La Franc-maçonnerie : anglo-protestante et satanique
La Franc-maçonnerie est le lieu de la tolérance, de la libre recherche et de la fraternité universelle. C’est connu ! Et ce doit être vrai, si l’on observe que partout où sont invoqués les grands mots de Liberté, Égalité, Fraternité, elle est présente, discrète dans la lutte, glorieuse après la victoire.
À y bien réfléchir, il est plus inquiétant que rassurant, plus étrange que normal de voir la Maçonnerie se définir par des principes qui ne disent rien par eux-mêmes, et qui partout ailleurs accompagnent des doctrines et des programmes d’action déclarés. Relisons la Constitution du Grand-Orient de France, de 1885, elle ne laisse rien percer de son secret :
« La Franc-maçonnerie, institution essentiellement philanthropique, philosophique et progressive, a pour objet la recherche de la vérité, l’étude de la morale et la pratique de la solidarité ; elle travaille à l’amélioration matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et social de l’humanité. » (…)
Depuis trois cents ans donc, on y recherche la vérité, sans en avoir rien trouvé ? On y étudie la morale, sans en avoir rien établi ? On y pratique la solidarité et la défense, mais au nom de quoi, en vue de quoi ? Pour qui et contre qui ? Là est certainement le secret dont l’observation doit être rigoureuse. Mais comment fraterniser avec tous les hommes, en gardant un rigoureux secret sur le fondement, les voies et le but de cette philanthropie ? (…)
Il faut donc voir de près ce qu’on dissimule sous tant de paroles lénifiantes.
FOI ET TOLÉRANCE
(…) Ceux qui proclament détenir la vérité, soit une vérité partielle, soit même la Vérité totale, en toute certitude de foi ou de science, proclament par le fait même la fausseté de toutes les théories et opinions contraires, c’est bien clair. Mais, à partir de là, ils peuvent se montrer intolérants, s’ils ne supportent pas l’existence de ceux qui soutiennent d’autres idées que les leurs, et fanatiques, s’ils prétendent n’avoir même pas à démontrer et prouver leurs certitudes pour les imposer à tout le monde... Comme ils peuvent aussi bien se montrer tolérants et même libéraux, en laissant à chacun la possibilité de professer et de pratiquer d’autres convictions, en acceptant de soumettre leurs dogmes à l’examen des autres dans l’espoir de voir triompher la seule vérité.
En revanche, ceux qui, tels les francs-maçons, font profession de rechercher la vérité, ont beau se déclarer tolérants et libéraux, ils refusent de ce fait, et catégoriquement, d’admettre que la vérité puisse être déjà venue aux hommes, qu’elle ait déjà été trouvée, connue, professée. Leur recherche enveloppe la négation et le refus de tous les systèmes connus, religieux, philosophiques ou moraux.
On doit se demander alors si ce principe d’une recherche de la vérité, qui cherche sans jamais trouver, est bien sincère. (…)
Cette Constitution maçonnique paraît à l’évidence une charte de combat contre toute vérité prétendument ou justement révélée par Dieu aux hommes, contre tout système théorique ou pratique établi par la raison humaine et la conscience morale, enfin contre toute institution qui s’en ferait le bras séculier. Et l’on arrive à soupçonner la Franc-maçonnerie, en faisant du passé table rase, en exaltant le doute universel et la remise en question de tout, d’être résolue en fait à imposer au monde ses idées à elle, secrètes, son dogme, sa morale à l’exclusion de tous autres.
Entre eux, c’est bien ce que les francs-maçons avouent sans fard. Ainsi on peut lire dans le rituel de La Clémente amitié de Paris :
« La tolérance dans les idées n’entraîne pas la tolérance dans les faits et nous sommes adversaires irréductibles de toutes les organisations qui tendent à dénier à l’homme son libre-arbitre, notamment des organisations religieuses qui veulent nous asservir (sic !); nous nous déclarons ennemis de tous les prêtres et de tous les moines. Nous n’admettons aussi qu’une forme de gouvernement pour la France, la République. » (cf. J. Ploncard d’Assac, Le secret des francs-maçons, p. 139 ; édit. Chiré-en-Montreuil) (…)
Bref, le maçon pense tandis que les autres n’ont que des croyances et des opinions, indignes de toute considération, à détruire tout simplement et par tous les moyens.
LE MENSONGE ESSENTIEL
En vérité donc, la Franc-maçonnerie ment sur son être essentiel en prétendant rechercher la vérité sans l’avoir trouvée, sans rien n'imposer à personne, ni convictions religieuses, politiques ou sociales, ni projet de société. Elle ment sur sa tolérance universelle, elle ment sur la liberté de pensée, de vie et d’action de ses membres. (…) Cette société a un dogme, une éthique, un pouvoir discrétionnaire sur ses membres, un plan sur la société humaine, et elle est animée d’une volonté de puissance farouche pour nous réduire en esclavage. C’est son secret. Qu’il faut percer pour le révéler et pour lui faire obstacle. C’est pour nous tous une question de vie ou de mort, et au-delà, une question de salut ou de damnation éternelle.
