11 MARS 2018
Pour préparer notre Semaine sainte,
regarder Jésus Crucifié
L’ÉVANGILE de saint Jean en ce 4e dimanche de Carême fait référence au passage du Livre de l’Exode où il est raconté comment, tandis que les Hébreux étaient dans le désert du Sinaï, ils furent mordus par des serpents. Ces serpents brûlants leur infligeaient un venin tel que, en peu de temps, ils mouraient. Ces serpents étaient minuscules, ils se glissaient dans les pierres du désert. Moïse se retourne vers Dieu : « Que faut-il faire ? » Dieu lui répond : « Prends un pieu, dresse-le et crucifie un serpent d’airain que tu auras fabriqué, sur ce poteau. Tous ceux qui regarderont vers ce serpent seront guéris. » De fait, tous ceux qui le regardèrent furent sauvés.
L’explication est la suivante : Ce bois planté dans le désert et le serpent qui y est cloué fait penser à l’arbre du Paradis terrestre, du fruit de la science du bien et du mal et à ce péché mystérieux d’Adam et Ève commis à l’instigation du serpent, qui n’était rien d’autre que la figuration de Satan. Par ses yeux et son corps de serpent, il séduisit Ève. Cette faute ignoble, cette faute horrible, Ève la commit à l’instigation du serpent. Ce serpent était sur les branches de cet arbre et il parlait à Ève un langage de révolte contre Dieu, il l’appelait à la sensualité. Adam fit ensuite de même, pour obéir à sa femme ; tentation, faiblesse.
Quand, au milieu du désert, Dieu envoie un châtiment aux Hébreux pour leur mauvaise conduite, ce sont encore des serpents qui sont là comme instruments de mort pour l’humanité, Dieu fait clouer un serpent sur un pieu. Il n’y aura qu’à regarder ce serpent cloué pour être sauvé.
Notre-Seigneur, parlant à Nicodème, au chapitre 3 de saint Jean, dit que le Fils de l’homme doit être élevé comme le serpent dans le désert. C’est lui, Jésus, qui fait ce rapprochement entre son élévation sur la Croix et l’élévation du serpent dans le désert. C’est très clair. Le serpent a été élevé sur le bois où il croyait dominer l’humanité en la faisant tomber dans le péché, mais lui-même sera vaincu. C’est l’annonce de sa défaite définitive.
« Quand le Fils de l’homme sera élevé sur le bois (sera crucifié), à ce moment-là, le serpent sera vaincu, l’humanité sera libérée. » C’est très clair ! Le serpent a abusé de ses charmes et de son intelligence pour faire tomber nos premiers parents dans le péché et il en sera puni. C’est ce qu’annonce le serpent d’airain dans le désert. Il en sera puni, comment ? Par la victoire de Jésus sur sa tentation. Jésus sera vainqueur du démon. Vainqueur au commencement de son histoire ; quand pendant quarante jours, il subira la faim, la soif, la solitude, c’est lui qui sera le plus fort. Comment le fera-t-il en fait ? En libérant l’humanité de ses fautes et pour cela, lui-même prendra la place de l’humanité. Ce ne sera pas l’humanité qui sera mordue par les serpents, c’est Jésus lui-même qui sera persécuté par le diable, mis à mort, élevé sur le bois de la Croix, lui, l’innocent prenant la place, non du serpent, mais des hommes. Voilà comment ce péché originel trouve sa sanction dans le serpent crucifié. Il sera vaincu.
Mais il trouve son expiation pour ce qui est des hommes parce que Jésus prendra sa place. Au lieu que ce soient eux qui soient crucifiés, c’est lui qui prend la peine sur lui, la punition de leurs crimes. La Croix, c’est l’exaltation de la victoire de Jésus-Christ. Il s’est laissé crucifier. Nous n’avons qu’à le regarder avec foi sur sa Croix pour être guéris. Les juifs regardaient le serpent d’airain et ils apprenaient que c’est le diable qui les avait fait se jeter dans cet horrible désert et par leurs rébellions nombreuses, mériter le châtiment de Dieu. Le démon serait vaincu un jour, à condition que, détournant leurs yeux des diables qui les entourent, ils regardent vers le Crucifié, Jésus-Christ.
Nous avons à faire le même combat, à traverser le même désert de la vie. Il est manifeste que, dans les derniers temps, c’est ce serpent du premier âge, c’est-à-dire Satan, l’esprit mauvais, le pervers auquel les hommes ne croient plus du tout, mais qui est plus vivant que jamais, qui essaiera de nous empoisonner de son venin, de nous pousser à la mort de l’apostasie. C’est déjà fait pour des multitudes d’hommes, à ce point que la Vierge a pitié de nous. Elle nous a donné le remède, c’est la dévotion à son Cœur Immaculé.
Si nous ne faisons pénitence, c’est-à-dire si nous ne nous convertissons pas, nous périrons tous. Si nous ne regardons pas vers Jésus crucifié, si nous nous laissons prendre par les tentations du monde, nous périrons tous. C’est clair ! La Vierge Marie est apparue à Fatima et nous a donné toutes les raisons de nous convertir, mais nul n’en tient compte et les gens n’en continuent pas moins à se précipiter dans l’apostasie. L’apostasie, c’est l’enfer ouvert à des masses d’hommes. Si nous disons que le Bon Dieu est bon et sauve tout le monde, nous nous trompons nous-mêmes. Il faut donc réagir et non seulement réagir pour chacun de nous, mais faire quelque démarche de tout notre être, démarche courageuse, généreuse.
Dans cet immense désert de la vie moderne, nous voulons prendre la résolution de nous tourner vers Jésus-Christ et la Vierge Marie afin d’être sauvés de ce venin qui nous empoisonne et nous ferait mourir si nous n’étions pas guéris par un tel moyen.
Le Saint-Sacrifice de la messe est aussi l’exaltation de Jésus sur sa Croix. C’est la réitération du Sacrifice de la Croix. Comme nous savons que c’est le mystère de la foi, comme il est dit dans la consécration du vin devenu le Sang du Christ, nous avons confiance en ce mystère et nous nous tournons avec foi vers Jésus, mystiquement crucifié de nouveau sur l’autel puisque c’est son Corps et son Sang qui témoignent de son sacrifice. Avec foi, nous recevons le pardon de nos péchés, l’expiation de nos fautes anciennes et nous intercédons pour les nôtres et le monde entier. Ce sera pour nous une bonne préparation pour entrer dans notre semaine sainte.
Abbé Georges de Nantes
Extraits du sermon du 14 septembre 1995