Il est ressuscité !

N° 270 – Octobre 2025

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


CAMP NOTRE-DAME DE FATIMA 2025 
La grande nouvelle du règne de l’Immaculée (1)

Sermon d’introduction : Le seigneur est proche !

ESPÉRANCE AUGUSTINIENNE.

LE pape François avait placé l’année jubilaire  2025 sous le signe de l’Espérance. Son successeur, notre Saint-Père Léon XIV, continue son enseignement en prêchant chaque mercredi à l’audience générale sur le thème : Jésus notre espérance. Et sa première exhortation apostolique, Dilexi te, a pour but d’offrir aux pauvres d’aujourd’hui l’espérance d’un avenir meilleur.

Mais, qu’est-ce, au juste, que l’espérance ?

Un sermon de saint Augustin, le grand docteur de l’Église d’Occident, auquel notre Saint-Père fait constamment référence, sermon qu’on croirait écrit pour aujourd’hui, nous le donne à comprendre :

« Mes frères, tous les jours on murmure contre Dieu : “ Les temps sont mauvais, les temps sont durs. ” Nos amusements futiles sont frappés, et c’est cela qui nous faisait dire : “ Les temps sont mauvais, les temps sont durs, les temps sont pénibles ” ; et cependant on donne des jeux ! Les temps sont mauvais, les temps sont durs : qu’ils nous corrigent. Tu dis que le temps est dur ? Tu es bien plus dur, toi qui n’es pas corrigé par la dureté des temps ! [...]

« Laissons-nous soigner, mes frères, laissons-nous corriger : Il va revenir, Celui qui est venu et fut tourné en dérision, et Il est encore objet de dérision parce qu’Il est venu ; Il va revenir, et il n’y aura pas de place pour le rire. Mes frères, corrigeons-nous ; voici qu’il y aura des temps meilleurs, et voici qu’ils seront bientôt là. Qu’espères-tu ici-bas ? Change de place, change de résidence : tourne ton cœur vers le haut ! Qu’espères-tu ici-bas ? Le genre humain est apparu, il est parvenu à la jeunesse, en quelque sorte – le monde a connu une période florissante –, il baisse et décline dans sa vieillesse, il est déjà presque décrépi.

« Qu’espères-tu ici-bas ? Cherche autre chose. Tu cherches le repos ? C’est une bonne chose que tu cherches : mais cherche-la dans la contrée où elle se trouve. Autre est le lieu où le Seigneur est descendu vers toi, autre celui où Il t’invite à monter. N’espère pas des temps autres que ceux qu’on lit dans l’Évangile [...]. Il est nécessaire que les temps soient durs. Pourquoi ? Pour qu’on n’aime pas un bonheur terrestre. Il faut absolument – c’est le remède – que cette vie soit troublée, pour qu’on aime une autre vie. » (Sermon Dolbeau 5, publié par l’Institut d’études augustiniennes, 2020)

Ainsi, l’objet de l’espérance chrétienne, bien sûr, c’est le Ciel, « unique but de tous nos travaux », disait sainte Thérèse. Le Ciel, pour chacun de nous, « à l’heure de notre mort » et, s’il est possible, pour toutes les âmes. Comme l’expliquait notre Père, c’est la « pierre angulaire de notre foi : la vie présente est l’enfantement douloureux d’une vie éternelle. Nous avons besoin de cette certitude pour espérer et pour aimer. Il n’y a de loi morale, de conduite droite et généreuse que dans l’assurance d’un Jugement qui marquera le triomphe de la justice divine et la disparition des forces du mal qui opèrent dans le Siècle présent. Il n’y aurait pas non plus de vie mystique véritable si ne nous était promise la consommation de cette union commençante, pleine d’amour, de la créature à son Créateur dans le Face à face éternel. Efforts de l’homme, grâces divines n’ont de sens qu’en vue du Ciel. » (CRC n° 39, décembre 1970, p. 2)

DANS L’ATTENTE DE SON RETOUR.