LE PREMIER SECRET EST CRASSEUX :
L’ANGLOMANIE PROTESTANTE
Constitutivement donc, la Franc-maçonnerie se montre une force de destruction de toute foi religieuse et de tout pouvoir politique, en vue d’émanciper l’humanité. Et beaucoup s’imaginent qu’en cela consiste son secret le plus profond, dont elle détourne l’attention du vulgaire par toutes sortes de rites d’initiation, de costumes, de mots de passe, de degrés où l’on s’amuse, où l’on se perd. Mais ce ne serait pas un bien grand secret, pour une organisation qui multiplie les discours sur l’émancipation du genre humain à laquelle elle dit travailler par la libre pensée et la vie libre ! Et d’autre part, je doute qu’une pareille société puisse vivre longtemps et agir efficacement avec un tel but réel. Ce prétendu secret doit en cacher un autre, plus redoutable, plus humain, plus pragmatique. La Franc-maçonnerie ne peut subsister que si elle est l’auxiliaire d’une religion contre une autre, d’une race contre une autre, d’une puissance politique contre une autre. C’est dans cette direction-là qu’il faut chercher.
LE FAUX BEAU SECRET
Pour mémoire, rappelons que la corporation antique des libres maçons, constructeurs de nos cathédrales, était indiscutablement chrétienne. Le premier chapitre des règlements de cette franc-maçonnerie opérative était consacré aux devoirs envers Dieu et la religion. Il stipulait : « Ton premier devoir comme maçon est d’être fidèle à Dieu et à l’Église, et de te préserver des erreurs et de l’hérésie. » (cf. Dict. apologétique de la foi catholique, art. Franc-maçonnerie, col. 97) (…)
Quand les maçons d’honneur s’y infiltrèrent pour y constituer une maçonnerie spéculative, ils changèrent l’esprit et les buts de l’ancienne corporation. Et voici la nouvelle manière d’être et de penser qu’ils introduisirent comme un beau et terrible secret :
« Le maçon, par sa profession, est obligé d’obéir à la loi morale en tant que Noachide. Car tous les hommes s’accordent sur les trois articles de Noé. Et, s’il entend bien l’art, il ne sera ni un athée stupide, ni un libertin irréligieux. Mais quoique, aux anciens temps, les maçons fussent tenus, dans chaque pays, d’être de la religion de ce pays ou de cette nation, quelle qu’elle fût, maintenant on croit plus expédient de ne plus les obliger qu’à la religion dans laquelle tous les hommes s’accordent, en laissant à chacun ses opinions particulières ; c’est-à-dire que les maçons doivent être des hommes bons et véridiques ou des hommes d’honneur et de probité, par quelques dénominations ou convictions qu’ils soient, du reste, distincts. Par là, la maçonnerie devient le centre d’union et le moyen de constituer une véritable amitié entre les gens qui sans cela seraient forcément restés dans un perpétuel éloignement les uns des autres. » (ibid.) (…)
UNE PERVERSION ANGLAISE...
N’imaginons rien ; suivons les historiens. Les débuts de la Franc-maçonnerie moderne sont maintenant parfaitement connus. Elle apparaît en Angleterre, à un moment critique de son histoire. « Lorsque s’engagea la lutte entre les Stuarts et le Parlement, puis entre les Stuarts et la Maison d’Orange ou celle de Hanovre, les partis politiques cherchèrent, à l’aide des freemasons, à provoquer ou à simuler des manifestations nationales. » (D.A., col. 100) (…)
Il y eut d’abord, dispersée sur le Continent, une franc-maçonnerie écossaise, de convictions catholiques, royalistes, engagée dans la résistance secrète à la dynastie orangiste, usurpatrice et protestante. (…)
Mais, sous l’égide des princes d’Orange se forma à Londres une maçonnerie dont le dessein déclaré était de faire régner partout la tolérance d’une religion naturelle, universelle, et d’exercer la bienfaisance (…), mais dont le dessein secret était de faire pièce à la maçonnerie écossaise. (…)
Pour cela, le docteur Désaguliers, protestant émigré à la suite de la Révocation de l’Édit de Nantes, vint proposer à Georges II de faire de la Maçonnerie une association soustraite à l’influence des Stuarts : ainsi fut fondée à Londres, le 24 juin 1717, cette Grande Loge qui est la mère de la Maçonnerie exclusivement spéculative. (…)
Cette Grande Loge, qui deviendra la Grande Loge unie d’Angleterre en 1813, mère de toutes les loges du monde, a reçu du roi anglais protestant pour mission première et illimitée de servir la cause anglo-protestante incarnée par la dynastie d’Orange et Hanovre, et d’abaisser jusqu’à les détruire les puissances exécrées des Papes de Rome, des Bourbons de France et de toutes les dynasties européennes catholiques. Telle fut, telle demeurera, telle est encore aujourd’hui la Franc-maçonnerie anglaise et universelle.
