7 FÉVRIER 2016

La douceur du Cœur de Jésus
envers ses premiers disciples

Pêche miraculeuse, cathédrale de Meaux

ORDINAIREMENT, les catholiques lisent l’Évangile sans y voir aucun sentiment. On m’a souvent fait cette objection : « Mais mon Père, où voyez-vous dans l’Évangile l’amour de Jésus ? Vous dites que Jésus est doux et humble de cœur, que son Cœur est gonflé d’un torrent de miséricorde qu’Il ne demande qu’à répandre, où avez-vous vu cela ? » 

Partout ! Mais encore faut-il avoir des yeux pour voir, des oreilles pour entendre. Le tout est de faire une composition de lieu, comme dit saint Ignace et d’appliquer tous nos sens, de voir la scène, de goûter la suavité des paroles de Notre Seigneur et tout à coup, c’est comme si nous nous trouvions face à Face avec Jésus. C’est ce que nous allons faire avec ce récit évangélique de la pêche miraculeuse. La méditation de cette page d’Évangile est tout à fait ravissante. Elle nous fait découvrir la tendresse, la douceur, la suavité de Notre Seigneur au milieu de ses disciples lorsque se produit cet événement historique de la pêche miraculeuse.

Nous avons tous eu des moments où nous avons été charmés par la douceur de notre prochain. Le plus souvent, il faut bien avouer que cette douceur humaine est plus romantique que bienfaisante, tandis que la douceur de Notre-Seigneur ou de la Vierge Marie est toujours ordonnée à nous mener plus loin dans l’œuvre de notre sanctification. Nous allons lire ce récit de la pêche miraculeuse et nous mettre à la place des Apôtres, tout en ayant un regard réaliste sur leur vie de pêcheurs sur le lac de Galilée.

Imaginons ce que fut pour eux la rencontre de cet être merveilleux qu’était Jésus ! Quel choc, quelle stupéfaction ! « Jamais personne n’a parlé comme cet homme », disaient les gardes de Jérusalem. Et que dire des œuvres de Jésus en leur faveur, de sa tendre sollicitude pour leurs travaux, de la douceur de son regard pénétrant et des paroles mystérieuses qu’il leur adressait en leur annonçant l’avenir qui leur était promis ? Avant cette rencontre, ils n’étaient rien que de pauvres pêcheurs de Galilée. Et après cette rencontre, ils sont appelés à devenir les Apôtres du Christ, le Sauveur du monde...

« Un jour, Jésus se trouvait sur le bord du lac de Génésareth ; la foule se pressait autour de Lui pour écouter la Parole de Dieu. Jésus vit deux barques amarrées au bord du lac ; les pécheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets. Jésus monta dans une des barques appartenant à Simon et lui demanda de s’éloigner du rivage. Puis, il s’assit, et de la barque il enseignait la foule. »

Cette foule est un peu comme dans un amphithéâtre ou une petite crique, et Jésus interpelle Simon pour monter dans sa barque. Ils sont tous les deux dans la barque et Jésus parle, Simon écoute... Quel spectacle ravissant ! Jésus est si près de lui dans sa barque et il enseigne à la foule les Béatitudes. Quand il eut fini de parler, Jésus dit à Simon : « Avance au large et jette tes filets pour prendre du poisson. »

C’est une suggestion et non un ordre de Jésus. Évidemment, pour Simon, Jésus est un intellectuel qui ne connaît rien à la pêche. Pourtant, il a une telle autorité que sans être impérieux, il convainc Simon de lui obéir :

« “ Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais sur ton ordre, je vais jeter les filets. ” Ils le firent et ils prirent une telle quantité de poisson que leurs filets se déchiraient. Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu’elles enfonçaient. » Tout cela, sous les yeux des nombreux spectateurs qui étaient autour du lac.

Tel a été le passage du Saint de Dieu parmi les hommes. Cette pêche leur a été un signe, mais un signe que Jésus accomplit d’une voix pleine de douceur. Simon s’était précipité pour obéir à Jésus, d’une manière déraisonnable. Il savait, lui, l’homme du métier, qu’il n’y avait pas de banc de poissons en plein jour, puisqu’il avait passé la nuit sans rien prendre. Donc, c’était un geste de confiance de sa part et le miracle fut si éclatant que tous comprirent que Jésus était un grand prophète.

En voyant cela, Simon-Pierre tombe aux pieds de Jésus en s’écriant : “ Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur ! ” Au même moment Jésus lui fait une prédiction qui est un appel à le suivre : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. » Ses disciples le comprennent ainsi et quittent tout et ce fut pour eux le commencement d’une grande histoire.

Cette scène de la pêche miraculeuse a été le trésor de leur vie. Puis arrivèrent les moments tristes et terribles comme le reniement de saint Pierre. Après avoir trahi, Pierre pleura amèrement. Et en retrouvant Jésus ressuscité et vivant, il craignit les reproches de son divin Maître. Au dernier chapitre de l’Évangile de saint Jean, on voit que Jésus leur fait revivre les moments si heureux de la Galilée pour leur dire : “ je n’ai rien oublié, je suis toujours le même, toujours aussi bienveillant et malgré ta trahison, Pierre, ma prédiction va se réaliser. Désormais, vous ne serez plus pêcheurs de poisson, mais pêcheurs d’hommes ”.

Alors, saint Pierre ayant compris la leçon et reçu le Saint-Esprit, le jour de la Pentecôte, entreprendra la grande pêche des âmes que les Papes doivent continuer jusqu’à la fin du monde. Gardons en mémoire la douceur ineffable du Cœur de Jésus et de Marie.

Abbé Georges de Nantes
Extraits des sermons du 19 juin 1983 et du 27 février 1999