Pourtant, continuait-il, « notre plus grande espérance chrétienne à laquelle s’arc-boutent toutes les autres n’est pas, comme on pourrait l’imaginer, celle de notre salut personnel au lendemain de la mort. C’est l’espérance du Royaume de Dieu, du Règne du Christ pleinement advenu au Ciel, sur terre et jusque dans les enfers [...]. Oui, que le Mal disparaisse, que l’enfer soit vaincu, que la Sainteté triomphe, que le nombre des élus soit atteint pour qu’enfin arrive le terme de l’histoire malheureuse et que paraisse un monde nouveau à la gloire de notre Dieu, telle est notre espérance. Mais, parce qu’elle nous ravit, cette certitude divine fortifie notre désir de voir de nos yeux ce Jour et elle nous y achemine sans que nous y songions même. »

En effet, l’avènement du Christ est l’unique espérance du monde, qui meurt de son péché, ainsi que l’expliquait encore saint Augustin :

« Que ferions-nous sans la présence d’un tel Consolateur ? Le genre humain allait être gravement malade. Comme un médecin prenant en charge un unique grand malade, depuis Adam jusqu’à la fin, c’est-à-dire prenant en charge tout le genre humain blessé ; car, depuis notre naissance ici-bas, depuis que nous avons été chassés du paradis, la maladie est assurément là, mais elle devait s’aggraver à la fin, et avoisiner pour certains la guérison, et pour d’autres la mort [...]. Notre Médecin a donc dit : “ Dans les derniers temps, le malade sera plus fortement et plus violemment agité ; il faut qu’à ce moment-là je vienne en personne pour assurer son traitement ; je lui redonnerai des forces, je le réconforterai, je l’encouragerai, je lui ferai des promesses, je le guérirai, s’il a foi en moi. ” Ainsi fut fait. Il est venu, Il s’est fait homme, Il a partagé notre condition mortelle, pour que nous puissions partager son immortalité. Et pourtant le malade est encore agité. »

Car le Fils de Dieu fait homme dans le sein de la Vierge Marie « n’est pas venu apporter la paix, mais le glaive » (Mt 10, 34). Il est venu pour « jeter dehors le Prince de ce monde » (Jn 12, 31), et le genre humain est le champ clos de cette terrible lutte. Notre Père expliquait encore :

« Noël, le premier avènement, fut déjà une grande Parousie qui dut paraître à ceux qui en furent les témoins éblouis la dernière, instaurant sur terre le Règne de Dieu à jamais. C’était vrai en un sens. En un sens seulement. Jésus Lui-même apprendra aux siens à distinguer son Épiphanie première, toute de douceur et d’humilité, de sa Parousie dernière, en Puissance et en Majesté, quand il reviendrait pour juger les vivants et les morts. C’était un enseignement merveilleusement clair, dans sa complexité. Oui, le Royaume est déjà au milieu de nous, le Fils de l’Homme est venu, sa gloire s’est rendue manifeste. Mais le Royaume doit connaître encore une croissance historique qu’annoncent les paraboles, avant que vienne le dernier Jour, quand Jésus remettra son Royaume à son Père et mettra tous ses ennemis sous ses pieds pour toujours. »

L’ESPÉRANCE DE L’ÉGLISE APOSTOLIQUE.

« L’Église apostolique a eu le courage de vivre les lendemains de l’Évangile à cause de cette promesse d’un prompt retour de son Seigneur, dans cette pensée réconfortante de la Parousie prochaine où éclaterait la justice de leur cause et où ils recevraient leur récompense. »

Les Apôtres avaient entendu, de leurs propres oreilles, Notre-Seigneur le leur annoncer : « Le Fils de l’homme doit venir dans la gloire de son Père, avec ses anges, et alors Il rendra à chacun selon sa conduite. En vérité je vous le dis : il en est d’ici présents qui ne goûteront pas la mort avant d’avoir vu le Fils de l’homme venant avec son Royaume. » (Mt 16, 27-28)

Et le jour même de son Ascension, lorsqu’ils l’ont vu pour la dernière fois avant son retour dans le Sein du Père, ils ont vu aussi deux anges qui leur ont dit : « Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous ainsi à regarder le ciel ? Celui qui vous a été enlevé, ce même Jésus, viendra comme cela, de la même manière dont vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. » (Ac 1, 11)

Donc, ils attendaient ce retour, ils espéraient voir bientôt ce triomphe de leur Maître. Et, comme Jésus le leur avait dit, ils tâchaient de s’y préparer, afin d’être trouvés comme de fidèles serviteurs. Saint Pierre écrivait à son peuple : « La fin de toutes choses est proche ! Soyez donc sages et sobres en vue de la prière. Avant tout, conservez entre vous une grande charité, car la charité couvre une multitude de péchés. » (1 Pi 4, 7)