... QUI DÉBARQUE EN FRANCE
La maçonnerie jacobite, écossaise, royaliste, catholique, avait conquis la noblesse française par ce curieux individu qui fut l’ami et l’héritier de Fénelon, le chevalier de Ramsay et par Charles Radclyffe, lord Derwentwater. Joua l’attrait du secret, des rites, des degrés d’initiation, d’une sorte de dédoublement de la société, au naturel et en loge... Ce fut une mode. Mais très vite, admirablement renseignés par le roi Jacques III en exil, Louis XV et Clément XII connurent l’infiltration orangiste. Le Roi interdit les réunions secrètes dès 1737, le Pape excommunia les Francs-Maçons par la Bulle In Eminenti du 4 mai 1738. Mais par l’opposition du Parlement et de la grande noblesse, ni celui-ci ni celui-là ne furent obéis en France (cf. Ploncard, pp. 47-48).
On s’amuse dans les loges, on philosophe, on fronde l’Église et le Trône. C’est la face remarquée de la filiale française de la Grande Loge. On admire en tout l’Angleterre, on y va recevoir l’initiation maçonnique, on en reçoit des directives, bref - mais c’est la face cachée - on y trahit en pleine guerre son Roi, son pays, au service de l’ennemi anglais. On perd les arpents de neige du Canada, les immensités luxuriantes des Indes, dans un éclat de rire... maçonnique. C’est ce que j’appelle le secret crasseux.
LE GRAND-ORIENT PRÉPARE LA RÉVOLUTION
En 1771, la Franc-maçonnerie se donne pour grand maître le duc de Chartres, le futur Philippe-Égalité, le régicide. Face au Roi, il sera le paratonnerre de la Franc-maçonnerie qu’il réorganise sous le nom de Grand-Orient, il lui donne ses statuts en 1773 et sa devise en 1777 : Liberté, Égalité, Fraternité. Ici, à l’inverse de la Grande Loge anglaise, point de « bigoterie », point de loyalisme ; on conspire. On rêve d’un renouvellement sanglant de la terre, à la suite des Illuminés de Bavière. (…)
En 1785, la Franc-maçonnerie tient son Congrès à Paris ; elle ose ! C’est l’heure de l’épuration des naïfs, de l’élimination de ceux qui, de la noblesse et de la famille royale même, du haut clergé, n’y étaient instruits que des apparences humanistes et philanthropiques... et qui paieront leur naïveté de la guillotine. Restent les vrais initiés, animateurs des sociétés de pensée si bien ramenées à la lumière de l’histoire par Augustin Cochin, les théoriciens des Droits de l’homme en quoi se résume toute la philosophie de la Franc-maçonnerie et de la Révolution de 1789, ces deux réalités n’en faisant substantiellement qu’une, comme l’ont démontré irréfutablement Saintoyant et tant d’autres !
La Franc-maçonnerie, durant les années terribles (…), agit en maîtresse dans les sociétés populaires, les clubs, les comités ; c’est elle qui fait les journées révolutionnaires. C’est elle, et voilà le crasseux de son secret, qui touche l’argent anglais. C’est elle qui atteint son premier but avec la Constitution civile du clergé, et son second quand la tête du Roi, fils de saint Louis, condamné pour l’avoir héroïquement refusée, tombe dans le panier de son le 21 janvier 1793. (…) La Franc-maçonnerie anglo-protestante triomphe sur les ruines de la religion catholique et de la monarchie des Bourbons. Les fondateurs de la Grande Loge de Londres ont bien travaillé !
L’EMPRISE CRASSEUSE DU GRAND-ORIENT
(…) Dès 1799, Grand-Orient et Grande Loge (…) ont porté Napoléon au pouvoir et se prêteront à son illusion de les utiliser à son profit. Mais quand l’Empire montre des fissures, la Franc-maçonnerie passe au nouveau régime, en s’occupant seulement de l’assujettir aux principes de sa révolution, assurée dès lors de le tenir à sa volonté. C’est la monarchie selon la Charte, et sa constitution parlementaire dont Thiers dira qu’elle est « tout droit sortie des entrailles de la Révolution française ». La Franc-maçonnerie substitue dès cette époque le gouvernement du pays par l’opinion, qu’elle fabrique ! au gouvernement de l’État. Elle développe considérablement ses Loges et les nouvelles organisations. Elle invente « l’esprit libéral ». C’est elle qui renverse Charles X et, contre Louis-Philippe qui ne cessera de la combattre, elle préparera une nouvelle révolution. Décidée en 1847 au Congrès de Strasbourg, l’insurrection populaire éclate en de nombreux pays d’Europe, de manière remarquablement sélective : « En Pologne, en Prusse (mais polonaise), à Milan, Parme, Venise, Naples, Rome, Florence, Paris. » C’est-à-dire exclusivement en pays latins ou slaves, catholiques !
