L'AUTHENTICITÉ DU SAINT SUAIRE
PROUVÉE PAR LES SCIENCES
C'est à partir de 1898, date de sa photographie, que le Saint Suaire piqua la curiosité des savants. La technique et les lois scientifiques propres à cet art permirent de comprendre, pour la première fois, que le linge ne pouvait être une peinture. [...]
Le Saint Suaire ne pouvait avoir été fait de main d'homme puisqu'il se comportait comme un négatif qui, une fois photographié, révélait en positif le portrait authentique d'un homme flagellé, couronné d'épines, crucifié. Cette démonstration de l'authenticité de la relique fut confirmée par la médecine comme l'attestèrent brillamment les travaux du docteur Barbet dans les années 1930.
Mais c'est en 1978 que le Saint Suaire va être passé au crible des sciences exactes et de la plus haute technologie. Une équipe de 32 chercheurs américains se constitue alors pour la réalisation d'un projet bien précis : « déterminer au moyen d'expériences non destructrices, la composition chimique et le caractère de la ou des images empreintes sur le Suaire ». Rogers, l'un des chercheurs du STURP (Shroud of Turin Research Project), exprime bien le sentiment général de ses collègues lors de leur arrivée à Turin avec plusieurs tonnes d'un matériel scientifique des plus sophistiqué : « J'étais réellement sûr à près de 150 % que nous allions entrer, passer 30 minutes à le regarder et décider que c'était un canular... sans qu'il vaille la peine de faire nos expériences... » Voici le bilan de 25 ans de recherches.
LE CONSENSUS DE LA COMMUNAUTÉ SCIENTIFIQUE
Anatomie, physiologie
Les taches de sang reproduisent exactement, chacune pour sa part, un écoulement naturellement formé à la surface d'une blessure, en parfaite conformité avec l'anatomie, la physiologie de la circulation et de la coagulation sanguine, avec la neurophysiologie et les phénomènes de conduction nerveuse. Ce qui exclue évidemment les capacités d'un faussaire du Moyen-Âge puisque les propriétés et caractéristiques de la circulation sanguine ne furent connues qu'au XVIe siècle. [...]
Expertise médico-légale
Cette pièce de pur lin a donc enveloppé un vrai mort dont l'identité ne fait aucun doute : ce que l'on voit sur le Suaire, c'est l'image de Jésus-Christ flagellé, blessé à la tête comme par un bonnet d'épines serré sur les tempes et la nuque, transpercé aux poignets, aux cous de pieds et au flanc droit, enfin couché dans l'attitude de la sépulture.
Ce linceul nous est pourtant parvenu sans la moindre trace de décomposition, ni d'arrachement : les taches de sang n'ont pas été marquées par la séparation du linceul et du corps. [...]
Physique
La définition de l'image est parfaite, et tient en échec toute tentative d'imitation artistique ou de reconstitution en laboratoire.
L'observation au microscope montre que les fibres du Linceul sont colorées individuellement et uniformément. L'intensité de l'image est fonction de la densité relative des fibres colorées, et inversement proportionnelle à la distance du corps au linge.
Chimie
Les examens pratiqués directement sur le Suaire en 1978, ont permis de démontrer que l'image « n'est pas l'œuvre d'un artiste ».
L'image du corps, monochrome, n'est faite d'aucun pigment, ni d'un colorant ou d'une teinture quelconque, mais seulement d'une légère dégradation de la cellulose, due à une oxydation-déshydratation des fibrilles de surface. Il en résulte un jaunissement superficiel des fibres du tissu, apparenté à certaines roussissures d'incendie dont ce Linge porte la trace : les unes et les autres présentent les mêmes caractéristiques de réflexion spectrale et de fluorescence.
Les taches de sang sont composées d'hémoglobine et donnent un résultat positif au test de l'albumine, ainsi qu'à celui de la bilirubine. [...]
Le problème fondamental de la formation de l'image, d'un point de vue scientifique, est que certaines explications, qui pourraient être retenues d'un point de vue chimique, sont exclues par la physique. Réciproquement, certaines explications physiques qui peuvent être séduisantes sont complètement exclues par la chimie. Comme le disait le professeur Gonella à frère Bruno au soir de la clôture du Congrès de Bologne en 1989 : « Cette image est techniquement inconcevable. Scientifiquement, elle ne doit pas, elle ne peut pas exister... Et pourtant le Saint Suaire existe ! » [...]
Aussi ce fut pour toutes ces raisons que le STURP fut contraint de conclure à l'occasion du symposium de New London en 1981 : « Aucune méthode chimique ou physique connue ne peut rendre compte de la totalité de l'image, aucune combinaison de circonstances physiques, chimiques, biologiques ou médicales ne peut non plus expliquer adéquatement l'image [...]. Ainsi la réponse à la question de savoir comment fut produite l'image et pourquoi, demeure, à l'heure actuelle [et encore aujourd'hui en 2004] comme dans le passé, un mystère. »
La photographie
Le négatif photographique de l'empreinte corporelle tachée de sang fait surgir un portrait positif parfait, totalement inconnu des générations passées, et qui résiste, depuis quatre-vingt-dix ans, à toute tentative d'explication. C'est vraiment un « mystère », plutôt qu'une énigme ou qu'un simple « problème », bien que les données appartiennent au champ d'observation de la physique et de la chimie, et qu'elles soient mesurables en termes mathématiques. [...]
