dimanche 20 juillet 2025
Supériorité de la vie contemplative
sur la vie active
Il vaut mieux être en adoration, en prière, en contemplation que de s’agiter, même au service du Maître... L’évangile de ce dimanche attire notre regard sur Marthe et Marie. Marie, c’est Marie-Madeleine. Nous avons établi d’une manière assez certaine qu’il n’y avait pas dans l’Évangile trois, mais une seule Marie. Reprenons rapidement les principales étapes de cette démonstration.
Saint Luc nous fait connaître cette pécheresse qui se convertit et manifeste son repentir en versant un flot abondant de larmes tout en répandant un parfum aux pieds du Christ, en signe de culte, d’hommage. Il ne nous révèle pas son identité par discrétion et la volonté de parer à l’étonnement, au scandale des gens en face de cet attachement tout à fait singulier de Notre-Seigneur pour une pécheresse repentie. Elle quitte donc le lieu de ses désordres et elle s’attache aux pas de Jésus. Il s’agit bien de Marie de Magdala.
Elle suit donc Jésus avec la Sainte Vierge, quelques saintes femmes et les apôtres. Lentement, ce petit groupe quitte la Galilée où désormais le Christ n’est plus bien reçu et où Hérode cherche à le persécuter. Ils vont donc de village en village, de l’autre côté du lac de Tibériade, en Pérée, puis peu à peu, Jésus prend la direction de la Judée afin de monter à Jérusalem. Dans les derniers temps de sa vie publique, lui et ses disciples pénètrent donc dans la vallée profonde qui monte de Jéricho vers Jérusalem et ils aboutissent sur le plateau qui surplombe Jérusalem, à Béthanie. Comme saint Luc nous montre Marthe et Marie, sans nous donner davantage de précisions. Nous pensons donc que Marie est cette ancienne pécheresse de Magdala, pas glorieuse du tout, mais pardonnée par le Christ et comme protégée par lui ; elle retrouve Marthe sa sœur et son frère Lazare.
Recevoir Jésus et les Apôtres, cela faisait beaucoup de travail, et Marthe travaille et s’agite tant et plus. Heureusement qu’elle se dévoue, Marthe ! C’est sainte Marthe ! Nous ne sommes plus chez le Simon le pharisien, nous sommes chez Marthe. Tandis qu’elle soigne les Apôtres et Jésus avec beaucoup de dévouement, Marie, elle, reste assise à écouter les paroles du Maître.
Décidément, cette Marie de Magdala ne fait rien comme les autres ! Elle est toujours à reprendre. Elle se fait un peu reprendre par sa sœur, ou du moins, sa sœur se plaint gentiment à Jésus : « Vous ne pourriez pas lui dire de m’aider ? » Va-t-on dire que Jésus est de parti pris ? Ce serait insultant pour le Christ. Non, c’est sa sagesse divine, son amour qui parle, mais son amour est divin, c’est l’absolu. Il ne faut pas discuter une parole comme celle-ci ! Jésus, au lieu de dire : « Allez, Marie, mets-toi un peu au travail ! », Jésus réplique à Marthe :
« Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et t’agites pour beaucoup de choses ; pourtant, il en faut peu, une seule chose est nécessaire ! »
C’est un jeu de mots. Cela veut dire : « J’aimerais mieux qu’on s’agite moins. Tu es bien gentille, mais ce n’était pas la peine de faire tant de frais ! »
Puis il ajoute : « C’est Marie qui a choisi la meilleure part ; elle ne lui sera pas enlevée. »
Une seule chose est nécessaire, c’est ce que Marie est en train de faire.
On comprend mal : parle-t-il des plats, du repas ou d’autre chose ? Avec le Christ, ce sont toujours des énigmes. Il faudra que Marthe réfléchisse, comme nous, d’ailleurs. Pourquoi Jésus préfère-t-il que l’on soit là, à ses pieds, à l’écouter plutôt qu’à le servir ? Pourquoi l’Église fidèle à l’enseignement de son divin Maître a-t-elle toujours enseigné que Marie la pécheresse, Marie la convertie a choisi la meilleure part, et qu’elle ne lui sera pas ôtée ? La vérité révélée ici est sans contredit, la supériorité de la vie contemplative sur la vie active. Il n’y a pas de doute : il vaut mieux être en adoration, en prière, en contemplation que de s’agiter, même au service du Maître.
Mais cela encore, est une grande donnée de l’Écriture sainte. D’abord, cela nous rappelle la parole du Christ en réponse au démon quand, alors que Jésus avait faim, le démon lui disait de changer ces pierres en pain. Que répond Jésus ?
« L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »
Donc, c’est bien de procurer le pain aux pauvres, de procurer le pain aux membres du Corps mystique du Christ, c’est bien de se dévouer, mais c’est mieux de chercher la parole de Dieu parce que tout le monde a besoin davantage de la parole de Dieu que du pain matériel.
Voilà aussi ce que Notre-Seigneur nous enseigne dans son discours sur le Pain de vie, en saint Jean, en disant aux juifs qui venaient d’être témoins de la multiplication des pains :
« En vérité, je vous le dis, vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé du pain tout votre saoul. Travaillez non pour la nourriture périssable, mais pour la nourriture qui demeure en vie éternelle, celle que vous donne le Fils de l’Homme, car c’est lui que le Père a marqué de son sceau. »
Marie, tout occupée à recueillir le pain de la parole de Dieu ne pouvait que plaire à Jésus davantage. Il n’a pas condamné Marthe, mais il nous signifie que le souci de la contemplation nous est plus nécessaire que le pain quotidien. Voilà pourquoi saint Thomas dit, avec toute la tradition, que la plus haute charité n’est pas de donner du pain aux hommes, mais de leur enseigner la foi, c’est-à-dire que Jésus seul est le pain de vie, la vérité et le chemin qui mène à Dieu.
Voilà une leçon d’autant plus capitale, vitale pour l’Église qu’elle n’est plus, pour ainsi dire, jamais rappelée...