Et l’Église catholique romaine, à laquelle nous appartenons, en est toujours là, à attendre le retour du Christ. Notre Père l’a inscrit dans le premier article de notre Règle : « Les frères vivront pauvres, dans la solitude et le silence. C’est ainsi qu’ils attendront éveillés le retour du Seigneur qui ne saurait tarder. »

Mais, « comment pouvons-nous vivre dans cette même espérance, près de deux mille ans plus tard, scrutant les écrits de l’Âge apostolique avec la même foi, la même ferveur, comment pouvons-nous encore croire comme eux les Temps tout proches, voilà ce qui doit être expliqué. Il serait puéril de penser que les Apôtres se sont trompés et que l’Église les a servilement suivis dans cette erreur inlassable, croyant toujours proche une fin du monde en fuite perpétuelle. C’est plus compliqué, voilà tout. Il faut méditer les vénérables Écritures avec l’Église, ses Docteurs et ses savants, en épousant la mentalité de leurs auteurs, en ressentant le drame historique qu’ils vivaient, pour bien entendre leurs prophéties. Alors, nous devrons admettre que les Apôtres ne se sont pas trouvés déçus dans leur attente et qu’ils ont, eux comme leurs successeurs, connu plusieurs Parousies, de proche en proche, étapes vers cette ultime Parousie que nous attendons dans l’espérance pour bientôt. »

Et dans la suite de cet article, par une magistrale démonstration, notre Père montrait que la ruine de Jérusalem, puis la chute de l’Empire romain furent déjà des accomplissements des promesses de Notre-Seigneur, par l’extension et le triomphe de son Église sur la ruine des peuples infidèles, premières instaurations de son Règne.

L’ULTIME PAROUSIE.

« Saint Pierre et son évangéliste saint Marc, saint Matthieu, saint Jacques et sans doute saint Jude ont eu l’attention toute concentrée sur la Parousie du Seigneur à Jérusalem, châtiment du peuple juif suivi de sa conversion en masse qui serait elle-même le prélude de la fin des temps. Saint Paul, saint Luc et saint Jean ont davantage considéré la Parousie du Christ parmi les nations, appliquant les mêmes paroles de Jésus à ce monde païen qui devait lui aussi connaître pareil drame. Mais pour tous il devait y avoir une fin du monde, une dernière Parousie du Christ pour toute la terre [...]. Il faut en conclure que, selon les Écritures, la dernière Parousie récapitulera en grand toutes les composantes des parousies de châtiment et de victoire prédites de Jérusalem juive et de Rome païenne. La foi nous persuade ainsi qu’il n’y a plus rien de nouveau à attendre de l’histoire humaine si ce n’est la répétition de ces mêmes tragédies déjà vécues, marquant cette fois la clôture des temps et l’instauration du Règne éternel du Christ.

« Rien ne me paraît donc plus dommageable pour notre espérance que cette fausse interprétation des Prophéties selon laquelle le règne de mille ans qu’annonce l’Apocalypse serait encore à venir et devrait être entendu d’un âge de félicité inouïe vécu sous le gouvernement du Christ redescendu sur terre. L’Apocalypse n’enseigne rien de tel, au contraire ! Jusqu’à la fin du monde, nous ne connaîtrons en fait de Royaume de Dieu rien d’autre que l’Église actuelle. C’est elle la merveille millénaire vue prophétiquement par saint Jean ! Et qui rêve d’autre chose l’apprécie mal et s’évade hors de la réalité de la foi. Nous courons en ce moment même les Mille ans fameux qui déboucheront enfin sur les dernières convulsions du monde annonciatrices de l’Avènement final du Sauveur. »

En effet, Notre-Seigneur a annoncé très précisément les signes qui doivent précéder son retour : « Lorsque vous entendrez parler de guerres et de révolutions, ne vous effrayez pas, car ce ne sera pas de sitôt la fin. On se dressera nation contre nation et royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre et, par endroits, des pestes et des famines ; il y aura aussi des phénomènes terribles, et venant du Ciel, de grands signes » (Lc 21, 9-11), qui paraîtront « dans le soleil, la lune et les étoiles » (Lc 21, 25).