Mathématiques
Non seulement l'image est négative, mais elle a enregistré le relief du corps. « Cette tridimensionnalité » de l'image, perçue par don Noël Noguier de Malijay dès 1898, étudiée par Gabriel Quidor au début du 20e siècle, fait depuis 1976 l'objet de rigoureux calculs mathématiques. [...]
Comme Barbet l'avait pressenti, l'idée féconde à retenir des recherches de Vignon sur la genèse des empreintes était que l'intensité de la brunissure en chaque point de l'image, variait en raison inverse de la distance qui séparait de la toile chaque point du corps. C'est cette hypothèse que Jackson entreprit le premier de vérifier en utilisant la technologie que la NASA emploie dans l'étude du relief de la planète Mars.
Il fit appel à Bill Mottern, spécialiste des analyses d'images photographiques aux laboratoires Sandia. Mottern utilisa un Analyseur d'Image VP 8,appareil qui permet de rapporter les ombres d'une image brillante de sorte qu'elles occupent différents niveaux d'un relief vertical. [...]
« Jackson lui tendit une image ordinaire en transparence du Suaire, de douze centimètres et demi sur sept centimètres et demi... Mottern l'introduisit dans sa machine et, négligemment, mit le contact.
« La seconde d'après, les deux hommes, bouche bée, contemplaient le résultat. Sur l'écran de télévision auquel était relié l'analyseur d'images, on voyait pour la première fois, de côté, l'image du Suaire, en trois dimensions, dans un relief parfait. Utilisant un mécanisme incorporé à l'appareil, Mottern fit tourner l'image pour présenter l'autre côté. L'effet était le même. Certains détails apparaissaient maintenant clairement, comme par exemple le fait que les cheveux épais et étroitement serrés étaient rassemblés sur la nuque, selon la coutume des Juifs de l'Antiquité. Une autre photographie du visage présente les mêmes effets de relief. »
Sur la silhouette faciale le genou est légèrement surélevé, dans une position qui lui est propre, à un niveau distinct de celui du visage ou de la poitrine. Les caractéristiques correspondantes se retrouvent sur la silhouette dorsale, où l'on aperçoit très distinctement la rondeur du mollet droit. « Lorsque j'ai vu cette image pour la première fois, déclare Jackson,j'ai compris ce qu'avait dû ressentir Secundo Pia en 1898 à la vue de sa première photographie. »
Le choc de la découverte était analogue en effet, à quatre-vingts ans de distance, pour ce physicien de l'ère spatiale. « La science spatiale déchiffre sur le Suaire », selon le titre de sa communication au Congrès de Turin, une caractéristique unique au monde, qui lui est tout à fait propre : la tridimensionnalité. Cette propriété est la loi même de l'image inscrite sur ce tissu puisqu'il ne se produit aucune déformation quand elle est transformée par les calculs de l'ordinateur. Au contraire cette transformation permet de manifester le modelé d'un corps humain dans ses proportions naturelles harmonieuses, de découvrir de nombreux détails nouveaux sur ce corps meurtri, et même de perfectionner l'image, de parachever son esthétique en isolant des accidents du textile et en révélant ainsi davantage « l'extraordinaire beauté du Crucifié ». [...]
Par contre, si l'on introduit dans le VP 8 une photographie ordinaire « directionnelle », souligna à son tour Jumper clichés à l'appui, pour la transformer en image douée de relief vertical, on y constate des déformations évidentes : ce qui n'était qu'une ombre portée devient appendice proéminent... Une fois de plus « l'hypothèse selon laquelle l'image du suaire serait la création d'un artiste est exclue » par le caractère « non directionnel » de l'image. [...]
Jumper et Jackson remarquèrent aussi un détail d'un intérêt prodigieux : un agrandissement en relief de la Face fait apparaître sur les paupières deux disques ressemblant à des monnaies. Ces monnaies devaient avoir pour rôle de maintenir les paupières fermées, selon une coutume hébraïque. Ils espérèrent parvenir un jour à identifier ces monnaies. [...]
Datation
C'est au Père Filas, le savant Jésuite de l'université Loyola de Chicago et membre du STURP, que reviendra le mérite de confirmer l'observation de Jumper par une stupéfiante et décisive découverte en août 1979.
Un agrandissement de l'empreinte, sur la paupière droite (fig. ci-bas), a permis au Père Filas de reconnaître l'empreinte d'une pièce de monnaie frappée sous Ponce Pilate : même dimension, même découpe, même effigie (la houlette d'astrologue), même exergue reconnaissable à quatre lettres bien lisibles, qu'une certaine piécette dûment cataloguée pour les années 16, 17 et 18, de Tibère César, soit 29, 30 et 31 de notre ère.