Quand la IIe République sombre dans le désordre, la Franc-maçonnerie pousse la candidature d’un ancien carbonaro et recommence avec Napoléon III le jeu de dupes si bien réussi avec Napoléon 1er. (…) À son heure, la Franc-maçonnerie passe à l’opposition et, sous l’Empire libéral et le gouvernement du Fr. Émile Ollivier, elle prépare de nouveau sa révolution. La défaite y aide, et c’est la Commune en laquelle s’est toujours reconnue la Franc-maçonnerie. (…)
Elle mène le jeu de la IIIe République et elle atteint son but suprême le 16 mai 1877, par l’éviction de Mac-Mahon et de Broglie. C’est l’avènement des « vrais républicains », c’est-à-dire du Grand-Orient au parlement, au gouvernement et bientôt à l’Élysée. (…)
La République, plus que jamais aux ordres de la Franc-maçonnerie universelle, (…) s’engage de toute sa puissance légale, institutionnelle, dans la seule lutte qui passionne les francs-maçons : l’anticléricalisme. Les autres combats maçonniques et républicains sont contre la famille, loi Naquet sur le divorce, contre la race, loi Crémieux sur les Juifs algériens, contre les partis et les ligues monarchistes, le Ralliement, contre l’armée, l’affaire Dreyfus, l’affaire des fiches. (…)
Déchristianiser, désarmer, dépolitiser, dénationaliser les Français, et vivre en parasites sur le pays qu’ils exploitent résumerait suffisamment la pensée et l’action de la Franc-maçonnerie chez nous au XXe siècle. Les conséquences en ont été deux guerres franco-allemandes, provoquant par miracle deux sursauts du pays, dans ses masses profondes, contre les responsables de la décadence et du double désastre. Il fallut chaque fois à la Franc-maçonnerie employer les grands moyens pour restaurer sa puissance : en 1926, la condamnation de l’Action Française par le Vatican, rien de moins que cet appel de la Veuve à la puissance spirituelle détestée ! En 1945, le 15 août ! la condamnation à mort du maréchal Pétain, chef de l’État français qui l’avait elle-même proscrite, découverte et abattue le 13 août 1940. De Gaulle la ramena, la restaura, avec la République et les principes de 1789. (…)
MAÇONS LATINS ET ANGLO-SAXONS
L’agitation maçonnique dans les pays latins est une des grandes clés de l’histoire contemporaine, à Rome et dans toute l’Italie, en Espagne et au Portugal ainsi que dans leurs lointaines possessions coloniales. Partout, elle provoque depuis deux siècles des mouvements de sécession, des révolutions, l’anarchie et la lutte antireligieuse. (…)
Comment expliquer l’efficacité supérieure de ces minorités maçonniques et, en regard, l’absence totale de pugnacité des masses compactes d’initiés des pays nordiques et anglo-saxons, tant dans la lutte religieuse que dans les révolutions politiques ? (…)
Pour Alec Mellor, catholique et franc-maçon, la réponse est claire : les loges régulières dépendant de la Grande Loge unie d’Angleterre sont sages, modérées, honnêtes, toutes proches de l’Église et prêtes à s’entendre avec elle, contrairement au Grand-Orient qui est impie, anticlérical, scientiste et arriviste, bref, vulgaire... Pour mon dictionnaire d’apologétique, à l’inverse, la Franc-maçonnerie est partout et toujours résolument antireligieuse et révolutionnaire dans son essence, mais elle s’avère militante dans les pays latins et fort tiède en pays anglo-saxons. (…)
QUEL CONTRASTE ENTRE NORD ET SUD !