En ce temps-là, disait Notre-Seigneur, « de faux prophètes surgiront nombreux, et abuseront bien des gens. Par suite de l’iniquité croissante, la charité se refroidira chez le grand nombre. Mais celui qui aura tenu bon jusqu’au bout, celui-là sera sauvé. » (Mt 24, 11-13)

Saint Paul est plus précis encore sur cette annonce de l’apostasie : « L’Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, certains renieront la foi pour s’attacher à des esprits trompeurs et à des doctrines diaboliques, séduits par des menteurs hypocrites marqués au fer rouge dans leur conscience. » (1 Tm 4, 1-2)

Et aux Thessaloniciens : « Avant la Venue de notre Seigneur Jésus-Christ et notre rassemblement auprès de Lui, doit venir l’apostasie et se révéler l’Homme impie, l’Être perdu, l’Adversaire, celui qui s’élève au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu ou reçoit un culte, allant jusqu’à s’asseoir en personne dans le sanctuaire de Dieu [...]. Sa venue à lui, l’Impie, aura été marquée, par l’influence de Satan, de toute espèce d’œuvres de puissance, de signes et de prodiges mensongers, comme de toutes les tromperies du mal, à l’adresse de ceux qui sont voués à la perdition pour n’avoir pas accueilli l’amour de la vérité qui leur aurait valu d’être sauvés. Voilà pourquoi Dieu leur envoie une influence qui les égare, qui les pousse à croire le mensonge, en sorte que soient condamnés tous ceux qui auront refusé de croire la vérité et pris parti pour le mal. » (2 Th 2, 3-12)

C’est prodigieusement actuel !

Et notre Père s’interrogeait : « Comment l’Église sortira-t-elle de ces deux périls conjugués, les persécutions du dehors et l’apostasie immanente ? C’est une grande leçon que nous donnent les discours eschatologiques et l’Apocalypse : elle en sortira miraculeusement, par une intervention manifeste de Dieu, comme la communauté apostolique a échappé aux persécutions de Jérusalem et peu après à celles du formidable Empire romain. Gardons-nous du monde impie, ajoute l’Épître aux Hébreux comme l’Apocalypse de Jean, gardons-nous de ses adorateurs, car la Babylone moderne, siège de l’Antéchrist et de tout apostat, sera soudain vaincue et les chrétiens délivrés ! Par le feu, annonce la deuxième Épître de saint Pierre (3, 7), par une puissance invincible venue du ciel, selon l’Apocalypse (11, 11-12 ; 20, 9). Cette irruption victorieuse du Christ et de ses Armées s’accompagnera elle aussi de signes cosmiques, de calamités de toutes sortes, de famines, de désordres épouvantables. Nous n’avons rien vu encore mais du moins nous en sommes prévenus et nous devinons ce que cela pourra être. Le malheur se tient aux portes d’un monde apostat. »

Pourtant, en annonçant ces temps d’épreuve, Notre-Seigneur veut nous rassurer : Il dit à ses Apôtres de ne pas craindre, de ne pas « s’effrayer », de « relever la tête », d’avoir confiance en Lui. Et, parmi toutes ces catastrophes, Il annonce « de grands signes venant du ciel » (Lc 21, 11). De quoi s’agit-il ?

LE « SIGNE DE LA FEMME »

Saint Jean en a eu la révélation, qu’il a transmise dans son Apocalypse. Il a vu d’abord un déluge de maux, « des éclairs et des voix et des tonnerres et un tremblement de terre, et la grêle tombait dru... »

Puis « un signe grandiose apparut dans le ciel : une Femme. Le soleil l’enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête » (Ap 11, 19-12, 1).

