16 JUILLET 2017

La parabole du Semeur

Le semeur par Rodolphe Duguay

EN ce 16e dimanche du temps ordinaire, l’Église nous donne à méditer la parabole du Semeur. Qu’est-ce qu’une parabole ? Et pourquoi Jésus s’adresse-t-il à son auditoire en paraboles ?

La parabole est un récit imagé, une comparaison avec une scène de la vie quotidienne. Ces comparaisons mettent en l’esprit, à la suite d’une recherche, d’une méditation approfondie, quelque vérité surnaturelle. On distingue la parabole de l’allégorie en ce sens que la parabole est tout simplement une comparaison dont il ne faut pas chercher la correspondance, élément par élément ; les divers éléments de la parabole ne peuvent pas être rapportés l’un après l’autre, successivement, aux éléments du mystère qui est ainsi révélé, tandis que dans l’allégorie, tous les éléments du récit correspondent point par point à un élément du mystère Si Notre Seigneur s’est adressé à son auditoire en paraboles c’est parce qu’il ne pouvait pas dire clairement la définition, les propriétés, les caractères du Royaume qu’il venait instaurer, parce qu’il n’aurait pas été compris, c’est-à-dire qu’il aurait choqué ; il n’aurait pas amené les esprits à partager sa vue, sa vision surnaturelle des choses, il les aurait rebutés. Tandis que, par les paraboles, il prenait les gens doucement et les laissait eux-mêmes réfléchir, afin que leur esprit évolue à la rencontre du sien. C’est une méthode admirable.

Enfin, une parabole dit beaucoup plus de choses que les termes abstraits, lorsque ces termes abstraits sont peu compris. Lorsqu’on s’adresse à des esprits qui ne sont pas formés aux disciplines intellectuelles, une parabole fournit une image sur laquelle ils méditent à la découverte de la vérité. C’est donc un genre d’enseignement extrêmement riche, et Notre-Seigneur sait bien que ces paraboles vont être un piège pour les esprits mal disposés, aussi bien qu’elles seront une révélation pour les cœurs purs, pour les âmes de bonne volonté.

La parabole du semeur est une allégorie. L’enseignement de Notre-Seigneur est pur, simple, il part des mystères de la nature qui évoquent d’une manière très parfaite, très digne de Dieu, les splendeurs de la grâce. Le semeur, c’est Notre-Seigneur et la semence c’est sa Parole. « Le semeur sortit pour semer sa semence », vous connaissez cela, c’est très beau ! Vous savez quels résultats différents produit cette semence, d’après la qualité des âmes.

Notre-Seigneur veut montrer que son Royaume n’est pas une chose collective. Son Royaume est une société de personnes qui toutes ont adhéré au Christ Sauveur en écoutant sa Parole et en lui faisant produire du fruit. Ceux dans lesquels la Parole ne produira pas de fruit seront ceux qui s’éloigneront et qui ne feront pas partie du Royaume.

On peut très bien voir, par exemple, les pharisiens dans ces âmes sèches, où le grain est tombé comme sur un chemin ; le diable est venu qui a enlevé la Parole de leurs cœurs. Dureté, le grain ne pousse pas, ils n’entreront pas dans le Royaume.

Ceux qui sont comme le rocher, où le grain est tombé, a profité de quelque humidité, a commencé de se développer et puis la chaleur du soleil est venue, l’humidité s’est résorbée, le grain a séché, la plante a fané, probablement on peut dire que ce sont les Galiléens qui sont visés, ces braves Galiléens qui ont suivi Notre-Seigneur et qui ne le suivront pas bien longtemps, parce qu’il n’y a pas de fond.

Évidemment, les âmes qui sont comme ce terrain plein de ronces et d’épines où la Parole va bientôt être étouffée, ce sont les hérodiens, les saducéens, ou les géranésiens, ceux qui prient Notre-Seigneur d’aller plus loin, parce qu’il a jeté les cochons dans la mer.

Enfin, il reste un petit nombre, le petit reste, mais c’est tout de même la bonne terre, cette bonne terre qui produit, trente, soixante et même cent pour un.

C’est dire que cette communauté, cette famille que Notre-Seigneur rassemble autour de lui, est produite par la Parole de Dieu, à condition qu’elle trouve un écho dans les âmes. Cela ne se fait pas automatiquement.

Entrons dans la bienveillance de Notre Seigneur et supplions-Le, Lui qui est le Semeur de semer en nos cœurs la bonne semence, d’en prendre soin pour qu’elle produise du fruit au centuple et d’être tellement fidèles aux moindres grâces que nous ayons le bonheur d’être finalement comptés parmi les élus qui iront dans les demeures éternelles.

Abbé Georges de Nantes
Extraits de la série Conférences sur l’Évangile (S 9),
6e conférence : La période galiléenne – Les paraboles
et du sermon du 23 février 1992.