« À l’étranger, observe ce naïf auteur, la maçonnerie manifeste, en effet, des tendances bien différentes. Elle s’est adaptée aux milieux dans lesquels elle s’est développée, et, dans tel pays protestant ou monarchique, elle paraît être restée aussi « déiste » qu’elle l’était chez nous au XVIIIe siècle, et aussi royaliste qu’elle était impérialiste sous l’Empire. La haine antireligieuse ne prédomine que dans les 1300 loges des pays latins et catholiques, loges qui subissent du reste d’une façon plus ou moins étroite l’influence du Grand-Orient français : telles les loges de la maçonnerie italienne, « plus que toute autre, sœur de la maçonnerie française » (O. Wirth) ; telles aussi celles de la maçonnerie espagnole « qui se distingue par son activité ». Chez les autres nations, les diverses puissances maçonniques... restent autonomes au point de vue de leurs doctrines comme de leur action, et présentent entre elles presque autant de différences qu’il en existe entre les sectes protestantes. » (…)
« En 1902, au Congrès maçonnique international de Genève, (…) on reconnut que les obédiences maçonniques (…) comprenaient deux catégories : celles qui veulent avant tout déchristianiser le monde (France, Italie, Espagne, Portugal, Suisse, Luxembourg, Belgique, Hollande, Hongrie, Égypte, Amérique latine...), et celles qui manifestent un certain traditionalisme religieux et social (Angleterre, Prusse, Pays Scandinaves, Amérique du Nord en partie...). » (…)
Des divergences d’attitudes et de doctrines entre les obédiences maçonniques, faut-il conclure à l’inexistence de la « conjuration internationale » antichrétienne dont on parle si souvent ? (…) Bouteille à l’encre ! Le secret maçonnique se dérobe aux yeux du profane.
UN SECRET QUI EN CACHE UN AUTRE
(…) Le premier et faux secret, consciencieusement révélé, est, sous une apparence d’humanisme et de philanthropie, le projet d’émanciper les peuples de toute religion et de tout pouvoir oppresseur. Projet que nous avons dit insoutenable dans sa rigueur et son universalité. Mais programme destiné à couvrir le vrai secret au point de duper ses adversaires et jusqu’à ses propres exécutants : sous le masque d’une révolution politique et religieuse universelle, la Franc-maçonnerie de Désaguliers et Anderson a été, est et reste partout l’instrument du protestantisme contre le catholicisme abhorré, et de l’Angleterre contre la France !
Ce secret apparaît forcément dans ses effets. (…) Cette lutte de la Franc-maçonnerie pour les monarchies protestantes, anglaise, prussienne, contre les monarchies catholiques, pour les puissances et forces anti romaines contre l’Église, est évidente et elle explique seule pourquoi il y a deux sortes contrastées de Loges concourant au même but !
LE SECOND SECRET EST HIDEUX :
HUMANISME ET SATANISME
(…) Il était d’avance assuré que le fanatisme juif se rencontrerait tout à l’aise avec le fanatisme anglo-saxon et protestant, contre Paris et contre Rome. Malgré leurs craintes de se sentir envahis et dominés, les Grandes Loges et Grands-Orients durent se résigner à cette pénétration qui est le grand fait décisif de l’histoire mondiale contemporaine : la « judéo-maçonnerie » gouverne le monde. Au sommet de tout, les B’naï B’rith, membres adhérents d’une loge très secrète ouverte aux seuls Juifs, mais qui, eux, peuvent entrer dans toutes les loges de non-juifs, donnent l’impulsion unique à tout l’ensemble de cette vaste Contre-Église qui rêve d’une hégémonie totalitaire et définitive, sur les ruines de l’Église et des nations. (…)
VOLONTÉ DE JOUISSANCES ET DE PUISSANCE
(…) La Franc-maçonnerie a donc parmi ses initiés, des gens qui croient l’être et qui ne le sont pas, et d’autres parmi ceux-ci, qui le sont vraiment sans le laisser paraître et conduisent mystérieusement le troupeau. Cela se fait par une superposition de grades et de degrés qui se compénètrent du haut en bas invisiblement, où le profane s’égare à coup sûr, de telle sorte que les ultimes secrets ne seront pas absolument impénétrables mais indémontrables et indiscernables des mille fantaisies qu’on y mêle à dessein.
LE VIVIER DES CUPIDES ET DES AMBITIEUX.
D’abord, et avant tout, la loge est un ramassis d’individus venus là par arrivisme, pour être aidés à faire des affaires en toute impunité, avoir de l’avancement par des protections occultes continuelles, accéder aux honneurs et réussir leur carrière politique. Ils s’y rencontrent avec des gens arrivés, dont ils ne peuvent pénétrer les raisons qu’ils ont d’être là, mais sur la protection desquels ils peuvent compter. (…)
En contrepartie, le maçon de base a subi une initiation, il a juré d’observer le secret maçonnique, il est entré dans cet univers dont il ne sait rien, et déjà par sa seule appartenance il y aide en l’étendant, en lui donnant sa caution. Même s’il reste au degré le plus bas, il le sert en jurant candidement qu’il n’y a rien d’abject ni rien de terrible dans la maçonnerie. (…) D’où l’utilité de fervents catholiques dans les Loges, les Chevaliers de Colomb, le Rotary, le Réarmement moral, etc.