Voilà donc ce que nous devons attendre pour la fin des temps : l’apparition d’une Femme... Le soleil, la lune et les étoiles lui sont comme un écrin, Elle est donc à part, bien supérieure à toute la création. Un rapprochement s’impose avec le livre des Proverbes, où la Sagesse divine personnifiée, incarnée en une Femme mystérieusement présente auprès de Dieu, révèle le mystère de sa conception :

« Yahweh m’a conçue, commencement de sa Voie, avant ses œuvres, depuis toujours. Dès l’éternité, je fus sacrée, dès le commencement, dès les origines de la terre. Quand les abîmes n’existaient pas, je fus enfantée. Quand il affermit les cieux, j’étais là. » (Pr 8, 22-27)

Mais, dans l’Apocalypse de saint Jean, un autre signe suit l’apparition de la Femme :

« Un énorme Dragon rouge-feu apparut dans le ciel, à sept têtes et dix cornes, chaque tête surmontée d’un diadème. Sa queue balaie le tiers des étoiles du ciel et les jette sur la terre. En arrêt devant la Femme en travail, le Dragon s’apprête à dévorer son Enfant aussitôt né. » (Ap 12, 3-4)

C’est une lutte entre la Femme et le Dragon, qui marque l’accomplissement de la première annonce du salut faite à Adam et Ève juste après le péché originel, dans la sentence adressée par Dieu au serpent : « Je mets une hostilité entre toi et la Femme, entre ta semence et la sienne. Elle t’écrasera la tête et tu l’atteindras au talon. » (Gn 3, 15)

Donc cet antagonisme, ce combat entre la Femme et « le Dragon, l’antique serpent, le Diable ou le Satan » (Ap 12, 9), ce combat est la trame de toute l’histoire, depuis les premières pages de la Bible, la Genèse, jusqu’à la conclusion du Nouveau Testament, l’Apocalypse. Et saint Jean nous montre cette bataille comme « un signe dans le ciel », c’est la même expression qu’employait Notre-Seigneur pour les signes des derniers temps précédant son retour.

Maintenant, pouvons-nous savoir si cela est pour l’avenir, ou bien déjà arrivé, et en train de s’accomplir ?

Pour cela, il suffit de prendre notre médaille miraculeuse, et de regarder l’empreinte qui y est gravée. Qu’y voyons-nous ?

Une Femme. Elle écrase la tête du serpent, des rayons jaillissent de ses mains comme si le soleil l’enveloppait, et douze étoiles couronnent sa tête.

Le Bon Dieu a voulu que la Sainte Vierge se manifeste ainsi au monde entier, en 1830, par l’intermédiaire de sainte Catherine Labouré. Les milliers de miracles opérés par le moyen de cette médaille sont la preuve irréfutable de la véracité de ces révélations.

Ainsi, l’Immaculée est bien cette Femme mystérieusement présente auprès de Dieu depuis les origines, qui doit vaincre Satan, en établissant le Règne de son Fils sur la terre, préparant ainsi son retour, ainsi que l’annonçait saint Louis-Marie Grignion de Montfort. Le Bon Dieu a voulu le révéler à notre époque moderne pour que nous prenions conscience du combat apocalyptique qui est en train de se dérouler, et pour que nous ayons recours au Cœur Immaculé de Marie, pour sa gloire, et pour notre salut.

Au cours de ce camp, nous allons donc étudier les grandes apparitions modernes, depuis celles du Sacré-Cœur à Paray-le-Monial, jusqu’à celles du Cœur Immaculé de Marie à Fatima, en considérant ces apparitions « comme des aides extérieures, extraordinaires, mystérieusement liées aux combats et aux bouleversements de la fin des temps, comme l’écrivait notre Père. La Vierge est annonciatrice du retour du Christ comme Elle l’a été de sa venue. C’est le signe ultime de la miséricorde destiné à ramener les âmes en détresse et à fortifier les fidèles. » (Lettre à mes amis n° 38, juillet 1958)

Plus que jamais, nous avons besoin de tirer profit de ces secours célestes, afin de rester fidèles.

LA PAROUSIE DE LA VIERGE MARIE

NUL n’est vrai chrétien s’il ne  croit, sans ombre de doute, à la fin du monde et à la résurrection de la chair, au jugement de l’humanité, au châtiment des impies, à la libération divine des élus, et tout cela œuvre de Justice et de Miséricorde du même Sauveur et Seigneur Jésus-Christ, Verbe de Dieu venu en ce monde la nuit de Noël et ressuscité au matin de Pâques. C’est Lui qui reviendra en Puissance et en Majesté, terrible à ses ennemis et merveilleusement bon pour ses fidèles. Ce sera sa Parousie que chaque jour, enseignés par Lui, nous appelons sans crainte : Adveniat Regnum Tuum !

