28 FÉVRIER 2016

Implorons la miséricorde divine
par le Cœur Immaculé de Marie

Jésus avec les pharisiens

POUR ce troisième dimanche de Carême, l’Église nous donne à méditer deux péricopes de l’Évangile de saint Luc que nous pourrions appliquer à notre situation actuelle. Elles prennent place dans la montée de Jésus à Jérusalem, quelques jours avant les jours de sa Passion.

Cette montée de Galilée à Jérusalem évoque pour moi le changement formidable de notre société d’avant la deuxième guerre mondiale à notre société d’aujourd’hui. Il faut reconnaître que le peuple chrétien renouvelle les fautes et les crimes du peuple de Jérusalem. Nos ancêtres, nos anciens ne valaient peut-être pas plus que les gens de Galilée qui n’ont pas répondu à l’appel de Notre-Seigneur. Mais notre population chrétienne d’aujourd’hui, n’est-elle pas justiciable des mêmes condamnations de Jésus contre cette population de Jérusalem qui va le crucifier ?

« Un jour, des gens vinrent rapporter à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer pendant qu’ils offraient un sacrifice. »

Il y avait eu une échauffourée et Pilate avait fait donner la garde et beaucoup de sang avait été répandu, innocent comme coupable.

« Jésus leur répondit : “ Pensez-vous que ces Galiléens aient été plus pécheurs que tous les autres Galiléens pour avoir subi un tel sort ? Eh bien non, je vous le dis ; et si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous comme eux. Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la Tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? ” »

C’est un événement qu’on lit dans le journal. Une tour s’est écroulée, il y avait des gens qui passaient et qui ont été écrasés. Mais pourquoi ces gens-là ont été écrasés ? Étaient-ils donc particulièrement mauvais que Dieu, dans sa colère, ait fait tomber cette tout sur eux ? Réponse de Jésus :

« “ ... Eh bien non, je vous le dis ; et si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. ” »

« Jésus leur disait encore cette parabole : Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit sur ce figuier et n’en trouva pas. »

C’est Jésus qui vient à Jérusalem pour chercher du fruit, chercher s’il y a des âmes qui vont le suivre et il n’en trouve pas.

« Il dit alors au vigneron : “ Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier et je n’en trouve pas ”. »

Ce sont les trois ans de la vie publique de Notre-Seigneur.

« “ Coupe-le. À quoi bon le laisser épuiser le sol ? ” mais le vigneron lui répondit : “ Seigneur, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir ? Sinon, tu le couperas. ” »

Dans cette petite parabole, nous voyons en filigrane les défauts et l’agressivité des habitants de Jérusalem et tout particulièrement de ses chefs qui étaient matérialistes, sans Foi ni Charité. Notre-Seigneur leur reproche ce vice de la cupidité, de l’amour de l’argent, qui est la clé de tous les autres vices selon saint Ignace. Ce sont des cœurs fermés à l’Évangile. La bonté de Notre-Seigneur pour les gens de Galilée contraste avec la dureté de son enseignement à Jérusalem. Il faut comprendre que Jésus se heurte à des gens déjà très engagés dans le vice qui finiront par le crucifier.

Cette petite parabole s’apparente à la malédiction du figuier stérile que les Apôtres ont vu se dessécher en vingt-quatre heures et qui préfigurait Jérusalem. Notre-Seigneur semble confondre tous les habitants de Jérusalem dans la même malédiction ! Il va pourtant s’acharner à leur prêcher de nouveau la Vérité mais ils ne se convertiront pas.

En conclusion, nous pourrions dire que l’enseignement sévère de Jésus dans cette page d’Évangile est un avertissement pour notre société qui est très engagée dans le vice. Elle est aussi un avertissement pour chacun d’entre nous. Si quelque persécution commence, si nous sommes menacés d’aller en prison et de mourir, aurons-nous le courage de rester fidèles ? Il y a de quoi trembler et on ne peut pas, aujourd’hui faire mémoire de la Passion du Christ, sans penser que notre peuple, jadis chrétien, est dans une situation de malice, de perversité, beaucoup plus grande que celle de Jérusalem. Alors quel sera notre sort ?

Si les païens se sont laissés toucher par la grâce alors que le Peuple juif la rejetait. Aujourd’hui, ce sont les chrétiens qui refusent cette grâce de salut. Nous autres, nous avons choisi la fidélité, mais ce n’est pas nous qui avons choisi Jésus, comme Il le disait à ses Apôtres, c’est Lui qui nous a choisis. Alors, réjouissons-nous et pleurons sur notre peuple apostat.

Et pour cela, je vous exhorte à dire souvent, très souvent, comme je le fais moi-même, la petite prière que l’Ange de Fatima apprit aux trois petits enfants de Fatima, prosternés la face contre terre : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime. Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas, qui ne vous aiment pas. »

À nous de prier et de demander pardon, et je ne dis pas même d’expier, de nous livrer à de rudes pénitences dont notre lâcheté est incapable ; simplement de nous prosterner avec confusion pour nous et pour nos frères, et de demander pardon ! C’est-à-dire de reconnaître la sainteté, la majesté, l’autorité de notre Roi et de notre Reine à tous, leur bonté infinie et leur miséricorde, puis de confesser que le monde est ingrat, injurieux, provoquant dans son impiété, sa révolte et dans ses autres péchés. Et alors, nous interposer entre le monde et Dieu pour implorer le pardon.

Et cela suffira. Le reste, le Cœur Immaculé de Marie le fera ; lui seul doit pouvoir le faire, et non pas nous, aucun d’entre nous, c’est un dessein mystérieux, c’est une volonté de notre Père céleste et de son Fils Jésus-Christ pour notre temps. Ce Cœur Immaculé, ce Cœur maternel et royal fera des signes et des prodiges et tous les enfants prodigues que nous désespérons de sauver, de ramener, de convertir, Elle les touchera et les ramènera en masse, comme un seul homme, vers Jésus et vers notre très chéri Père céleste.

Abbé Georges de Nantes
Extraits de la conférence de la Semaine sainte 1988 – S 94
Lettre à nos amis n° 43 du 15 août 1982