C’est parmi ces apprentis des loges bleues que circulent sans aucun signe distinctif des maçons de hauts grades, qui répandent parmi eux les opinions et les directives décrétées dans des réunions plus secrètes ; ce sont eux également qui détectent dans ce vivier commun les individus intéressants que les instances supérieures appelleront aux degrés de compagnon, de maître, et jusqu’au 33e ! (…)
LA LENTE RÉVÉLATION DE L’ESPRIT MAÇONNIQUE
Pris au jeu du secret, des rites étranges, des principes abstraits, les initiés s’imprègnent des idées qui leur sont inculquées : bienfaisance, tolérance et libre examen. (…)
C’est une philosophie d’apparence sereine et ouverte à toute science, à toute connaissance neuve, et en réalité, la seule qui puisse opposer à la religion révélée un barrage infranchissable. Cet humanisme est d’abord présenté comme une libération des fumées de l’obscurantisme et de la crainte des despotismes qui s’en font les gardiens. Dans le vide intellectuel et moral ainsi créé, les lumières de la seule raison humaine doivent permettre une vision du monde pleinement satisfaisante. C’est une déclaration d’indépendance totale de la raison humaine et un refus absolu de toute révélation divine. C’est un scientisme, rejetant tout miracle et tout mystère. C’est un libéralisme individualiste, laissant à chacun ses opinions religieuses et morales à titre de sentiments privés, c’est un démocratisme faisant de l’État l’émanation de la souveraineté populaire, de la collectivité athée et anarchiste, ne reconnaissant comme telle ni Dieu ni maître en dehors d’elle. (…)
Sur cet humanisme se greffe la philanthropie, autre maître mot de la Franc-maçonnerie, bien fait pour séduire certains esprits et satisfaire leurs sentiments altruistes. Mais aussi pour leur fournir l’alibi éthique indispensable à ce qu’ils ressentent comme une trahison de leur religion, de leur morale, de leur milieu. Ils ont besoin de se convaincre qu’ils travaillent à la libération effective des peuples, d’indignes tabous qui les retiennent dans la misère, les inégalités, l’injustice. Et de croire que la Franc-maçonnerie travaille à leur bonheur. (…)
Mais en même temps, cet humanisme se fait surhumain et inhumain, il implique un fanatisme qui ne dit pas son nom, un orgueil qui insensiblement touche au délire, enfin c’est une haine de Dieu qui se révèle là où ne paraissait d’abord qu’un amour de l’homme. La philanthropie de son côté perd son visage tolérant pour se faire passionnément dominatrice, despotique et cléricale à sa manière, pour asservir tous les hommes à l’idéal conçu pour eux en loges, qu’ils n’ont pas le droit de refuser et pourquoi ? Le grand initié le découvre alors, par communication du secret hideux des hauts grades, ou tout simplement par sa propre réflexion : parce qu’il ne s’agit pas de rendre les peuples heureux, mais de les arracher à Dieu, au Christ et à l’Église pour les asservir à... ? à qui vraiment ? On dit : au Grand Architecte de l’Univers. Mais qui est-ce ? (…)
OÙ COMMENCE L’EMPIRE DES TÉNÈBRES
LE SATANISME DES RITES MAÇONNIQUES
Les initiés supérieurs n’auront qu’à faire retour sur ce qu’ils ont déjà vécu symboliquement, à chaque degré de leur initiation, pour découvrir le chemin parcouru. C’est tout simplement une apostasie qui peut paraître très peu de chose à un archevêque anglican de Cantorbéry par exemple, n’étant qu’un redoublement de son acte hérétique antiromain. Mais une apostasie pleine et entière, un acte violent, bouleversant tout son être intérieur, pour le catholique écossais, irlandais, bavarois, italien ou espagnol... qui ne peut se leurrer sur son crime analogue à un nouveau déicide.
Ce qu’il accepte activement, en y repensant, c’est ce qu’il a vécu passivement lors de sa première initiation, au grade d’apprenti. Dans la chambre de réflexion, il a accepté une conversion, une pénitence, pour laquelle il s’est vidé de ses métaux, symboles de ses convictions transcendantes. Puis ses trois voyages symboliques, dans un accoutrement humilié, avec leurs rites du chemin semé d’obstacles, de l’eau à traverser et du feu, lui ont été comme un baptême antichrétien, qu’il a signé de son sang, sous la menace des glaives, contrefaçon de la menace chrétienne des peines éternelles.