Notre avenir est tout entier contenu dans cette révélation de la Parousie historique que toutes les Écritures nous disent proche. Qu’est-ce à dire, si l’on songe que deux millénaires ont déjà passé dans cette attente ? C’est dire à notre siècle encore que les vrais et ultimes secrets de l’histoire sont déjà révélés, ses événements capitaux appartiennent au passé. Il n’y a pas de Monde moderne ni de nouvelle Église ni de construction d’un socialisme juste et fraternel encore inédit. L’homme nouveau date du Christ, la Nouvelle Alliance scellée en son Sang ne sera jamais surclassée, car elle est éternelle. Dès lors, toute prétention à un renouvellement du monde et à une recréation de l’homme ne peut venir que de l’Antichrist. Et si aujourd’hui cette prétention se fait forcenée et universelle, objet de discours pontificaux et de révolution mondiale, nous sommes fondés à croire que c’est la Parousie de l’Impie.

Quand les hommes d’Église se dressent contre l’Église et se font ouvertement les serviteurs du Monde, les adorateurs de l’Humanité, quand les fidèles du Christ sont persécutés, en tout temps de crise politique, religieuse, sociale et cosmique même, nous sommes éduqués à pressentir la Parousie, ruine du monde ennemi et triomphe visible du Christ, Empereur et Roi de l’univers. Voilà le certain. Ainsi aujourd’hui : le châtiment est à nos portes et notre délivrance est proche. Le doute subsiste seulement de savoir si encore une fois cette Parousie se dédoublera, créant un nouvel espace de lustres ou de siècles entre l’immédiate fin d’un monde pourri, rebelle à Dieu, et l’ultime Fin du monde au dernier jour. Les Apôtres eux-mêmes ont appris à distinguer, mais après coup, la Parousie du Christ à Jérusalem ou à Rome, qui ouvrit chaque fois une nouvelle carrière à l’Évangile, de son Retour eschatologique débouchant sur l’éternité.

Nous de même. La Parole du Christ nous dit que ce monde orgueilleux va à sa perte, que les injustices, les persécutions, et l’impiété n’auront qu’un temps. La Parousie sera d’abord, pour ce monde moderne et cette prétendue Église nouvelle, un jugement de condamnation. Alors, sur les ruines, le Christ inaugurera derechef son règne glorieux. La piété et la vertu, la vérité et la bonté refleuriront merveilleusement. C’est l’épilogue des Trois Malheurs qu’annonça la Vierge de Fatima : « Mais à la fin mon Cœur Immaculé triomphera. » Il y a eu 1918, première parousie mariale de notre siècle (après Pontmain, 1871 !). Il y a eu 1944, deuxième paix mariale. Le monde ne s’est toujours pas converti. Alors va venir le troisième châtiment mondial dont le pape Paul tient scellé le secret dans sa main crispée. Puis ce sera la fin du cauchemar dans la grande Parousie mariale promise. Sera-ce la fin de l’histoire ou seulement celle de notre Âge moderne ? Cela personne ne peut le dire et nous n’avons pas besoin de le savoir.

(CRC n° 39, décembre 1970, p. 10)

L’APOSTASIE DANS L’ÉGLISE.

Dans l’Apocalypse, lorsque la Femme apparaît dans le Ciel, le Dragon se déchaîne, afin de dévorer son Enfant. Nous le savons, les derniers temps doivent être marqués par la venue de l’Antichrist, comme un triomphe du démon, une grande apostasie.

Pour mesurer l’ampleur de cette désorientation diabolique, il faut lire les “ Normes procédurales pour le discernement des phénomènes surnaturels présumés ”, publiées par le Vatican le 17 mai 2024. L’intention générale de ce document est de rompre avec la pratique traditionnelle de l’Église qui consistait à discerner, pour un fait extraordinaire, s’il s’agissait d’une invention humaine ou d’une vraie manifestation surnaturelle, puis, dans ce dernier cas, à discerner encore si cette manifestation surnaturelle venait du démon ou du Bon Dieu. Pour toutes sortes de miracles, de visions, d’apparitions, l’Église opérait ce discernement, selon des méthodes qui sont bien connues, d’enquêtes, d’interrogatoires, puis l’évêque du diocèse où cela se déroulait devait se prononcer : ce phénomène extraordinaire est surnaturel ou non, il vient du Ciel ou bien du démon.

