si précisément analysées et fermement dénoncées que depuis 1910, on ne peut plus être démocrate et catholique.
Las ! Faute d’avoir écouté saint Pie X, le monde entier est victime de la révolution. Ces derniers mois, toutefois, de nombreux pays ont vu l’avènement d’une réaction nationaliste, vestige du vieil ordre chrétien et favorable à la Russie, mais combattue par les démocraties occidentales, sans reculer devant aucun moyen. Ainsi des agitations en Géorgie, des élections frauduleuses en Moldavie, de l’annulation du scrutin présidentiel en Roumanie, de la tentative d’assassinat du chef du gouvernement slovaque Robert Fico !
L’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche marque un revers des néoconservateurs va-t-en-guerre, mais pas un retour en Chrétienté ! S’il croit davantage à la puissance du commerce qu’à celle des armes, le nouveau président élu n’en poursuit pas moins la même ambition hégémonique anglo-saxonne et protestante. Et tandis que nous voyons la Russie renforcer irrésistiblement ses positions en Ukraine, notamment grâce à sa nouvelle arme de dissuasion non nucléaire, le missile balistique orechnik, le renversement subit de l’État syrien prouve la puissance de nuisance que conservent les États-Unis et leurs alliés.
Seul le retour de l’Église à sa foi permettra la restauration de la Chrétienté. Or nous en sommes encore loin. Le 24 novembre, le Pape a déclaré avec force que le Document final du dernier synode « participe au Magistère ordinaire du Successeur de Pierre », tout en affirmant qu’il « présente certaines nouveautés » !
Loin de travailler à relever les ruines de la Chrétienté, François a préféré prêcher la laïcité en Corse, le 15 décembre, plutôt que de célébrer la gloire de l’Immaculée, à Paris, la semaine précédente.
Quelle occasion gâchée que cette réouverture de Notre-Dame de Paris ! Quel nouvel outrage pour la Vierge Marie qui fut la grande oubliée de la cérémonie ! Faute d’avoir été exploitée par l’Église de France et par le Pape afin d’accomplir une splendide réparation pour tant d’outrages qui blessent le Cœur Immaculé de Marie dans notre pays, l’inauguration de la cathédrale s’est muée en une grandiose célébration culturelle du génie humain et français, à relents maçonniques, tout à la gloire de Macron.
Au terme de cette analyse éprouvante, frère Bruno clôtura ces deux jours de retraite en reprenant la Page mystique de décembre 1977 : cette année encore, nous vivrons un bien triste Noël, Noël cruel, à cause du « grand et terrible esseulement où nous laisse la Chrétienté, périssante ». Noël cruel, bien plus encore, pour le Cœur de Jésus-Marie couronné d’épines. Leurs souffrances rédemptrices commencèrent dans le froid et la misère de l’étable de Bethléem, mais ils souffrent encore tellement davantage aujourd’hui de notre apostasie ! Dès lors, notre peine nous engage à compatir à la leur. La première étape de notre Croisade réparatrice du centenaire de Pontevedra sera donc la grotte de Bethléem, pour y consoler l’Enfant et sa Mère. En attendant d’achever notre marche, en 2025, dans une autre grotte bénie...
frère Guy de la Miséricorde.