Confirmée par l'analyse tridimensionnelle, la découverte s'est trouvée définitivement corroborée par sa fécondité même, en conduisant la science numismatique à un progrès inattendu. Quatre lettres grecques, Y CAI, suffisent en effet à reconstituer l'exergue TIBEPIO [Y KAI] CAPOC, « de Tibère César », à une anomalie près : un C latin remplace, sur le Saint Suaire, le K grec initial de KAICAPOC figurant sur toutes les monnaies de collection connues jusqu'en 1980.
Or, les recherches du Père Filas l'ont conduit à découvrir coup sur coup, en 1981, deux pièces de collection frappées, sous Ponce Pilate, de la lettre C au lieu de la lettre K en initiale de KAICAPOC (figure à droite). Dès lors, à ceux qui l'accusaient d'être le jouet de son imagination et de prendre ses désirs pour la réalité, le Père Filas répondait que n'étant pas du tout numismate, il désirait si peu voir une pièce de Pilate qu'« avant de tomber accidentellement sur celle-ci, m'écrivait-il, je n'aurais pas distingué une pièce de Pilate d'un trou dans le mur ». Il dut donc consulter les spécialistes de la numismatique et c'est alors que sa découverte s'avéra si peu être l'œuvre de son imagination qu'elle procura un progrès positif à la numismatique elle-même en révélant que l'anomalie 1° constatée sur le Saint Suaire, 2° déjà reconnue comme d'usage courant en épigraphie, mais inconnue jusqu'alors en numismatique, 3° existait identiquement sur d'autres pièces de collection frappées sous Ponce Pilate où nul n'y avait jusqu'alors prêté attention.
À deux ans près, voilà le document daté, comme par une volonté expresse de Celui qui fut l'Artisan de cette Image imprimée sur tissu. La piécette le proclame : c'est « sous Ponce Pilate » que cet Homme a souffert. Cette " estampille " scelle d'une manière éclatante, du sceau même de Ponce Pilate, l'authenticité du Suaire et l'identité de l'Homme dont il a enveloppé le Corps précieux.
CONCLUSION SCIENTIFIQUE
Parmi les membres du STURP, seuls Kenneth Stevenson, Habermas et le médecin légiste Robert Bucklin ont osé braver le tabou et conclure à cette identité après avoir fait la synthèse des travaux entrepris sur le Suaire : « L'image est l'empreinte d'un homme connu –Jésus de Nazareth –à un moment donné de l'histoire. L'image est peut-être une brûlure légère. Comment s'est-elle produite, nous ne le saurons peut-être jamais en termes scientifiques, parce que cela implique une action divine qui dépasse les lois de la nature. » [...]
Quoique « cela semble le plus logique », le STURP refuse encore, à ce jour, d'envisager sérieusement « la possibilité » de cette « possible conclusion », sousprétexte que « la science n'est pas outillée pour traiter de telles questions » et que le « mécanisme aboutissant à une brûlure n'est pas techniquement croyable ». « Voilà qui n'est pas de bonne science », s'exclame Stevenson. En effet, « l'étude archéologique indique que l'homme était un Juif, crucifié par les Romains et enseveli selon les coutumes funéraires juives », avec cependant des particularités qui coïncident exactement avec les procédés exceptionnels qui ont marqué la crucifixion et la mise au tombeau de Jésus tels qu'ils nous ont été racontés par les quatre Évangiles : « Le cas de Jésus fut irrégulier. Il a été flagellé, couronné d'épines, cloué à sa Croix, percé au flanc (au lieu d'avoir les jambes brisées), enseveli avec honneur mais incomplètement, et son corps a quitté le linceul avant de se décomposer. »
« Le Nouveau Testament affirme que le corps de Jésus n'a pas été soumis à la corruption mais qu'il est ressuscité d'entre les morts. »
« Il n'y a aucune trace de décomposition sur le Suaire. De plus, les taches de sang sont anatomiquement parfaites et n'ont pas été marquées par la séparation du linceul et du corps. Ce parallèle est particulièrement intéressant parce que nous possédons de nombreux suaires funéraires anciens qui montrent des taches de corruption. »
De plus, Stevenson souligne que Jésus et l'Homme du Suaire ont tous deux été exécutés comme des criminels, et cependant enterrés avec honneur « dans du pur lin et individuellement ». [...]
Stevenson calcule alors la probabilité « que deux hommes aient été crucifiés et ensevelis de cette manière ». En adoptant « volontairement une approche sceptique »,il parvient au chiffre de « 1 chance sur 82 944 000 que l'homme enseveli dans le Suaire ne soit pas Jésus ». Retenons la conclusion du statisticien professionnel : « Il n'existe aucune probabilité pratique que quelqu'un d'autre que Jésus-Christ fut enseveli dans le Suaire de Turin. » [...]
Confrontée à l'ensemble de ces données convergentes, la datation médiévale du tissu par le radiocarbone est une aberration qu'il faut imputer non aux machines mais aux mauvaises gens qui s'en servirent. Elle tient donc davantage de l'enquête policière que de la rigueur scientifique comme vous pourrez le constater dans la rubrique suivante.
frère Bruno Bonnet-Eymard