Maintenant, le Vatican ne veut plus s’occuper de cela. L’Église ne se prononcera plus pour dire qu’un phénomène est surnaturel ou non, quant au fait que ce puisse être une singerie de Satan, ils ne l’envisagent même pas. On pourra, tout au plus, autoriser le culte autour d’un sanctuaire, si les fruits pour les fidèles ne paraissent pas trop mauvais !

Donc, si viennent de « faux prophètes », des « apparitions effrayantes », comme l’annonçait Notre-­Seigneur, ou même l’Antéchrist en Personne, avec « toutes les tromperies du mal » comme l’annonçait saint Paul, on le laissera faire !

Et si le Seigneur ou sa Sainte Mère décident de venir sur la terre pour aider leurs enfants dans cette grande apostasie ? Il est prévu que l’on n’en fera pas cas !

Pratiquement, ces nouvelles normes ont permis d’accorder un nihil obstat – ce qui signifie littéralement “ pas d’obstacle ”, on ne s’oppose pas – aux manifestations diaboliques de Medjugorje, tandis que les vraies apparitions en sont décrédibilisées, elles en perdent toute autorité. Il n’est pas question d’imposer quoi que ce soit au nom de ces révélations récentes, surtout pas d’établir dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, comme Notre-Dame de Fatima l’a demandé, comme une volonté de Dieu ! « Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé ».

C’est une question très grave, car c’est aujourd’hui l’obstacle majeur à l’accomplissement de la volonté de Dieu et de son règne dans le monde.

L’OBSTACLE ECCLÉSIASTIQUE
AUX INTERVENTIONS CÉLESTES.

L’infamie de ces nouvelles normes est la conséquence d’un mal qui sévit depuis longtemps, de plus en plus grave, dans l’Église.

Déjà, les juges de sainte Jeanne d’Arc avaient prétendu juger les révélations célestes dont elle témoignait, et la condamner au bûcher malgré les miracles qui prouvaient sa mission divine, au nom de leur propre prétendue autorité ecclésiastique.

La dévotion au Sacré-Cœur que Notre-Seigneur voulait établir dans le monde au dix-septième siècle a rencontré une violente opposition au sein même de l’Église, spécialement de la part du pape Benoît XIV. C’est lui qui a ordonné de n’accorder aux “ révélations privées ” qu’une foi humaine. Le dépôt de la Révélation faite par Notre-Seigneur à ses Apôtres doit être cru de foi catholique, parce que c’est la Révélation parfaite, mais tout ce qui est venu après, toutes les autres manifestations surnaturelles sont des révélations “ privées ”, on n’est pas obligé d’y croire, on n’en a pas besoin ! Et il revient aux théologiens d’examiner s’il est “ opportun ” d’en faire cas ou non. Cette thèse a été citée explicitement par le cardinal Fernandez pour justifier ses nouvelles Normes : il ne voulait plus que les mandements épiscopaux laissent croire aux fidèles qu’ils sont fondés à croire qu’une apparition est indubitable et certaine, comme ce fut le cas à La Salette et à Lourdes.

Cette idée est maintenant répandue dans toute l’Église, comme prétexte à tous ceux qui ne veulent pas faire cas des messages du Ciel qui les dérangent. Il y a quelques jours, les 11 et 12 octobre, lors du Jubilé de la spiritualité mariale, notre Saint-Père Léon XIV a donné deux sermons, en présence de la statue de Notre-Dame de Fatima, venue exprès de la Capelinha pour l’occasion, sans faire la moindre référence à une apparition de la Sainte Vierge, en citant exclusivement la Sainte Écriture. Il ne fait donc pas cas des messages et des volontés actuelles de la Vierge Marie.

Notre Père expliquait que l’usage de cette distinction entre révélation publique et révélations privées, aux dépens de ces dernières, « est une vue rationaliste, ou intellectualiste des choses. Il n’est question que de comparer l’autorité des révélations, pour en conclure que les révélations particulières sont d’un ordre tellement inférieur, prétendument, à la révélation du Nouveau Testament, qu’on n’est jamais obligé d’y croire. Merci pour Jésus s’Il se déplace de nouveau, ou s’il envoie sa Sainte Mère !

