1er AVRIL 2018 - PÂQUES
Contre le modernisme, en cette nuit pascale
renouvelons nos promesses du Baptême
AU cœur de cette veillée pascale, nous devons renouveler les promesses de notre baptême. Il est bien évident que dans cette profession de foi, dans ce renouvellement des promesses du baptême, il y a deux parties :
- La première, qui est tout simplement la proclamation solennelle du Credo, est un acte de Foi qu’on vous demande de renouveler.
- La deuxième partie, par laquelle nous nous détachons du démon, nous le repoussons une nouvelle fois pour nous attacher à Jésus-Christ, est comme la conséquence morale, sacramentelle, la sanctification de nos âmes qui résulte de la Foi : Les prédicateurs insistent davantage sur la morale, mais ce soir j’insisterai d’abord sur la Foi. Il faut d’abord la Foi pour qu’ensuite naissent l’Espérance et la Charité. Pourquoi la Foi ? parce que je viens de lire un article dans lequel il est affirmé que toute la Bible est une sorte d’expérience vécue, charismatique par laquelle le peuple juif s’est formé une idée de Dieu et d’une chose à l’autre toutes ses convictions religieuses.
Notre religion passe d’une histoire réelle à une figuration immanente, intime : ce sont des expériences, des idées que des hommes se sont faites, se sont transmises les uns aux autres.
Nous sommes exactement dans ce que Pie X dénonçait comme la plus tragique contrefaçon de notre religion : le modernisme : les hommes se sont inventé une religion, la religion juive, inventée par Moïse, puis la religion perfectionnée et menée à son achèvement d’intelligence et de beauté par Jésus-Christ !
Tout cela est-il vrai ou non ? Je suis saisi en face de certains hommes de l’Église, car soudain je m’aperçois qu’ils n’y croient pas comme à des vérités historiques, extérieures à eux. Si nous nous laissons aller à lire ces articles et ces livres absolument insidieux, toute notre liturgie de ce soir n’est que du folklore !
Je crois qu’il y a eu un buisson qui flambait et Moïse qui a retiré ses sandales, parce qu’il entendait sortir de ce buisson une voix qui lui disait d’ôter ses sandales, parce que ce lieu était saint ! Cela s’est passé dans la plaine du Sinaï à un endroit précis dont je peux baiser le sol ; c’est à cet endroit même que Dieu s’est révélé à Moïse, ce n’est pas Moïse qui l’a inventé. De même pour le passage de la mer rouge qui est un événement historique.
Nous croyons à tous ces événements mot à mot, parole par parole. Dans un instant nous allons revivre un événement aussi réel que le buisson ardent, le passage de la Mer Rouge et la crucifixion de Jésus : c’est la Résurrection. Il est sorti du tombeau, il était là couché au milieu de tous ces aromates, les mains et les pieds liés, revêtu du linceul. Son corps s’est relevé, il a rompu ses liens qui sont tombés à terre, il a replié son linceul avec soin. Je le vois comme si j’y étais, car c’est absolument vrai.
À l’Ascension on coince la malignité de l’hérésie moderniste, car ces « théologiens » ne croient pas qu’il y ait quelque part Jésus-Christ avec son corps et la Vierge Marie avec son corps ; et, ils n’y croient pas, ils ne croient à rien du Credo et n’ont plus la Foi ; et s’ils étaient honnêtes, ils devraient quitter l’Église.
Nous devons avoir, je n’hésite pas à le dire, une haine pour ces faux pasteurs, pour ces hérésiarques qui font perdre la Foi au troupeau, parce que n’y croyant pas, ils se contentent de faire des discours esthétiques. Et quand le peuple sent que ses prêtres ou ses cardinaux, ses évêques n’y croient plus non plus. Après quoi la débauche morale intervient.
Comment voulez-vous renoncer à Satan et vous attacher à Jésus-Christ si Satan n’est qu’une image de la malice humaine, si Jésus n’est qu’un homme qui a vécu, a disparu et ne vit que dans nos consciences. Alors l’homme n’a plus qu’à mener une vie de plaisirs ici-bas sans jamais se soucier de son salut éternel.
Nous sommes aux jours où la religion catholique est en train d’être détruite jusque dans ses racines et ses fondements. Cette nuit de la veillée pascale n’a aucune signification si nous partageons cette incrédulité moderne qu’on appelle le modernisme et que saint Pie X a condamnée avec une très grande violence. Mais nous, nous croyons.
Sachez bien, qu’en renouvelant vos promesses du baptême, vous faites aujourd’hui un acte extraordinairement important qui vous vaudra la vie éternelle, parce que celui qui croit et sera baptisé sera sauvé et celui qui ne croira pas et ne croira plus, sera condamné. Nous jouons notre éternité en ce moment.
Vous êtes comme des martyrs – cela veut dire “ témoins ” en Grec – en ces temps d’apostasie, n’allez pas flancher, sachez que vous êtes de ce nombre des élus qui croit et sera sauvé éternellement.
Voilà la signification tout à fait noble, tout à fait excellente pour nos courages, de cette profession de Foi qui n’a rien d’infantile ni de folklorique, mais qui va décider de notre vie entière ; après quoi vous aurez le droit de communier. Comment s’approcher de la sainte table si l’on nie son Credo ? Tout s’enchaîne, une femme sait très bien cela. Quand elle tricote, elle sait très bien que son tricot pourrait se démailler, il suffirait de tirer une maille pour que tout le reste s’en aille. Notre Credo, c’est pareil ! Depuis la révélation à Adam et Ève, puis à Abraham et à Moïse jusqu’à nous aujourd’hui, tout se tient, tout s’enchaîne. Nous croyons tout, car si nous commencions à discuter un ou l’autre des articles de la Foi, tout se déchaînerait, il ne resterait plus rien.
Je plains les masses qui tombent dans l’incrédulité, menées par des aveugles. Nous allons prier pour la sainte Église afin qu’elle retrouve sa Foi, son Espérance et sa Charité. En communiant, nous savons que nous accomplissons le précepte du Seigneur et nous passons de la vie de la Terre déjà à l’éternité. C’est déjà une première résurrection pour nos âmes en attendant que cette résurrection nous prenne tout entier.
Voilà notre joie, la joie pascale que nous allons annoncer dans un instant. Tout cela c’est notre vie, c’est notre vérité, c’est notre bien, c’est notre beauté, c’est notre joie.
Abbé Georges de Nantes
Extraits du sermon de la veillée pascale du 29 mars 1986