Lors de sa seconde initiation, au grade de compagnon, il n’a pas été pareillement bousculé. Ce rite plus simple lui a été une confirmation dans la voie choisie, de l’Esprit maçonnique, sous le symbole énigmatique de la lettre G au centre de l’étoile à cinq branches. Ce qui lui avait paru probablement peu sérieux, voire ridicule, il y adhère maintenant avec un frémissement d’orgueil, voulant que Gravitation, Géométrie, Génération, Génie et Gnose soient les idées-forces d’un monde dont l’homme soit le maître. Et il pressent que le Grand Architecte de l’univers, sur lequel il n’avait jamais réfléchi, n’est point un quelconque dieu dans le ciel mais l’homme, créateur de son propre destin.
Quand il revit enfin son initiation au troisième grade, celui de maître, l’étonnante liturgie de la mort d’Hiram à laquelle il s’était soumis lui révèle son profond secret. Hiram, c’est l’Homme, antitype du Nazaréen. Lui aussi, lui d’abord, il y a bien plus longtemps ! a été surpris, trahi et mis à mort par ses compagnons ? (…) Dans le rite ils ont un nom : ignorance, hypocrisie et fanatisme. C’est bien cela ! Les assassins de l’homme par traîtrise, ce sont les cléricaux, les curés ! en pays anglo-saxons, les papistes ! (…)
Car c’est lui-même, le grand initié avide des hauts grades, qui se voit en l’homme assassiné (…), et qui demande sa résurrection à la franc-maçonnerie, à la Puissance des ténèbres qu’il y sait maintenant à l’œuvre. Ainsi le maître maçon se sent-il, en revivant le rite de son initiation, séparé à jamais de là d’où il vient, et il accepte d’entrer dans une vie nouvelle par la lutte à mort contre la Puissance du Christ, de l’Église, de ses papes et de ses rois. « Mort symbolique suivie d’une renaissance » (Dr Simon, op. cit., p. 73).
Arrivé à ce point de sa réflexion, il est prêt à adhérer à l’idée essentielle de l’illuminisme maçonnique, de quelque habit clinquant qu’il se vête : l’idée de la divinisation de l’homme. Par son initiation, l’homme s’affranchit de ses propres limites dans lesquelles l’enfermaient les prêtres et les rois, et il se fait dieu ! Alors, le maçon connaît son extase mystique qui est l’inverse satanique, en tout point, de l’ivresse extatique de l’âme découvrant le sens profond des sacrements de l’initiation chrétienne et s’évanouissant de bonheur en Dieu son Sauveur et Père. (…)
LA RÉALITÉ D’UN EMPIRE DE SATAN
Je ne citerai ici que le commentaire du rite d’initiation au grade de Sublime prince du Royal Secret, le 32e degré. Il annonce la révélation de « la nature perfectionnée d’une théorie universelle et d’un pouvoir sans bornes ». On est tenté de hausser les épaules. En termes boursouflés, c’est l’annonce d’un totalitarisme sans précédent, tout à la fois « Savoir du pouvoir » et « Pouvoir du savoir », que réalisera un jour la franc-maçonnerie mondiale. Or, pour qu’on ne croie pas à une pure vantardise, voici le projet de cette mainmise satanique déjà aux trois quarts accomplie :
« Cette concentration de l’Armée maçonnique a lieu quand le signal, qui est un coup de canon, est donné par le chef qui en a le commandement suprême. Le premier coup de canon et la première concentration eurent lieu quand Luther se mit à la tête de la révolte de l’intelligence contre la Forme.
« Le deuxième coup de canon et la deuxième concentration eurent lieu quand l’affirmation que tout gouvernement humain tient son autorité du peuple et seulement du peuple, se produisit en Amérique.
« Le troisième coup de canon et la troisième concentration eurent lieu quand la proclamation de la doctrine de Liberté, Égalité et Fraternité eut lieu en France.
« Le quatrième et le cinquième coup de canon, et la quatrième et la cinquième concentration n’ont pas encore eu lieu. À la cinquième concentration succédera le règne du Saint Empire, c’est-à-dire le règne de la Raison, de la Vérité et de la Justice. »
Tel est le texte... prophétique du rituel du Grand-Orient de France (Marqués-Rivière, L’Organisation secrète, pp. 150-152). La sédition luthérienne, la proclamation des droits de l’homme et la fondation de la République américaine, la Révolution de 1789 représentent donc une continuité aussi bien maçonnique que satanique. Quant au quatrième et au cinquième triomphes qu’il annonce, les innombrables projets maçonniques du XIXe siècle et la réalité historique de notre temps les donnent à connaître clairement : c’est à n’en pas douter l’instauration d’un gouvernement mondial maçonnique, S.D.N., après la première victoire des démocraties, O.N.U., après la seconde, l’infiltration de l’Église par la franc-maçonnerie et son enrôlement dans le grand MASDU que j’ai dénoncé sans relâche depuis la fin du Concile : le Mouvement d’Animation Spirituelle de la Démocratie Universelle, le rêve de Jean-Baptiste Montini, Paul VI ! (…)
MAIS QU’EST-CE QUE LE SATANISME ?