« Mais je pose tout à coup une question, continuait-il, une question évidemment indiscrète et insolite : Dieu a-t-il encore le droit, depuis que Jésus-Christ est remonté au Ciel et depuis le jour de la Pentecôte, d’entrer dans la vie de l’Église, des hommes et des nations, pour les gouverner ? Jésus-Christ a-t-il encore le droit de redescendre et de parler à tel ou tel saint, pour nous dire ce que nous devons faire dans telle ou telle alternative de l’époque ou non ?

« Lorsque le Ciel met toute son autorité et allonge des preuves, des miracles absolument contraignants pour notre intelligence, est-ce que, oui ou non, on est obligé d’y consentir sous peine de châtiment temporel et éternel et sous l’attrait de mystérieuses récompenses promises ? Que la Révélation soit close à la mort du dernier Apôtre, c’est vrai, tous les théologiens le savent, mais en plus, en continuité avec elle, qu’en est-il de la conduite du monde et de l’Église ? Qu’en est-il de l’orthodromie ? Est-ce qu’elle est abandonnée une fois pour toutes aux hommes constitués en dignité ou est-ce que Dieu est encore libre d’agir ?

« À travers les siècles d’avant, de pendant et d’après le Christ, il semble que les hommes constitués en dignité se soient considérés comme les véritables autorités divines ou ecclésiastiques, qu’ils se soient eux-mêmes organisés en castes aristocratiques ou technocratiques : “ nous les évêques ”, “ nous les théologiens ”, et qu’ils y aient perdu leur docilité à Dieu. Ils n’ont plus jamais aimé que Dieu vienne exceptionnellement jusqu’à eux et ont fait mille difficultés et objections pour le reconnaître. À partir du moment où ça commence à aller contre leurs lubies, contre leurs plans, contre leurs passions, contre leur collaboration avec les puissances du monde ou avec les ennemis, ils ne font plus le discernement, ou, s’ils le font, c’est en violant toutes les règles établies par l’Église, pour dire que Medjugorje est vrai et que Fatima est faux. »

LA RÉPONSE MYSTIQUE, 
LIBÉRATRICE, DE NOTRE PÈRE.

« Voici donc ce qu’il faut trouver dans les véritables manuels de théologie : l’Église doit bien juger des révélations privées. Lorsqu’il y a des apparitions, que ce soit à Fatima, ou bien à Medjugorje et Garabandal, c’est le devoir de la hiérarchie, avec son autorité pleine et souveraine, de nous dire si ce sont de vraies ou de fausses apparitions. En ce sens, l’Église domine les voyants et ce que les voyants peuvent faire ou raconter. De deux choses l’une : ou bien l’Église déclare que ce sont de fausses apparitions, de fausses visions, que la chose est mensongère et dans ce cas-là, l’Église a le devoir de sanctionner ceux qui y croient, de faire disparaître ces choses de la superstition, de la sorcellerie, afin de ne pas nous égarer.

« Mais si c’est la vérité, tout change. Que ce soit sainte Bernadette, sainte Marguerite-Marie, les songes de don Bosco, ces révélations privées sont du ressort de l’Église enseignante. Avec le Saint-Esprit qui la guide, l’Église dit et doit dire que les faits étant vrais, les messages, les miracles viennent du Ciel, et le Ciel est au-dessus de Rome, au-dessus de l’autorité épiscopale. C’est le Ciel qui commande à ce moment-là, et ce qui est dit, montré, révélé, est également parole d’Évangile. Ces révélations, quoique privées, sont égales en certitude à la révélation apostolique. On doit s’en occuper, on doit en parler, on doit s’en faire le relais. Parce que si la Vierge Marie a fait tourner le soleil dans le ciel pour faire passer un certain message, ce message est un message divin qu’il faut prendre au sérieux », concluait notre Père.

C’est une question de salut éternel. Si vraiment nous sommes dans les derniers temps, et que les apparitions que nous allons étudier sont des secours célestes offerts aux fidèles du Christ pour traverser la tourmente, alors il en va, pour chacun de nous, du salut de nos âmes, comme du salut de l’Église et de la Chrétienté.

Nous allons donc, au cours de ce camp, chercher à mieux comprendre le dessein de Dieu, comment Il l’a dévoilé au cours des apparitions récentes, et comment ces révélations répondent aux événements mondiaux, afin, pour nous-mêmes, de mieux entrer dans ce « dessein de miséricorde des Saints Cœurs de Jésus et de Marie ».

Frère Bruno de Jésus-Marie