Le franc-maçon de haut grade vit avec Satan comme l’évêque ou le cardinal de la sainte Église romaine avec Jésus-Christ fils de Dieu, et les simples fidèles ou initiés de l’une et l’autre église appartiennent à leur seigneur aussi réellement mais avec la même variable conscience. Ils croient, ils pratiquent les rites, ils obéissent aux commandements. Pour peu qu’ils réfléchissent, l’un découvre que sa foi consiste à se croire divinisé par la grâce du Christ et ses sacrements, l’autre à se croire dieu par l’œuvre de la Franc-maçonnerie et du Prince des ténèbres. Ici et là, les dogmes, les rites, la régularité produisent leurs effets, ex opere operato, et leur symbolisme en indique suffisamment le sens. (…)
On ne se range pas dans une organisation secrète comme la Franc-maçonnerie, on n’y mène pas une lutte acharnée « contre Dieu et contre son Oint » (Ps. 2), sans rencontrer Satan, sans y faire alliance avec lui, de plus en plus consciente, de plus en plus étroite et de plus en plus passionnée. Le ciment de la Maçonnerie, c’est la haine de l’Église romaine. C’est aussi le lien de toutes les conjurations sataniques. Pie IX avait donc raison de parler de la Franc-maçonnerie comme de « la synagogue de Satan », et il est dommage, il est surprenant que « l’Église conciliaire » et postconciliaire l’ait oublié.
LES FRUITS DE SATAN
Quels sont les fruits de Satan dans la Franc-maçonnerie ? Au premier degré, ce sont assurément les voluptés charnelles. Je n’insiste pas sur cet aspect répugnant, mais il est évident. La corruption de la noblesse du XVIIIe siècle, le sensualisme de la bourgeoisie au XIXe, et la socialisation de l’érotisme au XXe, sont les effets directs du laïcisme maçonnique, de sa volonté de « libéralisation des mœurs », de son affranchissement satanique de la loi divine. Au deuxième degré, la haine, qui est une passion supérieure, haine qui vise à la destruction de toute œuvre de Dieu dans le monde. Cette haine grandit avec la résistance rencontrée et quand enfin elle découvre que jamais elle ne sera victorieuse, elle se nourrit d’elle même et se prend pour sa propre fin. Plutôt que de construire un monde nouveau, le véritable initié s’absorbe et se complaît tout entier dans la destruction de l’ancien, le monde chrétien, le monde de Dieu qu’il hait.
Le troisième degré de l’infestation de Satan chez les francs-maçons est l’orgueil de la domination, selon la troisième tentation de Jésus au désert : « Tous les royaumes de la terre et leur gloire, je te les donnerai si tu te prosternes devant moi pour m’adorer. » (Mt 4,9) Nous n’avons guère idée de ce que peuvent être les satisfactions intenses de l’orgueil des ambitieux devenus maîtres du monde par la puissance de Satan, et encore moins du lien, de l’esclavage voulu et aimé de ces fils de perdition avec l’Ange de lumière qui remplit jusqu’au bord leur coupe de jouissances terrestres pour les entraîner vivants en enfer !
UNE PUISSANCE À DÉTRUIRE ENTIÈREMENT
Plus encore que le communisme, la franc-maçonnerie est donc, dans nos pays catholiques, « le parti de l’étranger » et, autant que lui, une puissance « intrinsèquement perverse ». (…)
Ainsi la franc-maçonnerie, comme le protestantisme dont elle partage les buts profonds, est anglaise et anglicane à Londres, mais antifrançaise, républicaine et anticléricale à Paris. Comme elle est antipapiste à Rome.
Il s’ensuit que c’est une question de vie ou de mort temporelle aussi bien que spirituelle, pour nos pays latins catholiques, de se débarrasser de ce chancre abominable. Bien plus, toute collusion avec la Franc-maçonnerie, sur quelque point que ce soit, républicanisme, droits de l’homme, gaullisme, avortement, devrait suffisamment avertir qu’on travaille par là à la ruine du pays et de la religion. (…)
De toute manière, il faut savoir que la Maçonnerie, force de Satan, qu’elle fasse cause commune avec le pouvoir politique et la religion installée ou qu’elle les combatte, ne saurait réellement travailler au bien commun national, à la vraie civilisation humaine, à l’élévation des âmes et à leur salut éternel. Et voilà pourquoi la lutte, une lutte à mort, sans répit, sans composition devra être menée sous l’étendard du Christ et les drapeaux de la Chrétienté contre cette apocalyptique synagogue de Satan jusqu’à sa totale destruction.
Abbé Georges de Nantes
Extraits de la CRC tome 12, n° 152, avril 1980, p. 3-12